L’hiver s’abattait depuis plusieurs semaines sur la petite ville de Storybrooke. Malgré l’absence de chute de neige, chaque jour, les nuages s’accumulaient dans le ciel empêchant tout rayon de soleil d’illuminer la bourgade. Les plaques de glace s’accumulaient sur les trottoirs défiant tout habitant d’y poser le pied sans risquer de perdre l’équilibre. Et parmi les rares inconscients qui avaient décidé de mettre le nez dehors par cette journée particulièrement froide il y avait moi, Emma Swan. Emmitouflée dans mon gros manteau, un bonnet enfoncé jusqu’au dessous de mes oreilles, j’avançais à petits pas sur cette patinoire qui constituait désormais les rues de la ville. Immédiatement après mes premiers pas, je regrettais d’être sortie de mon lit. Le froid glacial mordait mes joues et faisait pleurer mes yeux. De tous les hivers que j’avais pu connaître en près de 29 ans, ils n’avaient rien de comparable à celui-ci. C’était comme ci la ville était piégée dans un écrin de glace. Après la première glissade je jurais. Depuis quelque temps j’accumulais les actes stupides et être sortie ce matin en était un. Pourtant ce n’était pas la plus grosse erreur que j’ai pu faire récemment, en première place sur le podium de mes idioties se trouvait ma fuite de chez Regina Mills. Quelques semaines plus tôt, un soir où je déposais Henry chez sa mère celle-ci m’avait invitée pour dîner. D’ordinaire j’aurais poliment décliné son offre mais depuis que ma colocataire, qui s’était avérée être ma mère, avait déménage pour vivre avec mon père, j’étais abonnée aux soupes en boîtes et bols de céréales. Et ce soir là, la perspective d’un repas préparé par mes soins faisaient bien pâle figure devant l’odeur alléchante qui s’échappait de la maison. Alors j’ai accepté. Si seulement j’avais su… Je dois bien l’avouer, j’ai toujours trouvé le maire particulièrement attirante. Ses tailleurs parfaitement ajustés, sa façon de marcher la tête haute comme ci le monde était à ses pieds, ce sourire mystérieux qu’elle arborait si souvent, ses manières digne d’une reine et son entêtement à ne vouloir jamais perdre. En effet, j’avais trouvé en Regina Mills l’adversaire parfait. Aussi rusée que moi, elle avait pourtant une finesse que je n’avais jamais eu et me confronter avec elle était toujours aussi euphorisant. Après des débuts houleux lors de mon arrivée en ville, j’avais fini par trouver ma place au poste de police ce qui ne cessait d’agacer notre maire. Et puis il y a eu la révélation de son ancienne identité le jour où le sort s’est brisé. Bien malgré moi je ne cessait de l’imaginer dans le rôle de reine et je dois dire que l’image que je m’en faisait n’avait rien de déplaisant. Pendant notre voyage vers Neverland notre rivalité semblait s’être diminuée. Évidemment nous nous confrontions toujours mais il y avait quelque chose de différent dans tous nos face à face. Quelque chose qui n’était pas là avant. De l’amitié? J’aurais pourtant juré que jamais Regina ne ressentirait autre chose envers moi que de la rancoeur. Au retour à Storybrooke les choses avaient repris leur cours presque normal. Une semaine après notre débarquement Regina avait été appelée pour reprendre le fauteuil de maire, elle seule sachant comment gouverner la ville. Forte de cette situation la brune nous avait fait languir plusieurs jours avant de débarquer au
conseil avec un sourire victorieux sur le visage. Cette vision aurait du me rendre hors de moi mais au contraire, en entendant ses talons claquer sur le sol de la mairie et en la voyant toiser du regard tous les soi-disant conseillers qui ne connaissaient rien à la direction de la ville, je me suis surprise à sourire à mon tour. Elle présenta ses directives comme-ci elle n’avait jamais quitté le fauteuil de maire. Une semaine après, alors que je lui ramenais Henry elle m’invitait donc chez elle. Le repas avait été excellent comme toutes les rares fois où j’avais pu manger à sa table. Discrètement je la regardait écouter Henry avec attention alors qu’il racontait sa semaine de cours. Il avait été décidée que je garderais le garçon la semaine tandis qu’elle, prise par son travail à la mairie, le garderait chaque week-end. En réalité je ne