Volume Volume 54 –– Numéro Numéro 13
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d’architecture et de construction au Québec
les centres commerciaux au Québec Une adaptation constante
la protection incendie au québec Un univers dynamique aux multiples facettes
ebc Entre génie et construction, les secrets d’une expansion réussie
L’enveloppe du bâtiment Un survol de son évolution
PP 41614528
archives ville de montréal - CA M001 Vm094-y-1-17-D1756-p1
Dossier
Une photographie d’une pompe à incendie de 1904 fonctionnant à la vapeur
La protection incendie au Québec
Un univers dynamique aux multiples facettes Par Michel De Smet, journaliste
Réalisé en collaboration avec la Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie, ce d o s s i e r re l a te d ’ a b o rd l’évolution de la protection incendie et de l’histoire de la profession, puis présente l’histoire, le rôle ainsi que la mission de la Corporation fondée en 1964.
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CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
Une histoire récente L’histoire de la sécurité incendie au Québec commence sous une forme organisée en 1808 lorsque la Ville de Québec acquiert pour la première fois 10 pompes à bras. La première brigade de pompiers volontaires venait de voir le jour dans la province. Il faut attendre 1841 pour que la métropole lui emboîte le pas en mettant sur pied le Département du feu de la Ville de Montréal, également composé de pompiers volontaires. À la suite du grand incendie de 1852 qui a rasé des centaines d’habitations, Montréal décide, en 1863, de créer un corps de pompiers permanents répartis dans huit casernes. La Ville de Québec fait de même trois ans plus tard, aussi à la suite d’un incendie dévastateur qui a détruit plus de 1 200 maisons dans le faubourg Saint-Sauveur et le quartier Saint-Roch. Ce n’est toutefois qu’au milieu des années 1960 que les corps de pompiers vont s’intéresser sérieusement aux causes et aux circonstances responsables de la propagation des incendies. « À partir de ce moment, les services incendie vont prendre en compte les caractéristiques des bâtiments et des matériaux de construction, des équipements d’alarme, de détection incendie et d’autoprotection qui garantissent un accès rapide et sécuritaire aux foyers d’incendie pour les pompiers ou qui permettent une évacuation rapide des occupants », souligne
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Jacques Desrosiers, qui œuvre depuis les années 1970 au sein de l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec (ACSIQ) et qui a notamment été à la tête du Service de sécurité incendie de Saint-Hyacinthe, de 1982 à 2000. À partir de 1995 s’amorce un vaste processus de consultations et de recherches mené par le ministère de la Sécurité publique du Québec qui fait appel à l’ensemble des intervenants en protection incendie. Cette démarche globale aboutira à l’adoption, en juin 2000, de la Loi sur la sécurité incendie. On assiste ainsi à la première réforme majeure qui vise essentiellement à réduire les pertes humaines et matérielles attribuables aux incendies et à accroître l’efficacité des organisations municipales dans ce domaine. La Loi est notamment à l’origine du Schéma de couverture de risques en sécurité incendie qui exige que toutes les municipalités régionales de comté (MRC) soumettent au ministère de la Sécurité publique un document de planification de leur propre processus de gestion de risques. Le Ministère n’a toutefois pas mis en place des
Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Wikimédia Canada – Projet Poirier
Jacques Desrosiers Membre de l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec Chef de la sécurité incendie de Saint-Hyacinthe de 1982 à 2000
Pompiers vêtus de cirés et de casques combattant à l’aide de boyaux l’incendie de la Merck Chemical Co., située au 560, rue De Courcelle à Montréal en 1937
Division de Vipond Inc
Licence RBQ : 8104-4927-00
mesures punitives contre les MRC qui se montreraient récalcitrantes à se doter de leur schéma. « En l’absence d’un bâton, Québec a préféré agiter une carotte qui consiste à mettre toutes les MRC dont le Ministère a approuvé le schéma à l’abri de poursuites que pourraient leur intenter, entre autres, les assureurs. Autant dire que les réfractaires sont rares », fait remarquer Jacques Desrosiers.
