Chapitre 26 : Des vérités troublantes
Regina regarda Miss Swan s’enfermer dans la salle de bains sans se retochapurner et baissa son regard sur Sara qui se calmait en prenant « son repas ». Contrairement à Henry qui avait été plus agité étant bébé, Sara était merveilleusement sage et tranquille malgré les événements. Mais Regina s’inquiétait désormais. Ce départ n’avait pas été préparé comme elle aurait pu le faire avec minutie. Elle ne savait pas où elles iraient, ce qu’elles feraient demain ou encore où elles passeraient la prochaine nuit. Malgré tous ses vices et défauts, Regina songeait surtout au confort de leurs enfants. De telles conditions de vie n’étaient pas envisageables pour Henry et leur petite Princesse. Après quelques minutes, entendant toujours le bruit de la douche dans l’autre pièce, elle regarda Sara qui s’était rendormie contre son sein. Délicatement, elle l’allongea sur le matelas, disposa les oreillers de part et d’autre de sa petite fille et quitta le lit. Henry dormait, Sara dormait, peut-être Regina pouvait-elle rejoindre son preux « chevalier » dans l’autre pièce ? Elle n’attendrait pas sa permission de toute façon. Elle avança vers la porte qu’elle ouvrit en silence avant de se glisser dans la salle de bains. La vapeur d’eau était épaisse, l’unique miroir recouvert de buée. La Reine referma la porte, la verrouilla au cas où Henry se lèverait et se tourna vers la cabine de douche où la silhouette d’Emma lui tournait le dos, totalement nue. Un long frisson lui parcourut l’échine et elle ôta les derniers vêtements qui la recouvraient avant de faire glisser la porte coulissante de la cabine.
Emma se retourna dans un sursaut : — Regina ! fit-elle à voix basse. Mais qu’est-ce que tu fais là ? Le regard de la Reine reflétait déjà tout son désir en parcourant le corps nu et humide de sa Sauveuse. Elle vint l’épouser, coller son front contre le sien, sa main possessive se fermant sur la nuque de son amante. — J’ai envie de toi, Miss Swan, répondit-elle dans un murmure et d’un regard brûlant. Emma pensa défaillir sur ces mots si directs, cette approche empreinte de sensualité. Malgré la chaleur soudaine dans la pièce et les papillons dans le ventre, Emma ne pouvait s’empêcher de songer aux enfants dans l’autre pièce. Regina allait la rendre folle, ivre de sensations à se frotter ainsi contre son corps nu. Emma en avait la tête qui tournait et tandis que la Reine s’adossait à la paroi de la cabine en la tirant contre elle, Emma dut y reposer sa main pour se retenir. — On… On peut pas, tenta-t-elle d’un ton confus. Regina désirait sa Sauveuse et elle l’aurait. C’était ainsi qu’elle reprenait l’avantage et le contrôle sur Emma. La sentir si fébrile face à elle et ses demandes l’excitait davantage. Elle perçut le visage d’Emma se fondre dans son cou, le couvrir de lents baisers, un assaut contradictoire à sa remarque. Ses doigts se faufilèrent dans sa chevelure blonde et mouillée et elle répondit : — Je sais me tenir… Emma n’était pas sûre de pouvoir en faire autant, ou retenir ses mains qui retraçaient déjà les formes féminines de 2
Regina. L’une tenait la cuisse possessive de la Reine contre sa hanche quand l’autre traçait son chemin sur sa poitrine, son ventre plat, son bassin, ses fesses… Emma tremblait à nouveau et sentait le corps de Regina frémir sous ses caresses. Si effectivement sa Majesté se « tenait », peut-être pouvait-elle assouvir ses envies dévorantes, sans quoi Emma ne trouverait jamais le sommeil. Alors ses doigts arrivèrent sur le sexe de Regina, glissèrent entre ses lèvres intimes et trouvèrent la chaleur de son désir. Emma entendit un infime et discret soupir à son oreille, un soupir que la Reine lui dédiait à elle