Chapitre 4 : Chez Granny A midi, Emma avait rejoint ses parents au restaurant de Granny. Elle avait discuté avec Ruby pour s'assurer que les préparatifs de l'anniversaire d'Henry avançaient. Un énorme gâteau serait préparé pour tout le monde et son fils pourrait passer un merveilleux anniversaire. Dans l'attente, elle essayait de ne pas trop songer à Henry et Regina pour se concentrer sur Cora. Assise à une table face à Mary-Margaret et David, elle avait étalé le plan de la ville où des croix rouges montraient les maisons qu'elle avait vérifiées et visitées ces derniers jours. — Elle doit forcément être quelque part, tenta Blanche. Cette carte n'est peut-être pas assez récente. — C'est la seule qu'on ait, intervint David. Mais je peux toujours faire le tour de la ville et vérifier par moi-même si d'autres maisons pourraient l'abriter. — Et risquer de tomber sur elle ? dit Blanche. C'est trop risqué. Je viendrai avec toi je ne veux pas que tu y ailles seul. — Il y a peut-être un autre moyen de ne pas se mettre en danger, fit Emma dans ses songes. Ses parents la regardèrent et Mary-Margaret demanda : — Lequel ? — La Magie. — C'est une très mauvaise idée, s'enquit Blanche. Tu sais qu'avec la magie, il y a toujours un prix à payer ! — Je le sais, s'enquit Emma. Mais je ne vois pas d'autres solution. Gold est contre Cora, il pourrait nous donner
gratuitement un sort de localisation, on gagnerait du temps, on pourrait la surprendre, l'empêcher d'utiliser la magie contre nous et tous y trouver notre intérêt car elle n'hésitera pas à utiliser sa magie pour nous combattre ! Blanche et le Prince se lancèrent un regard et en discutèrent mais Emma ne les entendit pas, son attention soudainement captée par ce qu'elle voyait par la fenêtre. A l'extérieur du restaurant, Regina venait de garer sa Mercedes noire d'où elle sortit avec Henry. La porte s'ouvrit sur eux et Henry se précipita vers Emma tandis que Regina le suivait, le pas assuré, la démarche élégante et arborant toujours ce petit air supérieur qui ne cessait de l'agacer. — Regardez ! fit Henry en leur montrant un livre. Maman m'a acheté toute la collection des contes de Grimm. C'est une version différente du livre que m'a donné grand-mère mais c'est illustré ! — Comme c'est original, dit Emma d'un air moqueur à l'attention de Regina. Regina passa sa main dans les cheveux bruns de son fils et accusa : — Il a lui-même choisi ce qu'il voulait ! — Et j'ai aussi eu une voiture télécommandée, s'enquit Henry avec enthousiasme. Il regarda son grand-père et ajouta : — On y jouera demain, je te la montrerai, c'est un quatrequatre tout terrain ! Je suis sûr qu'il pourra rouler dans la forêt ! — Allons déjeuner, fit Regina à son fils. Tu les verras demain. 2
Ils s'éloignèrent vers une table plus loin. Emma ne savait pas si elle devait se réjouir de voir Henry si heureux, si enjoué avec son autre mère. Quelques semaines plus tôt, il avait tout fait pour ne plus retourner chez Regina afin de rester avec elle. Emma s'était habituée à sa présence, à son affection, à ses demandes incessantes de petit garçon. Et finalement, il retournait vers celle qui l'avait vu grandir ces dix dernières années, fait légitime qui rendait Emma jalouse. — Elle m'énerve, lança-t-elle spontanément. — On sait, fit Mary-Margaret. Elle énerve tout le monde. — Parce qu'elle croit qu'elle va acheter l'affection d'Henry avec ses cadeaux ? renchérit Emma. Moi aussi j'aurais pu lui acheter les contes de Grimm et une voiture télécommandée ! Pour qui elle se prend ? Tout ça parce qu'elle peut tout lui offrir elle me prend de haut ! Mais Henry est mon fils avant d'être le sien et mon cadeau sera nettement plus original ! David et