NORD SUD L E M AG A Z I N E D E S D É V E LO P P E U R S D U N O R D D U Q U É B E C VOLUME 4 | NUMÉRO 2
PLAN NORD 2.0 LES PROJETS PRENNENT FORME
AGRICULTURE NORDIQUE TOURISME NORDIQUE INDUSTRIE MINIÈRE DOSSIER SPÉCIAL ROUYN-NORANDA
PP 41614528
PRÉSENTE 21 au 24 novembre 2016
Centre des congrès de Québec
SYMPOSIUM SUR LES MINÉRAUX DE L’INNOVATION ÉNERGÉTIQUE LITHIUM - GRAPHITE - VANADIUM - TERRES RARES
Sous les angles : ` du potentiel géologique au Québec ` de la métallogénie ` de la métallurgie extractive ` des marchés ` des utilisations dans les véhicules électriques ou autres Également au programme : ` 100 conférences ` 9 formations ` des occasions de réseautage
QuebecMines.gouv.qc.ca
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MOT DE LA RÉDACTION
L E M AG A Z I N E D E S D É V E LO P P E U R S D U N O R D D U Q U É B E C
ÉDITEUR Jacques Boisvert RÉDACTRICE EN CHEF Suzanne Gagné RÉDACTION Catherine Florès, Suzanne Gagné et Marie-Ève Groleau COLLABORATION À CE NUMÉRO Yves-Thomas Dorval, Valérie Fillion, Karine Lacroix, Patrick Lemieux et Mario Provencher RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel PRODUCTION Conception graphique et mise en page Carole Bordeleau pour Carbodesign Annonces publicitaires Sandrina Villeneuve pour Millennium concept & design PUBLICITÉ Montréal 450 670-7770 Québec 418 317-0669 Souk Vongphakdy Responsable du développement des ventes internes ADMINISTRATION Catherine Faucher, adjointe au président et directrice des opérations Edith Lajoie Responsable du service à la clientèle et coordination PHOTOGRAPHES Denis Bernier, Alain Lambert et Marjorie Roy PHOTOS AÉRIENNES © Mario Faubert, aviateur-photographe, Air Photo Max COUVERTURE © Goldcorp inc. ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS Convention no PP 41614528 ADRESSE DE RETOUR 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 ABONNEMENTS Buntha My Responsable de l’analyse des données abonnement@jbcmedia.ca www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine 49e Parallèle Nord-Sud . Le nom de l’auteur et / ou du photographe doit également apparaître.
L’éditeur se réserve le droit de refuser l’insertion de toute publicité. OCTOBRE 2016
Le magazine 49e Parallèle Nord-Sud est publié par JBC Média inc. Président : Jacques Boisvert 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 Téléphone : 450 670-7770 Sans frais : 1 866 446-3185 Télécopieur : 450 670-7771 info@jbcmedia.ca
ENTREPRENDRE À SON RYTHME ET À SON IMAGE Tout comme Rome ne s’est pas bâtie en un jour, le Nord se développe à son propre rythme. Bien que son économie dépende en bonne partie de la vigueur des prix du minerai à l’échelle internationale, le territoire ne s’est pas mis en mode attente pour autant. Bien au contraire, de plus en plus de communautés et d’entrepreneurs se concertent pour créer un Nord à leur image et pour diversifier leurs domaines d’activité. À preuve, bon nombre d’entre eux ont présenté des projets de développement en tous genres à la Société du Plan Nord (SPN) qui, pour mieux les appuyer, a créé des points de service régionaux à la grandeur du territoire. Comme vous pourrez le lire dans notre dossier, la SPN a fait du chemin durant sa première année d’existence, et ses cartons débordent de projets pour les 19 prochaines années que dureront le Plan Nord ! Par ailleurs, le tourisme nordique constitue un secteur en pleine ébullition, qui génère un chiffre d’affaires de 41 M$ et environ 1 500 emplois pour la seule région d’Eeyou Istchee Baie-James. La journaliste Catherine Florès brosse un tableau captivant des enjeux qui touchent ce secteur taillé sur mesure pour les amoureux du grand air et des traditions autochtones. Bien sûr, le Nord n’est pas le premier endroit auquel on pense pour la culture de petits fruits. Pourtant, de plus en plus de projets d’agriculture nordique permettent aux communautés de s’approvisionner en fruits et légumes frais à bon prix. Il s’agit là d’une nouveauté délectable et fort appréciée, comme vous le constaterez à la lecture de notre article sur ce sujet. Comme la tournée provinciale du président de l’Union des municipalités du Québec démarrait le mois dernier à Rouyn-Noranda, nous en avons profité pour vous préparer un dossier spécial sur la région. Le maire de Rouyn-Noranda, M. Mario Provencher, qui signe une chronique régulière dans les pages de ce magazine au nom de l’UMQ, vous présente un excellent survol des activités économiques de sa région ainsi que de ses spécificités. Également, vous découvrirez quelques entreprises innovantes qui ont reçu l’appui du CLD local pour les aider à prendre leur envol. Par ailleurs, nos chroniqueurs-experts se penchent sur des sujets d’actualité, tandis que le photographe-aviateur Mario Faubert parsème nos pages de ses photos à couper le souffle. Bonne lecture !
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Jacques Boisvert Éditeur
Suzanne Gagné Rédactrice en chef
49e PARALLÈLE NORD-SUD
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SOMMAIRE : : VOLUME 4 | NUMÉRO 2
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37 DOSSIER SPÉCIAL
ROUYN-NORANDA Par Marie-Ève Groleau et Patrick Lemieux
3 MOT DE LA RÉDACTION Entreprendre à son rythme et à son image 5 PLAN NORD 2.0 Semer, évoluer et récolter 11 ROBERT SAUVÉ Coarchitecte des territoires nordiques
39 L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE Riche en ressources naturelles et en… ingéniosité ! 43 CENTRE LOCAL DE DÉVELOPPEMENT DE ROUYN-NORANDA L’entrepreneuriat dans le sang !
CHRONIQUES
13 SOCIÉTÉ DU PLAN NORD Les antennes régionales s’activent pour les développeurs !
28 MONDE MUNICIPAL Avenir du secteur forestier : le milieu municipal, un acteur incontournable
16 UN PROCÉDÉ INNOVANT POUR LE MONDE MINIER
33 EXPLORATION MINIÈRE L’enjeu de l’acceptabilité sociale Par Valérie Fillion
19 DES FRUITS ET DES LÉGUMES NORDIQUES
35 FORMATION MINIÈRE L’automatisation et la robotisation dans l’industrie minière québécoise : un important changement de cap ! Par Karine Lacroix
21 RETROUVER LE NORD Les enjeux de l’écotourisme cri et jamésien 26 LES COMPLEXES HYDROÉLECTRIQUES À LA BAIE-JAMES Plein la vue !
29 FIGURE DE PROUE Louis Fortier, explorateur de la vie nordique 46 LE SAVIEZ-VOUS ?
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37 TOURNÉE RÉGIONALE DU PRÉSIDENT DE L’UMQ Un lancement en grande pompe en Abitibi-Témiscamingue !
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Par Mario Provencher
45 S’ALLIER POUR LA PROSPÉRITÉ La biomasse : une filière énergétique d’avenir au bénéfice de la prospérité du Québec
Par Yves-Thomas Dorval
INDEX DES ANNONCEURS Abtech 7 Agnico Eagle 34 Événements les affaires 17 Desgagné Transartick 9 Ecotec Consultants 15 Entreprises Larry 20 Goldcorp – Élénore 31
IAMGOLD Corporation 23 Institut national des mines du Québec 14 Institut national des mines du Québec 41 JBC Média 47 Québec Mines 2 UMQ 48
PLAN NORD 2.0
SEMER, ÉVOLUER ET RÉCOLTER PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE
Dès sa mise en place, la Société du Plan Nord (SPN) a travaillé à créer les conditions qui prépareront le Nord à une remontée du prix des minéraux, ainsi qu’à soutenir la réalisation de projets en énergies renouvelables, en télécommunications, en transport et bien d’autres. Robert Sauvé, président-directeur général de la SPN, fait le point sur la première année d’activité de la Société et sur ce vaste projet qui doit s’étaler jusqu’en 2035.
AIR PHOTO MAX
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PLAN NORD
« Le marché demeure cyclique, et les prix remonteront, c’est inévitable, estime M. Sauvé. Actuellement, nous mettons en place ce qui nous permettra d’être fin prêts pour cette relance. Par exemple, l’achat des infrastructures de Pointe-Noire, à Sept-Îles, qui seront opérationnelles avant l’hiver, désenclavera le port et permettra aux minières qui se développeront d’y avoir accès. Ce site offre aussi un grand potentiel de diversification et de développement économique. Nous nous assurerons aussi de la capacité et de l’efficacité du réseau de chemin de fer pour transporter le minerai, tout en travaillant à des accès routiers pour faire place à plus d’exploration minière. » Par ailleurs, Robert Sauvé estime que la diversité du potentiel minier compte parmi les éléments porteurs de la croissance du territoire : « Ce n’est pas parce que le prix du fer est bas que le monde minier n’existe plus ici. Nous avons des minéraux qui sont liés aux technologies, comme le vanadium, le lithium, le graphite et les terres rares, dont la demande et les prix sont en croissance. Cela nous permet de développer et de diversifier les activités minières pour favoriser le dynamisme de ce milieu. »
JBC MÉDIA PAR MARJORIE ROY
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En fait, il y aurait 17 projets miniers (fer, or, nickel, zinc, lithium, graphite, vanadium et terres rares) en développement à l’heure actuelle. Les investissements liés à ces projets pourraient atteindre près de 30 G$ au cours des 20 prochaines années. DES ANTENNES SUR LE TERRAIN Puisque le Plan Nord s’étend bien au-delà du domaine minier, la SPN a également mis en place, l’an dernier, des antennes régionales (voir page 13), afin notamment de se rapprocher des intervenants de tous les secteurs économiques et sociaux présents sur le territoire. La Société a en outre mis à la disposition des communautés et des promoteurs de projets des sommes provenant du Fonds d’initiatives du Plan Nord (voir page 14). Un autre fait saillant de cette première année d’activité est la création de l’Institut nordique du Québec, qui contribuera à fournir aux gouvernements, communautés et promoteurs les connaissances scientifiques et le savoir-faire technique nécessaires au développement du Nord.
PORT DE SEPT-ÎLES
L’ACHAT DES INFRASTRUCTURES DE POINTE-NOIRE PROCURERA UN GRAND POTENTIEL DE DIVERSIFICATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE À LA CÔTE-NORD.
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ROBERT SAUVÉ Président-directeur général SPN
AIR PHOTO MAX
LE SITE DU CRATÈRE DE PINGALUIT RECÈLE UN IMPORTANT POTENTIEL TOURISTIQUE.
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Nous avons beaucoup semé depuis 2009 ; nous commençons à voir les projets se concrétiser et les communautés du Nord à en bénéficier », affirme Robert Sauvé. Le contexte a cependant considérablement changé : lors du boom minier de 2011, à la première mouture du Plan Nord, le prix du fer était à 170 $ US par tonne, comparativement à un peu plus de 50 $ US aujourd’hui. Et puisque les mines sont une locomotive économique importante des territoires nordiques, il a fallu s’adapter et aborder le développement du Nord de manière plus globale.
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PLAN NORD
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ISTOCK PAR OLIVIER LE MOAL
LA SOCIÉTÉ DU PLAN NORD VEILLE À CE QUE LA PLUS GRANDE PARTIE DU TERRITOIRE NORDIQUE SOIT UN JOUR DESSERVIE PAR LA FIBRE OPTIQUE.
CENTRE DU VILLAGE DE SALLUIT > ADOBESTOCK PAR MASSIMO CAVALLO
Par ailleurs, si les 17 projets miniers se réalisent, ceux-ci pourraient créer plus de 10 000 emplois durant la cons truction et plusieurs milliers d’emplois une fois en activité. Ainsi, la formation est une autre clé du développement nordique, bien que celle-ci ne se limite pas au domaine minier. « Nous mettons au point une formation adaptée aux besoins sur le territoire du Plan Nord, explique Robert Sauvé. À titre d’exemple, les projets hydroélectriques d’Eastmain et de La Sarcelle, de même que le projet de mine d’or Éléonore de GoldCorp, ont permis à plusieurs travailleurs cris d’accéder à un emploi, et nous visons à faire la même chose pour d’autres types de projets sur le territoire. Des efforts sont déployés pour mieux adapter les programmes de formation à la culture et aux besoins locaux, de même qu’au marché du travail dans les différentes communautés et municipalités. » Dans un autre ordre d’idées, le Plan Nord vise également à faire du nord du 49e parallèle une destination touristique de calibre mondial. « Au même titre que l’Afrique repré sente une destination mondialement reconnue pour ses safaris, je crois que nous pourrions faire du Nord un endroit renommé pour prendre contact avec les cultures autochtones, observer les ours polaires et les baleines, visiter les parcs nordiques, dont celui de Pingaluit, et pour découvrir les centrales hydroélectriques qui démontrent bien le génie
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québécois, énumère M. Sauvé. Nous travaillons présentement au développement de la capacité d’accueil, à la formation des agents touristiques, à la qualité de l’hébergement et de la restauration ; quand nous aurons mis sur pied des infrastructures d’accueil de bon niveau, nous pourrons mieux vendre cette destination à des clientèles de l’étranger. » TRANSFORMER LES DÉCHETS EN ÉNERGIE Du côté de l’énergie, 21 communautés nordiques et cer taines mines ne sont pas reliées au réseau d’Hydro-Québec actuellement, et l’électricité y est produite à partir de carburants fossiles. « Le Plan Nord a mis de l’avant le projet de convertir ces communautés et ces sites miniers à des énergies plus propres et renouvelables, précise Robert Sauvé. La nouvelle Politique énergétique 2016-2030 du gouvernement et le nouveau plan stratégique d’HydroQuébec priorisent également l’utilisation d’énergies renou velables, ce que souhaitent les communautés concernées. La SPN travaille donc, en collaboration avec le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et Hydro-Québec, afin d’évaluer les meilleures solutions possible et en favoriser le déploiement. » Déjà, quelques projets ont été élaborés et seront bientôt mis en place, dont des initiatives de valorisation énergé tique des déchets, de biomasse, d’éoliennes et même potentiellement de minicentrales.
