Livret d'artiste - Bantus - Kouka

BANTUS NO[S]

C U LT U R E [ S ]

BANTUS NO[S]

C U LT U R E [ S ]

4 | | KOUKA Crespel | | JR JR#4 #3

Préface Je ne le connaissais pas. On m’en parlait depuis quelques temps mais nous ne nous étions jamais rencontrés. Le nom m’intriguait … « Kouka », Guerrier Bantou ! Avant notre rencontre j’imaginais tout ; des souvenirs d’Afrique revenaient en vrac d’images tantôt précises tantôt floues, ces images que la mémoire reformate pour n’en garder que l’essentiel de l’émotion et de l’expérience.

Je savais que je le verrai là et au détour d’une ruelle défoncée, dans la médina d’Azemmour, sur un grand mur peint à la hâte à la chaux blanche, le guerrier Bantou gigantesque était là, dressé fier sa lance en main il semblait barrer la route ou la protéger peut être.

Devant lui s’agitait KOUKA ni blanc ni noir, chevelure rasta, son rouleau au bout d’une lance, il semblait danser ces danses traditionnelles que seuls les initiés des tribus Africaines peuvent décrypter.

Le guerrier prenait vie. Difficile d’échapper à son regard à peine esquissé et déjà si perçant ; regard qui interroge, regard qui culpabilise, la force rassurante et protectrice des guerriers Bantus de KOUKA se dressait là devant moi.

Le soir nous avons fait connaissance. Je ne lui ai pas parlé tout de suite de mes souvenirs et de mes expériences Africaines, nous nous sommes compris sans en parler.

Nous savions déjà l’un et l’autre que nous ferions quelque chose ensemble. Je trouvais presque irrespectueux de figer le charisme de ces guerriers fiers et autoritaires sur des toiles blanches, c’était pour moi les assassiner sans leur laisser le droit de s’exprimer, c’était les priver de mouvement en voulant les immortaliser, il fallait qu’ils vivent, nous en avons parlé sans détours et l’expérience a pu ainsi débuter.

Lors de sa première résidence l’objectif était de travailler le support qui donnerait et laisserait au Guerrier toute sa puissance et sa liberté. Le bois s’imposait. Les guerriers Bantous résidents des forêts équatoriales d’Afrique Centrale ne pouvaient vivre que sur du bois. KOUKA s’est mis au travail, la matière l’a tout de suite passionné et le premier Guerrier sur panneau est né. Les résidences se sont succédées.

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Travailleur acharné, passionné de cette nouvelle vie donnée à ses Guerriers, KOUKA a su dompter l’essentiel du support et ressusciter les Bantous qui se dressent déjà fièrement sur les murs des villes ou l’artiste les a installés, gardiens témoins pour toujours de l’humanité.

KOUKA l’écorché ni blanc ni noir, l’enfant blâmé pour sa couleur n’a jamais ni renié ni effacé son passé rappeur.

Il le revendique même et en fait le meilleur de son apprentissage urbain, l’écrit aujourd’hui plus qu’il ne le chante ; l’écriture a pris une place importante dans son expression jusqu’à en être une part de lui même. Lier l’écriture au support, dénoncer et rappeler le devoir de Gardien et de transmission de la tradition des Guerriers devenait tout de suite naturel et inévitable. Les premières écritures se sont imposées naturellement d’elles mêmes sur ce nouveau support ; textes immortels, textes qui interrogent, il ne s’agissait pas alors de culture mais d’un rappel des traditions puisé au fin fond des fondements de l’humanité, cette tradition dont nous sommes tous les enfants et que les Guerriers de KOUKA sont la pour que nous ne l’oublions jamais. « No Culture » l’un des slogans de KOUKA. Il n’est pas de culture sans tradition ; les traditions sont les mères nourricières de toutes les cultures. Les fiers Guerriers Bantous que KOUKA présente lui aussi fièrement pour la première fois réunis sur panneaux sont là pour que nous ne les oublions jamais et que jamais nous n’abandonnions nos traditions et nos racines. « No Culture » ! KOUKA merci de nous interpeller.

JLH Marrakech, le 15 avril 2015

RéSIDENCE jardin rouge 2014 / 2015

L’aulne du printemps / 2014 Collection montresso*

René CHAR se battait pour la liberté sous toutes ses formes.

