Artistes - Journal à Part 8

Page 1

PORTRAITS D’ARTISTES

formats (rires). Avant, j’utilisais beaucoup de couleurs sourdes, un peu terre, assez foncées. Depuis quelque temps, j’essaie de changer en faisant un travail sur les couleurs. Il y a toute une évolution…

© Charles Mangin

“L’archéologue de la peinture”

Youri Leroux

Comment trouves-tu l'inspiration ? L’inspiration me vient en travaillant, au gré de mes expériences. En fait, tout est prétexte à peindre si on le souhaite ! Je travaille surtout sur la matière au profit d’un thème. Le thème n’est qu’un prétexte pour moi. “Myanmar” - 170 x 140 cm

Comment as-tu démarré ? J’ai commencé à peindre à l’âge de 11 ans avec la boîte de peinture de mon grand-père paternel et j’ai continué régulièrement, quand j’avais un peu de temps. J’ai été diplômé à Saint-Luc en aménagement, puis j’ai travaillé en tant qu’architecte d’intérieur avec mon père pendant 4 ans. Je n’ai pas vraiment eu de formation en peinture, même si à l’école, j’ai appris à faire des croquis et des perspectives. Plus tard, un évènement personnel m’a amené à arrêter l’architecture d’intérieur pour me consacrer pleinement à la peinture. J’y ai mis toute mon énergie. Quelque temps après, une amie m’a mis en relation avec une galerie de Hong Kong où j’ai démarré mes premières expos, avant de poursuivre à Paris avec la galerie Mark Hachem.

© Youri Leroux

Comment te définirais-tu ? Je suis un archéologue, un chercheur, un ouvrier de la peinture. J’ai besoin de grands formats pour ma gestuelle, je me sens un peu trop étriqué sur les petits

“Matrice” - 81 x 65 cm

Ta démarche est-elle déjà claire quand tu commences à peindre ? Cela dépend. J’ai toujours une démarche de fond, qui est de faire ma toile. Ensuite je me laisse porter par la couleur, ou bien c’est elle qui m’appelle. En revanche, si je fais du figuratif, par exemple un nu, dans ce cas ma démarche est déjà claire. C’est plus difficile de faire de l’abstrait que du figuratif. Je travaille toujours tableau par tableau, je n’en fais jamais plusieurs en même temps.

© Youri Leroux

Qu’est-ce qui importe lorsque tu peins ? Donner de l’émotion au regard. Si j’ai cette émotion, je pense que je peux la redonner au regard des autres. J’ai besoin de vibrer. Mais je laisse chacun voir ce qu’il souhaite dans mes œuvres. Quelles satisfactions trouves-tu dans ton travail ? Mes satisfactions, c’est le sentiment d’avoir une liberté d’action, et de pouvoir vivre pleinement de ma passion. #8 - LE JOURNAL À PART

6


Les étapes marquantes et les rencontres dans ta carrière ?

As-tu une devise ? Je n'en ai pas en particulier. Je ne les retiens pas, mais je suis souvent d’accord avec toutes les devises (rires).

À mes débuts, entre Hong Kong et Paris, j’ai rencontré des artistes, comme Ben Ami Koller, ou Adami, ainsi que des amateurs d’art, qui m’ont encouragé. Ensuite, il y a eu des rencontres nées de voyages lors d’expositions à différents endroits du monde. Certains collectionneurs me soutiennent également depuis le début, c’est très important pour moi.

Propos recueillis par Olivia Lecocq

“Troupeau” - 200 x 200 cm

Quels sont tes projets ? Je songe à me perfectionner dans la photo et pourquoi pas me lancer dans la sculpture. Quant à la peinture, je veux continuer à avancer en fonction de mes inspirations du moment, avoir encore plus de contacts et de manifestations afin de me nourrir de tout cela. Si je te demande de choisir une de tes œuvres, laquelle et pourquoi ? Il y en a cinq à six par an qui font avancer mon travail. Je considère ces œuvres comme majeures dans le sens où elles m’ont fait évoluer.

J’adore le réagencement intérieur. J’aime aussi beaucoup la gastronomie, le vin et des sports comme le tennis, le ski...

