Family chap 21 a 23

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Chapitre 21 : Quand tout va mal… ou pas. . Henry était tout à fait conscient des tensions qui régnaient entre ses grands parents, Emma et sa mère. Il avait beau tenter de s'en mêler, de donner son avis, personne ne l'écoutait ou ne lui prêtait d'attention. Alors quand il n'était pas chez sa maman brune et qu'Emma sortait, il replongeait dans son livre de contes, un livre qu'il avait personnifié tant cet objet, pourtant anodin, l'avait guidé dans ses moments de doutes ou d'interrogations sur Storybrooke et ses habitants. Assis sur son lit, il tournait les pages l'air absent, réfléchissant à un moyen de réconcilier tout le monde. Il reconnaissait sa mère adoptive, la Reine, le Chasseur, les Nains, Blanche, Le petit Chaperon Rouge, Robin des bois, Jack et bien d'autres… mais il finit par s'arrêter sur un chapitre qu'il n'avait étrangement jamais lu et où était dessiné le portrait d'un bébé ressemblant trait pour trait à sa petite sœur Sara. Il lut… « Il était une fois, une adorable petite fille qui avait deux mamans. Ses cheveux étaient blonds comme les blés et ses yeux d'un bleu clair étincelant… Ses deux mères l'aimaient d'un amour inconditionnel mais s'opposaient en tous points. L'une était devenue Reine par alliance, poussée par sa mère qui n'exigeait pour elle que renom, gloire et richesses. La jeune femme fut forcée d'épouser un mari âgé et malade alors qu'elle était jeune, belle et éprise d'un autre homme que sa mère assassina. Alors le cœur de la Reine devint noir comme la nuit, son regard, froid comme la glace. Souveraine d'un immense royaume, crainte et détestée de ses sujets, elle régnait d'une main de fer sans aucune compassion, sans aucun amour si ce n'est pour une Princesse qui parvint à faire renaître un peu de lumière dans son cœur meurtri. La Princesse était née d'un amour vrai et sincère entre un faux Prince et la fille du Roi décédé que la Reine avait épousé. Abandonnée de


force par ses parents, la Princesse avait grandi seule loin de la Forêt Enchantée. Elle s'était forgée un tempérament vif sous une allure migarçonne, mi-guerrière, destinée à décourager tous ceux qui s'en prendrait à elle… » Il n'y avait aucune suite et Henry s'affola en voyant que seules des pages blanches suivaient. Mais il comprenait ce qu'était ce récit. Ce dernier était en train de s'écrire en même temps que l'histoire de sa petite sœur qui venait de naître. Il se redressa en entendant gronder une violente dispute au rez-de-chaussée. Il s'approcha de la porte et tendit l'oreille. De ce qu'il comprenait, David avait vu Regina ce soir dans le champ de haricots magiques et sa maman brune avait mis le feu à une grande partie du champ, réduisant à néant toutes leurs chances de repartir dans la Forêt Enchantée… Mais Henry ne voulait pas repartir ! Il entendit sa maman blonde arriver à son tour, claquer la porte, se mêler à la discussion, se disputer avec son grand-père. Toutes ces disputes ne finiraient donc jamais se disait-il ? Et pourquoi personne ne l'avait averti de ce départ ? Il quitta sa chambre et descendit l'escalier avant d'arriver dans le salon où tonnaient les voix élevées d'Emma et David : — Attendez… tenta-t-il. Ecoutez ! Mais la dispute se poursuivait entre David et Emma, MaryMargaret impuissante, incapable de calmer sa fille ou son amant. — Il faut que vous voyez ça, tenta-t-il à nouveau… — Pas maintenant, lança David… Henry s'adressa donc à sa mère : — Emma, s'il te plaît… Tu dois voir ça !

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Emma s'arrêta sur la voix insistante de son fils. Sa colère la rongeait devant David qui ne voulait pas comprendre. Mais Henry semblait accorder de l'importance à son livre préféré. Elle tourna les yeux vers les pages qu'il lui présentait et parcourut les quelques lignes. Dès qu'elle commença la lecture, elle saisit le livre entre ses mains, maintenant focalisée sur le récit. Arrivée à la fin, elle eut le même réflexe que son fils, mais ne trouva rien de plus... — C'est... C'est Sara... — Oui ! s'enthousiasma Henry. Son histoire est en train de s'écrire. Elle a un conte rien que pour elle ! Tu te rends compte ? Mais Emma avait du mal à assimiler cette nouvelle. Blanche et David près d'elle approchèrent et confirmèrent les allégations de leur petit-fils. Cette histoire de bébé prenait une ampleur incroyable et les parents d'Emma redoutaient le pire... — C'est la fille de Regina, reprit David à l'attention d'Emma, son sang coule dans ses veines... Que crois-tu qu'elle fera en grandissant auprès de la Reine ? Emma releva les yeux sur son père et retrouva toute sa colère après lui. — C'est ma fille aussi ! Et je compte pas la laisser grandir sans moi comme je l'ai fait avec Henry ! — Alors quoi ? reprit David, dépassé par les propos de sa fille, tu vas vivre avec Regina ? Tu vas t'installer avec elle et puis quoi d'autre ?! Tu comptes l'épouser tant que tu y es ?! — David ! intervint Blanche qui craignait pour sa famille, arrête, je t'en prie. Mais pour Emma, c'en était déjà trop. Le bouquin dans une main, celle de Henry dans l'autre, elle répondit : 3


— Et si ça arrivait ?! répliqua-t-elle dans le feu de la dispute. Qu'est-ce que tu ferais ?! Tu m'enfermerais dans ma chambre et tu me priverais de sortie, c'est ça ?! Ou tu nous menacerais encore d'enlever notre fille ?! Elle s'emportait et le savait. Sa rancœur contre son père la poussait à dire des choses spontanées, telles qu'elles arrivaient entre ses lèvres. Elle marcha vers la porte et l'ouvrit : — J'en ai assez entendu ! Elle entraîna Henry avec elle et quitta l'appartement sans un mot de plus. Il lui était impossible de rester une minute de plus en présence de David et de ses reproches incessants. Une fois assise près de sa mère blonde qui démarra, Henry demanda : — Et maintenant ? Emma était à bout de nerf. — J'en sais rien, fulmina-t-elle. Henry comprenait la colère d'Emma et il se retiendrait d'en rajouter en la voyant énervée. Quoi qu'il en était, il était heureux qu'Emma ait pris la défense de sa mère brune. Restait à savoir où ils iraient passer la nuit car lui avait bien une petite idée – pour ne pas dire une grande idée – de l'endroit où ils pourraient dormir. Avant qu'il ne fasse la moindre suggestion, il vit Emma tourner à une rue et s'arrêter devant la Mairie. Emma le regarda : — Je vais demander à Regina de te garder pour ce soir. Mais Henry fronça les sourcils. — Et toi ? — Moi j'ai pas besoin de lit ! 4


Henry la vit sortir de la voiture et la suivit jusqu'à la porte où Emma frappa avant de voir Regina ouvrir. — Miss Swan ? s'étonna Regina, Sara dans ses bras. Les mains dans les poches arrière de son jeans, Emma alla droit au but : — Je peux te laisser Henry pour ce soir ? Mais Henry expliqua : — On a nulle part où aller. — Henry ! accusa Emma. Regina répondit aussitôt : — Vous êtes tous les deux les bienvenus. Avant qu'Emma ne refuse, la Reine précisa : — J'ai une chambre d'ami à ton entière disposition. Emma n'avait pas prévu de dormir chez Regina, même si une petite voix le lui sifflait. Elle avait plutôt imaginé une nuit blanche au commissariat, à vider une bouteille de whisky sans risquer le moindre reproche de quiconque. — Allé, maman, supplia Henry, pour cette fois, s'il te plaît... Emma baissa les yeux sur son fils implorant et les releva sur la Reine. — Ok, mais qu'une seule nuit et je dors sur le canapé... Son ton avait été un peu sec, mais sa dispute avec son père demeurait ancrée en elle autant que sa colère envers lui. Elle entra dans la demeure de Regina avec Henry qui ne cessait de se réjouir.

