Redqueen611 loin du froid de decembre part2

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J’avais presque crié. Je m’en suis rendue compte une fois ma phrase finie. Le silence de la rue ne s’en fit que plus profond encore. Nous étions maintenant toutes les deux recouvertes de flocons et les aiguilles de la grande horloge indiquaient que minuit était dépassé. “Ne me faites pas rire.” Pourtant son ton n’avait rien d’amusé, elle me demandait simplement de ne pas lui donner de faux espoirs. Pour la première fois j’avais en face de moi une femme fragile, abîmée, malmenée par la vie. Une femme que personne ne connaissait réellement et que personne n’avait envie de connaître. Et pourtant moi je voulais la connaître. Je voulais savoir ce qu’elle aimait, ce qui la faisait rire et pleurer, les choses dont elle avait peur et ce qu’elle espérait tout au fond d’elle. “Je ne plaisante pas. Et je sais que vous aussi vous ressentez autre chose que de la haine à mon égard. Sinon pourquoi est-ce que vous réagiriez ainsi.” Elle commençait à plier. J’avais touché la corde sensible. “Regina, je ne veux pas que vous pensiez que tout cela est une ruse, que ce ne sont que des belles paroles mais jamais durant cette soirée je n’ai eu d’arrière pensée. J’ai agit sans réfléchir, je me suis laissée allée à faire ce que je voulais faire depuis longtemps. Je vous ai embrassé. Et puis sans m’en rendre compte j’ai atterri dans vos draps. Prenez ma fuite pour un affront, pour une insulte, un coup monté n’importe quel motif qui traverserai votre esprit tordu mais ce n’est en aucun cas pour ça que je suis partie. J’ai toujours fui devant les difficultés et c’est ce que j’ai fait ce matin là. Après tout les vieilles habitudes ont la vie dure, vous devez le savoir mieux que quiconque.” Cette fois, j’eus le temps de réagir. Sa mâchoire s’était tendu tout au long de mon discours et elle s’était sans aucun doute mordu les joues jusqu’au sang pour ne pas réagir plus tôt. Alors quand elle leva la main pour m’assener une seconde gifle c’est presque automatique que mon poignet intercepta son bras. Je la tenais fermement la peau entre mes mains et je la faisait avancer vers moi. Sa mâchoire ne s’était pas détendue et il ne manquait plus qu’un mot pour qu’elle ne perde le contrôle. “Je suis désolée de vous avoir abandonnée.” Un sourire ironique s’afficha sur son visage. “Je n’ai pas besoin de vous Miss Swan, ne de votre compassion. Ma vie est, ou devrais-je dire était infiniment mieux sans vous.” “Vous savez que ce n’est pas vrai.” “Je pense bien que si au contraire.”


Son visage, autrefois dur comme la pierre, commençait à craqueler. Sa mâchoire plus contractée que jamais m’indiquait que j’étais sur la bonne voie. Elle était dans ses derniers retranchements et elle n’allait pas tarder à déposer les armes. Mais pour cela il fallait que je trouve les bons mots. Moi qui n’avait jamais été très douée pour les discours, je me trouvais ce soir là une nouvelle force pour la faire craquer. “Vous n’avez pas à vous cacher devant moi. Je suis certainement la personne qui vous connaît le mieux dans cette maudite ville.” Elle ne dit rien, ses yeux noirs comme la nuit me fixaient, comme pour sonder mon âme. Une fois encore le silence s’installa entre nous. Un silence pourtant plus révélateur que milles mots. “Nous devrions rentrer” Malgré son ton froid, elle avait perdu toute animosité. Et je remarquais quand ses yeux glissèrent vers son bras que ma main tremblait furieusement. De froid? Peut être un peu. D’anxiété? Surtout. Je la lâchais, elle me contourna pour reprendre la route vers mon appartement. J’avais gagné une bataille certes, mais la guerre n’était pas finie. Si seulement elle savais que tout ce que je voulais à cet instant c’était me réfugier dans ses bras. Lui dire a quel point elle me manquait, combien de fois j’avais rêvé de son corps contre le mien, combien de fois j’avais eu envie de m’introduire chez elle à la nuit tombée. Comment j’avais d’ailleurs faillit entrer chez elle par effraction deux jours après notre nuit, juste pour pouvoir lui parler. Et comment ce même soir, après avoir résisté à l’envie d’entrer chez elle, j’avais prit une cuite mémorable. J’entendis ses pas craquer sur la neige, dans cette rue déserte. J’avais froid, j’avais faim. Faim d’elle. Alors une dernière fois ce soir là, je me suis mise à sa poursuite, une dernière fois je l’ai rattrapée et forcée à me faire face. Mais pour la première fois j’ai prit mon courage à deux main, l’ai plaquée contre le lampadaire prêt d’elle et ai posé mes lèvres sur les siennes. Elle y répondit aussitôt, comme si elle n’avait attendu que ça. Ses lèvres avaient un goût de miel, la douceur du soleil de printemps, son odeur enivrait tout mes sens et malgré le froid polaire qui nous entourait, une chaleur apaisante envahit tout mon corps. Je grognais de plaisir quand je sentis sa langue, avide, pressante,contre mes lèvres. Avec délectation je lui laissais accès pour un ballet langoureux. Elle posa ses mains sur mes joues rougies par le froid alors que je pressais mes mains sur ses hanches. Finalement c’est à bout de souffle que nous nous séparèrent. Front contre front, haletantes. “Je te déteste” Je répondit sur le même ton “Je sais, moi aussi…” Lentement, nous reprenions notre respiration. Je sentais mon coeur battre au travers de ma poitrine et le sang tambouriner dans mes tempes.


