49e PARALLÈLE Nord-Sud volume 3 - numéro 1

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Volume 3 • No 1 Hiver 2014

Le magazine du développement des ressources naturelles ENTREVUE

Plan Nord

RENCONTRE EXCLUSIVE

La vision de Philippe Couillard RESSOURCES

Pierre Arcand

Les vertes promesses de l’or bleu

Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles

Chroniques Convention poste-publication numéro 42105518

6,95 $

FRANÇOISE BERTRAND

YVES-THOMAS DORVAL

ÉRIC TÉTRAULT

Pour une gestion ordonnée des ressources du Nord québécois

Le vrai défi de la Société du Plan Nord

Du gaz naturel au Nord


«

« LE PLAN NORD : un projet exemplaire de développement durable »

»

Le gouvernement du Québec, en collaboration avec l’Université Laval et le Conseil nordique des ministres, vous invite à venir échanger sur les connaissances, les expériences et les visions du développement nordique dans le cadre du Symposium international sur le développement nordique. Les discussions porteront sur le Nord comme : ■ ■ ■ ■

cadre de vie; territoire physique; lieu de développement économique; lieu de connaissance, de formation et de recherche.

Des conférences, des ateliers et plusieurs autres activités sont au programme. Du 25 au 27 février 2015, au Centre des congrès de Québec.

Inscrivez-vous dès maintenant au › plannord.gouv.qc.ca/fr/symposium.

© David Rouault


»

L’AVENIR MOT DES MINIER ÉDITEURS DU QUÉBEC

Pour aujourd’hui et pour demain

U Stéphane Dion Éditeur

Christophe Leduc Éditeur délégué et rédacteur en chef

n simple coup d’œil à la carte du territoire d’application du Plan Nord (page 6) donne la mesure du défi que représente cet immense projet : 1,2 million de km2, soit deux fois la superficie de la France. Alors que plusieurs pays peinent à sortir de la crise économique et se demandent comment orienter leurs politiques pour les années à venir, le Québec, lui, voit là une occasion exceptionnelle de développement. Mais les défis sont nombreux, notamment en matière d’infrastructures et d’accès à l’énergie. Surtout en cette période de réchauffement climatique où les efforts doivent être consacrés à trouver des solutions permettant un développement respectueux de l’environnement. En effet, il ne s’agit pas seulement d’ouvrir le territoire et ses ressources à l’exploitation, il faut aussi planifier et ordonner le développement de manière durable et dans l’optique d’en faire une réussite sociale. L’expérience des erreurs commises ( dans le monde entier) au cours des 60 dernières années devra, en ce sens, être profitable. Il faudra, par exemple, se tourner vers les énergies propres et vers la recherche et le développement, qui donneront les réponses de demain à des questions vieilles de plus d’un demi-siècle. D’autres alternatives s’offrent à nous, parmi lesquelles l’hydroélectricité ( déjà important moteur de développement par le passé), le gaz naturel liquéfié, l’éolien, la biomasse et les centrales à cycle combiné. S’il est un avantage à tirer de notre époque, c’est bien celui du foisonnement technologique, qui nous ouvre chaque jour de nouvelles possibilités. Sur le plan des infrastructures, le défi est également de taille. Les investissements stratégiques font souvent la part belle aux entreprises, qui ont besoin de transport à coût compétitif. Le prix exorbitant de l’acheminement des denrées essentielles et des personnes vers les communautés les plus éloignées est un réel problème sur lequel les gouvernements fédéral et provincial devront se pencher. C’est d’ailleurs une des revendications principales des populations du Nord. Car attirer des habitants ou des touristes à ces latitudes ne peut se faire sans résoudre cette problématique. Les centres de formation, les télécommunications, l’accès aux soins et à la justice sont aussi des axes de travail à considérer. Les recherches de l’Institut nordique du Québec contribueront sans doute à la découverte des ressources de demain et à l’ouverture des marchés qui leur sont associés : qu’il s’agisse d’agriculture, d’énergie, de pharmaceutique ou d’aquaculture. L’exemple de la récolte des algues des côtes québécoises, traité dans votre magazine, est sur ce point éloquent. Réussir le développement du Nord sera l’affaire de tous les Québécois, ceux d’aujourd’hui, mais également de demain. Il faudra du temps, beaucoup de concertation et l’adhésion de chacun pour réussir ce projet. Les communautés autochtones seront au cœur des consultations, elles qui habitent ces régions depuis plus de 10 000 ans. S’il devait y avoir un symbole de ce que devrait être le Plan Nord idéal, ce serait sans doute l’inukshuk. Ces sentinelles inuites, dont certaines ont plus de 1000 ans, se trouvent dans l’Arctique canadien. Faites de pierres savamment agencées pour que chacune soit le support de l’autre, elles symbolisent à la fois la solidarité, la force du travail d’équipe et les âmes passées avant nous autant que celles qui nous succéderont. À une époque obnubilée par la rentabilité à court terme, il est utile de rappeler qu’on ne met pas en œuvre des politiques pour notre seul profit immédiat, mais aussi et surtout pour le bien des générations à venir. Bonne lecture et bon hiver !

49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 3


Une source d’information inspirante, crédible et complète pour saisir les opportunités d’affaires et les occasions d’emploi qu’offre le développement des ressources naturelles du Québec.

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Abonnement : 1 an ( 4 numéros) 18 $ 2 ans ( 8 numéros) 30 $ Le magazine du développement des ressources naturelles 4 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

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SOMMAIRE 12

08

Rencontre exclusive

Photos : Premier ministre – Courtoisie Gouvernement du Québec / ministre Arcand – Renaud Philippe

Entrevue

Lors d’une entrevue exclusive, Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord, nous a détaillé les mesures prises et les défis à relever pour que ce projet de développement soit une réussite pour le Québec d’aujourd’hui et de demain.

Quelques semaines après avoir mis en route la relance du Plan Nord, le premier ministre Philippe Couillard a répondu aux questions de 49e Parallèle. Nous avons évoqué avec lui la vision et les grandes orientations données au Plan Nord tel qu’il l’envisage.

Énergie Gaz naturel liquéfié Gaz Métro et Tugliq Énergie nous exposent leurs projets de gaz naturel liquéfié et les avantages que celui-ci procurera au développement de la Côte-Nord.

18 23

Propulser le Nord

46

Les vertes promesses de l’or bleu Découvrez les possibilités qu’offre une des ressources les plus abondantes du Nord québécois : l’eau !

Un concept novateur

Infrastructures Les infrastructures sont un des enjeux majeurs du développement nordique, qu’il s’agisse de transport routier ou ferroviaire

29 36 Volume 3 • No 1 Hiver 2014

Le magazine du développement des ressources naturelles ENTREVUE

Plan Nord

RENCONTRE EXCLUSIVE

La vision de Philippe Couillard

Éditeur Stéphane Dion, président Paradigme Éditions publiques inc. editeur@49eparallele.com Éditeur délégué et rédacteur en chef Christophe Leduc

RESSOURCES

Pierre Arcand

Les vertes promesses de l’or bleu

Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles

Chroniques Convention poste-publication numéro 42105518

6,95 $

FRANÇOISE BERTRAND

YVES-THOMAS DORVAL

ÉRIC THÉRIAULT

Pour une gestion ordonnée des ressources du Nord québécois

Le vrai défi de la Société du Plan Nord

Du gaz naturel au Nord

En couverture Photos : Philippe Couillard – Gouvernement du Québec Pierre Arcand – MERN Route 167 – Courtoisie Diamants Stornoway

Collaborateurs Annie Saint-Pierre, Danielle De Garie, Éric Tétrault, Francine Bordeleau, Françoise Bertrand, Gaston Déry, Jean Simard, Jean-François Samray Josée Arsenault, Julie Turgeon, Laurent Abbatiello, Martin Imbleau, Robert Marquis, Stéphane McKenzie, Yves-Thomas Dorval. Réviseures linguistiques Bla bla rédaction

Prolongement de la route 167 Un beau succès régional ! Transport minier Côte-Nord fosse du Labrador Un premier pas vers la troisième voie

Designers graphiques Marie-Noëlle Laprise et Kim Dumont Paradigme Éditions publiques inc. Impression Impart Litho Distribution Groupe ETR Messageries Dynamiques Abonnement abonnements@49eparallele.com 1 an ( 4 numéros ) 18 $ 2 ans ( 8 numéros ) 30 $ Prix du numéro en kiosque : 6,95 $ + taxes Publicité Paradigme Éditions publiques inc. Tél. : 418 523-0523 publicite@49eparallele.com

Nous joindre Paradigme Éditions publiques inc. 633, rue Saint-Joseph Est, bureau 401 Québec ( Québec) G1K 3C1 Téléphone : 418 523-0523 Sans frais : 1 855 523-7772 49eparallele.com Droits de reproduction et droits d’auteur

La reproduction des textes est autorisée pour autant que la source soit mentionnée. Toute reproduction doit préciser le nom ainsi que le numéro de la publication. Les opinions émises dans le magazine ne reflètent pas nécessairement celles de la société éditrice. L’éditeur ne se tient pas responsable du contenu des publicités de ses annonceurs, ni d’une erreur d’impression. La responsabilité d’obtenir les droits d’utilisation et d’en assumer les coûts est assumée par les annonceurs et les collaborateurs.

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CARTE

Plan Nord Plan Nord 85°

80°

75°

70°

65°

60°

55°

Ressources naturelles

Ivujivik

Salluit

Centrale hydroélectrique en c

tr

oi td

Raglan

'H

ud s

Kangiqsujuaq

Nunavik Nickel Akulivik

Mine active

on

Projet de mine en développem

Parc national des Pingualuit

60°

Quaqtaq

60°

Projet de mine en mise en va

Limite nord de la forêt comme

Puvirnituq Kangirsuk

Hopes Advance Bay

Inukjuak

Parc national du Québec

Kangiqsualujjuaq

Tasiujaq

Eldor (Ashram)

Parc national Tursujuq

Mer du Labrador

du Conseil privé (n o n 927 de 1

Nunavik

Umiujaq

Infrastructures de transport

a cé

Parc national Kuururjuaq

Tr

Baie d'Hudson

Fosse du Labrador

Baie d'Ungava

Aupaluk

Kuujjuaq

Lac Otelnuk Kuujjuarapik Whapmagoostui

Nord-du-Québec

Route existante Route gravelée Route projetée 55°

Organisation territoriale

KéMag (Taconite)

DSO

Municipalité ou communauté a

Kawawachikamach Matimekosh Schefferville Lac-John

Baie James

Chisasibi

Radisson

s Tra n

Lac Duncan Wemindji

Village

ta ï g

Frontière internationale Frontière interprovinciale

Eeyou Istchee Baie-James Éléonore

Renard

Lac Bloom Mont-Wright

Eastmain

Fire Lake North Fire Lake

Rose Tantalum-Lithium Nemaska

Waskaganish

Fermont

Lac Knife

9 Tracé de 1

167

Whabouchi

Frontière Québec – Terre-Neu (cette frontière n'est pas défin

on seil privé (n 27 du Co n

Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent Bonne-Espérance Vieux-Fort Pakuashipi

Côte-Nord

Lac Guéret 50°

Bracemac-McLeod Matagami

Waswanipi

Arnaud

Chibougamau

Saguenay– Lac-Saint-Jean

Lebel-sur-Quévillon

Girardville

Amos

Port-Cartier

Lac à Paul

Blackrock

Chapais

Lac Bachelor Langlois

R1005

RouynNoranda

OujéBougoumou

Gros-Mécatina

Saint-Stanislas

Mashteuiatsh

Alma

Saguenay

Essipit

Ville-Marie

Métadonnées

Gaspé

Golfe du Saint-Laurent

Rimouski

Rivière-du-Loup La Tuque

117

Île-duPrinceÉdouard

Québec

Mont-Laurier Trois-Rivières

Nouveau-Brunswick

Joliette

45°

Montréal

Ontario

Blanc-Sablon

Limite nord du territoire Eeyou Istchee Baie-James

Baie-JohanRivièreBeetz Aguanish Mingan La Romaine Saint-Jean Kegaska Sept-Îles Natashquan Havre-SaintMaliotenamRivière-auPierre Tonnerre Longue-Pointe-de-Mingan

Baie-Trinité Baie-Comeau Godbout Franquelin Chute-aux-Outardes Pointe-Lebel Ragueneau Pessamit Pointeaux-Outardes Matane

Notre-Dame-de-Lorette

Val-d'Or

Uashat

Saint-Augustin

Limite de région administrative

LeCôte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent Nunavik est situé dans le Nord-du-Québe 50° et désigne une région socioculturelle.

Lac Tio

Mistissini

Casa Berardi

Port Chemin de fer

Strange Lake / B-Zone

55°

Plan Nord

Sherbrooke

États-Unis

NouvelleÉcosse

Projection Conique de Lambert a Terre-Neuvedeux parallèles d'éche cartographique et-Labrador conservée (46 e et 60 e

Sources

Organismes Données Fond cartographique MERN Infrastructures de transport MTQ, MERN, R Parcs nationaux du Québec MRN Projets hydroélectriques MERN Canada Ressources minières MERN Océan 45° États-Unis Réalisation Atlantique Ministère de l'Énergie et des Ressources nat Direction générale Mexique de l'information géograph

Note : Le présent document n'a aucune porté 75°

Plan Nord

6 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

70°

Organisation territoriale

65°

Métadonnées

60° © Gouvernement du Québec, 2014

0

200 km


Le Nord québécois, c’est :

Plan Nord

Ressources naturelles Centrale hydroélectrique en construction Mine active Projet de mine en développement

> 1,2 million de km , soit 72 % du 2

territoire québécois ;

> 63 villes, villages et communautés ;

Projet de mine en mise en valeur Limite nord de la forêt commerciale

> L’une des plus importantes réserves

Fosse du Labrador

d’eau douce au monde ;

Parc national du Québec

Infrastructures de transport

> Plus de 75 % de la capacité de

Port

production hydroélectrique du Québec ;

Chemin de fer Route existante Route gravelée Route projetée

> 200 000 km

Organisation territoriale Municipalité ou communauté autochtone Frontière internationale Frontière interprovinciale Frontière Québec – Terre-Neuve-et-Labrador (cette frontière n'est pas définitive) Limite nord du territoire Eeyou Istchee Baie-James Le Nunavik est situé dans le Nord-du-Québec et désigne une région socioculturelle.