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— Maman ? fit-il à Regina. Sara a son conte aussi ! Son histoire est en train de s'écrire dans mon livre. — Henry, intervint Emma, c'est pas le moment, là... Mais Regina venait de froncer les sourcils, intriguée par les paroles de son fils. Sara dans les bras, elle répondit : — Venez, allons dans le salon et montre moi ça mon chéri. Ce fut avec plus d'enthousiasme et avec un sourire réjoui qu'Henry suivit sa mère brune jusqu'au salon. Il attendit qu'elle soit assise et ouvrit son livre de contes sur la table. Regina connaissait bien ce livre pour avoir, il y a très longtemps, ordonné à Henry de ne pas croire en ces stupidités qui, elle le savait, n'étaient que des vérités retranscrites. Elle parcourut le dit conte pourtant très court et releva son regard sur Emma qui, elle le supposait, l'avait également lu. — Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda-t-elle. Henry répondit à la place de sa maman blonde. — Ca veut dire que Sara fait partie de l'histoire de Storybrooke. Comme moi, Emma et toi. Et qu'il va se passer d'autres choses que le livre nous dira. Se passer d'autres choses... Emma le craignait maintenant. Après sa violente dispute avec son père, elle redoutait la suite, ne pouvait ainsi oublier ses paroles à son encontre. David s'était montré aussi borné et sans coeur que Regina pouvait l'être. Sur les nerfs, elle marcha vers la grande fenêtre qui donnait sur la rue et écarta le rideau. Elle espérait que personne ne viendrait la chercher, surtout pas son père... David n'en avait pas terminé avec cette histoire et elle le savait. Le Prince et Blanche avaient toujours tenu à résoudre tous les conflits jusqu'à maintenant... Elle finit par revenir vers la table et s'assit de côté sur une chaise. Elle

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sentait le regard de Regina sur elle, devinait déjà les questions qui viendraient bientôt. — Pas de question, préféra-t-elle demander avant de les entendre. Elle n'avait pas envie de confier sa dispute et ses désaccords entre son père et elle, à Regina. Regina regarda son fils : — Tu as mangé ce soir ? — Oui, répondit-il à sa mère… — Si tu as encore faim, il reste de la tarte aux pommes dans la cuisine. — Merci… J'en veux bien ! Il se leva et s'éloigna vers la cuisine tandis que Regina se relevait du canapé. Elle allongea Sara dans son berceau et contourna le bar d'angle afin d'en sortir un verre dans lequel elle versa du whisky. Aux traits tirés d'Emma, après son intervention dans le champ de Haricots, elle se doutait qu'une dispute avait éclaté. Elle était désolée de la voir si affligée. Elle approcha et lui tendit le verre. — Le canapé est inconfortable Miss Swan, je t'ai dit que j'avais une chambre d'ami à ta disposition. Tu n'es pas obligée de me tenir compagnie si tu as besoin d'être seule. Toujours assise, Emma prit le verre proposé par Regina. L'ironie jouait toujours avec elle et approfondissait son côté risible. Voilà maintenant qu'elle se réfugiait chez la Reine après une dispute avec ses parents. Ce monde tournait à l'envers... Elle but une gorgée et reposa le verre sur la table. — Je sais, répondit-elle.

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Elle ruminait son affrontement verbal avec son père. Ses paroles ne cessaient de se répéter dans sa tête, ses reproches, ses provocations insensées. Rien ne serait facile décidément. Et même les personnes pourtant considérées comme les plus tolérantes refusaient le moindre compromis. — Je suis désolée... Pour ce que David a fait, finit-elle par dire. — L'essentiel est que Sara soit en sécurité maintenant. Elle vit Henry revenir, une assiette dans les mains, le regard gourmand sur sa part de tarte. Elle reprit pour Emma : — Tu as eu le temps de dîner ? Emma vida le verre et répondit : — Non... Mais j'ai pas faim... Chacune de ses pensées étaient tournées vers sa dispute contre son père. Elle en finissait par culpabiliser, se demander si elle prenait le bon chemin, les bonnes décisions. Elle se leva, frotta ses mains contre son jeans. — Je peux t'emprunter ta salle de bains ? — Bien sûr, répondit Regina sans hésiter. Emma partit vers les escaliers et grimpa au premier étage où elle finit par trouver la salle de bains. Elle s'y enferma, jeta un œil sur la pièce tout aussi luxueuse que les autres. Mais peu lui importait l'ameublement pour l'instant. Elle avait besoin de se retrouver toute seule, à l'abri des regards, de la moindre visite impromptue. Ici, au moins, elle espérait que personne ne vienne la trouver... Elle s'avança vers le lavabo et passa un peu d'eau sur son visage. Si ses parents ne comprenaient pas sa position, refusaient de l'écouter, alors que se passerait-il ? Devrait-elle choisir un camp ? Elle se retrouvait prise entre deux feux, pas tout à fait d'un côté, 8


mais pas tout à fait de l'autre non plus. Heureusement, son fils ne lui posait aucune question et ne cherchait pas à expliquer son étrange comportement. Parce qu'elle se savait en proie à d'étranges réactions ces derniers temps. Peut-être une bonne nuit de sommeil lui permettrait d'y voir plus clair... . . Après quelques minutes, Regina prit Sara dans ses bras et interpella Henry qui feuilletait son livre de contes. — Au lit, mon chéri. Il est tard. Henry se leva : — Emma n'est pas redescendue. — Ta mère a besoin de se reposer, répondit-elle. Henry passa devant elle et Regina éteignit les lumières avant de le suivre à travers les escaliers. — Bonne nuit, fit-il en arrivant devant sa chambre. — Bonne nuit, dit Regina. Henry s'enferma et avant d'entrer dans la chambre de son fils où Sara continuerait de dormir quelques jours, elle s'arrêta devant la porte de la chambre voisine qu'elle poussa doucement. — Miss Swan ? appela-t-elle. La concernée était assise contre le montant du lit, la lampe de chevet allumée et ses jambes croisées. De toute évidence, elle n'était pas prête de dormir, pensait la Reine. Elle avança de l'autre côté du lit, Sara toujours dans ses bras qu'elle vint allonger sur le dos entre Emma et elle. 9


— Pouvons-nous te tenir compagnie un instant avant d'aller au lit ? Emma sourit un peu en voyant le bébé près d'elle. Sara avait le mérite d'apaiser ses réflexions troublées. Elle finit par la prendre dans ses bras, bien trop désireuse de la sentir contre elle. — Vous pouvez, répondit-elle. Elle ne parvenait pas à éclaircir ses songes de toute façon et plus elle réfléchissait, moins elle trouvait de solution. Elle berça son adorable petite fille et cette seule idée illuminait son humeur. — Est-ce qu'elle a pleuré la nuit dernière ? demanda-t-elle, curieuse. Ce moment emplissait de bonheur le cœur de Regina. Elle qui avait tout fait pour provoquer ses retrouvailles avec sa Sauveuse réalisait que la providence avait seule décidé de cet instant. Elle s'accouda sur le lit, son regard sur ses deux Princesses. — Non, c'est un ange… Elle dort beaucoup et pleure très peu. Elle doit tenir ça de toi car Henry était aussi sage quand il était bébé. Emma gardait ses yeux sur l'adorable bébé qui dégageait des parfums reposant. Elle réalisait que Regina avait connu ces moments-là avec Henry, l'avait vu grandir, devenir enfant, l'avait assisté dans chacun de ses premiers pas. Elle tourna les yeux vers elle sans même constater qu'elles avaient enfin une discussion normale. — Quel a été son premier mot ? — Maman, répondit Regina avec un sourire attendrie. — Et son deuxième ? 10