AIR PHOTO MAX
POUR MIEUX COMMUNIQUER Un autre dossier important pour les communautés nordiques et les entreprises est celui des télécommunications, qui permettent notamment de faire un lien avec le Sud. « C’est une priorité parce que les télécommunications donnent aussi accès à de meilleurs services en permettant de faire de la télémédecine, du télé-enseignement ou même de la téléjustice, expose M. Sauvé. En plus, l’accès aux télé communications rend la vie plus intéressante pour les travailleurs et contribue à augmenter le taux de rétention de la main-d’œuvre. »
Un plan directeur en matière de télécommunications est donc en déploiement. Au Nunavik, où les communautés sont déjà desservies par satellite, on envisage l’installation de la fibre optique dans les 14 villages inuits et les mines actuelles et éventuelles. De la même façon, on prévoit installer la fibre optique dans les trois communautés formant l’agglomération de Schefferville. Quant à la Basse-Côte-Nord, actuellement desservie par des tours à micro-ondes, la SPN travaille avec les instances du milieu à trouver la solution optimale permettant d’augmenter la qualité et la capacité des services de télécommunications
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PLAN NORD
Des investissements avoisinant les 500 M$ seront consentis au cours des prochaines années pour la réfection de la route 389 et la poursuite de la construction de la route 138.
ISTOCK PAR BARTCO
de Havre-Saint-Pierre jusqu’à Blanc-Sablon. Finalement, dans le secteur d’Eeyou Istchee Baie-James, la fibre optique est déjà présente sur le territoire, notamment grâce à la collaboration d’Hydro-Québec et à la création d’Eeyou Communications par les Cris et les Jamésiens. Il ne reste qu’à compléter la connexion de quelques communautés et à relier celle de Whapmagoostui. « D’ici cinq ou six ans, les mines et les 63 communautés du Nord devraient être reliées par la fibre optique ou, du moins, par un système efficace et performant de télécommunications », affirme Robert Sauvé. RELIER LE NORD AU SUD L’accès au territoire étant un autre élément important du développement nordique, la SPN travaille avec le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification pour répondre aux besoins prioritaires. Ainsi, des investissements avoisinant les 500 M$ seront consentis au cours des prochaines années pour la réfection de la route 389 et la poursuite de la construction de la route 138. Il est également prévu d’améliorer la route de la Baie-James, qui s’étend sur 720 km jusqu’à Chisasibi, au bénéfice des 15 000 Cris qui habitent le long de cette voie d’accès, ainsi que d’Hydro-Québec et des entreprises forestières et minières existantes et à venir. 10
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DES AGENTS DE DÉVELOPPEMENT Au terme des 12 premiers mois d’activité, Robert Sauvé, qui œuvre dans le Nord depuis de nombreuses années, se réjouit de voir les communautés autochtones et les municipalités nordiques en général beaucoup mieux outillées pour planifier leur développement, mettre en valeur leur potentiel et améliorer leurs conditions de vie. « Il reste beaucoup à faire, et le contexte n’est pas toujours idéal, mais depuis la première mouture du Plan Nord, plusieurs actions concrètes ont été posées », commente-t-il. Selon lui, les leaders et les intervenants du territoire du Plan Nord en sont les principaux agents de développement, soutenus et accompagnés par l’équipe de la SPN, des ministères et des organismes gouvernementaux associés au Plan Nord. Il donne pour exemple la ville de Chibougamau, qui a récemment développé un espace industriel et des zones résidentielles afin de mieux accueillir les soustraitants et les employés des nouveaux projets, dont la future mine BlackRock, et la ville de Sept-Îles, qui met sur pied des espaces industriels et lance plusieurs initiatives pour favoriser l’entrepreneuriat local. « Il y a une volonté, partout sur le territoire, de participer à la mise en valeur du potentiel du Nord, dans le cadre d’un projet exemplaire sur le plan économique, social et environnemental, dit-il. Cette dimension du développement durable est une condition sine qua non à la réalisation du Plan Nord pour l’ensemble des acteurs qui prennent part à sa mise en œuvre. » Cette approche intégrée a d’ailleurs suscité beaucoup d’intérêt à l’étranger lors des missions qui ont été réalisées au cours des dernières années pour faire la promotion du Plan Nord et inciter des investisseurs, des entrepreneurs et des chercheurs à venir s’installer au Québec. « Un des premiers éléments qui frappent les gens, que ce soit au gouvernement européen, à l’OCDE, en Allemagne, en France, en Angleterre ou même en Chine, c’est de voir à quel point notre projet inclut les dimensions sociales, économiques et environnementales dans une approche globale et intégrée, conclut Robert Sauvé. Cela est devenu la véritable signature du Plan Nord ! »
ENTREVUE
ROBERT SAUVÉ
COARCHITECTE DES TERRITOIRES NORDIQUES PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE
Architecte, urbaniste et aménagiste passionné, mais raisonné, Robert Sauvé se plaît dans les projets de développement globaux et intégrés qui misent sur la participation et le partenariat. Son parcours l’a d’ailleurs bien préparé à son poste actuel de président-directeur général de la Société du Plan Nord (SPN).
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u milieu des années 1970, les villes et les centresvilles se développent partout dans la province, mais l’approche de planification n’est pas toujours au rendez-vous. En fait, la profession d’urbaniste commence à être plus présente au Québec, ce qui plaît au jeune Robert Sauvé, qui a l’âme d’un pionnier. « À l’époque, la formation d’urbaniste ne s’offrait au Québec qu’à la maîtrise, rappelle-t-il. J’ai donc décidé de faire d’abord un baccalauréat en architecture à l’Université de Montréal, parce que ce domaine m’intéressait beaucoup. » L’un de ses professeurs, l’architecte réputé Jean-Claude Marsan, a étudié en Écosse et a passé beaucoup de temps en Angleterre. « Il me parlait de l’approche de planification des Britanniques, de la façon dont ceux-ci étaient très à l’écoute des citoyens, et ça me rejoignait beaucoup, souligne M. Sauvé. Ça m’a donné l’envie d’aller étudier en Angleterre. » L’étudiant plie donc bagage pour aller faire ses études de maîtrise en planification urbaine et régionale à la Oxford Polytechnic. « Il y avait 33 étudiants dans ma classe, dont 11 étudiants étrangers, provenant de 11 pays différents, raconte-t-il. Cela m’a amené assez rapidement à avoir une ouverture sur le monde, ce qui a été très formateur en soi. » Outre ses collègues de classe provenant de tous les horizons, il apprécie l’avant-gardisme des Britanniques : là-bas, on parle déjà d’approche citoyenne, de développement durable et de consul tation des populations. « Plutôt que d’être formelle et cartésienne, leur approche de planification était beaucoup plus souple et dynamique, adaptée au milieu, tant physique qu’humain, précise-t-il. Ici, la première loi sur l’aménagement et l’urbanisme a été
JBC MÉDIA PAR MARJORIE ROY
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ENTREVUE
ISTOCK PAR SAKHANPHOTOGRAPHY
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LES VILLES D’ANGLETERRE ONT ADOPTÉ TRÈS TÔT DES APPROCHES DE PLANIFICATION SOUPLES ET DYNAMIQUES.
WIKIMEDIA COMMONS PAR PASCAL TREMBLAY
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DEPUIS LE DÉBUT DE SA CARRIÈRE, ROBERT SAUVÉ TRAVAILLE AU DÉVELOPPEMENT DES RÉGIONS DU QUÉBEC.
adoptée à la fin des années 1970, tandis que là-bas, ils en étaient déjà à leur troisième loi à cette époque, la première ayant été adoptée dès les années 1950. La Grande-Bretagne cultivait donc déjà une longue tradition de planification urbaine et régionale. » Ainsi, c’est avec des idées plein la tête que le jeune urbaniste revient au Québec et entreprend sa carrière en aménagement et en développement régional en Abitibi-Témiscamingue, puis dans le Nord-du-Québec. UNE CATHÉDRALE POUR L’ÉTERNITÉ Son diplôme en poche, il se retrouve rapidement agent de recherche, puis chargé de cours à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, avant de devenir consultant en planification et développement. À compter de 1987, il fait carrière au gouvernement dans plusieurs postes de haut niveau, qui le mènent de l’Abitibi-Témiscamingue jusqu’au Nord-du-Québec, puis au ministère des Régions à Québec. Cette expé rience en développement régional lui procurera une bonne connaissance des communautés autochtones et non autochtones, des ressources naturelles et de différents secteurs d’activité économique. À titre de sous-ministre aux Ressources naturelles et à la Faune à partir de 2009, il collabore étroitement à la première mouture du Plan Nord, en 2011, à une période où le domaine minier se trouve en pleine effervescence. En 2014, il est nommé secrétaire général associé chargé du Secrétariat au Plan Nord et, depuis 2015, il est membre du conseil d’administration et présidentdirecteur général de la SPN. Ardent défenseur de ce grand projet, il croit profondément en son importance et en sa faisabilité, tout en reconnaissant toute sa 12
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complexité. Ainsi, en juin dernier, lors d’une allocution sur le Plan Nord destinée aux politiciens et gens d’affaires de Rouyn-Noranda, il déclarait que « ce que l’on est en train de bâtir, c’est une cathédrale pour l’éternité, soit de planifier et de construire le Nord, pierre par pierre, sur des bases solides, pour les décennies et les siècles à venir ». UN PROJET DE SOCIÉTÉ En gros, les moments forts de sa carrière touchent tout ce qui contribue à faire croître les communautés. Par exemple, il a participé à la mise en place des politiques de la ruralité qui, selon lui, ont permis « de ramener le monde rural à l’agenda du gouvernement et de le redynamiser ». Alors qu’il était au Secrétariat aux Affaires autochtones, il a aussi participé à la conclusion de l’Entente de principe d’ordre général avec les Innus, de la Paix des braves avec les Cris et de l’entente Sanarrutick (le pendant inuit de la Paix des braves). Robert Sauvé a aussi été associé de près au Rendezvous national des régions et au Forum des générations, qui lui rappellent le Plan Nord dans la mesure où l’idée était de « créer un projet de société partagé avec beaucoup d’intervenants, provenant de milieux différents ». Aujourd’hui, il se trouve privilégié d’être à la tête de la SPN : « Ce poste intègre toute la formation et l’expé rience que j’ai acquises, que ce soit en matière de plani fication, de rassemblement des intervenants, de vision ou de créativité, estime-t-il. Participer à un projet de développement comme celui du Plan Nord est un grand privilège pour moi, et j’espère que cela deviendra une belle réussite collective pour le Québec. »
ISTOCK PAR SILVIA NCHINISAKHANPHOTOGRAPHY
SOCIÉTÉ DU PLAN NORD
LES ANTENNES RÉGIONALES
S’ACTIVENT POUR LES DÉVELOPPEURS ! PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE
À l’automne 2015, la Société du Plan Nord (SPN) mettait sur pied quatre bureaux régionaux dans les villes de Sept-Îles, Baie-Comeau, Chibougamau et Roberval. Depuis, ces équipes sont intervenues dans une foule de dossiers pour aider des entreprises, des organismes sans but lucratif et des services municipaux à monter ou à développer leurs projets sur le territoire du Plan Nord.
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Le Plan Nord se veut collaboratif, déclarait Guillaume Plante, qui était, au moment d’écrire cet article, responsable des communications, SPN. Nous souhaitons que le développement du territoire se fasse avec les gens qui l’habitent, et c’est en étant près du milieu que nous pouvons constater la réalité et les possibilités pour les citoyens, entreprises et gouvernements locaux. C’est dans cette optique que la SPN a procédé à la mise en place de quatre bureaux régionaux. » Les équipes sont donc à l’affût de projets dans des domaines aussi variés que l’éducation, la santé, la formation, l’environnement et l’agro alimentaire, soit tous les secteurs qui font partie des 90 priorités du Plan d’action 2015-2020 du Plan Nord. « Nos bureaux agissent également à titre de facilitateurs auprès des intervenants publics et privés, et ils assurent une bonne
coordination de l’action gouvernementale sur le territoire du Plan Nord », ajoute M. Plante. Pour faciliter le traitement des projets, les bureaux régionaux comptent trois types d’employés, dont les agents de liaison, qui conseillent et accompagnent les communautés dans leurs démarches de mise en œuvre de projets, en plus de favoriser les liens avec les instances gouvernementales. Pour leur part, les agents de commercialisation visent à maximiser les retombées de tels projets auprès des entre prises sur le territoire du Plan Nord. Enfin, à Sept-Îles, une conseillère en développement des infrastructures assure le suivi des dossiers d’infrastructures stratégiques de la Côte-Nord, comme l’acquisition des installations ferroviaires et portuaires de l’ancienne minière Cliffs Ressources naturelles à Pointe-Noire. 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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PLAN NORD
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ARIANNE PHOSPHATE
MINE DU LAC-À-PAUL
DES PROJETS DE TOUS TYPES À ce jour, les résultats sont probants : « Entre septembre 2015 et la fin d’avril dernier, les agents de liaison et de commercialisation ont collaboré à plusieurs dizaines de projets de tous genres et de toutes tailles avec les parte naires locaux et les ministères concernés, rapportait M. Plante. Ils ont pris contact avec 15 grands donneurs d’ordre et rencontré plus de 200 fournisseurs de biens et services afin de les aider à établir des relations d’affaires. Nous avons également accompagné huit promoteurs miniers dans certaines démarches de financement. »
Par ailleurs, la SPN a traité plusieurs demandes de financement dans le cadre du Fonds d’initiatives du Plan Nord, doté d’une enveloppe annuelle de 2 M$ pendant les cinq prochaines années. Fin avril, elle avait retenu 25 projets. Par exemple, l’entreprise Innord a reçu 250 000 $ pour une initiative de séparation des terres rares (voir page 16), tandis que le village de Gros-Mécatina a profité d’un investissement de 132 000 $ pour un projet d’agriculture nordique (voir page 19).
