DOSSIER SPÉCIAL
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE MUNICIPAL
AUTONOMIE DES VILLES EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
PASSER DE LA PAROLE AUX ACTES PROPOS RECUEILLIS PAR JOHANNE LANDRY
Les Québécois iront aux urnes en octobre 2018. Comment l’Union des municipalités du Québec se fera-t-elle entendre au cours de la campagne électorale ?
«
UMQ
Une campagne électorale est une occasion de discuter de nos enjeux avec les partis politiques, de connaître leurs engagements et leurs intentions », souligne Alexandre Cusson, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) depuis novembre 2017, qui a déjà commencé les consultations auprès des caucus d’affinité et des membres. « Un microsite a aussi été mis en place pour donner à tous ceux qui le souhaitent l’occasion de nous faire part de leurs demandes et de leurs intentions », ajoute-t-il. Le programme qui en sortira, à l’occasion des assises annuelles de mai prochain à Gatineau, sera rendu public le 14 septembre lors d’un Grand Sommet municipal, auquel seront conviés les chefs des principaux partis politiques.
ALEXANDRE CUSSON Président de l'UMQ Maire de Drummondville
LA RECONNAISSANCE ESSENTIELLE DU LEADERSHIP DES MUNICIPALITÉS Quels sont les objectifs d’Alexandre Cusson en regard de cette démarche ? Faire d’abord reconnaître le leadership des municipalités dans le développement économique local et régional. La récente réforme mise en place par le gouvernement actuel, ainsi que l’abolition des Conférences régionales des élus et des centres locaux de développement, a d’ailleurs accentué leur rôle à cet égard. « On oublie trop souvent que des décisions économiques qui auront un impact important se prennent localement », rappelle le président de l’UMQ ; il ajoute que l’adoption en juin 2017 de la Loi visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs
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pouvoirs vient, plus encore, élargir le rôle des municipalités. « Nous voulons avoir les outils néces saires pour bien jouer notre rôle de gouvernement de proximité, de gouvernement sur le terrain, proche des citoyens », déclare Alexandre Cusson.
l’importance de définir des moyens et de mettre sur pied des outils pour y faire face : « L’immigration, par exemple. Comment pourrions-nous être plus efficaces pour aller chercher les talents dont nous avons besoin ? »
DES ENJEUX ÉCONOMIQUES CRUCIAUX Parmi les enjeux les plus importants, le président de l’UMQ parle d’abord de la pénurie de maind’œuvre qui menace la croissance économique. « Comme maire de Drummondville, j’entends régulièrement parler d’entreprises d’ici qui retardent des investissements et d’entreprises de l’étranger qui remettent en question leur venue au Québec en raison de cette pénurie », dit-il. Si l’on a d’abord constaté un manque de main-d’œuvre spécialisée dans certains types d’emplois, la rareté touche cruellement tous les secteurs, y compris les emplois manuels, fait remarquer M. Cusson. Dans toutes les régions du Québec, des postes demeurent vacants faute de candidats. D’où
Les échanges commerciaux avec les États-Unis constituent le second enjeu économique préoc cupant, selon le président de l’UMQ. L’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) en renégociation et le conflit du bois d’œuvre en font partie. « Qui sait ce qui nous guette. C’est un dossier qu’il faudra surveiller de près au cours des prochains mois et des prochaines années. S’il survenait un blocage dans les négociations, comment réagirionsnous ? Comment nous positionnerions-nous écono miquement ? », se demande-t-il.
EN VITALITÉ ÉCONOMIQUE PARMI LES 10 PLUS GRANDES VILLES QUÉBÉCOISES.
