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LES ESPACES DE TRAVAIL PARTAGÉ, UNE TENDANCE QUI EXPLOSE
PAR SYLVIE LEMIEUX, JOURNALISTE
GETTY IMAGES PARHISPANOLISTIC
Les bureaux polyvalents, aussi connus sous le nom d’espaces de coworking, se développent à vitesse grand V au Canada. En 2014, les Regus, WeWork et autres exploitants occupaient à peine 1,5 million de pieds carrés à l’échelle du pays, alors qu’en 2019, ils en gèrent quelque 6,1 millions, ce qui représente une hausse de 303% en cinq ans, révèle le Rapport sur l’immobilier polyvalent au Canada, de CBRE. C’est sans compter les projets en cours de réalisation, estimés à 1,3 million de pieds carrés, qui ouvriront leurs portes dans les prochaines années. Ilspoussentcommedeschampignons.Dequoiparle-t-on? Des espaces de travail partagé qui se sont multipliés ces dernières années. À Montréal, l’offre a bondi de 60 % en deux ans. Avec Toronto et Vancouver, la métropole fait partie des trois plus grands marchés de bureaux polyvalents au Canada. C’est ce que révèle une étude de l’agence immobilière CBRE publiée récemment. Portrait d’une tendance forte dans l’immobilier commercial.
CBRE LIMITÉE
«Aucune autre nouvelle formule n’a émergé aussi rapidement et avec autant de force depuis le boum des sociétés point-com. » – Avi Krispine
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Les trois marchés les plus actifs sont Toronto, Vancouver et Montréal (voir tableau p. 50). Ces trois villes réunies accaparent plus de 75 % des bureaux polyvalents au pays. Cette expansion des exploitants de ce type de bureaux contribue à réduire les taux d’inoccupation dans les grands centres. À Toronto, il a chuté à un creux record de 2,3% au troisième trimestre de 2019. La Ville Reine conserve ainsi son titre de marché de bureaux le plus tendu en Amérique du Nord.
DES CONDITIONS FAVORABLES De nombreux facteurs ont contribué à l’augmentation de la demande de bureaux polyvalents. Dans un contexte d’affaires où les trans formations se produisent en accéléré, les organisations visent la polyvalence et la flexibilité en matière de bureaux au gré de l’évolution de leurs besoins. Les entreprises en démarrage y trouvent de nombreux avantages, ayant accès à des locaux à coût moindre et qui évoluent au rythme de leur croissance. Des employeurs peuvent aussi avoir besoin de bureaux satellites pour s’établir en banlieue, là où résident leurs travailleurs, afin de réduire leur temps de transport et d’éviter les trop nombreux embouteillages, souligne M. Krispine. Des situations exception nell es comme l’arrêt de service du train de banlieue de la ligne de Deux-Montagnes, prévu au début de 2020, forcent des employeurs à se rapprocher de leur main-d’œuvre pour ne pas la perdre. Des bureaux polyvalents représentent alors la solution privilégiée, explique le vice-président. Il arrive aussi que de grandes entreprises – comme Google qui s’implante à Montréal – soient à la recherche d’espaces temporaires, qui peuvent être de grandes superficies, mais elles ne veulent pas être obligées
VILLE
TORONTO
VANCOUVER SUPERFICIE (PI 2 ) CROISSANCE DEPUIS 2017 PRINCIPAUX EXPLOITANTS EMPLACEMENTS À VENIR (PI 2 )
3,1 M 73% Regus/Spaces, WeWork, Workhaus 324 000
1,7 M 112%
WeWork, Regus/Spaces, NextGen Offices
371 000
MONTRÉAL 959 000 60% WeWork, Regus/Spaces, Maison Notman 218 000
CALGARY 918 000 100% Regus, WeWork, WC Business Centres 200 000
OTTAWA 276 000 82%
Regus/Spaces, TCC Canada, Head Office Ottawa
89 000
WATERLOO 229 000 33% Communitech Hub Co-Working, 10C, Regus n/d
(RÉGION D’) EDMONTON 187 000 45%
Regus, Sparrow Spaces, Edmonton Executive Suites
Source : CBRE Recherche, T2 2019, Immobilier commercial
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de signer un bail à long terme ni d’injecter des fonds importants dans l’aménagement de leurs installations.
Par ailleurs, dans un marché du travail marqué par la rareté de main-d’œuvre, les employeurs doivent plus que jamais accorder de l’attention aux besoins des travailleurs. Ceux-ci sont à l’affût d’espaces de travail attrayants comprenant une variété de commodités, de programmes et de services supplémentaires. Pouvoir faire du télétravail entre deux rendez-vous, s’éloigner du bureau pendant quelques heures pour éviter les distractions et se concentrer sur une tâche précise, tenir des réunions d’équipe dans un cadre différent sont autant de raisons qui incitent les travailleurs à rechercher ces bureaux polyvalents.
DIFFÉRENTS BESOINS, DIFFÉRENTS MODÈLES Qui sont les exploitants dans ce marché? En tête de liste, Regus, un des pionniers du domaine, et WeWork. À eux deux, ils accaparent 59% du marché canadien. Il règne toutefois un climat d’incertitude autour de l’avenir de WeWork qui a annoncé récemment la suppression de 2400 postes à l’échelle mondiale, signe de restructuration. Malgré ses déconvenues financières, l’entreprise américaine poursuit ses projets d’expansion notam ment à Montréal, au complex e Humaniti en
cours de construction. Rappelons qu’au printemps dernier, Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a fait un inves tissement majeur de 1 G$ US dans The White Company, la société mère de WeWork. Breather, Knotel, Workhaus et IQ Office Suites sont d’autres exploitants actifs au pays.
Cela dit, de nouveaux joueurs apparaissent constamment, attirés par la croissance rapide de ce segment de marché. Les propriétaires immobiliers y trouvent une solution de diversification de leur portefeuille. Ce nouveau produit leur permet en plus d’optimiser l’occupation de leurs propriétés, de maintenir les lieux au goût du jour et d’atteindre de nouvelles clientèles, notamment les jeunes.
Les exploitants offrent différentes formules de bureaux polyvalents qui répondent aux besoins variés des gens d’affaires. Par exemple, il est possible de louer un espace de travail partagé, assigné ou non assigné, qui donne accès aux zones communes offrant différents services et des tech nologies dernier cri. Des bureaux privés ou semi-privés sont aussi disponibles. Location un mois à la fois ou de trois mois et plus, les possibi lités s’avèrent nombreuses. C’est ça, vivre et travailler à l’ère de l’agilité et de la polyvalence.