49e PARALLÈLE Nord-Sud volume 4 - numéro 1

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NORD SUD L E M AG A Z I N E D E S D É V E LO P P E U R S D U N O R D D U Q U É B E C VOLUME 4 | NUMÉRO 1

INDUSTRIE MINIÈRE

LE MILIEU SE PRÉPARE À LA REMONTÉE DES MARCHÉS STRATÉGIE MARITIME NOUVEAUX INVESTISSEMENTS POUR DÉVELOPPER LES ZONES INDUSTRIALO-PORTUAIRES DÉVELOPPEMENT NORDIQUE L’ART DE FAIRE LES CHOSES AUTREMENT RELANCE DU SECTEUR FORESTIER UNE PRIORITÉ POUR LES RÉGIONS DU NORD NOUVEL INSTITUT NORDIQUE DU QUÉBEC LA SCIENCE AU BÉNÉFICE DES RÉGIONS NORDIQUES


LES MEILLEURS MAGAZINES POUR REJOINDRE VOS CLIENTS ! NORD SUD L E M AG A Z I N E D E S D É V E LO P P E U R S D U N O R D D U Q U É B E C VOLUME 4 | NUMÉRO 1

INDUSTRIE MINIÈRE

LE MILIEU SE PRÉPARE À LA REMONTÉE DES MARCHÉS STRATÉGIE MARITIME NOUVEAUX INVESTISSEMENTS POUR DÉVELOPPER LES ZONES INDUSTRIALO-PORTUAIRES DÉVELOPPEMENT NORDIQUE L’ART DE FAIRE LES CHOSES AUTREMENT RELANCE DU SECTEUR FORESTIER UNE PRIORITÉ POUR LES RÉGIONS DU NORD NOUVEL INSTITUT NORDIQUE DU QUÉBEC LA SCIENCE AU BÉNÉFICE DES RÉGIONS NORDIQUES

Le magazine 49e Parallèle Nord-Sud a pour mission de promouvoir l’activité économique du Nord du Québec, principalement dans les secteurs des ressources naturelles, du tourisme, des transports et des infrastructures. Il s’adresse aux grands acteurs des secteurs privés et institutionnels, qui œuvrent dans les secteurs couverts par le magazine.

1 866 446-3185 | 450 670-7770

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MOT DE LA RÉDACTION

LE NORD ET LE SUD, UN LIEN INEXTRICABLE JBC Média n’a pas hésité à faire l’acquisition du magazine 49e Parallèle, malgré un contexte économique peu favorable, parce que nous croyons fermement en l’avenir des régions nordiques du Québec, à leur potentiel de développement exceptionnel et au dynamisme de leurs entrepreneurs, petits et grands. Également, il nous apparaît essentiel de conserver cette tribune de qualité, pour les développeurs du Nord, auprès des principaux décideurs économiques et politiques du Québec. Les projets d’envergure qui prennent forme aujourd’hui nécessiteront la contribution d’hommes et de femmes de toutes nos régions. Pour reprendre le slogan du Conseil du patronat du Québec, il faut s’allier pour connaître la prospérité. C’est pourquoi nous avons ajouté Nord-Sud au nom du magazine. Ce lien nord-sud se dessine notamment le long du fleuve Saint-Laurent et des ports qui le bordent. Justement, le gouvernement reconnaissait récemment le potentiel de ceux-ci en accordant d’importants investissements pour la création de zones industrialoportuaires et intermodales, comme l’explique la journaliste Catherine Florès. Tout au long de ce numéro, vous pourrez aussi découvrir les façons dont le Nord est en train d’articuler ses voix multiples afin de faire connaître ses particularités et de créer des pistes de développement sur mesure, notamment en collaboration avec le Sud. Entre autres, l’industrie minière est très active aux environs du 49e parallèle. Le prix des métaux est plutôt à la baisse en ce moment, ce qui pousse l’industrie à préparer le terrain pour la prochaine montée, comme vous pourrez le lire dans un dossier spécial réalisé en collaboration avec l’Association minière du Québec. Et puisqu’on ne peut parler du Nord sans souligner sa beauté singulière, nous avons le plaisir de vous présenter en couverture et dans nos pages de superbes photos aériennes prises par le photographe-aviateur Mario Faubert. Nous espérons que ce numéro vous plaira.

Jacques Boisvert

Suzanne Gagné

Éditeur Chargée de contenu

49e PARALLÈLE NORD-SUD

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SOMMAIRE : : VOLUME 4 | NUMÉRO 1

DOSSIER

INDUSTRIE MINIÈRE Par Suzanne Gagné

6 COUP D’ŒIL HISTORIQUE UNE INDUSTRIE AUX RACINES PROFONDES

10 RAPPORT DE L’INSTITUT FRASER De bonnes nouvelles, mais du travail à poursuivre 13 FIGURE DE PROUE Louis Gignac, bâtisseur de mines et de talents 19 VERS PLUS DE TRANSPARENCE ET DE DURABILITÉ L’industrie minière change de visage 21 SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL Des déviants… qui ont la cote ! 26 L’INDUSTRIE PREND LES DEVANTS La relève minière répond à l’appel 33 DÉVELOPPEMENT DES ZONES INDUSTRIALO-PORTUAIRES Sept-Îles, Port-Cartier et Salaberry-de-Valleyfield à l’avant-poste sur l’autoroute bleue Par Catherine Florès 38 DÉVELOPPEMENT NORDIQUE Mobiliser le milieu pour favoriser les projets dans un contexte unique Par Suzanne Gagné 42 NOUVEL INSTITUT NORDIQUE DU QUÉBEC La science au bénéfice des décideurs, des communautés et de l’industrie Par Suzanne Gagné

CHRONIQUES 17 S’ALLIER POUR LA PROSPÉRITÉ Pour une vision véritablement stratégique du développement minier

Par Yves-Thomas Dorval

28 FORMATION MINIÈRE Travailleurs issus des Premiers Peuples pour le secteur minier : besoin de talents et développement nordique Par Louise Bryce 30 EXPLORATION MINIÈRE L’exploration minière dans un creux historique Par Valérie Fillion 45 MONDE MUNICIPAL Relancer le secteur forestier au Québec : une priorité pour nos régions !

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Par Mario Provencher

49e PARALLÈLE NORD-SUD

INDEX DES ANNONCEURS Agnico Eagle 11 Entreprises Larry 29 Fonderie Horne 22 Goldcorp Éléonore 15 Hecla Québec 21 Iamgold 9

Institut national des mines 16 JBC Média 2 Mine Canadian Malartic 23 Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles 19 Objectif Nord 47 Québec Mines 48

DANS CE NUMÉRO, ON PARLE DE… Agnico Eagle 8 Albert, Janie 41 Aluminerie Alouette 35 Arbec 36 Arcelor-Mittal 34 ArcticNet 43 Association de l’exploration minière du Québec 12, 31 Association minière du Canada 14, 20 Association minière du Québec 3 à 27 Barrette-Chapais 40 Blanchette, Luc 19, 20 CSX 36, 37 Canadien National 36 Canadien Pacifique 36 Cégep de Sept-Îles 35 Centre de formation professionnelle de la Baie-James 27 Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale 41 Chaire en entrepreneuriat minier de l’UQAT-UQAM 31 Chambre de commerce de Manicouagan 41 Chantiers Chibougamau 40 Cliffs ressources naturelles 34, 39 Colloque ADN Plan Nord 41 Comité sectoriel sur la main-d’œuvre dans l’industrie des mines 26 Conseil des Innus de Pessamit 41 Conseil du patronat du Québec 3, 17 Corporation de développement économique de Val-d’Or 26 Cyr, Manon 40 Deneault, Katie 26, 27 Doyle, Violaine 35, 36 G Services miniers inc. 13, 15 Gignac, Louis 13 à 15 Groupe DDM 45 Hecla Québec 27 Iamgold 14 Institut de la statistique du Québec 30 Institut de recherche d’Hydro-Québec 43 Institut Fraser 10, 12 Institut national de recherche scientifique 42 Institut national des mines du Québec 27, 28, 29

Institut nordique du Québec 42, 43 Investissement Québec 20, 39 Lapointe, Denis 36, 37 Lessard, Laurent 45 Mariage, Frank 12, 31 Métal 7 35 Méthot, Josée 10, 11 Mine Arianne Phosphate 11 Mine BlackRock 11 Mine Casa Berardi 27 Mine Gold Corp. 40 Mine LaRonde 23 Mine Nemaska Lithium 11, 41 Mine Raglan 8 Mine Royal Nickel 11 Mine Westwood 23 Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles 19 Objectif Nord 43 Paquot, Tanguy 21 à 23 Plan Nord 28, 40, 41 Porlier, Réjean 33 à 35 Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka 41 Résolu 41 Rock, Christian 41 Rioux, André 27 Sauvé, Robert 41 Scherkus, Ebe 8 Société du Plan Nord 31, 34, 38, 39, 41, 43 Stornoway 8, 15, 40 Temple de la renommée du secteur minier canadien 13 à 16 Therrien, René 42, 43 Tremblay, Russel 38, 39 Union des municipalités du Québec 45 Université du Québec à Chicoutimi 35 Université Laval 13, 42 Université McGill 42 Ville de Baie-Comeau 41 Ville de Chibougamau 40 Ville de Port-Cartier 33, 35, 36 Ville de Salaberry-de-Valleyfield 33, 36, 37 Ville de Sept-Îles 33 à 35, 39 WoodMarkets 45


MOT DE LA RÉDACTRICE EN CHEF INVITÉE

L E M AG A Z I N E D E S D É V E LO P P E U R S D U N O R D D U Q U É B E C

ÉDITEUR  Jacques Boisvert CHARGÉE DE CONTENU Suzanne Gagné RÉDACTRICE EN CHEF  INVITÉE Josée Méthot RÉDACTION Catherine Florès et Suzanne Gagné

RÉVISION  ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel PRODUCTION Conception graphique et mise en page Carole Bordeleau pour Carbodesign

POUR UNE INDUSTRIE MINIÈRE FORTE

AMQ

COLLABORATION À CE NUMÉRO  Louise Bryce, Yves-Thomas Dorval, Valérie Fillion et Mario Provencher

Annonces publicitaires Sandrina Villeneuve pour Millennium concept & design PUBLICITÉ  Montréal 450 670-7770 Québec 418 317-0669 Andréanne Brault et Buntha My Conseillers publicitaires Souk Vongphakdy Responsable du développement des ventes internes ADMINISTRATION  Catherine Faucher, adjointe au président et directrice des opérations Edith Lajoie Service à la clientèle et coordination PHOTOGRAPHES  Denis Bernier et Alain Lambert PHOTOS AÉRIENNES, COUVERTURE ET INTÉRIEUR © Mario Faubert, aviateur-photographe, Air Photo Max Couverture : région du lac d’Iberville ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS  Convention no PP 41614528 ADRESSE DE RETOUR  2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 ABONNEMENTS  www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine 49e Parallèle Nord-Sud . Le nom de l’auteur et / ou du photographe doit également apparaître.

L’éditeur se réserve le droit de refuser l’insertion de toute publicité. ISSN 1­­916-6656 AVRIL 2016

Le magazine 49e Parallèle Nord-Sud est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771

L’Association minière du Québec, qui fête ses 80 ans cette année, a accepté avec plaisir de s’associer au magazine 49e Parallèle Nord-Sud pour la réalisation de cette édition, ce qui cadre avec sa mission de promouvoir, soutenir et développer une industrie minérale québécoise engagée, responsable et innovante. Pour cette occasion, nous tenions à faire un tour d’horizon du secteur minier au Québec, une industrie qui fait la fierté des Québécois et qui contribue à leur prospérité socioéconomique. Les dernières années ont été difficiles pour l’industrie au Québec ; elle a connu un ralentissement résultant, en particulier, d’une baisse des prix des métaux, mais elle a également dû vivre avec l’incertitude liée aux nombreuses tentatives de modifications législatives et au changement dans le régime d’impôt minier. L’Association travaille donc, en collaboration avec ses membres et le gouvernement, à renverser la tendance et à préparer le Québec pour la reprise. Nous pouvons compter sur des sociétés minières d’exception œuvrant dans le respect des gens et de l’environnement et sur des atouts de taille : une main-d’œuvre qualifiée reconnue partout sur la planète, des centres de recherche à la fine pointe de la technologie, un réseau de fournisseurs compétents et des maisons d’enseignement qui représentent de réelles partenaires de l’industrie. Les défis sont nombreux, mais le Québec possède tout ce qu’il faut pour conserver sa place parmi les leaders mondiaux. Avec des investissements de l’ordre de 2,3 G$ en 2015, des salaires de 1,7 G$ dans le secteur de la production minérale et une contribution de 1 G$ faite aux gouvernements, il ne fait aucun doute que la province gagne à pouvoir compter sur une industrie minière forte. Cette édition du magazine permettra de démontrer tout le leadership dont fait preuve le secteur minier et de lever le voile sur des initiatives encore trop méconnues. Bonne lecture !

info@jbcmedia.ca

Josée Méthot www.jbcmedia.ca

Présidente-directrice générale Association minière du Québec

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INDUSTRIE MINIÈRE

PRÉPARER LE TERRAIN POUR LA PROCHAINE REMONTÉE DU MARCHÉ DOSSIER PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE ET CHARGÉE DE CONTENU

À l’heure où les marchés miniers internationaux s’inscrivent dans un cycle baissier, l’industrie s’assoit avec le gouvernement pour tenter d’alléger la réglementation. Les sociétés minières en profitent pour attirer la relève et assurer le développement professionnel de la main-d’œuvre, mais aussi pour améliorer la santé et la sécurité des travailleurs. Bref, l’industrie minière prépare le terrain pour la prochaine remontée du marché.