Métadonnées Conique de Lambert avec deux parallèles d'échelle conservée (46 e et 60 e)

Données Fond cartographique Infrastructures de transport Parcs nationaux du Québec Projets hydroélectriques Ressources minières

Organismes MERN MTQ, MERN, RNCan MRN MERN MERN

Années 2014 2011, 2014, 2014 2013 2014 2014

Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles Direction générale de l'information géographique Note : Le présent document n'a aucune portée légale. 0

200 km

> Des gisements de fer, de nickel,

> Des terres rares (au nombre de 15)

Réalisation

© Gouvernement du Québec, 2014

> Un immense potentiel d’exploitation

de cuivre, de zinc, d’or, d’argent, de chrysolite, de graphite, d’ilménite, de gemmes, de vanadium, de cobalt, de pierres précieuses (dont les diamants), de lithium, de pierres industrielles (calcaire, dolomie, marbre, silice), etc. ;

Limite de région administrative

Sources

de forêts commerciales ;

de l’éolien, de la biomasse et de l’hydrolien ;

Village

Projection cartographique

2

utilisées dans une multitude de domaines liés à l’énergie, aux transports et à la haute technologie ;

> Un potentiel de développement

touristique exceptionnel : tourisme d’aventure, safari photos, pêche, chasse, etc. ;

> Des ressources fauniques hors

du commun, dont des rivières à saumon de renommée internationale. 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 7


ENTREVUE PHILIPPE COUILLARD, PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC

Répond aux questions de 49e Parallèle

Quelques semaines après avoir mis en route la relance du Plan Nord, le premier ministre Philippe Couillard a répondu aux questions de 49e Parallèle. Nous avons évoqué avec lui la vision et les grandes orientations données au Plan Nord tel qu’il l’envisage.

49e //. Votre discours du 30 septembre dernier au salon Plan Nord se voulait clairement à la fois rassurant et volontaire dans le but de convaincre les investisseurs que le Plan Nord est prometteur. Quels sont les premiers retours qui vous reviennent à la fois des investisseurs québécois et étrangers ? Philippe Couillard. Mon gouvernement a un plan pour relancer l’économie du Québec, et le Plan Nord en est un des piliers. C’est le discours que nous tenons avec nos partenaires, de même qu’avec les investisseurs potentiels du Québec et de l’étranger. Chaque fois que je présente ce projet de société emballant, je peux vous assurer que les gens se montrent fortement réceptifs.

49e //. Vous avez voyagé et allez beaucoup voyager ( New-York, Chine, Islande…) pour vendre ce Plan Nord aux investisseurs et décideurs étrangers. Que leur dites-vous pour les convaincre ? Quels arguments mettez-vous en avant ? P. C. Lors de ces missions, mon message est clair : le Québec, et particulièrement le territoire concerné par le Plan Nord, est une contrée accueillante et facilitante pour ceux qui veulent contribuer à l’essor de son activité économique. Le Plan Nord reposera sur un cadre clair et

8 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

prévisible, notamment grâce à la Société du Plan Nord, au bureau de commercialisation et aux investissements stratégiques en infrastructures. En effet, comme nous souhaitons mettre en valeur l’immense potentiel du Nord québécois, nous allons encourager la réalisation d’investissements stratégiques qui favoriseront le développement et l’accès au territoire, tant pour les communautés locales que pour les investisseurs, mais également pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois. Pensons ici aux réseaux routier, ferroviaire et portuaire. D’importants investissements en matière de télécommunications et une grande accessibilité aux différentes sources d’énergie ( hydroélectricité, gaz naturel liquéfié ou toute autre solution énergétique innovante) sont également des aspects sur lesquels nous travaillons donc en priorité et qui sont attirants pour les promoteurs.

49e //. Quel est le montant total d’investissements que la province va injecter dans le Plan Nord ? Pour quelles retombées espérées ? P. C. La mise en œuvre du Plan Nord est soutenue financièrement par le Fonds du Plan Nord, un fonds qui disposera d’environ 2 milliards de dollars d’ici 2035. Et d’ici là, nous prévoyons que ce projet générera des investissements totaux de l’ordre de 50 milliards de dollars.

49e //. Quel est le montant d’investissements étrangers que vous comptez attirer ? P. C. Il est encore tôt pour établir un montant précis à ce stadeci du redéploiement du Plan Nord, mais il est clair qu’une part significative des 50 milliards de dollars projetés proviendra d’investissements étrangers.


49e //. Vous avez évoqué la nécessité d’une mise en valeur du territoire nordique de façon « intégrée et planifiée ». Cela implique un périmètre très large d’intervention, des investissements importants et une feuille de route claire, pour la Société du Plan Nord notamment. Quels sont les principaux jalons de cette feuille de route ? Et quels en seront les pôles de développement prioritaires ? P. C. La vision, les orientations et les interventions prioritaires du Plan Nord s’inscrivent dans une approche qui intègre systématiquement les dimensions économique, sociale et environnementale. Les plans d’action du Plan Nord et les plans stratégiques de la Société du Plan Nord s’articuleront autour de ces trois axes. Au cours des cinq prochaines années, les pôles de développement prioritaires seront : sur le plan économique, le déploiement des > infrastructures en matière de transport, d’énergie et de

Photo : Gouvernement du Québec

49e //. Vous évoquez l’horizon 2035 et planifiez clairement ce Plan Nord à long terme. Mais un mandat dure quatre ans. Alors, comment assurer « un environnement stable et prévisible » aux acteurs économiques et garantir que le Plan Nord ne sera pas abandonné en cas d’alternance politique ? P. C. Pour assurer la mise en œuvre efficace du Plan Nord, nous avons besoin d’une entité indépendante, d’où la création de la Société du Plan Nord. Elle gérera le développement sur cet immense territoire, notamment en assurant l’adéquation entre tous les partenaires, la planification adéquate des interventions et une cohérence constante de l’ensemble des actions réalisées sur le territoire du Plan Nord. Aussi, le succès de cet ambitieux projet et sa pérennité reposent sur l’adhésion et la participation active de l’ensemble des partenaires concernés : les entreprises et investisseurs privés, les différents intervenants dans les domaines économique, social et environnemental et surtout les communautés et les populations nordiques, incluant les Autochtones. Le Plan Nord a été imaginé et conçu en partenariat étroit avec les communautés locales, et nous entendons poursuivre sa réalisation de façon continue avec celles-ci.

télécommunications nécessaires à la réalisation des différents projets d’investissement, miniers et autres, sur le territoire du Plan Nord ; sur le plan social, l’amélioration du cadre de vie de > l’ensemble des communautés du territoire du Plan Nord, l’accompagnement des communautés dans la planification et la prise en charge de leur développement, la formation de la main-d’œuvre, particulièrement la main-d’œuvre autochtone, et le déploiement de mesures appropriées pour assurer la sécurité sur le territoire ; le plan environnemental, le gouvernement entend > sur protéger l’environnement et conserver la biodiversité distinctive du Nord québécois. Trois objectifs soutiennent cet engagement :

> assurer des processus d’évaluation environnementale efficaces ;

> consacrer, d’ici 2035, 50 % du territoire du Plan Nord à

des fins autres qu’industrielles, à la protection de l’environnement et à la sauvegarde de la biodiversité. Cela inclut, d’ici 2020, au moins 20 % de la superficie du territoire du Plan Nord en aires protégées strictes, soit l’équivalent de 240 000 km2. Nous voulons ainsi atteindre l’objectif fixé par les pays ayant ratifié la Convention internationale sur la diversité biologique, c’est-à-dire de constituer 17 % du territoire du Québec en zone terrestre et d’eau douce intérieure d’aires protégées en 2020 ;

> encourager les meilleures pratiques, tant à l’égard de

l’implantation, de l’exploitation, du développement, des activités de prélèvement que des divers usages sur le territoire. 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 9


ENTREVUE

49e //. La Société du Plan Nord ainsi que l’Institut de recherche nordique sont en train de voir le jour. Mais leurs travaux respectifs sont de longue haleine. Quand pensez-vous que le Québec sera capable de faire tourner le Plan Nord « à plein régime » ? P. C. Le Plan Nord est un projet de société dont la réalisation s’étendra minimalement jusqu’en 2035. Sa matérialisation se fera graduellement, au fil de la réalisation des interventions de tous les partenaires, dans le respect de l’encadrement réglementaire en vigueur, en s’assurant de l’acceptabilité sociale des populations concernées et en misant sur le développement de la connaissance du territoire, de son potentiel, de sa fragilité et de ses populations. Par ailleurs, dans la mesure où le projet de loi créant la Société du Plan Nord est adopté d’ici la fin de l’automne 2014, il est prévu que celle-ci devienne pleinement opérationnelle le 1er avril 2015. Quant à la création de l’Institut nordique du Québec, son déploiement devrait se concrétiser graduellement au cours des prochaines années.

49e //. Quand vous expliquez le Plan Nord, vous insistez beaucoup sur la nécessité pour ce développement nordique d’être durable et respectueux de l’environnement. Comment faire pour résoudre le problème d’accès à l’énergie dans le respect de l’environnement ? Cela passe-t-il par une politique énergétique tournée vers les énergies renouvelables ? P. C. Selon les besoins en énergie, la rentabilité et la possibilité de développer des projets ayant des impacts mesurés sur l’environnement, Hydro-Québec pourra, d’ici 2035, développer de nouveaux projets hydroélectriques sur le territoire du Plan Nord, une énergie, rappelonsle, renouvelable. De plus, mon gouvernement est très intéressé à voir se développer, sur le territoire du Plan Nord, des solutions permettant de produire de l’énergie renouvelable pour les communautés 10 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

hors du réseau d’Hydro-Québec et pour les projets miniers isolés. Cela permettra de réduire sensiblement l’émission de gaz à effet de serre des centrales alimentées actuellement au mazout ou au diesel, tout en réduisant les coûts de production d’énergie. De telles initiatives sont rentables économiquement et pour l’environnement.

49e //. L’un des problèmes du développement économique du Nord est l’ultraspécialisation. Quelle est votre stratégie pour réussir à diversifier l’activité économique des communautés nordiques ? P. C. La responsabilité de diversifier leur économie locale appartient d’abord à chacune des communautés du territoire du Plan Nord. La Société du Plan Nord, en collaboration avec les ministères et organismes concernés ainsi que le bureau de commercialisation et Investissement Québec, accompagnera et soutiendra les communautés dans leurs démarches de diversification économique. Le Fonds du Plan Nord pourra également être mis à contribution.

49e //. Faire du Québec un « modèle mondial du développement nordique durable » nécessitera un effort particulier de soutien à la recherche et à l’innovation. Quels secteurs de l’industrie québécoise sont, selon vous, les plus prometteurs et les plus enclins à contribuer au développement technique et technologique du Plan Nord ? P. C. Le Plan Nord permettra au Québec d’être reconnu comme un chef de file mondial en développement nordique durable. Des efforts considérables seront consacrés au développement de la connaissance et de la recherche, que ce soit en ce qui a trait aux aspects économiques, sociaux ou environnementaux. En ce sens, j’ai d’ailleurs récemment annoncé la création de l’Institut nordique du Québec. Cette organisation regroupera des expertises en sciences naturelles, sociales et de la santé, ainsi qu’en génie. Elle contribuera à fournir aux décideurs du gouvernement et du secteur


privé toutes les connaissances scientifiques et le savoir-faire technique nécessaires au développement durable du Nord québécois. Tous les acteurs économiques ayant des activités sur le territoire du Plan Nord seront invités à participer activement à faire de ce vaste projet de développement nordique durable un modèle exemplaire. C’est d’ailleurs déjà le cas. Pensons par exemple à la mine Raglan, de la compagnie minière Glencore, et à la mine Renard, de la compagnie minière Stornoway, qui cherchent à réduire l’émission de gaz à effet de serre générée par leurs opérations, et qui développent des ententes de partenariat avec les communautés locales à proximité de leurs infrastructures.  Hydro-Québec est un autre bel exemple, avec les efforts considérables déployés tant sur le plan environnemental que dans ses rapports avec les communautés voisines de ses installations. L’aménagement écosystémique des forêts mis de l’avant dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau régime forestier et l’implication des communautés dans la planification des opérations forestières, particulièrement sur le territoire du Plan Nord, vont également dans le même sens.