“Regina, je suis tellement désolée…” “Tais-toi et rentrons.” Je souriais et elle se mit à courir vers mon appartement. Alors encore une fois je me mis à sa poursuite. Sauf que cette fois je n’avais plus besoin de la rattraper pour qu’elle soit à moi. Rentrées à l’appartement, j’allais vérifier qu’Henry dormait toujours profondément. En revenant dans le salon, je tombais sur Regina qui se tenait derrière le canapé, me tournant le dos. Lorsque le parquet trahit ma présence elle se retourna. Ses cheveux bruns humides retombaient doucement sur ses épaules, son nez et ses joues étaient rougis par le froid. Mais le détail qui m’interpella fut ses yeux où je pouvais y lire l’incertitude, l’hésitation. Tout cela devait être nouveau pour elle et après l’avoir peu ménagée dans la rue il fallait maintenant être très vigilante à ce que je disais. Je notais qu’elle n’avait retiré ni son manteau ni ses gants. Elle était prête à prendre la fuite au moindre moment. “Un problème?” Demandais-je doucement en m’approchant d’elle alors qu’elle passait une main dans ses cheveux. Mauvais signe. C’est pourtant d’une voix mal assurée qu’elle me répondit. “Je…je voudrais savoir ce qu’il va se passer maintenant…” Elle triturait ses gants de cuir noir et son souffle court soulevait sa poitrine à un rythme régulier. “Maintenant?” “Après ce qu’il vient de se passer. Ce n’est pas anodin. Je voudrais savoir ce qu’il se passe entre nous Miss Swan.” “Vous voulez mettre un mot sur ce qu’il se passe entre nous? C’est bien ça?”. “Vous….oui, c’est exact.” “Hum hum….” Je m’approchais doucement, un sourire sur les lèvres. Elle était déstabilisé mais pas en colère. Elle était juste confuse. La grande Regina Mills troublée par ce qu’elle ressentait pour moi. Cette phrase semblait incroyablement belle. Alors c’est toujours avec des gestes d’une lenteur calculée que je pris ses mains pour lui ôter ses gants. “Et si on se contentait juste de faire ce que l’on veut? Si on ne se préoccupait pas d’un titre sur cette…histoire.” Je savais que le mot relation l’aurait fait fuir. Alors c’est en redoublant d’attention que je continuais en m’attelant au déboutonnage de son manteau.


“Parce que un geste, un regard valent mieux que mille mots. Si un jour vous ressentez vraiment le besoin de mettre un mot alors nous le ferons. Mais pour le moment contentons-nous de faire ce que bon nous semble. Par exemple…” Le manteau glissa de ses épaules pour se poser en une masse informe sur le sol. Moi, trop préoccupée par les yeux de la maire, je ne fixais rien d’autre que ces orbes d’un noir profond. “…si là maintenant j’ai une envie folle de t’embrasser…j’aimerais pouvoir le faire… sans penser aux conséquences” Je ponctuais mes paroles d’un rapprochement discret qui m’amena au plus proche de ses lèvres. Je sentais son souffle sur les miennes, son parfum, l’odeur de sa peau, ressentais chaque frisson sous mes doigts, posés sur ses avant-bras. N’ayant aucune réponse de sa part je posais mes lèvres sur les siennes. Son soupir m’indiqua que j’étais sur la bonne voie et nos langues s’unirent à nouveau, cette fois dans un baiser doux et lent. En me séparant d’elle, je prenais sa lèvre inférieure entre mes dents avant de la libérer complètement. Les yeux fermés, elle réussit à articuler dans un souffle. “Je pense que ça me convient.” Quelques secondes passèrent alors que nous avions gardé nos yeux fermés. “Alors maintenant voilà ce qu’on va faire, je vais aller chercher le reste de vin chaud que j’ai, et on va le boire sur le canapé tranquillement. On va passer la soirée ensemble, tout simplement, sans se poser d’avantage de questions.” Je la laissais s’installer tandis que je faisais chauffer le reste du vin. Une fois les boissons prêtes et servies, je me rendis dans le salon. La cheminée brûlait doucement et la bûche n’était plus qu’un tas de cendres fumantes. Les tasses posées je me retournais vers le canapé pour un scène qui fit me laissa sans voix. Regina, le maire respecté et craint, l’ancienne reine, la Regina Mills qui faisait trembler toute la ville, la femme que personne n’osait défier même du regard… Cette même femme était à cet instant assise sur mon canapé, les genoux ramenés contre sa poitrines, scrutant le moindre de mes gestes “Je vais aller chercher une bûche, je reviens tout de suite.” “Aucun souci…” Je me dirigeais vers la porte mais fit demi-tour au dernier moment. Arrivée derrière le canapé, j’attrapais délicatement la brune sous son menton, la faisant sursauter. Elle ne m’avait certainement pas entendue. Sans attendre je fis basculer son visage