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A 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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Le tout premier gisement minier au Québec, qui contenait du plomb, a été découvert par le Chevalier de Troyes en 1686, en AbitibiTémiscamingue. Toutefois, malgré l’exploitation du sable au 18e siècle, deux brèves ruées vers l’or en Beauce en 1846 et en 1862, ainsi que l’exploitation du cuivre et du soufre en Estrie vers 1860, du phosphate en Outaouais vers 1875 et de l’amiante à Thetford Mines peu après, l’industrie ne s’officialise qu’en 1880, alors que le gouvernement provincial adopte l’Acte général des mines de Québec, qui attribue au gouvernement la propriété du sous-sol. Les mines du territoire seront concédées à des tiers par la suite.

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

UNE INDUSTRIE AUX RACINES PROFONDES

u cours des années 1920, l’ouverture du Nord-Ouest mène à l’établissement de camps miniers en Abitibi-Témiscamingue, qui compte alors 90 % des titres miniers enregistrés dans la province. Les sociétés y exploitent le cuivre, l’or, le fer et l’amiante. C’est aussi à cette époque que l’industrie minière prend racine au Québec, notamment à la faveur de la révolution industrielle, qui fait augmenter la demande en minerai.

VUE EXTÉRIEURE DE LA MINE LAMAQUE EN 1958

Après la Grande Dépression, on assiste à un important déploiement de capitaux pour l’exploitation des gisements, de même qu’à la construction de routes et de chemins de fer. Le gouvernement provincial élabore aussi des règles de fonctionnement et offre des services techniques et scientifiques. En 1936, les directeurs de sept sociétés minières fon­ dent la Western Quebec Mine Managers Association,


SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

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qui devient en 1988 l’Association minière du Québec (AMQ). L’objectif prioritaire de cet organisme est d’améliorer la santé et la sécurité des travailleurs, puisque les mécanismes sont quasi inexistants et le métier, très risqué. Il faudra attendre en 1942 avant que Neil George, un ingénieur minier spécialiste de la prévention, mette au point un système de sécurité efficace, qui tient compte de l’ensemble des facteurs de risque, comme la chute de roches, celle des

LES PREMIERS PROSPECTEURS DISPOSAIENT D’OUTILS ET D’INSTALLATIONS RUDIMENTAIRES

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LE SITE DE LA MINE LAMAQUE EN 1935

travailleurs dans les trous, la manipulation des explosifs, l’équipement et les méthodes de travail. Progressivement, ces mesures permettent de diminuer considérablement la fréquence des accidents.

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SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

INDUSTRIE MINIÈRE

LA MINE LAMAQUE EN 1967

de l’AMQ, et ex-président de Stornoway et d’Agnico Eagle. Le milieu était très compétitif, et il devenait ardu d’avoir de la main-d’œuvre ou des fournisseurs. Les prix ont monté en flèche : ceux des métaux, mais aussi les salaires. Cette période comportait de nombreux défis. »

UN NOUVEL ESSOR Après la Seconde Guerre mondiale, l’avènement de nouvelles techniques mène à la découverte de gisements cachés. Par ailleurs, les villes de Schefferville, Gagnon, Labrador City, Wabush et Fermont se développent graduellement avec le fer, tandis que le cuivre, le zinc et l’or nourrissent le développement de Chibougamau, Chapais, Murdochville, Matagami et Joutel. Le gouvernement met la main à la pâte en construisant de nouvelles routes, en développant la cartographie et en mettant sur pied des sociétés d’État comme Sidbec, SOQUEM, SOQIP et la Société nationale de l’amiante. En 1978, l’ingénieur minier Claude Drouin crée la Formule de supervision, soit un système qui permet d’améliorer la sécurité et la productivité dans les mines ; il est d’ailleurs encore utilisé de nos jours. Au cours des années 1970 et 1980, les crises économiques mènent à des fermetures de mines et des villes qui en dépendent. Les années 1990 marquent le début de l’exploitation des mines dans le Grand Nord, comme la mine de nickel Raglan. Au tournant des années 2000, on découvre des diamants à l’est de la baie d’Ungava et près des monts Otish. UN MARCHÉ EXIGEANT Au cours des 15 dernières années, le secteur minier a connu d’importantes transformations. « De 2000 à 2008, il y avait de gros projets partout au Canada et en Europe, rappelle Ebe Scherkus, ex-président du conseil d’administration 8

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EBE SCHERKUS Ex-président du conseil d’administration Association minière du Québec


L’AMQ EN 2016 • Porte-parole de l’ensemble des entreprises minières productrices de métaux et de minéraux

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DE GÉNÉALOGIE DE VAL-D’OR

ainsi que de leurs installations, des entreprises métallurgiques, des entrepreneurs miniers et des entreprises minières en développement et en exploration sur le territoire québécois

• 60 membres : 27 exploitants miniers et installations de traitement et affinage, 11 entrepreneurs miniers, 6 explorateurs miniers, 3 institutions et organismes sans but lucratif et 13 fournisseurs de biens et services

Le krach boursier de 2008 vient modifier en profondeur l’industrie minière. « Depuis, indique M. Scherkus, il y a moins de construction et plus de réglementation. Il est aussi devenu plus difficile de faire financer un projet minier. Quand j’ai commencé ma carrière dans l’industrie, il y a une trentaine d’années, il fallait compter environ sept ans à partir de la découverte d’un gisement jusqu’à la mise en production d’une mine. Aujourd’hui, il faut souvent le double ! » M. Scherkus estime que la période de repos actuelle du marché minier permettra de préparer la table pour la prochaine vague de projets.

L’INDUSTRIE MINIÈRE QUÉBÉCOISE EN CHIFFRES 45 000 EMPLOIS DIRECTS ET INDIRECTS SALAIRES DE 1,66 G$ (PRODUCTION MINÉRALE) EN 2015 INVESTISSEMENTS DE 2,3 G$ EN 2015, PRINCIPALEMENT EN RÉGION 3 800 FOURNISSEURS, DONT PLUS DE LA MOITIÉ À MONTRÉAL ET À QUÉBEC 710 M$ VERSÉS EN MOYENNE AU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC ANNUELLEMENT

IAMGOLD est une entreprise internationale d’exploration minière avec une production annuelle de près d’un million d’onces provenant de quatre mines situées sur trois continents qui croit qu’un engagement envers la durabilité et la responsabilité est fondamental à la réussite. C’est une présence en Abitibi-Témiscamingue depuis plus de 30 ans par la Mine Westwood et l’entrepreneur minier Iamrock. IAMGOLD représente près de 5000 employés répartis dans des mines en production et des projets de développement sur une base internationale. Excellence Responsable Transparence Respect

Diversité Travail d’équipe Apprentissage Innovation

www.iamgold.com 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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INDUSTRIE MINIÈRE

RAPPORT DE L’INSTITUT FRASER

DE BONNES NOUVELLES, MAIS DU TRAVAIL À POURSUIVRE Le 1er mars dernier, l’Institut Fraser dévoilait les résultats de son enquête annuelle sur l’industrie minière internationale. Le Québec se classait à la huitième position mondiale et en deuxième place au Canada parmi les juridictions minières les plus attrayantes pour les investisseurs. Une bonne nouvelle ? Oui, mais il y a encore du travail à faire pour préparer le cycle haussier, comme nous l’explique Josée Méthot, présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec.

«

Nous faisons encore partie du top 10, alors oui, c’est une bonne nouvelle, affirme Mme Méthot, mais nous avons quand même perdu deux positions par rapport à l’année dernière, ce qui est, selon nous, un signal d’alarme. L’industrie doit travailler avec le gouvernement pour agir rapidement afin qu’elle soit prête à emboîter le pas à la prochaine remontée. » Rappelons que le Québec occupait le premier rang au classement de 2007 à 2010. Par la suite, jusqu’en 2014, des changements réglementaires plongeaient la province dans l’incertitude aux yeux des investisseurs, de sorte qu’elle avait glissé à la 18e place. L’an dernier, elle occupait le sixième rang.

Par ailleurs, la diversité de l’industrie minière québé­ coise serait un atout majeur. « Nous avons de l’or, du fer, du nickel, du zinc, etc., énumère Mme Méthot. Comme c’est très diversifié, quand un marché va mal, un autre peut aller mieux, ce qui permet d’atténuer l’impact d’une baisse de marché, de garder un meilleur niveau d’activité et de conserver notre réseau de fournisseurs. Par exemple, le marché de l’or se porte plutôt bien actuellement. » 10

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AMQ

DE BONNES NOUVELLES Les bonnes nouvelles, d’abord : l’industrie minière québécoise détient une expertise reconnue, et elle peut compter sur des ressources humaines qualifiées et qui ont le sens de l’innovation – elles n’ont pas vraiment le choix quand on connaît le climat québécois et l’isolement de certains sites miniers !

JOSÉE MÉTHOT Présidente-directrice générale Association minière du Québec


DES ENJEUX PROVINCIAUX ET INTERNATIONAUX Les bémols de l’industrie sont toutefois encore nombreux. Ainsi, avec la baisse de la demande et des prix du minerai, le contexte des dernières années rend le marché minier international de plus en plus compétitif, de sorte que les régions doivent se partager des investissements qui vont en diminuant, tant pour l’exploration que pour l’extraction. Des facteurs propres au Québec viennent s’ajouter à ce contexte, comme des délais jugés longs pour les autorisations gouvernementales et le manque de balises dans les négociations avec les communautés autochtones. L’industrie minière travaille donc en étroite collaboration avec le gouvernement et différents ministères pour trouver des solutions afin de faciliter les processus d’autorisation de projets. « C’est très important parce que quand les minières veulent faire approuver un projet par leurs actionnaires, elles se confrontent à d’autres juridictions où les processus sont plus simples et plus rapides, souligne Mme Méthot. Pour être à l’avant de la parade, nous avons besoin de règles claires. » Selon elle, d’autres facteurs entrent en jeu lorsque vient le temps d’investir ici. « Entre autres, le coût d’établir une mine au Québec, explique-t-elle. Nous sommes une juridiction à coûts élevés. Nous avons besoin d’infrastructures de transport comme le chemin de fer et les voies maritimes, mais nous devons aussi avoir accès à des énergies renouvelables, ce qui est problématique en ce moment. Le gouvernement du Québec a adopté un objectif de réduire les gaz à effet de serre de 37,5 % sous les niveaux de 1990. Si nous voulons y contribuer, il faut que nous ayons accès à cette énergie. Les mines qui se trouvent dans des régions isolées ne peuvent profiter de l’hydroélectricité ; elles génèrent donc leur propre électricité avec le diesel ou le mazout lourd. L’accès au gaz naturel ou aux énergies renouvelables nous aiderait à améliorer notre empreinte environnementale et à réduire nos coûts. »

OPTIQUE PHOTO MARJORIE ROY

Elle mentionne également des projets très prometteurs, comme les mines BlackRock, ou encore Arianne Phosphate, Royal Nickel et Nemaska Lithium, qui ont toutes trois obtenu l’année dernière les autorisations gouvernementales leur permettant de franchir un pas vers leur mise en production.

québécoises épurent leur structure, et elles travaillent à améliorer leur productivité et à réduire leurs coûts. Josée Méthot est-elle confiante en la remontée des marchés ? « Nous savons bien que toutes les vagues ont un creux et une remontée, conclut-elle. La véritable question est plutôt de savoir à quel moment le marché va remonter. Entre-temps, espérons que les mesures d’allégement financier et d’aide à l’exploration contenues dans le dernier budget provincial aideront nos membres à bien se préparer. »

Des mines tournées vers l’avenir !

Un dernier enjeu, mais non le moindre : la pérennité même de l’industrie. « Les membres de notre conseil d’administration expriment très clairement leur inquiétude par rapport à l’avenir de l’industrie, explique Mme Méthot. Actuellement, on sait qu’il y a des projets en développement, mais on entend parler de ces projets depuis 5 ou 10 ans ! Où sont les vrais nouveaux projets ? » Il resterait donc du travail à faire pour assurer une place de choix au Québec parmi les juridictions minières mondiales. En attendant la prochaine remontée du marché minier, les sociétés

agnicoeagle.com

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INDUSTRIE MINIÈRE

DES INQUIÉTUDES DU CÔTÉ DE L’EXPLORATION MINIÈRE La récente enquête de l’Institut Fraser fait aussi réagir le milieu de l’exploration minière. « Ce rapport s’avère très important puisqu’il est lu et suivi par la communauté internationale, remarque Me Frank Mariage, président du conseil d’administration, Association de l’exploration minière du Québec. Nous pouvons nous réjouir d’être au huitième rang, mais il y a quand même des taches au dossier, et il est important de les noter. »

Par ailleurs, le Québec se range au 48e rang quant aux futures zones de protection du territoire. « Ces zones ne sont pas encore définies sur le territoire du Plan Nord, précise Me Mariage. Le gouvernement est en consultation à ce sujet. Au sud du 49e parallèle, pourrait aussi s’appliquer un article de loi qui n’est pas encore en vigueur et qui porte sur la possibilité pour une municipalité régionale de comté, dans son plan d’aménagement, de définir des zones qui sont incompatibles avec l’activité minière, ce que nous suivons aussi de très près. La protection du territoire est importante, mais il faudrait s’assurer qu’elle ne se fait pas au détriment du potentiel minéral du Québec. »

FRÉDÉRIQUE LAVOIE

Il s’inquiète notamment de la 36e position du Québec quant à son régime de taxation, ainsi qu’à sa 41e place relative à la validité des claims (concessions minières). « Il y a eu un net recul à cet égard, dit-il. Nous sommes passés de 260 000 claims actifs en 2012 à moins de 130 000 aujourd’hui. Selon les récentes données de l’Institut de la statistique du Québec, nous sommes revenus 10 ans en arrière sur le plan des investissements ! »

Me FRANK MARIAGE Président du conseil d’administration Association de l’exploration minière du Québec

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NEMASKA LITHIUM

En revanche, Me Mariage exprime lui aussi un certain soulagement face à la mise en place, dans le dernier budget provincial, de la bonification de l’aide à l’exploration minière dans le Moyen Nord et le Grand Nord. « Cela augure bien pour une reprise anticipée », déclare-t-il.