Liberté des mots, des individus, des idées, des cultures. « L’homme n’est jamais en prison chez son semblable… » est un plaidoyer pour la paix et la nature qui illustre l’un des nombreux « coup de gueule » de Char le poète engagé. Cette fresque se veut un hommage posthume de KOUKA au poète.

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GUERRIER BANTU

Babinga / 2014

Technique mixte sur bois 170*170 cm

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GUERRIER BANTU

Dans la forêt / 2014 Technique mixte sur bois 175*110 cm

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GUERRIER BANTU

Mother Earth / 2015 Technique mixte sur bois 170*130 cm

GUERRIER BANTU

La Dignité / 2015 Technique mixte sur bois 100*83 cm

GUERRIER BANTU

Guerrières de la paix / 2015 Technique mixte sur bois 170*170 cm

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GUERRIER BANTU

No culture, nos valeurs / 2015 Technique mixte sur bois 170*130 cm

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GUERRIER BANTU

Femme Africaine / 2015 Technique mixte sur bois 170*110 cm

GUERRIER BANTU

Babinga / 2015

Technique mixte sur bois 100*80 cm

GUERRIER BANTU

Babinga / 2014

Technique mixte sur bois 175*100 cm

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«Je suis l’Enfant de la terre Encore du genre à porter le short Un Gavroche des temps modernes qui se balade avec une bombe dans la poche…»

KOUKA

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Festival d’Azemmour, MAROC, 2013

L' Enfant Blam

Guerriers Bantus de la République, PARIS, 2011 © STb’Art

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Je suis né à Paris en 1981, de deux parents artistes; un père congolais, et une mère française, elle-même fille de l’artiste peintre Francis Gruber et petite fille du maitre verrier Jacques Gruber. Partagé entre un Paris parnassien mythique et un Congo lointain fantasmé, j’ai longtemps été identifié comme le seul noir de l’école.

D’abord, j’ai voulu pointer du doigt les mises à l’écart issues de la différence. J’ai pris le «blase» «l’Enfant Blam», comme une référence à l’enfant «blâmé» que j’étais pour être différent, et je sortais la nuit pour taguer les murs de Toulouse, de Marseille, et d’Avignon… Puis j’ai créé mon premier groupe de rap «l’Unité» avec lequel j’ai commencé à déclamer des messages de rassemblement et de paix. Les écritures sur mes tableaux, scandées à la bombe, sont le témoignage de ces textes personnels, porteurs de réconciliations.

Lorsque je suis rentré aux Beaux-Arts d’Avignon en 2000, j’ai défendu cette culture urbaine de la rue et du hip hop, considérée au regard de l’académisme pictural comme une sous culture. Mes valeurs et mes références étaient méconnues et rejetées. J’ai compris à ce moment là que la culture telle qu’on l’entend, loin de rassembler, peut être utilisée comme le filtre suffisant d’une contrainte sociétale. J’ai donc commencé à utiliser le paterne «NO CULTURE», comme pour mieux dénoncer et réhabiliter ces figures symboliques (Grands singes, indiens d’Amérique, peuples d’Afrique) d’une culture méconnue ou spoliée.

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Pour la réhabiliter, c’est sous les traits du guerrier Bantou que j’ai commencé, dès 2008, à signer les murs du monde qui désormais portent la marque d’une nouvelle identité. Moi qui pendant des années avais été identifié comme «le noir», j’ai à nouveau été mis à l’écart au Congo où je rendais visite à ma famille. On m’a vu comme «le blanc». Mes origines sans cesse interrogées, il fallait que je puisse gérer cette non appartenance radicale et si possible avec le sourire. J’en ai fait un symbole personnel de frontières amoindries, car c’est cela que je m’acharne à retrouver désormais : de l’originel dans toutes les identités. Un Bantou, voila ce que je suis !

Awaln’Art, MARRAKECH, 2015

En langue Kongo, Bantou signifie «humain». De migration en migration, cet ensemble de tribus primitives issu d’Afrique équatoriale, a peuplé le continent, puis les Amériques et l’Europe. Si le monde retient l’homme premier en lui donnant le nom de Lucy, je retiens un peuple originel en lui redonnant ses traits de bantous.

Congo, Gabon, Maroc, Brésil, Venezuela, Grèce, Belgique, Turquie, Hollande, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Thaïlande, tous ces pays portent désormais la trace du guerrier Bantou. Au-delà d’une représentation égocentrique, propre au milieu du graffiti d’où je viens, le guerrier est ce témoignage militant de cette part d’Afrique, que chacun porte en nous, qui nous lie, blanc ou noir, à notre identité ainsi qu’à nos racines communes.