et à elle seule. Elle redressa son visage afin de regarder les traits de la Reine en plein abandon à son extase. Son amante bascula sa tête contre la paroi tandis que de fines gouttes d’eau descendaient le long de ses pommettes, de sa mâchoire pour mourir dans son cou. Les lèvres entrouvertes de Regina laissaient passer un souffle chaud, plus rapide. Emma entra doucement en elle, frémissant de cette caresse plus profonde et Regina agrippa à nouveau ses cheveux pour contenir le plaisir qui la submergeait. Emma en arrivait à regretter que la Reine se contienne et ne lui offre pas de doux gémissements témoins du plaisir qu’elle lui infligeait. Son visage retourna dans son cou, à la source de ses parfums tandis que ses doigts prenaient entière possession de son trésor secret en de lents et doux va-etvient. Si Regina retenait ses soupirs, sa respiration anarchique à l’oreille d’Emma trahissait sa jouissance. Un murmure à peine audible s’y ajouta : — Encore mon ange… Ces mots ainsi susurrés ne provoquèrent que folles envies et désir déraisonné dans le corps et l’esprit de la Sauveuse. Formulés aussi bas, avec tant de ferveur, Emma ne savait résister. Elle pliait à chacune des exigences de sa Majesté et ses faiblesses ressurgissaient du fond de son être. A 3
nouveau, elle se laissait emporter par le feu des Enfers que Regina faisait souffler sur elle. La salle de bains se voilait de buée, d'un nuage brûlant de vapeur. Le jet d'eau parvenait à couvrir les soupirs à peine tout juste dissimulés derrière la vitre opaque de la douche. Les deux jeunes femmes nourrissaient leur plaisir et leur silhouette se mouvait lentement l'une contre l'autre. Tout n'était que retenue et réserve. A l'extérieur, les enfants endormis devaient le rester, nullement concernés par l'étreinte entre leurs mères. Le miroir au-dessus du lavabo trembla, vibra quelques instants avant de se fissurer frapper par un objet invisible. Mais ce fut au tour de la céramique du lavabo de se fendre et le sol vacilla sur lui-même. Quand le tuyau de raccordement se brisa et que l'eau jaillit de toute part, les soupirs cessèrent enfin. Emma s'était reculée, surprise par le bruit soudain ajouté à celui du jet. Elle poussa la porte vitrée et fut stupéfaite de voir la gerbe d'eau s'échapper du tuyau sous le lavabo. — Merde ! Elle se précipita hors de la douche et empoigna le tuyau, aspergée pour tenter de le remettre en ligne avec l'autre bout. Derrière elle Regina se remettait doucement de cette tempête orgasmique qui l'avait emportée toute entière. Retenir son plaisir l'avait en réalité décuplé. Elle reprit très vite ses esprits en voyant Emma se battre contre la tuyauterie et d'un geste de main, répara ce malencontreux incident. Emma se redressa, encore confuse. Bien sûr, Regina avait usé de sa magie pour éviter l'inondation, mais il 4
n'en restait pas moins que le tuyau avait été fendu. Elle glissa une main dans ses cheveux et prit une serviette avant de tourner les yeux vers la Reine. Elle se rappela bien vite son manque de résistance et leur nouvelle étreinte improvisée sous la douche. — Tiens, fit-elle en lui tendant la serviette. Parce que ses yeux se brûlaient encore à force de contempler sa nudité. Elle devait impérativement retrouver un peu de sobriété. Dans un mouvement gracieux, la serviette maintenue devant sa poitrine, Regina quitta la douche. — Cet endroit est un véritable taudis, je l'avais dit, miss Swan. Heureusement, nous avions terminé... Mais cette remarque ne fit qu'agacer Emma qui saisit une autre serviette. — T'aurais peut-être préféré dormir dans la voiture ? lâcha Emma sur la défensive. Regina esquissa un léger sourire satisfait. Satisfaite, elle l'était après ce nouvel ébat avec sa Sauveuse. Elle fit un pas vers elle et lui repoussa une mèche humide collée à sa joue. — Admets pour une fois, que j'ai raison. Emma leva les sourcils. Regina usait de ses charmes pour la faire plier à nouveau. — Certainement pas, refusa-t-elle. Plus Emma s'évertuait à la contrer, plus Regina tombait sous le charme de sa Sauveuse. Il en avait toujours été ainsi de toute façon. Leur relation avait toujours été animée, 5