VILLE.LEVIS.QC.CA Source : Institut de la statistique du Québec
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Rappelons que les États-Unis ont décidé d’imposer des droits compensateurs de 20 % en moyenne sur le bois d’œuvre canadien. Un coup dur pour une industrie qui emploie des dizaines de milliers de personnes au pays et qui touche 225 municipalités québécoises. DES GOUVERNEMENTS DE PROXIMITÉ « La reconnaissance des gouvernements de proximité et de l’autonomie municipale importe beaucoup, insiste Alexandre Cusson. Le gouverne ment l’a confirmé par une loi, a souhaité augmenter cette autonomie, a mis en place un plan pour réduire la bureaucratie, pour améliorer ses relations avec les municipalités québécoises. Il faut maintenant passer de la parole aux actes. Que cette volonté affirmée par le ministre des Affaires municipales et de l’Occupation des territoires, Martin Coiteux, vienne imprégner l’ensemble de la machine gouvernementale ; que cette vision et ces valeurs, encore sur papier, prennent place au quotidien. » Le président de l’UMQ conclut : « Les élus continuent d’être les ambassadeurs de leur ville, des vendeurs de leur municipalité. Il faut par ailleurs reconn aître les compétences des spécialistes en développement économique tout en étant conscient de l’impact que nous pouvons avoir. Moi, je dis aux gens du développement économique de Drummondville : je suis dans votre jeu de cartes. Je suis à votre service quand je peux apporter quelque chose et faire une différence. »
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QUAND LES MUNICIPALITÉS SE MÊLENT DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE >
CENTRE DE FORMATION EN ENTREPRENEURIAT DE SHAWINIGAN
Avec des projets dynamiques et pertinents en réponse aux défis majeurs qui se posent, Shawinigan, Saint-Hyacinthe et Lévis prennent leur place au soleil.
L
es municipalités du Québec exercent de plus en plus de contrôle sur le développement économique local ainsi que sur les initiatives mises en place pour le stimuler. Et certaines, sous l’impulsion d’élus et d’équipes de direction dynamiques, le font plutôt bien. Que l’on pense à Laval avec la récente inauguration de la Place Bell ; avec des projets de revitalisation urbaine de type TOD – une approche novatrice qui favorise le transport collectif – ; des processus facilités pour les promoteurs immobiliers ; des zones industrielles à développer et 11 400 entreprises sur son territoire. Que l’on pense aussi à Longueuil qui entend développer son centre-ville de façon spectaculaire d’ici 2035 et qui adopte des mesures pour attirer des entreprises dans la zone aéroportuaire ; ainsi qu’à l’annonce faite par Molson d’y déménager son complexe brassicole. D’autres exemples ? En voici trois particulièrement inspirants. SHAWINIGAN, LA RÉSILIENTE À la belle époque des papetières, Shawinigan figurait parmi les villes les plus prospères du Canada, rappelle son maire actuel, Michel Angers. Une vingtaine de grandes usines, en effet, s’étaient installées autour des centrales hydroélectriques pour profiter d’un avantage concurrentiel
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important. Mais la nationalisation de l’électricité a changé la donne, et, une à une, les entreprises sont parties, la dernière en 2014. L’une des pires désindustrialisations au pays, mentionne le maire, qui a évalué les autres possibilités dès son arrivée au conseil de ville en 2009. L’option retenue : prendre le virage PME, la petite et moyenne entreprise étant créatrice de la grande majorité des emplois de nos jours. « Toutes les villes qui ont fait ce virage ont connu du succès. Drummondville est un exemple, Victoriaville et Saint-Georges-de-Beauce égale ment », fait remarquer Michel Angers. Le grand défi : changer la mentalité selon laquelle, de père en fils, on travaillait dans les usines pour encourager plutôt l’esprit d’entrepreneuriat. La stratégie : mettre en place des actions concrètes qui commencent dès le centre de la petite enfance et se poursuivent tout au long du parcours scolaire pour développer ce goût d’entreprendre. « Le taux d’intention d’entreprendre et le taux réel ont augmenté de façon spectaculaire, surtout chez les jeunes de 35 ans et moins », se réjouit le maire. Pour soutenir ce virage, l’administration municipale a investi 15 M$ et ouvert un centre d’entrepreneuriat en réaménageant une cotonnerie centenaire désaffectée pour offrir 140 000 pi2 à la formation,
CLAUDE GILL
au démarrage et à l’incubation d’entreprises de l’économie traditionnelle au premier étage, et du monde numérique au deuxième. Résultat : 47 startups y logent actuellement ; le centre d’entrepreneuriat est rempli au maximum de sa capacité. Ne dit-on pas que le succès attire le succès ? Des entrepreneurs immobiliers reviennent maintenant à Shawinigan pour construire résidences, tours de bureaux et bâtiments industriels. « C’est l’effervescence », fait valoir le maire qui privilégie toutefois la restauration du patrimoine bâti, vestige de l’histoire. Ce qui n’empêche pas les nouvelles constructions comme une marina, qui sera bientôt érigée dans l’ancienne zone industrielle devenue parc riverain. « Shawinigan a refusé de pencher la tête devant le mauvais sort. Au contraire, nous avons repris notre destinée en main, réuni tous les acteurs des milieux économique, social, culturel et de l’éducation, et nous nous sommes donné des créneaux de diversification précis et organisés. C’est la cohésion de tous qui a fait un succès de ce virage », rappelle Michel Angers.