© Youri Leroux

Parle-nous de tes autres passions.

donc autant qu’il soit féérique, si on veut voir des choses plus fades on remonte à la surface ! En ce moment, côté photo je fais toute une série sur les voitures, car ce qui m’intéresse, c’est la ligne et les couleurs, les émotions qu’elles véhiculent.

© Amaury Dubois

“Figer le temps qui passeˮ

Amaury Dubois

Comment démarres-tu tes toiles ? Je me laisse bercer par mon environnement, ou plutôt il me percute. Je ne commence pas ma toile si je n’ai pas d’images assez précises en tête. Je note un mot, qui va me rappeler une image, un moment, et quand j’ai tout dans la tête, clac ! Je fais le tableau. Idem pour mes photos. Je repère les endroits que je veux voir. Ensuite,

Raconte-nous ton parcours. Globalement je suis autodidacte, même si j’ai suivi mes études d’art à Saint-Luc, à Tournai. Après mes études, j’ai tout de suite fait ma première expo en galerie à 20 ans sur Lille et depuis je n’ai jamais arrêté, je suis mordu de ça !

7

LE JOURNAL À PART - #8

© Amaury Dubois

Tes inspirations ? Sujets ? Thèmes majeurs ? Mes peintures apparaissent selon ce que je vis, ce que je vois ou entends. La musique pourrait être un des thèmes, indirectement. Ce que j’écoute va me donner des images ou des émotions, ensuite je vais travailler cela avec les images qui sont apparues dans ma tête. J’aime beaucoup le travail de paysage, de la lumière et la couleur. J’ai eu un déclic en faisant de la plongée. Sous l’eau c’était une explosion de couleurs. Un tableau c’est aussi un voyage, une plongée dans un imaginaire

“La Ferrari”, montage photographique


© Amaury Dubois

PORTRAITS D’ARTISTES

“Desert Session”, montage photographique

je vais sur place avec mon cahier des charges. Il y a de l’improvisation de temps en temps, une lumière que je n’avais pas prévue par exemple. Soit je l’intègre, soit je la garde pour un autre tableau.

Des sources de satisfaction dans le travail ? Ah oui carrément, c’est une sorte de drogue, ça c’est sur ! C’est une super drogue, elle n’est pas nocive ! Quelles personnes t'accompagnent dans ta carrière ? Derrière moi, il y a pas mal de gens qui me soutiennent et m’aident, chacun dans leurs milieux respectifs… Toutes ces rencontres-là sont super importantes ! Ce sont elles qui me permettent de continuer. Des projets ?

© Amaury Dubois

Je viens de sortir du salon Rétromobile avec mon expo photos, j’ai pas mal de commandes. L’expo à Singapour était la grosse actu pour mes peintures : du 22 avril au 28 mai à Mulan Gallery dans le cadre du festival Voilà, organisé par l’ambassade de France pour la culture française ! “Cordoba”, peinture à l’huile sur toile - 195 x 130 cm

On te définit comme courbiste. Peux-tu nous en dire davantage ? C’est ce que j’appelle des mécanismes invisibles : le monde se déplace et change, c’est invisible. Le temps va glisser et moi je le fige. Pour moi aujourd’hui tout va trop vite, là ça me permet de mettre sur pause ! C’est une vue multi-facettes, les courbes viennent de là. La vie cherche son chemin et va toujours vers la lumière. À la base de mes tableaux, il y a toujours une forte lumière et les courbes sont comme des plantes. Elles sont en train de se développer, il y en a qui montent, il y en a qui fanent, ce sont les émotions, c’est notre vie de tous les jours. Comment ça se passe dans ton atelier ? Je mets de la musique très fort et je décroche totalement ! Je suis dans une sorte d’état second. Ça demande tellement de concentration et de minutie que cela occupe une bonne partie de ma tête. Mon atelier c’est mon univers, c’est un peu un bunker en dehors du temps et des contraintes de tous les jours.