49e //.  Le tourisme nordique est un secteur sur lequel vous insistez beaucoup. Mais, malgré des atouts exceptionnels, il peine à se développer en raison, notamment, des coûts prohibitifs du transport et d’une offre qui manque de diversification. Comment aider les acteurs du tourisme nordique à attirer les visiteurs québécois ou étrangers ? P. C. Nous avons relancé la stratégie de développement touristique, un investissement de 3,2 millions de dollars. Cette stratégie, élaborée et mise en œuvre par le ministère du Tourisme, en collaboration avec l’ensemble des intervenants touristiques du territoire du Plan Nord, vise spécifiquement à faire du territoire du Plan Nord une destination touristique de calibre mondial. //

49e // Vol. 3 Nº 1 ∙  Hiver 2014 ∙   11


RENCONTRE EXCLUSIVE

« Faire jouer l’orchestre symphonique du Nord » Les annonces gouvernementales de l’automne 2014 indiquent que le Plan Nord est de nouveau sur les rails. Lors d’une entrevue exclusive, Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord, nous a détaillé les mesures prises et les défis à relever pour que ce projet de développement soit une réussite pour le Québec d’aujourd’hui et de demain.

Horizon 2020 Développer le Nord-du-Québec est un projet de longue haleine qui s’échelonnera sur environ 20 ans. Mais le gouvernement actuel s’est donné une feuille de route dont le premier jalon se situe en 2020. « Nous avons un plan général sur un horizon d’au moins une vingtaine d’années, précise le ministre, mais nous travaillons aussi sur un plan spécifique, c’est-à-dire 2015-2020. » Cette première phase privilégiera la zone du nord-est de la province. La fosse du Labrador, au nord de Fermont, est le premier secteur 12 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

Pierre Arcand Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord

Par Christophe Leduc

identifié de façon évidente. Elle recèle, selon M. Arcand, du « minerai de fer de qualité et en abondance ». La commande d’une étude de faisabilité sur une nouvelle ligne ferroviaire allant de la Côte-Nord à la fosse du Labrador montre d’ailleurs cette volonté de mettre rapidement en place les moyens nécessaires à l’essor économique de la région. « Si le potentiel le permet, on pourrait même voir HydroQuébec y proposer des services, dans un horizon pas très éloigné », affirme le ministre. Un secteur clé de la région de Sept-Îles pourrait également être renforcé, selon M. Arcand : « Il y a de la place et du potentiel pour une autre aluminerie dans ce secteur. »


Photo : Renaud Philippe

Coordonner les forces vives Avec la création de la Société du Plan Nord et de l’Institut nordique du Québec, le gouvernement a voulu se doter de structures efficaces pour optimiser son plan de développement. « La Société du Plan Nord aura un rôle d’opérateur et de coordinateur », lance M. Arcand. En effet, le périmètre d’action de cette « vision intégrée » est, comme son territoire d’application, immense : 14 ministères, ainsi que des municipalités, des communautés autochtones, des entrepreneurs privés, etc., sont concernés. « Il s’agit de faire jouer l’orchestre symphonique du Nord », résume le ministre. Après avoir reçu ses orientations et ses priorités, la Société du Plan Nord devra être capable de mettre de l’huile dans les rouages pour éviter les blocages. Elle devra aussi faire les bons choix pour développer adéquatement le tissu socioéconomique des régions. Composée d’un conseil d’administration et d’une assemblée des partenaires de 15 à 25 personnes, « la Société aura pour mission d’assurer un développement harmonieux du territoire, grâce à la consultation de l’ensemble des partenaires. Car c’est un défi profondément humain », ajoute M. Arcand. Elle aura en outre à structurer les orientations et les choix gouvernementaux, votés chaque année lors du budget. Le bureau de commercialisation sera, quant à lui, appelé à être le « guichet unique pour tous ceux qui veulent obtenir de l’information », explique M. Arcand. Car l’accès aux bonnes informations facilitera la mise en œuvre et l’aboutissement des projets. En fondant l’Institut nordique du Québec, le gouvernement a aussi voulu doter la province d’un centre de recherche multidisciplinaire capable d’acquérir les connaissances nécessaires au développement nordique durable. L’Université Laval, l’Université McGill et l’Institut national de la recherche scientifique ( INRS) combineront donc leurs efforts pour fournir aux décideurs politiques et aux entreprises privées les connaissances nécessaires dans les domaines économique, social et environnemental. L’Institut, composé de 170 chercheurs, s’est déjà vu attribuer trois millions de dollars pour ses premiers travaux. « Il est appelé à devenir très important », rappelle le ministre Arcand.

Les infrastructures : un enjeu stratégique Selon le ministre, la question qu’on lui pose le plus fréquemment lors de ses nombreuses missions commerciales à l’étranger est : « Avez-vous les infrastructures nécessaires ? ». En effet, les investisseurs étrangers veulent savoir s’ils pourront transporter les minerais ou les marchandises à coût compétitif. Pas étonnant, donc, que l’effort ait tout de suite été mis sur les routes : la route 167, déjà réalisée, ainsi que les travaux de prolongement de la route 138 et la réfection de la route 389, à venir. Le chemin de fer aura, lui aussi, son rôle à jouer, notamment dans le transport des minerais jusqu’aux ports. De plus, le gouvernement s’est doté d’une stratégie maritime et pense à l’ouverture du passage du Nord-Ouest : « Il y a du potentiel pour un port en eau profonde », précise le ministre. « Un autre point sur lequel je travaille, c’est de favoriser les télécommunications. Il ne peut y avoir de développement sans numérique, cela fait partie de nos priorités. » D’ailleurs, le gouvernement se dit prêt à mettre la main au portefeuille pour appuyer les réalisations les plus importantes pour l’essor du territoire nordique.

L’énergie, la clé de voûte du développement nordique Outre l’hydroélectricité, qui génère 97 % de la production électrique au Québec, le gouvernement souhaite mettre en place une politique énergétique favorisant les autres énergies renouvelables. La mise en œuvre de plusieurs projets de gaz naturel liquéfié ( GNL) sur la Côte-Nord traduit cette volonté de développer le Nord dans le respect de l’environnement. « Le GNL est une solution qui permet non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre ( GES), mais qui favorise également la deuxième transformation, estime M. Arcand. La biomasse, l’éolien, le GNL sont les trois énergies à privilégier. Nous allons travailler à les combiner à l’hydrogène pour réduire de beaucoup les GES et pouvoir nous libérer du pétrole. » Le Plan Nord est donc relancé selon une vision de 2014, soit celle d’après le boom minier. Les premiers investissements ont été réalisés. Et le gouvernement n’est pas avare d’efforts pour attirer les capitaux dans ce grand projet. Mais la mise en train des organismes qui feront tourner les engrenages de la machine sera longue. Si ce projet représente une opportunité exceptionnelle pour le Québec, il ne faut pas oublier qu’il est planifié sur 20 ans. Les défis à relever seront nombreux pour faire de ce plan une opportunité historique pour le Québec. Peu de pays ont un tel potentiel de développement au 21e siècle. Or, au-delà des aspects politiques et économiques, c’est un territoire que les Québécoises et les Québécois doivent s’approprier. //

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ENTREPRENDRE LE NORD

Pour une gestion ordonnée des ressources du Nord québécois

Le Nord québécois représente un immense potentiel pour la valorisation des ressources minérales et énergétiques de la province. La mise sur pied de la Société du Plan Nord constitue un prérequis, voire un incontournable pour assurer le développement harmonieux des territoires concernés et l’exploitation rationnelle des ressources qu’on y retrouve. En fait, une telle société saura faire en sorte que chaque nouveau projet d’investissement puisse être traité avec rigueur, discipline et prévisibilité, pour que ce potentiel se transforme en activités économiques durables et en un maximum de richesses pour la collectivité.

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Françoise Bertrand, O.C., C.Q. Présidente-directrice générale Fédération des chambres de commerce du Québec ( FCCQ )

À la fois trait d’union et guichet unique Vu la multitude d’enjeux associés à l’exploitation des ressources, plusieurs ministères et organismes gouvernementaux sont appelés à intervenir à l’une ou l’autre des étapes du processus. La Société du Plan Nord pourra faire preuve de leadership et exercer un rôle de trait d’union afin de favoriser la concertation interministérielle. D’ailleurs, c’est en démontrant que les efforts de développement des ressources sont menés de façon coordonnée qu’il sera possible de convaincre les promoteurs et les investisseurs d’engager les sommes – le plus souvent des centaines de millions de dollars – qu’exige la mise en œuvre d’un projet minier.


De plus, la création d’un bureau de commercialisation fournira un point de chute important pour les entreprises qui souhaitent investir dans le Nord. Le réseau des chambres de commerce pourra être mis à contribution dans l’établissement d’une telle institution afin de créer un lien entre les donneurs d’ordres et les entreprises québécoises. Cette synergie permettra non seulement d’engendrer des retombées économiques sur le plan local et national, mais aussi d’entretenir une expertise entièrement québécoise. Cela dit, c’est en agissant comme guichet unique pour les promoteurs que le rôle de la Société prendra tout sens. C’est connu et documenté, les étapes à franchir sont nombreuses avant qu’un promoteur ne puisse aller de l’avant avec un projet de développement minier. Les processus d’approbation et de délivrance de permis sont complexes, lourds et très longs. Il faut compter jusqu’à 10 ans – et 80 permis – entre la phase avancée d’exploration et le début des activités d’exploitation d’une mine. S’il est tout à fait légitime d’imposer des règles pour s’assurer d’une intégration harmonieuse des points de vue social, économique et environnemental, tant les exigences que le processus qui conduit à l’autorisation d’un projet majeur doivent être clairs. La FCCQ l’a maintes fois répété : les règles du jeu doivent être connues et ne devraient pas être changées en fonction de certains aléas que les investisseurs ont de la difficulté à comprendre. Il n’y a rien de plus néfaste aux investissements que l’incertitude. La Société du Plan Nord devient ainsi un formidable outil pour contrer l’incertitude, d’autant plus que son mandat comprend aussi la coordination de la réalisation des infrastructures, la mise en place de moyens pour maximiser les retombées économiques des projets ainsi que l’accompagnement des collectivités dans leur développement, et ce, dans une perspective de développement durable. C’est là que réside tout l’intérêt d’un guichet unique. Le promoteur pourra ainsi compter sur un cadre prévisible et uniforme pour l’ensemble du Québec et mieux évaluer à l’avance le contexte, le temps et la difficulté d’approbation. Il est important de rappeler qu’à l’échelle de la planète, le Québec n’est pas un joueur de premier plan dans plusieurs segments du secteur des ressources, en particulier dans le domaine minier, dont il ne représente que 1 % de la production mondiale. Nous ne sommes pas en position pour imposer nos règles au marché. Si nous avons des procédures qui demandent trop de temps et d’efforts et qui comportent une part trop grande d’incertitude, les investisseurs se tourneront vers d’autres territoires. Et nous raterons des occasions de créer de la richesse chez nous. //

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CONNEXIONS

Du gaz naturel au Nord Le Plan Nord entreprend un nouveau départ. Le potentiel de ce projet ne se limite pas à quelques points de PIB. Il s’agit d’ouvrir le territoire québécois sur une toute nouvelle zone économique.

En faire un très grand projet Rares sont les économies qui disposent d’un tel espace de développement : le territoire délimité dans la stratégie du Plan Nord est vaste. Ce même territoire offre un éventail de ressources naturelles qui, une fois exploitées et valorisées, pourront être exportées dans le contexte d’une demande mondiale forcément croissante. Des projets de développement hydroélectrique permettront au Québec de rester parmi les leaders mondiaux dans ce secteur et de toujours mieux sécuriser ses approvisionnements énergétiques ; les projets miniers, les projets d’infrastructures et de construction, ainsi que toutes les retombées envisagées pour les équipementiers et les manufacturiers, alimenteront le dynamisme industriel du Québec. Sur le plan social, l’ensemble des dispositions prévues, de l’implication des communautés autochtones à la formation de la main-d’œuvre, ne peut que favoriser notre prospérité. Enfin, les caractéristiques de l’environnement nordique nous placent devant un joyeux exercice : celui de réussir le développement durable. Tout reste à faire. Mais dans l’action, l’approche de développement nordique devra être globale et complète : un système a besoin de toutes ses fonctions, les premières à implanter étant celles concernant la production, la distribution et l’utilisation d’énergie.

Donner les meilleures chances aux investissements engagés Les efforts jusqu’ici consentis pour donner de l’élan au Plan Nord se sont heurtés à une conjoncture qui a clairement découragé l’investissement minier : la baisse des prix mondiaux des matières premières a remis en question tout nouvel investissement et a arrêté la réalisation des projets annoncés en 2011. À noter, 16 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

Éric Tétrault Président Manufacturiers et exportateurs du Québec ( MEQ)

par exemple : l’or, minerai comptant parmi les ambitions du Plan Nord, est à son plus bas creux en cinq ans. De plus, l’instabilité de l’économie mondiale et quelques éléments de nature réglementaire et politique ont réduit la confiance des investisseurs quant à la pertinence de placer leurs capitaux dans le Nord-du-Québec. Depuis son élection le 7 avril 2014, le gouvernement du Québec ne semble pas vouloir en rester là : il réactive les grands chapitres de la stratégie et sollicite de nouveau les multinationales, affirmant son ambition de faire du Plan Nord un véritable levier de création de richesse. Cela tombe bien, la reprise américaine est imminente et, en attendant qu’elle se confirme, le gouvernement doit encourager la performance des projets déjà engagés afin que l’expérience de ces premiers succès encourage les entreprises à réinvestir. L’annonce récente d’une nouvelle mine de phosphore au Saguenay–Lac-SaintJean est une bonne nouvelle. En cautionnant le projet par une participation d’Investissement Québec, le gouvernement marque sa volonté politique de soutenir les investissements dans le secteur des mines.