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LA PROPRIÉTÉ WHABOUCHI DE NEMASKA LITHIUM, À ENVIRON 300 KILOMÈTRES DE CHIBOUGAMAU 49e PARALLÈLE NORD-SUD


FIGURE DE PROUE

LOUIS GIGNAC, BÂTISSEUR DE MINES ET DE TALENTS PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE ET CHARGÉE DE CONTENU

Pionnier, visionnaire et mentor reconnu, Louis Gignac était intronisé en janvier dernier au Temple de la renommée du secteur minier canadien. Nous vous offrons ici le portrait d’un entrepreneur dans l’âme qui a développé et exploité une vingtaine de mines au Canada et à l’étranger, permettant notamment à la société québécoise Cambior de s’élever au rang de producteur aurifère intermédiaire.

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PASSIONNÉ, AVEZ-VOUS DIT ? Né en 1950 en Estrie, Louis Gignac a été élevé dans une ferme laitière située entre les villages de Stratford et de Disraeli. Très jeune, il apprend à trimer dur. Adolescent, il découvre les mines souterraines de cuivre, de zinc et d’or de la région grâce à des emplois d’été. Il a la piqûre. Il entreprend donc un programme de génie minier à l’Université Laval et obtient son baccalauréat en 1973. Il poursuivra ses études avec une maîtrise en génie minéral de l’Université du Minnesota et un doctorat de l’Université du MissouriRolla, qu’il obtient en 1979. Cette année-là, M. Gignac devient professeur en génie minier à l’Université Laval, jusqu’en 1981. « Mon premier emploi dans l’industrie était avec le Groupe Noranda au Nouveau-Brunswick, comme ingénieur de projet et contremaître », rappelle-t-il. Il travaille ensuite pour la Corporation Falconbridge Copper, où il dirige la division du Lac Shortt, en Abitibi, puis la division du Lac Dufault et du projet Ansil.

G SERVICES MINIERS INC.

écidément, Louis Gignac ne fraternise pas avec le repos. Au moment de notre entrevue, il s’apprêtait à partir pour le Suriname, en Amérique du Sud, où son entreprise, G Services miniers inc., dirige la construction de la mine d’or Merian pour le compte de la société Newmont. « Lorsque je suis là-bas, je travaille de 12 à 14 heures par jour, sept jours par semaine, raconte-t-il. Heureusement, mon épouse m’oblige à prendre des vacances à l’occasion ! »

LOUIS GIGNAC Président du conseil G Services miniers inc.

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KEITH HOUGHTON PHOTOGRAPHY

KEITH HOUGHTON PHOTOGRAPHY

INDUSTRIE MINIÈRE

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LE 14 JANVIER DERNIER, PIERRE GRATTON, PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION DE L’ASSOCIATION MINIÈRE DU CANADA ET MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DU TEMPLE DE LA RENOMMÉE DU SECTEUR MINIER CANADIEN, REMETTAIT CETTE DISTINCTION À LOUIS GIGNAC, UN PIONNIER DANS SON DOMAINE.

VISER HAUT ET LOIN En 1986, la Société québécoise d’exploration minière (SOQUEM) privatise ses actifs et crée du même coup la société Cambior. Louis Gignac accepte de devenir directeur général de l’entreprise, à une condition : Cambior doit être véritablement privée et ne doit pas servir d’instrument au gouvernement. De même, en prenant les rênes de l’entreprise, il est clair qu’il vise haut et qu’il ne souhaite pas que Cambior se limite à des projets québécois. Tout en acquérant les actifs miniers de la SOQUEM, Cambior procède à un premier appel public à l’épargne de 157,5 M$. Au départ, elle se concentre sur ses actifs aurifères québécois, incluant la mine Doyon, près de Cadillac. L’année suivant sa création, elle fait l’acquisition de Ressources Aiguebelle et de Mines Sullivan, en Abitibi. Dès le début des années 1990, M. Gignac lance une initiative avant-gardiste pour l’époque en diversifiant les activités de Cambior dans les métaux communs, avec la mine de zinc Grevet, dans le Nord-du-Québec, le dépôt polymétallique Mobrun, en Abitibi, et la mine de cuivre Carlotta, en Arizona.

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« Pour connaître du succès dans le secteur minier, il faut avoir des équipes solides, explique-t-il. J’ai toujours visé un mélange de gens d’expérience avec l’énergie des jeunes. Il est important de choisir des personnes qui veulent se développer et apprendre et qui vont y mettre de l’énergie. » UN TOURNANT DANS LE MARCHÉ Au début des années 2000, le prix de l’or baisse, et Louis Gignac décide de vendre des actifs de métaux communs de Cambior, tout en restructurant son bilan et en réorientant son plan d’exploitation. Cela permet à l’entreprise de construire la mine Rosebel, au Suriname, à la fin de 2002, au coût de 100 M$. Son aventure à titre de dirigeant de Cambior prend fin en 2006, alors que l’entreprise fusionne avec Iamgold, une transaction évaluée à 1,3 G$ US. Ce bâtisseur aura permis à Cambior de voir passer sa production aurifère de 52 000 onces en 1986 à un sommet de 694 100 onces en 2004.

Durant la même période, il décide de développer un projet de mine à Omai, en Guyane, en coentreprise avec Golden Star Resources. Ce saut à l’étranger en fait sourciller plus d’un, mais la suite lui donnera raison puisque ce projet deviendra l’une des plus grosses mines de l’Amérique du Sud et qu’elle représentera la plus grande partie de la production aurifère de Cambior dans les années 2000.

LA CHINE ENTRE DANS LE JEU Évidemment, au cours de sa carrière, Louis Gignac a vécu de nombreux cycles de marché, mais aucun ne se compare au virage qu’a connu le domaine minier vers 2006. « Jusque-là, explique-t-il, les consommateurs de produits miniers étaient les États-Unis, l’Europe et le Japon, et les cycles de prix variaient en fonction de l’économie de ces régions. Il était donc relativement facile de déterminer ce qui causait les hausses et les baisses puisque ces pays généraient beaucoup de données économiques. »

Entre-temps, le dirigeant de Cambior n’oublie pas ses racines de professeur, et il s’avère un mentor résolument engagé envers la jeune génération de talents miniers. Dans son hommage, le Temple de la renommée parle d’ailleurs de sa capacité «  à développer des esprits aussi bien que des mines  ».

Vers 2006, toutefois, voilà que la Chine devient un joueur prépondérant dans les produits miniers, ce qui était tout à fait imprévu. « Ce pays est devenu un consommateur presque aussi important que les États-Unis, l’Europe et le Japon réunis, indique-t-il. Cela a causé un boom minier qui a

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G SERVICES MINIERS INC.

Louis Gignac affirme que la meilleure décision de sa vie a été d’épouser Brenda.

1 engendré des investissements considérables dans le développement de nouveaux projets. » Toutefois, la consommation de produits miniers par la Chine s’étant stabilisée depuis deux ou trois ans, l’industrie minière se retrouve maintenant dans une situation de surproduction par rapport à l’offre. « À l’heure actuelle, note M. Gignac, les rendements financiers des investissements miniers en général s’avèrent plutôt insatisfaisants. Il faudra que la production soit pleinement utilisée pour que les prix remontent et permettent aux investisseurs d’obtenir des rendements raisonnables. » Quant à la situation du Québec, il déplore qu’il y ait si peu de nouveaux projets sur la table : « À l’heure actuelle, les projets de Stornoway semblent être les seuls nouveaux projets qui continueront à générer des emplois. Le problème, c’est qu’il n’y a pas eu d’exploration importante au Québec depuis quelques années et que tant que le marché des métaux ne se sera pas rétabli, il n’y en aura probablement pas. » UNE ENTREPRISE FAMILIALE Avec la carrière riche qu’il a connue, lorsqu’on demande à Louis Gignac quelle a été la meilleure décision de sa vie, il affirme tout simplement que c’est le fait d’avoir épousé sa douce moitié, Brenda. « Nous nous sommes rencontrés à l’université et, 42 ans et cinq enfants plus tard, nous sommes encore ensemble ! », déclare-t-il.

D’ailleurs, trois de ses enfants forment la relève de G Services miniers inc., la firme de consultation indépendante qu’il a fondée à Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal, et dont il est maintenant le président du conseil d’administration. L’entreprise, qui offre des

LA SÉCURITÉ EST L’AFFAIRE DE TOUS ! Entre 2009 et 2015, grâce à l’implication de tous ses travailleurs, Éléonore a amélioré sa performance en santé-sécurité de 90%. Dans l’industrie, le calcul des accidents dits «enregistrables» est basé sur 200 000 heures de travail par année. Ce nombre d’heures correspond approximativement à 100 travailleurs. La sécurité est l’affaire de tous : veillez sur vous et sur les autres, en tout temps, au travail comme à la maison! 2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

8.9

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2.2

1.9

1.5

1.2

0.89

Nombre d’accidents enregistrables par année Une mine de ressources A Goldmine of Resources

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INDUSTRIE MINIÈRE

< LE PROJET MERIAN, DE LA FIRME NEWMONT, AU SURINAME, DEVRAIT ÊTRE COMPLÉTÉ EN SEPTEMBRE PROCHAIN

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G.SERVICES MINIERS INC.

USINE DU PROJET ESSAKANE, COMPLÉTÉE

LE PROJET ESSAKANE, AU BURKINA FASO, EN CONSTRUCTION (À GAUCHE) ET L’USINE COMPLÉTÉE (À DROITE)

services d’ingénierie et de gestion de projet, emploie une quarantaine de personnes et environ 200 contractuels. Elle a notamment réalisé pour Iamgold les études de faisabilité et le développement de la mine Essakane, au Burkina Faso. « En plus de la construction de la mine d’or Merian au Suriname, qui devrait être terminée en septembre prochain, dit-il, nous sommes impliqués dans un projet aurifère dans l’ouest de l’Ontario et nous avons plusieurs mandats d’études de rentabilité. »

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Finalement, Louis Gignac a été le lauréat de plusieurs prix au cours de sa carrière. Il se dit touché par son intronisation au Temple de la renommée du secteur minier canadien. « Le domaine minier canadien est relativement petit. Les gens se connaissent bien, et le fait que mes pairs aient jugé que ma carrière a été suffisante pour que je fasse partie du Temple de la renommée me fait grand plaisir », conclut-il.

130 PAGES DE PHOTOGRAPHIES DU SECTEUR MINIER AU QUÉBEC PARTICIPATION DE PRÈS DE 30 COLLABORATEURS DU SECTEUR MINIER ET DE L’ÉDUCATION

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S’ALLIER POUR LA PROSPÉRITÉ

Yves-Thomas Dorval Expert invité

POUR UNE VISION VÉRITABLEMENT STRATÉGIQUE DU DÉVELOPPEMENT MINIER La nouvelle Vision stratégique du développement minier, présentée au mois de mars dernier, formalise les engagements du gouvernement du Québec dans un exercice longuement attendu par l’industrie et après plusieurs mois de concertation avec les principaux acteurs. En étant adaptées aux spécificités des opérations minières au Québec, les orientations établies par cette vision permettront, on l’espère, de valoriser davantage les ressources du Nord, en tirant profit du potentiel des filières minières actuelles et en contribuant à en développer de nouvelles. Parmi les mesures annoncées, les processus d’obtention des permis requis pour le démarrage des projets seront accélérés. De plus, le gouver­ nement compte appliquer un nouveau cadre normatif moderne, ce qui devrait favoriser la stabilité réglementaire que l’industrie réclame depuis longtemps. Soulignons aussi la mise en place d’un guichet unique pour le traitement des baux miniers, ainsi que la volonté de Québec de fixer un délai maximum pour le traitement des demandes.

Yves-Thomas Dorval est président-directeur général du Conseil du patronat du Québec. Diplômé de l’Université Laval en économie, relations industrielles et relations publiques, il compte plus de trente années d’expérience en affaires publiques et en gestion, tant au Canada qu’en Europe. Il est membre de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec et certifié ASC du Collège des administrateurs de sociétés de même que ARP de la Société canadienne des relations publiques.