COLLOQUE SUR L’AUTOMATISATION ET LA ROBOTISATION 21 novembre 2016, à Québec | Québec Mines 2016
ENJEUX
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FORMATION ADAPTÉE AUX EMPLOIS ÉMERGENTS
Pour sa part, Mason Graphite entretient d’étroits contacts avec le bureau régional de Baie-Comeau dans chacune de ses étapes de développement. De plus, ce bureau régional accompagne la communauté innue de Pessamit dans ses besoins de formation de main-d’œuvre, dans le cadre du projet minier. La SPN, travaillant de concert avec Mason Graphite, a aussi été un élément moteur afin de permettre l’accélération de la construction d’un tronçon important de la route 389 pour donner accès à son site dans le nouveau parc industriel de Baie-Comeau. Par ailleurs, Mason Graphite comptait parmi les entreprises qui ont accompagné des représentants du gouvernement du Québec et de la SPN dans une mission économique à New York en décembre dernier. L’entreprise a pu y rencontrer des représentants de plusieurs firmes d’investissement. La minière Arianne Phosphate faisait également partie de cette mission économique. L’équipe du bureau régional de Roberval a aussi aidé cette entreprise à trouver, dans la région, des PME susceptibles de répondre à ses besoins en matière de biens et services. Elle l’a aussi appuyée dans ses démarches pour l’obtention d’un certificat d’autorisation auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Bien sûr, les équipes des bureaux régionaux participent également à une foule de comités en région, de comités interministériels et à d’autres événements leur permettant de se tenir informées et d’effectuer un réseautage efficace. « Entre autres, l’équipe du bureau régional de Baie-Comeau a contribué au financement du Colloque ADN Plan Nord et y a mis en place une zone de réseautage, à laquelle elle a invité une centaine de PME et quatre grands donneurs d’ordre », précise Guillaume Plante. UN NOUVEAU BUREAU DE COMMERCIALISATION Soulignons qu’au cours de l’année 2016, la SPN finalisera la mise sur pied de son Bureau de commercialisation afin de soutenir et de mettre en contact les donneurs d’ordre et les fournisseurs et de maximiser les retombées économiques pour les Québécois. Il verra également à sensibiliser les investisseurs québécois, canadiens et étrangers aux occasions d’affaires sur le territoire du Plan Nord. L’équipe travaille actuellement à la création d’outils interactifs en ligne pour permettre aux entreprises de l’extérieur de ce territoire de profiter des services du Bureau et de faciliter le maillage entre donneurs d’ordre et fournisseurs.
Les experts en évaluation des retombées économiques des grands projets d’investissement Les retombées économiques générées par un investissement profitent à l’ensemble du territoire québécois. Ainsi, la construction d’un barrage hydroélectrique dans le nord du Québec génère des bénéfices pour toutes les régions. Notre entreprise a développé des logiciels qui démontrent la ventilation des retombées pour chacune des régions du Québec. • Plus de 34 ans d’expérience • Au-delà de 450 mandats Calcul des retombées économiques par : • MRC • Région administrative • Province et territoire Clients des secteurs public et privé tels que : Ministère Énergie et Ressources naturelles Association minière du Québec Minières (BHP Billiton, etc.) Consultants (ERM, Rescan, etc.)
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INDUSTRIE MINIÈRE
GÉOMÉGA
UN PROCÉDÉ INNOVANT POUR LE MONDE MINIER
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PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE
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nnord, filiale de GéoMégA, profitait récemment d’un investissement de 250 000 $ de la SPN et de 250 000 $ du Réseau capital Baie-James pour procéder à la construction d’un prototype visant à utiliser l’électrophorèse, un procédé innovateur pour la séparation des terres rares, qui permet notamment d’utiliser moins d’éléments chimiques et qui s’avère plus respectueux de l’environnement.
EN MARS DERNIER, LA SOCIÉTÉ DU PLAN NORD ANNONÇAIT UN INVESTISSEMENT DE 250 000 $ DANS LE PROJET DE SÉPARATION DES TERRES RARES D’INNORD. LE MÊME MONTANT A ÉTÉ ACCORDÉ À CETTE ENTREPRISE PAR LE RÉSEAU CAPITAL BAIE-JAMES.
Photo de groupe , de gauche à droite : Gaston Bédard, président du conseil d’administration, Société de développement de la Baie-James ; Alain Poirier, maire de Lebel-sur-Quevillon et président d’Administration régionale Baie-James ; Nicole Ménard, députée de Laporte à l’Assemblée nationale ; Luc Blanchette, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région de l’AbitibiTémiscamingue et de la région du Nord-du-Québec ; Kiril Mugerman, président et chef des opérations, GéoMégA, et le Dr Pouya Hajiani, chef principal de la technologie, GéoMégA.
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« L’électrophorèse consiste à utiliser des électrodes pour séparer les terres rares, expose Kiril Mugerman, président, Innord. Il est déjà utilisé dans le domaine de la biochimie, mais il s’agit d’une première mondiale dans le milieu des mines. La mise au point de cette technologie pourrait favoriser un développement minier et industriel important au Québec. » En effet, la transformation des terres rares se fait présentement presque exclusivement en Chine. « Si nous pouvons extraire et séparer les terres rares ici, au Québec, les utilisateurs finaux auraient tout avantage à venir s’installer ici eux aussi », avance M. Mugerman. Rappelons que les terres rares sont utilisées dans une foule d’applications : technologie médicale, téléphones intelligents, panneaux solaires, voitures électriques, éclairage, etc. Globalement, le marché de la vente des terres rares était évalué à environ 3,8 G$ en 2014, et l’on estime qu’il pourrait atteindre les 9 G$ en 2020. Les investissements consentis par la SPN et le Réseau capital Baie-James donneront la possibilité de dévelop per un prototype d’électrophorèse permettant de produire un kilo de terres rares par jour. « Par la suite,
GÉOMÉGA
KIRIL MUGERMAN Président Innord
nous passerons à 10 kg par jour avant de fixer la quantité optimale par module », précise M. Mugerman. Les projets d’électrophorèse et de mine devront franchir plusieurs étapes avant la mise en production. Le projet minier Montviel, situé à une centaine de kilomètres au nord de Lebel-sur-Quévillon, qui produirait environ 30 tonnes par jour de concentré de terres rares, pourrait créer quelque 450 emplois en période de construction et autour de 200 emplois au moment de sa mise en activité. La séparation des terres rares, elle, générerait de 50 à 100 emplois supplémentaires dans la région.
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SERRE - GROS-MÉCATINA
DES FRUITS ET DES LÉGUMES NORDIQUES PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE
Les territoires nordiques ne sont pas les premiers endroits auxquels on pense lorsqu’il est question de cultiver des fruits et légumes… Pourtant, les particularités de ces lieux leur confèrent des qualités certaines, si biens que de nombreux projets d’agriculture nordique voient le jour. En voici deux exemples.
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Chapais, en Jamésie, l’été est très court. L’entre prise Produits maraîchers 2009, qui produit des pommes de terre de semence, ne met ses produits en terre qu’au début du mois de juin, soit environ trois semaines plus tard qu’au sud. « Notre été a beau être plus court, nos journées sont un peu plus longues, alors à la fin juillet, nos cultures sont équivalentes à celles des régions du sud ou même parfois plus avancées, indique Normand Boucher, président. Aussi, il y a moins de risques de champignons et de maladies au sol. La rosée est très abondante, et les pluies sont suffisantes, au point où nous n’avons jamais besoin d’arroser. Ici, puisque nous sommes éloignés des autres territoires d’agriculture, nous n’avons pas de pucerons ni d’autres parasites. L’éloignement et le froid sont nos plus grandes qualités ! » Produits maraîchers 2009, qui cultive une superficie de 80 hectares en rotation, expédie quelque 550 000 livres de pommes de terre de semence notamment au Lac-Saint-Jean, au
Nouveau-Brunswick, en Ontario, au Manitoba et en Amérique latine. En 2016, l’entreprise prévoit expédier environ 1,3 million de livres de produits. Récemment, elle recevait un financement de près de 500 000 $ en capital-actions de la Société d’aide au développement des collectivités Chibougamau-Chapais, de l’Administration régionale Baie-James et de la Société de développement de la Baie-James pour acquérir des équipements et accroître sa capacité. Avec ses enfants, Kevin et Maxime, M. Boucher a commencé à cultiver des bleuets, qui poussent naturellement dans la région, et sa conjointe, Sonia, s’est lancée dans l’apiculture pour polliniser ces derniers. DES PÊCHERIES AUX PETITS FRUITS Les régions de la Côte-Nord et du Nord-duQuébec, de leur côté, comptent pas moins de 98 entreprises agricoles (petits fruits, arbustes fruitiers, etc.). Ainsi, en 2010, lorsque l’usine de 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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AGRICULTURE NORDIQUE
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< CHAMP DE CHICOUTAI GROS-MÉCATINA
transformation du poisson de Gros-Mécatina a fermé ses portes, c’est avec enthousiasme que le maire et les quelque 500 citoyens ont accueilli un projet d’agriculture nordique du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), deux ans plus tard. La Société du Plan Nord a également contribué à la réalisation du projet en investissant 132 000 $. Le premier volet de ce projet porte sur la plantation d’arbres fruitiers adaptés au climat, soit des camérisiers, un arbuste dont le fruit s’apparente au bleuet. « Nous en avons planté 1 200 l’an dernier, et ils n’atteindront leur plein potentiel que dans quatre ans, explique Cecily Gallichon, coordonnatrice. Par contre, nous ne nous attendions à aucun fruit l’an dernier et nous avons pu en récolter un peu. Nous avons essayé différentes recettes. C’était délicieux ! » Le deuxième volet concerne la culture de la chicoutai, un petit fruit utilisé entre autres dans la fabrication d’alcool et de confiture. Ce projet expérimental en transfert technologique est issu de plusieurs années de recherches en sélection génétique menées par le Centre de recherche Les Buissons et le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale.
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Le troisième volet, lié aux deux autres, concerne la construction d’une serre et de trois tunnels de croissance visant la production maraîchère sous abri et la multiplication des boutures des arbres fruitiers et de chicoutai. « Ici, nous recevons des aliments une fois par semaine seulement, alors c’est extraordinaire d’avoir des fruits et des légumes frais, sans additifs ni pesticides, se réjouit Randy Jones, maire de Gros-Mécatina. Je suis très fier de ce projet, auquel toute la communauté participe. » Signalons que la SPN évalue également la faisabilité d’un projet de serre pour la production maraîchère à Kuujjuaq, au Nunavik, où le prix des denrées périssables comme les fruits et légumes est parfois plus de 50 % plus élevé qu’ailleurs au Québec. Ce projet pilote mettra de l’avant une technologie qui permet de produire de l’énergie en utilisant les matières résiduelles générées par le village nordique, remplaçant ainsi l’utilisation du mazout pour le chauffage. Des projets à suivre !
RETROUVER LE NORD
LES ENJEUX DE L’ÉCOTOURISME CRI ET JAMÉSIEN PAR CATHERINE FLORÈS, JOURNALISTE
Arrêter le temps, très loin du brouhaha de la ville. Se reconnecter avec la nature sauvage, retrouver des pratiques ancestrales et, le soir venu, s’endormir sous la voûte étoilée en écoutant de fabuleuses histoires amérindiennes… Une promesse qui séduit de plus en plus de voyageurs et qui pourrait faire de l’écotourisme en Eeyou Istchee Baie-James le renouveau de l’offre touristique québécoise, à condition de pouvoir lever certains freins, ce à quoi s’efforcent les intervenants touristiques régionaux.
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MATHIEU DUPUIS
ntre les 49e et 55e parallèles s’étend Eeyou Istchee Baie-James, un territoire de 350 000 km2. Riche de divers écosystèmes et de réserves fauniques exceptionnelles, il est peuplé de seulement 35 000 habitants, dont 18 000 Cris, qui ont conservé très vivante leur culture traditionnelle. Au même titre que les grands espaces naturels, la culture autochtone devient un atout majeur de l’économie crie et jamésienne, qui a pris le tournant de l’écotourisme, en marge des grands projets hydroélectriques. UNE OFFRE RENOUVELÉE POUR UNE CLIENTÈLE AVIDE D’AUTHENTICITÉ « Aujourd’hui, les touristes ont faim d’expériences nouvelles, mais aussi d’authenticité. La région d’Eeyou Istchee Baie-James peut leur offrir tout cela », déclare Mitchell Dion, directeur général, Tourisme Baie-James (TBJ). Celui-ci décrit la clientèle type actuelle comme étant celle de couples âgés de 45 à 60 ans, amateurs de grand air. Une clientèle
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MITCHELL DION Directeur général Tourisme Baie-James
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TOURISME NORDIQUE
COTA
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ROBIN MCGINLEY Directrice exécutive COTA
MITCH LENET
INSTITUT CULTUREL CRI AANISCHAAUKAMIKW À OUJÉ-BOUGOUMOU
plus jeune, attirée par l’aventure, est aussi en émergence. La majeure partie demeure québécoise et ontarienne, mais la région reçoit de plus en plus de touristes provenant des ÉtatsUnis et de l’Europe. « Une bonne part de ces touristes ont déjà parcouru les circuits touristiques traditionnels et veulent se distinguer par des destinations originales », précise M. Dion. Au-delà de la chasse et de la pêche, qui constituent toujours le cœur de l’offre, on observe une diversification des activités proposées par les entreprises touristiques, pourvoiries comprises. L’accent est mis sur les activités d’interprétation de la nature et de découverte du mode de vie traditionnel autochtone : randonnées en raquettes ou en canoë avec un guide autochtone, hébergement en écolodge, apprentissage des techniques de piégeage ou d’artisanat, etc.