Mary-Margaret mesuraient toute la colère qu'Emma nourrissait à l'égard de Regina. D'ailleurs, une grande majorité de la ville partageait ses ressentiments depuis que le sort avait été levé. Regina était et resterait la méchante Reine. Il n'existait pas une seule personne dans cette ville qu'elle n'ait pas fait souffrir. Henry avait été attentif quand ses deux mères s'étaient retrouvées face à face. Il n'y avait eu aucun changement notoire dans leur attitude l'une avec l'autre. Il n'y comprenait rien. La magie de Gold ne semblait pas fonctionner et si cette magie n'y faisait rien, comment ferait-il pour que ses deux mères fassent enfin la paix ? Regina commanda une salade et un hamburger frites pour Henry. Depuis sa table, elle avait une vue imprenable sur celle d'Emma et de ses parents. Elle croisait ses regards méprisants et n'en attendait pas moins d'ailleurs. Henry près 3
d'elle, Regina n'avait nullement besoin de magie. Henry était la source de sa force, de son courage pour rester debout, seule contre tous. Car pas un habitant à Storybrooke ne l'aimait et Regina s'en moquait éperdument. Seul l'amour de son fils comptait, les autres pouvaient bien aller au diable. — Tu devrais essayer de ne pas répondre quand elle t'attaque, fit Henry. Regina fronça les sourcils : — De quoi parles-tu ? — Emma... Ou même les autres... Quand ils te disent des choses désagréables, pourquoi tu réponds ? — Je réponds car ma répartie est plus piquante que la leur. — Pourtant tu m'as toujours dit que le silence était le pire des mépris. Regina plissa les yeux sur ce conseil que son fils avait retenu. — Il l'est. — Est-ce que ça veut dire que tu ne méprises pas Emma autant que tu veux le faire croire ? Cette question eut le mérite de troubler Regina. Bien sûr qu'elle méprisait Emma Swan et elle se retint de le dire à son fils qui n'avait rien à voir dans leurs petits conflits parfois puérils. Elle préféra mentir : — Non, en effet. Henry sourit largement sur ces mots. Peut-être tout n'était pas perdu alors. — En tout cas, j'espère que demain vous ne vous disputerez pas. Si je devais recevoir un cadeau, ça serait celui là que je choisirais ! 4
Ces mots de la part d'Henry peinèrent Regina. Elle savait combien son fils était tiraillé entre elles et cette situation ne l'enchantait pas plus que ça. Elle vit Emma se lever, traverser la salle et disparaître aux toilettes. Elle but un peu d'eau, l'air de rien et se leva en regardant Henry qui feuilletait son livre posé sur la table. — Je te laisse un moment, j'ai besoin de me rafraîchir. — Ok, je t'attends. Le petit garçon ne remarqua rien et Regina marcha dans les pas d'Emma pour à son tour entrer dans les toilettes alors qu'Emma s'apprêtait à en sortir. Elles se firent face un instant, leur regard planté l'un dans l'autre. — Poussez-vous, fit Emma. — J'ai à vous parler Miss Swan. Emma recula à peine les bras croisés et ironisa : — Si c'est pour me dire où se trouve votre mère, je suis toute ouïe ! — Demain, je viendrai à l'anniversaire d'Henry. Il m'a demandé d'être là et je me dois d'y assister. — Je vous signale que je vous ai envoyé un carton d'invitation comme tout le monde, répliqua Emma. Regina se tendit sur cette réponse qu'elle n'avait pas attendue. Emma la contourna : — Alors à demain et soyez à l'heure votre majesté ! Emma quitta les toilettes et planta Regina sans rien ajouter. Regina avait donc reçu un carton ? Était-ce possible ou Emma lui mentait-elle ? En y réfléchissant bien, peut-être avait-elle omis de vérifier sa boîte aux lettres depuis qu'elle
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avait arrêté d'utiliser la magie pour ramener son courrier directement dans son bureau...