parsemée de quelques querelles amoureuses finissant toujours sur l'oreiller ou ailleurs. Pour seule réponse, Regina lui offrit un tendre baiser, un brin sensuel où elle murmura : — C'était très bon... Emma frissonna bien malgré elle. Regina reprenait le dessus, la perdait avec ses mots, ses lèvres, ses gestes empreints de séduction. Et pour être séduite, elle l'était plus que de raison. Le baiser fut rompu et elle demeura les lèvres entrouvertes. Qui était-elle devenue pour être à ce point obsédée ? Aisément dominée par ses émotions ? Elle suivit sa Majesté des yeux, la vit quitter la salle de bains et s'approcher de leur lit. Elle jeta un œil distrait sur le miroir fissuré, puis la douche. Elle saisit ses vêtements et suivit les pas de la Reine jusqu'au lit. Sur l'autre, Henry dormait profondément tout comme Sara bien calée entre les coussins. Regina ôta la serviette et se glissa sous les draps. Une fois de plus, Emma n'avait pas manqué une seule seconde de ce court déshabillage. Mais elle secoua la tête en signe de dénégation. — Tu vas pas dormir comme ça ? fit-elle tout bas. — Et pourquoi donc ? renvoya Regina en s'accoudant. Emma s'assit sur le rebord du lit et remit bien malgré elle ses sous-vêtements. Parce qu'elle n'avait pas pensé aux rechanges, à faire les valises et prendre plusieurs habits. — Parce que tu portes rien sur toi ! rétorqua-t-elle en gardant une voix confidentielle.
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Dans son dos, Regina tut un petit rire séduit. La lèvre entre ses dents, elle observait les courbes de la silhouette de sa Sauveuse. — Je n'ai pas de nuisette parce qu'une certaine Sauveuse s'est sauvée subitement en enlevant sa Reine et ses enfants... Emma avala difficilement, la gorge asséchée. Ces mots l'avaient touchée plus qu'elle ne l'aurait souhaité. Son coeur battait irrégulièrement, la température de son corps demeurait élevée et jamais elle ne trouverait le sommeil en sachant Regina nue à côté d'elle. Elle écarta le drap, se glissa prudemment dessous. Heureusement, Sara dormait entre elles, barrait la route à toute tentative déplacée. Elle lâcha un profond soupir et fit rouler sa tête sur le côté pour reposer ses yeux sur la Reine. — Et si Henry se réveille et qu'il te voit sans vêtement ? Regina répondit avec évidence : — Je suis sa mère, Miss Swan. Il m’a vue dénudée plus d’une fois. Je ne suis pas pudique moi. Emma fronça les sourcils en réalisant qu’elle tenait la couverture sur le haut de sa poitrine, ce qui impliquait que cette dernière réflexion lui était destinée. Pudique, elle l’était, avait appris à l’être à force de passer de famille d’accueil en famille d’accueil. Mais sa pudeur s’effaçait quand Regina reprenait le contrôle sur ses propres émotions. — Ouais, mais Henry a onze ans, c'est plus un bébé. Regina la vit se tourner sur le dos et prit un instant pour la détailler. Sa Sauveuse était d’une beauté envoûtante avec son petit caractère insolent et râleur. Leur fille entre elles, Regina se réjouissait de passer une nouvelle nuit dans le même lit 7
qu'Emma, même si elle ne pourrait profiter de la chaleur et de la sécurité de ses bras. Elle éteignit la lumière et dit tout bas. — Bonne nuit Miss Swan… — Toi aussi, grommela Emma qui n’était pas prête à fermer l’œil.