En ce qui a trait à la transformation, Québec prévoit concevoir un plan d’action pour l’industrie de la métallurgie et financer les entreprises qui transforment le minerai et les métaux d’ici, tout en appuyant certains projets de recherche. Rappelons que les activités de transformation des ressources naturelles contribuent de façon considérable à notre produit intérieur brut (PIB) : elles constituent 45 % de la production totale du secteur des ressources naturelles, fournissent plus de 66 % des emplois et représentent au-delà de 88 % des exportations. De plus, le gouvernement veut encourager le partenariat entre les équipementiers et les fournisseurs de différentes régions et élaborer une stratégie de développement des marchés hors Québec pour cette filière de services du secteur minier. Ces engagements tiennent compte autant des besoins des entreprises que des considérations environnementales et des impératifs d’accep­

tabilité sociale. Ils devront être maintenant traduits en actions concrètes par le gouverne­ ment du Québec, qui doit contribuer à ce que l’industrie minière puisse se redresser. Même si notre secteur des ressources naturelles a connu un certain recul par rapport à ceux des services au cours des dernières années, sa contribution économique reste considérable : en 2013, il représentait environ 11 % du PIB, 5 % de l’emploi et 42 % des exportations. De plus, en 2013, on comptait 31 mines en exploitation – n’occupant que 0,005 % du territoire québécois – et quelques centaines de sites d’exploitation de matériaux de construction. Les livraisons de minéraux au Québec ont atteint 8,7 G$ en 2014, et le secteur génère un total de 88 000 emplois dans l’ensemble de ses activités d’extraction et de transformation. Mais le Québec doit demeurer un endroit concur­rentiel et attrayant pour l’investissement si nous voulons que ce secteur réalise son plein potentiel dans notre développement économique. Rappelons que le développement minier est soumis aux aléas des cycles des minerais et doit composer avec des coûts d’infrastructures et d’approvisionnement énergétique très importants, sans compter les difficultés liées à l’éloignement des marchés et au climat rigoureux des régions nordiques. Il est donc grandement tributaire de la mise en place de conditions favorables et facilitantes par le gouvernement, spécialement en tant que partie intégrante du Plan Nord – et beaucoup reste à faire. 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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S’ALLIER POUR LA PROSPÉRITÉ

Le Québec possède des atouts indéniables : l’abondance de ses ressources naturelles, l’expertise qu’il a développée au fil des années dans l’industrie, la qualité de sa main-d’œuvre et sa stabilité sociale et politique...

Le Québec possède des atouts indéniables, notamment l’abondance de ses ressources naturelles, l’expertise qu’il a développée au fil des années dans l’industrie, la qualité de sa main-d’œuvre et sa stabilité sociale et politique. Voilà pourquoi il est essentiel que le gouvernement envoie un signal de prévisibilité aux investisseurs, et ce, pour l’ensemble de nos ressources. Seulement ainsi pourronsnous développer notre vaste potentiel minier et tirer profit des nombreuses retombées économiques et fiscales, pour favoriser la prospérité de l’ensemble des Québécois.

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ROYAL NICKEL CORPORATION

Rappelons que le régime de redevances minières au Québec compte parmi les plus exigeants au Canada. De plus, les compagnies minières sont désormais obligées de verser des garanties pour la restauration des sites, et le plan de restauration doit être approuvé avant même l’émission du bail minier. Sans compter que la garantie financière a été portée à 100 % des coûts de restauration de l’ensemble du site et doit être versée au cours des deux années suivant l’approbation du plan.

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BROYAGE DE MATÉRIEL - MINE ROYAL NICKEL


REPORTAGE PROMOTIONNEL

Vers plus de transparence et de durabilité

L’INDUSTRIE MINIÈRE CHANGE DE VISAGE En matière d’exploitation minière, les citoyens attendent de la transparence et un partage plus équitable des bénéfices. Une demande entendue par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, qui affirme sa volonté de concilier l’utilisation optimale du territoire québécois et de ses ressources avec le respect des milieux de vie, ainsi que des valeurs et intérêts des collectivités concernées.

En vertu de la Loi sur les mesures de trans­pa­rence dans les industries minière, pétrolière et gazière, les sociétés minières devront dorénavant divulguer les montants qu’elles versent aux diffé­ rents paliers de gouvernement, aux municipalités et aux communautés autochtones. De cette façon, la population sera mieux informée de la contribution financière des entreprises minières à la société québécoise. Une stratégie d’intervention auprès des citoyens, des municipalités et des communautés autochtones est égale­ment au programme. Elle visera à augmen­ ter l’information, l’accompagnement et la rétroaction aux communautés quant

aux décisions prises par le gouvernement sur les projets. DES MESURES EN FAVEUR DE L’EMPLOI LOCAL Le gouvernement met en place une nouvelle formule de partage des revenus de redevances sur les ressources natu­relles. Les municipalités où s’installera un projet minier se verront désormais accorder un montant prédéterminé en fonction des redevances anticipées sur ce projet. Elles pourront ainsi développer les infrastructures nécessaires pour accueillir les employés de la mine et former la main-d’œuvre locale afin qu’elle puisse profiter des emplois créés. « La création d’emplois dans les commu­ nautés locales demeure notre priorité, indique M. Blanchette. La Vision stratégique du développement minier au Québec prévoit plusieurs actions pour la favoriser. Les sociétés minières seront accompagnées pour encourager l’embauche de main-d’œuvre locale et autochtone sur les chantiers des grands projets. Nous donnerons une pleine information aux promoteurs pour qu’ils fassent appel à la main-d’œuvre, aux firmes de génie et aux entrepreneurs l o c a ux , ai n s i qu ’ au x di plômés qu i souhaitent travailler dans leur région d’origine. »

MERN

Selon le ministre délégué aux mines, M. Luc Blanchette, l’État s’est doté d’outils législatifs et réglementaires efficaces pour assurer la transparence : « La Loi sur les mines prévoit la consultation publique par le promoteur dans les petits projets de mines métallifères et dans les projets d’exploitation de carrières et de sablières à des fins industrielles et d’exportation commerciale. Elle planifie également la mise en place de comités de suivi des projets miniers. Le Règlement sur les études d’impacts sur l’environne­ ment prévoit, quant à lui, la consultation des autres projets miniers. »

LUC BLANCHETTE Ministre délégué aux mines

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MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ET DES RESSOURCES NATURELLES

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TRAVAUX D’EXPLORATION EN TERRAIN NORDIQUE

Le ministre mentionne qu’Investissement Québec pourra, avant d’accorder un financement à un projet, prioriser les entreprises dotées d’un véritable processus de sélection et d’emploi favorisant l’embauche locale et autochtone, de même que la pleine participation des femmes à l’activité minière. CONTRÔLE PLUS RIGOUREUX DES IMPACTS SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX Du point de vue économique, le gouvernement encourage les projets miniers qui aident à mettre en valeur les filières minières actuelles (fer, or) ou à en développer de nouvelles (lithium, terres rares, graphite). Mais il met aussi l’accent sur les aspects environnemental et social, souligne M. Blanchette : « Nous sommes vigilants concernant le respect des garanties financières pour la restauration des sites. Les entreprises doivent prévoir adéquatement leurs coûts de restauration et verser leur garantie financière dans les temps. Nous espérons également qu’elles réduiront leurs émissions de gaz à effet de serre et trouveront des façons de valoriser les résidus miniers. Nous souhaitons, de plus, qu’elles optent pour des technologies moins énergivores et fassent davantage appel aux énergies renouvelables. » En matière sociale, les entreprises sont encouragées à entrer rapidement en contact avec les communautés

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RESTAURATION D’UN SITE MINIER

locales et autochtones. Elles doivent faire preuve de transparence envers les populations directement touchées par les projets et négocier des ententes pour remédier aux inconvénients causés par l’acti­ vité minière. « Nous utiliserons des indicateurs de suivi des impacts sociaux des projets. Les promoteurs des grands projets miniers seront accompagnés dans leurs engagements à l’égard du développement et du mieux-être des communautés qui habitent le milieu où s’inscrivent leurs projets », précise M. Blanchette. Celui-ci rappelle qu’en tant que membres de l’Association minière du Québec, les grandes sociétés minières souscrivent à l’initiative Vers le dévelop­ pement minier durable (VDMD) de l’Association minière du Canada. Cette initiative vise à améliorer les relations avec les Autochtones et les collectivités. Ses objectifs sont de trouver des façons de mieux gérer l’énergie et de limiter les émissions de gaz à effet de serre, de promouvoir la gestion responsable des résidus miniers, l’engagement des sociétés minières envers la conservation de la biodiversité, la planification des mesures d’urgence de même que la mise en place de protocoles de santé et sécurité au travail.


DES DÉVIANTS… QUI ONT LA COTE ! La santé-sécurité au travail est une préoccupation de tous les instants dans l’industrie minière. On pourrait même parler d’une véritable culture… Or, l’Association minière du Québec (AMQ) pousse encore plus loin ce souci grâce à une initiative innovatrice qui fera notamment appel à des membres du personnel, appelés « déviants positifs », pour motiver les équipes à obtenir des résultats encore meilleurs.

«

AMQ

ISTOCK PAR EDUARD ANDRAS

SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL

Au cours des 15 ou 20 dernières années, l’industrie a déployé beaucoup d’efforts pour sécuriser les outils et les appareils et pour intégrer la santé et la sécurité à la culture des entreprises, expose Tanguy Paquot, directeur, Santé et sécurité du travail à l’AMQ. Le taux de fréquence des accidents a diminué, mais depuis environ cinq ans, il a tendance à stagner. Nous nous sommes donc demandé comment nous pourrions abaisser ce taux encore davantage. »

Soulignons

avec fierté les

80 ANS de l’AMQ

TANGUY PAQUOT Directeur, Santé et sécurité du travail Association minière du Québec

2013

HECLA MINING FAIT L’ACQUISITION DE LA MINE CASA BERARDI ET ACCROÎT AINSI SIGNIFICATIVEMENT SA PRODUCTION HECLA-MINING.COM AURIFÈRE.

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INDUSTRIE MINIÈRE

ISTOCK PAR ANDRESR

La solution ? Se pencher sur les comportements au travail, à partir du mineur jusqu’au directeur général, pour favoriser l’interdépendance au sein des équipes de travail, c’est-à-dire que le souci de sécurité ne se limiterait pas à soi, mais également à son entourage. DÉFINIR LES DÉVIANTS POSITIFS La première phase de ce projet consistait à déterminer les caractéristiques des employés qu’on appelle des déviants positifs. « Les déviants positifs sont des personnes qui ont une bonne influence sur leur entourage, explique M. Paquot. Elles ont un leadership naturel, et ce, quel que soit leur poste ou leur niveau hiérarchique. Elles inspirent confiance et donnent aux autres l’envie de les suivre ou de les écouter. » L’équipe a donc passé une cinquantaine d’entrevues dans tout le Québec auprès de déviants positifs reconnus par la direction des sociétés minières, afin de dresser un profil type de ces gens. « À la fin de l’exercice, nous nous sommes rendu compte qu’il y a sept grands axes qui s’avèrent incontournables chez eux, mentionne M. Paquot. Ce sont la présence sur le terrain ; le dialogue et le respect ; le souci des autres ; la persévérance et la durabilité ; la conscience des situations de non-sécurité ; la préparation et la rigueur ; la confiance en soi. » VERS L’INTERDÉPENDANCE Au cours de la phase 2, l’équipe a créé un sondage à l’intention de tous les sites miniers du Québec pour valider ce profil, mais aussi pour savoir où se situe l’industrie minière québécoise dans sa gestion en santé et sécurité. Les quelque 4 600 réponses des équipes minières ont permis de déterminer où se positionne l’industrie selon la courbe de Bradley, un outil qui établit le stade d’évolution de celle-ci : réactif, dépendant, indépendant ou interdépendant, cette dernière caté­ gorie étant le niveau optimal en santé et sécurité.

Félicitations à l’Association minière du Québec pour ses 80 ans! 22

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« Grâce au sondage, nous avons pu constater que l’industrie québécoise se situe au stade de l’indé­ pendance, résume M. Paquot, c’est-à-dire que les gens sont sensibilisés par rapport à leur propre santé et sécurité, mais qu’il reste un travail à faire du côté de l’interdépendance : encourager et féliciter ses collè­ gues, parler régulièrement de santé et sécurité avec eux, favoriser les comportements exemplaires, etc. »


IAMGOLD CORP.

IAMGOLD CORP.

