PORTRAITS D’ARTISTES
Joseph Chiaramonte © Joseph Chiaramonte
© Justine Geneau
“L’importance de l’instant”
Amoureux éperdu de mode et d’esthétique, Joseph Chiaramonte est connu pour l’excellence de son œuvre. Son leitmotiv : le bon goût, sans concession. Fuyant le vulgaire, Joseph Chiaramonte suscite l’admiration par sa créativité, sa maîtrise technique, son élégance quel que soit le sujet traité. Il fascine et séduit par des clichés qui ne laissent personne indifférent. Il démarre sa carrière en réalisant des films publicitaires à Bruxelles, puis il crée son studio d’art graphique : Imago. Il travaille beaucoup avec les agences de publicité lilloises, cultivant alors son goût pour la photographie. Goût qui se développera encore davantage lorsqu’il créera son magazine Regard’s dans les années 80. Cela lui donnera l’occasion de rencontrer de très grands artistes aujourd’hui iconiques. Regard’s, après une longue absence, renaîtra sous le nom de « Sight » en version papier et on-line : une référence en matière de design, d’architecture, de mode, d’arts graphiques en général. Aujourd’hui, il cultive encore et toujours
Livre Just’ Teen - Modèle Justine Geneau
l’esthétisme et le bon goût qui lui sont si chers à travers des clichés forts et contemporains. Résidant à la Madeleine, il présente régulièrement ses œuvres dans la métropole lilloise, dans des lieux comme le Clarance, Memento Mori, Art’Up, la Maison de la photo... Il travaille également beaucoup à Paris et Bruxelles. Au-delà de la photo, Joseph Chiaramonte dispose de bien des talents, dont celui de percevoir le potentiel de ses modèles. À l’heure où ta réputation n’est plus à faire, quels sont tes objectifs de carrière ? Aujourd’hui, c’est de continuer à être exposé dans des lieux comme le Clarance. Ce sont de supers écrins. Pourquoi pas Paris ? Après il y a Art’Up qui se développe. Avec Éric Delecourt, mon agent, on essaie d’évoluer sur d’autres salons, à l’étranger aussi. Depuis quatre ans, je me suis lancé dans le marché de l’art et ça me convient plus aujourd’hui. Il n’y a plus de travail de commande, c’est à l’instinct, en fonction de la sensualité, l’humeur du moment.
“Le Parfum” tirée du livre Hôtel Clarance Modèle Justine Geneau
© Joseph Chiaramonte
Tu as publié un livre avec l’hôtel Clarance. Dis-nousen plus. Il y a eu un événement à l’hôtel juste après l’ouverture. On m’a présenté à Aurélie Vermesse, la propriétaire du Clarance. L’idée m’est venue de faire une illustration des thèmes de Baudelaire, puisque chaque chambre porte le nom d’un de ses poèmes. Elle a trouvé que c’était une super idée, c’est parti de là. C’était très intéressant, ça m’a beaucoup plu. On a travaillé sur cette série avec Justine Geneau. Elle posait, mais on a aussi travaillé sur le concept.
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Tu travailles donc souvent avec Justine Geneau ? On a un parcours artistique ensemble. On fait aussi de la peinture, on prépare une exposition, quelque chose d’encore plus personnel. Ça fait deux ans maintenant que j’ai lancé sa carrière. On a appris à se connaître en faisant les photos. C’est comme ça qu’on s’est lié d’amitié. On a plein de projets ensemble. Aujourd’hui, elle fait une superbe carrière à l’international.
PORTRAITS D’ARTISTES
Quelles sont les rencontres qui ont marqué ton parcours ?
© Joseph Chiaramonte
Les rencontres avec le magazine Regard’s, ça c’était vraiment intéressant : des gens qui étaient au début de leur carrière mais avaient déjà un gros potentiel artistique. Leur parcours, leur manière d’aller vers ce qu’ils sont devenus aujourd’hui… Ça m’a apporté énormément, ça c’est sûr. À tout point de vue. Quels sont tes projets ? Une exposition chez Leica en Novembre. On expose des photos vintages, de vrais polaroïds de l’époque. Chacun est unique. Je ne fais pas que de la photo, j’aime bien toucher à tout. Par exemple, j’ai fait une vanité, sur laquelle j’ai réalisé une composition florale en volume, comme une sculpture, avec des fleurs artificielles. Je l’ai photographiée pour en faire des tirages en grand format. La suite du projet serait de la réaliser en 3D. Je fais ça et du design. J’ai fabriqué des bougeoirs en bois et je suis en train de réaliser une table basse.
Modèle Celia 1990
As-tu une devise qui t’anime au quotidien ? Essayer d’être vrai dans ce que je fais, ne pas tricher, ça ne sert à rien ! Inclure dans mes œuvres quelque chose qui émane vraiment de moi. Au moment de la création, c’est l’instant qui est important, ce qui va s’en dégager. Si j’arrive à transmettre à mon modèle l’envie d’aller vers ce que je veux, cet instant est magique. Moi, j’amène les gens vers cette émotion.
© Joseph Chiaramonte
Tu prends donc un soin particulier à choisir tes modèles ? C’est ce partage que je cherche. Si la fille n’est pas prête à ça, il y a un truc qui ne se passe pas. C’est pour ça que j’essaie de chercher vraiment sa sensibilité, ce qu’elle a en elle et pourquoi elle veut faire des photos avec moi. Généralement les filles viennent vers moi par rapport aux photos que j’ai faites. Si elles ont cette démarche, il y a quelque chose qu’elles veulent donner, montrer. Dans n’importe quelle femme il y a une forme de beauté, une lumière qui est intéressante. Mais il faut la trouver, l’éveiller en elle. Ça se fait ou pas. Souvent, ce sont des choses que je ressens.
“Les Fleurs du Mal”
Où trouves-tu ton inspiration ? Ce sont juste des envies qui me passent par la tête, comme ça. Quand je vois un artiste, une œuvre ou quoi que ce soit qui me parle, je sens quand je suis capable de faire quelque chose. Quand t’est venue la vocation artistique ? Avec le studio Imago. J’étais directeur artistique. Je devais diriger les photographes, les stylistes par rapport à ce que je voulais. C’est ce qui m’a donné le goût de toucher à plein de choses. Ça va et ça vient, je peux avoir une période où je n’ai pas d’envies, et puis d’un coup ça bouillonne, plein de trucs sortent en même temps.
Tu photographies souvent des femmes. Est-ce ton sujet préféré ? C’est vraiment un sujet que j’adore. Quand je photographie les femmes, ce n’est pas à travers l’homme. C’est ma sensibilité féminine qui fait que j’arrive à bien communiquer avec elles. Comme ça, l’échange se fait parfaitement et elles ne se sentent ni comme un objet, ni regardées d’une manière gênante. Au contraire, elles se sentent valorisées. Quand les choses viennent naturellement, la fille d’elle-même a envie de partager quelque chose ce jour-là. Si tu devais faire de toi un autoportrait, comment te définirais-tu ? Je n’aime pas trop les autoportraits, je n’en fais jamais (rires). Je pourrais me comparer à un animal. Plutôt un félin. Mais un félin qui se laisse approcher.
http://josephchiaramonte.com Propos recueillis par Olivia Lecocq & Laurence Delacroix #9 - LE JOURNAL À PART
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