Chapitre 5 : Onze bougies Le lendemain, tout le monde arriva à l'heure prévue pour célébrer les onze ans d'Henry chez Granny. Henry avait d'abord ouvert ses cadeaux un à un, avait remercié les nains, Ruby, le docteur Whale, Archie, ses grands-parents et bien sûr Neal qui n'aurait manqué cette occasion de voir son fils pour rien au monde. Tous étaient heureux de se retrouver, de célébrer ce moment mais Regina était assise seule à une table avec un verre de jus de fruit qu'elle n'avait pas goûté. Le bonheur que certains des habitants de Storybrooke n'hésitaient pas à étaler en public lui donnait la nausée. Charmant et Blanche riaient, s'enlaçaient... Leroy se tenait avec Henry qui lui montrait ses dernières acquisitions. Ruby et le docteur Whale plaisantaient tandis que Miss Swan se laissait certainement séduire par le fils de Gold et par la même occasion le père d'Henry ! Elle récupéra son sac à main posé près d'elle et s'apprêta à se lever pour partir mais une fois debout, Emma se planta devant elle et l'interrogea : — Vous n'allez pas déjà nous quitter ? — Même si je dois vous remercier pour l'invitation, je ne pense pas que ma présence soit des plus appréciée. — Henry est content que vous soyez là, alors peu importent vos états d'âmes ou ce que vous pensez, vous devez rester au moins pour lui, il m'a demandé de faire une trêve avec vous pour son anniversaire et je compte m'y tenir. 6
Regina soutint le regard défiant d'Emma et un petit sourire provoquant dessina ses lèvres. — Bien, faisons donc ça, une trêve... Ruby apporta le gâteau tandis que tous se mettaient à souhaiter un "joyeux anniversaire" à Henry. Recouvert de crème chantilly, de fraises et framboises, le met au chocolat ouvrait déjà l'appétit à la plupart des convives. Henry s'approcha et se retrouva entre ses deux mères, émerveillé, les yeux gourmands sur le gâteau géant qu'on lui avait préparé. — Allé, souffle, fit Emma. — Et n'oublie pas de faire un vœu, rappela Regina. Pour Henry, le voeu était tout choisi. Il aspira une grande bouffée d'oxygène et souffla sur les bougies qui s'éteignirent tandis que les invités applaudissaient. Pourquoi tous les jours ne pouvaient-ils pas ressembler à celui-ci se disait-il. Ruby servit les assiettes tandis que les discussions reprenaient. A nouveau, Regina perçut ce sentiment évident de rejet de la part de chacun d'eux qui l'ignoraient. Comment pouvait-il en être autrement de toute façon ? Elle les détestait autant qu'ils le faisaient, leur avait fait du mal à bon nombre. Elle retourna s'asseoir seule et reporta son regard sur Henry. Au moins, son fils était heureux de sa présence et c'était bien la seule chose qui devait compter. Quand Gold entra avec Belle, David se tendit et s'apprêta à aller vers lui avant qu'Emma ne le retienne : — Je l'ai invité, dit-elle. Il est le grand père d'Henry. Un vent froid venait de souffler dans le restaurant, les regards tournés vers Rumplestilskin, avant que chacun ne se
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remette à discuter, faisant mine d'ignorer sa présence. Emma vint à sa rencontre. — Contente de vous voir. — C'est faux, fit Gold, mais merci de mentir. Où est mon petit fils que je lui donne son cadeau ? — Avec son père, répondit Emma. — Je reviens, fit Gold à Belle. — On a un énorme gâteau que tu dois goûter, fit également Emma à son attention. Gold s'avança vers Baelfire et Henry. — Joyeux anniversaire, fit-il en tendant à Henry un paquet cadeau. Baelfire se tendit en voyant son père. — Je vous laisse tous les deux, je reviens Henry. Son père s'éloigna et Henry récupéra le paquet que lui tendait Gold. Cependant, son air ne fut guère réjoui et il accusa : — Votre élixir ne marche pas. Mes mères continuent de se disputer ! Gold sourit à Henry sur cette annonce peu étonnante qui l'amusa. — Parce que tu pensais réellement que j'allais te laisser faire de la magie du haut de tes onze ans ? Henry eut l'air furieux : — Alors vous m'avez menti !