Diversification de l’énergie : une nécessité industrielle et environnementale Parmi l’ensemble des priorités, la disponibilité de l’énergie est essentielle : aucune activité économique n’est évidemment envisageable sans un approvisionnement énergétique adéquat, et les coûts d’énergie sont sans aucun doute un facteur important dans la décision d’investir. À cet égard, la Côte-Nord et le Norddu-Québec ont besoin d’accéder rapidement au gaz naturel. Le remplacement du diesel et du mazout par le gaz naturel dans l’industrie lourde permettra d’énormes économies et réduira la fréquence de remplacement de la machinerie. De plus, nous améliorerons sensiblement notre bilan en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Des discussions ont été amorcées cet été avec la Coalition Plein gaz au nord. Réunissant de grands acteurs industriels, cette coalition a clairement désigné l’approvisionnement en gaz naturel comme une étape essentielle à l’essor de ces régions : la diversité des sources d’énergie est

une question d’efficience environnementale et de performance industrielle et, dans le contexte nord-américain, le gaz naturel est une source devenue incontournable. Le Plan Nord ne peut plus se permettre de faux départ : sa relance doit marquer une nouvelle vague de développement économique pour le Québec, et cela passe très certainement par des réponses adaptées à des besoins bien définis. //

Bureau Baie-Comeau

42, avenue William-Dobell Baie-Comeau, QC G4Z-1T7 T.418-296-2854 F.418-296-4915

rci-cote-nord.com

Bureau Fermont

59, rue Champlain, CP 1469 Fermont, QC G0G-1J0 T.418-287-3010 F.418-287-3523

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ÉNERGIES

Propulser le Nord Comment développer efficacement les régions éloignées sans nuire aux cibles environnementales du Québec ? La réponse pourrait venir sous forme gazeuse… ou liquéfiée. Par Martin Imbleau

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Martin Imbleau Vice-président, Développement de l’entreprise et énergies renouvelable Gaz Métro

Pompe

Photos : Courtoisie Gaz Métro

La Côte-Nord et le Nord-du-Québec sont des pôles industriels stratégiques pour l’économie de la province, mais ce sont aussi les moins bien approvisionnés en énergie. D’où leur dépendance marquée au mazout, un carburant facile à transporter, mais notoirement polluant. C’est ainsi que les entreprises du Nord contribuent à faire du Québec le champion canadien du mazout lourd. Si ses besoins énergétiques continuent de s’accroître, le Nord pourrait sérieusement compromettre les objectifs environnementaux du gouvernement, qui souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre ( GES) dans la province de 20 % par rapport à leur niveau de 1990. C’est là qu’intervient le gaz naturel. Dans ces régions éloignées, le potentiel est énorme, tant sur le plan environnemental qu’en matière de compétitivité des entreprises. De plus, le gaz naturel est un intrant essentiel pour les entreprises de seconde et de troisième transformation. En remplaçant le mazout ou le diesel par du gaz naturel, les clients potentiels des régions éloignées peuvent réduire leur facture énergétique de plusieurs dizaines de millions de dollars par année, et diminuer d’environ un tiers leurs émissions de GES. De plus en plus populaire dans l’industrie des transports routiers, le gaz naturel liquéfié ( GNL) émet jusqu’à 25 % moins de GES que le diesel, et jusqu’à 32 % moins que le mazout. Il réduit aussi drastiquement les émissions d’oxydes de soufre (SOX ), d’oxydes d’azote (NOX ) et d’autres polluants atmosphériques et particules fines.


Les engagements du gouvernement dans le dernier budget étaient clairs : approvisionner en GNL les régions éloignées du réseau gazier, et ce, dès 2016. Un premier pas en ce sens a été annoncé le 30 septembre dernier, sous la forme d’un partenariat entre Gaz Métro et le gouvernement du Québec, afin d’accroître la capacité de liquéfaction de gaz naturel à l’usine de Gaz Métro située dans l’est de Montréal. C’est à cette usine que Gaz Métro a peaufiné, depuis plus de 45 ans, son expertise en matière de cryogénie et de liquéfaction de gaz naturel. Dans le cadre de ce nouveau partenariat, le gouvernement du Québec, par l’intermédiaire d’Investissement Québec, prend une participation de 50 millions de dollars dans la filiale de Gaz Métro responsable de la commercialisation du GNL (Gaz Métro GNL). Ce partenariat permettra de bonifier de façon substantielle l’offre déjà importante en GNL auprès d’entreprises désireuses d’augmenter leur efficacité énergétique tout en réduisant leurs coûts et, du même coup, leur empreinte environnementale.

Tour de liquéfaction

De la terre à la mer Pour rejoindre le Nord et la Côte-Nord, Gaz Métro s’adapte aux besoins de sa clientèle en matière d’approvisionnement, que ce soit par voie terrestre ou maritime. Par exemple, la diamantifère Stornoway planifie l’utilisation d’installations au gaz naturel pour son projet Renard à 350 km au nord de Chibougamau. En raison de sa situation géographique, c’est le transport terrestre, par camion-citerne, qui sera privilégié pour approvisionner la mine. La voie fluviale est également considérée, et offre pour sa part la possibilité de desservir toutes les régions côtières du Québec jusqu’au Nord-du-Québec. En dernière analyse, le choix de la formule d’approvisionnement revient au client, pour la mise en place de solutions sur mesure selon ses besoins et ses réalités géographiques. Outre la clientèle industrielle, le GNL est devenu un carburant attrayant pour le transport maritime, autre activité vitale de la Côte-Nord. La technologie des moteurs au GNL s’est beaucoup perfectionnée ces dernières années. Tout comme dans le transport routier, elle permet de réduire l’empreinte environnementale des navires, consommateurs de plusieurs millions de litres de carburant par année, avec des performances comparables à celles du diesel. Déjà, la Société des traversiers du Québec et le Groupe Desgagnés ont annoncé l’achat de bâtiments propulsés au gaz naturel pour remplacer une partie de leur flotte. D’autres pourraient leur emboîter le pas, à mesure que s’élargissent les zones de contrôle des émissions ( ZCE) dans le monde. Dès le 1er janvier 2015, de nouvelles normes entrent en vigueur pour les bâtiments naviguant dans la zone de contrôle des émissions de l’Amérique du Nord ( ZCE-AN) et dans les eaux canadiennes se trouvant au sud du 60e parallèle de latitude nord, limitant les émissions de soufre dans l’atmosphère sous la barre des 0,10 %. Sur terre ou sur mer, les transporteurs qui ont adopté le gaz naturel font figure de pionniers. Pour ces entreprises, l’efficacité énergétique est le nerf de la guerre. //

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DÉVELOPPEMENT DURABLE

Photo : Jean-Marie Villeneuve

Gaston Déry Spécialiste du développement durable et récipiendaire du Phénix de l’environnement du Québec

La relance du Plan Nord annoncée par le gouvernement Couillard suscite beaucoup d’intérêt, d’engouement et d’espoir de la part des villes portuaires et d’entreprises de diverses natures. La majorité des intervenants s’entendent pour déclarer que le Plan Nord constitue une avenue à privilégier pour générer des retombées économiques essentielles à un éventuel équilibre budgétaire du Québec. En effet, pour l’essor du Québec et pour favoriser le bien-être social tout en permettant une protection environnementale cohérente et efficace, il est impératif de penser au développement de nos richesses naturelles.

LE PLAN NORD

Ne pas manquer le bateau Dans une chronique précédente ( automne 2012) portant sur le Plan Nord, j’écrivais que celui-ci est… « un projet engagé dans un développement à la fois économique et démographique. Le gouvernement du Québec doit nécessairement le positionner au départ en respect avec les principes du développement durable. Il est clair que l’actualisation du Plan Nord ne doit pas se faire au détriment de notre économie ni aux dépens de la population ni en hypothéquant l’environnement. Dans la logique du développement durable, ce développement doit se faire en s’assurant que les générations à venir aient la capacité de se développer elles aussi ». Vingt-quatre mois plus tard, la pertinence de cette opinion demeure. N’oublions pas que le développement du Nord québécois est au cœur de ce développement durable puisqu’il permet de créer de la richesse en allant chercher des ressources naturelles jusqu’ici inexploitées tout en favorisant le développement d’une expertise unique. Il faut par contre que cette démarche se fasse sans attiser la méfiance du public. L’acceptabilité sociale et environnementale des grands projets doit désormais suivre une procédure structurée afin que la population soit informée, consultée, et qu’elle facilite leur mise en œuvre. 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 21


DÉVELOPPEMENT DURABLE

Association Québécoise de l’Industrie de la Pêche

• Depuis au service des transformateurs de produits marins du Québec.

Le gouvernement doit nécessairement rétablir un climat de confiance afin que les entreprises susceptibles d’investir dans le Plan Nord soient au rendez-vous. En ce sens, la démarche récente du premier ministre Couillard en Chine est fort appropriée pour une relance de l’industrie minière : ce pays exerce un rôle déterminant sur les marchés et sur l’exploitation de nos richesses nordiques. Il faut cependant que le développement économique et le respect du développement durable se réalisent de pair plutôt que d’être constamment en opposition. Les autorités gouvernementales ont également leurs propres responsabilités et doivent appliquer les lois et règlements que notre société a adoptés au cours des dernières décennies. Il est en outre essentiel que la population accepte que l’expression développement durable inclut un développement et que ce dernier fait directement référence au progrès et à la croissance de l’économie : on doit atteindre un équilibre entre économie et environnement. Les politiciens, les dirigeants d’entreprises et les citoyens sont désormais condamnés à trouver les moyens de concilier en pratique ce qui paraît à certains, à tort, difficilement conciliable.

Un équilibre précaire

Jean-Paul Gagné, Directeur général

Place de la Cité – Tour Belle Cour 2590, Boul. Laurier, bur. 1050 10e étage, Québec (QC) G1V 4M6 Tél. : 418 654-1831 Téléc. : 418 654-1376 www.aqip.com 22 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

Nous vivons actuellement, dans la majorité des projets de grande envergure, un débat économico-environnemental. La conciliation des intérêts des uns et les préoccupations des autres représentent des coûts élevés : coût psychosocial, d’une part, pour les défenseurs de l’environnement ( écologistes et citoyens) ; coût financier, d’autre part, pour les promoteurs, lorsque les projets économiques qu’ils proposent compromettent l’intégrité de l’environnement. La conciliation des intérêts de chacun est-elle possible ? Les environnementalistes ne peuvent refuser obstinément les projets de développement que requiert la société. Les seconds doivent admettre que le respect de l’environnement représente, à long terme, le meilleur investissement qu’ils peuvent faire. Le prix à payer pour ce consensus peut paraître élevé, mais c’est une responsabilité collective de l’assumer, car cela semble la seule avenue pour éviter une confrontation et s’orienter vers des solutions communes. Le temps des débats légaux onéreux, interminables et bien souvent improductifs est dépassé ; celui de la concertation où tous les intervenants s’assoiront à une même table en poursuivant un objectif commun est venu. Le gouvernement du Québec a un rôle déterminant à jouer dans cette concertation. Il serait dommage que la relance du Plan Nord fasse l’objet d’une contestation liée au non-respect des règles du développement durable, qui doit concilier économie, environnement et responsabilité sociale. Le Québec ne peut se permettre de manquer le bateau de la relance du Plan Nord, tant pour son économie, ses entreprises que pour ses citoyens. //


ÉNERGIES GAZ NATUREL LIQUÉFIÉ

Photos : Courtoisie Tugliq Énergie

Un concept novateur

Tugliq Énergie a présenté sa vision de la desserte maritime en gaz naturel liquéfié ( GNL) pour la Côte-Nord et le Grand Nord du Québec à la fin septembre 2014, lors de la conférence sur le Plan Nord de Montréal. Cette vision s’appuie sur un concept en instance de brevet qui permet une réduction majeure des investissements en infrastructures nécessaires à la mise en place d’une chaîne logistique GNL. Par Laurent Abbatiello Laurent Abbatiello Vice-président principal,Tugliq

Réservoirs de stockage traditionnels

Ce concept remplace les réservoirs de stockage (généralement construits en béton armé renforcé d’une enceinte de métal et situés à la fois à l’usine de liquéfaction et aux ports d’arrivée des clients pour un coût pouvant atteindre plusieurs centaines de millions de dollars) par des réservoirs mobiles sur barge. Tugliq Énergie s’est entourée des meilleurs partenaires dans leurs domaines respectifs pour assurer la qualité de ce projet : Exmar, le chef de file mondial de la liquéfaction flottante, seul armateur à avoir construit une barge de liquéfaction de moins d’un million de tonnes de GNL par an, et Groupe Océan, bien connu au Québec pour sa fiabilité dans le soutien aux navires se déplaçant sur le Saint-Laurent.

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ÉNERGIES

Une solution plus économique et plus propre

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Optimiser la logistique et les coûts Le concept de Tugliq Énergie est donc relativement simple : un gazoduc alimente en gaz naturel la « barge usine de liquéfaction » positionnée sur le Saint-Laurent. Une fois liquéfié, le gaz remplit les barges de transport positionnées à couple de l’usine flottante ( qui sert par la même occasion de quai d’accostage pour les barges de transport de plus petite dimension). Une fois la barge de transport remplie, un remorqueur revenant d’un site client avec une barge de transport vide vient s’arrimer à la barge pleine afin de repartir la livrer à un client. Ce système s’apparente au « juste-à-temps » créé par Toyota dans le monde de l’automobile, mais l’adapte au monde du GNL en y ajoutant seulement ce qu’il faut de stockage pour assurer la fiabilité des opérations dans les milieux parfois difficiles qui sont ceux de nos clients. Le monde de l’énergie est en évolution rapide au Québec et, là comme dans d’autres domaines, les entreprises telles que Tugliq développent et proposent des solutions innovantes. //

Photos : Courtoisie Tugliq Énergie

Un gazoduc alimente en gaz naturel la « barge usine de liquéfaction » positionnée sur le Saint-Laurent. Une fois liquéfié, le gaz remplit les barges de transport positionnées à couple de l’usine flottante.