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MATHIEU DUPUIS
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COTA
DÉGUSTATION À WASKAGANISH
POURVOIRIE
« Le mode de vie cri traditionnel est naturellement compatible avec les critères du développement durable. Valoriser la culture crie dans notre région grâce à l’écotourisme incite d’ailleurs les nouvelles générations de Cris à renouer avec les savoir-faire des anciens. L’écotourisme a un effet bénéfique sur la communauté crie, car il devient l’occasion de partage et de transmission de la culture, donc il encourage sa pérennisation », fait valoir Robin McGinley, directrice de l’Association crie de pourvoirie et de tourisme (COTA). Celle-ci ajoute que les entrepreneurs en tourisme doivent éviter le piège de la folklorisation en défendant l’authenticité de leurs produits. L’Institut culturel cri Aanischaaukamikw, inauguré en 2011 à Oujé-Bougoumou et construit selon les normes de l’architecture durable, est emblématique du regain de la culture crie associé à une démarche de durabilité. LES DÉFIS DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA COMMERCIALISATION Depuis huit ans, le nombre d’entreprises du secteur touristique a presque doublé en Eeyou Istchee BaieJames, générant un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 41 M$ et environ 1 500 emplois. La région accueille chaque année près de 100 000 visiteurs, dont la moitié proviennent du Québec. Les trois organismes touristiques, COTA, TBJ et Tourisme Eeyou Istchee (TEI), s’accordent à dire qu’au vu de tout ce que la région peut offrir, le potentiel de développement écotouristique est loin d’être atteint. Cependant, il se trouve confronté à des enjeux de taille.
L’UNION FAIT LA FORCE Les organismes COTA, TBJ et TEI mettent conjointement en œuvre un plan straté gique pour stimuler l’industrie touristique d’Eeyou Istchee Baie-James et un plan d’action visant le développement de ressources humaines qualifiées et d’une véritable culture entrepreneuriale dans les communautés de la région. « Nous faisons également valoir auprès des deux paliers gouvernementaux la nécessité d’améliorer l’accès aérien, notamment en instaurant des collaborations avec des partenaires de transport », précise M. Dion. Ces organismes travaillent aussi de concert pour augmenter la visibilité de leur offre touristique et de la culture autochtone auprès du public canadien et international.
TOURISME AUTOCHTONE QUÉBEC
SÉBASTIEN DESNOYERS Conseiller marketing Tourisme Autochtone Québec
Le premier est sans doute l’accès à la région, tant par voie aérienne que par voie routière. Les vols aériens sont réguliers, mais longs et relativement coûteux. Quant au trajet terrestre, sa durée peut également décourager plus d’un touriste. Le déficit en ressources humaines constitue aussi un problème épineux. « Pour offrir une qualité de service constante, l’industrie touristique a besoin de personnel formé aux critères du tourisme international. Nous avons un grand travail d’infor mation et de sensibilisation à accomplir, estime M. Dion, pour faire découvrir à la population locale les possibilités de carrière en tourisme. Par ailleurs, les chantiers des projets hydroélectriques et miniers offrent des salaires auxquels il est difficile de faire concurrence. » L’éloignement des grands centres urbains ajoute au défi du recrutement. Sébastien Desnoyers, conseiller en marketing à Tourisme Autochtone Québec, souligne que la difficulté d’obtenir du financement freine également le développement des entrep rises touristiques autochtones : « Les banques sont frileuses, sachant que les domaines des entreprises se trouvent sur des terres fédérales de la Couronne et donc non saisissables. C’est pourquoi les taux d’intérêt sont très élevés ou alors, les bailleurs de fonds sont absents. » Enfin, la concurrence des autres lieux touristiques, en particulier les destinations nordiques européennes, se fait sentir.
IAMGOLD est une entreprise internationale d’exploration minière avec une production annuelle de près d’un million d’onces provenant de quatre mines situées sur trois continents qui croit qu’un engagement envers la durabilité et la responsabilité est fondamental à la réussite. C’est une présence en Abitibi-Témiscamingue depuis plus de 30 ans par la Mine Westwood et l’entrepreneur minier Iamrock. IAMGOLD représente près de 5000 employés répartis dans des mines en production et des projets de développement sur une base internationale. Excellence Responsable Transparence Respect
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www.iamgold.com 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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LA BAIE-JAMES À VOL D’OISEAU AIR PHOTO MAX
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TOURISME NORDIQUE
LES COMPLEXES HYDROÉLECTRIQUES À LA BAIE-JAMES
PLEIN LA VUE ! PAR CATHERINE FLORÈS, JOURNALISTE
Considérées comme l’un des joyaux de l’ingénierie québécoise, les spectaculaires installations d’Hydro-Québec à la Baie-James peuvent légitimement revendiquer, en marge de leur fonction première de production hydroélectrique, le statut d’attrait touristique majeur de la province. HYDRO-QUÉBEC
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L’ÉVACUATEUR DE CRUES, SURNOMMÉ L’ESCALIER DE GÉANT, DE L’AMÉNAGEMENT ROBERT-BOURASSA À LA BAIE-JAMES
« Wow ! » : c’est le premier son qui franchit les lèvres des touristes, chaque année plus nombreux à visiter les sites de La Grande-1 et de RobertBourassa. Par leur gigantisme et l’immensité du territoire qui les entoure, les 11 centrales hydroélectriques, qui fournissent près de 50 % de l’énergie produite au Québec, font oublier toute notion d’échelle humaine. L’aménagement Robert-Bourassa, près de la localité de Radisson, abrite à 140 m sous terre la plus grande centrale hydroélectrique souterraine du monde. Celle-ci s’étend sur un demi-kilomètre. Sa salle des machines, longue de 483 m et haute de 45 m, évoque une cathédrale qui aurait été taillée dans le roc. Son réservoir, un plan d’eau de 2 835 km2, soit une superficie de deux fois et demie celle du lac Saint-Jean, pourrait fournir 10 000 litres d’eau à chaque habitant de la terre. Les autres installations du site présentent des dimensions aussi vertigineuses : le barrage principal, situé sur la Grande Rivière, est aussi haut qu’un immeuble de 53 étages ; quant à l’évacuateur de crues, ses 10 marches sont chacune aussi vastes que deux terrains de football et lui valent le nom d’escalier de géant. La centrale de La Grande-1, située en aval de Grande-Rivière, près de Chisasibi, impressionne tout autant. Pas moins de 640 000 m3 de béton ont été nécessaires à sa construction. Une telle quantité suffirait à construire un trottoir allant de Montréal à Miami ! LES PROUESSES TECHNOLOGIQUES D’HYDRO-QUÉBEC Que la visite de ces installations soit une étape incontournable pour la quasitotalité des touristes qui viennent découvrir la Baie-James n’a donc rien de surprenant. Les deux complexes accueillent des visiteurs toute l’année, 26
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HYDRO-QUÉBEC
ÉRIC HAMEL Guide-animateur à Radisson
quatre visites guidées gratuites par semaine étant même organisées l’été à la centrale Robert-Bourassa. « L’an dernier, cette centrale a reçu plus de 2 000 visiteurs, déclare Éric Hamel, conseiller à l’accueil pour Hydro-Québec à Radisson. Des Québécois pour la plupart, mais nous commençons à recevoir une clientèle ontarienne et américaine. »
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HYDRO-QUÉBEC
VISITEURS DE L’AMÉNAGEMENT ROBERT-BOURASSA À LA BAIE-JAMES
d’État est d’ailleurs en cela une pionnière mondiale. Utiliser des lignes à si haute tension permet d’en réduire le nombre. « Il y a six lignes à courant alternatif de 735 000 V et une ligne à courant continu de 450 000 V pour la Baie-James, précise M. Hamel. Le poste de Radisson, l’un des plus importants au Québec, est le seul poste de transport ouvert au public. Véritable gare de triage d’énergie, on peut y voir le point de départ de la ligne qui mène vers Boston via le poste de Nicolet. » HYDRO-QUÉBEC
Le tour guidé de l’aménagement Robert-Bourassa explique aux visiteurs l’histoire de la construction de la centrale, mais aussi les prouesses technologiques réalisées pour la faire fonctionner. « Cette année, nous offrons également aux visiteurs l’occasion unique de voir comment fonctionne un groupe turbine-alternateurs. Car sur les 16 groupes turbines-alternateurs en fonction à la centrale, il y en a un en réfection, dont nous exposons au public toutes les pièces en préassemblage. Les visiteurs peuvent même voir une équipe travailler au remplacement de la roue de turbine sur ce groupe. Plus performante que l’ancienne (même puissance de 351 MW en utilisant moins d’eau), la nouvelle roue permettra d’augmenter la production électrique, afin de mieux répondre à la consommation des Québécois dès l’hiver prochain », précise Éric Hamel. Les visiteurs ne manquent pas non plus d’être impressionnés par l’ampleur d’un autre défi relevé par Hydro-Québec : le transport de l’énergie vers les grands centres de consom mation, éloignés de plus de 1 000 km. C’est la division TransÉnergie, chez Hydro-Québec, qui assure le fonctionnement et la stabilité à longueur d’année de l’immense réseau de transport énergétique. « Une partie de cette équipe travaille ici, avec nous, à la Baie-James », rappelle M. Hamel, qui souligne la richesse des expertises réunies par HydroQuébec en ces lieux. 735 000 V : c’est la tension des lignes mises au point par Hydro-Québec pour faire circuler les quantités d’électricité nécessaires à l’approvisionnement du Québec. La société
HOMMAGE AUX BÂTISSEURS ET AUX AUTOCHTONES La visite des centrales mérite d’être complétée par une excursion au parc Robert-A.-Boyd, qui rend hommage aux 185 000 bâtisseurs de la Baie-James. « Ce parc est situé là où les pionniers sont venus faire l’exploration et y ont installé leur campement de tentes, au début des années 1970. Ce sont eux qui ont réalisé les mesures d’arpentage, de géologie et d’hydrologie nécessaires à Hydro-Québec afin de déterminer à quels endroits seraient situés les aménagements de la centrale Robert-Bourassa », rapporte M. Hamel. Celui-ci indique que, depuis cette année, s’ajoute au circuit un nouvel attrait touristique : le belvédère Upichiwin, inauguré l’automne dernier en partenariat avec la commu nauté crie de Chisasibi. Ce belvédère, situé sur la Grande Rivière, commémore un important site de rassemblement et de pêche traditionnelle pour les Cris. « À Robert-Bourassa, la visite insiste sur l’aspect construction et sur la mainte nance de la centrale, mais à La Grande-1, les thématiques sont davantage liées à l’environnement et aux autochtones, précise-t-il. Nous expliquons à nos visiteurs que les Cris ont participé aux étapes du développement du projet et notamment que la réalisation des études environnemen tales a tenu compte de leur savoir traditionnel. » Il ajoute que l’ouverture récente du Chisasibi Heritage and Cultural Center, musée cri à Chisasibi, renforce elle aussi les échanges entre la communauté autochtone et les visiteurs de la région. « Nous ne manquons jamais d’encourager nos visiteurs à se rendre à Chisasibi et sur la côte de la baie James pour vivre une expérience complète, conclut M. Hamel. Personne ne termine la visite de tous ces lieux sans être ébloui. Et quand les visiteurs sont Québécois, ils en ressortent avec un sentiment de fierté. » 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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MONDE MUNICIPAL
AVENIR DU SECTEUR FORESTIER : LE MILIEU MUNICIPAL, UN ACTEUR INCONTOURNABLE
Mario Provencher Expert invité
Lorsqu’il est question des enjeux liés à l’avenir du secteur forestier au Québec, les élus municipaux des régions forestières s’imposent de plus en plus comme des acteurs incontournables, tant pour l’industrie que pour les gouvernements québécois et fédéral. Voilà assurément une bonne nouvelle, puisque ces femmes et ces hommes ont à cœur les besoins de leur communauté, qui dépend très souvent des retombées économiques majeures des produits de la filière du bois. Rappelons que l’économie de 220 municipalités québécoises est principalement tributaire du secteur forestier, qui produit 8,7 G$ d’expor tations (11 % des exportations totales du Québec) et génère 59 000 emplois directs dans toutes les régions.
Natif de Rouyn-Noranda, Mario Provencher a acquis au fil des ans de multiples expériences de travail en commerce, en communication et en tant qu’homme d’affaires. Il est maire de la Ville de Rouyn-Noranda depuis 2007 et préside le Caucus des cités régionales de l’Union des municipalités du Québec, de même que le Comité sur la forêt. Il siège aussi à plusieurs comités locaux, régionaux et nationaux, en plus d’être très engagé sur le plan social.
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LES ENJEUX FORESTIERS AU CŒUR DES PRIORITÉS MUNICIPALES C’est dans ce contexte que les membres du Comité sur la forêt de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) ont rencontré, le 22 mars dernier, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, M. Laurent Lessard. Les échanges constructifs qui ont eu lieu lors de ce premier entretien ont permis de dégager des pistes d’action communes et de jeter les bases d’un partenariat à long terme pour assurer l’avenir des régions forestières et des communautés qui en dépendent. Les élus municipaux présents ont également profité de l’occasion pour exprimer leur satis faction quant aux investissements de 230 M$ sur cinq ans annoncés dans le budget du Québec 2016 visant à soutenir le secteur forestier. Les membres du Comité sur la forêt de l’UMQ ont par ailleurs réitéré au ministre l’importance de poser des actions à court terme afin d’assurer le développement durable de l’industrie fores tière. Parmi les mesures ciblées, mentionnons la mise en œuvre d’un programme de désignation d’aires de production intensive de la matière ligneuse dans les régions forestières (tant pour la forêt publique que pour la forêt privée), le soutien aux initiatives des entreprises forestières visant une production et une transformation à plus haute valeur ajoutée et l’évaluation des
effets de la mise en place du Bureau de mise en marché des bois. L’UMQ entend d’ailleurs interpeller les autres acteurs du secteur forestier sur ces questions à l’occasion du Forum Innovation Bois, qui aura lieu à Rivière-du-Loup le 31 octobre prochain. ACCORD SUR LE BOIS D’ŒUVRE : LA RÉALITÉ SPÉCIFIQUE DU QUÉBEC DOIT ÊTRE PRISE EN COMPTE Les membres du Comité sur la forêt de l’UMQ et le ministre ont par ailleurs abordé la question des négociations entourant un nouvel accord entre le Canada et les États-Unis sur le bois d’œuvre résineux, alors que la précédente entente est arrivée à échéance en octobre 2015. Pour les élus municipaux, il est impératif que le futur accord tienne compte de la réalité particulière du Québec, qui s’est doté d’un nouveau régime forestier en 2013 afin d’assurer la pérennité du patrimoine forestier de la province et d’implanter un aménagement dura ble des forêts, tout en soutenant la viabilité des collectivités forestières. Les municipalités appuient en ce sens la position du gouvernement du Québec sur ce dossier, qui demande notamment que la part du marché américain réservée au Québec en vertu de l’Accord sur le bois d’œuvre résineux de 2006 soit préservée et que l’exclusion pour une trentaine de scieries québécoises situées près de la frontière américaine qui s’approvisionnent presque exclusivement des forêts du Maine soit maintenue dans la nouvelle entente. Bref, les priorités forestières seront au cœur des débats au cours des prochains mois. C’est pourquoi l’UMQ et les élus des régions fores tières demeureront actifs pour que la voix des communautés et de ces régions soit entendue aussi bien à Québec et Ottawa qu’au sein de l’industrie.