vers l’arrière pour pouvoir poser mes lèvres sur les siennes. Un simple baiser, furtif et rapide. Mais tellement bon. “Maintenant que je peux faire ça, je compte bien en profiter.” Murmurais-je contre ses lèvres avant de descendre les escaliers de l’immeuble deux par deux et de remonter aussi vite. Une fois la bûche placée dans la cheminé je m’asseyais sur le canapé, sous le regard de Regina. Je lui tendis la tasse fumante avant de m’emparer de la mienne. “Alors…” elle s’éclairci la gorge et je relevais la tête, déposant mes yeux sur elle. “Les Hauts de Hurlevent, hein?” Son regard rieur fixait la table avant de revenir sur moi. Je répondis en haussant nonchalamment les épaules. “Le hasard…”

Je me sentais incroyablement bien ce matin-là, malgré le peu d’heures de sommeil que j’avais eu. Alors que le café coulait doucement dans la cafetière, je poussais la porte de la chambre d’Henry pour aller déposer un baiser sur son front avant de sortir, sans un bruit. Sans perdre mon sourire je passais dans ma chambre et restais quelques instants à la porte à regarder le spectacle qui s’offrait à moi. Dans mon lit et dans l’un de mes tee-shirts Regina dormait sur le ventre, un bras sous l’oreiller, de la même manière que son fils. Sans trahir ma présence je m’approchais et déposais un baiser sur ses lèvres avant de repartir en entendant un soupir de sa part. Malgré ma réticence à quitter mon lit et les bras de Regina, il fallait que j’aille en ville m’assurer que personne n’avait de soucis à cause des intempéries et je sentais bien que la journée n’allait pas être rose. La neige étant tombée toute la nuit, il était presque certain que des arbres n’avaient pas résisté et je devais être là pour superviser les opérations de déblayage. Je buvais tranquillement mon café, emmagasinant le plus de chaleur possible avant de sortir dans le froid quand la porte de ma chambre grinça sur ses gonds laissant apparaître Regina, les traits tirés et les cheveux en bataille. Malgré mon sourire je pouvais voir son regard interrogateur. “Bonjour beauté…” je lui lançais avec un sourire “Tu es déjà levée?” Elle s’avança doucement vers moi, hésitante. Se pourrait-il qu’elle ait cru que j’allais encore une fois m’enfuir? Même si c’était techniquement impossible vu que l’on était chez moi… Pourtant j’avais prévu cette réaction et avais déposé un petit mot sur la table de chevet, mot qu’elle n’avait apparemment pas vu.


“Je t’avais laissé un mot” “Oh…” Je lui servais un café et lui tendais la tasse. “Même si ça ne m’enchante pas dans un jour comme aujourd’hui, il faut que j’aille à la station, superviser le nettoyage des rues et m’assurer que les gens vont bien.” “Ah” C’est comme si je lui avais retiré un poids et lorsqu’elle s’accouda au comptoir de la cuisine je me plaçais derrière elle. D’un geste, je déplaçais ses cheveux pour pouvoir embrasser son cou. Avec un soupir, elle posa sa tête contre la mienne, les yeux clos. “J’aurais tellement préféré rester avec toi ce matin… Mais le Shérif ne peux pas s’absenter…” “Il faut que j’aille à la mairie. M’assurer que tout va bien.” Grogna-t-elle. Je souriais et la faisait pivoter pour qu’elle se retrouve face à moi. “Tu sais quoi? Tu n’as qu’à rester ici, tu peux bien prendre une journée de congé non?” “Je voudrais bien, mais il faut vraiment que j’y aille, je suis le mai-” Je n’en pouvais plus, la voir si près de moi, mon corps contre le sien et ses lèvres si proches… Alors je posais les miennes sur les siennes la coupant net. “Depuis que je voulais faire ça…” Murmurais-je contre ses lèvres. Je la sentais sourire alors je continuais de plus belle, écartant ses lèvres pour avoir accès à sa langue. Accès qu’elle m’accorda sans hésitation, relançant même le baiser. Il fallait pourtant que je m’arrête, mes mains commençaient à passer sous le teeshirt légèrement cintré que je lui avais donné pour dormir, sachant pertinemment qu’il épouserait ses courbes. Et si jamais je ne me stoppais pas là, la température risquait de monter un peu trop. Alors j’arrêtais doucement, gardant tout de même le contact avec ses lèvres quelques secondes de plus avant de reculer. “Je ne vous pensais pas aussi avide madame le maire” dis-je en souriant alors qu’elle s’approchait à nouveau de moi. Son sourire s’agrandit.