La proposition d’affaires est éloquente : Tugliq Énergie vise une réduction d’environ 30 % des investissements nécessaires, réduction se répercutant sur le prix du GNL livré à ses futurs clients du même ordre de grandeur comparativement aux modèles étudiés par l’entreprise avant la mise au point de ce concept novateur. L’engouement suscité chez les utilisateurs d’énergie fossile est grand. La solution de Tugliq Énergie permet de réduire les coûts d’énergie de 30 % à 50 % selon les cas, tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre de 30 % à 50 % suivant le carburant utilisé avant remplacement par le GNL. Pierre Rivard, président-directeur général, renchérit : « La transition vers le GNL est inéluctable à court terme. La compétitivité de nos entreprises en dépend. Tugliq propose la meilleure alternative en termes de sécurité et de fiabilité d’approvisionnement en GNL, en attendant que d’autres procédés reposant sur des énergies renouvelables puissent prendre le relais du gaz naturel. »


« Une fois la barge de transport remplie, un remorqueur revenant d’un site client avec une barge de transport vide vient s’arrimer à la barge pleine afin de repartir la livrer à un client. »

s e i g r e n é s Le s e l b a l e v u reno n e e d n o pour un m

Colloque 2015 Le rendez-vous annuel des acteurs du domaine québécois des énergies renouvelables. Dates : 11-12 mars 2015 Lieu : Hyatt Regency Montréal

211, Place d'Youville, Bur 04 Montréal, QC H2Y 2B3

Tous les détails au www.colloque.aqper.com • AQPER : 514-281-3131 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 25


ÉNERGIES

Valoriser le Nord par les énergies renouvelables Le monde entier prend de plus en plus conscience qu’il est vital de concilier le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement. Si nous désirons infléchir le réchauffement climatique, l’énergie qui servira à bâtir le Nord-du-Québec devra être verte. Les solutions renouvelables sont prêtes. De fait, elles sont déjà utilisées pour répondre à certains défis rencontrés en milieu nordique. Elles pourraient l’être encore bien plus. Par Jean-François Samray Jean-François Samray Président-directeur général de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable ( AQPER)

Porte-parole en matière d’énergies renouvelables au Québec, l’AQPER a pour mission de promouvoir la production et l’utilisation de ces énergies, dans le respect des principes du développement durable. Photos : Courtoisie AQPER ( MOCAPHOTO) Éoliennes – Pascal Moreau

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Améliorer le bilan environnemental du Nord La solution adoptée partout dans le monde Un sondage auprès des parties prenantes du secteur énergétique québécois ( tous domaines confondus) réalisé à l’automne 2014 par un groupe d’études du Norwegian Business School l’a démontré : les décideurs du milieu considèrent que la substitution du mazout lourd et du diesel par des énergies renouvelables compétitives est une action devant être priorisée dans la nouvelle stratégie énergétique du Québec. Les énergies renouvelables sont aujourd’hui concurrentielles par rapport aux énergies fossiles pour la production d’électricité. Depuis 2012, il s’installe d’ailleurs mondialement plus de mégawatts de sources renouvelables que de sources non renouvelables. En 2013, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables ( IRENA), le ratio avait presque atteint les 60 % / 40 %.

Le Québec, qui produit une électricité verte à près de 99,7 %, pourrait dire qu’il ne peut guère faire mieux. Cependant, les centrales au diesel d’Hydro-Québec Distribution alimentant les réseaux autonomes du Nord-du-Québec ont atteint leur fin de vie utile, certaines datant même des années 70. Hydro-Québec dépense jusqu’à 500 $ / MWh en produits pétroliers pour les alimenter ( Les Affaires, 2012 ) ; elles consomment annuellement plus de 38 millions de litres et émettent plus de 102 000 tonnes de gaz à effet de serre ( GES ). Ces quantités sont importantes, surtout lorsqu’on considère que le carburant peut représenter jusqu’à 50 % des dépenses d’exploitation. De plus, le coût moyen de production y avoisine les 90 ¢ / kWh et peut même aller jusqu’à 1,32 $ / kWh ! À ce prix et compte tenu de la nécessité de remplacer les équipements, il ne fait aucun doute que les nouvelles solutions existantes devraient être déployées.

Un développement à la fois durable et rentable Les solutions renouvelables peuvent améliorer tant la compétitivité des projets que leur bilan environnemental. À titre d’exemple, pour s’alimenter en électricité, les minières consomment près de 400 millions de litres de mazout et de diesel chaque année. Les coûts engendrés représentent 25 % de la capitalisation requise et 25 % des frais d’exploitation de leurs projets.

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ÉNERGIES

Pour remplir les besoins énergétiques tout en réduisant les coûts, le couplage éolien/diesel a déjà fait ses preuves. La mine Diavik, qui s’est dotée d’une puissance éolienne de 9,2 MW, a réduit de 4,3 millions de litres sa consommation de diesel et réalisé du même coup une économie se chiffrant entre 6 et 8 millions de dollars par année. Les éoliennes de la mine ont aussi réduit ses émissions de GES de près de 12 000 tonnes de CO2 ( Tugliq, 2013), résultat qui fera chuter les coûts associés aux émissions lorsque la taxe carbone entrera en vigueur.

Un pas de plus pour l’environnement

Des choix parmi plusieurs filières mûres De l’éolien à la biométhanisation en passant par les nouvelles technologies hydrauliques, les filières d’énergie renouvelable offrent une panoplie de possibilités avantageuses adaptées à diverses utilisations. L’industrie est prête à contribuer à la grande aventure qui s’annonce. //

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Photos : Courtoisie AQPER

Pour éviter les risques de déversement de pétrole dans l’Arctique lors du ravitaillement des installations, les sociétés et communautés pourraient aussi remplacer dans leurs générateurs le diesel par le gaz naturel liquéfié ( GNL), seul ou combiné au biométhane, et s’alimenter au moyen d’un couplage éolien-gaz. Cette mesure réduirait de 30 % à 60 % de plus les émissions de GES, et le biométhane pourrait même être produit sur place.


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TRANSPORT PROLONGEMENT DE LA ROUTE 167

Un beau succès régional !

D’une longueur de 240 km, le prolongement de la 167 à partir du lac Albanel permet un accès routier permanent à la première mine de diamants québécoise. La construction a débuté en février 2012. Le chantier s’est déroulé en deux phases : la première, sous la responsabilité du ministère des Transports du Québec, a conduit à la construction d’un segment de 143 km et la seconde, du ressort de la compagnie minière Stornoway, à celle d’un tronçon de 97 km.

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Par Annie Saint-Pierre

M. Ghislain Poirier, vice-président aux affaires publiques de Stornoway, considère que la participation des entreprises locales sur ce chantier constitue un partenariat d’affaires exemplaire : elle a même permis de mener le chantier à terme à un coût inférieur de 10 % aux prévisions et deux mois avant l’échéance. Ainsi, pour la portion Stornoway, sur un total de 77 millions de dollars, 7 millions ont été épargnés. Le gouvernement, qui agissait comme prêteur, a accepté de consacrer ces 7 millions à l’aménagement de la piste d’atterrissage, près de la mine. « Ce qui explique la réussite est que notre chantier a été exécuté en totalité par des entreprises de Chibougamau, de Chapais et de Mistissini qui connaissent les particularités du territoire et qui se sentent impliquées », dit M. Poirier. Eskan est au cœur de la réussite du projet. Détenu par le conseil de bande de Mistissini, ce consortium a eu recours à une quinzaine d’entreprises cries et non autochtones de la région pour tous les services nécessaires à l’aménagement du chemin minier Renard. Un segment de 10 km a été réalisé par Swallow-Fournier, une coentreprise appartenant aux maîtres de trappe cris de Mistissini et à une entreprise de Val-d’Or.

Photo : Courtoisie Les Diamants Stornoway

Le prolongement de la route 167 menant à la mine de diamants Renard, dans les monts Otish, a été terminé à l’automne 2013 grâce à l’implication des communautés locales et des entreprises de la région. Tous s’entendent pour dire que c’est un beau succès régional.


Le consortium Eskan du conseil de bande de Mistissini a eu recours uniquement à des entreprises de Mistissini et de Chibougamau, cries et non autochtones, pour le prolongement de la route 167.

M. Poirier relate que les 97 km de route sous la responsabilité de Stornoway exigeaient l’aménagement de 17 ponts et ponceaux, dont un de 125 m pour traverser la rivière Eastmain. « Tous les ponts sont en bois et ont été fournis par Chantiers Chibougamau. Tout a été fait par des gens de la région », ajoute M. Poirier. Les 143 premiers kilomètres construits par le ministère des Transports du Québec l’ont été en deux tronçons. Le premier a été confié à la firme RCI. Le second tronçon a été réalisé par le consortium Eskan, qui a su exécuter sa part sans aucun problème. //

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RESSOURCES

Photos : Courtoisie TransAlta

Un Plan Nord plus vert avec l’arrivée du gaz naturel liquéfié En optant pour des solutions énergétiques plus écologiques, l’industrie privée pourra démontrer l’efficacité de ces systèmes, afin de peut-être guider le pas en prévision de la réfection des centrales diesel déjà en place dans le territoire nordique. Par Julie Turgeon

Julie Turgeon Ingénieure, construction et ingénierie, TransAlta

Le Plan Nord bat de nouveau officiellement son plein depuis le 30 septembre 2014, alors que le gouvernement du Québec présentait son plan de relance à la journée-conférence organisée par Les Affaires. On y a notamment annoncé une importante collaboration entre le gouvernement du Québec et Gaz Métro visant à augmenter la capacité de liquéfaction du gaz naturel de l’usine de Montréal afin de favoriser l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié ( GNL) dans les territoires nordiques. Considérant ce projet de Gaz Métro, l’usine de liquéfaction de Stolt LNGaz en construction à Bécancour et la mise en service de l’éolienne de Tugliq à la mine Raglan, il nous est permis de croire à un paysage énergétique plus vert dans le Nord-du-Québec. L’arrivée du GNL aura un impact favorable tant sur le plan énergétique qu’environnemental dans cette région du Québec. Comparativement au diesel, qui alimente la majorité des réseaux nordiques isolés, le GNL signifie notamment de plus faibles émissions atmosphériques ainsi qu’une diminution 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 33


RESSOURCES

Une solution aux enjeux énergétiques du Nord Par ailleurs, avec cette technologie, les minières pourront prochainement confier, si elles le souhaitent, leurs besoins énergétiques aux entreprises productrices d’énergie, comme TransAlta, qui pourront prendre en charge la conception, la construction et l’opération de leur centrale en réseau isolé. En effet, considérant l’ensemble des enjeux énergétiques et environnementaux actuels, les centrales alimentées au GNL constitueront une solution incontournable pour l’alimentation énergétique des réseaux isolés sur le territoire nordique québécois. Leur efficacité a maintes fois été démontrée au cours des dernières

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années à l’échelle internationale. Entre autres, TransAlta a construit et opère des centrales produisant 1695 MW d’énergie par le gaz naturel en Ontario, en Alberta, aux États-Unis et en Australie. Le modèle australien de TransAlta est celui qui s’apparente le plus au modèle nordique québécois. De fait, à South Hedland, dans le désert nord-ouest australien, où les conditions climatiques sont extrêmes, TransAlta construit actuellement une centrale au gaz naturel à cycle combiné de 150 MW. Celle-ci comblera notamment les besoins énergétiques des activités de l’entreprise minière Fortescue Metals Group, qui y exploite du minerai de fer pour une durée minimale de 25 ans. Au Québec, l’acheminement du gaz naturel vers le territoire nordique, grâce à la participation d’entreprises telles que Gaz Métro, Stolt LNGaz, Tugliq et Transport Robert, permettra la mise en place de projets énergétiques durables, fiables et économiques. En optant pour des solutions énergétiques plus écologiques, l’industrie privée pourra notamment démontrer l’efficacité des systèmes de cogénération énergétique en prévision de la réfection des centrales diesel déjà en place dans le territoire nordique.

Photos : Courtoisie TransAlta

importante des risques de déversement et de contamination des eaux. L’approvisionnement en GNL offrira aux entreprises d’exploitation une alternative plus écologique au diesel pour combler leurs besoins énergétiques. Cette question est présentement trop peu abordée dans le cadre des discussions entourant le Plan Nord.


Les centrales à cycles combinés en bref La technologie des cycles combinés au gaz naturel utilise un procédé simple et efficace composé de deux turbines, soit une turbine à combustion ( TAC) et une turbine à vapeur ( TAV). La TAC est simplement actionnée par la combustion du gaz naturel. Au lieu d’être relâchés dans l’atmosphère immédiatement, les gaz et la chaleur issus de cette combustion sont récupérés afin de produire de la vapeur d’eau qui actionnera la TAV, ce qui augmente considérablement l’efficacité de la centrale. La vapeur, ensuite condensée en eau, sera réutilisée pour la TAC. Ce procédé fiable et hautement efficace réduit considérablement les émissions atmosphériques. //

À propos de TransAlta Depuis plus de 100 ans, la société canadienne TransAlta, axée sur la création de valeur à long terme pour les actionnaires, met l’accent sur l’exploitation efficace et à faible coût de centrales éoliennes, hydroélectriques et alimentées au gaz naturel, au charbon ou à la biomasse au Canada, aux États-Unis et en Australie. Plus important producteur d’énergie renouvelable du secteur privé au Canada, TransAlta a été nommée parmi les 50 sociétés les plus socialement responsables au Canada depuis 2009 par Sustainalytics. Elle est reconnue mondialement pour sa position de chef de file en matière de développement durable et de responsabilité sociale selon les indices FTSE4Good.