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MINE WESTWOOD

DES PROJETS PILOTES La phase 3, la plus cruciale, consiste à mettre en place des actions qui permettront de bien utiliser les résultats obtenus au cours des deux phases précédentes. « Le cœur de ce projet sera de proposer aux sociétés minières des outils qui les aideront à développer l’interdépendance, notamment avec l’aide des déviants positifs, ajoute Tanguy Paquot. Nous visons tant l’équipe de direction, les superviseurs et les surintendants que les travailleurs. » À compter du printemps, les mines Westwood et LaRonde participeront à un projet pilote. En décembre, les résultats seront évalués et, s’ils

s’avèrent concluants, le projet sera déployé à l’ensemble de l’industrie en 2017. En parallèle, l’AMQ met en place un guide d’audit pour aider les entreprises minières en matière de gestion de la santé et sécurité au travail. « Ce guide aidera les directeurs de mines à avoir un portrait de la qualité de leur leadership et de leur gestion en santé-sécurité, dit Tanguy Paquot. L’objectif est de développer des indicateurs de culture et de savoir si ce que nous sommes en train de mettre en place aura un impact et si l’amélioration sera sentie par les travailleurs tout en étant tangible pour l’entreprise. Nous voulons que ces pratiques s’intègrent dans l’industrie à long terme. »

FÉLICITATIONS À L’AMQ! MERCI À TOUTES CES RESSOURCES HUMAINES QUI ONT TRAVAILLÉ DEPUIS 80 ANNÉES À METTRE EN VALEUR NOTRE INDUSTRIE.

www.canadianmalartic.com 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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LA VILLE DE RADISSON, EN JAMÉSIE PAR MARIO FAUBERT, AVIATEUR-PHOTOGRAPHE

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INDUSTRIE MINIÈRE

L’INDUSTRIE PREND LES DEVANTS

LA RELÈVE MINIÈRE RÉPOND À L’APPEL

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CHEVALEMENT DE LA MINE CASA BERARDI

Je crois que oui, affirme Katie Deneault, directrice, Serviceconseil en ressources humaines et développement de la main-d’œuvre à l’Association minière du Québec (AMQ). L’intérêt des étudiants est bien présent, tant au niveau professionnel et technique qu’au niveau universitaire. Les inscriptions sont là, et cela nous rassure pour l’avenir. » Il faut dire que l’Association et ses membres ne négligent aucun effort pour attirer et retenir les jeunes et les moins jeunes dans le milieu, non seulement au moyen de salaires qui sont nettement au-dessus de la moyenne provinciale, mais également par des initiatives précises.

Par exemple, l’AMQ a lancé en février dernier un guide de référence sur la reconnaissance et le développement de la relève. « Puisque nous sommes dans un cycle baissier, nous en avons profité pour inciter les entreprises minières à cibler la relève au sein de leur entreprise et à déterminer leurs besoins en développement profes­ sionnel en prévision de la prochaine remontée du marché », explique Mme Deneault. L’Association a aussi participé, en partenariat avec le CSMO Mines et la Corporation de développement économique de Val-d’Or, à un projet pilote de formation sur simulateur, qui rallie 14 de ses membres. 26

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AMQ

HECLA QUÉBEC

Le Comité sectoriel sur la main-d’œuvre dans l’industrie des mines (CSMO Mines) estime que plus de 10 000 postes devront être pourvus dans l’industrie d’ici 2025. Si, comme l’étude le prévoit, le Québec compte 24 mines en exploitation en 2020 et 33 en 2025, la relève sera-t-elle au rendez-vous ?

KATIE DENEAULT Directrice, Service-conseil en ressources humaines et développement de la main-d’œuvre Association minière du Québec


HECLA QUÉBEC

Bien sûr, cette mine est en exploitation continue depuis 2006, et, selon les prévisions, elle devrait poursuivre ses activités pendant une douzaine d’années encore, une stabilité qui a aussi le don d’attirer les travailleurs. Mais l’industrie n’oublie pas pour autant les autres travailleurs : « Les mines qui sont en fin de vie élaborent des plans pour vérifier la mobilité des gens et les réaffecter dans leurs opérations, précise M. Rioux. On sait quand une mine démarre, mais on ne sait pas toujours quand elle fermera… »

COHORTE AU DEP EN EXTRACTION DE MINERAI À LA MINE CASA BERARDI

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D’autres initiatives sont beaucoup plus spécifiques. Ainsi, la mine Casa Berardi de Hecla Québec a conclu un partenariat avec le Centre de formation professionnelle de la BaieJames, en vertu de laquelle les étudiants inscrits au DEP en extraction de minerai reçoivent leur formation pratique sur le site même de la mine. « Nous avons adapté la formation à nos activités, explique André Rioux, surintendant général, services et développement organisationnel. Deux profes­ seurs travaillent à temps plein sur le site de la mine. Les étudiants commencent leur journée par un transport en autobus jusqu’à la mine, comme les autres travailleurs. Ils suivent aussi nos horaires de travail et rencontrent leur contremaître au début et à la fin de leur journée de travail. Au terme du DEP, nous embauchons au-delà de 85 % des étudiants. C’est une façon de mettre toutes les chances de notre côté pour nous assurer d’avoir du personnel qualifié et une relève qui est prête. »

MATHIEU DUPUIS

CRÉER DES LIENS Par ailleurs, chaque année, le secteur minier organise des visites dans les mines pour les étudiants des universités et des cégeps, et il s’assure aussi d’aller les rencontrer dans les grands centres. L’AMQ a même créé des programmes de bourses d’études pour les étudiants universitaires.

ANDRÉ RIOUX Surintendant général, services et développement organisationnel Mine Casa Berardi, Hecla Québec

CAP SUR LES FEMMES L’industrie minière affiche une feuille de route respectable par rapport à d’autres industries quant à l’embauche des femmes, qui représentent environ 17 % de la main-d’œuvre totale. « Nous avons une représentation plus élevée des femmes universitaires, un peu moins au niveau technique, mais c’est dans les DEP qu’elles sont moins nombreuses, souligne Katie Deneault. Elles représentent seulement 4 % de la main-d’œuvre en production. La perception est souvent que ces métiers sont très exigeants physiquement, mais ce n’est pas toujours le cas. Nous avons donc participé activement à la mise sur pied du programme Femmes de métier pour encourager les femmes à étudier dans ce domaine. » L’équipe travaille actuellement sur un plan d’action visant à mieux faire connaître aux femmes les métiers de l’industrie. Certains outils ont déjà été créés, dont des vidéos promotionnelles en collaboration avec l’Institut national des mines du Québec, où sont présentées des femmes qui travaillent aux niveaux universitaire, professionnel et technique. « Nous allons aussi coopérer avec les commissions scolaires pour que le choix se fasse au niveau du secondaire ou encore pour s’adresser aux femmes qui veulent réorienter leur carrière », précise Mme Deneault.

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FORMATION MINIÈRE

Louise Bryce

FORMER LES TRAVAILLEURS ET FUTURS TRAVAILLEURS ISSUS DES PREMIERS PEUPLES POUR LE SECTEUR MINIER : BESOIN DE TALENTS ET DÉVELOPPEMENT NORDIQUE

Experte invitée

Dans le contexte du Plan Nord, le besoin de pourvoir de nombreux postes en exploration et en exploitation minière pose particulièrement le défi de l’accès à la formation pour la main-d’œuvre autochtone et inuite. Nous constatons que les métiers spécialisés, dont la plupart exigent des diplômes d’études professionnelles, sont les plus recherchés. En s’appuyant sur l’Estimation des besoins de main-d’œuvre du secteur minier au Québec 2015-2025, l’Institut national des mines (INMQ) considère notamment le développement nordique de l’industrie minière québécoise dans le cadre de ses travaux. Voici un avant-goût d’une étude portant sur les pratiques actuelles de formation des travailleurs et futurs travailleurs issus des Premiers Peuples qui sera dévoilée au printemps 2016.

Plongée dans le monde minier depuis son enfance, Louise Bryce est chargée de projets à l’Institut national des mines depuis 2010. Elle s’intéresse particulièrement à l’attractivité des formations qui mènent à une carrière minière auprès des jeunes adultes québécois. Elle s’occupe aussi notamment du système de bases de données et des tableaux de bord, du bulletin de veille Mine@venir ainsi que de la mise en œuvre de recherches.

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PREMIER CONSTAT : UNE STRUCTURE DE FORMATION FONCTIONNELLE Les programmes de formation professionnelle actuels répondent aux besoins de formation de la main-d’œuvre des entreprises minières. En effet, ces dernières ou leurs sous-traitants font régulièrement appel aux Services aux entre­ prises des centres de formation profession­nelle du Québec et à leurs services pour répondre à des besoins de compétences ciblées. Dans le contexte de migration des projets miniers vers le nord, de plus en plus de communautés autochtones et inuites ont conclu des ententes légales qui prévoient le recrutement de la maind’œuvre locale afin de pourvoir certains postes au sein des entreprises. En conformité avec ces ententes, l’employeur peut assumer les coûts de la formation en partie ou en totalité. En échange, il s’engage à recruter une part de son personnel parmi les apprenants qui auront terminé leur formation avec succès. Grâce à ces collaborations entre les Services aux entreprises et les minières, des postes tels opérateurs, conducteurs, soudeurs, foreurs et mineurs, qui exigent des compétences précises, sont désormais de plus en plus accessibles aux gens de ces communautés.

L’expertise des pédagogues des services aux entreprises, l’accès aux lieux d’apprentissage appropriés et l’éventail des stratégies péda­ gogiques pour développer les compétences requises favorisent la réussite des apprenants issus des Premiers Peuples. De plus, l’héberge­ ment centralisé et le transport des apprenants demeurent des mesures facilitantes et efficaces. Quant aux stratégies de formation en entreprise, le mentorat, le suivi journalier et l’implication des formateurs connaissent le plus de succès. DEUXIÈME CONSTAT : REHAUSSER LE NIVEAU DE COMPÉTENCES Les métiers suivants sont les plus attrayants auprès de la main-d’œuvre autochtone et inuite : conduite et opération d’équipement lourd mobile, opération de machines de traitement du minerai et agent de sécurité. Parmi les programmes professionnels, ceux comptant 900 heures de formation et moins demeurent les plus suivis, notamment le DEP en extraction de minerai. Les métiers qui s’exercent en plein air ont aussi une cote de popularité. Les entreprises minières du Québec partagent le même constat que leurs homologues des


provinces et territoires du Canada en ce qui a trait à l’écart entre les préalables requis pour pratiquer ces métiers et le profil scolaire typique des membres des communautés. La plupart des employeurs exigent au minimum l’équivalence d’une cinquième secondaire pour tous leurs travailleurs. Or, ce niveau de scolarité représente une contrainte à l’augmentation du nombre de travailleurs miniers autochtones dans leurs entreprises.

MINE ÉLÉONORE DE GOLDCORP

La formation, nécessaire à la mise à jour des compétences essentielles, est offerte en entreprise et, parfois, dans les communautés. Il est également possible pour les membres des communautés de poursuivre des études de niveau secondaire à l’éducation des adultes et d’avoir ensuite accès à des programmes de formation spécialisée. Actuellement, une seule compagnie minière au Québec a pris l’initiative d’implanter une mine-école directement sur un site minier pour son personnel issu des Premiers Peuples. DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES EN TERRITOIRE NORDIQUE : DÉFIS ET ENJEUX Les besoins de formation des travailleurs et futurs travailleurs miniers issus des Premiers Peuples vivant en communauté diffèrent de ceux qui habitent en milieu urbain. L’INMQ tiendra compte de cette variable dans son étude pour déterminer des pistes d’actions prioritaires ainsi que la clientèle cible. Un projet pilote sera également mis sur pied pour expérimenter des approches et des stratégies originales d’enseignement adaptées aux contraintes culturelles et sociales propres au Nord-du-Québec. Une utilisation accrue des technologies récentes bien adaptées à l’enseignement à distance et par simulation sera considérée, ainsi que le recours à des équipements spécialisés et mobiles pouvant être déployés temporairement chez une communauté ou sur un site minier, et ce, pour répondre à un besoin ponctuel de formation des apprentis, mais surtout des enseignants et des formateurs.

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EXPLORATION MINIÈRE

L’EXPLORATION MINIÈRE DANS UN CREUX HISTORIQUE Valérie Fillion Experte invitée

La baisse du prix des métaux poursuit son chemin. On constate, à l’échelle de la planète minière, la réduction des activités des grandes sociétés minières, la consolidation d’entreprises intermédiaires et des fermetures d’entreprises plus marginales ou ayant des coûts d’exploitation trop élevés.

Cette situation mondiale a généré une crise des capitaux qui sévit depuis bientôt cinq ans et qui touche durement le secteur de l’exploration par le manque de financement à court terme. Étant donné les risques élevés du secteur d’activité, et malgré les taux d’intérêt historiquement bas, les capitaux s’orientent vers des secteurs plus prometteurs. Au cours des dernières années, selon l’Institut de la statistique du Québec, 85 % des investis­ sements en travaux d’exploration à l’extérieur des sites miniers et délimités par un bail minier ont été réalisés par des sociétés d’exploration. Dans des cycles baissiers, les entreprises minières productrices font habituellement le choix de réduire leurs investissements en exploration.

Géologue diplômée œuvrant depuis 25 ans dans la filière minérale québécoise, et ce, dans différentes régions de la province, Valérie Fillion est directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec depuis 2010. Engagée dans sa communauté, elle œuvre également de façon bénévole dans plusieurs organismes de l’Abitibi-Témiscamingue.