Téléphone : 514 695-7070 Télécopieur : 514 695-0311 26A, boulevard Hymus Pointe-Claire (Québec) H9R 1C9 info@protectionincendieroberts.ca
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protection des incendies
Naissance et essor de l’industrie de la protection incendie Technologue en protection incendie, Gilles Carrier, copropriétaire de PGA Experts inc., une firme de consultants en technologies de protection incendie, explique que c’est aux assureurs que revient historiquement le mérite d’avoir amorcé une démarche concrète relative à l’amélioration des moyens de combattre les incendies à l’aide de systèmes de gicleurs automatiques. L’un des chefs de file en la matière est assurément FM Global, basé aux États-Unis dans le Rhode Island, dont la fondation remonte à 1835. « C’est en fait un regroupement d’assureurs qui a mis sur pied une sorte de division d’ingénierie capable de mesurer les risques de dommages aux bâtiments, indique M. Carrier. Il s’agit aujourd’hui d’un réseau mondial qui effectue des tests d’incendie à grande échelle en environnement réel dans plusieurs types de bâtiments, principalement industriels », mentionne-t-il. En 1920, un organisme indépendant appelé Underwriters Laboratories of Canada (ULC) réalise des activités analogues à celles de FM Global. Les observations qui découlent de l’ensemble de ces expériences servent ensuite à enrichir les normes anti-incendie, comme celles contenues dans le Code national du bâtiment au Canada ainsi que dans la National Fire Protection Association (NFPA), une organisation américaine créée en 1896 qui regroupe aujourd’hui pas moins de 75 000 adhérents en protection contre les incendies dans le monde. À ce jour, cette dernière a développé et publié plus de 300 codes et normes qui régissent la conception et l’installation des systèmes de protection contre l’incendie.
Une ancienne alarme de feu Viking
Grinnell-Quartz-Bulb de 1931
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CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
La première installation de gicleurs automatiques remonte à 1852. Elle a été réalisée dans les filatures de la Nouvelle-Angleterre. Il s’agissait en fait d’appareils semiautomatiques, car une intervention humaine était nécessaire pour ouvrir des valves d’approvisionnement en eau. « Il a fallu attendre 12 ans pour que Henry S. Parmalee installe le premier système entièrement automatique dans le but de protéger son usine de pianos implantée au Connecticut. C’est également un Américain, Frederick Grinnell, qui a amélioré l’invention de Parmalee et qui a obtenu un premier brevet d’exploitation en 1881 », explique Richard Dalpé, secrétaire et trésorier de la Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie (CMEICI).
Photographie de la façade du 201, Place d’Youville, à l’intersection de la rue Saint-François-Xavier. L’édifice est alors occupé par Birks, Corner Company, grossiste de produits d’épicerie et importateurs de thés. On aperçoit un amoncellement de plaques de glace au pied d’une borne d’alarme d’incendie
archives ville de montréal - CA M001 Vm098-y-ds-p072
– Gilles Carrier
Apparition des premiers gicleurs
Martin Ujlaki
« C’est en fait un regroupement d’assureurs qui a mis sur pied une sorte de division d’ingénierie capable de mesurer les risques de dommages aux bâtiments. »
Firesafelife.com par Irmilam
Gilles carrier Copropriétaire PGA Experts inc.
d’architecture et de construction au Québec
Photographie de l’échelle aérienne no 44 devant une caserne de pompiers en 1926
archives ville de montréal - CA M001 Vm094-y-1-17-do438
Photographie d’une autopompe du Service des incendies de la Ville de Montréal en 1925
archives ville de montréal - Vm94-Z34-02
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Maurice Lareau, directeur des opérations chez Protection Incendie Viking inc., un entrepreneur en systèmes de détection et en protection incendie, également président de la CMEICI, note que ces trois dernières décennies ont été marquées par l’essor remarquable de l’industrie des gicleurs. « Lorsque j’ai commencé dans la profession, il y a 35 ans, on trouvait sur le marché une trentaine de têtes de gicleurs par fabricant. Aujourd’hui, ce nombre est passé à plus de 300. »
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
Une opinion que partage son concurrent, Marc Demers, directeur des opérations chez Tyco Feu et Sécurité Intégrée, anciennement SimplexGrinnell. Également directeur à la CMEICI, celui-ci explique qu’il existe aujourd’hui sur le marché des gicleurs adaptés à chaque risque d’incendie connu. « De plus, les têtes de gicleurs ont évolué pour se conformer aux goûts des architectes et du public, les rendant autant que possible invisibles au regard tout en augmentant leur efficacité, note ce dernier. Sans compter la concurrence qui est faite aujourd’hui aux systèmes traditionnels par des procédés ayant recours à des agents extincteurs autres que l’eau et dont l’installation se justifie quant aux risques spéciaux. » Maurice Lareau Directeur des opérations Protection incendie Viking inc.
Président de la Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie
AU SERVICE DE NOTRE INDUSTRIE DEPUIS PLUS DE 25 ANS 1935, boulevard Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N8
Tél. : 450 430-7031 Téléc. : 450 430-9170
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protection des incendies
La Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie
Bâtir une identité forte La Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie (CMEICI) a vu le jour en 1964. Avant cette date, la majorité des entrepreneurs québécois de l’industrie de la protection contre l’incendie était représentée au sein de la Canadian Automatic Sprinkler Association (CASA).