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TRANSPORT

TRANSPORT MINIER CÔTE-NORD‒FOSSE DU LABRADOR :

Un premier pas vers la troisième voie

Aux dires de plusieurs minières, le transport du minerai dans le Nord est sous-optimal, d’où leur revendication récurrente d’un lien ferroviaire supplémentaire. Le gouvernement les a entendues. Le 21 octobre dernier, Pierre Arcand, ministre responsable du Plan Nord, confirmait l’engagement de l’État, à hauteur de 20 millions de dollars prélevés à même le fonds du Plan Nord, dans la réalisation d’une étude de faisabilité sur la pertinence d’un nouveau lien ferroviaire entre le port de Sept-Îles et la fosse du Labrador. Cet engagement avait d’ailleurs été annoncé dans le budget déposé en juin. Deux chemins de fer desservent la CôteNord pour le transport du minerai et des matériaux. ArcelorMittal en possède un, pour son usage exclusif. L’Iron Ore Company ( IOC ), propriété de Rio Tinto, possède l’autre, le Quebec North Shore and Labrador Railway ( QNS&L ), qui part du Labrador et descend à Sept-Îles. Traversant deux provinces, il est régi par la Loi sur les transports au Canada, qui l’oblige à accommoder les autres minières. Minières qui sont aussi des concurrents de l’IOC… « L’accès au rail et les tarifs sont soumis à un encadrement légal », rappelle Josée Méthot, Présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec ( AMQ ). Là ne sont donc pas les soucis premiers de cette organisation dont nombre de membres – ArcelorMittal, Rio Tinto et autres Tata Steel – sont partie prenante au

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Par Francine Bordeleau

dossier. On craint plutôt un « goulot d’étranglement » en raison d’une recrudescence de l’activité minière. « Nos données montrent que si tous les projets prévus se concrétisent, il y aura bientôt dépassement de la capacité actuelle de transport », affirme Mme Méthot.

D’une étude à l’autre En août 2012, le Canadien National ( CN ) et la Caisse de dépôt et placement du Québec avaient entrepris une étude de faisabilité avec la participation de six minières, mais ils l’ont interrompue six mois plus tard en arguant que les volumes de minerai anticipés ne justifiaient pas la construction d’un troisième lien ferroviaire. D’évidence, Québec n’est pas de cet avis. « La fosse du Labrador recèle un potentiel considérable et plusieurs projets, dont certains de taille importante, en sont à divers stades d’exploration, de développement ou de mise en valeur, rétorque Véronique Normandin, l’attachée de presse du ministre. Le prix du fer n’est actuellement pas au rendez-vous pour construire ces mines et exploiter ces gisements, mais il est cyclique, il va certainement remonter et à ce moment-là, nous serons prêts. » Les deux partenaires privés associés à l’étude gouvernementale, soit Mines de fer Champion et Exploitation minière Lac Otelnuk, fourniront les données qu’ils ont déjà, ce qui entraînera une économie de temps et d’argent. Champion avait poursuivi des travaux dans la foulée de l’étude du CN.


Le défi de l’efficience L’étude de faisabilité permettra au moins « de voir plus clair », croit Mme Méthot. « L’AMQ préconise des conditions compétitives qui favoriseront les projets », dit-elle. Or, après les qualités intrinsèques de la ressource, l’efficience du transport est LE grand facteur susceptible d’influer sur les investissements miniers, surtout dans le contexte d’une industrie hypermondialisée. « Lorsqu’elles procèdent à des études de rentabilité, les minières ont un choc devant les coûts du transport [dans le Nord] », dit Russel Tremblay, directeur adjoint et commissaire aux infrastructures stratégiques à Développement économique Sept-Îles. Selon lui, la troisième voie ferrée est « un outil critique », car elle permettrait des économies en transport de l’ordre de 2 $ la tonne de minerai. Actuellement, « il en coûte entre 15 $ et 20 $ la tonne pour sortir le minerai par rail », précise M. Tremblay, alors que la tonne de fer se négocie autour de 80 $. L’ingénieur Réjean Bélanger, copropriétaire de la firme ConsultRail, estime, lui, que l’initiative de Québec est inutile. « Toutes les études ont été faites, on a tous les chiffres voulus. Si les minières veulent faire des études, qu’elles les payent », martèle-t-il. Selon lui, le problème réside moins dans la capacité des infrastructures existantes, qui pourrait facilement être augmentée en cas de hausse notable de la production, que dans la propriété desdites infrastructures.

« L’opportunité d’optimiser les infrastructures » sera aussi considérée, affirme Mme Normandin. « L’essentiel pour le gouvernement est que les infrastructures ferroviaires puissent répondre aux besoins des minières au rythme de leur implantation, et ce, au meilleur coût possible. C’est la raison pour laquelle nous étudions la faisabilité d’un troisième lien ferroviaire », souligne-t-elle. Advenant que les résultats de l’étude penchent en faveur d’une troisième voie ferrée, la structure de financement, de propriété et de gouvernance sera à déterminer avant le début des travaux de construction, qui nécessiteraient vraisemblablement un investissement de quelques milliards de dollars. //

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Sautage de masse Tunnel et puit vertical Transport d’explosifs et entreposage mobile

CONSTRUCTION Forage en endroit restreint. Diamètre de 7/8” à 10” Forage et ancrage au roc pour fondation Forage et ancrage pour stabilisation de parois

DÉMOLITION PAR EXPLOSIFS ET MARTEAUX HYDRAULIQUES Bâtiment, structure complexe et ouvrage d’art Embâcle; en périphérie de port, rivière et lac. Contrôle d’avalanche

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u hk S as ER I-M PT EL O H LIC E H

MINES ET CARRIÈRES

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Route et structures connexes, centrale et barrage, oléoduc et gazoduc Excavation pour sol en tout genre et de relief complexe Pieux de fondation mis en place par forage Base d’éolienne et tour de télécommunication

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MINES

FORMATION MINIÈRE

Pour des simulateurs miniers dans le réseau public Utiliser davantage les technologies de simulation minière en les adaptant au contexte éducatif public québécois favoriserait l’attrait des jeunes pour les mines et la maîtrise des compétences essentielles au développement économique du Québec minier.

Photos : Courtoisie Institut national des mines du Québec (INMQ)

Par Robert Marquis

Une solution déjà utilisée Un certain nombre d’entreprises actives au Québec et au Canada mettent déjà à contribution, directement sur leurs sites miniers, les technologies de simulation les plus récentes pour faciliter la formation continue des travailleurs et pour favoriser l’apprentissage des nouveaux employés, souvent issus des premiers peuples. Au Québec, la compagnie Cliffs Natural Resources utilise la formation continue sur simulateur en milieu de travail pour améliorer la productivité et diminuer les coûts d’entretien de la machinerie lourde utilisée sur le site d’extraction à ciel ouvert du lac Bloom. « Le coût, le risque de blessure et le temps de formation des travailleurs sont des facteurs qui ont justifié l’implantation d’un simulateur directement dans notre entreprise. Nos employés peuvent ainsi développer et améliorer leurs compétences, ce qui, pour l’entreprise, se traduit par un gain de productivité », a souligné Danièle Colpron, conseillère en formation et développement à la mine de fer du lac Bloom.

Robert Marquis Président-directeur général Institut national des mines du Québec ( INMQ)

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MINES

Combler une lacune dans le réseau public de l’éducation Contrairement à plusieurs établissements ailleurs au pays, les centres de formation professionnelle du réseau public québécois ne disposent pas, actuellement, de simulateurs miniers de dernière génération pour la formation d’opérateurs de machinerie lourde. Dans le contexte actuel de relance du Plan Nord, l’intégration de tels simulateurs aux programmes existants offrirait pourtant de grands avantages, notamment pour assurer la mise à jour et l’optimisation de l’offre de formation des programmes existants et pour répondre rapidement à une demande pressante de l’industrie concernant l’implantation d’un nouveau programme propre aux mines à ciel ouvert. Mines C’est dans cet esprit que l’INMQ a lancé, en novembre 2014, le Rapport d’enquête sur l’enseignement par simulateur minier, Génie civil et qui traite spécialementTerrassement de l’utilité de ce type de technologies pour former les opérateurs miniers, un poste clé dans toute exploitation minière. Grands travaux

Dans la conclusion de ce rapport, l’INMQ propose de lancer un projet-pilote consistant à implanter des simulateurs miniers dans un nombre 1095, limitéruede centres de formation professionnelle Valets, C.P. 158 du Québec. Trois centres de formation L’Ancienne-Lorette (Qc) seraient ainsi sélectionnés 3M3 à évaluer la performance techpour leur intérêt et leur G2E capacité T.: 418 872-0600 F.: 418 872-8177 nique des simulateurs, à mesurer l’impact de leur utilisation et à définir les nouvelles habiletés à développer chez les enseignants. Ce projet-pilote, d’une durée d’un an, permettrait aussi 3900, rue Isabelle d’échanger sur les meilleures pratiques pédagogiques et de tester Brossard (Qc) J4Y 2R3 l’impact de ce mode d’apprentissage sur les premières cohortes 450 444-9333 F.: 450 444-9330 d’étudiants T.: formés. Un partenariat public-privé pourrait être envisagé afin de faciliter le financement de ce projet. // Le Rapport d’enquête sur l’enseignement par simulateur minier est disponible sur le site Web de l’INMQ au www.inmq.gouv.qc.ca. L’Institut national des mines du Québec a pour mission de soutenir le gouvernement dans l’exercice de sa responsabilité en matière d’éducation dans le secteur minier, et notamment de maximiser la capacité de formation de la main-d’œuvre en optimisant les moyens disponibles et en les utilisant selon une vision concertée de tous les acteurs du secteur minier. 40 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 EBC inc. 1/3 page verticale - 49e Parallèle

Photos : Courtoisie Institut national des mines du Québec (INMQ)

Réaliser un projet-pilote


DÉFI EMPLOI LE VRAI DÉFI DE LA SOCIÉTÉ DU PLAN NORD

Se porter garante de la stabilité et de la prévisibilité de l’environnement d’affaires pour les entreprises ! Yves-Thomas Dorval Président Conseil du patronat du Québec

En déposant le projet de loi 11 qui vise à mettre sur pied la Société du Plan Nord, le gouvernement du Québec vient de poser un jalon important dans son entreprise de relance de ce chantier. On ne peut que saluer cette volonté de préparer l’avenir, particulièrement dans un cycle baissier du cours des métaux comme celui que nous connaissons actuellement. Le pari est audacieux. Loin de l’engouement et de l’excitation qui existaient lors du lancement du Plan Nord en 2011, dans un contexte de boom minier, le gouvernement se devait d’envoyer un signal fort aux investisseurs, tout en demeurant prudent, alors que les marchés tournent au ralenti.

Si on ne peut qu’espérer que le message porte fruit, il faut garder en tête que les marchés ne se contenteront pas de la seule existence d’une structure étatique, même entièrement vouée à ce fabuleux chantier. Il faudra que le gouvernement s’attarde à recréer un environnement d’affaires favorable sur le long terme, notamment sur le plan fiscal et réglementaire, et cela prendra nécessairement un certain temps, compte tenu de sa situation budgétaire. En attendant, il importe que cette structure puisse rapidement réunir les conditions gagnantes de la renaissance d’un climat de confiance autour du Plan Nord, avec les différentes parties prenantes concernées. C’est ainsi que la mission libellée dans le projet de loi 11 se lit comme suit : « La Société a pour mission, dans une perspective de développement durable, de contribuer au développement intégré et cohérent du territoire du Plan Nord, en conformité avec les orientations définies par le gouvernement relatives au Plan Nord. » Pour jouer son rôle de guichet unique, la Société du Plan Nord devra pouvoir compter sur des ressources compétentes et disposant des connaissances propres à cet environnement particulier, pour assurer le développement durable du territoire.

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DÉFI EMPLOI

De concert avec les parties prenantes que sont les employeurs, aux prises avec des défis de disponibilité et de qualification de la main-d’œuvre; les employés, qui hésiteront entre travailler selon un mode fly-in / fly-out ou demeurer dans ces régions éloignées; les collectivités et les peuples autochtones, qui souhaiteront obtenir leur part de retombées et voir de nouveaux arrivants s’installer dans le respect de leur mode de vie et de leurs traditions, la Société du Plan Nord aura à réconcilier des besoins parfois contraires aux aspirations des uns et des autres.

Nous l’avons vu lors des audiences entourant le projet de loi 11, nous ne pourrons faire l’économie d’un dialogue social renforcé, afin de trouver une issue acceptable à des projets de développement économique complexes qui, de par la nature de leurs activités, répondent à des cycles de vie qui s’étendent sur 50 ou 100 ans, mais très rarement au-delà. L’exploitation responsable de nos ressources naturelles dans le Nord est une condition essentielle au développement économique et à la prospérité du Québec. Si, comme société, nous voulons voir se libérer le formidable potentiel de développement de ce territoire, nous aurons le devoir d’établir les conditions d’un véritable dialogue qui ne soit pas uniquement axé sur les considérations sociales et environnementales. Oui, il faudra chercher à atténuer le plus possible les impacts négatifs, et oui, il faudra chercher à optimiser au maximum les retombées positives, mais cela ne pourra se faire en vase clos. Il faudra aussi sortir les promoteurs de leur isolement et se placer collectivement en disposition de discuter d’économie. Au-delà de l’adoption du projet de loi 11, le vrai défi qui attend donc le gouvernement du Québec et cette nouvelle société d’État est le suivant : parvenir à se porter garants de la stabilité et de la prévisibilité d’un environnement d’affaires à risque pour les entreprises et les investisseurs, tout en mettant en œuvre un mode de développement respectueux de milieux fragiles et des populations qui y vivent. //

Pour obtenir plus d’information sur le Conseil du patronat du Québec, visitez notre site Web à cpq.qc.ca ou suivez-nous sur Twitter ( twitter.com/conseilpatronat ) et Facebook ( facebook.com/conseilpatronat ).