* * *
Quand elle se réveilla le lendemain après une nuit quasiment blanche, Emma trouva Regina, Henry et Sara réveillés, assis autour d’une table venue de nulle part, en train de prendre un petit déjeuner copieux. La Sauveuse n’avait pas rêvé. Les odeurs qui planaient dans la chambre étaient bien celles de bacon, d’œufs brouillés, de pains grillés et de pancakes. Une corbeille de fruits trônait sur la table ainsi que plusieurs carafes de jus de fruit, de pomme, d’orange. Emma n’en revenait pas ! Regina était vêtue d’un peignoir de satin, trempait des fraises fraiches dans une épaisse crème chantilly tandis qu’Henry mangeait ses céréales préférées. Leur Princesse dormait dans un berceau flambant neuf dont Emma préférait ne pas savoir la provenance. Elle s’assit sur le lit, se recoiffa d’un geste mal réveillé. Que devait-elle dire à la Reine ? La réprimander d’offrir à Henry un bon petit déjeuner ? Ou devait-elle l’accuser d’utiliser la magie ? Elle se leva, constata qu’une chaise l’attendait dans ce décor balançant entre luxe, minimalisme de "taudis" selon les mots de la Reine.
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— C’était pas prévu dans le prix de la chambre ça, réprimanda-t-elle. Regina sourit et mit de côté le journal de Storybrooke qu’elle avait « importé » afin de se tenir informée des nouvelles de sa ville. Elle saisit une tasse, lui servit un café et la lui tendit : — Ne fais pas ta difficile, répondit-elle en reprenant sa tasse. Je m’occupe simplement de rendre nos vacances en famille un peu plus agréables. Le mot « famille » ainsi utilisé dans ces circonstances touchait Emma plus qu’elle ne l’admettrait. Elle but quelques gorgées de café et constata que le goût était très semblable à celui de chez Granny. Henry sourit, content de ce petit déjeuner avec ses deux mères. — Alors ? On va où maintenant ? — Je ne sais pas, répondit Regina. Ta mère doit le savoir mieux que moi. Emma avait pris le journal de Storybrooke où elle voyait à la une les photos de la tempête qui avait dévasté la ville. Il était écrit noir sur blanc que Gold avait « restauré » les bâtisses ayant subi des dommages. — Le salaud, commenta-t-elle. Regina constatait qu’Emma n’avait pas entendu son fils et sa réaction concernant la « une » du journal ne l’étonna pas. — Et oui, que veux-tu ? fit-elle. La Sauveuse est partie, je suis partie. Il est le seul à être capable de faire de la
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magie pour gagner la confiance des habitants de Storybrooke. Tu m’as dit qu’il voulait la Mairie, il l’aura… — Vous allez le laisser faire ? demanda Henry. — On ne peut pas rentrer ! dit aussitôt Emma. — Pourquoi ? demanda le jeune garçon. Emma ne pouvait répondre, encore moins à son fils. Elle avait besoin de temps, de réfléchir, de comprendre ce qui lui arrivait et ce qu’elle attendait maintenant d’elle-même. — On peut pas, c'est tout ! s’agaça la Sauveuse. Regina but quelques gorgées de thé et prit la peine de répondre à Henry pour éviter qu’il n’insiste : — Nous sommes en vacances mon chéri. Nous rentrerons quand nous rentrerons. — Tu dis qu’on est en vacances mais on a fui Storybrooke en laissant grand-père et grand-mère là-bas. Emma soupira en silence. Henry savait réfléchir et analyser chaque situation. D'ailleurs, n'avait-il pas été le premier à deviner la malédiction mise en place par Regina ? Elle se rappelait n'avoir donné aucune explication au sujet de leur départ précipité, ni à la Reine, ni à son fils. — J'avais besoin de quitter la ville un moment, tenta-t-elle dans une vague réponse évasive. Henry soupçonnait autre chose beaucoup plus important derrière ce simple "besoin". Il se souvenait des disputes entre ses grands-parents et Emma, de leurs nombreux différends. Dans un sens, il était heureux de pouvoir passer ce moment avec ses deux mères et sa petite soeur. Jamais, il 10
n'avait connu de vraie réunion familiale et peut-être Regina et Emma finiraient par s'entendre et s'aimer... Il n'insista pas sur ce sujet, mais demanda encore : — Où on va alors ? — A Boston, répondit Emma en parcourant les pages du journal, on n'est plus très loin de toute façon. Regina récupéra une tartine grillée généreusement avant de demander :
qu’elle
beurra
— Qu’y a-t-il à Boston ? Miss Swan. — Mon appart. J’ai continué à payer le loyer quand je suis arrivée à Storybrooke. C’est pas le grand luxe mais y’a encore toutes mes affaires et je m’y sens chez moi. Regina sourit. Elle se souvenait avoir fait en sorte d’expulser Emma de la chambre qu’elle occupait chez Granny. Puis Graham lui avait dit qu’elle avait aménagé chez ses parents. Si elle allait chez elle, elle découvrirait son intimité, davantage de détails sur sa personnalité. Elle termina sa tartine, essuya ses lèvres et se leva : — Bien, je vais me préparer et je reviens… Elle s’éloigna vers la salle de bains et Henry se trouva seul avec sa maman blonde. Il lui sourit mais ne dit rien, le regard expressif qui en disait long sur tout ce qu’il pouvait penser. — Quoi ? demanda Emma. — Rien, fit Henry. — Je connais ce regard, répliqua la blonde.