Regina dut prendre une pause. Bien sûr, le premier mot était inoubliable et après le premier, d'autres suivaient sans forcément avoir de sens. Elle sourit : — La plupart n'était pas dans le dictionnaire les premiers mois. Emma sourit sur cette précision, se redressa, allongea Sara entre elle avant de s'étendre sur le côté. Elle coinça son bras plié sous sa joue tout en caressant de son index la petite main de sa fille qui y refermait ses doigts dans un réflexe. Regina lui faisait face et étrangement, il régnait entre elle et à cet instant une atmosphère nouvelle de sérénité et de plénitude. — Je suis heureuse que tu sois venue me voir, confia Regina d'une voix basse tandis que Sara s'endormait. Emma n'était pas encore habituée à ce regard, ni à cette voix que Regina lui accordaient depuis quelques semaines. Au moins, l'ambiance était calme et sans trop de tensions. Tout ce qu'il lui fallait pour l'instant. Emma était fatiguée de lutter sans arrêt et maintenant contre ses parents. Un silence s'installa, laissant les deux jeunes femmes profiter de ce moment. — Est-ce que tu penses toujours à quitter la ville ? demanda Emma. Regina comprit que sa Sauveuse faisait allusion à son projet de vacances confié quelques jours plus tôt. — Si Gold daigne me dire comment franchir la frontière et si tu acceptes de m'accompagner avec Henry, c'est effectivement une idée séduisante. Emma acquiesça d'un léger signe de tête sans répondre. Ce projet de départ traversait quelques unes de ses pensées depuis sa dispute avec son père. Mais fuir n'était pas la solution et elle le savait. Pourrait-elle s'octroyer un peu de 11


répit avec Henry ? Mais cette idée signifiait aussi partir avec Regina... Elle avait déjà beaucoup de mal à intégrer les émotions qui circulaient encore à cet instant précis. La réaction de ses parents l'avait refroidie, lui avait rappelé ce qu'elle martelait à son cerveau. Regina était la Méchante Reine et le verbe aimer devenait alors inconcevable à son sujet. Pourtant, n'était-elle pas allongée près d'elle sans heurt ni combat ? Regina en profitait pour la détailler, imprimer ses traits plus détendus. Emma n'était pas bavarde et devait certainement réfléchir encore. Même si elle mourait d'envie de se rapprocher, de toucher sa peau du bout des doigts, elle ne voulait rien risquer. Son audace des derniers jours n'avait pas payé, au contraire. Emma laissait peu à peu tomber quelques barrières et Regina devait s'en contenter. C'était bien la première fois qu'elle faisait preuve d'autant de retenue, de patience, pour quelque chose, quelqu'un qu'elle désirait du plus profond de son âme... Elle en sourit toute seule. Emma était la seule à la changer de cette manière, à taire la colère permanente enfouie au plus profond de son cœur noir depuis des décennies. Elle se redressa et ramena Sara prudemment dans ses bras. Son adorable princesse dormait à poings fermés. — Je vais la mettre dans son lit... Elle quitta le lit bien malgré elle et reposa ses yeux sur Emma : — Si tu as besoin... N'hésite pas. Ma chambre est à côté. Le message était passé, songea Regina en sortant de la pièce. Elle se consolait au moins en sachant sa Sauveuse dans leur maison cette nuit, tout près d'elle, presque aussi proche qu'elle l'avait été dans ses souvenirs.

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Chapitre 22 : Une nuit sans fin . D'un geste soudain, Emma écarta le drap et ouvrit les yeux. Elle se redressa, à bout de souffle, la peau humidifiée par la transpiration. Assise sur le lit, le regard dans le vide, elle était victime d'un de ses rêves récurrents. Son esprit envahi par toutes sortes d'images, de flashs, elle retrouva difficilement la réalité. Mais sa chambre ne l'était pas, cette pièce ne lui appartenait pas et les parfums de Regina circulaient autour d'elle. Où était-elle encore imprégnée de son rêve ? Elle s'assit sur le rebord du lit, passa les mains dans ses cheveux et ferma les paupières. Elle s'était endormie d'épuisement à force de réflexions, toujours habillée. Ses muscles tremblaient après ces émotions toujours plus intenses chaque nuit. Le plaisir coulait dans ses veines, brûlant, omniprésent. Et plus le temps passait, plus longtemps il l'habitait. Elle tourna les yeux vers le lit défait. La couette avait échoué sur la moquette, un oreiller l'avait suivi, signes d'une nuit mouvementée. Pourquoi Diable Regina occupaitelle tous ses rêves ? Son regard se posa sur la porte fermée. Deux heures et demi passées et elle ne pensait plus qu'à elle... Ses lèvres se pincèrent, glissèrent entre ses dents. Sa raison l'abandonnerait un jour, au détour d'un de ses réveils enfiévrés. La tentation rôdait en elle, suivait le chemin d'un désir trop longtemps refoulé. Elle se leva et quitta la chambre pour longer le couloir. Quelques pas seulement la séparaient de celle de Regina. Debout devant sa porte, elle leva la main et s'arrêta à temps à deux ou trois centimètres du bois. La respiration toujours écourtée, Emma perdait la tête, l'esprit et le contrôle d'elle-même. Qu'était-elle en train de faire ? Des images affluaient derrière ses yeux pétillants, rougis par la chaleur d'une onirie torride. La porte s'ouvrit la seconde suivante et Regina lui fit face. Emma cligna des paupières, prise sur le fait, au plus mauvais 13


moment. Croiser le regard de la Reine quelques malheureuses secondes après son réveil ne fit qu'attiser le feu... Quoi dire ? Comment justifier sa présence sur le pas de sa chambre ? — Emma ? fit Regina. Celle-ci ne portait qu'une misérable nuisette de satin, couvrant à peine son corps. Emma se brûla la rétine à poser ses yeux sur elle. — Je... balbutia-t-elle, d'une voix cassée. Mais sa gorge asséchée l'irritait et les mots ne voulaient sortir au risque de tout révéler. Elle prit une inspiration et franchit le pas. Baisser les armes était la seule solution probante et la lutte était vaine. Sa main glissa sur la joue de Regina et ses lèvres trouvèrent enfin leur trésor sur les siennes. Mais sur le goût savoureux de la Reine, le désir s'intensifia. Aucune libération ne vint comme une bouffée d'air après une longue apnée. Et plus elle approfondissait le baiser, plus elle avait envie. Regina y répondait sans concession, sans aucune demi-mesure et s'amusait même à repousser les limites. Mais Emma n'en avait plus ce soir... Les barrières tombaient les unes après les autres, laissaient entrevoir un désir féroce trop longtemps étouffé. Son autre main repoussa la porte derrière elle et la ferma. Dans l'obscurité de la chambre, elle exprimait ses sentiments, à l'abri des regards, des reproches, de ses retenues habituelles. Confinées au creux de cette pièce, aucune marche arrière n'était possible. Regina heurta le lit derrière elle et bascula sur le matelas emportée par la ferveur du baiser. Emma abdiquait enfin et son cœur s'emballait. Regina ne laisserait passer cette chance pour rien au monde. Sa Sauveuse n'avait qu'à poser une main sur elle, un regard plein de désir et elle s'y abandonnait corps et âme... Elle l'avait sentie derrière sa porte, avait su qu'Emma ne dormait pas, qu'elle viendrait la voir, poussée 14


par le besoin de se retrouver. Ce besoin, elle le percevait aussi depuis son réveil à l'hôpital. Il s'était intensifié au fil des jours. Il vivait avec elle, en elle depuis des semaines et quand Emma se trouvait devant elle, il la rongeait plus encore. Mais ce soir, elle retrouvait la fougue de son amante, son appétit sans borne. Sous ses mains, elle la savait aussi désireuse qu'elle ne l'était. Si Emma la voulait, Regina la voulait plus encore... Ses mains agrippèrent son débardeur et le lui remonta pour le lui enlever. Juste une seconde pour l'ôter et leurs lèvres se retrouvèrent dans un nouveau baiser. Ses cheveux blonds se mêlaient au brun des siens et ses parfums s'inscrivaient dans ses draps. Cette nuit, ce moment, Regina l'avait souhaité plus que tout au monde, à vouloir mourir plutôt que d'affronter son manque un jour de plus. Elle inversa la position, s'installa sur elle, prit place là où elle appartenait à Miss Swan. Elle rompit le baiser, posa des yeux brillants d'envie sur elle. La réalité se déroulait sous ses yeux. Il ne s'agissait pas d'un fantasme, d'une pensée prolongée par le désir, mais bel et bien d'un instant inscrit dans leur histoire et celle d'Emma. Il ferait partie des souvenirs de sa Sauveuse et non plus seulement des siens. Au Diable tout le reste. Tout ce qu'elle avait vécu avec son Emma la rattrapait pour qu'elles se confondent et ne deviennent qu'une. Elle devait vivre ça, cette seconde précise, les prochaines minutes, les heures qui suivraient... Elle se pencha vers elle et ses lèvres rejoignirent les siennes, empourprées par la chaleur sur sa peau. Emma ne pensait plus. Débarrassée de ses tourments, de ses questions incessantes, elle se laissait manipuler par la Reine. Pour une fois, pour cette fois, elle lui donnait tout pouvoir, l'autorisait à la charmer, à abuser d'elle. Pourquoi ne pas être victime consentante et accepter les désirs de sa Majesté quand ils rejoignaient les siens ? Regina se montrait irrésistible, l'avait été durant des semaines, des mois et bien au-delà. Plus la Reine lui donnait, plus Emma réclamait. Elle voulait goûter, toucher, entendre, respirer et sentir... Autant de sensations qu'elle n'avait connues que dans ses rêves. 15