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— Et oui, que veux-tu ? C'est ce que font généralement les grandes personnes quand elles veulent protéger les plus jeunes. — Mais vous m'aviez dit... — Que je ne pouvais accomplir ce genre de miracle, l'interrompit Gold. Tu as insisté et je t'ai donné ce que tu étais venu chercher. L'espoir... Henry se sentait trahi et une trahison de son grand-père était certainement pire qu'une trahison de Rumplestilskin. Sans un mot, il posa le cadeau sur la table sans même chercher à l'ouvrir et s'éloigna. Belle approcha de Gold après avoir entendu leur conversation. — Je suis fière de toi, fit-elle. — Vraiment ? — Oui, tu aurais pu prendre le chemin de la facilité en lui donnant ce qu'il t'avait demandé et tu es resté ferme comme un grand-père se doit de l'être avec son petit fils. Belle à son bras, Gold se sentait tout à fait à l'aise malgré ce petit accrochage avec le fils de la Sauveuse. Pour une fois, il avait fait ce qui était juste même si d'une certaine façon, la magie agissait déjà sur Regina et Emma. Plus loin Neal avait rejoint Emma pour reprendre leur discussion : — Si j'emménage à Storybrooke, il est légitime que je vois Henry. — Je ne t'empêcherai jamais de le voir, fit Emma en se défendant du ton accusatif de son ex amant.
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— Je ne te parle pas de le voir une heure dans une journée, je te parle de le prendre avec moi, chez moi, au moins une nuit ou deux par semaine. Emma fronça les sourcils : — Ca ne va pas être possible. — Et je peux savoir pourquoi ? — Parce qu'on a déjà organisé des tours de garde avec Regina. — Regina est la méchante de l'histoire, c'est une sorcière ! Elle n'a pas à garder notre fils ! — C'est la mère adoptive d'Henry, rappela Emma. Je ne peux pas l'oublier, Henry est attaché à elle et demande à la voir. Elle lança un regard vers les tables et constata une nouvelle fois que Regina était seule, ignorée par les autres invités, y compris Henry qui montrait à David sa voiture télécommandée. Elle n'entendait pas les reproches de Neal qui voulait la convaincre de garder Henry. Mais elle songeait aux complexités de sa relation avec Regina Mills. Elle passa sa main dans ses cheveux, agacée par le rappel de sa promesse faite à Henry et regarda Neal. — Ok, je vais y réfléchir, on reparle de ça plus tard. Elle s'éloigna sans le laisser répondre et approcha de Regina : — Je peux m'asseoir ? tenta-t-elle peu à l'aise. — C'est un lieu public, répondit Regina d'un ton détaché. Emma ravalait sa fierté en s'asseyant à la table de la Méchante Reine, mais sa conscience lui disait qu'elle devait
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aussi faire des efforts. Elle récupéra deux assiettes de gâteau qu'elle posa sur la table, dont une face à Regina : — Vous devriez goûter, il est super bon. — Je sais, c'est moi qui l'ai fait. Emma leva les sourcils. Elle ne devait guère être étonnée par cette annonce et heureusement, personne ici ne savait que Regina avait fait le gâteau car personne n'aurait osé y goûter. — Il faut qu'on discute, reprit Emma. — Vous n'êtes pas obligée, vous savez ? — Obligée de quoi ? — De faire semblant de vouloir être mon amie. — Primo, je ne fais pas semblant, corrigea Emma. Et deuxio, jamais