“Et moi je pensais que vous pouviez mieux faire question baiser. Shérif.” Elle me provoquait et j’adorais ça. “Donner moi l’occasion de vous le montrer ce soir et je vous assure que vous ne serez pas déçue.” Je me penchais une nouvelle fois mais au dernier moment m’arrêtait. “A ce soir…” Et je sortais en souriant alors que je pouvais deviner l’air frustré sur son visage.

Comme je l’imaginais la neige avait fait beaucoup de dégâts aux installations vieillissantes de la ville. Des arbres avaient cédé sous le poids de la neige sur leurs branches, arrachant câbles et poteaux électriques dans leur sillage. Certaines toitures quant à elles s’étaient également affaissées, fragilisées par le mauvais temps qui durait depuis maintenant un moment et achevées par la poudreuse tombée abondamment cette nuit-là. Les rues commençaient à reprendre aspect normal. Les services de la ville et les courageux habitants travaillaient conjointement pour permettre la circulation. Les gens balayaient leurs pas de porte, créant un chemin entre les congères à grands coups de pelles et de lancer de gros sel pendant que les services municipaux déblayaient la route, quelque peu débordés devant l’ampleur de la tâche. Regina quant à elle s’occupaient des compagnies d’électricité, hurlant au téléphone pour qu’ils agissent au plus vite. Je le savais car, alors que j’allais constater les dégâts du toit d’une salle de la mairie, je l’avais aperçue, le téléphone à l’oreille devant un pylône couché sur le sol. Et au vu de l’air sur son visage même si je ne connaissais pas la personne à l’autre bout du fil, je ne pouvais ressentir que de l’empathie envers elle. Le midi elle m’avait appelée, m’informant qu’elle avait déposé Henry chez mes parents. Je lui avais alors proposé de passer chez elle le soir même, pour voir si je pouvais faire quelque chose pour son chauffage.

C’est ainsi qu’après ma journée de travail, je montais les marches de la grande maison en me frottant les mains pour tenter de les réchauffer. Je sonnais. Personne. Elle n’était certainement pas encore arrivée alors je fis le tour de la maison dans l’espoir de trouver un générateur extérieur.


Bingo. En quelques minutes à peine, je repérais ce qui ressemblait à une grosse boîte jaune, contre le mur extérieur caché derrière une plante grimpante. Dans une posture ridicule je montais sur la plante, soufflant pour écarter les branches nues de mon visage. J’examinais un peu l’engin et décidais d’aller chercher la boîte à outils que je gardais dans ma voiture. Il fallait bien être honnête, ma coccinelle vieillissait et il était plus sûr de garder le nécessaire à porter de main en cas de panne. Revenue derrière la maison, je reprenais ma place et commençais à retirer le cache qui protégeait une sorte de gros ventilateur. Je souriais et frappait la grille derrière laquelle il se trouvait. Un des rares avantages à avoir grandi seule, c’est qu’il fallait bien se débrouiller et quand l’appartement que vous squattez tombe en panne de chauffage au beau milieu de l’hiver il valait mieux savoir le faire redémarrer. C’est quelque chose qui arrivait fréquemment sur les installations vétustes ou dans le cas présent, les hivers particulièrement rigoureux. Le moteur s’arrêtait à cause du froid et le gel prenait alors possession des pâles qui ne se remettaient plus en route. A l’aide d’un tournevis, je les grattais pour retirer la glace. “Emma?!” Je me retournais rapidement, trop rapidement même alors je me rattrapais aux branches à portée de main. Stabilisée je tournais la tête pour voir Regina me regarder les bras en avant, prête à me rattraper. Si jamais je tombais, ce ne serais pas de haut mais elle avait apparemment peur de me voir chuter. “Bonsoir!” “Qu’est-ce que tu fais là-haut?” “Eh bien, je suis arrivée et tu n’étais pas là alors je me suis dit que j’allais jeter un coup d’œil histoire de voir si je pouvais faire quelque chose…” Je reportais mon attention sur ma tâche et fut heureuse de voir qu’il ne restait presque plus rien. “Et grâce à mes incroyables compétences je crois que j’ai trouvé le problème…” Je passais ma main sous la boite et actionnais la commande de remise en route. En quelques secondes, le moteur se mit à nouveau à tourner et une fois le cache remis, je descendais en souriant. “Et voilà votre majesté… le chauffage est repartit!” Elle me sourit et je la suivis à l’intérieur.