Autant d'émotions qu'elle vivait désormais. La réalité était bien plus belle que dans ses songes nocturnes. La fièvre, bien réelle, tout comme ses envies démultipliées par les soupirs à peine audibles de sa Reine... Emma bascula sa tête en arrière quand elle sentit ses baisers longer sa gorge, frôler son oreille, courir près de sa nuque. Regina lui faisait perdre la raison et forçait ses dernières barrières. La Reine mettait le feu à chacun de ses contacts, dans chacun de ses gestes. Incandescentes, les mains d'Emma vagabondèrent sur les cuisses nues de la Reine, relevèrent sa nuisette en pleine découverte. — Regina, souffla-t-elle dans un soupir brûlant... Parce que la Reine usait et abusait de ses lèvres sur sa peau, dans son cou, gravait chaque parcelle de son corps d'une marque qu'elle espérait indélébile. Le souffle écourté, sa respiration plus rapide, Regina ôta son seul et unique vêtement sans quitter Emma des yeux. Elle gravait dans sa mémoire son regard, l'expression de son visage car pour Regina, cette nuit serait peut-être la dernière autant qu'elle serait la première pour sa Sauveuse. Regina souhaitait la rendre inoubliable. Elle prendrait tout le temps nécessaire pour redécouvrir le corps d'Emma et laisserait sa Sauveuse prendre possession du sien. Leurs mains, possessives et impatientes ôtèrent les derniers vêtements, les derniers barrages au contact de leur peau et Regina sentit son amante inverser leur position avec fougue et s'allonger sur elle. Son regard sondait le sien qui brillait de désir. Leur peau moite s'épousait et Regina percevait les délicats tremblements du corps fiévreux d'Emma s'abandonner. Quand elle perçut le doux frottement de son bassin, une première vague de plaisir la submergea. Son visage remonta vers le sien, ses lèvres capturèrent les siennes pour y taire un délicieux soupir d'extase. La Reine retrouvait la fougue de sa Sauveuse, son tempérament dominant, l'exaltation de ses caresses et la chaleur de son regard brûlant. Peut-être qu'un 16


peu de magie pourrait prolonger cette nuit pour la rendre plus inoubliable que toutes les autres…

Chapitre 23 : Règlement de contes . Le jour se levait à peine et les rayons du soleil perçaient à travers les rideaux de la chambre de Regina Mills. La Reine ne comptait plus les heures où elle n'avait pas dormi bien qu'Emma Swan se fut assoupie près d'elle après un dernier orgasme. Allongée contre son corps nu, sa jambe était repliée sur le bas du ventre d'Emma et ses doigts s'ouvraient et se refermaient sur le haut de sa poitrine. L'épaisse couverture les recouvrait à peine et Regina ne cessait de détailler le profil de sa Sauveuse endormie. Cette nuit était gravée dans sa mémoire, le plaisir ressenti après de multiples orgasmes, imprégné dans chaque cellule de son corps. Regina voulait croire que cette nuit serait un nouveau départ avec Emma, mais comment réagirait-elle à son réveil ? A cette idée, quelques angoisses venaient troubler ses réflexions car cette nuit, presque aucun mot n'avait été échangé si ce n'étaient de doux murmures de sa part incitant sa Sauveuse à la faire jouir. Alors Regina repensait à la veille, songeait à Emma qui était venue en pleine nuit jusqu'au palier de sa chambre. La Reine frissonnait encore de ce baiser empreint de désir que sa Sauveuse lui avait offert. Comment aurait-elle pu l'arrêter ou chercher à discuter quand son seul désir était de la sentir l'enlacer, l'embrasser, la caresser… Des petits pleurs l'arrachèrent à ce moment. Sara était réveillée et réclamait le sein. Regina se redressa, posa un doux baiser sur le front d'Emma, puis sur ses lèvres pleines et quitta le lit avant de s'envelopper d'un peignoir de satin anthracite qu'elle noua sur son ventre. Elle quitta la

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chambre, entra dans celle de sa Princesse dont les pleurs se faisaient plus forts. — Shhh… Je suis là mon ange, dit-elle à voix basse Elle prit Sara dans ses bras, s'assit dans le canapé près du petit lit et lui offrit son sein avant que ses pleurs ne cessent aussitôt. Tout, ou presque, était parfait, songeait la Reine. Elle avait sa petite fille dans ses bras, connaissait le bonheur de pouvoir l'allaiter, son fils dormait dans sa chambre autant que sa Sauveuse dans leur lit conjugal. Si seulement chaque jour pouvait ainsi commencer, se disait-elle. Car le bonheur qu'elle convoitait dépendait finalement de si peu de choses pour le commun des mortels… Une petite voix la sortit de sa contemplation : — Maman ? Henry entrait à son tour dans la chambre, mal réveillé et se frottait les yeux. — Sara est malade ? demanda-t-il à moitié endormi. — Non, elle avait faim, répondit Regina d'une voix basse. Tu peux aller te recoucher mon chéri. Mais Henry vint près d'elle sur le canapé et Regina lui caressa les cheveux en le voyant s'allonger près d'elle et poser sa tête sur ses cuisses. Un sourire attendri dessina ses lèvres en le voyant se rendormir ainsi sur elle. Câliner et bercer ses deux enfants faisaient naître des émotions merveilleuses qui, et Regina le sentait, effaçait de son cœur toute la noirceur née ces dernières années à cause de Blanche Neige. . .

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Rêvait-elle encore ? Emma cligna des paupières en sortant de son sommeil. Son bras bougea un peu, sa main caressa le satin qui la couvrait à peine. Dans un sursaut de lucidité, elle se redressa sur le lit, le souffle coupé. Dans un geste de pudeur, elle ramena le drap sur sa poitrine et prit un instant, assaillie par de très récents souvenirs. Qu'avait-elle fait ? Son coeur s'affolait dans sa poitrine, un rappel témoin de sa nuit bousculée entre soupirs, plaisir et lâcher prise. Elle tourna les yeux vers la place à côté d'elle et la trouva vide. Regina avait quitté le lit, la chambre visiblement, et peut-être était-il mieux ainsi ? Regrettait-elle les évènements de la nuit ? Les murmures de la Reine couraient encore en elle, mutins, libertins, ils ne voulaient la quitter et lui remémoraient ses ébats enflammés. Le feu de l'Enfer avait soufflé sur elle et elle sentait encore quelques unes de ses flammes lécher son corps... Elle s'assit sur le rebord, chercha ses vêtements des yeux, éparpillés sur la moquette. La folie s'était emparée d'elle à force de lutte effrénée, de combats acharnés contre ses propres vices... Mais ils s'étaient exprimés. Demeurer dans cette maison après le coucher du soleil l'avait poussée vers toutes les tentations. Dans des gestes désordonnés, elle enfila son débardeur, son jeans après avoir mis ses sousvêtements. Dehors, le soleil s'était levé et un autre jour débutait. Toute la ville s'éveillait aussi. Dehors, les choses restaient les mêmes, mais ici... La Reine avait imprégné son corps tout entier jusqu'à imprimer son regard hypnotique dans ses yeux. Elle respirait Regina à chacune de ses bouffées. A l'extérieur de cette chambre, elle devrait affronter la réalité et cette fois, il n'était plus question de se cacher derrière des rêves érotiques irresponsables. Elle marcha vers l'une des fenêtres et écarta le rideau. Fuir n'était pas la solution, encore moins sauter du premier étage pour courir loin de cette chambre... Cette idée lui traversait l'esprit pourtant. Un esprit peu fidèle qui, sous prétexte, d'un désir frustré lui jouait quelques tours et la jetait tout droit dans les bras de la Reine... Un soupir s'échappa de sa gorge brûlée. Le plaisir ressenti avec Regina avait dépassé l'entendement. Etreintes après étreintes, sa Majesté l'avait 19