FIGURE DE PROUE
LOUIS FORTIER, EXPLORATEUR DE LA VIE NORDIQUE MARTIN FORTIER - ARCTICNET
PAR SUZANNE GAGNÉ, JOURNALISTE
Le réchauffement climatique et la morue arctique font partie des spécialités de Louis Fortier, professeur à l’Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la réponse des écosystèmes marins arctiques au réchauffement climatique. Toutefois, ce chercheur infatigable est aussi lobbyiste et philosophe à ses heures, ainsi que musicien et gastronome de la chasse et de la pêche.
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est la curiosité qui mène Louis Fortier. La nature l’a d’ailleurs toujours fasciné. Dès son plus jeune âge, à la maison familiale du Cap-de-laMadeleine, il s’amuse avec ses quatre frères et sœurs et leurs braques allemands aux abords du fleuve Saint-Laurent, taquinant le brochet en été et glissant sur le coteau en hiver. Vers la fin des années 1970, à l’Université Laval, il explore des territoires d’avant-garde en s’inscrivant d’abord en génie informatique, puis en actuariat, deux domaines qui, malheureusement, ne satisfont pas son goût du vivant. Il bifurque alors vers la biologie. « Je me trouvais vraiment à ma place, se souvient-il. L’écologie était un domaine très nouveau, et je voulais comprendre comment fonctionnent les milieux de vie. Je pensais au fleuve, à la pêche et à la chasse au petit gibier que je pratiquais avec ma famille... » CAP SUR LE NORD Il se spécialise dès la deuxième année du baccalauréat en biologie marine. « L’été, j’étais soutien technique sur des petits navires de recherche, raconte-t-il. J’adorais ce travail. Je passais l’été sur l’eau, ce qui m’a donné d’excellentes bases en instrumentation et aussi en organisation de missions en mer. »
KEITH LEVESQUE - ARCTICNET
LOUIS FORTIER Professeur de biologie Université Laval, Pavillon Alexandre-Vachon 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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FIGURE DE PROUE
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KEITH LEVESQUE - ARCTICNET
LOUIS FORTIER À BORD DE L’AMUNDSEN DES CHERCHEURS RÉCUPÈRENT UN PIÈGE À SÉDIMENTS
En 1977, il assiste un étudiant à la maîtrise et fait ses premières armes dans le Nord à Kuujjuarapik, dans la baie d’Hudson. « Nous avions un guide inuit et nous nous déplacions avec des motoneiges et des traîneaux pour échantillonner les algues des glaces, explique-t-il. Les membres des communautés inuites étaient habillés de peaux de phoque et d’ours, et ils ne parlaient ni l’anglais ni le français, mais ils nous accueillaient très chaleureusement. Ils avaient une culture absolument renversante. C’était comme de faire un voyage dans le temps, au néolithique. » Par la suite, il obtient un baccalauréat en biologie et une maîtrise de l’Université Laval, un doctorat de l’Université McGill, puis il termine des recherches postdoctorales avec une bourse de l’OTAN au Laboratoire de biologie marine de Plymouth, en Grande-Bretagne. Ses études se déroulent alors surtout dans l’océan Atlantique Nord. Au terme des années 1980, il commence à diriger la participation canadienne à des programmes de recherche importants dans l’Arctique, comme l’étude Saroma-Resolute, en collabo ration avec le Japon. Au début des années 1990, il prend la tête des efforts canadiens dans l’étude de la polynie du Nord-Est, une importante expédition dans la mer du Groenland menée par des Allemands. « J’en avais assez de l’océanographie des pêches en Atlantique, pour une raison très simple : la quantité de morues qu’on pêchait ne dépendait pas de celle qu’il y avait dans l’océan, mais plutôt du nombre de pêcheurs qui 30
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votaient, indique-t-il. Ça explique pourquoi les stocks de poissons se sont effondrés à cette époque. Cette gestion politique des ressources enlevait tout sens aux recherches scientifiques sur les pêches, alors j’ai commencé à m’investir davantage dans l’océanographie arctique. Heureusement, la gestion des pêches a changé depuis. » Il multiplie alors ses participations à des études d’envergure internationale, notamment sur le réchauffement climatique. En 2001, il crée également Québec-Océan, un centre de recherche alliant plusieurs institutions et qui coordonne les efforts des océanographes basés dans les universités et les centres de recherche gouvernementaux québécois. Par ailleurs, en 2003, il réalise un rêve de longue date : la mobilisation scientifique de l’Amundsen, un brise-glace de recherche d’une longueur de 100 m, équipé d’instrumentation scientifique de pointe : « L’Amundsen a catalysé la renaissance de la recherche arctique canadienne. C’est avec ce navire que nous avons pu faire de la recherche océanique véritablement multidisciplinaire, avec de grosses équipes internationales. » Toujours en 2003, Louis Fortier préside à la fondation du réseau de centres d’excellence ArcticNet, qui regroupe des spécialistes en sciences naturelles, sociales et de la santé, et qui vise à anticiper l’impact des changements climatiques et de la modernisation dans le Nord sur la santé et l’économie des communautés nordiques et du pays en général.
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MARTIN FORTIER - ARCTICNET
ÉCHANTILLONNAGE DE GLACE LE NGCC AMUNDSEN
> MARTIN FORTIER - ARCTICNET
PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT ET LES GENS « Depuis 10 ans, nous assistons à une explosion spectaculaire des recherches nordiques », note M. Fortier. Il estime que cet intérêt marqué pour la recherche nordique est lié avant tout au réchauffement climatique, qui repousse les banquises, fait fondre le pergélisol et a un impact particulièrement frappant sur l’alimentation et le mode de vie des commu nautés nordiques, ce qu’il qualifie d’« injustice écologique ». « Nous sommes en train de voir l’ensemble du monde circumpolaire basculer vers un nouvel équilibre climatique, avance-t-il. C’est fascinant du point de vue scientifique puisque cela nous permet de tester notre compréhension des écosystèmes et de leur fonctionnement. Mais sur le plan humain, c’est alarmant. Nous n’éviterons pas un réchauffement de trois à quatre degrés. Je crois que les scientifiques ont rempli leur mandat d’expliquer la situation. Reste à voir comment notre civilisation va réagir... » En revanche, il croit que l’on pourrait fort bien développer le Nord tout en protégeant les
LA SÉCURITÉ EST L’AFFAIRE DE TOUS ! Entre 2009 et 2015, grâce à l’implication de tous ses travailleurs, Éléonore a amélioré sa performance en santé-sécurité de 90%. Dans l’industrie, le calcul des accidents dits «enregistrables» est basé sur 200 000 heures de travail par année. Ce nombre d’heures correspond approximativement à 100 travailleurs. La sécurité est l’affaire de tous : veillez sur vous et sur les autres, en tout temps, au travail comme à la maison! 2009
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Nombre d’accidents enregistrables par année Une mine de ressources A Goldmine of Resources
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FIGURE DE PROUE
gens et l’environnement : « Tant que nous n’arriverons pas à freiner notre croissance démographique, nous n’avons guère le choix de développer les ressources, mais nous devons le faire de façon durable, c’est-à-dire sans que cela hypothèque l’épanouissement des générations futures. C’est possible d’y arriver avec une certaine volonté politique et du secteur privé, ainsi qu’en collaboration avec les communautés locales. C’est un peu ce que nous voulons faire avec l’Institut nordique du Québec, soit nous assurer que toute l’information scientifique, dans tous les secteurs, soit disponible pour le développement durable du Nord. »
Déjà, le réseau de centres d’excellence ArcticNet a publié plusieurs études intégrées régionales d’impact, qui constituent une nouvelle approche en recherche scientifique : « Nous impliquons les communautés nordiques en répondant à leurs préoccupations, expose M. Fortier. Par exemple, elles veulent savoir ce qui va arriver à la glace devant leur maison, ce qu’il adviendra des petits fruits que les femmes exploitent dans la toundra, quel est l’avenir des caribous… Ce sont des questions très précises. Nous faisons l’inventaire de ce que nous savons déjà et nous menons des recherches pour combler les lacunes dans nos connaissances. Ensuite, nous publions les résultats dans des termes vulgarisés. Ces études s’adressent donc aux communautés et aux déci deurs des secteurs public et privé. » Pour l’avenir, ce lauréat de nombreux prix, incluant la Médaille du Gouverneur général du Canada pour la nordicité, souhaite surtout la création d’un Institut arctique canadien, comme il en existe dans plusieurs autres pays, et il continue donc de mettre à profit ses talents de lobbyiste pour pousser dans cette direction.
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KEITH LEVESQUE - ARCTICNET
À LA PÊCHE AU SAUMON
CASTOR, POLARS ET GUITARE À travers ce tourbillon d’activités et de projets, le chercheur trouve quand même le temps de bricoler et d’aller taquiner le saumon en Gaspésie (même s’il se fait un devoir de remettre les poissons à l’eau avant d’aller en acheter « des artificiels » à l’épicerie !). Il pratique aussi souvent la chasse au petit gibier et la pêche avec ses fils, Benjamin, 22 ans, aujourd’hui observateur des glaces, et François, 20 ans, qui vient de terminer un certificat en philosophie et qui se dirige maintenant vers un autre domaine d’études. « Nous faisons une chasse qui est gastronomique avant tout, ajoute-t-il. Nous avons entre autres mis au point toutes sortes de recettes pour manger les deux espèces de perdrix que nous trouvons communément au Québec. Aussi, j’aime bien cuisiner le caribou, le castor ou une délicieuse fesse d’ours noir ! »
MARTIN FORTIER - ARCTICNET
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LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE A UN IMPACT SUR LES HUMAINS, MAIS ÉGALEMENT SUR TOUS LES ÊTRES VIVANTS, INCLUANT LES CARIBOUS.
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Louis Fortier est également un fervent lecteur : romans policiers, biographies, lectures scienti fiques… Au moment de notre entrevue, il était même plongé dans un manuel expliquant la façon de construire sa propre guitare classique. Vous l’aurez deviné, M. Fortier est également musicien. Un autre champ de découvertes !
EXPLORATION MINIÈRE
L’ENJEU DE L’ACCEPTABILITÉ SOCIALE Le développement responsable de nos ressources naturelles, et plus précisément de nos ressources minérales, exige un équilibre réel entre les dimensions sociale, envi-
Valérie Fillion
ronnementale et économique, le fondement même de tout développement durable.
Experte invitée
minière du Québec (AEMQ).
C’est ce que préconise depuis de nombreuses années l’Association de l’exploration
Malgré le virage qu’a pris le Québec il y a une décennie à ce chapitre, un des aspects du développement durable – l’environnement – semble avoir été favorisé au détriment d’un autre – le progrès économique. En outre, un des outils indispensables dans toute démarche de consultation requiert que les populations de proximité, celles qui ont vraiment un parti pris pertinent et immédiat dans la réalisation ou pas d’une initiative de développement, soient bien informées et puissent s’exprimer de manière éclairée sur leurs préoccupations. C’est, à notre avis, le fondement même d’un concept d’acceptabilité sociale. Bien que l’on débatte de ce concept depuis plusieurs années au Québec, une panoplie de définitions a brouillé les idées, et la compréhension non objective du concept a notamment conduit à sa dénaturation.
Géologue diplômée œuvrant depuis 25 ans dans la filière minérale québécoise, et ce, dans différentes régions de la province, Valérie Fillion est directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec depuis 2010. Engagée dans sa communauté, elle œuvre également de façon bénévole dans plusieurs organismes de l’Abitibi-Témiscamingue.
Au cours des dernières années, des groupes militants se sont opposés au développement industriel de toute nature. Ces groupes ont réussi à créer une psychose populaire qui influe sur une forte majorité de Québécois ; malgré cela, ceux-ci demandent aujourd’hui des emplois payants, des investissements de longue durée et de l’activité économique durable…, mais pas dans leur cour ! En matière d’impact sur le sol, d’harmonisation des usages et de nuisances générées à l’égard des populations de proximité, nous observons depuis plusieurs années une désagréable tendance à vouloir considérer les enjeux entourant l’exploration minière à travers le même prisme que celui utilisé pour analyser ceux rattachés, par exemple, à l’agriculture, à la forêt ou au développement hydroélectrique. L’impact sur l’occupation du sol des activités d’exploration minérale en territoire public (et même privé) est sans conteste nul. L’exploitation minière, pour sa part, cumule actuellement une
superficie totale de 90 km² ; historiquement, 99,97 % du territoire québécois n’a jamais fait l’objet d’extraction minière. Les nuisances à l’égard des populations, lorsqu’il y en a, sont réelles, mais ne se révèlent généra lement pas plus « incommodantes » que celles d’autres activités pourtant vénérées, acceptées ou tolérées au sein de notre société. Pensons au bruit, à la poussière et aux odeurs que génèrent les activités agricoles ou aux mêmes types de nuisances associées à de nombreuses activités industrielles de toute nature. L’AEMQ croit qu’il appartient à l’État de prendre la direction de l’exécution du processus. Il doit jouer le rôle d’arbitre crédible, dépourvu de parti pris et d’idéologie, capable d’exposer aux collectivités les arbitrages qui s’imposent entre le bien-être de la communauté locale et celui de l’ensemble des Québécois. L’État doit également mettre de l’avant les conditions d’exécution du projet, conditions qui représenteront ce qui sera acceptable pour toutes les parties pertinentes.
