MILLÉSIME
1995 Un millésime
harmomieux
Chaque millésime est unique et varie selon les régions. C’est ce qui rend chaque cru unique, comme signé par un artiste. Il est rare que l’un d’entre eux fasse l’unanimité. L’étonnant 1995 a pourtant relevé ce défi haut la main. Bien que quelques nuances soient à apporter, aucune région n’est en reste. Le potentiel était énorme, le résultat est là. Le millésime marque durablement Bordeaux, et c’est une très belle année pour toutes les appellations. Grâce à une météo tout à fait favorable, du côté de la qualité comme de la quantité, pas une ombre n’est à déplorer. Les Bordeaux se souviendront longtemps de l’éden que fut le millésime 1995. Les vins du Rhône connaissent également de très belles réussites, surtout du côté de Châteauneuf du Pape. Les vignerons patients, ayant su attendre pour récolter le raisin à parfaite maturité, furent grassement récompensés. Un léger bémol est à mettre du côté de l’Hermitage et de la Côte-Rôtie, où les vins sont plus disparates. En Bourgogne, beaucoup qualifient le millésime 1995 de « millésime de vigneron » : un fort potentiel, mais une délicatesse que seuls les professionnels chevronnés surent maîtriser. La région ne connaît pas l’abondance, mais la qualité, quant à elle, ne fait pas défaut. Les blancs bénéficient d’une plus grande homogénéité que les rouges, mais de très beaux résultats sont à découvrir dans les deux catégories. De son côté, l’Alsace signe la plus belle année depuis 1990. Les Rieslings de 1995 font l’orgueil du vignoble, affichant une maturité exceptionnelle. Les résultats sont plus mitigés sur le reste de la région, même s’il s’agit indéniablement d’une belle année. Le rendement est moindre, mais les vins sont assez équilibrés et de qualité. En Champagne, c’est une magnifique année, avec un été bien chaud. La récolte est abondante et les vins sont de qualité. Une véritable aubaine pour les producteurs, après quatre années décevantes. Bien que l’année 1996 lui ait fait de l’ombre par sa quasi-perfection, on aurait tort de sous-estimer 1995, qui demeure très qualitative.
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Le Languedoc garde également de bons souvenirs de cette année. Les rendements sont moyens, mais la qualité reste de mise, et les Corbières sont une véritable réussite. Quelques orages furent à déplorer sur certaines zones de l’Aude, mais l’ensemble est tout à fait satisfaisant, surtout en comparaison des années précédentes. Le millésime est donc une très belle année. Pour la plupart des régions françaises, il s’agit d’une bouffée d’air frais après les années plutôt moyennes ayant suivi l’exceptionnel 1990. Laurence Delacroix #9 - LE JOURNAL À PART
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