je ne prendrais le risque de devenir votre amie. — Parfait, fit Regina. Au moins, les choses sont claires. — Limpides, renchérit Emma. Non, ce dont j'ai à vous parler, c'est de Neal. — Le père d'Henry... Je me doutais qu'il finirait pas poser problème. Emma se tendit et rappela : — Il a des droits lui aussi. Regina eut un sourire ironique sur ces mots qui finalement ne voulaient rien dire à ses yeux. — Des droits ? Et de quel droit s'agit-il Miss Swan ? — Vous savez très bien de quoi je parle. 11
— La seule personne qui ait des droits légaux sur Henry, c'est moi, fit Regina. Vous, je vous tolère parce qu'Henry souhaite que vous fassiez partie de sa vie. Ce n'est pas Neal qu'il est allé chercher mais vous et vous seule qu'il a ramenée à Storybrooke. Et vous savez pourquoi ? — Etonnez-moi, défia Emma. — Parce qu'il m'aime et me considère réellement comme sa mère, le cas contraire, il ne serait pas revenu. Il m'aime plus qu'il n'aimera jamais son père car je suis celle qui l'a élevé pendant ces onze dernières années. Emma se retrouvait piégée car elle mesurait que Regina n'avait pas tout à fait tort. Il n'en restait pas moins que Neal était le père biologique d'Henry quoi que Regina en pense. Elle reprit : — Il veut le voir de temps en temps, le garder chez lui quelques nuits par semaine. — C'est hors de question, trancha Regina. Je ne vois mon fils que le week-end, je ne tolèrerai pas qu'on me l'enlève davantage. Un souhait qu'Emma comprenait. Malgré tous les reproches faits à Regina, elle ne pouvait lui ôter son amour sincère d'Henry. — Ok. Je m'en arrangerai, fit-elle. Si Henry veut voir son père, je prendrai sur mes jours de garde. — Faites-donc ça, oui, conclut Regina. Emma s'agaçait. Rien n'y faisait, Regina ne serait donc jamais aimable malgré ses efforts ? Pourtant, elle capta son sourire tendre revenir sur ses lèvres quand Henry les rejoignit à la table. — C'était super comme fête, fit-il. 12
Il se hissa sur les genoux de Regina qui fut aussitôt troublée par cet élan affectif qu'Henry avait cessé d'avoir quand sa mère blonde était revenue dans sa vie. Elle l'enlaça et le petit garçon commenta : — Et je suis content que vous soyez là ensemble. Emma était touchée par la joie d'Henry et par le calme qu'il instaurait soudainement entre elle et Regina malgré leur rancune respective. — C'est vrai, fit-elle en regardant Regina, c'était une super fête. — Je confirme, mentit la Reine. — Au fait, maman, reprit Henry à l'attention de sa mère brune, c'est quoi le cadeau si spécial dont tu m'as parlé ? — Il n'est pas ici, dit Regina. Je te le donnerai la semaine prochaine, j'ai eu un petit contretemps mais tu sais que je tiens toujours mes promesses et tu l'auras quoi qu'il arrive ! Henry ne fut pas plus déçu. Il aurait un énième cadeau le week-end prochain quand il retournerait chez sa mère adoptive. — Ok, c'est pas grave ! Il sourit, enthousiaste, naïf et quitta sa place pour repartir vers ses grands-parents. Emma et Regina se retrouvèrent à nouveau seules, conscientes des tensions qui régnaient quand Henry s'éloignait d'elles. Il était leur seul point commun, à la fois vecteur de leurs discordes et de leurs accalmies. Emma regarda la Reine d'un air accusateur : — Alors c'est comme ça que vous comptez faire ? — Faire quoi ? toisa Regina.