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L’État doit jouer un rôle plus actif afin de communiquer, aux communautés locales et à leurs représentants, la nature distinctive de l’industrie minière et particulièrement celle de l’exploration minérale. Il doit exposer en quoi les instruments de gestion des utilisations du sol ne peuvent s’appliquer sans une adaptation au contexte particulier de cette industrie. De notre perspective, le développement de nos ressources naturelles, et plus particulièrement des ressources minérales, ne peut être le seul apanage du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Bien que ce ministère pilote la mission de l’État en la matière, nous croyons que le développement de la ressource minérale au Québec, en raison de ses caractéristiques particulières (son cycle de 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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EXPLORATION MINIÈRE
développement et de vie des projets, sa portée internationale, ses retombées économiques pour toute la collectivité, son impact social et environ nemental), interpelle un ensemble beaucoup plus large d’intervenants du gouvernement (associés au développement durable, aux affaires municipales, aux affaires autochtones, au développement écono mique, etc.) qui doivent agir de façon concertée. L’AEMQ croit que les principes suivants doivent être mis de l’avant dans le but d’aplanir les différends. • Dans la mise en place d’orientations relativement à la question de l’acceptabilité sociale, ainsi que du développement et de la gestion des ressources naturelles de manière générale et des ressources minérales de façon spécifique, l’État doit publiquement réitérer qu’il est l’arbitre ultime dans le développement des ressources naturelles du Québec.
ISTOCK PAR KAAN TANMAN
• L’État devient ainsi l’accompagnateur et le facilitateur afin de permettre le développement de conditions visant l’harmonisation des utilisa tions du territoire entre elles, la réduction des nuisances générées pour les populations de proximité et l’assurance d’un développement responsable de nos ressources.
Des mines tournées vers l’avenir !
• Au moment de la prise en compte des préoccu pat ions des populations de proximité et des parties pertinentes, c’est l’État qui doit assumer l’exécution du processus, délestant de cette res ponsabilité le promoteur qui, dans de nombreux cas (sociétés d’exploration, PME d’exploitation), n’est pas habilité à diriger une telle démarche. • Dans ce rôle, l’État doit viser à diffuser un volume optimal de renseignements pertinents sur les bénéfices et les risques d’un projet, ainsi que sur les conditions nécessaires à sa réalisation harmonieuse qui générera le niveau le plus élevé d’acceptabilité. Il verra également à maintenir les paramètres du processus dans un cadre rigoureux et respectueux en évitant les glissements et les débordements.
agnicoeagle.com
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FORMATION MINIÈRE
L’AUTOMATISATION ET LA ROBOTISATION DANS L’INDUSTRIE MINIÈRE QUÉBÉCOISE : UN IMPORTANT CHANGEMENT DE CAP ! L’automatisation des procédés de production et la robotisation entraîneront des changements profonds pour plusieurs industries au Québec, et l’industrie minière
Karine Lacroix Experte invitée
Détentrice d’une maîtrise en communication, Karine Lacroix s’est spécialisée notamment dans les relations de travail entre les travailleurs immigrants et les travailleurs natifs du secteur minier. Professionnelle des communications et des relations publiques depuis plus de 10 ans, elle est conseillère en communication depuis deux ans à l’Institut national des mines (INMQ). Son mandat est de faire connaître les résultats des travaux de recherches et les études sur la formation minière par l’Institut tout en réalisant des projets visant à promouvoir l’innovation dans la formation minière et l’acquisition des compétences recherchées par les entreprises minières.
ne fera pas exception. Si l’Australie est l’un des chefs de file de l’automatisation dans l’industrie de l’extraction des ressources minérales, certaines entreprises minières québécoises ont déjà emboîté le pas vers cet incontournable virage. L’ère de l’industrie 4.0 mène vers des changements majeurs. Déjà, les innovations techno logiques sorties tout droit de la science-fiction deviennent une réalité : machines automati sées, contrôle à distance des opérations, mise en place de systèmes de repérage dynamique, véhicules sans conducteur. Désormais, le monde industriel utilise de nouvelles technologies mises à sa disposition, notamment afin de raffiner les méthodes de production et d’augmenter la sécurité des travailleurs. TRANSFORMATION DES PROFESSIONS ET DES MÉTIERS DU SECTEUR MINIER Dans plusieurs secteurs d’activité, l’automa tisation, la robotisation et les technologies de l’information créent de nouveaux types d’emploi. En 2013, le Département du Travail des ÉtatsUnis soutenait que 65 % des élèves du primaire occuperaient des emplois qui n’ont pas encore été inventés. Certains analystes estiment que d’ici 10 à 20 ans, près de la moitié des emplois actuels seront automatisés. En Australie, on prévoit que d’ici 2030, près de cinq millions d’emplois auront été automatisés dans l’ensem ble des domaines d’activité économique. Dans le secteur minier, les postes d’opérateurs pour le forage et le dynamitage, ainsi que dans le transport du minerai par train et camion, seront principalement touchés par l’automatisation. Toutefois, il n’est pas clair que celle-ci mènera nécessairement à des pertes nettes d’emplois dans l’industrie minière ; nous assisterons plutôt à un transfert des types d’emploi et à un change ment des tâches à réaliser. Actuellement, la transformation de la nature du travail dans le secteur minier touche surtout l’automatisation et le contrôle à distance des
opérations. De nouveaux rôles sont créés, particulièrement pour les opérateurs et les techniciens en maintenance d’équipements, en traitement des données, en analyse des systèmes et des processus et en contrôle et planification des opérations. Ces nouveaux rôles sont exercés à partir de consoles situées dans des centres d’opération à distance. Des changements importants auront un impact sur certaines tâches exécutées jusqu’ici de façon manuelle, celles du mineur sous terre par exemple. Désormais, grâce aux stations d’opération d’équipements à distance, il lui sera possible de continuer à effectuer son travail depuis la surface au moment des dynamitages souterrains. Les opérateurs de chargeusenavette peuvent maintenant non seulement effectuer leur activité sous terre, mais aussi programmer leur équipement à la fin de leur quart de travail afin d’être en mesure, une fois remontés à la surface, de poursuivre le déblaiement de leur chantier à distance. Ainsi, le mineur peut continuer sa tâche en toute sécurité, même si les conditions souterraines ne permettent pas la circulation de travailleurs. Pour former ces travailleurs à des tâches quoti diennes novatrices, les entreprises minières devront mettre en place des processus d’acqui sition de nouvelles compétences, tout comme les centres de formation, qui devront eux aussi être à jour pour répondre à ces besoins inédits. Les travailleurs actuels et futurs devront donc développer leur capacité à coordonner mains et yeux pour manœuvrer à distance les équipements miniers. Ce nouvel apprentissage se rapprochera drôlement des habiletés requises pour manier des manettes de jeux vidéo !
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FORMATION MINIÈRE
L’automatisation aura également un impact sur d’autres métiers et sur d’autres types d’opérateurs. Grâce à la technologie, une même personne pourra faire fonctionner plus d’un engin sur un site minier, ce qui nécessitera une polyvalence accrue de la part des travailleurs. Il ne s’agit là que d’un aperçu des emplois qui évolueront au rythme des nouveautés technologiques.
< CET ÉCRAN SOUS TERRE
AFFICHE DES INFORMATIONS TELLES QUE LE NOMBRE DE PERSONNES À CHAQUE NIVEAU DE LA MINE, LE NOMBRE D’ÉQUIPEMENTS MOBILES EN FONCTION, LE NIVEAU DES GAZ DANS L’AIR ET DIFFÉRENTS MESSAGES DE SÉCURITÉ.
DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES COMPÉTENCES ET OBTENTION D’UNE FORMATION ADÉQUATE L’émergence et la croissance de l’automatisation dans les activités d’exploration et d’exploitation minières ainsi que dans le traitement du minerai nécessitent de prendre un temps de réflexion pour se pencher sur les connaissances et les compétences qui seront essentielles aux travailleurs miniers. De nouveaux emplois verront le jour et auront nécessairement un impact sur la formation donnée aux prochains diplômés de formation minière. De nouvelles compétences spécifiques seront requises pour permettre aux travailleurs et aux apprentis d’exercer leur métier dans un environnement de travail transformé. Les finissants, visant une carrière dans l’industrie minière du Québec, devront désormais avoir acquis des compétences, entre autres, en électronique, en instrumentation, en programmation ou en opération de systèmes de contrôle.
MINE ÉLÉONORE DE GOLDCORP ET MEGLAB
MINE ÉLÉONORE DE GOLDCORP ET MEGLAB
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Cette automatisation dans le secteur minier est une tendance déjà bien ancrée au Québec, et personne ne peut l’ignorer. Le transfert des emplois moins spécialisés vers ceux qui nécessitent davantage de compétences techniques et scientifiques devient inévitable. Il apparaît donc important que les programmes de formation menant à l’obtention d’un diplôme d’études professionnelles ou collégiales s’adaptent aux nouvelles réalités imposées par l’automatisation, la robotisation et les technologies de l’information dans le secteur minier.
CES INFORMATIONS SONT RECUEILLIES POUR ASSURER UNE PLUS GRANDE SÉCURITÉ DES TRAVAILLEURS.
AUPARAVANT, DES CLOCHES PERMETTAIENT À L’OPÉRATEUR DE MANŒUVRER LE DÉPLACEMENT DE LA CAGE DESCENDANT LES TRAVAILLEURS D’UN NIVEAU À UN AUTRE. DÉSORMAIS, À LA MINE ÉLÉONORE DE GOLCORP, DANS LE NORD-DU-QUÉBEC, LA CAGE EST AUTOMATISÉE ET RESSEMBLE UN PEU À CELLE D’UN ASCENSEUR. CET ÉCRAN PERMET DE DONNER DE L’INFORMATION SUR L’ÉTAT DE LA CAGE, SON POSITIONNEMENT, L’ORDRE DE PRIORITÉ ET BIEN PLUS.
OÙ EN SOMMES-NOUS AU QUÉBEC ? Sous la thématique de l’automatisation, un colloque organisé par l’Institut national des mines se tiendra le 21 novembre prochain, dans le cadre de Québec Mines 2016, à Québec. Des experts de l’industrie minière québécoise viendront partager leur expérience et expliquer l’impact sur les compétences nécessaires aux travailleurs pour pourvoir aux postes stratégiques.
SEREZ-VOUS PRÉSENT ? Il est possible de s’inscrire en visitant le site Web de l’Institut national des mines au www.inmq.gouv.qc.ca/colloque.
SOURCES : MCNAB, Karen, BRERETON, David, FRANKS, Daniel (2013). Exploring the social dimensions of autonomous and remote operation mining: Applying Social License in Design. Repéré à www.csrm.uq.edu.au/publications/exploring-the-social-dimensions-of-autonomous-and-remote-operation-mining-applying-social-license-in-design THE COMMITTEE FOR ECONOMIC DEVELOPMENT OF AUSTRALIA (2015). Australia’s future workforce? Repéré à www.adminpanel.ceda.com.au/FOLDERS/Service/Files/Documents/26792~Futureworkforce_June2015.pdf THE UNITED STATES DEPARTMENT OF LABOR (2013). Futurework – Trends and Challenges for Work in the 21st Century. Repéré à www.dol.gov/dol/aboutdol/history/herman/reports/futurework/report.htm THONG, Kristie (2016). Industry 4.0: When humans and robots go hand in hand. Repéré à www.eco-business.com/videos/industry-40-when-humans-and-robots-go-hand-in-hand
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DOSSIER SPÉCIAL
TOURNÉE RÉGIONALE DU PRÉSIDENT DE L’UMQ
UN LANCEMENT EN GRANDE POMPE
EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE !
PAR MARIE-ÈVE GROLEAU ET PATRICK LEMIEUX, COLLABORATEUR INVITÉ – PROPOS RECUEILLIS À ROUYN-NORANDA PAR JACQUES BOISVERT
C’est sur le thème « Voir grand ! » que le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny, a amorcé, le 14 septembre dernier en Abitibi-Témiscamingue, sa tournée 2016 de toutes les régions du Québec.
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evenu au fil des ans une tradition incontournable, cet exercice constitue un moment privilégié pour les personnes nouvellement élues à la présidence de l’Union de rencontrer les élus et les gens d’affaires locaux et de discuter avec eux de différents dossiers qui interpellent le milieu municipal. M. Sévigny a profité de son séjour pour échanger avec le maire de Rouyn-Noranda et président du Caucus des cités régionales de l’UMQ, Mario Provencher, avec le président du caucus de l’UMQ pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue et maire de Val-d’Or, Pierre Corbeil, et avec une trentaine d’élus municipaux de la région. Le président de l’UMQ a également eu l’occasion de rencontrer les médias locaux lors d’une conférence de presse et de se familiariser avec la réalité minière des communautés locales en visitant les mines Goldex et Lamaque, ainsi que de découvrir différentes infrastructures municipales dans la région.
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« Comme nouveau président de l’UMQ, cela a été une occasion privilégiée pour moi de rencontrer les élus municipaux de la région de l’AbitibiTémiscamingue et de discuter avec eux des enjeux de l’heure, notamment l’autonomie municipale, les Photo de groupe, de gauche à droite :
Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Bernard Sévigny, président de l’UMQ et maire de Sherbrooke, Luc Blanchette, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, au CA de l’UMQ à Val-d’Or
VILLE DE SHERBROOKE
BERNARD SÉVIGNY Président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) Maire de Sherbrooke 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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ROUYN-NORANDA
infrastructures et le développement économique local et régional. La pertinence de l’action de l’UMQ et son efficacité reposent sur un membership fort et diversifié, un leadership rassembleur et une véritable solidarité », a déclaré M. Sévigny. Soulignons que les membres du conseil d’adminis tration de l’UMQ, des élus provenant d’une quaran taine de municipalités de toutes tailles et de toutes les régions du Québec, ont profité du lancement de la tournée pour se donner rendez-vous à Val-d’Or, à l’occasion de leur rencontre annuelle régionale.
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Pierre Corbeil, maire de Val-d’Or, Bernard Sévigny, président de l’UMQ et maire de Sherbrooke, Mario Provencher, maire de Rouyn-Noranda
Plusieurs dossiers liés aux représentations politiques et à la gouvernance de l’UMQ étaient à l’ordre du jour de la réunion du conseil d’administration, dont la future loi sur les gouvernements de proximité et le projet de loi sur les hydrocarbures. D’ailleurs, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a fait un arrêt impromptu à cette rencontre pour discuter avec les élus présents de leurs préoccupations quant au projet de loi no 106, notamment en ce qui a trait à la préséance des pouvoirs municipaux sur la loi sur les hydrocarbures et à la protection des sources d’eau potable. Mentionnons enfin que le lancement de la tournée régionale du président de l’UMQ en AbitibiTémiscamingue coïncidait avec le début de la tournée annuelle du Carrefour du capital humain de l’Union. Les professionnels du Carrefour ont en effet rencontré les gestionnaires municipaux de la région pour faire le point sur les plus récents dossiers en gestion des ressources humaines et en relations de travail.