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Riche en ressources naturelles, la région de la Baie-James est unique. Deux cultures s’y côtoient sur un territoire de plus de 350 000 km2. Pour le Centre de formation professionnelle de la Baie-James, ces particularités géographiques et culturelles constituent un défi. Par Stéphane McKenzie

Des partenariats fructueux Le CFPBJ propose des programmes miniers dans plusieurs communautés de la région. Des partenariats avec les mines régionales lui permettent d’offrir une formation pratique sous terre et à moindres coûts. Le programme d’études Extraction du minerai se donne à Matagami ( mine Matagami de la compagnie Glencore), à Lebel-sur-Quévillon ( mine Langlois de la compagnie Nyrstar) et à Villebois ( mine Casa Berardi d’Hecla Québec). Le CFPBJ collabore également étroitement avec la Commission scolaire Crie pour offrir certains programmes à leur clientèle dans les domaines forestiers et miniers. Selon Lyne LaporteJoly, présidente de la Commission scolaire de la Baie-James, « cette collaboration s’inscrit dans une volonté de travailler ensemble pour un développement concerté de la région ». 44 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

Stéphane McKenzie Agent de développement forêts et mines, Centre de formation professionnelle de la Baie-James ( CFPBJ)

Photos : Courtoisie Centre de formation professionnelle de la Baie-James (CFPBJ)

Bien outillé pour relever les défis du Plan Nord !


Des autorisations permanentes pour les programmes miniers Le CFPBJ est maintenant titulaire d’autorisations permanentes pour plusieurs programmes menant à des diplômes d’études professionnelles ( DEP), notamment Forage et dynamitage, Conduite de machines de traitement du minerai ( en français et en anglais) et Extraction du minerai ( en français et en anglais). Esther Levasseur, directrice du CFPBJ, affirme, à ce sujet : « Les autorisations permanentes apportent de la stabilité ainsi qu’une reconnaissance de notre expertise, bâtie au cours des dernières années et arrimée aux besoins de main-d’œuvre de notre territoire. »

Des projets majeurs de développement Deux projets majeurs sont en préparation au CFPBJ : l’agrandissement des ateliers multifonctionnels du CFPBJ à Chibougamau ( 6,1 millions de dollars) et un projet novateur d’usine mobile en traitement du minerai au CFPBJ ( 4,6 millions). Ce dernier permettra d’offrir le DEP Conduite de machines de traitement du minerai partout sur le territoire. Selon Jean-Claude Simard, directeur du Service aux entreprises, « le CFPBJ développe des concepts mobiles en collaboration avec l’industrie pour répondre aux besoins des communautés ».

Plan Nord Toujours à l’affût d’innovations, le CFPBJ nourrit d’autres projets adaptés au développement durable du territoire, tels que des centres d’hébergement pour sa clientèle extérieure et même régionale, car la région est immense. Ces projets seront déposés lors des prochains travaux de la Société du Plan Nord.

Le CFPBJ en chiffres

Trois points de service : Chibougamau, > Lebel-sur-Quévillon et Matagami. Certaines formations se donnent à l’extérieur des points de service et d’autres à l’extérieur de la région. Fréquentation du CFPBJ en 2013-2014 : > 636 personnes ont fréquenté le CFPBJ en 2013-2014. Augmentation de la fréquentation entre > 2003 et 2014 : 723 %.

Projet novateur d’usine mobile en traitement du minerai au CFPBJ ( 4,6 millions) qui permettra d’offrir le DEP Conduite de machines de traitement du minerai partout sur le territoire. 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 45


RESSOURCES RESSOURCES HYDRIQUES NORDIQUES

Les vertes promesses de l’or bleu

Dotés d’une hydrographie exceptionnelle, le Nord-duQuébec et la Côte-Nord ont fait du Québec la puissance hydroélectrique que l’on sait. Mais les eaux de ces deux régions ont encore beaucoup à offrir.

Par Francine Bordeleau Recouverte d’eau douce aux deux tiers, la région du Nord-duQuébec est de loin la plus « hydrique » de tout le Québec – et, disons-le, un cas à part. Quant à la Côte-Nord, elle est composée d’eau à près de 17 %. Les deux régions sont le siège de gigantesques centrales hydroélectriques : complexe La Grande pour la première, Manic-Outardes pour la seconde, entre autres. Aujourd’hui toutefois, des esprits innovants rompus aux principes du développement durable planchent sur une exploitation « alternative » des lacs et des rivières du Nord. La production d’énergie verte à partir de l’eau est d’ailleurs une tendance lourde du 21e siècle, et bien entamée outreAtlantique. Entre autres grands projets européens, Yves Bégin, vice-recteur à la recherche et aux affaires académiques du Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique ( INRS), évoque ainsi ceux de Soultz-sous-Forêts ( Alsace) et de Landau ( Allemagne), qui visent la production d’hydroélectricité au moyen de la géothermie profonde. Cette technologie, qui est aussi l’un des axes de recherche de l’INRS, « a une très faible empreinte au sol et pourrait être utilisée dans les projets énergivores, dont les minières », croit M. Bégin. L’Europe, en particulier le Royaume-Uni et la France, carbure également à l’hydrolien, une technologie comparable à l’éolien ( les éoliennes utilisent l’énergie cinétique du vent, alors que les hydroliennes utilisent celle des courants fluviaux ou marins). Ainsi, l’an dernier, l’Écosse annonçait « le lancement du plus grand parc d’hydroliennes d’Europe » ( Le Monde, 19 septembre 2013), alors qu’un groupe international comme Siemens se targue déjà de la réalisation de quelques mégaprojets. 46 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014


Une énergie « émergente » C’est justement dans le but d’explorer des formes d’énergie renouvelable comme l’hydrolien qu’est né à Baie-Comeau, en 2009, le Consortium Innovation Technologique Énergie Côte-Nord ( CITEC), une corporation privée à but non lucratif fonctionnant sur la base de partenariats ponctuels avec des établissements d’enseignement et des entreprises nord-côtières, entre autres. L’un des premiers projets du CITEC : Maelstrom, mené en association avec l’Université de Sherbrooke, qui consistait en la conception d’une hydrolienne par des étudiants en génie mécanique. « Actuellement, l’hydrolien ne permet pas d’alimenter en énergie les grosses entreprises, mais il est très intéressant pour les sites et les milieux isolés », dit Jacques Parent, ingénieur au sein du Groupe-conseil TDA et président du CITEC. On pense à des campements, à des pourvoiries, à des chalets et à des villages. Abondantes, prometteuses, les eaux nordiques comportent néanmoins leur lot de défis techniques. Pour commencer, les hydroliennes requièrent un débit plutôt puissant; or, « en hiver, le débit n’est pas fort », remarque Yves Bégin. Voilà bien pourquoi la firme montréalaise Idénergie, qui lançait en juin dernier une turbine que son président Pierre Blanchet présente comme rien de moins que « la première hydrolienne de

rivière de proximité conçue pour l’usage domestique », lorgne surtout, tant à l’échelle nationale qu’internationale, vers les marchés du Sud. « L’avenir de l’hydrolien est plutôt en Amazonie, en Afrique et en Asie, croit M. Blanchet. Mais la technologie est encore embryonnaire, et pourrait éventuellement répondre à des besoins du Nord, ne serait-ce qu’en été et en automne. Qui sait si dans deux ou trois ans… »

Un allié inattendu Encore au stade expérimental, en fait, les hydroliennes devront passer plusieurs tests, dont « celui de l’acceptabilité sociale », relève M. Parent. Les répercussions sur les systèmes naturels devront aussi être évaluées. À cet égard, Yves Bégin estime que grâce aux ouvrages hydroélectriques, le Québec ne part pas de zéro. « Le développement hydroélectrique s’est fait de façon intelligente et respectueuse de l’environnement, insiste ce scientifique expert du Nord. Aussi possédons-nous une expertise permettant toutes les planifications nécessaires lors de l’implantation de systèmes énergétiques. » Cette expertise sera peut-être utile plus vite qu’on le croit. Car le Nord, grandement affecté par les changements climatiques, se réchauffe. Ce qui, paradoxalement, pourrait favoriser la productivité des hydroliennes, dans les eaux des environs du 49e parallèle. //

49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 47


RÉGIONS

L’INDUSTRIE DE L’ALUMINIUM ET LES RÉGIONS DU QUÉBEC

Ensemble à la croisée des chemins L’aluminium représente l’une des plus grandes réussites industrielles du Québec. Les chiffres sont éloquents : 10 000 emplois directs, 20 000 emplois indirects, un réseau de 4 500 fournisseurs et quelque 1 800 entreprises de transformation, et des dépenses annuelles de trois milliards de dollars dans l’économie du Québec. Cette industrie de classe mondiale représente à elle seule 10 % des exportations québécoises, ce qui en fait la première porte d’entrée d’argent frais au Québec. Par Jean Simard

L’une des caractéristiques de l’industrie de l’aluminium est qu’elle a ses assises dans les régions du Québec ( et plus particulièrement au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et au Centre-duQuébec), puisque c’est là, près des lieux de production, que se concentre la large majorité des emplois qu’elle génère. Par ailleurs, cette industrie offre les meilleurs salaires du secteur manufacturier, avec une moyenne approchant les 100 000 $ par année. Elle est ainsi le premier levier d’activité économique d’innombrables communautés et elle contribue de manière essentielle, par ses retombées, à la vie locale. Pensons seulement, par exemple, au fait que les alumineries du Québec versent près de 50 millions de dollars par année en taxes municipales. On passe trop souvent sous silence cette imbrication de l’industrie de l’aluminium dans le tissu de nos régions et le prix que celles-ci paieraient si cette industrie était fragilisée. Or, ce risque est bien présent. L’industrie québécoise peine aujourd’hui à rivaliser avec ses compétiteurs à l’échelle mondiale parce que le prix de l’électricité achetée à Hydro-Québec n’est plus concurrentiel, et ce, pour un ensemble de raisons : appréciation du dollar canadien, transformation du secteur nord-américain de l’énergie ( le boom de l’industrie gazière aux États-Unis a fait chuter les prix de l’électricité produite par des centrales thermiques), arrivée de nouveaux concurrents, notamment du Moyen-Orient, qui se sont positionnés de manière favorable. 48 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014

Photos : Courtoisie AAC

Une industrie aux assises régionales

Jean Simard Président Association de l’aluminium du Canada ( AAC )


Contrats à partage de risque : le Québec a gagné son pari L’industrie québécoise de l’aluminium est donc à la croisée des chemins, et ce moment de vérité en devient aussi un pour les régions où elle est implantée. L’accélération du développement régional doit ainsi être mise dans la colonne des bénéfices associés aux contrats à partage de risque. Ces contrats ont été négociés à la fin des années 80 et au début des années 90 entre le gouvernement du Québec et les alumineries. Ils prévoyaient des tarifs d’électricité concurrentiels en échange d’investissements. Et le jeu en a valu la chandelle. Sur cette période, l’industrie de l’aluminium a dépensé environ 50 milliards de dollars au Québec et la production a augmenté de 50 %. Ceux qui critiquent ces contrats disent qu’ils ont entraîné, pour Hydro-Québec, des pertes de 3,5 milliards de dollars. Leur raisonnement est boiteux. D’abord, parce qu’il s’agit de pertes théoriques, puisque

Empreinte économique de l’ AAC – Québec

5

4

3

6 Aluminerie Baie-Comeau

Aluminerie Laterrière

Aluminerie Grande-Baie

500 emplois

650 emplois

1 250 emplois

1 000 emplois

240 000 tonnes métriques/an

225 000 tonnes métriques/an

355 000 tonnes métriques/an

580 000 tonnes métriques/an

2

Autres emplois de l’industrie*

7

1000 emplois 185 000 tonnes métriques/an

Total AAC pour le Québec Emplois : 10 000 Tonnes métriques / an : 2 825 000

Aluminerie Deschambeault 500 emplois

Québec

265 000 tonnes métriques/an

1

6 Aluminerie Alma

(excluant les activités de transformation), données 2012-2013 Sources : Rio Tinto Alcan, Alcoa, Aluminerie Alouette.

Aluminerie Alouette

Aluminerie Arvida

± 3 000 emplois

* Aux sièges sociaux, en RD ou dans d’autres types d’activités

l’on ne peut affirmer qu’Hydro-Québec aurait vendu cette énergie à meilleur prix. Mais même en acceptant cette idée, le Québec a remporté son pari : les retombées correspondent à 14 fois la mise ! Assez curieusement, lorsqu’il est question des alumineries, on confond l’intérêt particulier d’Hydro-Québec et l’intérêt général du Québec. Pourtant, du point de vue de la stratégie de développement économique et social, il est incontestable que les bénéfices associés à l’essor de l’industrie de l’aluminium sont largement supérieurs aux coûts. La production d’aluminium ajoute de la valeur au secteur de l’énergie du Québec.