exaltée, aussi entreprenante qu'envoûtante... Bon Dieu quelle nuit ! Mais le jour s'était levé et Emma ne pouvait se résoudre à ne songer qu'au plaisir. Que diraient ses parents en sachant ses prouesses nocturnes, ses tendances peu farouches et toutes ces choses que ses mains avaient faites ? Plus que flirter, elle avait couché avec l'ennemi... Et l'Ennemi était un euphémisme en parlant de Regina Mills. Aucun conte ne parlait de la gentille princesse et de la Méchante Reine qui vécurent heureuses et eurent beaucoup d'enfants. Quoique pour les enfants, elles avaient déjà bien entamé l'histoire... Elle entendit quelques gazouillis venant du couloir et sursauta. Ses yeux sur la porte, elle redoutait l'entrée de Regina. Croiser son regard lui avait été fatal cette nuit et elle s'en rappelait, plus que de raison. Le trouble ressurgissait du tréfonds de son âme et ramenait avec lui ces mêmes questions. Elle devait prendre son courage à deux mains, ne pourrait pas s'éclipser de cette maison sans croiser sa propriétaire... La fuir serait fuir Henry et Sara et elle en était incapable... Une profonde inspiration plus tard, elle franchit le seuil de la chambre et marcha lentement dans le couloir. La porte de celle de Henry était entrouverte et une légère lumière en jaillissait. Les parfums de Regina virevoltaient autour d'elle, lui soufflaient que la Reine était proche. Mais avant d'atteindre la porte, elle s'arrêta et se colla dos au mur, pétrifiée par la peur. L'angoisse lui coupait les jambes, l'empêchait d'avancer. Elle ramena ses mains dans ses cheveux et les repoussa. Voulait-elle y voir plus clair ? Tout n'était-il pas déjà très clair ? Sa nuit avec la Reine ne faisait pas partie d'un rêve, ni d'un sort maléfique. Elle s'était elle-même maudite, jetée tout droit dans les flammes de l'Enfer, damnée pour le plaisir d'une étreinte sous les assauts de sa Majesté. La Diable lui parlait à l'oreille, lui ordonnait de pénétrer dans cette pièce, d'assumer ses tendances, son attirance pour le Mal... Parce que vue de l'extérieur, c'était ce que son histoire racontait : la Sauveuse, championne du Bien s'abandonnait au Mal le soir venu. Et lorsque tous dormaient à poings fermés, la Sauveuse se perdait dans les ténèbres, victime de ses désirs cachés et 20


vicieux. La noirceur la gagnait, murmurait à son oreille des paroles libertines et la faisait plier pour son bon plaisir. Diable que cette nuit avait été plaisante... Emma ferma les yeux et prit une autre inspiration. Les quelques gazouillis de sa fille la remettaient à sa place, la ramenaient à la surface. Son dos quitta le mur et elle fit un pas de plus pour apparaître dans l'embrasure. L'image de Regina entre ses deux enfants adoucit alors les souvenirs de la nuit. Mais Emma demeura muette et lorsque le regard brun de sa Majesté croisa le sien, tout sembla recommencer. Un frisson parcourut sa nuque et serpenta le long de sa colonne avant d'éveiller la chaleur de son corps seulement endormi. — Bonjour, lui fit Regina d'une voix basse et d'un sourire tendre. Bien dormi ? Emma devait répondre et s'efforça de le faire aussi naturellement que possible. — Ouais… Regina la constatait troublée et n'était guère étonnée de la voir habillée, prête à quitter leur demeure. Elle regarda sa petite fille un instant. Sara s'était rendormie en tétant et Regina caressa les cheveux d'Henry pour le réveiller en douceur après être restée plus d'une heure assise avec ses deux enfants. — Réveilles-toi mon chéri. On va descendre déjeuner. Henry grommela un peu et se redressa avant de sourire à sa maman blonde qui était encore là ce matin. — Salut Emma. — Salut Henry, tenta Emma. Regina put donc se lever et retourna près du lit de Sara qu'elle rallongea sans la réveiller. Elle rajusta les pans de son peignoir de satin et approcha d'Emma tandis qu'Henry 21


sortait devant elle. L'envie de l'embrasser, de goûter une nouvelle fois à ses lèvres la tiraillait désormais, surtout après avoir partagé pareille nuit d'extase avec sa Sauveuse. Mais Regina avait compris qu'il était préférable et tout aussi paradoxal de laisser Emma venir vers elle pour obtenir son attention et ses faveurs. — Que dirais-tu d'un bon petit déjeuner, Miss Swan ? Malgré elle, Emma avait parcouru des yeux les rebords du peignoir fermés sur la poitrine de Regina. Maintenant, elle savait aujourd'hui ce que cachait ce tissu. Pour cause des flashs de leurs étreintes successives lui rappelaient combien de fois et de quelle manière elle avait pris possession des galbes généreux et séduisants de la poitrine de la Reine. Elle se reprit, la mine fermée par ses réflexions torturées : — Non, je ferais mieux d'y aller. Regina vit Henry disparaître dans les escaliers et reporta son regard sur Emma qui, une nouvelle fois, la fuyait. Sa froideur matinale égalait sa fougue de cette nuit et Regina préférait ne pas s'en formaliser. Elle se demanda cependant si sa Sauveuse regrettait leur nuit mais elle songea à son, Emma qui, elle s'en souvenait, avait mal vécu le début de leur relation, sa propre acception de leur couple autant que ses parents l'avaient condamnée. D'un geste naturellement tendre, elle lui repoussa quelques mèches blondes derrière l'oreille et lui répondit d'un ton rassurant : — Si c'est ce que tu veux, vas-y, mais saches que ce qui se passe dans cette maison reste dans cette maison. Personne n'a besoin de savoir… Regina lisait-elle en elle, se demanda Emma le temps d'un instant. Après ce geste, ces paroles, le ton de sa voix, ses pensées libertines reprenaient le dessus mais Emma ne devait plus se laisser aller comme elle l'avait fait cette nuit.

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— J'y vais, répondit-elle. Emma se recula, descendit les marches, trouva Henry dans la salle à manger qu'elle embrassa et quitta la maison. Après tant d'efforts pour faire face à Regina, elle fuyait à nouveau sa demeure aux milles tentations. « Ce qui se passe dans cette maison reste dans cette maison » lui avait dit la Reine, mais Emma songeait surtout que cette nuit d'étreintes resterait gravée dans sa mémoire où qu'elle soit et quoi qu'elle fasse. . . Après un petit déjeuner copieux, Regina rejoignit l'école d'Henry et ce dernier demanda : — Tu crois qu'Emma acceptera qu'on dîne ensemble ce soir ? — Je ne sais pas. Ta mère est… comment dire ? Quelque peu préoccupée. — Je sais, fit Henry. C'est parce que tu es trop gentille avec elle ! Regina sourit sur ce constat qui n'avait pas échappé à son fils. — Et tu penses qu'elle irait mieux si je l'étais moins ? — Non, je pense juste qu'elle a besoin d'un peu de temps pour s'y habituer. En tout cas, moi je t'aime comme ça ! Ces mots réchauffèrent le cœur de la Reine, peu habituée à les entendre de la part de son fils. — Et moi aussi je t'aime. Henry ouvrit la portière.

