Champions de la construction volume 5 - numéro 1

Page 1

Volume 5 – Numéro 1

Une championne

de la construction

Innovations et perspectives d’avenir en construction commerciale et industrielle

Marie-Claude Houle Présidente et chef de la direction d’EBC inc.

PP 41614528


Notre siège social est à

LAVAL GATINEAU

mais nous avons une nouvelle succursale à

pour vous servir

Notre force, c’est notre équipe !

324 D, Chemin industriel Gatineau (Québec) J8R 3N9 819 669-1335

5000, rue Bernard-Lefebvre Laval (Québec) H7C 0A5 450 665-1335

bernardmnj.com


JBC MÉDIA PAR alain lambert

MOT DE LA RÉDACTION

Nathalie Savaria

Sous le signe de l’innovation Bien entendu, vous l’avez déjà remarqué, le magazine ne se présente pas comme à l’ordinaire. Ce numéro spécial de Champions de la construction est en effet tête-bêche, une expression employée couramment en édition pour décrire un contenu présenté côte à côte en sens inverse. Cette approche nous permet de vous offrir des articles complémentaires et d’approfondir des sujets qui le méritent. Selon vos goûts et vos préférences, vous pouvez commencer par la partie historique et vous plonger ensuite dans la partie sur l’innovation, ou faire le contraire, mais rien ne vous empêche d’alterner la lecture à votre guise ! Dans cette partie consacrée à l’innovation, nous présentons un dossier intitulé Innovations et perspectives d’avenir en construction commerciale et industrielle. Alors que les fermetures de bannières connues se succèdent au Québec, on peut s’interroger sur l’avenir des centres commerciaux. Si la brique et le mortier ne sont pas près de disparaître, Léopold Turgeon, PDG du Conseil québécois du commerce de détail, croit cependant que les centres commerciaux doivent revoir le modèle d’affaires traditionnel mis à mal par la montée irrésistible du commerce en ligne. En complément à l’histoire de la protection incendie, nous explorons les différentes innovations dans le domaine. Puis, Marie-Claude Houle, présidente d’EBC et femme d’exception, nous parle de son parcours ainsi que des perspectives d’avenir de son entreprise, l’une des plus importantes dans le secteur de la construction au Québec. Dans notre article sur les bâtiments intelligents en page 21, nous dressons l’inventaire des dernières avancées technologiques, tout en nous interrogeant sur la face cachée de l’innovation. En prime, nous vous présentons deux bâtiments exemplaires situés dans la région de Québec. Enfin, vous verrez comment l’enveloppe du bâtiment associe aujourd’hui performance et efficacité énergétique. À tous les friands d’histoire ou d’innovation, ou des deux, je souhaite une bonne lecture ! Nathalie Savaria Rédactrice en chef et éditrice déléguée

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

3


Sommaire Volume 5 - numéro 1 Printemps 2015

w w w. j b c m e d i a . c a Le magazine Champions de la construction commerciale et industrielle est publié par JBC Média inc. 2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9

Innovations et perspectives d’avenir en construction commerciale et industrielle

6 les centres commerciaux à l’ère du commerce en ligne La brique et le mortier ne sont pas près de disparaître ! Par Nathalie Savaria

Téléphone  : 450 670-7770 Sans frais  : 1 866 446-3185 Télécopieur  : 450 670-7771 info@jbcmedia.ca

PRÉSIDENT ET éditeur  Jacques Boisvert RÉDACTRICE EN CHEF ET ÉDITRICE DÉLÉGUÉE  Nathalie Savaria

10

Équipe de rédaction  Serge Beaucher, Michel De Smet, Suzanne Gagné Johanne Landry et Nathalie Savaria Révision et correction d’épreuves Christine Barozzi, Catherine Faucher et Anne-Marie Trudel directrice artistique­ Carole Bordeleau infographiste  Sandrina Villeneuve

15

conseillers en publicité Montréal Maude Lafleur Edith Lajoie Souk Vongphakdy Québec Madeleine Blain

Responsable de la capitale nationale et des régions

418 317-0669 ADMINISTRATION  Catherine Faucher, adjointe au président et directrice des opérations photos en page couverture  © Édifice de La Capitale – Pub Photo © Marie Claude Houle – JBC Média par France Quirion photographes Denis Bernier, Alain Lambert et France Quirion envoi de poste — publications  Convention no PP 41614528 adresse de retour  2120, avenue Victoria, bureau 140 Longueuil (Greenfield Park) QC J4V 1M9 abonnements  www.jbcmedia.ca Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2011. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur. Si elle est acceptée, elle doit indiquer clairement la source de la façon suivante : Tiré du magazine Champions de la construction commerciale et industrielle. Le nom de l’auteur et / ou du photographe doit également apparaître.

ISSN 1927-5765

4

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

21 24 26 28 32

la protection incendie au québec Quand les risques deviennent porteurs d’innovation Par Michel De Smet

Marie-Claude Houle, présidente et chef de la direction d’EBC inc. Une championne de la construction Par Serge Beaucher

Technologie solaire, cycle de vie et bâtiments producteurs d’énergie Cap sur l’innovation… et coup d’œil sur sa face cachée Par Suzanne Gagné

Des bâtiments exemplaires Par Serge Beaucher

Édifice fondaction CSN à québec Du bois et du génie Nouveau siège social de la capitale Intégration architecturale réussie L’enveloppe du bâtiment perspectives d’avenir Par Johanne Landry

Nouvelles des champions


Innovations et perspectives d’avenir

nic lehoux

en construction commerciale et industrielle

Le Bullitt Center, à Seattle, est le premier grand bâtiment à respecter les normes rigoureuses de la certification internationale Living Building Challenge. Autonome en eau et en énergie, il est conçu pour avoir une durée de vie de 250 ans

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

5


Les centres commerciaux à l’ère du commerce en ligne

La brique et le mortier ne sont pas près de disparaître !

Par Nathalie Savaria

C’est ce qu’affirme en entrevue Léopold Turgeon, présidentdirecteur général du Conseil du commerce de détail du Québec. « Les gens ont besoin de voir, de sentir et de communiquer. Mais le modèle d’affaires traditionnel des centres commerciaux doit être repensé », dit-il. Voici pourquoi. Au moment où les fermetures de bannières connues se succèdent au Québec, on peut s’interroger sérieusement sur l’avenir des centres commerciaux. Pourtant, comme le rapporte Léopold Turgeon, « alors que l’on s’attendait à une croissance d’à peine 1 %, les ventes au détail ont progressé de 2,6 % au Québec en 2014 », la plus faible au Canada, faut-il le préciser. « Ce que cela signifie, c’est que le consommateur est au rendez-vous », ajoute M. Turgeon. Toutefois, Internet modifie de plus en plus les habitudes de consommation : « Le consommateur est branché, plus informé et magasine davantage sur sa tablette, sur son téléphone intelligent. » Si les achats en ligne du commerce de détail ne représentent pour l’instant que de 2,5 à 3 % des ventes, « l’ensemble du commerce électronique est en progression partout, de l’ordre de 20 à 25 % par année, indique le PDG. Pour les détaillants,

6

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

Léopold Turgeon Président-directeur général Conseil québécois du commerce de détail


carbonleo

Une vue nocturne du quartier DIX30

le commerce en ligne représente désormais une avenue incontournable pour augmenter leurs ventes. C’est là que se trouve le consommateur. C’est la même chose pour les centres commerciaux ». Combinée à la hausse des loyers, la montée du commerce en ligne a un impact certain sur les centres commerciaux. « La réduction des superficies occupées au profit de la vente en ligne est une tendance lourde dans le commerce de détail, observe Léopold Turgeon, tout comme l’apparition de détaillants au sein d’autres détaillants occupant le même espace. »

Un modèle d’affaires à réinventer

« Ils doivent d’abord se rapprocher de la communauté, qui englobe aussi celle des détaillants. Il faut arrêter de regarder les locateurs comme des pourvoyeurs de pieds carrés et établir une relation avec eux. La pression sur le coût des loyers est énorme pour les détaillants. Les centres commerciaux doivent remodeler leur vision d’affaires sous l’angle d’un partenariat », soutient M. Turgeon. En clair, une stratégie s’impose.

istock par Eva Katalin Kondoros

À l’ère d’Internet et du commerce électronique, l’heure est donc venue pour les centres commerciaux de se réinventer. Mais comment ?

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

7


centres commerciaux

« Afin d’encourager l’appropriation des nouvelles technologies chez ses détaillants, un centre commercial pourrait par exemple leur offrir un crédit de 5 000 $ sur le bail. »

Le lounge Internet au Mail Champlain de Brossard

Une bonne façon pour les centres commerciaux de se rapprocher de la communauté est d’utiliser Facebook pour promouvoir les marques et les produits des détaillants et se montrer proactifs et innovants. « Afin d’encourager l’appropriation des nouvelles technologies chez ses détaillants, un centre commercial pourrait par exemple leur offrir un crédit de 5 000 $ sur le bail », suggère Léopold Turgeon. Il donne un autre exemple concret : pour contrer la concurrence de sites en ligne comme Amazon, « on pourrait réserver un local dans un centre commercial pour l’ensemble des marchands qui offrent un service d’envoi aux consommateurs.