trouvais pas cette situation particulièrement juste mais c’était une des conditions qu’avait posé mon père quand il l’avait rappelée à la mairie. Encore une fois il avait agit sans mon avis. Sans m’en rendre compte je m’étais mise à la fixer plus intensément et ce n’est que lorsqu’elle se racla la gorge que je ne suis sortie de mes songes. Le repas terminé elle m’avait offert un verre et c’est là que tout avait commencé. -Alors Miss Swan, je peux savoir pourquoi vous n’avez cesséde me regarder durant tout le repas Sa voix résonnait encore dans ma tête. Nous avions déjà bu quelques verres dans un silence relatif quand elle avait posé la question qui semblait lui brûler les lèvres depuis le début de la soirée. J’avais prétexté être perdue dans mes pensées et elle n’avait trouvé rien d’autre à répondre d’un air moqueur. -C’est pourtant ce que je vous pensais occupée àfaire durant votre journée au poste Shérif. -Qu’est-ce que vous voulez dire par là? -Absolument rien… Son sourire m’avait sortit de mes gonds. -Si, je sais que vous avez quelque chose derrière la tête. -C’est juste que ces derniers temps votre efficacitéau poste a quelque peu diminué. -Je vous demande pardon? -Les dossiers ne cessent de s’accumuler sur votre bureau depuis mon retour àla mairie. -Ah oui? -Oui.
-Et bien si vous cessiez de me déranger pendant que je tente de faire mon travail, ces dossiers seraient peut être remplis plus vite. Cette fois j’avais réussit à la mettre en colère, j’avais vu la lueur dans ses yeux qui n’annonçait rien de bon. -Excusez-moi? -Vous croyez que je n’ai pas vu votre petit manège? Vous venez sans cesse me tourner autour. -Je viens juste m’assurer que vous faite votre travail correctement. Au vu de votre manque de maturité, il faut que quelqu’un vous surveille. -Oui bien sûr! Et cette personne ne peut être que vous, avec vos tailleurs moulants et vos décolletés outrageusement profonds? Pendant un instant j’avais prié de ne pas avoir dit cela à voix haute mais il était trop tard. J’ai vu son expression changer, sa bouche s’ouvrir. Alors, profitant de la proximité qui s’était instaurée durant notre échange, je l’avait embrassée pour la faire taire. J’avais longtemps rêvé de ses lèvres et de pouvoir poser mes mains sur son corps, mais la réalité avait dépassé tous les fantasmes. Croyant qu’elle allait me repousser, j’avais eu la surprise de voir qu’elle approfondissait le baiser. Je m’étais donc laissée aller en me collant totalement à elle. C’est ainsi que le lendemain je me réveillais auprès d’une très dénudée Regina Mills. Collée contre moi, je pouvais sentir son souffle régulier soulever sa poitrine tandis que je m’enivrais du parfum de sa peau, mon nez collé contre elle. Presque machinalement, mes lèvres avaient déposé un baiser au creux de son cou et j’avais senti son corps se soulever alors qu’un long soupir s’échappait de ses lèvres. Je m’étais mise à sourire. Mais rapidement la réalité avait prit le pas sur cette vision idyllique. Je venais de coucher avec le maire, Regina Mills, la femme qui me détestait depuis mon arrivée. Il fallait agir. Sois je restais et risquais de me retrouver la tête au bout d’une pique dès le réveil de la brune incendiaire sois je partais sur le champ. J’optais pour la deuxième solution. Tandis que je me rhabillais sans bruit, j’entendis les draps s’agiter alors, je cessais tout mouvement. C’est un peu anxieuse que je m’étais retournée pour constater que Regina dormait maintenant sur le ventre, un bras replié sous l’oreiller. Les draps laissaient la moitié de son dos nu et, avant de partir, je la recouvrais totalement déclenchant un autre soupir de la part de la belle endormie. Puis, un sourire sur le visage à la vue du maire paisiblement plongée dans les bras de Morphée, je m’étais enfuie. J’avais de suite compris mon erreur quand, les jours suivants, j’avais remarqué son absence au poste. Vainement j’avais tenté de l’appeler le soir mais à chaque fois mes appels sonnaient dans le vide. Tous les soirs je reposais donc le combiné rongée par le remords. Chaque jour je tentais de la voir mais lorsque je me présentais à la mairie, elle agissait comme ci rien ne s’était passé. J’avais finis par renoncer.