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— Toi et maman vous vous entendez. — Ne dis pas n’importe quoi ! réfuta Emma. — Si, je le sais, je vous ai vues. — Tu n’as rien vu. — Vous avez dormi dans le même lit, répliqua Henry. — Je ne comptais pas dormir dans le canapé, se défendit Emma. — Peut-être mais je suis content de vous voir ensemble, je suis content qu’on soit tous les quatre, toi, maman, Sara et moi. Emma grommela : — Ouais, ben te fais pas d’idée gamin, c’est temporaire. Henry ne s’offusqua pas pour autant et répliqua avec autant d’aplomb : — Maman t’aime tu sais… Ces mots eurent le mérite de faire perdre sa répartie à la Sauveuse. Le fait qu’Henry les prononce la forçait à faire face à une réalité dont elle était parfaitement consciente sans l’admettre. Le mot « Amour » avait toujours été antinomique à Regina Mills, mais Emma avait eu des preuves, beaucoup de preuves démontrant qu’elle pouvait aimer. Avant que la Reine change d’attitude à son égard elle avait été témoin de son comportement avec Henry, prête à tous les sacrifices pour préserver son fils et le protéger, quitte à accepter de se séparer de lui. Elle détourna ses yeux sur le journal et après quelques minutes, Regina sortit de la salle de bains, vêtue d’un chemisier violet en soie, d’un 12
pantalon tailleur moulant tombant sur des hauts talons. Douchée, maquillée, coiffée, même à des centaines de kilomètres de Storybrooke, la Reine restait la Reine. Élégante à souhait, féminine et débordante de charisme. Emma ne put s’empêcher de l’accuser : — Je peux savoir où tu as trouvé ces vêtements ? Naturellement, Regina récupéra le magazine de mode posé sur la commode et le lui tendit : — Là-dedans. Emma était exaspérée. L’incorrigible Regina usait de magie pour s’habiller. Elle regarda son fils. — Va te doucher Henry, j’y vais après toi. — Et moi je me mets quoi ? demanda le garçon. Regina fit apparaître des vêtements propres sur le lit de son fils. — Ceci. Henry partit récupérer les habits qui consistaient en un jeans, un pull over et des sous-vêtements propres. — Merci maman. Emma attendit qu’il soit dans la salle de bains pour réprimander Regina une nouvelle fois : — Hey ! Ca suffit la magie ! Regina reprit place autour de la belle table dressée et se servit un chocolat chaud avant de répondre :
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— Nous avons besoin d’un minimum pour survivre, Miss Swan. — Ce n’est pas de la survie, ça ! On pourrait te voir et si quelqu’un te voit inutile d’imaginer ce qui va se passer ! — Si quelqu’un me voit, il me suffira de le tuer. Emma se tendit : — Mais ça va pas ! Regina la regarda en souriant. — Je plaisante Shérif… Emma ne savait plus. Les remarques d’Henry la travaillaient et elle s’agaçait de trouver Regina si attirante, si aguicheuse. Ses seules défenses contre ses charmes étaient l’attaque ou l’accusation et elle-même ne se reconnaissait plus. — J’en suis pas si sûre, figures-toi. Regina laissa échapper un rire discret et Emma préféra ne pas poursuivre cette conversation. Elle n’avait même pas pris le temps de voir sa fille ce matin ! Elle s’approcha du landau de Sara qui était réveillée. Ses grands yeux bleus scrutaient le décor et ce qui l’entourait. Elle tira une chaise près d’elle et demanda : — Elle a mangé ce matin ? — Bien sûr, répondit Regina. Regina détailla sa Sauveuse qui souriait à leur petite fille d’un regard brillant et admiratif. Elle admettait sans mal que Sara était le plus beau bébé au monde. Et elle ne le pensait pas seulement parce qu’elle était sa mère mais parce qu’elle avait 14