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Rappelons que les décisions d’investissement en exploration sur le territoire québécois doivent aussi tenir compte de l’augmentation progressive et constante de coûts indirects, de plus en plus importants, engendrés notamment par les relations avec les communautés, de multiples études toujours plus exigeantes à produire, une réglementation environnementale lourde et tatillonne, les frais de professionnels, le coût du régime fiscal québécois, le manque d’infrastructures pour les travaux exécutés dans des secteurs de plus en plus éloignés et difficiles d’accès. Ces facteurs obligent les sociétés à consacrer une part importante et grandissante de leur financement à des dépenses autres que celles des travaux d’exploration. Nous sommes donc dans un environnement d’affaire où des facteurs exogènes s’amalgament aux facteurs endogènes pour créer un milieu qui

ne favorise aucunement l’exploration minière. Malgré les quelques annonces de démarrage de sites d’exploitation, qui sont des conséquences d’investissements en exploration amorcés il y a plusieurs années, ces perspectives sombres pourraient-elles devenir la norme pour notre secteur dans les prochaines années ? Nous vivons présentement une des plus longues crises financières que le secteur minier ait connues. Conséquemment, le nombre de titres miniers (claims) actifs est aussi en chute, passant de 237 000 en 2012 à 133 000 en novembre 2015. Cette baisse représente une perte de millions de dollars de revenus pour l’État. L’accès au territoire demeure toujours un enjeu important pour assurer le nombre de découvertes nécessaires au maintien et à l’augmentation des emplois, surtout dans nos régions-ressources. Actuellement, au Québec, 28 % de tout le territoire se trouve sous contrainte, dont 18,6 % sous contrainte majeure et définitive. Il faut y ajouter les incertitudes concernant les futurs territoires incompatibles avec l’activité minière. Aucun de ces facteurs n’incite les investisseurs à revenir au Québec. L’impact de cette situation sur l’avenir de l’économie des régions-ressources sera dévastateur sur la capacité de la province à développer ses ressources et à créer de la richesse pour ses citoyens. L’activité d’exploration minière a un impact presque nul sur le territoire, et l’on ne connaît que 15 % du potentiel du sous-sol québécois. Les mines en exploitation occupent moins de 0,01 % du territoire. Mais pour explorer celui-ci,


UNE NOUVELLE NORME EN DÉVELOPPEMENT DURABLE

il faut y avoir accès. Le gouvernement doit donc éclair­­cir sa vision et se doter d’un plan d’action permettant l’accès au territoire aux prospecteurs et explorateurs qui assureront le futur de la filière minérale québécoise. Des efforts ont été consentis dernièrement pour améliorer le cadre d’opération des PME d’exploration. Le règlement introduisant les modifications à la Loi sur les mines est entré en vigueur, incluant la baisse des exigences des travaux de 35 % pour renouveler les titres miniers. La création par le gouvernement fédéral, suivi par celui du Québec, d’un crédit de 15 % pour les consultations et les études environnementales, la mise en place de la Société du Plan Nord et sa volonté de développer de façon logique et harmonieuse les infrastructures sur cet immense territoire sont de bonnes nouvelles pour le secteur. Nous croyons qu’il appartient au gouvernement de mettre en place les conditions propices, minimalement de lever les barrières et d’offrir des incitatifs, qui permettront au Québec de regagner une position enviable parmi les juridictions internationales favorables à l’investissement minier pouvant soutenir un développement durable et responsable de ses ressources minérales.

L’Association de l’exploration minière du Québec (AEMQ) a confié à la Chaire en entrepreneuriat minier de l’UQAT-UQAM le mandat de produire une norme en développement durable propre à l’exploration minière. « L’objectif de la certification est l’amélioration continue des pratiques de nos membres dans le secteur de l’exploration minière », déclare Me Frank Mariage, président du conseil d’administration, AEMQ. « Les PME d’exploration sont les premières à présenter, à échanger, à dialoguer et à prendre en compte les préoccupations des communautés (et particulièrement les Premières Nations) avec les collectivités établies à proximité des projets d’exploration, explique Me Mariage. Une norme encadrant les bonnes pratiques allait de soi. Cette certification est pertinente pour l’ensemble des parties prenantes, incluant les inves­ tisseurs qui sont toujours à la recherche d’entreprises au comportement responsable. » À compter de 2017, l’AEMQ l’implantera auprès des entreprises d’exploration et des fournisseurs de services. Par la suite, des auditeurs externes indépendants évalueront chaque entreprise d’exploration et ses pratiques pour lui accorder ou non un certificat. « Nous croyons qu’il est essentiel d’accompagner et d’appuyer les entreprises dans leur processus d’apprentissage et d’intégration de la norme, conclut Me Mariage. C’est un gage de succès. »

ICÔNE CRÉÉE PAR FREEPIK, TIRÉ DE WWW.FLATICON.COM

Pour y arriver, une attention particulière doit être apportée à la fiscalité minière : celle-ci doit être claire, d’application et de compréhension faciles, mais surtout prévisible dans le temps, ce qui nécessite une stabilité des règles. Les procédures d’émission des autorisations et le coût facturé par les différents ministères doivent être revus. Il s’avère donc primordial de s’assurer que les sommes recueillies auprès des investisseurs servent à l’acquisition de connaissances géologiques et à des travaux d’exploration.

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CARIBOUS TRAVERSANT UNE RIVIÈRE PRÈS DE PUVIRNITUQ, AU NUNAVIK PAR MARIO FAUBERT, AVIATEUR-PHOTOGRAPHE

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STRATÉGIE MARITIME

DÉVELOPPEMENT DES ZONES INDUSTRIALO-PORTUAIRES

PORT DE SEPT-ÎLES

SEPT-ÎLES, PORT-CARTIER ET SALABERRY-DE-VALLEYFIELD À L’AVANT-POSTE SUR L’AUTOROUTE BLEUE PAR CATHERINE FLORÈS, JOURNALISTE

En mars dernier, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 300 M$ pour développer 16 zones industrialo-portuaires de la province, dans le cadre de la Stratégie maritime du Québec. Ces zones se partageront aussi une autre enveloppe de 200 M$, prévue en soutien aux projets d’infrastructures portuaires et intermodales pour le transport de marchandises. Les élus de Sept-Îles, Port-Cartier et Salaberry-deValleyfield, qui figurent toutes trois parmi les localités désignées comme zones industrialo-portuaires, expliquent comment cette reconnaissance de leur potentiel de développement va dynamiser l’économie de leur localité et leur région.

QU’EST-CE QU’UNE ZONE INDUSTRIALO-PORTUAIRE ? Une zone industrialo-portuaire (ZIP) est un espace stratégique délimité réunissant des activités industrielles et portuaires, ainsi que des infrastruc­ tures routières et ferroviaires. Les entreprises manufacturières qui s’y établissent utilisent les installations portuaires et les liens intermodaux, bénéficiant ainsi d’un double avantage concurrentiel : la fluidité de leur chaîne d’approvisionnement et la synergie entre les services portuaires, les industries maritimes et les industries connexes.

PROJET STRUCTURANT POUR SEPT-ÎLES, PLAQUE TOURNANTE DU PLAN NORD « Sept-Îles peut être une plaque tournante du Plan Nord », affirme le maire de la municipalité, Réjean Porlier, désignant comme un des principaux atouts compétitifs de sa localité l’imposant quai multiusager de classe internationale qui équipe son port. Récemment mis en fonction dans le secteur de Pointe-Noire, ce projet de 220 M$ est voué à devenir le terminal maritime ayant la plus grande capacité de chargement en Amérique du Nord. Il figurera parmi la poignée de ports au monde capables d’accueillir les 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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RÉJEAN PORLIER Maire de Sept-Îles

PORT DE SEPT-ÎLES

VILLE DE SEPT-ÎLES

STRATÉGIE MARITIME

L’IMPOSANT QUAI MULTIUSAGER DE CLASSE INTERNATIONALE DU PORT DE SEPT-ÎLES

plus gros bateaux de transport de minerai. Les équipements de ce quai sont prévus pour un chargement allant jusqu’à 10 000 tonnes de minerai à l’heure. La seule ombre qui restait au tableau — un litige opposant depuis plusieurs années la municipalité à la minière Cliffs ressources naturelles, qui interdisait à l’administration portuaire l’utilisation de la section du chemin de fer Arnaud donnant l’accès au quai — est sur le point de s’effacer. Québec se porte en effet acquéreur de tous les actifs de la minière, droits liés aux opérations ferroviaires, d’entreposage, de boulettage et de transbordement compris. Cet investisse­ ment de 66,8 M$ aplanira donc les obstacles au dévelop­ pement du quai multiusager. Dans le cadre de la stratégie maritime, la désignation de Sept-Îles comme ZIP représentera la reconnaissance par le gouvernement du Québec de la capacité de la ville à jouer pleinement son rôle de moteur économique régional et contributeur important au produit intérieur brut québécois, estime Réjean Porlier. « Un comité devra déterminer les potentiels de développement, de même que les faiblesses, de chacun de nos terrains industriels, de façon à avoir une offre précise à présenter aux industries intéressées par une implantation à Sept-Îles, explique-t-il. Il faudra néanmoins être en mesure de garantir un approvisionnement en gaz naturel, ce qui à ce jour fait cruellement défaut. » Le gouvernement y travaille et vient d’annoncer une subvention de plusieurs millions à la minière Arcelor-Mittal 34

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de Port-Cartier, pour la conversion d’une partie de ses équipements au gaz naturel. M. Porlier voit dans ce projet pilote une étape importante, mais il reste selon lui du travail à faire avant de pouvoir parler d’un avantage concurrentiel pour la Côte-Nord, la seule région non desservie. Le maire souhaite que l’entente pour la création d’une ZIP marque l’arrivée d’un nouveau type de collaboration avec le gouvernement. « Par le passé, les projets concernant notre région ont toujours été gérés à la pièce, il manquait une vision d’ensemble, évoque-t-il. Nous voulons travailler de façon plus coordonnée avec les ministères. À cet égard, la contribution de la Société du Plan Nord ne fait aucun doute, elle peut agir comme catalyseur. » Il aimerait aussi qu’on analyse le potentiel du port de Sept-Îles comme terminal intermodal : « La capacité d’accueil du port de Sept-Îles et son emplacement stratégique constituent des atouts indéniables qu’on se doit d’évaluer sérieusement. » Autre signal fort attendu par les Septiliens : la mise en œuvre du projet visant à terminer la route jusqu’à Blanc-Sablon, comme l’avait annoncé le gouvernement en 2011. Ce projet permettra de relier la Basse-Côte-Nord au réseau autoroutier du Québec, donnant un accès au potentiel d’un territoire immense tout en désenclavant plusieurs villages tout au long de la côte. L’ouverture de cette route pave la voie à une plus grande collaboration avec les voisins de Terre-Neuve-et-Labrador, un aspect économique que M. Porlier croit sous-estimé.


CDE PORT-CARTIER

CDE PORT-CARTIER

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VIOLAINE DOYLE Mairesse de Port-Cartier

LE QUAI EN EAU PROFONDE DE PORT-CARTIER

Pour Sept-Îles, dont l’économie est étroitement liée à la santé de l’industrie du minerai de fer, le développement de la ZIP contribuera sans nul doute à la rendre plus attractive aux yeux des investisseurs, mais selon M. Porlier, il faut davantage. « Nous déployons beaucoup d’efforts pour mettre en œuvre une culture entrepreneuriale plus forte, fait-il valoir. Notre tissu industriel local est encore trop attaché à fournir des biens et des services à la grande entreprise. Nous souhaitons voir de nouvelles initiatives entrepreneuriales prendre forme. J’ai la conviction que l’essor de notre ZIP sera propice à cette nouvelle culture, par l’attraction qu’elle exercera sur des entreprises de tailles diverses. » On peut déjà sentir un vent de changement souffler sur l’économie septilienne. L’an dernier, l’aluminerie Alouette a démarré la dernière grande phase d’une implantation technologique dans son usine de Sept-Îles. Cet investisse­ ment de 25 M$ permet de classer l’usine parmi les plus avancées au monde dans le domaine de l’aluminerie. Par ailleurs, un regroupement d’investisseurs locaux a acquis Métal 7, un fabricant d’équipements industriels de haute performance qui compte une importante clientèle internationale. L’innovation s’invite également par l’entremise de l’enseignement. Le dynamique Cégep de Sept-Îles réalise en effet des projets de recherchedéveloppement, en partenariat avec l’Université du Québec à Chicoutimi.

« Le développement de nos activités portuaires et indus­ trielles n’est pas seulement une bonne nouvelle pour l’économie locale et régionale, conclut M. Porlier. Il est lié à un autre enjeu : la perception qu’on a de la Côte-Nord au Québec. Notre région a toujours été vue comme un endroit où l’on va puiser des ressources naturelles, pas où l’on s’installe pour y vivre et la faire prospérer. Aujourd’hui, je crois qu’on est en train de prendre toute la mesure de son potentiel. » PORT-CARTIER DÉVELOPPE SON QUAI EN EAU PROFONDE La ville de Port-Cartier, qui souffre de l’abandon du projet d’installation d’une usine de silicium en 2015, ressent l’investissement dans sa ZIP comme un apport d’oxygène dans un contexte économique difficile pour sa région. « Cela nous permettra de développer le potentiel de notre quai en eau profonde afin d’attirer des industries voulant s’ouvrir au marché canadien ou même international, car Port-Cartier est géographiquement plus proche de l’Europe que ne le sont les ports de Québec ou de Montréal », déclare la mairesse Violaine Doyle. Ce quai est propriété de la Ville, qui l’avait acquis sans aide gouvernementale. Aujourd’hui, il nécessite une réfection et l’ajout d’un débarcadère. Le projet a fait l’objet d’une demande de 20 M$ au gouvernement dans le cadre du développement de la ZIP, pour la phase 1 cette année, et d’une seconde, de 20 M$ également, pour 2017. 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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STRATÉGIE MARITIME

VILLE DE SALABERRY-DE-VALLEYFIELD

Le port de Salaberry-de-Valleyfield constitue notamment un point de service de premier plan pour la région du Grand Nord québécois et canadien.