Depuis, pas une nuit ne passait sans que je ne me réveille en pensant à elle, pas un jour ne passait sans que je n’espère qu’elle passe la porte du poste pour n’importe quelle raison. Aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle et c’est d’un pas las que je retournais chez moi peu après la tombée du jour, mettant fin un peu plus tôt que d’habitude à une journée aussi monotone que les précédentes. De toute façon, personne ne sortais plus de chez lui à cette heure, par le froid polaire qui s’abattait sur la ville. Une fois chez moi, frissonnante je me plongeais sous une bonne douche avant de me préparer un chocolat. Assise dans le canapé en fixant les flammes qui finissaient de consumer une bûche de la cheminée je sirotais tranquillement mon chocolat, enroulée dans une couverture quand l’horloge sonna 8h. Je n’avais toujours pas mangé. De toute façon je n’avais pas fin. Mon regard se posa sur le livre qui traînait sur la petite table basse, les lettres dorées ressortaient sur la couverture sombre. “Les hauts de Hurlevent”. Un classique apparemment. Il m’avait été conseillé par henry durant une discussion où il me racontait les histoires de son dernier livre. Contrairement à mon fils qui les dévorais les uns après les autres, je ne plongeais jamais le nez dans un livre. Je lui avais demandé d’où lui était venu ce goût de la lecture et m’avait répondu que sa mère aimait lire. Son préféré étant celui d’Emily Bronté. Je ne cache pas ma surprise d’avoir découvert en lisant le résumé que le livre préféré de notre maire était une histoire d’amour. Moi qui la pensais plutôt roman noir ou thriller. Sur un coup de tête j’avais acheté le livre et celui-ci reposais là depuis mon achat. Repliant mes genoux sous mes fesses, j’entamais ma lecture peu convaincue. Ce n’est qu’une heure et demie plus tard que je levais les yeux quand les flammes de la cheminée n’étaient plus que braises fumantes. Soufflant, je décidais de finir mon chapitre avant d’aller remettre une bûche. 10h20. Je lisais toujours. Cette fois ce furent des coups sur la porte qui me sortirent de ma rêverie. Des petits coups faibles suivis de chuchotements. Le livre ouvert déposé à l’envers sur la table, je dépliais mes jambes ankylosées avant de me diriger vers la porte. J’ouvrais sans regarder par le judas, prête à envoyer balader la personne qui me dérangeait si tardivement. Mais jamais je ne me serais attendue à trouver derrière ma porte… “Miss Mills? Henry?” “Salut ‘ma!” “Miss Swan.” Le ton froid et détaché du maire me fit me redresser. Derrière Henry, les mains posées sur les épaules du garçon, Regina semblait tendue. “Un problème?”