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— L'acheter, lui faire des cadeaux à chaque fois que vous le garderez ! — Ne dites pas n'importe quoi, je n'ai nulle besoin d'acheter l'amour d'Henry ! Il me refait confiance, voila tout... Emma était loin d'être convaincue et reprit : — Et est-ce que vous allez vous décider à nous aider pour Cora ? Regina amena une cuillère de son gâteau à ses lèvres, l'air détaché, nullement impliquée par la quête de la Sauveuse. — Pourquoi le ferais-je ? — Vous avez déjà la réponse à cette question. Henry ! — Si ma mère vous tue, ce n'est pas mon problème, je ne serai pas la meurtrière. Non seulement je serai débarrassée de vous et de vos parents, mais en plus je récupèrerai mon fils pour reconstruire ma famille telle qu'elle était avant votre arrivée. — Est-ce que vous saisissez le sens du mot "complice" ? interrogea Emma. Parce que du haut de ses onze ans, Henry ne sera pas dupe. Vous vous imaginez qu'il vous pardonnera d'avoir laissé Cora tuer ses vrais parents et ses grandsparents ? Nous sommes sa famille, Regina ! Regina s'avança, menaçante : — Je suis sa famille avant vous, que vous le vouliez ou non. Elle prit son sac et se leva : — Alors que la meilleure gagne... Emma la vit s'éloigner vers Henry, l'embrasser avant de rejoindre la sortie du restaurant et de partir. Rien ne
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changerait donc jamais quels que soient les efforts qu'elle fournirait.
Chapitre 6 : Intrusion Nocturne La nuit était tombée et Emma était rentrée chez elle avec Mary-Margaret, David et Henry. Tous les trois dormaient depuis quelques heures, Emma, elle ne trouvait pas le sommeil et buvait un énième café. Ses disputes, ses provocations de la part de Regina semblaient l'atteindre plus qu'elle ne l'aurait voulu. La Reine n'avait pas eu tort ce matin, la magie n'était pas sa seule ressource pour être crainte et hanter le moindre de ses songes. Emma en était certaine, Regina leur cachait forcément quelque chose au sujet de Cora. Son rôle, en tant que shérif de Storybrooke était de protéger ses habitants, mais pouvaitelle le faire à n'importe quel prix ? Quitte à enfreindre la loi et s'introduire chez Regina par effraction ? David et MaryMargaret s'y opposeraient vivement mais Emma ne comptait pas leur demander la permission d'agir cette fois. Elle devait trouver ses réponses, vérifier que Cora ne soit pas là-bas. Elle posa sa tasse dans l'évier, récupéra sa veste en cuir rouge, ses clefs et quitta son appartement. Dix minutes plus tard, Emma se garait dans la rue perpendiculaire à l'immense villa de Regina Mills. Il était minuit passée et les rues de Storybrooke étaient désertes à cette heure tardive. Equipée d'un passe-partout, elle rejoignit l'entrée de la demeure, se demanda un bref instant si Regina avait fait installer des alarmes. Si tel était le cas, elle le saurait très bientôt car Emma ne comptait pas faire marche arrière. Une Reine et puissante sorcière de surcroît ne devait pas tant compter sur les technologies de son monde pour se protéger. 15
Hésitante malgré tout, Emma força l'entrée et parvint à ouvrir la porte sans qu'aucune alarme ne se mette à hurler. — Génial, se félicita-t-elle à voix basse. Elle lança un coup d'œil derrière elle et entra dans la demeure à la décoration si tape à l'œil et luxueuse. Emma pouvait faire de nombreux reproches à la Reine, mais pas celui de manquer de goût. Sans bruit, elle referma derrière elle puis sortit sa lampe de poche de son blouson. Emma n'en était pas à sa première intrusion avec effraction et, de ce fait, connaissait les rudiments de ce type d'opération. Elle rejoignit sans attendre le bureau de Regina. Si madame Le Maire cachait des informations, elle ne les laisserait certainement pas trainer sur la table du salon, se disait-elle. Les lieux étaient parfaitement propres, rangés, rien ne traînait, au reflet du tempérament maniaque de Regina Mills. Emma passa de l'autre côté du bureau et commença à ouvrir les tiroirs un à un, pour fouiller d'une main les documents qu'elle trouva. Entre documents, contrats, dossiers divers, rien n'attira pourtant son attention si ce n'est peut-être une chose : Une photo dépassait d'un dossier qu'elle sortit de son emplacement pour le poser sur le bureau. Son regard s'agrandit subitement, proportionnel à sa stupéfaction quand elle l'ouvrit et vit toutes ses photos d'elles accumulées. Elle se voyait avec Henry au parc, avec Henry à la plage, avec Henry devant l'école, avec Henry chez Granny, toute seule sortant du commissariat, toute seule en pleine enquête dans la forêt... Des dizaines et des dizaines de photos s'empilaient. Regina l'avait faite suivre et sa surprise fut plus grande encore quand elle trouva des clichés d'elle plus anciens que ceux pris à Storybrooke. — Dites-moi que je rêve !