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Mario Provencher, maire de Rouyn-Noranda, Jean-Claude Loranger, président de la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda, Bernard Sévigny, président de l’UMQ et maire de Sherbrooke
La tournée régionale 2016 du président de l’UMQ se poursuivra jusqu’en décembre ; elle comportera une vingtaine d’arrêts dans toutes les régions du Québec.
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE : QUEL RÔLE POUR LES MUNICIPALITÉS À L’INTERNATIONAL ? En marge de la tournée régionale 2016 du président de l’UMQ, le développement économique local et régional était également au cœur d’un important forum de formation qui se tenait le 14 octobre dernier, à Drummondville, sur le thème « Le développement économique municipal par un positionnement international ». Pour l’UMQ, cet événement structurant et mobilisateur pour le milieu municipal, qui a accueilli plusieurs élus et conférenciers de premier plan, a été l’occasion de partager l’expertise développée lors de l’organisation et de la réalisation de sa toute première mission économique internationale, effectuée en mai 2016 dans l’État de New York. 38
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L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
RICHE EN RESSOURCES NATURELLES ET EN… INGÉNIOSITÉ !
L
NANCY LARIVIÈRE
Impossible de faire un saut en Abitibi-Témiscamingue sans s’arrêter pour une conversation avec Mario Provencher, maire de Rouyn-Noranda, président du Caucus des cités régionales et président du Comité sur la forêt de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). Notre éditeur, Jacques Boisvert, a eu le plaisir de rencontrer ce passionné de l’Abitibi-Témiscamingue, mais aussi des régions du Québec en général.
orsqu’il est question de l’Abitibi-Témiscamingue, Mario Provencher sait de quoi il parle : né au centre-ville de Rouyn-Noranda, il a par la suite acheté la maison familiale et s’est impliqué très tôt dans les affaires municipales. Aujourd’hui, en plus de son profond engagement sur le plan politique, social et environnemental, il administre un magasin local en collaboration avec un associé. « Avant d’être élu maire, en 2009, j’ai été pendant 10 ans président du centre-ville, rappelle-t-il. À cette époque, les temps étaient plus difficiles puisqu’on perdait nos entrepreneurs et que l’économie était plus précaire. » Aujourd’hui, la région a bien sûr d’importants défis à relever, notamment en matière de vieillissement de la population, mais elle peut compter sur la richesse de ses ressources, de même que sur l’esprit de débrouillardise et de solidarité des citoyens. DU CÔTÉ DES MINES L’Abitibi-Témiscamingue regorge de ressources natu relles exploitables. Dès 1898, les pionniers de l’industrie minière et les fondateurs-défricheurs de cette région ont effectué un travail ardu sur une très grande partie du territoire. Bien sûr, les mines sont encore profondément enra cinées dans l’histoire de la région et elles continuent d’y occuper une place économique importante. « Nous possédons une bonne expertise minière, ici, mais nous sommes aussi très ouverts à d’autres types d’industries
NATHALIE TOULOUSE
MARIO PROVENCHER Maire de Rouyn-Noranda Président du Caucus des cités régionales Président du Comité sur la forêt de l’UMQ 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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ROUYN-NORANDA
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MATHIEU DUPUIS
CAMPUS DE ROUYN-NORANDA DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (UQAT)
pour favoriser la diversification de notre économie, indique M. Provencher. Historiquement, les villes mono-industrielles ont constitué une problématique au Québec. » Selon le maire, la nature cyclique du domaine minier, avec ses flux et ses reflux, génère aussi son lot de problèmes : « Lors du dernier boom minier, nous avons connu des problèmes de main-d’œuvre et de services, par exemple dans le domaine de la mécanique automobile ou de la plomberie. Les salaires offerts à la mine atteignaient plus du double de ceux consentis dans ces professions. Malheureusement, le système n’a pas réussi à former la main-d’œuvre en conséquence. Nous ne pouvions nous imaginer l’impact de ce boom minier. » M. Provencher espère que ce problème ne se reproduira pas avec la mise en marche prochaine du projet Horne 5, de Ressources Falco, qui comprendrait une usine de traitement du minerai d’une capacité d’au moins 10 000 tonnes par jour. « Nous avons fait l’inventaire des infrastructures, la vérification des bassins d’assainissement et les devis de construction de plusieurs terrains en vue de bâtir de nouvelles maisons, expose-t-il. Je crois aussi que nous devrions être plus actifs dans les centres de formation pour raffiner les compétences nécessaires à de grands développements. » UNE FORÊT À RELANCER Par ailleurs, la forêt est toujours d’une importance capitale pour la région, et plus particulièrement pour toute une population de travailleurs de villages éloignés. M. Provencher jugeait donc important de s’engager à titre de président du Comité sur la forêt de l’UMQ, un secteur qui crée quelque 60 000 emplois au Québec : « Le comité n’avait jamais pu prendre son élan, surtout à la suite de la crise forestière de 2008. Nous l’avons relancé l’an dernier. » 40
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Dans un marché qui envoie un appel au secours, le comité reprend donc ses activités de plus belle, et les élus interviennent de multiples façons pour favoriser la relance du secteur. « Nous nous occupons des forestières et des papetières, mais aussi beaucoup des PME, qui sont importantes pour les petites communautés », soutient le maire. En effet, en cas de fermeture d’usine, le taux de chômage peut augmenter de façon importante, voire atteindre jusqu’à 50 % de la population dans une petite communauté. « Des villes comme Rimouski, Valleyfield ou Drummondville n’ont pas cette problématique, commente M. Provencher. À titre d’élus, notre rôle change. Nous devenons des acteurs privilégiés puisque nous travaillons au quotidien avec les entreprises qui sont implantées sur notre territoire. Nous avons la responsabilité de développer ce territoire et nous devons intervenir. » Par ailleurs, le maire souligne qu’étant située au centre, c’est la région de Rouyn-Noranda qui possède la plus grande portion de territoire forestier : « Nous avons du bois, mais il n’y a pas d’usine sur notre territoire. Nous donnons ce bois à la région d’Abitibi-Ouest ou au Témiscamingue, par exemple. Nous avons décidé de ne pas nous battre : pourquoi essayer d’implanter une plus grosse usine pour faire fermer les autres ? C’est là notre côté solidaire. » TRAVAILLER ENSEMBLE Selon lui, ce ne sont pas toutes les régions qui se soutiennent activement dans un esprit d’entraide, comme ces commu nautés le font. Cette solidarité est d’ailleurs observable jusque dans notre sport national : « La population est derrière nos équipes de hockey, dit M. Provencher. Lorsque les Huskies de Rouyn-Noranda ont été éliminés, par exemple, nos citoyens étaient derrière les Foreurs de Val-d’Or également, tandis que
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STÉPHANE FORTIN
L’HÔTEL DE VILLE DE ROUYN-NORANDA
si l’on regarde du côté des grandes villes, la rivalité MontréalQuébec a été marquante. En Abitibi-Témiscamingue, il y a 148 000 personnes, alors on ne peut pas se permettre de se détester : il faut travailler ensemble si l’on veut survivre. » Un bon exemple de cet esprit de collaboration est la table de concertation en gestion intégrée des ressources et du territoire (aussi appelée table GIR). Cette table s’est perpétuée dans le temps en Abitibi, alors que les autres tables GIR n’ont pas survécu ailleurs au Québec. Elles ont été créées naturellement, incitant des groupes d’urbanistes et d’aménagistes à échanger et à rester à l’affût des différents sujets d’actualité.
Monsieur le maire souligne également que Rouyn-Noranda ne peut fonctionner à son plein potentiel sans la ruralité des autres localités. À titre d’exemple, un secteur du Témiscamingue qui éprouve certaines problématiques autres que financières peut toujours compter sur Rouyn-Noranda afin de l’aider à mieux se positionner pour pouvoir rayonner d’un point de vue économique, mais aussi social. « Nous croyons à l’échange entre les directions générales des villes, exprime-t-il. Il y a beaucoup d’entraide, et c’est important de cultiver cette ambiance de solidarité entre nous. » Selon lui, le fait de promouvoir et de transmettre cette capacité d’entraide et d’échange entre les générations est la force première pour faire face à d’éventuels défis économiques.
130 PAGES DE PHOTOGRAPHIES DU SECTEUR MINIER AU QUÉBEC PARTICIPATION DE PRÈS DE 30 COLLABORATEURS DU SECTEUR MINIER ET DE L’ÉDUCATION
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ROBERT DESCHESNES
LE CENTRE HOSPITALIER ROUYN-NORANDA
ENCOURAGER L’INGÉNIOSITÉ Cette solidarité est également jumelée à l’inventivité, deux qualités qui, selon lui, sont essentielles pour le développement lorsqu’on est loin des grands centres décisionnels comme Montréal, Québec ou Trois-Rivières. Cet éloignement peut d’ailleurs représenter un avantage et même une occasion de création entrepreneuriale. « Nous sommes loin de l’action et des solutions, alors nous inventons ! », lance M. Provencher. Il prend pour comparaison la débrouillardise des entrepreneurs de la région de la Beauce, qui n’ont pas le choix de réfléchir à de nouveaux éléments dans l’optique d’améliorer le rendement et la productivité de leurs entreprises. « Lorsque j’étais au forum de l’économie sociale à Montréal, récemment, il y avait une présentation sur la reconversion des anciens terrains des usines Angus, et il s’est dégagé, encore une fois, que nous nous devons d’encourager notre propre ingéniosité, raconte-t-il. L’exemple est transposable au milieu agricole, où les fermiers prennent le temps de s’asseoir pour se poser des questions sur leur productivité, de même qu’au secteur culturel. Ici, nous devons créer notre propre culture pour ne pas être à la merci de la culture extérieure. Avant les années 2000, la population qui voulait assister à des événements culturels devait se rendre à Montréal ou à Gatineau. Il y a maintenant ici même beaucoup de spectacles estivaux et d’événements agricoles de qualité. » Il n’en demeure pas moins que les élus des régions doivent s’assurer de répondre présents lorsque vient le temps d’exprimer leurs préoccupations et de participer au processus décisionnel. Ainsi, pour s’assurer d’être au cœur des décisions, M. Provencher prend les moyens nécessaires : « En septembre et en octobre, j’étais à Montréal ou à Québec au moins une fois par semaine, dit-il. Je sais que si je ne suis pas au conseil de ces villes, cela peut nuire à toute l’AbitibiTémiscamingue. Malheureusement, notre gouvernement tend à se centraliser et à ne pas regarder les impacts dans les régions », poursuit-il. 42
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Entre autres, il se préoccupe des effets de l’éloignement sur le fonctionnement du système de soins de santé : « Par exemple, l’analyse de 70 % des prélèvements médicaux se fait à Montréal, note-t-il. Si vous êtes à La Sarre, votre échantillon peut être transporté à Montréal, ce qui entraîne un délai considérable dans les étapes d’analyse. Il se produit aussi parfois des erreurs : les échantillons arrivent en mauvais état et ne peuvent pas être analysés. Et pour la radiothérapie, les gens doivent parcourir 1 000 km pour se faire traiter à Montréal ou à Gatineau. Beaucoup d’entre eux n’y vont tout simplement pas. Ils sont privés de soins par manque de moyens, ce qui demeure très préoccupant. » Par ailleurs, il se désole lorsqu’il entend des gens du Sud affirmer que les régions coûtent cher au Québec. « On dit par exemple que les travailleurs de l’Abitibi ont les meilleurs salaires au Québec, mais il faut aussi tenir compte du fait que les salaires sont souvent plus élevés parce que le risque pour la santé l’est aussi. En plus, les gens d’ici paient énormément d’impôt », ajoute-t-il. UNE ÉCONOMIE DIVERSIFIÉE Une chose est claire pour Mario Provencher : l’un des rôles des élus municipaux est d’être facilitateur, surtout dans ce contexte d’autonomie accrue. « Nous nous devons de prendre en considération une accessibilité sociale raisonnable en demeurant à l’écoute de toute personne désirant donner son point de vue. C’est un peu comme dans un couple, où chacun doit mettre de l’eau dans son vin à un moment ou à un autre », avance-t-il. Selon lui, étant donné que l’Abitibi-Témiscamingue est une région minière, la question de l’environnement s’avère très importante : « Aussi, nous nous devons de créer et d’offrir des milieux de vie favorables si une industrie vient s’établir ici, en regard au paysage, à la culture et aux sports, mais aussi d’évaluer quelle ville, entre Rouyn-Noranda et une autre, sera ciblée pour mieux répondre à des critères de rétention du personnel pour une entreprise donnée. » Par contre, bien sûr, le maire a des principes clairs, et attirer des investisseurs ne se fera pas à tout prix : « Ce n’est pas parce qu’un promoteur veut investir des millions qu’il faut tout donner et défaire ce que nous avons planifié selon nos schémas d’aménagement et nos plans d’urbanisme. Nous voulons plutôt travailler avec cet investisseur afin que l’entreprise puisse s’installer dans les meilleures conditions possible. » Et pour l’avenir de sa région, cet homme d’action mise encore une fois sur la concertation : « Dans certains des 13 villages de la MRC, la moyenne d’âge atteint parfois 60 ans. Je pars donc en tournée pour discuter des perspectives d’avenir avec ces municipalités et trouver des solutions. »
ISTOCK PAR VGAJIC
CENTRE LOCAL DE DÉVELOPPEMENT DE ROUYN-NORANDA
L’ENTREPRENEURIAT DANS LE SANG ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Centre local de développement (CLD) de Rouyn-Noranda veille à remplir sa mission, qui consiste à éveiller l’intérêt pour l’entrepreneuriat dans la population et à favoriser le développement économique en région rurale, ainsi que la création d’emploi à plus large échelle.