1

2 34

Aluminerie Bécancour 1000 emplois

900 emplois 440 000 tonnes métriques/an

5

8

8

7

435 000 tonnes métriques/an

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RÉGIONS

Préserver la place du Québec dans une industrie d’avenir Les contrats à partage de risque arrivent bientôt à terme : les derniers échoiront en 2017. À l’échéance de ces contrats, les alumineries devront s’approvisionner au tarif général de grande puissance ( tarif L), ce qui peut représenter une augmentation de leur facture d’électricité de 33 %. Ce tarif se situe dans le quatrième quartile mondial de l’industrie, ce qui signifie que dans plus des trois quarts des pays du monde où l’on produit de l’aluminium, l’électricité est moins chère. L’enjeu est donc capital. Le gouvernement et l’industrie doivent activer les pourparlers pour conclure de nouveaux contrats à partage de risque qui permettront la poursuite de projets d’investissement de plusieurs milliards de dollars et le maintien du positionnement stratégique du Québec et de ses régions dans une industrie mondiale promise à un brillant avenir. //

L’INDUSTRIE MINIÈRE SE RASSEMBLE À MONTRÉAL

Réseautage | Exposition commerciale Conférences | Ateliers

50 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014


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ALGUES DU QUÉBEC

Photos : Courtoisie Chaire de recherche industrielle dans les collèges du CRSNG en valorisation des macroalgues marines

Une culture à développer Les algues, traditionnellement utilisées comme légumes marins dans les pays asiatiques, ont de plus en plus d’applications. Les entreprises d’ici pourraient bien trouver rapidement de nouveaux débouchés ! Par Danielle De Garie

Mis à part dans nos sushis, si nous consommons des algues, c’est souvent sans le savoir… Pourtant, notre consommation est évaluée à plus ou moins 1 kg par année. Il faut dire qu’il y en a dans les shampoings, les crèmes à raser, la bière, les yogourts, les crèmes glacées, les sauces à salade, sous forme d’épaississant, de gélifiant, de stabilisateur ou de texturant, et que leurs applications industrielles sont de plus en plus nombreuses.

Un marché en développement Au Québec, 19 compagnies, dont 3 au nord du 49e parallèle et 9 dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie, commercialisent les algues brunes ( laminaires et fucus) sous forme d’engrais végétaux, de condiments et de produits de beauté. Ces algues sauvages sont cueillies à marée basse ou récupérées après échouage sur les plages. S’il y a approximativement 10 500 espèces de macroalgues connues, seulement 220 sont cultivées et, selon les données publiées par Merinov, le Centre d’innovation de l’aquaculture et des pêches du Québec, ces fruits de l’algoculture représenteraient 92 % de la production mondiale. Au Québec, la majorité des algues utilisées sont plutôt récoltées en milieu naturel, ce qui laisse évidemment de la place au développement. 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014 ∙ 51


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Saccharina latissima cultivée Alaria esculenta Jusqu’à maintenant, le volume total d’algues exploitables par la pêche le long des côtes du Québec était mal connu, les renseignements étant dispersés. Les efforts conjugués de mise en commun de l’information par les principaux intervenants du domaine faciliteront l’accès aux ressources, l’innovation et le développement. Le rapport d’évaluation du potentiel de la biomasse algale de 11 emplacements situés sur le littoral des Haute-Côte-Nord et Moyenne-CôteNord publié par l’agence Mamu Innu Kaikusseht et l’entreprise Algoa en décembre 2012 fait état de densités variant entre 0,6 et 1,7 kg / m2 pour trois espèces d’algues brunes, soit des rendements suffisants ou supérieurs à 0,5 kg / m2 requis pour l’exploitation commerciale. En 2012, la cueillette d’algues pratiquée dans la baie d’Ungava, en Côte-Nord, en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent totalisait un volume avoisinant les 800 tonnes. Ces données contribueront évidemment à la prise de décision par les promoteurs, les entreprises et les décideurs gouvernementaux en vue d’une exploitation commerciale. 52 ∙ 49e // Vol. 3 Nº 1 ∙ Hiver 2014


Photos : Courtoisie Chaire de recherche industrielle dans les collèges du CRSNG en valorisation des macroalgues marines

Ascophyllum nodosum

Une culture pour demain Les projets visant à stimuler cette industrie ne s’arrêtent pas là. Les efforts conjugués de la Chaire de recherche industrielle dans les collèges du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie ( CRSNG) en valorisation des macroalgues marines, du Centre d’étude et de valorisation des algues marines du Québec ( CEVAM), de Merinov et de partenaires industriels ciblent le développement de cette filière industrielle au Québec. Des projets de culture en mer ont été réalisés. Des cultures expérimentales dans des fermes de moules et de pétoncles ont démontré qu’il est possible d’obtenir de très bons rendements. Des entreprises d’aquaculture de la Basse-Côte-Nord souhaitant tester la culture de l’alarie succulente dans leurs fermes marines ont contribué à la culture de semences. Une écloserie expérimentale a également pu être aménagée et équipée pour la culture des macroalgues. La production de plantules, l’optimisation du rendement des cultures en mer, le conditionnement des algues, l’extraction et la valorisation de leurs différents composés sont autant d’éléments du développement de l’algoculture en cours au Québec. D’autant que les pays asiatiques peinent aujourd’hui à couvrir leur propre demande : voilà tout un marché à conquérir ! //

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LE SAUMON

Une icône culturelle au Québec ! Au Québec, le saumon atlantique fait partie de notre milieu de vie et de notre patrimoine collectif. D’abord une source d’alimentation pour les peuples autochtones et les premiers colons, il a ensuite été exploité pour le troc avec les communautés locales et pour le commerce avec les pays étrangers. Puis, il a fait l’objet de discussions entre pêcheurs commerciaux et pêcheurs sportifs. De moins en moins abondante, cette ressource est dès lors devenue un sujet de débats politiques entre le gouvernement du Canada et celui du Québec sur la question des droits de pêche. Le saumon atlantique a par ailleurs inspiré plusieurs artistes réputés et il représente, pour bon nombre de Québécois, un rêve d’évasion et un sport en symbiose avec la nature. Aujourd’hui, la survie de cette espèce apparaît à tout le moins précaire. Pourrons-nous et saurons-nous transmettre ce patrimoine aux générations futures ? C’est d’ailleurs pourquoi la FQSA s’affaire à perpétuer l’activité depuis 30 ans en rassemblant les forces vives dans le milieu du saumon. Par Josée Arseneault

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Josée Arsenault Responsable des communications Fédération québécoise pour le saumon atlantique ( FQSA)


La migration du saumon amène plusieurs pays à travailler en collaboration. Celui-ci commence son cycle vital dans des rivières de certains Canada et en partie le Québec, pour ensuite se nourrir dans les eaux riches du Groenland. Puis, après un à trois ans, il revient dans sa rivière natale. Ce parcours migratoire engendre donc la participation d’organismes internationaux – dont la FQSA, seul organisme non gouvernemental du Québec reconnu par l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord ( OCSAN) –, qui doivent agir pour la conservation de cette ressource.

Photos : Josée Arsenault – Courtoisie FQSA / Pêcheurs et saumon – Mouche

L’impact de sa pêche sportive sur l’économie du Québec Au Québec, on dénombre plus de 100 rivières où remonte le saumon atlantique. Pas de doute, c’est une destination de choix pour pêcher cette espèce des plus recherchées. On vient d’ailleurs du monde entier pour s’y mesurer. Cette pêche se déroule essentiellement dans des rivières constituées en zec, en réserve faunique ou exploitées par des pourvoiries y possédant des droits exclusifs de pêche. Les retombées économiques générées par la pêche au saumon sont des plus significatives. Elles représentent en effet plus de 30 millions de dollars annuellement, et rappelons qu’il s’agit d’une activité qui se pratique uniquement quatre mois par année. Selon l’étude L’industrie faunique comme moteur économique régional, présentée en juin 2014 par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, ces retombées sont particulièrement bénéfiques pour les régions éloignées. Le saumon fait partie des trois principales espèces dont la chasse, la pêche et le piégeage entraînent des retombées économiques majeures pour les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie–Îles-de-laMadeleine et de la Côte-Nord. De surcroît, cette étude révèle que le saumon atlantique est l’espèce qui génère les plus grandes retombées économiques journalières au Québec, ce qui est attribuable à l’importance des dépenses quotidiennes observées. Compte tenu de ces données, il semble encore plus pertinent d’investir dans la mise en valeur et la conservation des rivières à saumon du Québec.

Au Québec, on dénombre plus de 100 rivières où remonte le saumon atlantique. Les retombées économiques générées par la pêche au saumon sont des plus significatives. Elles représentent en effet plus de 30 millions de dollars annuellement, et rappelons qu’il s’agit d’une activité qui se pratique uniquement quatre mois par année.

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Agir pour la ressource¯! De nombreuses initiatives, dont un programme de mentorat, sont orchestrées par des gestionnaires de rivières et la FQSA pour encourager la relève et favoriser, chez les nouveaux pêcheurs de saumon, l’éducation et le transfert des connaissances. Sensibiliser les plus jeunes est un impératif non seulement pour la ressource, mais aussi pour les régions qui bénéficient de l’apport du tourisme lié à la pêche. Le saumon atlantique a, depuis longtemps, une place de choix dans notre économie et notre patrimoine culturel. Et il doit rester le « Roi de nos rivières » pour les générations futures. //

Photos : Pêcheurs – Fokus Outdoor / Saumon – Mouche

La FQSA entame sa 30e année d’action pour la protection, la conservation et la mise en valeur du saumon, notamment par le développement de la pêche sportive. De plus, un programme visant à sensibiliser les jeunes du primaire à leur environnement en utilisant le saumon atlantique comme espèce phare a été mis en place. Les écoles participantes sont également appelées à élever, en classe, des alevins de saumon. Depuis 1999, ce programme a permis de conscientiser 12 000 jeunes aux défis auxquels fait face le saumon atlantique.

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ÉLEVAGE DE SAUMON DE L’ATLANTIQUE

Un avenir durable au Québec ? On a beaucoup fait état au cours des dernières années de problèmes sanitaires et de pollution au sein des élevages de saumon en mer, notamment au Chili et en Norvège et, plus récemment, au Nouveau-Brunswick. Qu’en est-il au Québec ? Le saumon d’élevage de l’Atlantique représente la majorité des exportations canadiennes de saumon. Nos voisins du NouveauBrunswick contribuent annuellement pour plus de 30 % de la production de saumon du pays, et la Nouvelle-Écosse ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador développent ce marché de plus en plus. Bien que les systèmes d’inspection et de contrôle du Canada soient parmi les plus rigoureux au monde, la production intensive du saumon dans des cages flottantes en haute mer a soulevé bon nombre de problèmes qui ont alerté les consommateurs. Le Québec n’est pas producteur de saumon d’élevage et la pêche commerciale du saumon de l’Atlantique y est interdite depuis l’an 2000. Le consommateur québécois est toutefois en droit de se questionner sur les conditions d’exploitation actuelles, considérant la proximité du Québec avec les provinces maritimes.

Par Danielle De Garie

Un mode d’élevage décrié Il a été démontré que la culture en milieu marin favorise la transmission de maladies et la dégénérescence génétique, que la densité des populations facilite la transmission de maladies virales et de parasites, que l’alimentation à base de farines et d’huiles de poissons sauvages augmente la concentration des dioxines déjà présentes et que le fond marin et l’environnement immédiat sont altérés par la masse polluante. On a de plus constaté un déclin des populations dans les rivières à l’embouchure desquelles des cages étaient installées, notamment dans la baie de Fundy.

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Un secteur en mutation Dans une optique de développement durable où le gouvernement du Québec entend développer et pérenniser l’industrie des pêches et de l’aquaculture, nous devons nous pencher sur les possibles options de remplacement des pratiques décriées. La solution ne consiste probablement pas à bannir le saumon d’élevage de notre alimentation, mais à tenter de remédier aux problèmes décelés. Déjà, les conditions de culture ont évolué, et des solutions sont appliquées.

La mise en jachère de sites pour des périodes de 8 à 12 mois est maintenant intégrée aux pratiques de gestion des sites en haute mer. Toutefois, la solution des bassins fermés sur terre est désormais considérée comme beaucoup plus responsable. La culture en confinement total élimine en effet toute interaction avec les habitats naturels.

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Ainsi, les chercheurs évaluent différents substituts aux farines et huiles de poisson couramment utilisées, essaient d’augmenter la digestibilité des aliments en plus de gérer la distribution de moulée. On pratique désormais au Nouveau-Brunswick une aquaculture intégrée du saumon, des moules bleues et du varech, qui favorise une meilleure gestion des nutriments excédentaires. De plus, la mise en jachère de sites pour des périodes de 8 à 12 mois est maintenant intégrée aux pratiques de gestion des sites en haute mer. Toutefois, la solution des bassins fermés sur terre est désormais considérée comme beaucoup plus responsable. La culture en confinement total élimine en effet toute interaction avec les habitats naturels. Mais malgré tout, l’industrie résiste : il y a des coûts liés au traitement des boues usées. Au Québec, des études récentes ont démontré les avantages environnementaux et sociaux de la biométhanisation des résidus. Saurons-nous exploiter ce créneau et tirer profit de notre expertise dans l’élevage du poisson d’eau douce en circuit recirculé ? Cinq systèmes sont en développement au Canada, afin d’optimiser la viabilité écologique, économique et technique de tels élevages, de déterminer les frais d’exploitation et les paramètres de production. C’est vraiment un dossier à suivre pour tout Québécois soucieux du développement durable ! //


Le magazine du développement des ressources naturelles

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Photos : Mine Raglan, Glencore

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