Malgré la bonne isolation de la maison, il y régnait un froid glacial. Regina mit tous les chauffages au maximum et alluma la cheminée. Moi, restée dans l’entrée je la regardais courir de pièce en pièce, se dépêchant pour faire remonter la température. Soudain mon regard s’attarda sur ma main. J’avais, pour retirer la glace, enlevé mes gants et en me rattrapant aux branches je m’étais blessé sur les épines. Quelques gouttes rouges tâchaient le parquet impeccable et bientôt ma main fut maculée. La blessure n’était pas grande mais elle saignait beaucoup. Je venais de me rendre compte de mon état quand Regina s’avança vers moi. Ses talons qui résonnaient sur le sol me firent lever la tête et lorsque mon regard suivit le sien, je me rendit compte qu’elle fixait ma main. “Qu’est-ce que tu as?” “Ce n’est rien... Juste une coupure…” Un pansement et quelques regards réprobateurs plus tard, nous étions devant la cheminée avec un café brûlant dans les mains. La température remontait doucement dans la maison mais il ne faisait pas encore très chaud alors Regina m’avait donné une couverture avec laquelle je nous avais recouvertes avant de passer un bras autour de ses épaules. Je craignais toujours un peu ses réactions, tout était nouveau pour moi comme pour elle mais je savais qu’elle était encore inconfortable avec des gestes de ce genre. Bizarrement elle n’était pas timide lorsqu’elle m’avait embrassée hier soir ou ce matin mais était beaucoup plus réservée quand il s’agissait de marques de tendresse. Comme la vieille quand je m’étais blottie contre son dos dans le lit. J’avais pu la sentir se crisper. En même temps je ne pouvais pas la blâmer, cela ne faisait qu’une soirée que notre relation avait subitement changée. Alors c’est un peu surprise que j’avais sentis son corps se presser contre le mien et sa tête reposer sur mon épaule. “Je pourrais rester des heures comme ça…” lui murmurais-je en passant ma main dans ses cheveux. Elle sourit. “Il faudra quand même se relever, pour aller chercher Henry…” “A quelle heure on doit le reprendre ?” “Je, je ne sais pas…” “Regina, qu’est-ce qu’il y a?” Elle s’était tendue à nouveau. Pourquoi? Ça, il fallait que je trouve.


“Rien, rien du tout. On devrait y aller avant qu’il ne s’inquiète.” J’essayais de la retenir mais elle se défit de mon emprise. “Regina, je vois bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas…” Je l’entendis souffler alors que, me faisant dos elle fixait la cheminée. Toujours assise, je posais ma main sur le bas de son dos et enfin elle tourna la tête vers moi. “Qu’est-ce qu’on va dire à Henry.” Sa voix était tremblante, ses yeux brillaient à la lueur des flammes. Elle commençait à paniquer. “Pour le moment rien. Aucune de nous n’est prête à ça, d’accord? Pour l’instant on va aller le chercher chez mes parents et on rentre chez moi. Si tu veux on peut lui dire que le chauffage n’est toujours pas réparé comme ça et bien, tu passes la soirée chez moi…” Mon ton suggestif aurait dû la faire sourire, mais au contraire. Elle posa ses mains sur son visage et je pouvais l’entendre murmurer “Non, non, non…” Elle secouait la tête et ignorait mes appels alors d’un bond, je me retrouvais sur mes pieds et lui faisait face. “Regina. Hey, Gina…” D’un geste sec, je retirais ses mains pour la fixer dans les yeux. “Emma…tes parents…” “Quoi, mes parents?” Elle se mit à arpenter la pièce lentement, bras croisés, ses mains enserrant ses biceps, comme si elle tentait de se protéger. Ce changement brutal me laissait sans réaction. Elle semblait tellement sereine quelques minutes plus tôt et tout avait basculé en une seconde. Il fallait que je garde à l’esprit que cette femme était imprévisible. Fragile et imprévisible. “Tes parents, quand ils vont apprendre ce qu’il se passe… ils ne vont pas nous croire, ils vont penser que tout ça, c’est de ma faute, que je t’ai lancé un sort comme ce que j’ai fait à cette ville-” “Regina-” J’essayais de l’appeler mais elle semblait hors de ce monde, perdue dans ses noires pensées. En reprenant la parole elle s’arrêtât net et fixait un point invisible sur le mur, comme si elle venait de réaliser une évidence