vu de nombreux bébés, dans les médias notamment, ou sur Internet. Aucun n’égalait la beauté de Sara. — Comment on a fait ? demanda Emma. La Sauveuse releva ses yeux sur Regina. Cette question la brûlait depuis des jours, depuis que Whale lui avait confirmé que Sara était sa fille. — Comment on a fait pour l’avoir ? Regina avait bien compris la première question. Sa Sauveuse avait été longue à la lui poser mais mieux valait tard que jamais. — Grâce au docteur Whale, répondit Regina. Du moins, celui à qui j’avais à faire. Il a prélevé nos ovules les a fécondés. Emma fronça les sourcils. — Je croyais que c’était magique. — C’est ce que tu voulais entendre, fit Regina. — Alors tu m’as menti ?! — Tu étais très remontée contre moi, se défendit la Reine. — Mais ce que tu me racontes est impossible, on ne fait pas de bébé sans spermatozoïde. — Croyance populaire, répliqua Regina, destinée à rassurer les hommes sur leur virilité et leur ego situés sous la ceinture. La science a depuis longtemps trouvé le moyen de se passer des mâles1, Miss Swan.
1 Source scientifique : http:// www.liberation.fr/societe/2004/04/24/sans-male- deuxovules-accouchent-d-une-souris_477146
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Emma demeurait perplexe mais savait que Regina ne mentait pas. Elle l’entendit poursuivre : — Whale est un homme de science avant tout, il se moque des grands principes machistes et je l’ai gracieusement payé pour ses recherches et surtout pour obtenir des résultats. Emma gardait ses yeux sur Sara qui la regardait en retour. Elle réfléchissait à toutes ces annonces. D’un côté, Gold lui avait dit que cette Regina n’était pas la sienne, d’un autre, elle avait eu la preuve que Gold avait menti. Puis Whale avait paru plus étonné qu’elle quant à son rôle dans la grossesse de Regina. Emma ne pouvait en tirer qu’une conclusion, cette grossesse ne pouvait-être que magique, provoquée par la certitude de Regina d’avoir effectivement fait ces démarches dans cette autre réalité sortie tout droit de son imaginaire. — Ouais, en tout cas c’est la plus belle des petites Princesses, répliqua Emma. Regina sourit, en total accord avec sa Sauveuse : — Normal. C’est notre fille, il ne pouvait en être autrement. Henry sortit de la salle de bains, habillé de ses nouveaux vêtements et Emma prit sa place. Regina s’offrit une dernière tartine et débarrassa la table d’un geste de la main. Elle garda seulement le journal de Storybrooke qu’elle n’avait pas eu le temps de terminer. Les titres étaient éloquents dont un qui la concernait « Regina Mills responsable de la tempête du siècle » en sous-titre « La Méchante Reine a fui Storybrooke ». La concernée se demandait alors si rentrer à Storybrooke dans un avenir proche ou lointain était envisageable. Après tout, elle était avec sa Sauveuse et ses deux enfants. Plus rien ne l’attendait 16
là-bas et Blanche-Neige et son Prince pouvaient bien repartir dans la Forêt Enchantée, elle s’en moquait car Emma était avec elle.
* * * A suivre…
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