8

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

mail champlain

– Léopold Turgeon

Le centre commercial deviendrait une destination unique pour aller chercher la marchandise. » Par ailleurs, « les centres commerciaux ont trop misé sur l’unicité, estime Léopold Turgeon. Les centres commerciaux du futur devront se différencier, ramener la fête, le divertissement et la proximité avec la communauté ». Le Premium Outlets® Montréal à Mirabel et le Quartier DIX30 à Brossard constituent, selon M. Turgeon, deux exemples de concept qui connaissent beaucoup de succès.

S’adapter ou périr ? Tous ces changements laissent-ils présager la disparition de certains types de centres commerciaux ? « Les centres commerciaux suprarégionaux vont trouver preneur pour leurs locaux. Pour les centres commerciaux régionaux, ce sera plus difficile de combler une surface de 150 000 pi2. Ils devront revenir à ce qu’ils étaient il y a 30 ou 40 ans, c’est-à-dire des centres de proximité, offrant un mélange de commerces et de services. Encore là, ils devront miser sur la communauté, sur les vrais clients potentiels. Avec les médias sociaux par exemple, il est très facile aujourd’hui d’atteindre les consommateurs », déclare le PDG.


centres commerciaux

Le Premium Outlets® Montréal à Mirabel

ans

premium outlets® montréal

L’histoire d’une évolution constante Malgré le contexte actuel difficile, Léopold Turgeon croit que la brique et le mortier ne sont donc pas près de disparaître. « Au fil des décennies, le commerce de détail s’est adapté. Faisons un peu d’histoire. Il y a d’abord eu la rue principale, puis les La Baie et Eaton. Ensuite sont apparus les centres commerciaux, les mégacentres puis les lifestyle centers à la DIX30. Aujourd’hui, c’est Internet le compétiteur, la mondialisation. Pourtant, le chiffre d’affaires continue d’augmenter et la bonne nouvelle, c’est que le consommateur est toujours au rendez-vous. » Nous vous invitons à lire notre reportage sur l’histoire des centres commerciaux au Québec, dans la section 125 ans d’architecture et de construction au Québec, p. 6.

PLANCHERS MINCES

Bénéficiez d’un étage additionnel dans votre prochain immeuble!

DELTABEAM

DALLE PRÉFABRIQUÉE

Dalle évidée en béton

Profilé en I conventionnel

1-888-PEIKKO-1

STUD RAILS

DALLE COULÉE SUR PLACE

Dalle coulée sur place

Panneau surbaissé

www.peikko.ca CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

9


La protection incendie au Québec

Quand les risques deviennent porteurs d’innovation Par Michel De Smet, journaliste

Réalisé en collaboration de la Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie, ce dossier met l’accent, en première partie, sur les plus récentes innovations en matière de protection incendie. Dans une seconde partie, des catastrophes comme celle de L’ I sle-Verte montrent à la fois la nécessité d’améliorer la sécurité incendie et la formation pour les pompiers.

10

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

istock par adventtr

Dossier


protection incendie

Système d’extinction en action au pourtour d’un transformateur électrique

Ces systèmes traditionnels sont concurrencés aujourd’hui par des appareils qui font peu appel à l’eau, voire pas du tout, comme agent extincteur, mais qui utilisent plutôt du gaz, de la mousse ou de la poudre. « Les ventes associées à ces techniques, qui accaparent aujourd’hui de 15 à 20 % du marché, ont connu une progression remarquable, estime Marc Demers. Leur croissance a été particulièrement considérable ces cinq dernières années. Comme il s’agit de systèmes plutôt complexes, j’aurais tendance à dire que plus la taille de nos entreprises dans notre secteur est importante, plus la part de leurs revenus attribuables à ce type de systèmes est grande. »

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

Marc Demers, directeur des opérations chez Tyco Feu et Sécurité Intégrée, auparavant SimplexGrinnell, évalue à plus de 80 % la proportion de systèmes de protection incendie au Canada qui utilisent exclusivement l’eau comme agent extincteur. Leur fonctionnement se résume généralement à un réseau de tuyauterie ; dès que l’eau se met à couler en abondance, un dispositif électronique installé à l’entrée du bâtiment détecte cet appel d’eau et envoie un signal à un panneau de contrôle qui sonne l’alarme dans l’immeuble et, le plus souvent, relaie cette information vers une centrale de pompiers. Marc Demers Directeur des opérations Tyco Feu et Sécurité Intégrée

Le choix de ne pas recourir à l’eau pour circonscrire un incendie s’explique aisément dans la mesure où il permet de garder intacts des biens qui seraient lourdement endommagés par le déversement d’eau nécessaire à éteindre le feu. Ces systèmes répondent à des besoins pour certains secteurs de l’activité économique qui doivent composer avec des risques spéciaux. « Il faut toutefois comprendre que l’utilisation de gaz inertes – donc non inflammables – qui ont pour effet de réduire rapidement la quantité d’oxygène dans un local fermé, permettant ainsi d’éteindre le début d’incendie, protégera la partie la plus névralgique du bâtiment, comme une salle d’ordinateurs. Le reste de la construction devra de toute manière être protégé par un système de gicleurs traditionnel », explique Gilles Carrier, copropriétaire de PGA Experts inc., une firme de consultants pour la protection incendie.

Gilles carrier Copropriétaire PGA Experts inc.

CONCEPTION DE PLANS ET DESIGN FABRICATION DE SYSTÈMES DE GICLEURS INSTALLATION DE SYSTÈMES DE GICLEURS MODIFICATION ET RÉPARATIONS DES SYSTÈMES DE GICLEURS DÉJÀ EN PLACE INSPECTION ET ENTRETIEN DES SYSTÈMES DE GICLEURS INSTALLATION, RÉPARATION ET VÉRIFICATION DE DISPOSITIFS ANTI-REFOULEMENT INSTALLATION ET ENTRETIEN DES SYSTÈMES À AGENTS SPÉCIAUX D’EXTINCTION VENTE D’EXTINCTEURS

421, rue du Moulin, Barraute (Québec) J0Y 1A0 | 819 734-6315 |

gicleursdunord.com CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

11


protection incendie

Celui-ci fait remarquer que ces systèmes sont toutefois onéreux et que leur installation se justifie lorsqu’il s’agit de protéger l’intégrité de biens de grande valeur comme des salles informatiques, d’archives ou encore des musées. Pour Marc Demers, la croissance actuelle pour ce genre de solution anti-incendie s’explique par la forte demande de protection pour des centres de stockage de données liés au développement rapide du phénomène de l’infonuagique (cloud computing). Selon lui, la recherche dans ce domaine est particulièrement dynamique. Le défi consiste en particulier à développer des gammes de gaz toujours plus efficaces tout en étant inoffensifs pour l’environnement et la santé humaine. Il suffit de se rappeler que certains de ces gaz, tel l’halon, sont aujourd’hui interdits en raison des CFC qu’ils contiennent et des dégâts qu’ils occasionnent à la couche d’ozone. Par ailleurs, puisque ces gaz agissent en raréfiant l’oxygène contenu dans le milieu ambiant, les fabricants se doivent de régler les bons dosages pour ne pas abaisser le taux d’oxygène au point de mettre en péril la santé des personnes se trouvant sur les lieux. Selon Marc Demers, il existe cependant des options efficaces et plus économiques que le recours aux gaz inertes, par exemple les systèmes de brumisation. La formule consiste à pulvériser de l’eau en quantité relativement faible, mais sous forte pression, créant une sorte de brume qui abaisse rapidement la température ambiante. Elle est mieux connue sous les noms commerciaux de VortexMD et de High-FogMD, deux produits ayant des modes d’action similaires. « Cette technique demande toutefois des installations, principalement des tubes et des buses, en quantité importante. Ce qui pourrait en faire une option inesthétique aux yeux des architectes si ces équipements ne sont pas dissimulés dans des plafonds suspendus. Cette méthode demeure toutefois un choix intéressant pour des bâtiments industriels », note Gilles Carrier. 12

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

Tête de gicleur

Tête de gicleur pratiquement invisible installée dans un local commercial (voir la flèche rouge)