“Et la ville? Qu’est-ce que vont dire les gens, ils vont encore plus me détester. Ils vont te détester parce que tu as pris mon parti, ils vont te rendre la vie impossible…” “Regina, tu paniques, calme toi…” Mes mains sur ses épaules je lui faisais face. Son regard me dévasta. “Emma tu ne comprends pas…quand tes parents vont apprendre ça, ils vont m’enfermer ou même me tuer. Ils ne te croiront jamais. Et toi, ils t’enfermeront aussi parce qu’ils penseront que tu es sous mon emprise, que tu n’es plus toit même…” Elle porta ses mains sur ses temps, comme pour stopper tout ce qui défilait dans sa tête. “Qu’est-ce que j’ai fait. Je n’aurais jamais dû-” “REGINA, arrête!!” Mes mains sur ses joues, je la forçais à me regarder dans les yeux. “Ça suffit maintenant. Alors tu vas m’écouter attentivement…” “Emma je-” “Tais-toi! Rien ne va t’arriver, tu m’entends? Rien ne t’arrivera parce que je suis là pour toi. Je ferais tout pour qu’il ne t’arrive rien. Même si il faut s’enfuir loin d’ici, loin de mes parents, loin de la ville, loin de ton passé. On s’en ira. Parce que maintenant tu n’es plus seule Regina. Nous sommes deux pour affronter tout ça et je ne te laisserais pas.” Je sentis ses mains glisser sur les miennes, enserrant mes doigts. De mon pouce je faisais disparaître l’unique larme qui avait coulé sur son visage. “Je sais que je n’ai pas été exemplaire après notre première nuit.” Cette remarque eu au moins le mérite de la faire sourire. Ses yeux se levèrent et évitèrent les miens pendant quelques instants, vagabondant dans la pièce. “Mais maintenant je suis là. Et je ne m’en vais pas.” “Ne me fais pas une promesse que tu ne tiendras pas.” Son ton me blessa mais je ne laissais rien paraître. C’était ma faute si elle pensait cela alors il fallait que je lui prouve le contraire. “Tu voulais mettre un mot sur tout ça? Très bien. Nous sommes ensemble Regina, toi et moi. Et ça veut dire que je ne te laisse pas tomber.” Jamais je n’aurais imaginé dire de telles choses à l’ancienne reine, cette femme que rien ne semblait auparavant atteindre avait désormais sa carapace qui s'effritait sous mes doigts, exposant la chair à vif. Il fallait prendre soin d’elle, s’occuper d’elle pour éviter que les murs ne se reconstruisent à nouveau, plus durs encore qu’avant. Nous avions tous nos faiblesses et malgré tous les efforts possibles, elles finissaient toujours par s’exposer.


Elle finit par me sourire et ravala ses larmes. Je voyais qu’elle luttait contre ellemême, ayant plus envie de partir que de parler alors quand elle repoussa doucement mes mains, je me laissais faire et la regardait s’éloigner vers la cuisine. Moi, je prenais place sur le canapé en fixant les flammes qui continuaient de brûler, impassibles.

Alors que je ne l’entendais plus depuis quelques minutes je décidais de la rejoindre. Elle était là, les mains posées devant l’évier, regardant par la fenêtre. Je me postais contre l’embrasure de la porte les bras contre ma poitrine sans un mot. Pourtant elle m’avait vu, c’était certain, j’avais deviné les larmes qu’elle avait balayé du revers de la main. “Hey…” Doucement je posais mes mains sur ses hanches. La situation s’améliorait puisqu’elle répondit à mon contact en reculant pour se coller contre moi. “Ça va aller d’accord. Mais pour le moment oublie ça. Ce soir c’est juste toi et moi” Elle sourit. Maintenant il fallait juste lui changer les esprits…

Nous étions revenues sur le canapé, blottis l’une contre l’autre. Et en lui racontant quelques-unes de mes mésaventures les plus ridicules, je me délectais de son rire si rare, si précieux. Dans ses yeux je voyais les reflets du feu de cheminée qui tamisait son visage dans une douce lumière, la finesse de ses traits magnifiée par la clarté que nous renvoyaient les flammes. Mes yeux vagabondaient sur son visage, alors qu’elle continuait de parler en regardant droit devant elle. Je n’entendais plus. Elle devait certainement se moquer gentiment de moi, ses lèvres remontées en un léger sourire révélant sa cicatrice. Mon regard se posa sur cette marque, seul chose qui aurait pu paraître comme un défaut sur son visage. Ça ne l’était pas pour moi car elle faisait partie d’elle et étrangement, lui rajoutait un charme de plus. Comme si son sexappeal naturel n’était pas suffisant. “Emma?” Elle me fixait, l’air rieur. Depuis combien de temps je la regardais ainsi? Aucune idée. Mais elle s’en était rendu compte. “Miss Swan, je peux savoir à quoi vous pen-”