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Tout était pourtant bien réel. Autant que l'étaient d'autres documents légaux qu'elle découvrait, provenant de la police de Boston. Regina avait tout réuni sur elle. Son casier judiciaire, son dossier de détenue... Rien ne manquait. Emma n'était pas stupide, une seule évidence pouvait justifier l'existence de ces documents chez Regina Mills : la Reine voulait légalement lui ôter la garde d'Henry, ce qu'elle était en droit de faire et capable d'obtenir. La lumière s'alluma subitement et Emma sursauta avant de voir Regina Mills se tenir debout devant l'entrée, enveloppée dans un peignoir de satin noir et un révolver en main braqué sur elle. — Que faites-vous chez moi ? Plus que troublée, Emma s'était figée, son regard sur le canon. Regina allait-elle tirer, prétendre à un accident après qu'un individu se soit introduit chez elle par effraction ? Elle avait le droit de le faire et Emma redoutait maintenant que le coup ne parte. — Baissez votre arme ! tenta-t-elle. Contre toute attente, Regina s'exécuta sans attendre. Elle avait craint qu'un inconnu ait pénétré chez elle par effraction bien qu'Emma Swan soit l'inconnu en question. — Vous êtes folle ! accusa Regina. J'aurais pu vous tuer ! Vous savez quelle heure il est ? Et qu'est-ce que vous faites dans mon bureau ? Emma était en tort, plus que tout et, prise sur le fait, elle ne pouvait rien justifier sans mentir, chose qu'elle était incapable de faire en pareilles circonstances. — Vous le savez, je cherche Cora ! — Dans des tiroirs, ironisa Regina. 17
— Je cherche quoi que ce soit qui puisse me conduire à elle. — Je ne sais pas où elle est, fit Regina ! Je vous l'ai dit ! Vous qui vous ventez de savoir faire la différence entre les mensonges et la vérité, vous devriez savoir que je ne mens pas ! Emma ne trouva rien à répondre. Suite aux évènements des derniers jours, son fabuleux sixième sens était quelque peu court-circuité. Regina avança et fronça les sourcils en voyant le dossier qu'elle avait constitué sur Emma Swan au cours des derniers mois. Elle la regarda : — Sortez de chez moi vous n'avez rien à faire ici. Emma n'oubliait pas que Regina était celle qui tenait l'arme, de ce fait, elle n'avait qu'une option, obéir et quitter cette maison. Seulement, avant qu'elle ne le fasse, Cora apparut dans un nuage de fumée violette. — Je pense au contraire que mademoiselle Swan est exactement là où nous voulions qu'elle soit. Regina fronça les sourcils sur l'apparition de sa mère, autant qu'Emma ne savait plus qui elle devait craindre le plus désormais. — Qu'est-ce que tu fais là, maman ? accusa Regina. — Oh, tu le sais bien ce que je fais là, je viens terminer ce que tu es incapable de résoudre seule depuis que mademoiselle Swan est arrivée à Storybrooke. Je viens la tuer pour toi. Emma sut cette fois que son heure était venue. Personne ne viendrait la sauver, personne ne savait où elle était et Cora semblait déterminée. Tout se passa alors très vite, elle vit une boule d'énergie apparaître dans la main de Cora qui la projeta dans sa direction. Une explosion illumina la pièce et
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l'instant suivant, Regina ĂŠtait allongĂŠe sur le sol et Cora avait disparu. A suivre
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