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CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
La Corporation est née de la volonté des membres québécois de se donner une identité propre. « À l’époque, nous sentions le besoin de nous regrouper afin de mieux faire valoir nos intérêts. Cela dit, nous gardons des liens étroits avec la CASA, car presque tous nos membres qui ont des activités professionnelles hors du Québec font partie des deux organisations », explique Richard Dalpé, secrétaire et trésorier de la CMEICI. Porte-parole de son industrie, la Corporation est considérée par le ministère de la Sécurité publique comme la représentante par excellence de l’industrie des gicleurs automatiques. À ce titre, elle s’implique en permanence dans la sensibilisation des décideurs pour qu’ils prennent des mesures favorisant l’installation de gicleurs. Elle remplit également un rôle de guide pour ses membres afin de leur indiquer les exigences légales auxquelles ils sont assujettis ainsi que l’application des normes les plus élevées dans la conception et l’installation des systèmes de protection contre l’incendie. À cet effet, elle importe et diffuse la version française des manuels de la National Fire Protection Association (NFPA).
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d’architecture et de construction au Québec
JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER
« Même si l’envergure de notre organisation peut sembler modeste, nous n’avons pas épargné nos efforts pour développer sa visibilité. Par exemple, en 1987, nous avons obtenu que les appels d’offres relatifs aux systèmes de gicleurs ne soient plus inclus dans la section plomberie, afin que cette partie du contrat revienne exclusivement à nos membres. » De gauche à droite, en arrière, Ron Cornelow, directeur de la CMEICI et directeur général de Gicleur Moderne inc., Richard Dalpé, secrétaire et trésorier de la CMEICI, Stéphane Massie, directeur représentant les membres associés de la CMEICI et vice-président exécutif chez Vézina Assurances inc., Gilles Lafrance, directeur de la CMEICI et président de Protection Incendie Idéal inc., Gaétan Paré, directeur de la CMEICI et directeur des ventes de Protection Incendie Roberts inc., en avant, Pierre Péloquin, vice-président de la CMEICI et président de Les Gicleurs Acme ltée, Maurice Lareau, président de la CMEICI et directeur des opérations de Protection Incendie Viking inc., Marc Demers, directeur de la CMEICI et directeur des opérations de Tyco Feu et Sécurité Intégrée
– Maurice Lareau
Organisation de taille réduite en raison de la haute spécialisation de son secteur d’activité, la CMEICI compte 10 membres qui représentent toutefois 75 % des heures travaillées dans l’industrie de la prévention incendie. Elle regroupe également 24 membres associés, essentiellement des distributeurs et des consultants. « Même si l’envergure de notre organisation peut sembler modeste, nous n’avons pas épargné nos efforts pour développer sa visibilité. Par exemple, en 1987, nous avons obtenu que les appels d’offres relatifs aux systèmes de gicleurs ne soient plus inclus dans la section plomberie, afin que cette partie du contrat revienne exclusivement à nos membres », mentionne Maurice Lareau, président de la CMEICI et directeur des opérations chez Protection Incendie Viking inc. Dans le même ordre d’idées, la Corporation, en partenariat avec le Local 3 (réfrigération-climatisation et protection incendie) de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), a obtenu après de longues procédures que le Commissaire de l’industrie de la construction statue sur le fait que l’ensemble des travaux d’installation des systèmes de protection incendie relève de la compétence exclusive des mécaniciens en protection incendie. La Corporation s’implique également dans le dossier de la formation. Elle a notamment travaillé de pair avec la Commission de la construction du Québec (CCQ) dans le cadre de la mise à niveau des examens pour devenir compagnons. Par ailleurs, au cours de l’été 2010, la CMEICI a activement collaboré, conjointement avec la CCQ et le Local 3 de la FTQ, à la mise sur pied d’une école mobile. Cette unité, qui dispose d’une salle de cours et d’équipements à la fine pointe de la technologie, parcourt la province afin de parfaire les connaissances des mécaniciens en protection incendie. Nous vous invitons à lire l’article sur l’évolution de l’industrie, dans la section Innovations et perspectives d’avenir, p. 10.
CONCEPTION DE PLANS ET DESIGN FABRICATION DE SYSTÈMES DE GICLEURS INSTALLATION DE SYSTÈMES DE GICLEURS MODIFICATION ET RÉPARATIONS DES SYSTÈMES DE GICLEURS DÉJÀ EN PLACE INSPECTION ET ENTRETIEN DES SYSTÈMES DE GICLEURS INSTALLATION, RÉPARATION ET VÉRIFICATION DE DISPOSITIFS ANTI-REFOULEMENT INSTALLATION ET ENTRETIEN DES SYSTÈMES À AGENTS SPÉCIAUX D’EXTINCTION VENTE D’EXTINCTEURS
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gicleursdunord.com CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION
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