A
preuve, depuis 1998, ce CLD a distribué près de 12,5 M$ dans environ 4 300 dossiers ouverts par l’organisme. Plus précisément, l’équipe agit à titre d’expert-conseil dans le processus entrepreneurial, du plan d’affaire au mentorat en passant par un étroit soutien technique dans le processus de fondation d’une entreprise. Nous vous présentons ici un bref portait de trois projets ayant vu le jour au cours des dernières années. ABP CANADA ABP Canada œuvre dans la transformation du papier hygiénique et d’essuie-main à Rouyn-Noranda depuis l’année 2000. Denis Pilon, directeur général, a travaillé de concert avec le Centre local de développement économique et le Fonds local d’investissement de la région abitibienne. « L’élément crucial du dévelop pement de l’entreprise a été de se montrer inventive quant au transport de son produit vers les grands centres dans l’objectif d’être davantage compétitive, explique André Rouleau, directeur du CLD.
ANDRÉ ROULEAU Directeur général du CLD Rouyn-Noranda 49e PARALLÈLE NORD-SUD
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ROUYN-NORANDA
Après sa deuxième année de fonctionnement, l’entreprise était déjà rentable, bien que les 12 premiers mois aient été plus difficiles compte tenu de stratégies de prix venant d’un concurrent. Aujourd’hui, ce compétiteur n’est plus actif, et les rouleaux de papier sont surtout exportés à l’extérieur du Québec et du Canada, aux ÉtatsUnis et en Amérique du Sud. M. Pilon affirme que les entreprises de deuxième et même de troisième transformation s’avéraient plutôt rares dans la région, mais actuellement, ABP Canada a le vent dans les voiles et se mesure aux multinationales dans le secteur de la fabrication de produits de papier telles que Cascades, Kruger et Kimberly-Clark. ABP CANADA
ADOBESTOCK PAR PETER KIM
ADOBESTOCK PAR DET-ANAN SUNONETHONG
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LES PRODUCTIONS BALBUZARD Ce projet de production vidéographique et filmique a d’abord pour objectif d’offrir à plusieurs de ses membres la possibilité de vivre de leur passion artistique, et ce, à temps plein. Les programmes universitaires et collégiaux québécois dans les domaines culturels offrent une formation soutenue à plusieurs étudiants pour qui le marché de l’emploi est moins accessible. « Pour ces jeunes entrepreneurs détenteurs d’un baccalauréat, il a été bénéfique de s’associer avec le CLD et ainsi de recevoir ses services-conseils pour mieux déterminer leur besoin et planifier leurs actions », indique M. Rouleau. Ces jeunes promoteurs ont reçu une subvention en dons et en commandites leur permettant de réaliser plus de 1 000 projets selon les différentes étapes de scénarisation, de tournage, du travail de montage, de correction colorimétrique et au moyen de différentes techniques : animation 2D, animation 3D, design sonore et programmation. LE TRÈFLE NOIR La phase 1 du projet Le Trèfle Noir était de lancer le premier salon de dégustation de bière artisanale à Rouyn-Noranda afin de pouvoir par la suite ouvrir la première microbrasserie en Abitibi-Témiscamingue. Actuellement, Le Trèfle Noir offre une grande variété de bières sur place et dans plus de 250 points de vente au Québec : dépanneurs, épiceries et boutiques de bières spécialisées. L’une des jeunes entrepreneures, Mireille Bournival, souligne à quel point elle apprécie le fait que son équipe ait été encadrée par le CLD à l’égard de certaines inquiétudes quant aux consé quences du déclin de l’entreprise pendant la période de mise en place.
S’ALLIER POUR LA PROSPÉRITÉ
LA BIOMASSE : UNE FILIÈRE ÉNERGÉTIQUE D’AVENIR AU BÉNÉFICE DE LA PROSPÉRITÉ DU QUÉBEC Yves-Thomas Dorval Expert invité
L’industrie forestière est un moteur de développement économique central pour le Québec. Elle constitue une source de retombées diverses dans les milieux où elle est présente et demeure l’un des principaux secteurs exportateurs de la province, à hauteur de 8 G$ par année. Étant donné que presque la moitié du territoire québécois est couvert de forêts, soit environ 760 000 km2, le secteur forestier contribue égale ment au développement de 250 municipalités, dont plus de 100 qui en dépendent entièrement. Mais il a également un impact important sur le dynamisme de Montréal, où les sièges sociaux des entreprises forestières dépensent annuellement autour de 200 M$. Au total, en 2014, l’industrie fournissait environ 61 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects et induits, pour une masse salariale annuelle de 3,1 G$.
Yves-Thomas Dorval est président-directeur général du Conseil du patronat du Québec. Diplômé de l’Université Laval en économie, relations industrielles et relations publiques, il compte plus de trente années d’expérience en affaires publiques et en gestion, tant au Canada qu’en Europe. Il est membre de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec et certifié ASC du Collège des administrateurs de sociétés de même que ARP de la Société canadienne des relations publiques.
Or, pour combler nos besoins énergétiques tout en progressant dans la décarbonisation de l’économie, les filières bioénergétiques qui sont développées au sein de l’industrie forestière peuvent être mises à contribution, notamment pour le chauffage des bâtiments. Dans sa Politique énergétique 2030, le gouvernement du Québec a entre autres mis de l’avant l’utilisation accrue de la biomasse fores tière pour la production d’électricité, une solution d’approvisionnement énergétique peu polluante qui s’inscrit dans sa volonté d’atteindre sa cible ambitieuse et exigeante de réduction d’émissions de gaz à effet de serre par, en outre, une augmentation de 50 % de la production de bioénergie. La biomasse est une ressource naturelle renouvelable que l’on peut trouver abondamment sur le territoire québécois et qui pourrait générer d’importantes retombées économiques. Selon Vision Biomasse Québec, la valorisation de un million de tonnes métriques anhydres de biomasse résiduelle créerait 16 000 emplois. Son exploitation permettrait la consolidation des activités économiques sur le territoire et celle de l’industrie forestière, en favorisant, par la bande, le développement d’un créneau d’affaires complémentaire. De surcroît, le Québec, qui est le plus grand consom mateur de mazout léger au pays, pourrait profiter du remplacement de cette source d’énergie non
renouvelable et polluante par des granules et des plaquettes de biomasse, en utilisant des produits qui dérivent véritablement des « déchets » de la forêt. En fait, si l’homme ne récolte pas ce produit naturel, la nature se chargera de détruire elle-même les surplus sans que les bienfaits économiques et sociaux soient récupérés. Depuis 2013, le Québec a mis au point un modèle de gestion forestière pour tenter de mieux aménager de façon durable son patrimoine forestier et de créer de la richesse au profit des collectivités. Malgré ses bonnes intentions, ce modèle entraîne certaines difficultés pour les entreprises, surtout au chapitre des coûts d’approvisionnement. Contrairement à la croyance véhiculée, le potentiel de production soutenable des forêts au Québec reste sous-utilisé. Plus de 50 millions de mètres cubes autorisés – ce qui correspond à deux ans de récolte – n’ont pas été recueillis entre 2008 et 2013. Dans sa Politique énergétique 2030, le gouvernement du Québec s’est engagé à assurer un développement adéquat de la chaîne d’approvisionnement en biomasse forestière résiduelle pour les entreprises de production et à soutenir toutes les étapes du processus d’innovation des technologies promet teuses de valorisation énergétique de la biomasse afin d’accélérer leur émergence. Le Québec est doublement privilégié, tant par l’ampleur que par la diversité des ressources présentes sur son territoire, et le potentiel de développement économique lié à l’exploitation de la biomasse demeure considérable. Dans le secteur forestier comme pour l’ensemble des industries liées aux ressources naturelles, le gouvernement doit donc se faire l’accompagnateur des promoteurs s’il veut s’assurer que le développement et la croissance de l’expertise de notre secteur forestier se fassent au bénéfice autant des communautés locales et de l’environnement que de la prospérité du Québec tout entier.
1. Vision Biomasse Québec (2015). Nouvelle politique énergétique québécoise – La filière du chauffage à la biomasse forestière résiduelle doit faire partie de la solution. Repéré à www.visionbiomassequebec.org/wp-content/uploads/2015/03/ME15-05-11_Lettre-ouverte-Vision-Biomasse-Qu%C3%A9bec.pdf
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LE SAVIEZ-VOUS ?
AIDE FINANCIÈRE POUR DEUX PROJETS DE LA MRC DE MANICOUAGAN
60 ANS POUR VERREAULT NAVIGATION Le Groupe maritime Verreault célèbre cette année le 60e anniversaire d’existence de sa filiale Verreault Navigation. Tout au long de l’année, plusieurs activités seront déployées afin de mieux faire connaître l’histoire de Verreault Navigation et le rôle important qu’elle a joué dans le développement économique de la région du BasSaint-Laurent et dans tout le Québec.
DES SONDES GYROSCOPIQUES CHEZ TMC TMC fournit maintenant des sondes gyroscopiques innovatrices uniques au monde. Cette nouvelle technologie permet une précision et un gain de forage inégalés. Depuis novembre dernier, Géophysique TMC, situé à Val-d’Or, est le distributeur officiel au Québec et en Ontario pour la compagnie Australienne AXIS Mining Technology.
UN SIMULATEUR MINIER EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE La mine Laronde d’Agnico Eagle a célébré sa cinq millionième once d’or produite dans ses installations de Preissac. Pour l’occasion, Agnico Eagle a mis en place une variété d’activités pour tous, petits et grands. La minière a entre autres installé sur le site un simulateur d’opération d’équipements souterrains.
RIO TINTO FER ET TITANE PRÉVOIT HAUSSER SA PRODUCTION À LA FIN 2016 Malgré un départ lent en 2016, Rio Tinto Fer et Titane a entamé des travaux en vue de réparer un four à son usine de Sorel-Tracy. L’objectif de ces réparations est d’augmenter la capacité de production en 2017.
USINE PILOTE MULTIFONCTIONNELLE DE TRAITEMENT DES MINERAIS À ROUYN-NORANDA
EDF EN CANADA VEND DES INTÉRÊTS DANS LE PARC ÉOLIEN DE LA RIVIÈRE-DU-MOULIN
PRODUITS FORESTIERS RÉSOLU
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Produits forestiers Résolu s’est associé à Marianne St-Gelais, championne mondiale et triple médaillée olympique de patinage de vitesse sur courte piste, pour les saisons 2016 à 2019. « Ce partenariat représente bien les valeurs de Résolu, de même que notre implication auprès des communautés locales », a déclaré Richard Garneau, président et chef de la direction de Résolu, lors d’un événement de presse tenu à Saint-Félicien.
RÉSOLU APPUIE LA CHAMPIONNE DU MONDE DE PATINAGE DE VITESSE MARIANNE ST-GELAIS
Le Centre technologique des résidus industriels, le CTRI, a inauguré cette année son usine pilote multifonctionnelle de traitement des minerais. Le directeur général du CTRI, Hassine Bouafif, précise que l’objectif est de développer des procédés dont l’impact sera minime sur l’environnement. À l’origine, c’est la compagnie d’exploration Matamec qui avait soumis l’idée de mettre sur pied une usine multifonctionnelle.
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Les représentants du Centre de transit minier nordique (CTMN) se sont réunis en assemblée générale annuelle le 17 juin dernier. Ils ont convenu que les opérations du Centre, en expansion depuis l’année 2009, atteignent maintenant leur vitesse de croisière. Outil collectif de développement, l’organisme CTMN inc. est détenu par trois membres : la Ville de Val-d’Or, la Corporation de développement industriel de Val-d’Or et l’Aéroport régional de Val-d’Or.
WIKIMEDIA PAR ZHUYIFEI1999
WIKIMEDIA PAR GILBERTUS
Le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), André Tremblay, a souligné les interventions du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, dans le dossier du bois d’œuvre. « Ses interventions auprès de ses interlocuteurs américains pour rappeler l’importance, pour l’industrie forestière québécoise, d’avoir un libre accès au marché américain, portent des fruits », a déclaré M. Tremblay.
WIKIMEDIA PAR JUDICIEUX
Le 2 septembre dernier, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, ministre responsable du Plan Nord et ministre responsable de la région de la Côte-Nord, Pierre Arcand, a annoncé l’attribution d’une aide financière à deux projets structurants pour la région de la Côte-Nord. Le premier concerne la conception d’une nouvelle unité thermique mobile à la biomasse forestière, tandis que le second touche la production et la transformation de la camerise. « Avec le Plan Nord, nous souhaitons soutenir des projets novateurs et structurants issus des forces vives du territoire nordique », a déclaré le ministre Arcand.
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LE CENTRE DE TRANSIT MINIER NORDIQUE A ATTEINT SA VITESSE DE CROISIÈRE
LE PREMIER MINISTRE COUILLARD FAIT DES GAINS POUR LE QUÉBEC DANS LE DOSSIER DU BOIS D’ŒUVRE
EDF EN Canada a annoncé la conclusion de la vente de 15 % d’intérêts indivis dans le parc éolien de la Rivière-du-Moulin (350 MW) à la MRC de Charlevoix et à celle du Fjord-du-Saguenay (5 %), aux Premières Nations innues de Mashteuiatsh et d’Essipit (5 %) et à la Nation huronne-wendat (5 %). EDF EN Canada conserve 42,5 % des parts en tant que copropriétaire du projet et restera responsable de la gestion du parc éolien.
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Le magazine 49e Parallèle Nord-Sud a pour mission de promouvoir l’activité économique nordique du Québec, principalement dans les secteurs des ressources naturelles, du tourisme, des transports, des infrastructures et de la construction. Il s’adresse aux grands acteurs des secteurs privés et institutionnels, qui œuvrent dans les secteurs couverts par le magazine.
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Cet automne, le président de l’UMQ entreprend sa tournée auprès des élues et élus municipaux et des décideurs économiques de partout au Québec. Il prendra le pouls de l’ensemble des régions et échangera avec les acteurs locaux sur leurs priorités pour stimuler le développement de notre territoire et rendre nos communautés encore plus dynamiques et prospères. Pour plus d’information, rendez-vous au www.umq.qc.ca Bernard Sévigny Président de l’UMQ et maire de Sherbrooke
#TournéeUMQ