Ton œuvre préférée ? Ce serait la première. C’est la naissance de tout. Je l’ai toujours et je ne la vendrai pas. Elle n’est pas forcément réussie, mais… c’est mon tableau (rires). Pour moi, l’art c’est comme une empreinte digitale. Je ne comprends pas que deux artistes puissent faire le même style de tableaux, car l’art est pour moi un reflet de l’âme, un ADN, une empreinte. Des hobbies ? J’aime bien apprendre, je pourrais me passionner pour tout, et à fond ! Il faut toujours que je nourrisse ma tête ! Quelle devise te représente le mieux ? Ce serait “Peindre l’invisible qui nous entoure” ou “Voir ce qu’il y a derrière le mur de la réalité”. Je n’ai pas de devise précise. www.amaury-dubois.com Propos recueillis par Olivia Lecocq #8 - LE JOURNAL À PART

8


Jennifer Desurmont © Lampin - Desurmont

© Lampin - Desurmont

“L’émotion avant toutˮ

Parle-nous de toi. J’ai fait des études de droit, une vocation familiale, et puis j’ai toujours peint. Je me suis reconcentrée sur l’activité artistique en 2009. J’ai pris des cours avec Denis Vanthournout, un artiste tourquennois qui m’a beaucoup appris, vraiment un homme génial et très généreux grâce à qui je me suis affirmée. J’ai développé mon activité d’avocat, jusqu’à un moment où cela a eu moins de sens pour moi. Le barreau m’éloignait de l’activité qui m’épanouissait davantage. Puis il y a eu les premiers vernissages, les expos dans des extérieurs ou des manifestations publiques et dernièrement, la Galerie de la Croix Blanche m’a accueillie comme artiste permanent.

“Nu enlacé”

Quand tu commences une toile, as-tu une idée précise de l’aboutissement souhaité ? Non ! Souvent, il y a, au départ, une inspiration venant d’une photo, une attitude, une courbure de torse, mais après, avec le résultat final, il y a un monde ! Les tableaux que je préfère sont souvent ceux partis de rien. Qu’est-ce que tu ressens quand tu peins ? Ça me vide totalement l’esprit. Je suis juste au septième ciel.

Un sujet favori ? Des sources d’inspiration ? Mon sujet favori c’est la femme, et le couple aussi. Tant que le tableau ne me donne pas une forte émotion, il n’est pas terminé. Tous mes états d’âme y passent, toute mon émotion… J’ai besoin de retranscrire ma sensibilité de femme.

Quels sens sont en éveil quand tu peins ? Le toucher, car je travaille avec les mains directement. Il y a un travail presque sensuel avec la peinture (rires) ! La vue évidemment, je rajouterais le cœur, même si ce n’est pas un sens, c’est quand même le sens ultime : je suis émue, éprise de ce que je fais.

“Nu primitif”

© Lampin - Desurmont

© Lampin - Desurmont

Qu'est ce qui t'épanouit le plus dans la peinture ? La liberté, le sentiment d’être en adéquation avec qui je suis puisque j’exprime qui je suis.

“Nu emporté”

Tu pourrais dire que ce sont des peintures un peu autobiographiques ? Oui c’est un peu ça. J’ai envie de faire ressortir ce qui est vrai dans la femme, ce qui est essentiel. Mes nus n’ont ni nationalité, ni âge, ni vêtements. J’essaie d’insuffler une énergie, un élan, une rage, une passion, tout ce qu’on doit finalement sortir de soi au cours de sa vie pour pouvoir s’affirmer avec plus d’authenticité.

9

LE JOURNAL À PART - #8

Peux-tu nous citer les personnes importantes dans ta vie d’artiste peintre ? Denis Vanthournout, ça a été vraiment une rencontre déterminante. Ensuite, mon grand-père qui était artiste. Il peignait, sculptait, faisait de la menuiserie, c’était un pianiste incroyable. Ma maman était destinée à une carrière de peintre, mais elle est partie vers autre chose. C’est resté quelque part ancré en moi. D’autres passions dans la vie ? La rénovation immobilière, agencer et réagencer des intérieurs. J’adore y participer avec mes mains ! Et ma famille. C’est plus qu’important pour moi. Quelle citation te correspond ? “Quiconque sacrifie sa liberté pour plus de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre.” Benjamin Franklin… Ou moins poétique mais plus percutante : “Qu’est-ce que je ferais si j’étais moins con !” Le Cœur des hommes. Propos recueillis par Olivia Lecocq


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.