Autres substituts à l’eau La mousse comme agent d’extinction constitue quant à elle une solution particulièrement indiquée pour protéger des hangars d’avions et tous les lieux de stockage de substances inflammables comme les hydrocarbures et les alcools industriels. La mousse agit en enveloppant rapidement toute la hauteur du stockage et éteint le feu en le privant d’air. Finalement, l’utilisation de la poudre est en général réservée à de petits systèmes particuliers liés surtout à la restauration. Il s’agit d’un petit réservoir contenant de la poudre sous pression placé à proximité immédiate d’une hotte de cuisine commerciale. Si un feu se déclenche, le gicleur libère aussitôt la poudre sur les appareils de cuisson tout en stoppant l’alimentation en gaz ou en électricité. La préoccupation sans cesse grandissante pour les risques spéciaux a aussi dynamisé l’innovation au chapitre des détecteurs de fumée. À preuve, la popularité actuelle des systèmes à préaction. Mieux connus sous le nom commercial de VESDAMD (Very Early Smoke Detector Apparatus), ces derniers agissent en deux temps. Ils fonctionnent en mode continu en aspirant l’air et en l’analysant. Si une anomalie est décelée, un signal est automatiquement envoyé, ce qui déclenche un avertissement précoce de présence de fumée. Par ailleurs, Maurice Lareau fait remarquer que les systèmes qui répondent aux besoins des risques spéciaux présentent également un intérêt environnemental indéniable : « Aujourd’hui, grâce à ces types de procédés, il est possible de réduire considérablement la quantité d’eau nécessaire pour éteindre l’incendie. Par conséquent, une fois le feu éteint, il y aura moins d’eaux usées à traiter sur les lieux du sinistre pour rétablir un environnement sain. » Celui-ci souligne également que les systèmes qui ont recours à un agent extincteur autre que l’eau peuvent s’avérer la seule solution viable pour protéger des actifs situés en régions éloignées où la ressource en eau, qualitativement et quantitativement, est pauvre. Il suffit de penser aux zones nordiques confrontées au pergélisol, un sol dont il est presque impossible d’extraire l’eau.


protection incendie

L’actualité peut parfois être porteuse du pire et du meilleur. Le rapport du coroner Cyrille Delâge, rendu public le 12 février dernier, ravive le souvenir des événements tragiques survenus le 23 janvier 2014 à la Résidence du Havre, une habitation pour personnes âgées, à L’Isle-Verte, qui a entraîné la mort de 32 personnes.

dernier, à peine quelques jours après le dépôt du rapport, Québec annonçait par la voix de son ministre du Travail, Sam Hamad, qu’il rendrait obligatoire, au cours des cinq prochaines années, l’installation de gicleurs dans les résidences privées pour aînés déjà construites. Seuls les bâtiments d’un étage abritant huit logements et les résidences unifamiliales logeant un maximum de neuf personnes en seront exemptés. Rappelons que présentement le Code national du bâtiment exige que toutes les nouvelles constructions pour les personnes vulnérables soient équipées de gicleurs. En ce qui concerne les immeubles construits avant 1997, il n’existe aucune obligation relative à l’installation de gicleurs. Or, c’est précisément dans la partie la plus ancienne de la Résidence du Havre, construite avant cette date, que les résidants sont décédés. istock par TheImageArea

Toutefois, le rapport contient des pistes de solution qui sont de nature à bonifier considérablement la sécurité incendie au Québec. Très rapidement, le 17 février

« C’est notre dossier prioritaire. On accueille évidemment avec grande satisfaction la volonté gouvernementale d’aller de l’avant à ce chapitre », déclare

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

dossier d’actualité

Maurice Lareau Président de la Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie Directeur des opérations Protection Incendie Viking inc.

Maurice Lareau, président de la Corporation des maîtres entrepreneurs en installations contre l’incendie (CMEICI) et directeur des opérations chez Protection Incendie Viking inc.

AU SERVICE DE NOTRE INDUSTRIE DEPUIS PLUS DE 25 ANS 1935, boulevard Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N8

Tél. : 450 430-7031 Téléc. : 450 430-9170

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

13


protection incendie

Coup de pouce

à la formation des pompiers Le rapport Delâge souligne par ailleurs des lacunes dans la formation des pompiers qui sont intervenus sur les lieux du sinistre. Mentionnons que la province compte quelque 23 000 pompiers. De ce nombre, 17 800 sont des pompiers volontaires ou à temps partiel. Tous, peu importe leur statut, sont soumis à la Loi sur la sécurité incendie.

« La densité de population dans les grandes agglomérations fait en sorte que certains types d’intervention sont plus complexes. Toutefois, les risques encourus demeurent presque identiques, que l’on soit pompier à temps plein, à temps partiel ou volontaire », explique Jacques Proteau, directeur général de l’École nationale des pompiers du Québec (ENPQ). Cet établissement est le seul dans la province à pouvoir valider les formations de tous les pompiers. Dans ce cas également, les choses commencent à bouger. À la mi-décembre 2014, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, a annoncé la mise sur pied d’un programme de 19,5 M$ étendu sur cinq ans pour la formation des pompiers volontaires et à temps partiel. Cette nouvelle est reçue avec enthousiasme par Gilles La Madeleine, directeur général de l’Association des chefs de services d’incendie du Québec (ACSIQ). « Cette enveloppe budgétaire devrait donner un bon coup de pouce aux pompiers volontaires et à temps partiel qui sont souvent accaparés par leur fonction professionnelle quotidienne, ce qui leur laisse peu de temps

gilles la madeleine Directeur général Association des chefs de services d’incendie du Québec

Division de Vipond Inc

14

École mobile de formation pour les mécaniciens en protection-incendie

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

Licence RBQ : 8104-4927-00

disponible pour les activités de formation », note-t-il. Par ailleurs, le rapport Delâge incite les autorités en milieu urbain et rural à procéder au regroupement de leurs services de sécurité incendie en vue d’une action simultanée sous une même direction. Or, quelques jours avant le dépôt du rapport, Champions de la construction interrogeait Gilles La Madeleine sur les leçons qu’il tirait de la tragédie de L’Isle-Verte : « Il faudrait que les services incendie se regroupent, déclarait-il. Cela leur donnerait une force de frappe importante et immédiate pour combattre le feu. » Voilà donc le souhait du directeur général de l’ACSIQ exaucé. Du moins sur papier, car, comme le souligne Maurice Lareau, un rapport de coroner ne devient réalité que si la volonté politique d’y donner suite se manifeste. Nous vous invitons à lire notre reportage sur l’évolution de la protection incendie au Québec, dans la section 125 ans d’architecture et de construction au Québec, p. 12.

Téléphone : 514 695-7070 Télécopieur : 514 695-0311 26A, boulevard Hymus Pointe-Claire (Québec) H9R 1C9 info@protectionincendieroberts.ca


Marie-Claude Houle, présidente et chef de la direction d’EBC inc.

Une championne de la construction Par Serge Beaucher, journaliste

JBC MÉDIA PAR france quirion

Après avoir pris la relève de son père à la barre d’une entreprise bien établie, en 1999, Marie-Claude Houle a conduit EBC dans le peloton de tête des compagnies québécoises de construction. Rencontre avec une championne.

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

15


ENTREVUE

Pour les besoins de la photo, elle prend la pose… avec une élégance toute naturelle qui respire l’aisance et la confiance en soi. Manifestement, Marie-Claude Houle est une femme bien dans sa peau. Maman deux fois, toujours sportive, elle s’est récemment mis le Kilimandjaro dans les mollets. Et elle assume aussi très bien sa fonction de présidente et chef de la direction d’EBC inc., une entreprise de 1 500 employés, dont le volume d’affaires dépasse le demi-milliard de dollars annuellement et dont la gestion réclame autant d’énergie et de détermination que l’ascension du plus haut sommet africain. « Les soubresauts n’ont pas manqué depuis que j’ai pris les rênes voilà 16 ans, confie Mme Houle, mais la compagnie a toujours progressé. » Au point de devenir l’une des trois plus importantes dans son domaine au Québec et parmi les 15 leaders au Canada. Ces dernières années, en effet, le logo d’EBC a été visible aussi bien sur les grands chantiers d’Hydro-Québec, comme La Romaine encore aujourd’hui, que le long de plusieurs routes et infrastructures routières en construction et sur les sites d’érection de grands bâtiments publics ou privés. En outre, plusieurs tours de logements en copropriété construites par EBC dominent aujourd’hui le centre-ville de Montréal, sans parler des parcs d’éoliennes qui poussent un peu partout avec le concours de l’entreprise et de plus en plus de chantiers qui profitent de l’expertise d’EBC ailleurs au Canada. Dans les mines, où la compagnie a aussi JeanGuyRobert_7x2 25.pdf

1

F E R

Sportive accomplie, Marie-Claude Houle a récemment gravi le Kilimandjaro – une ascension de six jours du plus haut sommet africain – avec une trentaine de personnes, dans le cadre d’une activité au profit de la Fondation Gilles Kègle, de Québec

un pied, c’est plus difficile présentement étant donné la baisse du prix du fer. Mais EBC lorgne déjà de gros contrats d’infrastructures à Montréal comme le pont Champlain, ainsi que la construction de pipelines.