“Je suis désolée de vous déranger si tard mais un récent appel m’a obligé à changer mes habitudes pour le week end et je ne vais pas pouvoir m’occuper d’Henry alors plutôt que d’appeler une baby sitter j’ai pensé que vous pourriez le garder. Je sais que ce n’est pas contraire à l’accord que j’ai passé avec James mais je vous assure que je ne peux pas faire autrement. Si vous acceptiez ce service je vous en serez-”. “Aucun problème.” La coupais-je “Garder Henry n’est pas une corvée au contraire J’envoyais un clin d’oeil au garçon qui souriait. “Très bien alors je vais vous laissez” Elle se baissa à l’attention d’Henry “Sois sage avec ta mère et n’oublie pas les devoirs…” “Oui maman…” Dit-il d’une voix lente. Je la regardais étreindre Henry et comme ci mon regard devenait trop pesant, elle se releva et tourna les talons sans un mot supplémentaire. En l’espace d’un instant elle quitta l’immeuble laissant derrière elle son parfum enivrant qui lui aussi s’évapora trop rapidement. Je refermais la porte et fixais mon fils qui venait de déposer son sac. “Bon alors…c’est quoi la vrai raison?” “C’est ce qu’elle t’a dit.” Je savais qu’il y avais autre chose derrière tout ça et tandis que je le fixais les bras croisés, je le voyais tanguer sur ses deux pieds. “Henry…” “Elle m’a fait promettre” “Elle n’en saura rien” “Sûr?” “Sûr.” Je lui adressais un clin d’oeil qui me valut un sourire. “On a une panne de chauffage a la maison. Depuis cet après midi. Au début ça allait mais là il y a même plus d’eau chaude. Et il y a un quart d’heure l’électricité c’est aussi arrêtée.” “Oh…”
J’imaginais la grande maison plongée dans la pénombre simplement éclairée par des bougies et la grande cheminée du salon. Mais même avec une cheminée comme celle-ci, par le froid qu’il faisait la maison serait impossible à réchauffer. “Et ta mère?” Cela ma frappa soudainement. Si Regina me confiais Henry c’est qu’elle savait que l’électricité et le chauffage n’étaient pas sur le point de revenir. “Ben je lui ai dit que tu accepterais sûrement de l’héberger mais…” Penaud, il fixais ses pieds, devant mon air insistant il continua. “Quand j’ai parlé de ça elle s’est énervée tout de suite et m’a dit qu’il était hors de question qu’elle passe la nuit ici. Elle m’a fait promettre de rien te dire… Dis, il se serai pas passé quelque chose?” Sa question le fit lever la tête. “De quoi tu veux parler?” “Je sais pas, depuis quelques jours elle est bizarre dès que je parle de toi…” “Parce que tu parles de moi à ta mère? En bien j’espère!” Mon ton moqueur le fit lever les yeux et dans les secondes de silence qui suivirent, mon esprit marchait à toute allure. La conclusion de mes calculs vint rapidement : c’était l’opportunité de me racheter auprès de Regina. “Vous êtes venus à pied?” “Oui pourquoi?” “Rien, reste là je reviens vite.” En un instant j’enfilais mes bottes et sortais de l’appartement. Si elle était venue à pied, je pouvais rapidement la rattraper et la convaincre de rester.
Dehors le vent soufflait, plus menaçant que jamais et les plaques de glace sur le trottoir luisaient sous les reflets dorés de la pleine lune. Sous mes pas mals assurés, la glace craquait rompant le silence dans lequel étaient plongés les rues de Storybrooke. A cette heure, quelques fenêtres étaient encore allumés et partout les cheminées crachaient d’épaisses volutes de fumées. Ça et là les tas de bois s’entassaient parfois déstabilises par le manque d’une bûche qui
rougeoyait maintenant dans un foyer. Je me concentrais sur mes pas pour ne pas tomber et abordais le premier virage. Immédiatement après avoir changé de rue je l’aperçus. Les mainsplongées dans les poches de son manteau, elle ne ressemblait qu’à une ombre mal équilibrée et chancelante. Je m’approchais et je pouvais la voir hésiter de plus en plus, exposant ses mains à l’air libre pour tenter de reprendre son équilibre. Rapidement j’arrivais à sa hauteur quand des flocons se mirent à tomber. “Regina!” Elle sursauta et se tourna même si je ne doutais pas qu’elle m’ai reconnue. “Miss Swan, qu’est-ce que vous faites là? Où est Henry?” “Il est chez moi, ne vous inquiétez pas pour lui.” “Je peux savoir pourquoi vous me suivez?” Son attitude défensive me fit sourire. Elle était toujours sur ses gardes… “Henry m’a dit pourquoi vous me le confiez ce week-end…” “Oh” “Ce n’est pas de sa faute, il doit s’inquiéter pour vous.” “Oui, enfin cela ne réponds toujours pas à ma question.” “Je voulais vous proposer de rester chez moi le temps que vos problèmes soient réparés.” “Merci mais ça ira. Bonne soirée Miss Swan.” Elle tournait déjà les talons, mais je ne pouvais pas la laisser s’échapper, pas si facilement. “Regina attendez!” La neige tombait à présent en gros flocons, recouvrant le paysage d’une fine pellicule blanche. Je fis quelques pas pour la rattraper et une fois son bras à portée de main la fit se tourner, trop rapidement peut être. La neige fraîche accumulée sous ses bottes la fit certainement perdre adhérence et je la vit partir dangereusement à l’arrière. Alors, dans un réflexe, elle s’accrocha à mon bras et fut attirée vers moi. Je me retrouvais presque collée à elle. Nos souffles courts formaient une seule et même volute de fumée blanche et ce n’est qu’au bout de quelques secondes qu’elle s’écarta.