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— Au fait, c'est Emma qui vient me chercher ce soir. — Je sais, confirma Regina. Ca fait trois fois que tu me le dis. — Je t'appelle en rentrant. A ce soir maman. — Bonne journée mon chéri. Henry referma la portière et s'éloigna, sac au dos. Regina baissa ses luxueuses lunettes de soleil sur les yeux mais avant de démarrer, entendit frapper à sa fenêtre. La mère d'Emma se tenait debout devant sa portière, des livres contre sa poitrine. Regina baissa la vitre et commenta sans la regarder. — Mademoiselle Blanchard, il ne faudrait pas que nos petites discussions devant l'école de mon fils deviennent une habitude. — Ce n'est pas mon intention, répondit Mary Margaret. Mais je dois vous parler, c'est à propos d'Emma. Sur ce seul mot, Blanche Neige avait capté toute l'attention de la Reine. Celle-ci releva ses lunettes sur sa tête et demanda aussitôt : — Que se passe-t-il ? — C'est ce que je me demande, répondit Mary Margaret. Qu'y a-t-il entre vous et Emma ? Regina ne put réfréner un léger sourire, aussi satisfait que sarcastique, notamment en songeant à cette nuit de luxure dans les bras de sa Sauveuse. — Pourquoi ne pas le demander à Miss Swan ? renvoya-telle. — J'aimerais bien, confia Mary Margaret, mais dès qu'il s'agit de vous, elle ne répond plus de rien.

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Cette remarque intrigua Regina qui demanda : — Que voulez-vous dire ? — Emma est agressive, elle nous ment, elle est partie hier soir après une violente dispute avec son père. — Vous m'en voyez navrée, ironisa Regina. — Je ne vous crois pas, répliqua Blanche. Je suis au courant pour votre fille Sara. Gold nous a dit qu'elle était aussi la fille d'Emma. Je ne sais pas comment vous avez fait, ni quelle magie vous avez utilisée mais… — Mais quoi Miss Blanchard ? interrompit Regina. Venezen au fait et épargnez-moi vos éternelles accusations. — Emma est malheureuse ! accusa Blanche. Elle perd pied par votre faute et s'éloigne de sa famille. — Sa famille ? répéta Regina. Parce que vous et David vous considérez comme sa famille ? — Nous sommes ses parents, rappela Blanche. — Vous l'avez abandonnée dans un arbre magique alors qu'elle venait de naître. Emma a grandi de foyers en foyers, elle n'a pu compter que sur elle-même et a dû abandonner son fils pour lui offrir un avenir décent… — Par votre faute ! s'insurgea Emma. — Et je lui rends aujourd'hui ce que vous ne lui avez jamais donné. Mary Margaret plissa les yeux, incrédule : — Mais de quoi parlez-vous ? — D'un toit où elle est chez elle, d'un fils, d'une petite fille, d'un avenir plus convenable… 25


Mary Margaret n'en revenait pas : — Emma avait raison, vous êtes complètement folle ! s'enquit Blanche. — Vous n'avez pas idée, lança Regina d'un sourire ironique. — Ne vous méprenez pas, Regina, s'énerva Mary Margaret. Comme vous le savez nous avons les haricots magiques et nous comptons nous en servir. Nous ne vous laisserons pas manipuler Emma comme vous êtes en train de le faire. Regina se tendit sur ces menaces mais ne laissa rien transparaître et répondit aussi sec : — Continuez sur cette voie et vous allez perdre votre fille Miss Blanchard. Sur ces dernières paroles, elle referma la vitre et démarra sans laisser à Blanche Neige l'occasion de répondre. Elle n'avait plus rien à dire à la mère de sa Sauveuse. Quoi que celle-ci lui reproche, Regina estimait en avoir largement payé le prix et la roue avait tourné en sa faveur, la comblant de tout ce qu'elle avait attendu. Dans ce cas précis, son bonheur faisait le malheur de Blanche Neige, une vengeance enfin obtenue pour Daniel sans avoir vraiment voulu la provoquer. . . Quelques heures plus tard, Regina ne pensait déjà plus à son altercation avec Mary Margaret. Assise dans son confortable fauteuil du bureau de la Mairie, elle se replongeait dans les souvenirs agréables de cette nuit. Elle ne regardait non pas l'éclat de son pommier planté dans son jardin, mais sa petite fille éveillée qui regardait autour d'elle de ses grands yeux bleus curieux. Elle entendit frapper à la porte et vit Rumplestilskin approcher. 26


— Votre Majesté, fit-il… — Je n'ai pas de temps à vous consacrer Gold, lança Regina. — Je pense qu'au contraire vous allez m'en consacrer beaucoup, très chère. Surtout si je vous dis que je ne suis pas votre Gold, que ceci n'est pas votre monde et que le sort de Cora simultané au souhait d'Henry a déclenché un déséquilibre fondamental entre cette réalité et celle dont vous venez, celle où votre Emma vous attend et où elle doit certainement faire face à votre double maléfique qui n'a aucune affinité avec la Emma que vous connaissez ici. Regina fronça les sourcils sur ces paroles ainsi débitées qui la perdirent et retinrent à la fois toute son attention sur l'énoncé du prénom de sa Sauveuse. — Mon Emma ? répéta-t-elle inquiète. — En effet, dit Gold d'un petit sourire, réjoui d'avoir l'attention de cette Reine. Je doute fort que la différence entre votre Miss Swan et la nôtre vous ait échappé. — Où est-elle ? demanda Regina. — C'est précisément la question… Question qu'elle-même doit se poser vous concernant. Regina se leva, les mains sur la table. — Dites-moi où elle est Gold, comment dois-je faire pour la retrouver ? — Tout dépend de ce que vous êtes prête à me donner pour le savoir, Majesté. Regina fronça les sourcils : — Je ne vous donnerai rien… — Alors votre Emma ne s'en portera que plus mal. 27


Il tourna les talons pour ressortir comme il était entré mais Regina contourna le bureau et l'interpela : — Gold, attendez ! Ce dernier se tourna, appuyé sur sa canne. — Pourquoi devrais-je croire en de telles inepties ? interrogea Regina. — La magie, très chère. Elle est instable, capricieuse. Des choses qui n'auraient pas dû arriver se sont produites, un nouveau chapitre de Storybrooke est en train de s'écrire car deux âmes se sont interverties et ont bouleversé le cours des événements. Ne me dites pas que vous ne l'avez pas senti… Vous savez où me trouver si vous changez d'avis. Regina vit Gold quitter le bureau, confuse. Il était vrai qu'elle avait perçu ce « grincement » étrange dans la magie à Storybrooke depuis son réveil, mais elle n'avait pas voulu y prêter plus d'attention. Elle pensa alors au livre d'Henry, à ce fameux chapitre qui s'écrivait et dont la suite n'était pas encore écrite. Elle monta d'un pas pressé à sa chambre et trouva le livre au pied de son lit. Elle l'ouvrit sans attendre mais le récit de son fils en était au même point. Regina était confuse, pensait à son Emma… Où était-elle ? Si Gold disait vrai, sa Sauveuse devait s'inquiéter pour elle et leur bébé… Et qui était cette autre elle dépeinte par Gold comme son double maléfique ? Etait-ce vrai ? Son Emma était-elle en danger ? Regina pensa à la Miss Swan de cette réalité qu'elle avait su doucement apprivoiser pour s'offrir à elle. Mais elle avait donc pensé à tort que sa propre réalité s'était déréglée à travers ses souvenirs… Tout semblait soudainement si confus dans son esprit. Comment tout cela pouvait-il être vrai, se demandait la Reine. Elle avait tout fait pour s'approprier cette réalité, reprendre sa vie où elle s'était arrêtée le jour de son réveil à l'hôpital. A quel jeu pervers Gold s'adonnait-il, s'interrogeait-elle. Quelles étaient ses motivations, ses objectifs, que lui réclamerait-il pour qu'il 28


