Le professeur Paul Lewis - Immobilier commercial volume 12 - numéro 5

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LE Pr PAUL LEWIS TÉMOIN D’UNE VILLE EN MÉTAMORPHOSE

PAR CATHERINE FLORÈS, JOURNALISTE

Les cartons qui jonchent le bureau de Paul Lewis à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal témoignent qu’une page est en train de se tourner pour le vice-recteur associé aux relations avec les diplômés, aux partenariats et à la philanthropie. À l’heure de prendre sa retraite, ce spécialiste des infrastructures de transport et de l’urbanisme commercial, qui collabore à Immobilier commercial depuis 2016, se confie sur sa passion pour la ville en tant que milieu de vie et sur les réflexions que lui inspirent les transformations de Montréal depuis les 20 dernières années, dont il a été l’observateur attentif.

JBC MÉDIA PAR DENIS BERNIER

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UN COLLABORATEUR ENTHOUSIASTE omment se sent un professeur universitaire lorsqu’on lui propose de prendre régulièrement la plume pour s’adresser au public du secteur de l’immobilier commercial ? « Ravi et honoré ! Je considérais comme une chance de pouvoir partager mes idées avec le lectorat d’Immobilier commercial. C’est une revue que je lis toujours avec grand intérêt, car on y apprend beaucoup sur les enjeux du secteur immobilier », témoigne-t-il. Que l’éditeur lui ait confié une chro­nique démontre selon lui l’ouverture de son lectorat à des questions de société qui dépassent largement les aspects financiers et techniques du développement immobilier. « Je constate que les promoteurs se soucient de plus en plus de l’interaction entre le développement immobilier et l’urbanisme, la mobilité et le développement durable. D’ailleurs, les commentaires que j’ai reçus des lecteurs attestent de leur intérêt pour ces sujets », affirme le professeur.

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UNE CARRIÈRE CONSACRÉE À LA CONCILIATION DES ENJEUX IMMOBILIERS, URBAINS ET DE MOBILITÉ Doyen de la Faculté de l’aménagement de 2014 à 2018, puis vice-recteur associé aux relations avec les diplômés, aux partenariats et à la philanthropie, Paul Lewis détient une feuille de route déterminée par sa vision novatrice des enjeux de l’urbanisme. « Quand j’ai commencé comme professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage, j’ai créé le cours sur les transports et services urbains. Cette matière était enseignée pour la première fois à la Faculté de l’aménagement. La mobilité est demeurée un sujet central dans mes travaux », rapporte celui qui s’est également intéressé aux questions du développement urbain et immobilier, à l’aménagement du territoire, à la géographie du commerce et à l’urbanisme commercial. Un des moments les plus marquants de sa carrière a été la création de l’Observatoire Ivanhoé Cambridge du développement urbain et immobilier, en 2006,


dont il est membre : « J’ai fait partie du groupe de chercheurs qui a proposé à Ivanhoé Cambridge de financer cet Observatoire. Le secteur immobilier est le principal moteur de la transformation de la ville, d’où l’importance pour nous de mieux comprendre ses impacts sur l’environnement urbain et réciproquement, de même que de reconnaître les facteurs de réussite ou d’échec des opérations de développement urbain. » Ces dernières années, Paul Lewis a également pris part à des projets transdisciplinaires consacrés aux impacts des infrastructures urbaines sur la santé et le bien-être, développant de ce fait une nouvelle expertise sur les liens entre la mobilité et la santé des citadins. UN OBSERVATEUR DE LA TRANSFORMATION DE MONTRÉAL Le Pr Lewis est un amoureux de Montréal, qu’il ne se lasse pas de parcourir à pied, appareil photo en main. Il se réjouit de constater la transformation des quartiers centraux de la métropole après des décennies de morosité. Il impute une grande partie de ces changements au nouveau regard sur la ville adoptée aujourd’hui par les promoteurs immobiliers : « C’est caractéristique de ce qui se passe dans plusieurs villes d’Amérique du Nord, où le centre retrouve son attractivité après des années à tout miser sur la banlieue. » À cela s’ajoute l’intérêt renouvelé pour le transport collectif, qui a beaucoup contribué à l’attractivité du centre-ville. « Maintenant, il aide à dynamiser les centres-villes de Laval et de Longueuil. Et demain, l’arrivée du Réseau express métropolitain contribuera significativement à la densification du tissu urbain montréalais autour de nœuds de transport collectif, en appelant des projets immobiliers d’envergure et de qualité », se réjouit M. Lewis.

REM.INFO

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REALISONSMTL.CA/SAINTECATH

Le Quartier des spectacles

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Autre élément positif : l’importance accordée à l’amé­ nagement d’espaces publics de qualité, comme en témoigne, par exemple, le Quartier des spectacles. « Je crois que le fait que les gens voyagent beaucoup aujourd’hui leur ouvre les yeux sur d’autres façons d’aménager la ville. Ils aiment découvrir, en Europe notamment, des villes où l’on peut se déplacer à pied et où l’expérience des lieux publics est riche. Et puis, collectivement, nous avons pris conscience d’être arrivés au bout de ce que pouvait nous apporter l’auto. Les Montréalais sont nombreux à souhaiter avoir leurs principales activités à distance de marche et attendent des espaces publics qu’ils deviennent des lieux de sociabilisation », estime le professeur. Celui-ci se dit frappé de constater à quel point les grands promoteurs sont aujourd’hui préoccupés par la qualité des espaces qu’ils aménagent et des effets de ceux-ci sur la vie des citadins : « Même si leur appréciation de la qualité peut différer de celle des urbanistes, il est indéniable qu’ils veulent créer de la valeur par la qualité de leurs projets, en misant par exemple sur la mixité des usages. » L’OCCASION DE REPENSER LA RUE SAINTE-CATHERINE Les travaux de revalorisation actuels dans le centreville fournissent l’occasion rêvée de repenser l’une des artères les plus emblématiques de Montréal : la rue

La Sainte-Catherine

Sainte-Catherine, estime Paul Lewis : « On doit faire plus de place aux piétons sur Sainte-Catherine, avec, pourquoi pas, des tronçons piétonniers. Et la rendre agréable à la promenade, en y intégrant du mobilier urbain, des terrasses, des espaces verts, sur le modèle des slow cities. » Pour autant, le chercheur imagine mal de proscrire totale­ ment les autos des abords de Sainte-Catherine. « La très grande majorité des travailleurs ou des clients du centreville s’y rendent déjà en transport en commun. Cela dit, il faut malgré tout prévoir des stationnements de courte durée et de longue durée, idéalement souterrains, car le transport en commun peut s’avérer une option peu pratique dans certaines circonstances, ou pour les gens résidant loin du centre ou même pour les personnes plus âgées », précise-t-il. Pour une métamorphose heureuse de Montréal, Paul Lewis en appelle à la collaboration étroite des promoteurs avec les urbanistes, la Ville et les citoyens. « Il faut encourager la créativité des promoteurs, premiers responsables du développement de la ville, rappelle-t-il. Loin de l’image de " bétonneurs " qu’on a pu leur coller autrefois, les promoteurs réfléchissent aux tendances actuelles et se montrent sensibles aux changements culturels. » Quant à lui, même à la retraite, il continuera à observer le développement de sa chère cité, à travers l’œil de son appareil photo…

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