Ingénieure comme son père Née en 1963, à Québec, d’un père ingénieur et d’une mère avocate devenue juge, Marie-Claude Houle est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Son frère Martin et sa sœur Esther choisiront le droit comme leur mère, Thérèse Rousseau-Houle, aujourd’hui retraitée. Quant à François, le benjamin, et Marie-Claude, ils seront ingénieurs comme leur père Fernand, décédé en 2010. Avec Martin, ils suivront aussi les traces de leur père dans l’entreprise qu’il a fondée en 1968 avec l’oncle Germain. Enfance heureuse dans une famille où le travail a valeur d’exemple, mais empreinte d’une liberté qui laisse beaucoup d’espace à Marie-Claude pour s’adonner à une foule d’activités : « J’étais très sportive, raconte-t-elle. Toujours dehors, je faisais du patin, de la bicyclette, de la natation et j’adorais le ski, encore mon sport préféré. J’ai aussi fait du hand-ball de compétition, au secondaire et au collégial. » À la maison, on parle beaucoup construction à table, d’autant plus que Thérèse en a fait sa spécialité, en droit. Et il n’est pas rare que Fernand emmène la famille visiter des chantiers. « Nous pouvions y voir le résultat tangible de son travail. C’était son entreprise qui bâtissait cela ! »

13-10-29

15:17

O R N E M E N TA L

JEAN-GUY ROBERT

MÉTAUX OUVRÉS ET STRUCTURE D’ACIER commercial, industriel, institutionnel et privé Bureau canadien de soudage (division 2.1)

SYLVAIN ROBERT Vice-président

385, chemin Principal Saint-Mathieu-de-La Prairie (Québec) J0L 2H0 Tél. 450 632-7630 • Cell. 514 951-3589 Téléc. 450 632-9992 jgrobert@qc.aira.com

16

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

INC.


MARIE-CLAUDE HOULE

Après un passage en sciences pures au cégep de Sainte-Foy, vient l’heure du choix universitaire pour Marie-Claude : « Je n’ai jamais pensé au droit, avoue-t-elle, mais j’étais tentée par l’administration. » C’est son père qui l’en dissuade : « De l’administration, tu vas toujours pouvoir en faire n’importe où; pourquoi ne pas choisir quelque chose de plus spécifique ? » L’étudiante s’inscrit donc en génie civil à l’Université Laval, attirée par le côté concret et dynamique du métier d’ingénieur : « Cela correspondait bien à la fille d’action que j’ai toujours été. » Les deux premières années difficiles du bac n’auront pas entamé son énergie, qui la pousse même à s’impliquer dans les Concours sciences et génie de l’université et à s’intéresser de façon plus particulière à la conception des ponts et autres ouvrages de béton.

Dans le bâtiment Mais Mme Houle n’aura jamais l’occasion de réaliser elle-même ses conceptions ni d’exercer sa profession d’ingénieure. À sa sortie de l’université, en 1986, la jeune diplômée cogne sans succès aux portes de quelques firmes de génie, avant d’aller finalement frapper… chez EBC. Le seul emploi disponible à ce moment est celui de gérant adjoint de projets dans la division Bâtiment, qui se transforme bientôt en poste de gérant. « Ce sont les chefs de chantier qui m’ont appris le métier, admet-elle sans fausse humilité. Dans un cours de génie, on n’apprend pas tout et, comme je ne suis pas une manuelle, je n’avais jamais construit ni maison ni garage. » Mais elle n’a pas peur de poser des questions, et ses collègues font preuve de beaucoup d’ouverture. Est-ce quand même difficile pour une jolie femme de 23 ans de se promener sur les chantiers avec un chapeau blanc ? « Il m’est arrivé d’être sifflée, se rappelle-t-elle. Et, une fois, un sous-traitant m’a suggéré de retourner à mes chaudrons. Mais c’était lui, le chaudron! Il travaillait mal, et je le lui avais dit. »

« Il m’est arrivé d’être sifflée. Et, une fois, un sous-traitant m’a suggéré de retourner à mes chaudrons. Mais c’était lui, le chaudron ! Il travaillait mal, et je le lui avais dit. » – Marie-Claude Houle

embauche, fermeture de soumissions les soirs et les fins de semaine, recherche de clients, suivis de projets… ». En plus, le marché n’est pas excellent, dans cette période, et Mme Houle est depuis peu une mère monoparentale avec deux jeunes garçons à la maison. « La conciliation travail-famille, j’ai bien connu cela ! » Petit intermède, dans tous ces mandats : pendant près de deux ans, l’ingénieure retourne sur les bancs de l’Université Laval pour s’offrir une maîtrise en administration des affaires (MBA), qu’elle mettra rapidement à profit chez EBC pour y implanter un système de gestion de la qualité encore en vigueur aujourd’hui.

Puis s’enchaînent les mandats : directrice de la qualité, adjointe au vice-président Construction et directrice de la division Bâtiment, « certainement le poste le plus difficile que j’aie occupé avant la présidence. J’avais la responsabilité de tout : 3_Groupe Lessard_1-3_photo.pdf

1

2015-01-30

14:26

2025, boulevard Dagenais Ouest Laval (Québec) H7L 5V1

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

17


ENTREVUE

« Je suis une fille d’équipe, engagée, très au courant de ce qui se passe dans l’entreprise et qui en suit l’évolution de près. » – Marie-Claude Houle

Martin Houle Vice-président, Finances et administration

Transfert en douceur

Jean-Serge D’Aoust Vice-président principal, Bâtiment

Mario Trachy

ebc inc.

Vice-président, Ressources humaines, sécurité et environnement

François Groleau Vice-président principal, Génie civil et terrassement

18

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

Arrive, en 1999, le jour où le président de l’entreprise choisit de passer la main. Marie-Claude est intéressée par la succession, elle se sent prête, et lui a confiance en sa fille. Le transfert se fera en douceur, les deux premières années étant presque une période de cogestion. Mais la nouvelle présidente ne tardera pas à imprimer sa marque : « Je suis une fille d’équipe, dit-elle, engagée, très au courant de ce qui se passe dans l’entreprise et qui en suit l’évolution de près. » Avec un comité de direction composé de quatre vice-présidents, dont son frère Martin aux finances et à l’administration, Marie-Claude Houle pratique un style de gestion décentralisé qui laisse beaucoup de latitude à ses collaborateurs, autant aux bureaux de Montréal et de Brossard qu’à ceux d’Ottawa et du siège social de Québec. Alors que son père concentrait les activités de la compagnie dans les travaux publics, elle, dès son arrivée à la présidence, ouvre la machine dans le secteur privé du bâtiment et encourage la diversification vers des spécialités comme le marché éolien et les mines. S’ensuit une croissance ininterrompue jusqu’en 2012 : en un peu plus de 10 ans, le volume d’affaires annuel de la compagnie passe de 100 M$ à 700 M$, répartis de façon à peu près égale entre les ouvrages de génie civil et le bâtiment. Depuis deux ans, l’effervescence est retombée dans plusieurs secteurs (chiffre d’affaires de 550 M$ l’an dernier), mais EBC tire bien son épingle du jeu grâce à quelques contrats d’envergure : trois centrales hydroélectriques pour Innergex (350 M$), le CHUM à Montréal (200 M$), le Musée des beaux-arts à Québec (60 M$), des résidences pour personnes âgées, des tours de condos et le parc éolien de Rivièredu-Moulin, au nord de Québec (190 M$). Plusieurs de ces projets sont réalisés en partenariat avec d’autres entrepreneurs.


EBC Inc.

MARIE-CLAUDE HOULE

< Le Pavillon Pierre-Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec

<

Le projet Le Savignon réalisé pour le Groupe Maurice

le groupe maurice

EBC Inc.

< Le Centre ambulatoire du nouveau CHUM

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

19


ENTREVUE

JBC MÉDIA PAR france quirion

« Nous aimerions beaucoup être impliqués dans ces projets qui sortent de l’ordinaire », souligne la présidente, qui parle aussi d’une centrale hydroélectrique de 2 G$ en ColombieBritannique.

L’avenir partout Pour l’avenir, EBC mise encore sur la diversification, mais cette fois une diversification géographique, en faisant profiter les autres provinces de son expertise, surtout dans les domaines hydroélectrique et minier. Ce tournant est d’ailleurs déjà commencé puisque l’entreprise a réalisé des travaux de 400 M$ sur un projet au Manitoba, de 100 M$ au Labrador, deux projets majeurs en Colombie-Britannique, ainsi que d’autres en Ontario, où elle a même ouvert deux bureaux, et bientôt peut-être en Saskatchewan. Au Québec, toute une série de contrats pour des ouvrages maritimes (construction et réfection de quais) et de nouveaux bâtiments pour personnes âgées sont dans la mire de l’entreprise, tout comme la construction de la cimenterie de Port-Daniel, en Gaspésie. Le futur pont Champlain, à Montréal, suscite également de grandes attentes, du moins pour de la sous-traitance. « Les chantiers de cette envergure se font souvent en partenariat ou en sous-traitance, pour minimiser les risques énormes », précise la présidente. Mais ce qui fait le plus rêver Marie-Claude Houle, présentement, c’est le futur oléoduc de TransCanada qui doit traverser le Québec sur 700 km, comporter deux ports pétroliers, un tunnel sous-fluvial, des stations de pompage… « Nous