“Ça va?” “Ça va parfaitement bien merci.” Son ton était sec, cassant, totalement différent du regard que j’avais pu capter quelques secondes plus tôt. “Écoutez, j’ai une chambre libre. Cette nuit dormez chez moi, je prendrais le canapé et demain même si le problème n’est pas réglé vous pourrez retourner chez vous.” “Je vous le redis, non merci.” “Regina, ne soyez pas stupide! Vous allez attraper la mort dans cette grande maison sans chauffage!” “Stupide? C’est vous qui me courrez après par cette nuit glaciale sans même avoir enfilé un pull et c’est moi qui suis stupide?” Je regardais mon manteau, les pans ouverts dévoilaient le léger tee-shirt que je portais. Le refermant je soufflais. Cette femme allait me rendre dingue. “Ce n’est pas ce que je voulais dire. Mais mettez nos…désaccords de côté et venez passer la soirée au chaud avec votre fils. Je vous promets de ne pas vous ennuyer.” Elle semblait réfléchir un instant et je savais qu’au fond elle mourrait d’envie de me décoller une gifle magistrale. Après tout elle aurait peut être dû. C’est moi qui lui disait d’oublier nos conflits alors que c’est à cause de moi que tout avait commencé. J’attendais à ce qu’elle se mette à sortir toutes les choses qu’elle me reprochait mais rien ne vint. Encore une fois, elle avait revêtu son masque de glace et ne semblait pas disposée à le briser. “Bon. Mais une seule soirée.” Je ne répondais pas mais rebroussais chemin en frissonnant. Les flocons continuaient à tomber et dans les rues décorées aux couleurs de Noël, on ne distinguerait bientôt plus le trottoir de la route si cela continuait ainsi. Jusqu’à l’appartement, aucun mot ne fût prononcé et je cherchais déjà une marnière d’aborder la discussion que je rêvais d’avoir avec elle depuis se fameux soir, sans risquer de provoquer sa colère au premier mot. La soirée risquait d’être longue. Dès notre arrivée à l’appartement, la chaleur du feu commença à me réchauffer. J’avais passé peu de temps dehors mais la morsure du froid n’avait pas tardé à m’attaquer. Une fois déchaussées et les manteaux retirés je proposais un café à Regina en lui indiquant de s’asseoir sur le canapé en attendant. Je la regardais s’installer près d’Henry qui partagea la couverture dans laquelle il s’était réfugié. Discrètement, il lui glissa quelques mots à l’oreille.