DENIS LAPOINTE Maire de Salaberry-de-Valleyfield

Les services portuaires de Port-Cartier sont actuellement utilisés surtout pour l’expédition de quartz et de bois d’œuvre. Avec le projet de mise aux normes du quai, de nouvelles entreprises manifestent maintenant leur désir de venir s’y installer. C’est notamment le cas d’Arbec, une entreprise forestière intéressée par le développement de projets de revalorisation des sous-produits du sciage (biocarburant, granules, etc.), qui prévoit l’expédition de ces produits à l’international. L’implantation de cette entreprise représente un investissement de 100 M$. « Le développement de notre quai, en facilitant l’accès des entre­ prises au transport de marchandises par voie maritime, aura aussi un impact environnemental non négligeable, en permettant une réduction du transport par route, ajoute Mme Doyle. Il permettra par exemple de diminuer le transport de bois sur la route 138 abîmée par les véhicules lourds. » SALABERRY-DE-VALLEYFIELD : UN PROJET DE TECHNOPÔLE EN TRANSPORT ET LOGISTIQUE Salaberry-de-Valleyfield accueille la constitution de sa ZIP comme un tremplin pour le lancement de son ambitieux projet : la création d’un technopôle en transport et logistique. « Les principaux éléments de ce projet sont déjà existants et opérationnels. Il suffit 36

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maintenant de les relier, de les compléter et de les optimiser pour que le projet émerge entièrement », affirme le maire Denis Lapointe, qui souligne la situation stratégique de sa ville. Avec la présence du Canadien National, du Canadien Pacifique et de l’entreprise américaine CSX, Salaberry-de-Valleyfield fait véritablement figure de porte d’entrée stratégique du corridor de commerce international Québec-Ontario avec les États-Unis et le Mexique. La ville, qui se trouve déjà au carrefour des axes de commerce routier Montréal-Toronto, sera également avantagée par le futur déploiement d’un corridor commercial en émergence le long de l’autoroute 30 entre Vaudreuil-Dorion et Sorel prévu par le gouvernement. Deuxième élément-clé du projet de technopôle, le port de Valleyfield, « le plus grand des petits ports canadiens », qui célébrera en 2017 le cinquantenaire de sa mise en activité. Seul port autonome sous gestion municipale au Canada, il est capable de négocier directement avec les entreprises clientes une tarification compétitive de ses services. Il se présente aujourd’hui comme la première plateforme logistique pour l’ensemble des complexes industriels du sud-ouest de la Montérégie et fournit aussi des services à des entreprises d’autres régions. Il constitue notamment un point de service de


VILLE DE SALABERRY-DE-VALLEYFIELD

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LA CONSTITUTION DE LA ZIP DE SALABERRY-DE-VALLEYFIELD CONTRIBUERA À LA CRÉATION D’UN TECHNOPÔLE EN TRANSPORT ET LOGISTIQUE, ESTIME DENIS LAPOINTE, MAIRE.

premier plan pour la région du Grand Nord québécois et canadien. C’est par lui que transite une très grande partie des produits nécessaires au développement nordique, dont les projets miniers : des équipements, des matériaux de construction et même des bâtiments préfabriqués. Il est, de plus, relié au réseau de navigation du Saint-Laurent et des Grands Lacs et donne un accès maritime aux marchés européen et sud-américain. Le troisième élément-clé est le parc industriel et portuaire Perron, une zone de 265 hectares qui, en plus du port, héberge des entreprises de transformation ainsi que la plupart des entreprises de sous-traitance du territoire. Il dispose d’un ensemble d’infra­ structures opérationnelles pour les modes de transport maritime, ferroviaire et routier. « L’implantation récente du terminal intermodal CSX dans le parc Perron s’ajoute à un accès rapide aux autoroutes, au port de Valleyfield, à l’Ontario, aux États-Unis et aux proches aéroports de Dorval et de Mirabel. Cela va favoriser en région l’aménagement de centres de distribution à valeur ajoutée, qui proposeront des services d’entreposage et de distribution des marchandises, mais aussi d’assemblage, d’étiquetage et d’emballage, à des coûts concurrentiels », précise M. Lapointe.

Celui-ci explique que le projet de technopôle prévoit, sur le territoire du parc Perron, la constitution d’un vaste pôle logistique intermodal soutenu par les réseaux routiers, ferroviaires et maritimes existants, ainsi que d’un technoparc, qui intégrerait les composantes de formation et de recherche-développement. « Le port devrait aussi s’agrandir, de façon à répondre aux besoins d’entreprises étroitement associées aux services maritimes qui devraient s’implanter, expose-t-il. Ce projet de technopôle dépasse largement la notion de ZIP. Il deviendrait un outil de formation, de recherche, de maximisation et de gestion du transport multimodal adapté aux exigences des stratégies commerciales mondiales en matière de logistique. » Le projet, au coût total de 117,5 M$, nécessitera des investissements publics et privés. M. Lapointe mentionne que des projets associés sont déjà en cours de réalisation ou de négociations. Il s’agit, par exemple, de l’implantation d’une usine d’équipements nautiques pour le marché américain (40 M$) et de la construction prévue cette année d’un entrepôt de distribution (50 M$). D’ici l’an prochain, l’implantation de deux plateformes multimodales (de 40 M$ chacune) ainsi que la construction du quai 8 et d’une plateforme de service au port de Valleyfield (30 M$) sont prévues. 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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PLAN NORD

DÉVELOPPEMENT NORDIQUE

MOBILISER LE MILIEU POUR FAVORISER LES PROJETS DANS UN CONTEXTE UNIQUE Le Plan Nord, un projet d’une complexité inégalée, constitue l’un des plus grands chantiers de développement économique, social et environnemental à l’échelle du Québec et de la planète, avec la mise en valeur d’un territoire qui couvre près de 1,2 million de kilomètres carrés. Nous vous présentons ici quelques-uns des enjeux et atouts du Nord… marqués du sceau de la différence nordique !

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PORT DE SEPT-ÎLES

PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE ET CHARGÉE DE CONTENU

abord, comme on le sait, le nord du Québec n’a rien à envier aux autres régions lorsqu’il s’agit de la richesse de ses ressources minérales, forestières ou hydroélectriques. Il en va de même du côté de l’expertise scientifique de calibre international développée par les chercheurs nordiques. On peut penser aussi aux attraits touristiques tout à fait uniques de la Jamésie ou du Nunavik, et quoi encore ! Toutefois, le vaste territoire, la faible densité de population, le développement relativement récent du Nord et les particularités de chaque secteur constituent un contexte unique pour mener à bien des projets. « Quand on est sur un territoire nordique, il faut penser différemment, affirme Russel Tremblay, directeur adjoint et commissaire aux infrastructures stratégiques, Développement économique Sept-Îles. Les particularités de nos régions font en sorte que nous ne respectons pas toujours les critères préétablis des programmes gouvernementaux, qui conviennent souvent mieux aux régions du Sud. L’établissement de la Société du Plan Nord s’avère donc une très bonne nouvelle pour nous puisqu’elle est associée à tous les ministères et qu’elle peut faciliter le développement

RUSSEL TREMBLAY Directeur adjoint et commissaire aux infrastructures stratégiques Développement économique Sept-Îles


« Pointe-Noire est une zone extrêmement importante pour le transport et la transformation du minerai de fer, précise M. Tremblay. Nous avons travaillé pendant plusieurs années à développer une zone multi­usage, mais cela s’harmonisait mal avec les critères

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Par exemple, la Société du Plan Nord et Investisse­ ment Québec se portaient récemment acquéreurs des installations de l’ancienne minière américaine Cliffs ressources naturelles dans le secteur de Pointe-Noire, un geste chaudement applaudi par la communauté puisqu’il s’agit d’un secteur névralgique pour l’industrie du fer. Une portion du chemin de fer de ces installations, qui était jusque-là bloquée par Cliffs, donne notamment accès au quai multiusager du port en eau profonde de Sept-Îles, le seul en Amérique du Nord en mesure d’accueillir les grands navires minéraliers d’une capacité allant jusqu’à 400 000 tonnes.

PORT DE SEPT-ÎLES

de certains projets ou encore contribuer à faire débloquer des dossiers sur lesquels nous travaillons depuis plusieurs années, mais qui ne cadrent pas dans les programmes existants. »

VUES AÉRIENNES DE POINTE-NOIRE

de développement du ministère des Ressources natu­relles, qui ne pouvait pas voir le plan d’ensemble qu’on doit avoir sur un territoire particulier comme celui de la Côte-Nord. L’acquisition des terrains par la Société du Plan Nord aidera énormément à mettre en place un développement économique cohérent dans ce secteur. » 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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UNE VUE DU CENTRE-VILLE DE CHIBOUGAMAU

DES TERRES PUBLIQUES De son côté, la Ville de Chibougamau est dotée d’atouts et fait face à des enjeux très différents de ceux de la Côte-Nord. Ainsi, la mairesse Manon Cyr se réjouit de la présence de la mine d’or Gold Corp., ou encore de la mine de diamants Stornoway, dont la construction génère déjà des retombées dans la région. Les forestières Chantiers Chibougamau et Barrette-Chapais comptent aussi parmi les atouts du secteur. Récemment, la mairesse a également tiré profit du pro­gramme de cession de terres publiques pour développer des secteurs industriels et résidentiels. « Dans le cadre du Plan Nord, un programme prévoit la cession des terres publiques à titre gratuit pour permettre aux villes de répondre à leurs besoins en matière de développement économique, explique-t-elle. Notre parc industriel avait besoin d’être agrandi pour accueillir des entreprises d’industrie légère, qui sont pour la plupart des fournisseurs des grands donneurs d’ordres comme les minières et les forestières. Aussi, nous manquons de logements pour les travailleurs de la région et leur famille. Notre taux d’inoccupation n’atteint même pas 1 % ! Nous sommes donc en train de développer des terrains avec les services municipaux pour la construction de logements neufs. »

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VILLE DE CHIBOUGAMAU

PHOTO : JEAN-PHILIPPE PERRON

PLAN NORD

MANON CYR Mairesse de Chibougamau

TRAVAILLER ENSEMBLE… PATIEMMENT Pour la suite, les municipalités, organismes et entreprises du Nord espèrent surtout que les orientations proposées dans le Plan Nord ne demeureront pas des vœux pieux et que les instances gouvernementales continueront de passer à l’action, et de façon durable, pour faciliter le développement de cette région. En attendant la remontée du prix des minerais, les pistes sont nombreuses et varient aussi largement selon les projets et les régions : accès à l’approvisionnement en gaz naturel et autres énergies renouvelables, accélération des processus d’approbation en matière d’environnement pour les projets miniers et autres, troisième voie de chemin de fer sur la Côte-Nord… Devant les particularités du Nord, ce ne sont pas les idées qui manquent ! Pour sa part, Manon Cyr conclut avec philosophie : « Quand je nous compare à certaines villes du Sud, ou même d’ailleurs au Canada, je trouve que nous sommes bien positionnés et relativement chanceux par rapport à notre potentiel de développement économique, indique-t-elle. Par contre, il faut être patient. L’objectif est de travailler pour le Nord à partir des gens du Nord. Le défi sera de mettre tout ça en œuvre, tous ensemble, mais je crois que les gens ont une volonté d’aller dans ce sens-là. »


PREMIER COLLOQUE ADN PLAN NORD

LE MILIEU S’INFORME ET SE CONCERTE d’ensemble. Ce n’est pas la première mouture du Plan Nord, et la conférence a permis aux participants de mieux comprendre les orientations actuelles, c’est-à-dire que le développement ne passe pas seulement par les mines, mais aussi par l’économie du savoir, le tourisme et plusieurs autres aspects. »

« Le téléphone n’a pas dérougi avant le colloque, rapporte Janie Albert, directrice générale, Chambre de commerce de Manicouagan. Nous avons pris 250 inscrip­ tions. Un taux de participation record ! Nous avions aussi prévu des vidéo­ conférences en direct qui ont été suivies par plusieurs communautés du Québec, dont celles du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de Chibougamau, de l’est de la Côte-Nord, de Québec et de Montréal. La réponse du milieu a été bien au-delà de nos attentes. »

CAROLE GAUVIN

Le développement du Nord passe par la concertation, et, si l’on en croit la participation au premier colloque ADN Plan Nord, tenu à Baie-Comeau le 10 mars dernier, les entreprises et les organismes de la région sont fin prêts à partager leurs expériences et à s’inspirer de bonnes pratiques pour poursuivre leur développement.

LA VEILLE DU COLLOQUE, LES PARTICIPANTS ÉTAIENT INVITÉS À UN REPAS ET À UNE SOIRÉE TRADITIONNELLE CHEZ LES INNUS DE PESSAMIT, TÉMOIGNAGE DU RAPPROCHEMENT ENTRE LES COMMUNAUTÉS

Cet événement, organisé par la Chambre de commerce de Manicouagan en collaboration avec la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka, le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale et le Conseil des Innus de Pessamit, comprenait des conférences, des périodes de réseautage ainsi que la visite de stands d’entreprises et d’organismes du Nord.