“Comment j’ai pu passer tant de temps sans le remarquer…” je murmurais comme pour moi-même. “Remarquer quoi?” Demanda-t-elle, amusée. Elle souriait, riait presque. “A quel point tu es belle…” Je vis ses joues s’empourprer légèrement mais ne le releva pas. Ce n’était pas le moment de la braquer en faisant remarquer ce qu’elle aurait pris pour une faiblesse. Car une reine se doit de ne pas rougir, jamais. Alors je replaçais une mèche rebelle derrière son oreille et posais ma main sur sa joue. Mon visage s’approcha du sien et doucement je l’embrassais. Son soupir m’encouragea alors avec délicatesse, je passais ma langue entre ses lèvres. Sans aucune résistance elle m’autorisa l’accès et le baiser se fit plus langoureux. Tandis que nos langues se nouaient en un ballet fiévreux je la fis basculer sur le dos, me plaçant entre ses jambes. Depuis la première nuit que nous avions passée ensemble je rêvais de pouvoir à nouveau prendre possession de son corps. Alors je prenais mon temps et appréciais chaque seconde. A bout de souffle je me séparais d’elle pour embrasser sa gorge. Je descendais plus bas, toujours plus bas, laissant une traînée de frissons sur son décolleté. Trop vite je fus stoppée par son chemisier alors un à un, je défis les boutons pour laisser apparaître un soutien-gorge rouge sans manquer d’embrasser chaque parcelle de peau nouvellement découverte. Mais tandis que je me redressais pour l’admirer, je sentis ses jambes m’encercler et je sus ce qu’elle projetait de faire. Elle allait inverser nos situations. Parce qu’une reine ne se trouve jamais en dessous. Elle n’avait pourtant pas prévu la faible largeur du canapé et alors qu’elle tentait de me faire basculer sous elle, je chutais sur le tapis, l’entraînant sur moi. “Emma tu vas bien?” Je la faisais taire d’un baiser et sentit son sourire contre mes lèvres. Son corps désormais au-dessus du mien, je passais mes mains sous son chemisier ouvert pour les poser sur ses hanches. Mais bien vite le morceau de tissu me dérangea et d’un geste lui ôtait son haut. Alors qu’elle m’embrassait avidement je prenais le contrôle de ses jambes en les entourant des miennes, car ce soir, c’est moi qui serais aux commandes. C’est elle que j’avais envie de combler et je savais bien que j’étais capable de prendre le dessus. En un mouvement je nous faisais rouler, rapprochant nos corps enlacés de la cheminée. Son regard croisa mes yeux quand je détachais nos lèvres pour ensuite embrasser la ligne de la mâchoire.


Doucement je redescendais et cette fois, rien ne m’empêchait d’embrasser la naissance de ses seins encore couverts de son soutien-gorge en dentelle. Mes dents jouaient doucement contre sa peau pour y laisser quelques petites marques rouges. La dernière fois elle m’avait interdit de laisser une quelconque trace alors qu’elle ne s’était pas gênée pour me marquer. J’étais devenue sa chose pour une nuit. Maintenant, à elle de devenir la mienne. Ses mains dans mes cheveux, son souffle court qui soulevait sa poitrine de plus en plus vite m’encourageaient alors j’entreprenais ma descende à nouveau, glissant mes lèvres le long de son ventre. Je prenais le temps qu’il me fallait, redécouvrant son corps. Ce corps que j’avais bizarrement très peu vu la première fois, puisque c’était elle qui avait pris les rênes. Mais ce soir c’était mon tour alors je détaillais chaque centimètre de peau, la mémorisait sous mes lèvres. Tous les petits détails qui m’avaient échappés jusque-là étaient à présent marqués au fer rouge dans ma mémoire. Le grain de beauté sous son sein, son ventre fin, la petite cicatrice sur sa hanche et les frissons que provoquaient mes caresses. Arrivée au bas de son ventre, je déboutonnais son pantalon noir et le faisait glisser le long de ses jambes pour finir par l’envoyer de l’autre côté de la pièce. Une fois le maire à moitié nue sous moi, je remontais pour reprendre ses lèvres, une main contre sa joue, l’autre jouant avec l’élastique de ses sous-vêtements. A nouveau je reprenais ses lèvres, et c’est à cet instant qu’elle commença à me déshabiller à mon tour. Mais une fois mon jean et mon haut enlevés, je sentis sa main de plus en plus basse et la rattrapais doucement. Devant son regard interrogateur j’embrassais la paume de sa main avant de noyer mon regard dans ses yeux bruns. “Ce soir, c’est moi qui te montres à quel point tu comptes pour moi. Laissez-moi faire, s’il te plait.” Sa seule réponse fut ses doigts, qui s’entrelacèrent avec les miens. Sans lâcher sa main, je l’embrassais avant de reprendre la direction de ses seins. Débarrassés de la dernière chose qui m’empêchait de sentir sa peau sous mes lèvres, je les embrassais un à un sentant leur pointe durcie sous ma langue. Sans m’en rendre compte, j’avais moi aussi perdu mon soutien-gorge et lorsque je prenais ses lèvres à nouveau, je sentis les frissons m’envahir quand me peau rencontra la sienne. Sa main dans mon dos, posée au creux de mes reins, appuyait un peu plus pour m’amener au plus proche d’elle. Comme si elle voulait que toutes les courbes de son corps épousent les miennes. Un genou entre ses jambes, je faisais pression sur l’endroit qui réclamait mon attention. Elle gémit, je souris. Encore plus lentement, je retraçais une ligne de baisers depuis son menton, en passant entre ses seins avant d’atterrir à l’élastique du dernier morceau de tissu. Sans hésitation je le retirais et le faisais descendre le long de ses jambes pour embrasser son centre de plaisir. Je vis son dos s’arquer, ses mains plongeant dans mes cheveux. Ma langue jouait doucement contre son sexe et je pouvais deviner le plaisir qui montait doucement en elle à mesure que ses ongles s’enfonçaient un peu