“Je suis désolée maman, j’avais promis mais je ne voulais pas que tu passes la nuit à la maison, au froid”. La réponse de Regina n’arriva pas jusqu’à moi mais au vu du sourire amusé de la brune j’imaginais qu’elle le remerciait de prendre soin d’elle même si cela lui avait valu de rompre sa promesse. Le café et les chocolats servis, je les rejoignais dans le salon, prenant place dans le fauteuil en face du canapé. Sans le relever à haute voix, je remarquais les doigts rougis de la brune qui s’était empressée de les enrouler autour de la tasse fumante. Henry lui buvait son chocolat à grande gorgées. Une fois la tasse terminée, il posa sa tête sur l’épaule de sa mère en me souriant. Je savais qu’il était content de nous avoir réunies mais après de longues minutes, ses paupières commencèrent à se fermer. Regina passa sa main dans les cheveux de notre fils avant de l’embrasser tendrement sur le front. Notre fils. C’était étrange de dire cela. Étrange mais bizarrement agréable. “Il serait peut être temps d’aller au lit tu ne penses pas mon chéri?” J’aimais sa voix douce lorsqu’elle s’adressait à lui. C’était presque le même ton qu’elle avait employé ce fameux soir. Henry se leva me sortant de mes pensées. “Viens, je vais te donner ton pyjama.” Moi qui d’ordinaire ne faisait la lessive qu’à la dernière minute j’étais heureuse d’avoir prit un peu d’avance cette fois ci. Une fois déshabillé et couché, je quittais Henry pour retourner au salon au Regina fixait les flammes, les jambes pliées sous elle. “Vous pouvez y aller.” “Pardon?” Elle me fixait d’un regard interrogateur alors d’un signe de tête je lui indiquait la chambre d’Henry. “Il attend votre bisou.” “Oh…” Elle passait devant moi avec un sourire non dissimulé. Peut être s’attendait-elle a ce que ici Henry fasse comme ci elle n’existait pas? Pourtant il avait réclamé la brune alors que je sortais de sa chambre. Je décidais de ranger un peu la cuisine en attendant que la brune revienne. Je tâchais surtout de m’occuper puisque je savais que si je m’installais dans le canapé, quand elle reviendrais elle s’installerait dans le fauteuil pour éviter la moindre proximité. Je ne pouvais pas la blâmer pour ça. Mais ce soir était le seul moment où ce qu’il s’était passé chez elle trouve des réponses et je n’étais pas prête à laisser passer ça.
Comme prévu elle sortit de la chambre d’Henry pour retourner dans le salon en m’ignorant totalement au passage. Quelle imbécile j’avais été de partir… De toute façon si j’étais restée elle m’aurait certainement mise dehors et la situation serait aujourd’hui la même peut être même pire. Une fois la tâche finie, je retournais dans le salon. Les flammes commençaient alors en voyant Regina s’enrouler un peu plus dans la couverture, je rajoutais une bûche. En tisonnant le feu, je sentais son regard sur moi, son regard brûlant. Avec un demi sourire je me retournais et elle déviait le regard. En reprenant ma tasse je m’installais sur le canapé du côté opposé à la brune. Silence. Dans l’appartement seuls résonnaient le crépitement des flammes et le tic tac de l’horloge qui affichait presque minuit. “Vous n’avez pas froid?” je demandais en la sortant de ses pensées. “Non” Sa voix n’avait plus rien d’agressif ni de cassant. Au contraire. Elle était douce, posée, à la fois grave et légère. Comme lorsqu’elle m’avait chuchoté des mots doux à l’oreille durant notre nuit. Les images me revinrent en tête. Ses gestes tendres et ses caresses sensuelles, la douceur de sa peau sous mes lèvres avides qui embrassaient chaque parcelle de son corps, la moiteur de son corps alors que mes caresses lui arrachaient de plus en plus de soupirs. Et puis ses baisers, à la fois pleins de pudeurs et si passionnées. Ses lèvres douces, sa langue qui jouait contre la mienne tandis que mes mains s’aventuraient de plus en plus bas. Les gémissements que je lui arrachait et puis il y avait eu mon nom. Mon nom qu’elle avait murmuré en se retenant de crier quand tout son corps s’était tendu. Les images me revenaient à l’esprit comme une claque en pleine figure, plus nettes que jamais. A vrai dire je m’étais fait violence pour ne pas repasser se film dans mon esprit jusqu’à cet instant. Cet instant où j’étais incroyablement proche de l’objet de mes désirs. Je pourrais tuer pour une autre nuit comme celle là, juste pour une nuit. “Miss Swan je…” Cette fois ce fut elle qui me sortit de mes songes et heureusement elle ne sembla pas remarquer mes joues rosies. “Oui?” je répondis naturellement. Je répondrais oui àtout ce que tu me demanderais si c’était pour reposer mes mains sur toi…
“Je voulais vous remercier pour cette nuit.” Je manquais de m’étouffer avec ma propre salive.