accepte de l'aider ? Mais surtout, Regina devait-elle en parler au Shérif ? . . Emma songeait à diminuer le nombre de cafés qu'elle ingurgitait dans une journée. La caféine jouait sur ses nerfs déjà attisés par ses préoccupations tournées vers la Reine. Celle-ci lui avait envoyé un message pour la prévenir qu'Henry était bien allé à l'école ce matin et qu'il l'attendrait à quatre heures cet après-midi. Elle s'était contentée d'un « ok, merci » en guise de réponse, se voulant aussi détachée que possible. La Sauveuse se répétait à tort ou à raison que cette relation avec Regina n'avait pas le moindre sens. Car Emma en voulait à la Reine de l'avoir laissée rentrer dans sa chambre la veille. Regina était diabolique, une diablesse séduisante qui l'avait ensorcelée avec son corps féminin, ses soupirs réservés, ses caresses brûlantes et tous ses « oui bébé » susurrés à l'oreille pendant qu'elle lui faisait l'amour. Emma pensait devenir folle. Elle avait pris une douche au commissariat mais les parfums de Regina étaient imprégnés sur elle autant que ses soupirs résonnaient en écho dans son esprit. Comment pouvait-elle travailler dans de telles conditions ? Elle détestait Regina. Regina et ses tailleurs moulants, Regina et ses décolletés aguicheurs, Regina et son air autoritaire, Regina et son corps voluptueux, Regina et ses soupirs… — Je peux entrer ? fit une voix masculine à l'entrée du commissariat. Emma sortit de ses rêveries déviantes et ôta ses pieds du bureau en jetant le dossier complet de Regina Mills qu'elle avait sorti des dossiers de la ville. Elle le dissimula sous le journal de Storybrooke, tendue de voir David.

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— Tu peux, consentit-elle. Son père avait l'air soucieux et expliqua tout de suite : — Je suis venu m'excuser pour hier. Je n'ai pas été attentif et je regrette de m'être emporté. Malgré la tension qui régnait encore au fond d'elle, Emma abdiqua. — C'est bon, on n'en parle plus. — Anton et Leroy ont pu récupérer les haricots magiques que Regina n'a pas détruis, expliqua-t-il. Nous les avons mis en sécurité en attendant de prendre une décision. Nous pensons organiser une réunion avec les habitants de Storybrooke à l'église pour en discuter. — Discuter de quoi ? demanda Emma incertaine. — De notre départ, rappela David. Il revient à chacun de choisir qui veut rester ou retourner chez nous. Ce départ revenait sur le tapis, pensait Emma. Malgré son désaccord avec cette idée, elle comprenait cependant que les habitants de Storybrooke aspiraient à retourner dans la Forêt Enchantée. Ce monde n'était pas le leur, ils en étaient prisonniers et ne pouvaient quitter la ville. Mais Emma n'avait connu que ce monde, Boston, le Massachussetts ou le Maine. Que ferait-elle dans un pays de petites Fées ou les Princes épousaient les Princesses ? Mais surtout, si Regina refusait de partir, elle pensait à Henry et Sara. — Qu'ils choisissent, répondit-elle à David. Mais ma décision est déjà prise alors ne comptez pas sur moi pour venir à votre petite réunion. David se tendit, peiné par ces mots.

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— Je sais ce que tu penses, ce que tu ressens, on en a déjà parlé avec Blanche et peut-être pourrais-tu au moins envisager de tenter l'aventure. Si le portail nous ramène chez nous, il pourra te ramener ici. Mais Emma envisageait aussi que le portail ne fonctionne que dans un sens. Elle préféra couper court : — Je vais y réfléchir. Davis lui sourit. — D'accord. Nous en rediscuterons avec Mary Margaret. Je dois retourner au champ, on se voit plus tard. — Ouais, à plus tard, répondit Emma. Mais à l'instant où David s'éloigna, une silhouette sombre apparut et le croisa. Emma fut témoin de leur regard accusateur jusqu'à ce que David ne quitte le commissariat. Emma posa aussitôt le sien sur la Reine, élégante dans ses bottines à talons hauts, ses bas, sa jupe noire et sa chemise cintrée par-dessus laquelle tombait sa veste trois quart. — Miss Swan… Il est midi, je peux t'inviter à déjeuner ? Un autre rendez-vous improvisé, pensa aussitôt Emma. Son corps, sa tête, ses yeux parcourant la silhouette de la Reine lui criaient « oui » mais sa conscience lui disait « non ». Comment parviendrait-elle à mettre de l'ordre dans son esprit si Regina se pointait devant elle habillée de façon si aguicheuse ? — J'ai des dossiers à régler, mentit-elle avec la meilleure volonté du monde. Regina n'en crut pas un mot mais l'heure n'était pas aux plaisanteries ni aux provocations. Elle précisa d'un air grave :

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— Emma, il faut qu'on parle... Le seul fait que la Reine l'appelle « Emma » ne rassurait pas la concernée. — On peut parler ici, répondit la Sauveuse. La Reine se pinça les lèvres, consciente qu'Emma continuait de fuir dans l'espoir de garder le contrôle de leur situation. Peu importaient les états d'âme de sa Sauveuse, elle devait lui répéter ce que Rumplestilskin lui avait dit. Emma était la seule à qui elle pouvait se confier, la seule en qui elle avait confiance, même si cette Emma n'était peut-être pas la sienne. — Gold est venu me voir, commença-t-elle. Il dit que mon esprit appartient à une autre réalité. Qu'un autre « moi », celle que tu connais, a pris ma place là-bas, un échange provoqué par le sort de ma mère et le souhait d'Henry. Il dit que mon Emma et ta Regina sont dans une autre réalité, celle dont je suis issue. Emma avait croisé les bras, les sourcils froncés, rassurée d'avoir un sujet de conversation qui ne soit pas en rapport avec la nuit passée dans le lit de la Reine. Ce qui l'inquiétait cependant était de constater que Regina ne mentait pas, Gold était donc certainement venu la voir comme elle le prétendait. — Et tu le crois ? interrogea-t-elle. — Ma seule crainte depuis mon réveil, Miss Swan, c'est que tu ne sois pas mon Emma. Emma gardait les sourcils froncés, l'expression désapprobatrice. Une fois de plus, Gold semait le désordre en lâchant quelques informations, quelques allusions à des éventualités magiques. L'idée même d'envisager que Regina ne fut pas la Regina qu'elle avait connue la dérangeait plus que de raison. Après sa nuit aux mille délices tourmentés et 32


ensorceleurs, Gold se mêlait à l'affaire et créait un trouble supplémentaire. Elle se leva et rangea quelques dossiers dans un casier. — Est-ce qu'il t'a dit aussi qu'il comptait se présenter à la mairie quand tu n'étais pas là ? Elle reporta les yeux sur la Reine qui affichait un air interrogateur, témoin de son ignorance. — Si une autre toi existait quelque part et que tu n'étais pas la nôtre, tu crois pas que Henry le saurait ? Regina ne cessait plus de penser aux paroles perturbantes de Gold, à l'éventualité d'un autre monde qui lui appartenait avec son Emma. — Henry ne connaît rien à la magie, répondit la Reine. Et tu affirmes depuis le début ne pas me reconnaître jusqu'à me soupçonner de comploter contre toi. Regina marquait un point, songea Emma qui serrait les dents. Cette possibilité énoncée par Rumplestilskin brouillait les pistes, jetait un voile opaque de plus sur ses réflexions bien assez désordonnées. Mais elle refusait d'y croire... Parce que cela signifierait que la Reine devant elle, celle qui l'avait poussée à s'abandonner cette nuit n'était pas la sienne. Qu'un jour, une nuit peut-être, réapparaîtrait l'autre et alors, le chaos reprendrait sa place à Storybrooke. Elle croisa les bras, le regard fixé sur Regina et reprit : — Alors vas-y... — Quoi ? demanda Regina, confuse, aller où ? — Vas voir Gold et demande lui de te ramener là d'où tu viens... Le ton d'Emma s'était durci sur sa dernière réplique et elle ajouta aussi : 33