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Brazzaville, CONGO, 2013

Sur la rive nord du Fleuve Congo, face à «Kinshasa la Belle», Brazzaville peine à se reconstruire aussi bien structurellement que culturellement..

Ici, la police Congolaise a tenté d'effacer ce portrait de femme Bantoue dès le lendemain de sa réalisation..

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GUERRIER BANTU

Babinga / 2014

Technique mixte sur bois 170*170 cm

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GUERRIER BANTU

Femme Africaine / 2015 Technique mixte sur bois 170*110 cm

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La Famille Humaine / 2015 Aérosol et acrylique sur bois 200*480 cm

Collection particuliere

GUERRIER BANTU

Babinga / 2014

Technique mixte sur bois 170*110 cm

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GUERRIER BANTU

Derrière la porte / 2014 Technique mixte sur bois 170*130 cm

GUERRIER BANTU

Gardien de culture / 2015 Technique mixte sur bois 100*80 cm

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GUERRIER BANTU

Balakoï / 2014

Technique mixte sur bois 155*120 cm

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GUERRIER BANTU

La forêt tremble / 2014 Technique mixte sur bois 170*170 cm

44 | KOUKA | JR #4

GUERRIER BANTU

Gardien de culture / 2015 Technique mixte sur bois 170*130 cm

GUERRIER BANTU

Femme Africaine/ 2015 Technique mixte sur bois 100*60 cm

© Stephane Davi

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Biographie Kouka est un artiste peintre né à Paris en 1981. Métis Franco-Congolais, acteur du mouvement Hiphop, puis diplômé de l’école des Beaux Arts, la pensée racine de l’artiste est fidèle à une tradition nomade.

S’affirmant avec un travail quasi obsessionnel sur le portrait et le texte, sa peinture questionne l’identité et la dualité. Lui, enfant Blam cultive ces différences pour sonder les mystères de l’homme universel sur toiles comme dans la rue. Sa peinture agit comme un miroir sur sa propre personnalité où le double est omniprésent – du socle de sa culture, de son apprentissage artistique et de sa pratique.

Son travail se caractérise par l’expressivité et la spontanéité du geste, laissant volontairement apparaître les imperfections, les imprécisions et les coulures.

L’acte de peindre est profond, il superpose les écritures à l’élément figuratif, créant un voile entre le visage de l’artiste et le spectateur qui devient protection et vecteur de pensée. Indistinct, indéchiffrable, énigmatique, le langage de sa peinture dévoile le libre parcours d’un homme sincère devenu un artiste phare de la résidence Jardin Rouge à Marrakech.

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Expositions 2015 Butterfly, Galerie Taglialatella, Paris, France Dali fait le mur, Strasbourg, France Wynwood Walls, Miami, USA 2014 Solo Show, Galerie Taglialatella, Paris, France Dali Fait le Mur, Espace Dali, Paris, France Pièces Détachées, Galerie Wallworks, Paris, France Made In France, GCA Gallery, Nice Art Stage Singapore, We Are Asia, Singapour 2013 L’Enfant Blam, New HeArt City Gallery, Paris, France Opus Délits Show, Espace Pierre Cardin Athensaf, Be a Part Festival, Athènes, Grèce Who the Cap Fit, Yakin & Boaz Gallery, Casablanca, Maroc Défense d’Afficher, L’Avant Seine / Théâtre de Colombe, Colombes, France New Art Fair, Espace Pierre Cardin, Paris, France 2012 No Culture, Galerie Frichez nous la Paix, Paris, France

2011 Flateurville, Le Hangar de Marcel, Paris, France Identité, New HeArt City Gallery, Paris, France Guerrier Bantu, Articulez, Paris, France 2010 T.R.A.C.E.S., La Forge de Belleville, Paris, France Corps de Femmes, Espace Confluences, Paris, France

C r é ditS photographi q ues Jardin Rouge, Kouka, R.Lazrak, STb’Art, Stéphane Davi I mpression Imprimerie Direct Print, Casablanca

Jnanna Ah’mar - Marrakech www.montresso.com info@montresso.com contact : Estelle Guilié +212 (0)5 29 80 15 92

Dépot légal 2015MO1159 ISBN 978-9954-35-242-7

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