CLAUDE GILL
MICHEL ANGERS Maire Ville de Shawinigan
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LAVAL, UN CHOIX QUI S’IMPOSE Prenez part au développement de cette grande ville dynamique à l’économie prospère. Sa qualité de vie exceptionnelle et son accueil favorable au développement des entrepreneurs et des entreprises la rendent incontournable.
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SAINT-HYACINTHE, TOURISME D’AFFAIRES ET BIOMÉTHANISATION Quand l’Hôtel des Seigneurs a fermé ses portes en 2013, Saint-Hyacinthe a perdu sa part de marché dans le créneau du tourisme d’affaires et s’est vue privée des 15 M$ de retombées générées par les quelque 300 000 personnes qui le fréquentaient annuellement. « Nous nous sommes lancé le défi de reprendre notre place », exprime le maire Claude Corbeil. Ainsi, le 17 novembre 2017, la ville de Saint-Hyacinthe a inauguré son nouveau Centre de congrès de 64 000 pi2, jumelé par une entente à Espace Saint-Hyacinthe qui ajoute à l’offre d’installations ses 150 000 pi2 dans quatre pavillons. À proximité de l’ancien emplacement de l’Hôtel des Seigneurs, un hôtel Sheraton de 221 chambres, propriété des Centres d’achat Beauward, ouvrira ses portes en avril prochain. Tout cela mis ensemble fait dire au maire Corbeil qu’il s’agit du plus gros centre de foire et de congrès à l’extérieur des grandes régions de Montréal et de Québec. « Nous misons sur nos forces, sur notre situation intéressante aux abords de l’autoroute 20, sur notre nouveau centre ultramoderne et haut de gamme, sur l’absence d’embouteillage dans notre ville et sur l’abondance d’espaces de stationnement gratuits », fait valoir Claude Corbeil, ajoutant que depuis son inauguration, le Centre de congrès a déjà accueilli plus de 50 événements et que les deux tenus simultanément le jour de l’ouverture ont attiré plus de 1 500 personnes. Par ailleurs, devant un problème d’enfouissement des déchets et des coûts liés à cette opération, Saint-Hyacinthe a relevé le défi de transformer un problème en solution écologique et rentable en s’inspirant d’initiatives européennes et en aménageant une usine de biométhanisation, un investissement de 27 M$ pour la municipalité et de 53,6 M$ de la part des gouvernements provincial et fédéral.