“C’est très gentil de votre part de m’héberger.” Le sourire était de circonstance mais je sentais bien qu’elle n’était pas honnête. Alors peut être pour éviter mon regard où tout simplement pour changer de sujet, son attention se porta sur le livre toujours posé ouvert contre la table. “Et bien, je ne vous pensait pas du genre à lire. Surtout quelque chose de ce genre…” “Ah oui?” “Oui.” “A vrai dire, en entendant les récits d’Henry je me suis dit qu’il faudrait que j’essaie au moins une fois de lire un livre entièrement. Je suis allée à la libraire et j’ai choisit un peu au hasard.” “Le hasard nous fait parfois bien des surprises pas vrai?” J’étais sûre qu’elle avait comprit pourquoi j’avais choisit ce livre en particulier mais je ne dis rien. Après ce bref échange, la pièce retomba dans le silence. Les minutes passaient, longues et interminables. Nous en étions à notre énième café quand je finis par ne plus pouvoir garder le contrôle. “Regina, il faut que je vous parle…” “Non.” Je restais interdite. Alors c’était ainsi? Nous allions taire à jamais ce que nous avions fait? Je refusais cette solution. “Nous devons parler.” “Je n’en ai pas envie, maintenant Miss Swan, laissez moi.” “Non” Elle s’était levée et se mit à me fixer. La partie allait être très dure. “Bien” Je pensais qu’elle allait me laisser m’expliquer mais elle n’en fit rien, au contraire. Elle attrapa son sac, enfila son manteau et sortit de l’appartement sans un mot. Moi? J’étais restée bouche bée sur le canapé. Je ne pouvais pourtant pas la laisser partir ainsi, il fallait que je prenne mon courage à demain et que j’assume enfin mes actes. Sans réfléchir je sortais moi aussi après avoir enfilée ma veste ainsi que mes bottes et me retrouvais donc dehors en débardeur, pull fin et veste légère. A peine le pied dans la neige je la repérais et me mettais à courir.
“Regina!” La neige tombait maintenant à gros flocons et tout le paysage était recouvert d’une épaisse couche de neige. Je commençais déjà à grelotter mais peu importe, je continuais ma course pour la rattraper rapidement. “Regina attendez!” “Laissez moi tranquille Miss Swan” J’étais enfin suffisamment proche pour agripper son bras, la seule chose que je n’avais pas prévu était la couche de glace toujours présente sous la neige. Alors que je venais de la rejoindre, mon pied glissa et je l’entraînais bien malgré moi dans ma chute. Heureusement la couche blanche amortit l’atterrissage. Allongée dans la neige qui transperçait mes vêtements pour venir me glacer le sang, je sentais le corps de la brune sur moi. Mais ce moment ne dura pas et quand je la sentis se relever d’un bond, je restais comme pétrifiée, étendue là. “Je n’ai pas envie de parler avec vous. Ni aujourd’hui, ni demain, ni après demain, ni jamais. Est-ce clair? Alors maintenant vous allez me laisser tranquille!” Un doigt accusateur pointé sur moi, sa colère redescendit en l’espace de quelques secondes, aussi subitement qu’elle était montée. Sans rien dire de plus, elle tourna les talons et se remit à marcher. Pourtant je n’étais pas décidée à laisser tomber facilement. Je me relevais également et profitais de ne pas être encore trop loin d’elle. “Regina…revenez…arrêtez de faire l’enfant…” J’étais entrain de retirer la neige de mes vêtements quand, du coin de l’oeil, je vis ses poings se serrer. Ce n’étais certainement pas la phrase à dire. Et merde… Lentement, ses talons pivotèrent dans la neige pour révéler son sourire carnassier. “Pardon?” “Je disais-” “Je sais parfaitement ce que vous venez de dire” Je ne comprenais pas vraiment ce changement soudain, je savais juste que j’allais avoir des ennuis. “Et qui de nous deux fait preuve d’un comportement immature Miss Swan? Moi? Non, je ne pense pas.”