20

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

aimerions beaucoup être impliqués dans ces projets qui sortent de l’ordinaire », souligne la présidente, qui parle aussi d’une centrale hydroélectrique de 2 G$ en ColombieBritannique. Les temps sont difficiles pour la construction, selon Mme Houle ; mais en élargissant son assise à la fois géographique et sectorielle, EBC aura élevé d’un cran son positionnement global et sera un joueur encore mieux coté, une fois le marché rétabli. Objectif pour les prochaines années : « En développant le talent de nos employés, être le meilleur entrepreneur au Québec et un leader incontestable au Canada, dans chacune de nos spécialités. » Avec une Marie-Claude Houle à la barre, l’objectif apparaît bien réalisable. La présidente se dit d’ailleurs elle-même plus réaliste qu’idéaliste. Et si elle envisage une retraite à 60 ans, il lui reste encore presque une décennie pour atteindre son objectif d’entreprise, avec toute l’énergie qu’elle dit avoir besoin de dépenser chaque jour… et ainsi continuer de se sentir bien dans sa peau. Nous vous invitons à lire l’histoire en bref d’EBC, dans la section 125 ans d’architecture et de construction au Québec, p. 18.


nic lehoux

BÂTIMENTS INTELLIGENTS

Le Bullitt Center, à Seattle

Technologie solaire, cycle de vie et bâtiments producteurs d’énergie

Cap sur l’innovation… et coup d’œil sur sa face cachée Par Suzanne Gagné, journaliste

Technologie solaire, cycle de vie des matériaux et bâtiments producteurs d’énergie font la une en matière d’innovation de nos jours. Mais on retourne également à la base, avec des concepts simples, et l’on se questionne sur une pratique courante dans le milieu de la construction…

La première est un concentrateur solaire thermique développé par la firme Rackam, à Sherbrooke. « Ce qui est unique dans ce concentrateur, explique M. Jean, c’est qu’on y a intégré un éjecteur, une technologie équivalente à un compresseur, mais qui utilise la chaleur comme source d’énergie. Cela permet de faire de la climatisation à partir de la chaleur produite par le concentrateur, qui devient donc un "climatiseur solaire". C’est une première dans le monde ! »

Josée Ottavi, RNCan

L’énergie solaire a la cote aujourd’hui, comme en témoignent les recherches menées à ce sujet chez CanmetÉNERGIE. Gilles Jean, directeur général du centre de recherches de Varennes, fait état de deux technologies prometteuses.

gilles jean Directeur général CanmetÉNERGIE

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

21


Les locataires du Bullitt Center doivent notamment s’engager à limiter leur consommation d’eau et d’énergie et à ne pas utiliser de mobilier neuf comportant des substances toxiques

Expoimage

La deuxième concerne les systèmes photovoltaïques thermiques, un type de panneau qui combine les principes du photovoltaïque et du mur solaire, permettant non seulement de produire de l’électricité, mais aussi de récupérer beaucoup de chaleur. Selon M. Jean, les technologies solaires devraient prendre de plus en plus de place grâce à des coûts qui sont en chute libre. Mais cette situation créera des défis de taille : « Par exemple, les clients traditionnels des services publics d’électricité vont devenir des fournisseurs, ce qui va forcer les services publics à redéfinir leur modèle d’affaires. De plus, l’intégration de ces technologies au réseau générera des défis techniques qui obligeront les services publics d’électricité à payer des coûts importants. Une réflexion approfondie sur un modèle d’affaires équitable pour tout le monde s’imposera donc. »

André Bourassa Architecte Cabinet Bourassa Maillé

« Nous cherchons constamment à savoir comment on peut déconstruire un bâtiment en fin de vie plutôt que de le démolir, par exemple en réutilisant les matériaux ailleurs. »

CanmetÉNERGIE travaille aussi sur des projets visant à réduire le coût de la géothermie de 30 à 50 %, notamment en utilisant une approche basée sur la température moyenne au sol plutôt que sur la température moyenne extérieure.

– André Bourassa

D’autres avancées André Bourassa, architecte, cabinet Bourassa Maillé, croit pour sa part que nous assisterons peu à peu à une révolution réglementaire qui changera les quartiers urbains pour qu’ils deviennent de plus en plus mixtes. «  À mon avis, l’innovation urbanistique va aussi amener des innovations sur le plan des bâtiments », soutient-il.

CBDCa-Qc/Marie-Ève Bergeron photographe

Par ailleurs, selon lui, la notion de cycle de vie des bâtiments prendra aussi de l’ampleur. « Nous cherchons constamment à savoir comment on peut déconstruire un bâtiment en fin de vie plutôt que de le démolir, par exemple en réutilisant les matériaux ailleurs », dit-il.

Bruno Demers Directeur éducation et recherche Conseil canadien du bâtiment durable, section québécoise

22

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

Cette notion de cycle de vie constitue d’ailleurs un point important de la quatrième version de la certification LEED, qui comporte un autre changement de taille : les déclarations environnementales de produits. « Elles consistent à dévoiler ce que les fabricants proposent comme matériaux et comme contenu de matériaux, indique Bruno Demers, directeur éducation et recherche à la section québécoise du Conseil canadien du bâtiment durable (CBDCa). Le marché souhaite savoir de quoi nos bâtiments sont composés, pour des raisons environnementales et sanitaires. C’est quelque chose de nouveau puisque le marché manufacturier repose un peu sur l’idée du secret. » Le CBDCa encourage également d’autres standards de qualité, notamment la certification internationale Living Building Challenge (LBC), la norme de performance environnementale la plus rigoureuse du secteur de la construction et du bâtiment. « Le LBC vise l’autonomie des bâtiments, qui auraient alors une empreinte nulle, affirme M. Demers. Et on va encore plus loin que la consommation énergétique nette zéro : ces bâtiments produisent de l’électricité et de l’eau ! »

Nic lehoux

BÂTIMENTS INTELLIGENTS


BÂTIMENTS INTELLIGENTS

Revenir à la base « Je crois que nous sommes dans une société de technomanie et d’innomanie », déclare Bruno Demers. Selon lui, il n’y a pas que les systèmes actifs et compliqués qui peuvent contribuer à l’innovation énergétique : « Les technologies passives sont aussi très intéressantes, que l’on pense seulement aux rideaux pare-soleil extérieurs plutôt qu’intérieurs ou à l’orientation du bâtiment pour bien utiliser l’énergie solaire. Ces idées exigent simplement de bons concepteurs et de la réflexion en amont plutôt qu’en aval. Ils sont peu coûteux et nécessitent un minimum d’entretien. »

Le plus bas soumissionnaire : un coupe-gorge pour l’innovation?

La conception des bâtiments en réseau semble aussi représenter une voie d’avenir : « De plus en plus, il faut mettre les bâtiments en réseau et trouver des synergies entre eux et leur environnement, poursuit M. Demers. Par exemple, si l’on a un centre de données qui génère beaucoup de chaleur, pourrait-on la réutiliser pour chauffer les bâtiments à proximité ? Y a-t-il une rivière tout près qui permettrait d’avoir une climatisation passive ? »

De plus en plus d’experts se questionnent sur la règle du plus bas soumissionnaire qui prévaut dans le domaine du bâtiment et qui fait en sorte qu’on se penche sur les coûts de construction au détriment des coûts d’exploitation, nuisant ainsi à l’innovation. « On ne peut pas parler d’innovation alors que le gouvernement impose aux municipalités de sélectionner leurs architectes et leurs ingénieurs sur la base du plus bas soumissionnaire, lance André Bourassa. On doit se donner les moyens de faire de l’innovation, mais actuellement, le secteur public a adopté une approche comptable et juridique du bâtiment, et c’est dramatique. Au bout du compte, le résultat n’apporte pas la part d’amélioration que la société pourrait en attendre. »

André Bourassa prône lui aussi une approche qui revient à des concepts de base et à l’équilibre dans l’innovation : « On peut créer un environnement fenestré à 100 % qui a un look innovant, sans pourtant être efficace sur les plans fonctionnel et énergétique. La recherche du "toujours plus épuré", courante de nos jours, nous conduit à une innovation en design extrêmement intéressante, mais que nous risquons de payer cher au chapitre de la durabilité et de la fonctionnalité. Même si c’est parfois complexe, nous devons toujours chercher l’équilibre entre un bâtiment harmonieux et un bâtiment fonctionnel et durable. »

À Sept-Îles, ce nouveau bâtiment institutionnel sera doté d’un climatiseur solaire

rackam

Gilles Jean abonde dans ce sens : « Les firmes n’ont pas d’autre choix que de préparer des propositions qui affichent le minimum d’heures, dit-il. Le résultat est que les concepteurs ne peuvent pas faire un effort d’optimisation parce que cela exige de la réflexion, et donc plus d’heures. Les systèmes mécaniques sont donc souvent surdimensionnés parce que les concepteurs n’ont pas pu faire d’optimisation. Il est vrai qu’une conception optimisée exige des coûts plus élevés au départ, mais les clients récupèrent amplement ces coûts avec des bâtiments qui, année après année, consomment de 35 à 40 % moins d’énergie. »

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

23


Des bâtiments exemplaires Certains immeubles se distinguent par leurs aspects à la fois novateurs et esthétiques. Parmi eux figurent l’Édifice Fondaction CSN et le siège social de La Capitale à Québec.