plus dans ma peau. D’un coup d’œil je vis ses yeux clos, sa lèvre inférieure entre ses dents. Elle se retenait certainement de gémir, car une reine ne se laissait jamais aller à montrer son plaisir. Mais je voulais voir ce que je créais en elle, voir les vagues de chaleur qui l’envahissaient faisant se tendre ses muscles, naître des frissons, et entendre les soupirs qu’elle ne pourrait bientôt plus contenir alors que ma langue s’approchait dangereusement de son clitoris. En un geste je prenais sa boule de nerfs entre mes lèvres et souriais en sentant le bas de son dos se soulever de plus en plus. Son plaisir grandissant, je remontais vers son visage pour lui donner le plaisir de se goûter sur mes lèvres. Elle avait ré-ouvert les yeux, je pus ainsi voir ses prunelles noircies de désir. Et alors que je l’embrassais à nouveau, je fis entrer un doigt en elle, arrachant un gémissement à l’ordinaire très réservée maire. J’entreprenais mes vas et viens tout en continuant le ballet langoureux de nos langues. Regina quant à elle profita de ce moment pour passer sa main entre nous, et me prodiguer la même douce torture dont elle était victime. Notre étreinte continua, nos caresses échangées au même rythme. Et alors que nos deux corps mouvaient l’un contre l’autre, je sentis ses muscles se resserrer autour de mes doigts, son corps se tendre et l’orgasme secoua son corps, tendu à l’extrême. Je continuais et elle ne put réprimer un gémissement au même moment où le plaisir envahit mes sens. Haletante, je restais dans la même position quelques instants avant de prendre place près d’elle. Autour de nous, le silence, seul le crépitement de la cheminée emplissant l’espace. Alors je tournais la tête vers elle pour voir qu’elle avait les yeux clos, un sourire sur le visage. Je prenais plusieurs secondes pour la détailler. Les cheveux en bataille et les joues rosies, sa poitrine se soulevait rapidement tandis que ses mains reposaient sur son ventre. Un large sourire prit place sur mon visage et je me tournais pour placer un baiser sur son épaule. Laissant mes lèvres contre sa peau, je respirais son parfum enivrant et elle me regarda enfin. D’un regard totalement différent. Son sourire, l’éclat de ses yeux, étaient nouveaux et je devais encore une fois la fixer étrangement puisqu’elle rit à nouveau. “Pourquoi tu me regarde comme ça ?” “Tu es magnifique” “Ça, tu l’as déjà dit…” “Je mémorise juste ce moment, pour ne jamais l’oublier.” Puis le silence retomba, les mots n’étaient pas utiles.


Tendant mon bras, j’attrapais la couverture et deux coussins sur le canapé et, Regina blottie contre moi je nous recouvrais toutes les deux. Je passais mon bras sous sa nuque tandis que sa tête reposait sur mon épaule. Une de ses jambes passée sur la mienne, elle resserra son étreinte, comme si elle avait peur que je m’envole. “Je ne vais pas partir cette fois, tu sais?” “Je sais…" Je pouvais sentir son sourire contre ma peau. Ma main passa doucement dans ses cheveux noirs et je sentis son souffle ralentir. J’étais encore parfaitement éveillée quand elle sombra dans le sommeil, nos corps collées l’un à l’autre. Dehors la neige tombait à nouveau, froide, glaciale, emprisonnant la ville dans un écrin blanc. Mais cela m’importait. Ici, j’étais bien. Protégée. En sécurité. Alors je la serrais un peu plus contre moi et laissais enfin le sommeil m’emporter.


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