Article - Champions de la construction volume 7 - numéro 1

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ENTREVUE

LA CONSTRUCTION AU QUÉBEC EN 2017

GETTY IMAGES PAR SHOTBYDAVE

UNE ANNÉE DE STABILISATION DANS UN CYCLE BAISSIER Par Michel De Smet, journaliste

Les années se suivent et se ressemblent pour l’industrie québécoise de la construction. Cette dernière est entrée dans un cycle baissier depuis 2013, et aucun signe notoire ne semble indiquer un retour à la croissance à court terme. La Commission de la construction du Québec (CCQ) prévoit pour 2017 un total de 135,5 millions d’heures travaillées comparativement à 141,1 millions l’an dernier, soit un recul de 1,9 %. Comme en 2016, tous les secteurs sont touchés par cette baisse, à l’exception du génie civil et de la voirie. « Les résultats n’ont cependant rien de particulièrement inquiétant si l’on considère que, ces 10 dernières années, la moyenne s’est établie à 143,3 millions d’heures travaillées. On peut considérer que ces trois dernières années ont essentiellement été marquées par une relative stabilité du nombre d’heures, même si la tendance de fond demeure baissière », déclare Charles A. Brant, directeur de la recherche et de la documentation à la CCQ. Celui-ci souligne toutefois qu’il est impossible pour l’instant de fixer avec précision les conséquences de la récente grève de sept jours des travailleurs de la construction : « Il est probable que les répercussions seront modestes dans la mesure où le nombre d’heures perdu pourrait être récupéré en tout ou en partie au cours du reste de l’année 2017. »

CHARLES A. BRANT Directeur de la recherche et de la documentation CCQ

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Le secteur génie civil et voirie demeure vigoureux Le secteur du génie civil et de la voirie, qui avait enregistré une hausse de 5,4 % de son volume d’activité en 2016, devrait encore cette année connaître une augmen­tation sensible. Cette bonne performance est grandement attribuable aux méga chantiers en cours du nouveau pont Champlain et de l’échangeur Turcot qui se pour­sui­vront encore à un rythme soutenu pendant trois ou quatre ans ainsi qu’à divers travaux d’infrastructures municipales annoncés par le maire de Montréal cette année. Par ailleurs, le chantier du Réseau élec­trique métropolitain (REM), qui devrait être en fonction d’ici 2020, prendra le relais. Présentement, le gigan­tesque chantier est évalué à environ 6 G$. Les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Mauricie, de Lanaudière et de Montréal bénéficient pour leur part de plusieurs chantiers importants menés par Hydro-Québec, dont celui de la nouvelle ligne de transport Projet Chamouchouane, d’une valeur de 1,46 milliard de dollars. Cette ligne reliera la région du Saguenay– Lac-Saint-Jean à Laval avec une déviation vers le poste du Bout-de-l’Île, à Montréal. Les travaux devraient prendre fin en 2018.

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Les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Mauricie, de Lanaudière et de Montréal bénéficient pour leur part de plusieurs chantiers importants menés par Hydro-Québec, dont celui de la nouvelle ligne de transport Projet Chamouchouane, d’une valeur de 1,46 milliard de dollars.

Léger sursaut dans l’industriel En début d’année, la CCQ prévoyait un recul sensible dans le secteur industriel avec 9,5 millions d’heures travaillées pour 2017 comparativement à 11,6 millions en 2016. Charles A. Brant fait toutefois remarquer que ces chiffres devraient vraisemblablement être réévalués à la hausse lorsque la Commission dressera le bilan de 2017 à la fin l’année : « Nous avions déjà remarqué une hausse de l’activité au dernier trimestre de l’an dernier, et cela semble se confirmer pour les premiers mois de 2017, indique ce dernier. De fait, plusieurs grands chantiers achèvent, et, traditionnellement dans ce cas, les entrepreneurs ont tendance à mettre les bouchées doubles pour terminer les travaux avant terme. Il s’ensuit un nombre d’heures travaillées plus important sur la période prévue. » Il convient également de mentionner les travaux de construction en cours de la mine Whabouchi de Nemaska Lithium, au nord-ouest de Chibougamau, un investissement de 250 M$. La mine sera pleinement opérationnelle l’an prochain. On prévoit en extraire 1,1 million de tonnes de minerai annuellement. À Joliette, la modernisation amorcée l’an dernier de l’usine Bridgestone, réalisée au coût de 312 M$, se poursuivra jusqu’en 2023. Mentionnons encore que le début des travaux pour la construction d’une usine de bois d’ingénierie Scrimtec, d’une valeur de 350 M$, semble imminent à Val-d’Or. Pour sa part, Medicago investit 245 M$ pour la construction d’une usine de production de vaccins dans le quartier d’Estimauville, à Québec, qui entrera en production en 2019.