DU BOIS ET DU GÉNIE

1

Par Serge Beaucher, journaliste

Ce qui frappe, quand on parcourt les étages du nouvel immeuble de bureaux de Fondaction CSN, à Québec, c’est le bois. Mais ce qu’on ne voit pas est encore plus impressionnant !

1 Ce texte, en version abrégée, a été publié initialement dans le magazine Immobilier commercial, volume 4, numéro 2, été 2011. L’édifice a reçu la certification LEED-NC niveau Argent en 2014.

24

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

D’abord, cette construction « verte » représente une magnifique réussite d’ingénierie par sa volumineuse charpente de bois lamellé-collé – d’où les petits nœuds, puisque le lamellé-collé est fait de têtes d’épinettes récupérées des chantiers de coupe. Ensuite, avec ses six étages, plus trois étages de stationnement en sous-sol, il s’agit du plus haut édifice du genre en Amérique du Nord.

LE GÉNIE DE L’ÉDIFICE De l’extérieur, on n’aperçoit plus l’imposante charpente en bois. Toute cette structure a été recouverte, mais l’esthétique du bâtiment n’a rien perdu au change. La façade est composée d’un somptueux rideau de verre courbe et modulée par deux volumes en avancée, fenêtrés et revêtus de tuiles de grès. Mais tout le génie de l’édifice réside bien davantage dans sa structure en bois… et dans les mesures particulières qui ont été introduites dans sa conception pour assurer qu’elle soit aussi sécuritaire que n’importe quelle charpente d’acier ou de béton, notamment quant aux risques d’incendie. C’est d’ailleurs ce qui a convaincu la RBQ d’autoriser le projet. En vertu de nouvelles dispositions du Code de construction du Québec, elle peut désormais accepter des projets novateurs allant au-delà des prescriptions habituelles, pour autant que soient apportées des solutions de rechange satisfaisant les objectifs de sécurité à tous égards.

fondaction CSN

Édifice Fondaction CSN à Québec


CBDCa-Qc/Marie-Ève Bergeron photographe

fondaction CSN

BÂTIMENTS EXEMPLAIRES

TROIS GRANDES MESURES Pour les concepteurs de l’édifice, cela représentait un défi plus important, d’autant plus qu’aucune autre structure semblable n’avait jamais été érigée en Amérique du Nord et qu’il leur fallait être très inventifs, notamment pour les calculs d’ingénierie. « Nous avons introduit trois grands trains de mesures afin de respecter ces exigences », relate l’architecte du projet, Gilles Huot, de GHA Architecture et développement durable. D’abord, pour minimiser les risques d’incendie, le système de gicleurs a été bonifié de 30% par rapport à ce qu’aurait exigé un édifice classique : 30 % plus de gicleurs et un débit d’eau augmenté de 30 %. Puis une issue de secours a été ajoutée aux deux prescrites dans le Code. Et, surtout, les poutres, colonnes et platelages de bois ont été surdimensionnés de 40 mm sur toutes leurs faces afin de garantir que la structure puisse rester debout pendant au moins une heure en cas d’incendie. Comme l’explique Gilles Huot, ce surdimensionnement est basé sur des tests selon lesquels le feu consume 36 mm de bois à l’heure. Le deuxième train de mesures visait à prévenir la torsion de la structure en cas de séisme. Cela s’est fait en ancrant les pièces de bois au béton des cages d’ascenseurs et d’escaliers ainsi qu’au mur attenant à la Maison de la coopération, qui en assurent ainsi le contreventement.

gilles huot Architecte du projet GHA Architecture et développement durable

« Fondaction voulait un édifice qui se démarque et qui soit le plus vert possible. » – Jean-Pierre Simard

Enfin, pour contrer le rétrécissement des éléments de bois dû à l’humidité ainsi que le fluage, c’est-à-dire la déformation des matériaux par une pression permanente, on a positionné les colonnes en continu l’une sur l’autre, jusqu’au faîte de la structure, sans aucun appui sur les poutres transversales. « C’est que le bois est beaucoup plus résistant dans le sens longitudinal », note M. Huot.

POURQUOI LE BOIS ?

Quant aux moyens pour diminuer l’empreinte environnementale de l’édifice, au-delà de l’option bois et du choix des autres matériaux, le plus spectaculaire est certainement le gain énergétique de 40 % par rapport au bâtiment de référence du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments, gain obtenu grâce à la qualité de l’enveloppe (dont une membrane de toiture blanche pour éviter la surchauffe en été). Il faut aussi mentionner une économie de 40 % de la consommation d’eau potable, ainsi que la récupération et le recyclage de 94 % des débris de démolition des deux bâtisses préexistantes sur le terrain.

Louise Leblanc

« Fondaction voulait un édifice qui se démarque et qui soit le plus vert possible », répond Jean-Pierre Simard, directeur, administration et systèmes, chez Fondaction. Là-dessus, le bois se qualifiait doublement : à la fois par le cachet particulier qu’il donnait aux espaces intérieurs et par le bénéfice carbone net de 1 350 tonnes de CO2 en moins rejetées dans l’atmosphère par rapport à une construction acierbéton. « Le plus beau, c’est que la construction n’a pas coûté un sou de plus que pour un immeuble classique, assure l’architecte. Coût total : 14,5 M$ sur un budget prévu, avant même le choix du bois, à… 14,5 millions ! »

Jean-pierre Simard Directeur, administration et systèmes Fondaction

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

25


Nouveau siège social de La Capitale

Intégration architecturale réussie

1

Par Serge Beaucher, journaliste

L’édifice construit en 1962, et agrandi de près de 1 700 m2 en 1987-1988, est toujours là, au 625, rue Saint-Amable. Sauf qu’au lieu de voisiner avec deux bâtisses en 1

décrépitude et un stationnement asphalté, comme jusqu’en 2009, il est désormais flanqué d’une œuvre architecturale saisissante qui vient en quadrupler la superficie totale (plus de 30 000 m 2). Les deux édifices contigus sont bien distincts de l’extérieur, mais ils ne forment en réalité qu’un seul immeuble, avec une même adresse, où l’on passe imperceptiblement de l’un à l’autre, à l’intérieur. L’enveloppe du bâtiment existant a été à peine retouchée, mais l’intérieur a été complètement refait pour l’arrimer parfaitement à la nouvelle partie.

la capitale

Pour une entreprise voulant offrir des services d’assurance aux employés de l’administration publique du Québec, il était normal d’établir son siège social sur la colline Parlementaire, en 1962. La Mutuelle des Employés civils, fondée 15 ans plus tôt, devenait alors la Mutuelle des Fonctionnaires du Québec, puis La Capitale, en 2000. Et lorsqu’est venu le moment de regrouper ses 1 500 employés de Québec, auparavant répartis dans quatre immeubles, il était tout aussi évident de demeurer sur la colline. « D’un point de vue symbolique, nous ramenions une partie importante de notre patrimoine vivant là où nous avons grandi, à proximité de nos mutualistes », raconte René Rouleau, président du conseil et chef de la direction de La Capitale, groupe financier.

pub photo

Non seulement le nouvel immeuble, juxtaposé au siège social existant, s’intègre-t-il au bâti historique du quartier dans une architecture pourtant nettement contemporaine, mais il offre à ses occupants tout le confort d’une construction LEED. Inauguré en mars 2013, l’édifice La Capitale a reçu le prix d’excellence 2013 de l’Institut de développement urbain du Québec, catégorie « Meilleur projet immobilier  ».

RENÉ ROULEAU Président du conseil et chef de la direction La Capitale, groupe financier

Ce texte, en version abrégée, a été publié initialement dans le magazine Immobilier commercial, volume 6, numéro 4, septembre-octobre 2013. L’édifice a reçu la certification LEED-NC niveau OR en 2014.

26

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION


BÂTIMENTS EXEMPLAIRES

Le résultat, c’est cet immeuble de composition classique dont la volumétrie « presque primaire », selon l’expression de M. Hanganu, se marie bien avec l’architecture environnante. L’édifice donne l’impression d’une grande légèreté, par l’abondance du verre à la base et au sommet. « En même temps, fait remarquer l’architecte, il accuse la gravité par le rideau de pierre des étages médians. » Les références historiques se trouvent dans l’un et l’autre. La pierre est la même que celle qui habille le Parlement : du calcaire de Saint-Marc-des-Carrières. Et les verrières tout en haut, les « cristaux » comme on les appelle, évoquent les mansardes et les lucarnes des riches demeures en maçonnerie de la Grande-Allée. « C’est pourquoi elles ont toutes des formes et des dimensions différentes », souligne Dan Hanganu. Autre aspect du dialogue avec les éléments historiques, la tour de verre avec sa coiffe pointue, à l’angle nord-est, rappelle les flèches des églises qui ont toujours servi de repère dans le paysage québécois.