— Non, mieux que ça encore... T'es la Méchante Reine, tu devrais faire un de tes tours de passe-passe et te renvoyer chez toi. Regina fixait sa Sauveuse, d'abord muette, songeuse. Emma semblait l'accuser à travers chacun de ses mots. Pourquoi ? Qu'avait-elle fait cette fois ? Pourquoi Emma lui proposaitelle cela sur un ton si acerbe ? Une réponse lui traversa l'esprit et l'affecta aussitôt. Emma avait-elle peur de l'éventualité suggérée par Gold ? Sa Sauveuse pouvait parfois se montrer si difficile à percer qu'elle ne voulait rien conclure à la hâte. — Emma, répondit-elle d'une voix plus calme. Je n'ai pas dit que je donnais crédit à l'histoire de Gold. Emma serrait les dents. Après cette nuit, après l'avoir manipulée tel un jouet, après s'être servie d'elle et de ses désirs malsains, Regina sautait sur la première occasion pour retrouver son Emma. Elle retourna derrière son bureau, préférant s'occuper les mains pour éviter de trop penser. — Tu devrais, lui lâcha-t-elle, ça voudrait dire que l'autre moi, celle qui te donne tout ce que tu veux, est là quelque part et t'attend... Les doutes qui hantaient désormais Regina l'éloignaient de sa Sauveuse et vice et versa. Que la Emma de ce monde soit la sienne ou non, la Reine en était profondément affectée. Elle devait songer à leur nuit d'amour, à leurs rapprochements, au regard de sa Sauveuse dans le sien quand elle avait joui dans ses bras, tout cela était bien la réalité tentait-elle de se convaincre. Comment savoir alors, comment être sûre, se demandait Regina. A quoi, à qui devait-elle se fier pour tirer au clair toute cette histoire ? Les ambitions de Gold n'étaient pas sa priorité mais si effectivement il convoitait le poste de Maire, il ferait tout pour l'évincer de Storybrooke, quitte à l'envoyer dans un autre monde. Alors peut-être Miss Swan avait-elle raison 34


après tout : Elle était la Méchante Reine, sa maîtrise de la magie lui permettrait d'obtenir des réponses sans l'intervention de Gold. — Je connais un rituel de désillusion, reprit-elle. Emma avait fait mine de récupérer un dossier pour montrer son détachement total à l'égard de Regina et cette histoire avec Rumplestilskin. Elle releva les yeux sur la Reine : — Et alors ? — Il est puissant, il me permettra de dissocier la vérité du mensonge. J'aimerais que tu sois présente à mes côtés pour le réaliser, Miss Swan. — Je ne sais pas faire de magie, rappela Emma. — Ta présence à mes côtés sera suffisante… Emma hésitait mais avait une bonne raison d'accepter : Si elle était là pendant la réalisation du sortilège de la Reine, elle saurait si Gold avait menti sans avoir eu besoin de l'interroger. . . Après l'école, Henry avait demandé à Emma de s'arrêter chez sa mère brune pour récupérer son livre de contes oublié la veille. Ensuite il était rentré chez ses grandsparents. Emma lui avait dit qu'elle devait ressortir une heure ou deux tout au plus, qu'elle rentrerait pour dîner, mais Henry n'était pas dupe. Il savait qu'Emma retournait voir sa mère, conscient que qu'elle et Emma avaient définitivement un problème relationnel à régler. Dès qu'il fut seul dans sa chambre, il ouvrit son livre à la page où l'histoire de sa petite sœur Sara s'était arrêtée la 35


veille. Y'avait-il de nouvelles pages à lire ? A son grand bonheur, un nouveau chapitre était en train de s'écrire : « La Princesse refusait d'admettre les évidences. Sans même en avoir conscience, elle s'opposait à quiconque s'en prenait à la Méchante Reine qui s'efforçait de devenir bonne et juste à ses yeux. Tel un preux Chevalier au service de sa Majesté, la Princesse la défendait sans mesurer que de tels actes la rapprochaient de sa meilleure ennemie. Le Grand Ténébreux, le Prince, et même Blanche-Neige agissaient pour éloigner l'une de l'autre la Méchante Reine et la Princesse. Seul leur fils gardait l'espoir de les voir réunies pour qu'enfin, avec Sara, ils forment une vraie famille. » Henry regarda l'illustration de sa petite sœur allongée entre ses deux mères. Il devinait que ce dessin était le reflet de la fin de soirée entre Emma et sa mère la veille après qu'il soit allé se coucher. Il était rassuré et heureux. Si ses mères lui cachaient ce qui se passait entre elles dans l'idée de le préserver de leurs petites querelles amoureuses, son livre lui contait la vérité. Il tourna la page et poursuivit sa lecture : « Le Grand Ténébreux sema le doute dans les esprits ébranlés de la Méchante Reine et de la Princesse. Il fit entendre à l'une et l'autre que la réalité, telle qu'elles la percevaient n'était que mensonges et facéties. S'il faisait entendre à sa Majesté la Reine que la Princesse n'était pas celle de sa réalité, alors elle se résignerait à quitter ce monde. » Une autre illustration se dessina de mille couleurs. Henry fronça les sourcils quand il reconnut sur l'esquisse le Grand Ténébreux et Baelfire, qu'il savait être son père. Il lut : « Dès lors, son fils resterait près de lui afin de reconquérir le cœur de la Princesse avec qui il avait eu un fils. » .

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. Neil ne sortait plus de son appartement depuis plusieurs jours. Comme tout le monde en ville, il avait appris que la Reine avait eu une petite fille et que cette petite fille était aussi celle d'Emma. Contrairement à la Sauveuse, lui ne remettait pas en doute ces rumeurs la concernant. En tant que fils du Grand Ténébreux il savait mieux que personne que la magie pouvait accomplir le pire comme le meilleur. En venant à Storybrooke pour son fils Henry, il avait eu l'espoir de se rapprocher de son ancienne amante, d'effacer ses erreurs, d'obtenir son pardon pour qu'ils forment une vraie famille. Un pas claudiquant résonna dans les marches de l'immeuble et Neil entendit frapper mais ne répondit pas. Il n'avait aucune envie de voir son père. — Y'a personne, lança-t-il agacé. Mais Gold entra malgré tout et trouva son fils devant son lit en train de plier ses affaires dans sa valise. Il s'inquiéta : — Mais que fais-tu Baelfire ? — Ca ne se voit pas ? Gold avança, troublé, peiné. Il ne voulait pas perdre son fils une nouvelle fois alors qu'il était allé jusqu'à Boston pour le chercher, prenant le risque d'oublier qu'il était le Grand Ténébreux. — Fuir n'est pas la solution, répondit-il. — Et c'est à moi que tu dis ça ! Cette ironie de la part de son fils accentua la douleur de Gold. Il était conscient d'avoir été lâche par le passé, mais il faisait son possible pour se rattraper aux yeux de son fils.

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— Je te pensais plus combattif, tenta-t-il. — Je ne peux rien contre la magie, argumenta Neil. Je n'aurai jamais dû venir à Storybrooke… — Et que fais-tu de ton fils ? — Henry se moque bien de moi. Quand je le vois, il passe son temps à me parler de la Méchante Reine, de ses projets avec elle et Emma. Et maintenant de sa petite sœur. Je dois me rendre à l'évidence ! Je n'ai pas ma place ici ! Gold le vit fermer sa valise et reprit : — Si je te dis que Regina ne restera pas à Storybrooke. Neil fronça les sourcils sur cette remarque : — Et pourquoi est-ce qu'elle partirait ? — Parce qu'elle n'appartient pas à notre réalité. Parce que la magie est devenue instable et que très bientôt, la Regina que nous connaissons reviendra et la guerre avec Emma Swan recommencera. Alors Henry et Emma auront besoin de toi à leur côté pour la combattre. Neil jaugea le regard de son père un court instant. La résolution qu'il y voyait avait le mérite de le pousser à croire qu'il disait la vérité. Son père mentait rarement et sa parole était précieuse même s'il ne l'avait trahi qu'une seule fois, la pire de toute pour Neil. Gold reprit : — Reste, je t'en prie Baelfire. Attends de voir ce qui se passera dans les prochains jours. Neil ne savait plus. Certes, il n'était pas à un ou deux jours près mais d'avoir appris la veille par Mary Margaret qu'Emma avait passé la nuit dehors, certainement chez Regina, l'avait rendu fou de jalousie. — Juste quelques jours, concéda-t-il. Si tu m'as menti… 38


— Je ne te mens pas, l'interrompit Gold. Neil le saurait bien assez tôt… A suivre…

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