La propriété Whabouchi de Namaska Lithium, à environ 300 kilomètres de Chibougamau

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Le résidentiel et l’institutionnel en repli, le commercial progresse Le secteur résidentiel devrait accuser en 2017 une baisse notable de l’ordre de 6,8 % du volume de travail. Fait marquant, il s’agit du plus important recul enregistré au cours des 20 dernières années, à l’exception de 2013 où le repli fut de 10,6 %. Cette année, le ralentissement est essentiellement attribuable à la diminution du nombre de nouveaux ménages ainsi qu’à l’introduction en octobre 2016 de nouvelles règles fédérales en matière de crédit hypothécaire rendant plus sévères les critères d’admissibilité au financement. La CCQ, qui fusionne pour ses besoins d’analyse les secteurs institutionnel et commercial, y prévoit 74,5 millions d’heures travaillées cette année, un recul de 1,2 % par rapport à 2016. Il s’agit d’une troisième baisse annuelle consécutive. L’institutionnel est le responsable de cette régression et, en premier lieu, la fin de la deuxième phase du méga chantier du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), au premier trimestre de l’année en cours. En revanche, de nouveaux chantiers majeurs prendront la relève en 2017 tels que la construction d’un garage pour voitures de métro de la Société de transport de Montréal (STM), dont le chantier nécessitera des investissements de 395 M$ et qui prendra fin en 2020, ou encore l’agrandissement au coût de 148 M$ du Centre intégré de traumatologie et de l’Unité mère-enfant de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. En revanche, la CCQ s’attend à une hausse dans le secteur commercial. L’activité sera soutenue en particulier par le développement du Solar Uniquartier à Brossard, un énorme chantier de 1,2 G$ mené par Devimcor. Le complexe comprendra 2 400 logements, une résidence pour personnes âgées, 500 000 pi2 de bureaux et de commerces ainsi qu’un centre des congrès pouvant accueillir 800 personnes.

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Le commercial est également poussé vers le haut grâce à la construction d’immeu­ bles résidentiels de six étages et plus que la CCQ considère comme faisant partie du secteur commercial. Ce type d’immeubles est particulièrement vigou­reux depuis 2014. « La construction de grands immeu­ bles d’appartements peut compter sur de nouveaux chantiers en démarrage pour assurer une croissance durant les deux années à venir », estime Charles A. Brant. Il faut mentionner toutefois que, dans la région métropolitaine, plusieurs chantiers d’assez grande envergure arrivent en fin de travaux en 2017, comme l’immeuble de bureaux Maison Manuvie ou encore la quatrième phase du Quartier DIX30 à Brossard. Un repli devrait également s’obser­­ver du côté des établissements de loisirs, comme le chantier de la Place Bell, à Laval, qui se termine cette année. Soulignons enfin que 7 régions du Québec sur 10 ont enregistré une baisse de leur volume d’activité. Dans le cas du Grand Montréal et de Québec, la diminution a été légère, soit environ 1 %. Les reculs les plus importants se sont manifestés sur la CôteNord (-13,3 %) ainsi qu’au Bas-SaintLaurent–Gaspésie (-18,5 %). Dans ce dernier cas, le déclin prévu s’explique par la fin des travaux à la cimenterie McInnis au début de cette année. Quant à la BaieJames (-22,4 %), la contraction majeure traduit le contrecoup de la construction de la mine de diamants de Storneway, dont les travaux ont pris fin en 2016. En revanche, l’Abitibi-Témiscamingue devrait connaître une croissance (+11,9 %) essentiellement attribuable au début de la construction de l’usine de bois d’ingénierie de Scrimtec.


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