LE TOUR DU PROPRIÉTAIRE Ce qui frappe, quand on fait le tour du propriétaire, c’est un intérieur très ouvert, avec de longues percées visuelles de part en part des deux édifices réunis : des corridors baignés de lumière qui longent les murs vitrés du périmètre, reléguant au centre les espaces de travail et de service. Ici, les employés-cadres n’ont pas le privilège des meilleurs bureaux sur le bord des fenêtres, « conformément aux valeurs de l’entreprise, axées sur le respect des employés », précise le président du conseil. « En plus d’un accès universel aux

DAN HANGANU Architecte Dan Hanganu architectes

Brigitte Lapointe Architecte et directrice construction, aménagements et développement durable La Capitale immobilière MFQ (qui a depuis quitté ses fonctions)

fenêtres, ajoute Brigitte Lapointe, architecte et directrice construction, aménagements et développement durable pour La Capitale immobilière MFQ, filiale maître d’œuvre du projet, ces espaces dégagés le long des murs permettent une meilleure ventilation. » Tout l’aménagement intérieur est axé sur la qualité de vie du personnel, explique Mme Lapointe. Dans la tour de verre, chaque étage dispose d’une salle de réunion on ne peut plus lumineuse. L’entrée principale du bâtiment d’origine a été transformée en une spacieuse cafétéria santé de 350 places et, au 7e étage, l’ancienne salle du conseil a été convertie en espace de repos avec terrasse. Les employés ont aussi à leur disposition un lounge au rez-de-chaussée et, au 5e étage, une autre terrasse, avec vue sur le parc en contrebas.

UN ÉDIFICE LEED « De la même façon que nous valorisons la personne, nous nous soucions de notre empreinte écologique », confie le président. C’est pourquoi toutes les mesures possibles ont été prises pour minimiser les impacts de cette construction sur l’environnement : toit végétal sur la partie neuve pour réduire les îlots de chaleur ; récupération des matériaux de démolition ; réduction des nuisances pendant le creusage (cinq étages de stationnement en sous-sol) et l’érection du bâtiment ; plus grande utilisation possible de matériaux recyclés, de bois certifié écologique et de produits à faible émission de composés organiques volatils (COV) ; système de plomberie économiseur d’eau et technologie écoénergétique. Toutes ces initiatives devraient permettre à La Capitale d’avoir un deuxième édifice certifié LEED à Québec, le premier étant le Delta 3 dans l’arrondissement de Sainte-Foy.

la capitale

LÉGÈRETÉ ET GRAVITÉ

louis arthur

C’est le réputé architecte montréalais Dan Hanganu qui a eu la mission de concevoir cette implantation délicate dans le quartier. Il a ensuite travaillé en consortium avec les firmes Lemay et CoArchitecture de Québec. « Construire un édifice dans cet environnement représentait tout un défi », dit-il. Il s’agissait d’établir un dialogue avec les éléments historiques et de tenir compte du passé sans verser dans le pastiche.

À chaque étage, une salle de réunion bénéficie d’un éclairage naturel optimal CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

27


L’enveloppe du bâtiment

perspectives d’avenir

Installation d’un mur rideau préfabriqué sur une tour à New York

Par Johanne Landry, journaliste

Les bâtiments de demain seront mieux isolés, plus simples à assembler et très étanches. Bienvenue dans l’ère de la préfabrication.

À quelles nouveautés pouvons-nous nous attendre dans le domaine de l’enveloppe du bâtiment au cours des prochaines années ? Le panneau d’isolation sous vide est probablement, selon Mario Gonçalves, ingénieur et président du CLEB (Conseil et laboratoire en enveloppe du bâtiment), l’innovation qui pourrait entraîner, à moyen terme, les changements les plus importants dans la façon de construire. Dix fois plus efficace sur le plan énergétique que les matériaux isolants traditionnels, il représente une option attrayante pour améliorer l’efficacité thermique de l’enveloppe du bâtiment et réduire la consommation d’énergie, indique-t-on sur le site Web du Conseil national de recherches du Canada. « Cette technologie en est encore au stade de la recherche, précise Mario Gonçalves. Les systèmes existent, ils sont testés dans différentes conditions, mais la technique d’installation n’est pas au point. » En effet, les panneaux demeurent fragiles ; s’ils sont troués ou endommagés et que l’air entre, entraînant la détérioration du vide – pendant l’installation ou une fois dans le mur –, leur efficacité thermique en serait réduite à zéro ou presque. Dans le même ordre d’idée vient l’aérogel de silice, un matériau extrêmement léger, semblable à un gel translucide, qui enferme 99,8 % d’air. L’air immobile étant un excellent isolant, l’aérogel offre des propriétés d’isolation thermique inégalées. Il serait, selon les fabricants, 37 fois plus isolant que la fibre de verre.

28

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION


eNVELOPPE DU BÂTIMENT

« Comme il n’y a pas encore de volume pour l’utilisation de ces systèmes, ils restent extrêmement coûteux », poursuit Mario Gonçalves qui croit cependant qu’ils deviendront les isolants de demain au fur et à mesure que la période de rentabilité sur investissement diminuera.

L’ère du préfabriqué

Les avantages ? La main-d’œuvre en usine coûte moins cher que celle qui travaille sur le chantier. En usine, on contrôle les conditions de température et d’humidité ; il n’y a pas de journées perdues à cause de la neige ou de la pluie. On est plus productif quand on travaille confortablement dans un espace conçu de façon ergonomique pour la tâche, les deux pieds bien solides sur terre plutôt que juché sur un échafaud au trentième étage. « En usine, on construit dans les conditions idéales, résume Mario Gonçalves. Et puis on gagne du temps sur l’échéancier et l’on augmente la rapidité d’exécution. Pendant qu’on creuse, on peut simultanément fabriquer l’enveloppe et venir l’installer dès que la structure est montée. »

cleb

Tendance : les murs rideaux Les murs rideaux ne sont pas nouveaux, mais il n’y a qu’à se promener au centre-ville de Montréal pour constater qu’ils sont la tendance si ce n’est la norme, du moins pour les hôtels et les tours de bureaux. Ils sont esthétiques, ils laissent entrer la lumière et permettent un contact visuel agréable avec l’extérieur.

Minimal Media

La préfabrication est la seconde innovation d’importance dans l’enveloppe du bâtiment, souligne Mario Gonçalves. Des systèmes de murs préalablement fabriqués en usine et installés « comme des LegoMD », compare-t-il, s’imposent de plus en plus. « On le voit déjà beaucoup pour les murs rideaux et dans d’autres cas comme le béton préfabriqué avec les fenêtres et les finis extérieurs déjà installés. »

Mario Gonçalves Ingénieur et président Conseil et laboratoire en enveloppe du bâtiment

« En usine, on construit dans les conditions idéales. Et puis on gagne du temps sur l’échéancier et l’on augmente la rapidité d’exécution. Pendant qu’on creuse, on peut simultanément fabriquer l’enveloppe et venir l’installer dès que la structure est montée. » – Mario Gonçalves

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

29


ENVELOPPE DU BÂTIMENT

« Mais qui dit super performance dit augmentation des coûts. L’investissement en vaut toutefois la peine, à mon avis, si l’on arrive à améliorer la résistance thermique de 20 à 30 %. »

cleb

– Joël Courchesne

La tour Deloitte pendant la construction

L’innovation, précise Mario Gonçalves, c’est qu’on s’en va maintenant vers des vitrages beaucoup plus performants et vers de plus grands rendements thermiques. La performance des murs rideaux évolue effectivement, ajoute l’architecte Joël Courchesne, de Courchesne et associés inc. Le verre lui-même, dans sa composition chimique, devient plus performant, puis on lui ajoute des enduits et des intercalaires également plus efficaces. « Mais, concède l’architecte, qui dit super performance dit augmentation des coûts. L’investissement en vaut toutefois la peine, à mon avis, si l’on arrive à améliorer la résistance thermique de 20 à 30 %. » Le nouveau CHUM, par exemple, aura une enveloppe en mur rideau de verre triple pour assurer une meilleure résistance thermique, bien entendu, mais également pour des considérations acoustiques, importantes dans un hôpital.

Joël Courchesne Architecte Courchesne et associés inc.

La tour Deloitte, dans le centre-ville de Montréal, sera également faite de murs rideaux. Une maquette de deux étages, incluant la finition et représentant la partie la plus critique du projet, a été réalisée dans les laboratoires de CLEB, puis, à l’aide d’un système de gicleurs et d’une hélice d’avion, on a vérifié l’étanchéité à l’air et à l’eau, ainsi que la résistance au vent. Ensuite, dans une boîte isolante aménagée autour des deux étages, on a descendu la température à - 30 ºC pour vérifier si de la condensation se formait.