“Regina, je-” “Vous voulez parler? Et bien alors allez y, je vous écoute! Sachez que c’est là la dernière fois ou je prête attention à ce que vous allez me dire alors choisissez bien vos mots.” Silence. Les mots m’échappaient. Tous les beaux discours que j’avais pu préparer depuis des jours s’étaient envolés. Comme si mon habilité à réfléchir s’était terrée dans un coin de mon cerveau me laissant là, les bras ballants et la bouche ouverte. Regina elle, avait croisé les bras et me regardait les sourcils levés. Elle attendait. “Je suis désolée.” C’est tout ce que j’avais été capable de lui dire. Elle ne dit rien pendant quelques secondes et puis, voyant certainement que rien d’autre ne venait elle s’était mise à rire. A rire. “C’est tout? C’est donc là tout ce que vous avez à me dire? Je suis désolée?” Elle continuait de rire en marchait sur le trottoir, les bras ouverts. “Elle est désolée!” répétait-elle en riant. Et moi je restais là, sans rien dire et quand elle revint vers moi, pointant un index accusateur vers ma poitrine je sentit un frisson me parcourir le dos. “Vous pouvez être désolée Shérif. Vous n’auriez jamais du poser les mains sur moi ce soir là, personne ne profite de moi impunément!” Cette fois, c’est comme ci tout mon esprit venait de se réveiller, de se remettre à fonctionner. “Attendez un peu, je n’ai pas profité de vous, vous étiez consentante je vous rappelle!” “J’avais bu et vous avez profité de ça.” “Bu? Vous sembliez pourtant particulièrement sobre quand ma tête était entre vos cuisses.” Je dois dire que je ne l’ai absolument pas vu arriver. Rien n’aurait pu prédire ça, pas une seule expression sur son visage, pas un mouvement ne m’avait permis d’esquiver. Une gifle magistrale voilà ce que m’a valu mon retour de force. Le son résonna dans ma tête comme dans la rue déserte. “Comment osez-vous? Moi qui vous pensais différente, vous êtes finalement comme tous les autres.”
Je l’avais blessée c’était certain mais ne comprenais pas franchement comment. Alors une nouvelle fois je me mis à sa poursuite et la rattrapait rapidement. “Hey, attendez, qu’est-ce que vous voulez dire par là?” Et une nouvelle fois je la forçais à se retourner pour me faire face. “Je veux dire que comme tous les autres, vous avez réussit ce que vous vouliez, vous avez passé la nuit avec moi. Pourquoi? Ça je ne sais pas, peut être pour accomplir quelque fantasme tordu ou bien vous moquer. Tout ce que je sais c’est que une fois votre but atteint, vous vous êtes évanouie dans la nature. Bien évidemment vous avez essayé de vous excuser et si je daignais vous écouter peut être même essayeriez vous de m’expliquer que tout ça était une erreur, que je ne sais quelle raison vous a poussé à ça. Mais voyez vous, je n’ai rien, absolument rien à foutre de vos excuses.” Et inlassablement, elle tourna les talons. Inlassablement je la rattrapais et la faisait se retourner. Mais il semblait que cette fois elle ne s’attendais pas à cette réaction puisque je pouvais voir des larmes briller au bord de ses yeux. Cette vision me déstabilisa. Je ne me rappelais même pas avoir vu pleurer la brune depuis mon arrivée. Quand elle se défit de mon emprise je parvins enfin à articuler, en fixant ses yeux sombres. “Je ne voulais pas m’excuser d’avoir passé la nuit avec vous. Je voulais le faire pour m’excuser de m’être enfuie.” “C’est la même chose, maintenant laissez moi”. “Non, c’est différent. Je ne suis pas partie parce que j’avais eu ce que je voulais comme vous dites, je suis partie parce que j’ai eu peur.” “C’est bien ce que je disais vous êtes comme tous les autres. Tout le monde a peur de moi. Je peux le comprendre, en admettant la possibilité que quelqu’un ai des sentiments pour moi, qui se risquerait à tenter quoi que soit avec la méchante reine?” Elle rit à nouveau, un rire ironique. “Moi Son rire s’arrêtât, elle me fixait. Je ne savais pas comment elle allait réagir mais je continuais. “J’ai eu peur que dès votre réveil vous me mettiez dehors sans concession.” “C’est exactement ce que j’aurais fait. C’est ce que je fais à tous ceux qui profitent de moi, je les jette hors de ma vie.”
“Mais bon sang, je n’ai pas voulut profiter de vous!” “Et pour quelle autre raison avez-vous agi ainsi!” “Parce que j’ai des sentiments pour vous!”