L’acceptabilité sociale a également occupé une place de choix dans ce colloque, avec des conférences de représentants de la minière Nemaska Lithium et de la forestière Résolu, qui ont mis le temps et l’énergie nécessaires à la conclusion d’ententes solides avec les communautés autochtones. « Il est plutôt rare que les organismes économiques du Nord aient l’occasion de se rencontrer, conclut Janie Albert. Ici, le développement se fait avec le milieu, et ce colloque représentait une occasion de créer un espace où les gens peuvent discuter, réseauter et s’inspirer mutuellement. » Bonne nouvelle : le colloque ADN Plan Nord connaîtra une deuxième édition l’an prochain, dans un lieu qui reste à déterminer. À suivre !

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CAROLE GAUVIN

« Entre autres, la conférence de Robert Sauvé, présidentdirecteur général de la Société du Plan Nord, a beaucoup intéressé les gens, souligne Mme Albert. Elle a permis de remettre les choses en perspective et d’avoir une vue

Le conférencier Christian Rock, directeur principal, Marchés autochtones et du Nord à la Caisse centrale Desjardins, n’est pas non plus passé inaperçu : « Son message était de rappeler que notre région est de calibre international et que son dévelop­­pement passe aussi par l’inno­ vation », expose Mme Albert.

LES QUELQUE 250 PARTICIPANTS AU COLLOQUE ADN PLAN NORD ONT PROFITÉ DE L’OCCASION POUR FAIRE DU RÉSEAUTAGE 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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PLAN NORD

MARTIN FORTIER/ARCTICNET

NOUVEL INSTITUT NORDIQUE DU QUÉBEC

LA SCIENCE AU BÉNÉFICE DES DÉCIDEURS, DES COMMUNAUTÉS ET DE L’INDUSTRIE PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE ET CHARGÉE DE CONTENU

Il y a belle lurette que les chercheurs universitaires québécois se penchent sur les territoires du Nord. Pourtant, il reste encore beaucoup à faire. Afin d’enrichir davantage l’expertise nordique et de favoriser le transfert des connaissances vers les communautés, les décideurs et l’industrie, les chercheurs des universités Laval et McGill, ainsi que de l’Institut national de recherche scientifique (INRS), se sont unis pour former le nouvel Institut nordique du Québec (INQ).

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« L’Institut fournira une base scientifique pour le dévelop­ pement du Nord en fonction de ses enjeux actuels, tel le respect de l’environnement et des populations, explique René Therrien, président du comité d’implantation de l’INQ et professeur titulaire à l’Université Laval. Nous créerons notamment des partenariats qui permettront de développer des connaissances scientifiques inédites et de nouvelles pistes d’innovation. Ces connaissances pourraient être utilisées par les décideurs pour mettre en œuvre un projet d’une certaine façon plutôt que d’une autre, pour modifier des façons de faire dans les communautés ou pour

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MARC ROBITAILLE

L

ancé l’an dernier, l’Institut, qui a bénéficié d’un finance­ment de 3 M$ du Fonds du Plan Nord, est encore en développement. Il est appelé à devenir la plaque tournante de la recherche nordique et arctique dans la province. Il sera constitué de plus de 200 professeurs-chercheurs provenant de nombreux centres de recherche existants et qui abordent une foule de thématiques, incluant les sciences sociales, la santé, les technologies, l’environnement physique, les changements climatiques, l’océanographie et plusieurs autres.

RENÉ THERRIEN Président du comité d’implantation de l’INQ et professeur titulaire Université Laval


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COMMUNAUTÉ DE KUUJJUARAPIK-WHAPMAGOOSTUI, OÙ LA RIVIÈRE GREAT WHALE REJOINT LA BAIE D’HUDSON.

contribuer à un projet d’énergie renouvelable. Ce transfert social et technologique est nouveau pour le milieu puisqu’il ne cadre pas nécessairement avec la mission des centres de recherche existants. » CLIMAT, ENVIRONNEMENT ET CIE Les travaux des chercheurs associés à l’INQ couvrent une grande variété de sujets, dont beaucoup sont liés aux variations climatiques. La raison en est fort simple : « Depuis une vingtaine d’années, le réchauffement climatique dans le nord du Québec compte parmi les réchauffements les plus élevés observés sur l’ensemble de la planète, indique M. Therrien. Un de mes collègues, qui y travaille depuis environ 25 ans, a même pu observer la dégradation du pergélisol à l’œil nu ! Ce réchauffement a un impact sur la faune, la flore, l’environnement et les ressources en eau, qui font aussi l’objet de recherches. » D’autres travaux ont une portée plus large. Par exemple, le réseau canadien de centres d’excellence ArcticNet a réalisé des études intégrées d’impact régional pour certaines régions du nord du Canada et de l’Arctique, dont le Nunavik. « Ces études sont des documents vulgarisés et produits en collaboration avec les communautés du Nord pour connaître leurs enjeux en santé, en environnement, en approvisionnement en eau et autres, précise M. Therrien. Les résultats sont transférés directement aux communautés, qui peuvent ensuite les utiliser pour planifier leur développement. L’Institut nordique du Québec aimerait reprendre ce modèle pour d’autres régions de la province, et non seulement le Nunavik. » Ces études peuvent également être utilisées sur le plan de la santé. Ainsi, l’un des constats qui en émanent est que l’espérance de vie des Inuits est de 10 ans inférieure à celle de la plupart des Canadiens. « C’est frappant comme observation, souligne René Therrien. En se basant là-dessus, les chercheurs émettent des recommandations et proposent des pistes pour contribuer à diminuer les disparités. » L’INQ formera également des partenariats avec des entreprises privées, notamment pour favoriser le développement des énergies

renouvelables, étant donné que plusieurs communautés nordiques sont alimentées par des génératrices au diesel, faute d’accès aux installations hydroélectriques. Ainsi, l’Institut de recherche d’Hydro-Québec compte parmi les membres de l’INQ. UNE FOULE DE SUJETS Le Comité d’implantation de l’INQ, formé l’an dernier, compte une vingtaine de membres : représentants des universités québécoises et des principaux centres de recherche associés à l’Institut, membres des quatre communautés autochtones du Nord, partenaires privés, représentant de la Société du Plan Nord… Au moment de mettre sous presse, le directeur général de l’Institut était sur le point d’être nommé. Entre autres, cette personne verra à désigner des responsables de recherche pour les nombreux thèmes qui ont déjà été retenus, comme le mieuxêtre et le développement des communautés nordiques, la santé et la nutrition, le fonctionnement des écosystèmes et la protection de l’environnement, les infrastructures et les technologies, les énergies et les ressources naturelles. « Nous avons déjà une grande mobilisation du milieu, constate M. Therrien. Les chercheurs voient tous l’intérêt d’avoir un tel institut au Québec. » Finalement, la formation de l’INQ contribuera également à faire rayonner l’expertise québécoise sur le plan international. « Il existe déjà des centres d’études nordiques dans plusieurs pays, dont un très important en Allemagne, rappelle le professeur. Les grands instituts dans le monde auront plus d’intérêt à travailler avec un centre comme le nôtre, qui comptera plus de 200 chercheurs, qu’avec un petit centre de recherche qui en accueille une douzaine. Le but n’est donc pas seulement d’aller chercher de l’expertise ailleurs, mais aussi d’exporter la nôtre. » Pour plus de détails concernant l’Institut nordique du Québec, signalons que René Therrien présentera le 26 avril prochain, à Québec, dans le cadre de l’événement Objectif Nord, une conférence intitulée Mieux connaître le nord pour mieux s’y développer. 49e PARALLÈLE NORD-SUD

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PHOTO AÉRIENNE PRISE DANS LA RÉGION D’UMIUJAQ, AU NUNAVIK PAR MARIO FAUBERT, AVIATEUR-PHOTOGRAPHE

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MONDE MUNICIPAL

RELANCER LE SECTEUR FORESTIER AU QUÉBEC :

UNE PRIORITÉ POUR NOS RÉGIONS !

Mario Provencher Expert invité

Natif de Rouyn-Noranda, Mario Provencher a acquis au fil des ans de multiples expériences de travail en commerce, en communication et en tant qu’homme d’affaires. Il est maire de la Ville de RouynNoranda depuis 2007 et président du Caucus des cités régionales de l’Union des municipalités du Québec. Il siège aussi à plusieurs comités locaux, régionaux et nationaux, en plus d’être très engagé sur le plan social.

L’industrie forestière génère des retombées économiques et sociales importantes dans toutes les régions du Québec. L’économie de 135 municipalités québécoises dépend exclusivement de ce secteur d’activité, qui produit annuellement 8,7 G$ d’exportations (11 % des exportations totales du Québec) et génère près de 60 000 emplois directs dans plus de 250 municipalités à l’échelle de la province. Bref, la forêt constitue un véritable moteur qui contribue à l’occupation dynamique du territoire et à la vitalité de nos communautés.

Or, ce secteur d’activité et les communautés qui en dépendent ont eu à relever de nombreux défis au cours des dernières années. Deux études distinctes, publiées l’an dernier et réalisées par WoodMarkets et le Groupe DDM, ont dressé un portrait sombre de la situation de l’industrie forestière québécoise. Ces études démontrent entre autres que le coût d’approvisionnement en bois est particulièrement élevé au Québec, ayant connu une hausse de 12 % entre 2012 et 2014, alors que le niveau de fiscalité demeure peu compétitif (les transferts à l’État ont en effet crû de 52 % au cours de la même période). Finalement, ces études notent que le Québec occupe la 25e place dans le monde et se posi­ tionne au dernier rang en Amérique du Nord, sur le plan des bénéfices avant impôt, intérêt et amortissement pour l’industrie forestière. Ces constats peu réjouissants ont évidemment des impacts sur les retombées du secteur forestier au chapitre de l’économie et de l’emploi, particulièrement dans les régions fores­tières, et ils soulèvent des questions quant à l’avenir de ces communautés. Les élus municipaux sont à ce titre directement inter­pellés, en tant qu’acteurs œuvrant au développe­ ment et à la qualité de vie de leurs concitoyens. C’est pourquoi l’Union des municipalités du Québec (UMQ) a été particulièrement active dans ce dossier au cours des derniers mois, entre autres en mettant sur pied un comité politique sur la forêt, que j’ai d’ailleurs le privilège de présider. Pour l’UMQ, il était en effet primordial d’instaurer une nouvelle collaboration entre le

milieu municipal et les partenaires du secteur forestier. Ce comité s’est rapidement mis au travail et a proposé un plan d’action demandant notamment au gouvernement du Québec : 1) de mettre en œuvre un programme de désignation d’aires de production intensive de la matière ligneuse dans les régions forestières, tant en forêt publique qu’en forêt privée ; 2) de consacrer en priorité les sommes vouées aux travaux sylvicoles aux aires de production intensive ; 3) de soutenir les initiatives des entreprises forestières visant une production et une transformation à plus haute valeur ajoutée. En novembre dernier, l’UMQ a par ailleurs joint sa voix à celles des partenaires de différents horizons (dont des représentants de l’industrie forestière, de chambres de commerce, d’élus municipaux) pour réclamer du gouvernement du Québec des gestes concrets afin d’assurer la compétitivité de l’industrie forestière québé­ coise et la création d’emplois et de richesse pour toutes les régions de la province. Au cours des prochains mois, l’UMQ entend inter­venir activement auprès du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, monsieur Laurent Lessard, ainsi que de tous les parle­ mentaires, afin que le gouvernement réaffirme sa vision du développement de l’industrie forestière, étant donné son impact sur le développement économique des régions et des communautés sur l’ensemble du territoire québécois.

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INSOLITE

COMÈTES D’EAU FILANT AU GRÉ DES CYCLES DE LA LUNE ; LES MARÉES DE LA RÉGION DE TASIUJAQ FRACASSENT DES RECORDS PLANÉTAIRES, DÉPASSANT RÉGULIÈREMENT LES 15 MÈTRES. PAR MARIO FAUBERT, AVIATEUR-PHOTOGRAPHE

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9e édition

Objectif Nord Découvrez les projets en développement et les occasions d'affaires de secteurs porteurs 26 avril 2016

Centre des congrès de Québec Bénéficiez de l’expérience de

5 bonnes raisons de participer

Corporation de développement économique de la région de Port-Cartier /// Développement économique Sept-Îles /// Fonds de solidarité FTQ /// Innovation et développement Manicouagan /// Institut nordique du Québec /// McKinsey /// Ministère des relations internationales et de la francophonie /// Murdoch Archambault Avocats /// Nemaska Lithium /// Ressources Falco /// Secrétariat aux alliances économiques nation crie AbitibiTémiscamingue /// Tata Steel Minerals Canada

1 — Venez entendre les représentants de plusieurs sociétés minières qui présenteront leurs projets et qui vous feront part de leurs besoins à venir

4 — Rencontrez des entrepreneurs qui veulent établir des partenariats pour faire des affaires dans le nord

2 — Échangez avec des donneurs d'ordres importants qui rendront compte de la manière dont ils souhaitent combler leurs besoins

5 — Multipliez les rencontres et développez votre réseau d’affaires.

3 — Apprenez-en plus sur la façon de développer des partenariats avec les autochtones, et surtout, de bénéficier de leur expertise

lesaffaires.com/evenements ou 514 392-4298

En partenariat avec :

Avec le soutien de : L E M AG A Z I N E D E S D É V E LO P P E U R S D U N O R D D U Q U É B E C


Les mines

UNE VITRINE EXCEPTIONNELLE SUR L’INDUSTRIE MINIÈRE 21 au 24 novembre 2016

Centre des congrès de Québec

QuebecMines.gouv.qc.ca

Photos : Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, Mines Agnico-Eagle, Mines Richmont

sous tous les angles


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