Les Industries Panfab… toujours en innovation ! 30

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION


ENVELOPPE DU BÂTIMENT

Car si le mur rideau offre le coup d’œil recherché par bon nombre de constructeurs et de promoteurs, sa résistance thermique est deux ou trois fois inférieure à celle d’un mur classique. « Les murs rideaux performants à ce chapitre ne sont pas légion chez nous », selon Joël Courchesne, ajoutant que les pays européens sont quelque peu en avance : « Làbas, l’énergie coûte cher, la performance énergétique est nécessaire. » Par ailleurs, dans les tours de bureaux, la présence humaine et les ordinateurs dégagent suffisamment de chaleur pour qu’on puisse chauffer le périmètre de l’immeuble seulement. « En Europe, compare Joël Courchesne, ils construisent des bâtiments passifs sans système de chauffage traditionnel. Le soleil, l’isolation et les gains intérieurs suffisent à maintenir la température à un degré confortable même en hiver. »

Même chose pour des isolants en polystyrène extrudé. « Les fabricants repoussent les limites et cherchent à accroître, encore et toujours, l’efficacité. » Enfin, fait remarquer Mario Gonçalves, les lois et les règlements imposent des mesures d’économie d’énergie pour contrer les changements climatiques et augmentent les exigences quant à l’isolation thermique. « Mais il y a une limite à la capacité d’isoler entre les montants, prévient-il. Nous allons donc vers l’isolation du côté extérieur de la charpente, ce qui permet, en plus, de couper les ponts thermiques. On verra donc de plus en plus de bâtiments isolés entièrement de l’extérieur pour un rendement maximal. »

Parmi les produits innovateurs, Mario Gonçalves parle aussi de systèmes d’isolation multifonctions. Des isolants en mousse de polyuréthane, par exemple, qui cumuleront trois fonctions : l’isolation, le pare-vapeur et l’étanchéité à l’air.

Nous vous invitons à lire le reportage sur l’évolution de l’enveloppe du bâtiment, dans la section 125 ans d’architecture et de construction au Québec, p. 27.

RÉSIDENTIEL • COMMERCIAL

LICENCE RBQ : 8277-4852-46

Un isolant, trois fonctions

« On consent beaucoup d’efforts pour améliorer l’étanchéité à l’air, un enjeu actuel et pour le futur. C’est important pour le confort des occupants autant que pour limiter les pertes d’énergie », conclut Mario Gonçalves.

acier - aluminium - vinyle - fibrociment - panneaux modulaires

NOUS DESSERVONS LES 2 RIVES

• Douches en verre sur mesure

• Pièces de portes et de fenêtres

• Verre imprimé, clair ou teinté

• Portes et fenêtres commerciales

• Plexiglass de toutes les épaisseurs • Cellier en verre sur mesure (pour air climatisé portatif) • Vitres de foyer

RÉSIDENTIEL - COMMERCIAL - INDUSTRIEL

Maintenant 2 adresses ! LÉVIS 132, côte du Passage Lévis (Québec) G6V 5S9 Téléphone : 418 837-4949 Sans frais : 1 866 937-4949

QUÉBEC 5050, boul. Wilfrid-Hamel, bureau 120 Québec (Québec) G2E 5X5 Téléphone : 418 955-4949

www.vitrerieglobal.ca

Licence RBQ : 1355-8549-54

www.alnordica.com 1230, rue des Érables, Saint-Lambert-de-Lauzon (Québec) G0S 2W0 Région de Québec : 418 889-9761 Sans frais : 1 866 989-9761

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

31


Nouvelles des Champions Premier pas pour la phase II du Technopôle Angus Le développement de la phase II du Technopôle Angus vient de franchir un premier pas avec le début des travaux d’aménagement d’une première place publique située en retrait des rues Molson et Rachel. La Place Rachel, qui devrait être inaugurée à l’été 2015, sera bordée de trois nouveaux commerces alimentaires, soit une boulangerie et deux restaurants.

Lancement de produits ProLon

ProLon lance sa nouvelle gamme de régulateurs de zonage, dont le tout nouveau VC2000. Cet appareil dernier cri redéfinit l’évolution des régulateurs VAV. Plus convivial, plus performant et encore plus facile à installer, le VC2000 promet de révolutionner le monde des régulateurs VAV.

Association entre STO Canada et Dispro

STO Canada a annoncé sa nouvelle association avec Dispro. Reconnu pour son excellent service à la clientèle, le distributeur permettra au fabricant de revêtements d’offrir un plus grand nombre de points de service au Québec et dans l’est ontarien.

Vitrerie Global s’installe à Québec !

Entreprise majeure dans l’industrie du verre sur les marchés résidentiel et commercial de la grande région de Québec, Vitrerie Global est fière d’annoncer qu’elle vient d’ouvrir une deuxième succursale à Québec, au 5050, boulevard WilfridHamel, bureau 120 (à l’angle de l’autoroute Henri-IV, voisin du Rascal).

Coup d’envoi du Faubourg du Richelieu par le Groupe Lobato

Construit par le Groupe Lobato, le Faubourg du Richelieu comprendra notamment une marina, un centre de Congrès avec hôtel, un complexe sportif, des bureaux, des condos et des commerces. Le complexe représente un investissement total de 100 M$. Le projet débutera par la construction de la Marina du Richelieu dont l’inauguration est prévue ce printemps et qui représente à elle seule un investissement de 2,5 M$.

Nouveauté chez MP Repro

MP Repro présente Inktronic, un portail collaboratif infonuagique pour la gestion des plans et des annotations qui permet aux utilisateurs d’ajouter des commentaires aux plans à l’aide d’un stylo numérique, d’un ordinateur, d’un écran tactile ou d’une tablette. Inktronic est intégré à Bluebeam Revu® et facilite l’intégration des annotations sur papier avec les annotations numériques. 32

CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

Jocelyn Hogue accède à la vice-présidence de l’AMCQ

C’est avec fierté que M. Jocelyn Hogue, président de Toitures Hogue, accède à la vice-présidence de l’Association des maîtres couvreurs du Québec (AMCQ). Soucieux de participer au développement du métier de maître couvreur et de toujours mieux protéger le public qui a recours aux services de couvreurs, M. Hogue consacrera une partie de son temps en 2015 à travailler à l’atteinte ces objectifs.

Le Rubic - un rendez-vous d’innovation !

La construction du Rubic, qui a débuté à Montréal, comportera plus d’une innovation. En effet, érigé sans grue et doté d’une structure des plus légères, l’immeuble possédera également une toiture outillée Upbrella, la première qui sera testée selon la nouvelle norme CSA.


L’A ltitude, un complexe immobilier durable et avant-gardiste

Le Groupe Huot a donné le coup d’envoi à son nouveau projet résidentiel L’Altitude, un important complexe immobilier locatif de prestige dans la région de Québec. Situé à l’angle des rues Lionel-Groulx et Pierre-GeorgesRoy, ce nouveau complexe résidentiel est construit par la division Millénum Construction et représente un investissement de 45 M$.

Lancement de BétonSurface.ca

MonPeintre.ca lance BétonSurface.ca, une entreprise spécialisée en revêtement époxy pour planchers commerciaux et de garage. Des procédés innovateurs avec des retours de service en 24 heures !

Certifié ISO/CEI 17025

Le laboratoire de toiture d’exp, qui réalise des essais de systèmes de couverture pour évaluer leur résistance aux forces d’arrachement du vent, est maintenant certifié ISO/CEI 17025, et il répond aussi au Code national du bâtiment du Canada avec la norme CSA A123.21-14.

Deux grands immeubles montréalais certifiés LEED Argent

Ivanhoé Cambridge a annoncé, en janvier dernier, que ses propriétés Place Ville Marie et Centre de commerce mondial de Montréal sont désormais certifiées LEED Argent dans la catégorie Bâtiments existants : exploitation et entretien (BE:EE) par le Conseil du bâtiment durable du Canada.

Nouvelle offre de produits pour Planchers Mercier Le Gala des Prix BOMA 2015-2016

Le Gala des Prix BOMA 2015-2016 aura lieu le 23 avril prochain à la Gare Windsor, dans la Salle des pas perdus, à Montréal. M. Sal Iacono, vice-président principal, Développement et gestion immobilière, Portefeuille de l’est du Canada, chez Cadillac Fairview, a été nommé président d’honneur de l’événement.

L’entreprise a dévoilé sa nouvelle offre de produits 2015 à plus de 200 partenaires le 6 novembre 2014 au Musée de la civilisation de Québec. Cette offre de produits renouvelée se traduit par la réorganisation des collections et l’ajout de deux nouvelles, pour un total de cinq collections : Origins, Design+, Exotic, Nature et Elegancia.

Un nouveau projet immobilier multirésidentiel à Saint-Eustache

Albatros est un projet de 500 unités d’habitations diverses comprenant des maisons unifamiliales, des maisons en rangées et des condominiums. Situé sur l’ancien terrain du Club de Golf Deux-Montagnes, Albatros comprendra 350 000 pi2 d’espaces verts, une piste cyclable et des aires de jeux pour enfants, en plus de mettre en valeur les lacs et les arbres matures. CHAMPIONS DE LA CONSTRUCTION

33


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.