VILLE DE SAINT-HYACINTHE
CLAUDE CORBEIL Maire Ville de Saint-Hyacinthe
Une entente établie avec les usines agroalimentaires du territoire amènera 200 000 tonnes de produits vers les biodigesteurs auxquelles s’ajoutera le contenu des bacs bruns qui faisait partie du problème initial. Ces résidus permettront de fabriquer 13 millions de mètres cubes de gaz naturel qui seront vendus à Énergir et viendront diversifier les sources de revenus de la Ville avec un apport de 5,8 M$ pour 2018 seulement. Enfin, en réponse au manque de main-d’œuvre – le défi de l’heure des municipalités québécoises qui veulent attirer des entreprises sur leur territoire –, Saint-Hyacinthe entreprend une campagne de publicité et de séduction des jeunes familles et demande au
BRIGITTE MASSÉ
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VILLE DE SAINT-HYACINTHE
CENTRE DE CONGRÈS DE SAINT-HYACINTHE
USINE BIOMÉTHANISATION DE SAINT-HYACINTHE IMMOBILIER COMMERCIAL : : FÉVRIER – MARS 2018
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législateur provincial l’adoption d’une loi privée qui lui permettra d’offrir des mesures incitatives sous forme de remboursement de la mise de fonds pour l’achat d’une maison, de crédit de rénovation pour les constructions antérieures à 1990, ou encore d’un crédit de taxe à l’achat d’une maison neuve. « Nous avons budgété 1,5 million. Si l’on veut attirer de la main-d’œuvre, il faut la loger. C’est notre réponse. Faciliter les choses aux nouveaux citoyens qui viendront s’établir chez nous, travailler sur notre territoire et dépenser dans nos commerces, c’est faire tourner la roue », conclut Claude Corbeil. VILLE DE LÉVIS
LÉVIS, LA QUALITÉ DE VIE Gilles Lehouillier, maire de Lévis, se réjouit. Le rapport Indice de vitalité économique des territoires publié par l’Institut de la statistique du Québec en décembre 2016 classe Lévis en tête des villes de plus de 100 000 habitants, suivie de près par Terrebonne et Gatineau. Dans ces trois territoires, le revenu total médian des 18 ans et plus y est particulièrement élevé, souligne le rapport. « Nous sommes également au sommet de la liste en regard des villes les plus sécuritaires au Québec », ajoute le maire. Cette
GILLES LEHOUILLIER Maire Ville de Lévis
performance, il l’attribue à une gestion moderne de la ville qui s’est dotée d’un bureau de projets et d’une nouvelle stratégie de développement résidentiel, commercial et industriel. « Ce qui rend Lévis particulièrement attrayante, c’est l’orientation qualité de vie que nous développons autour du fleuve et de ses affluents », souligne le maire Lehouillier, pour expliquer en partie la construction de plus de 3 000 nouvelles unités d’habitation sur le territoire au cours des deux dernières années. Ainsi, des parcs linéaires et un réseau de pistes cyclables le long du Saint-Laurent et des rivières Etchemin et Chaudière tissent un lien entre les quartiers et 10 parcs urbains, et cela vers un point central : la traverse de Lévis qui, avec ses fontaines et ses jeux d’eau, attire jusqu’à 3 000 personnes certains jours. « Les 150 jets propulsent 800 litres d’eau à la seconde sur une hauteur de 30 pieds », fait valoir le maire. De plus, une expérience menée avec le Port de Québec durant la saison 2017 s’est avérée concluante et fera du quai Paquet, sur la rive de Lévis, un quai supplémentaire pour les navires de croisière internationaux. « C’est prometteur pour nous, car le marché des croisières est en plein développement », avance Gilles Lehouillier. La municipalité a investi 25 M$ dans l’aménagement du secteur et 15,5 M$ pour rendre le quai Paquet conforme aux normes internationales. « Comme nous attendons des retombées intéressantes dans ce secteur, nous irons en appel de projets pour ajouter des complexes hôteliers et un lien mécanique entre le bas et le haut de la falaise pour les touristes et les cyclistes », informe Gilles Lehouillier.
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Dans cette foulée d’effervescence, le pôle commercial Desjardins et le Carrefour Saint-Romuald sont aussi en plein essor avec des plans d’aménagement tournés vers des bâtiments multi fonctions résidentiels et commerciaux. Alors que Lévis était traditionnellement une ville de maisons unifamiliales, on verra
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VILLE DE LÉVIS
FONTAINE DU QUAI PAQUET
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VILLE DE LÉVIS
VILLE DE LÉVIS
dorénavant s’élever des tours de 10, 20 et même 25 étages, annonce le maire. Une densification de la population qui favorisera le développement du transport en commun. Et de nouvelles rues seront bientôt ouvertes dans les parcs industriels de Bernières et de Lauzon.
« Les villes de l’avenir sont celles qui seront capables d’offrir une qualité de vie exceptionnelle où les gens auront facilement accès à des parcs pour développer de saines habitudes de vie, non seulement les week-ends, mais tout au long de la semaine », conclut Gilles Lehouillier.
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