Dark Emma
Ce chapitre tient lieu et place dans la saison 2 épisode 21. C’est une réécriture de la confrontation entre Tamara, Neal et Emma.
Chapitre 1
- « Arrête-toi là, tout de suite ! » Emma et Neal se retournèrent. L’ordre sec se projetait en écho sur les parois en tôle de l’entrepôt. Derrière eux, Tamara pointa son arme dans leur direction. Le visage sévère, le regard sérieux, elle ne plaisantait pas. Elle allait tirer. - « Tamara, mais qu’est-ce que ? » Neal fut surpris. Jusqu’au bout, il avait cru à son innocence. Il avait accompagné Emma pour confirmer ses dires, pour lui prouver qu’elle avait tord. Jamais, il n’avait pensé que… - « Je te l’avais dit qu’elle était de mèche, mais Monsieur ne voulait pas me croire. Monsieur croit encore aux contes de fées, que tout le monde est bon, que tout le monde est gentil. » S’exclama Emma, frustrée, sans aucune victoire. - « Je ne comprends pas … Pourquoi ?? » Neal, toujours ahuri, fit quelques pas vers sa compagne, les mains en avant. « Arrête-toi, il est encore temps, ce n’est pas trop tard. - Neal ne bouge pas, toi non plus ! Je ne te veux pas de mal, mais je n’hésiterai pas à m’en servir » Et pour assurer ses paroles, elle libéra la sécurité et tira la glissière. La cartouche s’engagea, menaçante, dans la chambre. Neal recula et retourna à sa place. - « Explique moi, alors. Qu’est-ce qui se passe ? - C’est quelque chose qui te dépasse, que tu ne pourras jamais comprendre... De plus fort que toi et que moi. Et comme tu fais partie de leur clan, tu es comme eux… - Comme eux qui ? - Ces personnages de conte de fée, ce monde enclin à la magie ! » Cracha-t-elle, avec haine, entre ses dents.
- Mais tu me connais, tu sais qui je suis. Je ne suis pas comme eux, je n’accepte pas cette magie. ... On en a tellement parlé quand tu es arrivée ici. Et puis, … et puis, il y a nous ? Qu’est-ce que tu fais de nous ? » Tamara éclata de rire. Un rire nerveux, stressé, angoissé… triste. - « Nous ? Sans blague, tu utilises la carte ‘Nous’ ? Mais Neal, depuis qu’elle est apparue ENTRE nous, il n’y a plus eu de NOUS ! » Dit-elle, furieuse. Ses yeux étaient chargés de colère. Emma était toujours devant la porte de sortie. Elle écoutait d’une oreille distraite la joute verbale qui se déroulait sous ses yeux. Elle ne portait son attention que sur les gestes de Tamara. Elle attendit qu’une occasion se présente pour agir. Elle sentit son revoler coincé dans son holster la titiller. Elle s’impatientait et ne demandait qu’à le saisir afin d’être à armes égales. Elle approcha doucement ses mains vers l’intérieur de sa veste. - « Si j’étais toi, Emma je ne ferai pas de geste inconsidéré. Je ne suis pas née de la dernière pluie non plus. J’ai suivi un bon entraînement avant de vous confronter tous. » Emma leva les mains, faisant signe d’abandonner la partie, pour le moment. Elle s’éloigna de sa dernière chance de libération. Elle regarda le plafond, exaspérée. - « Mais nous allions nous marier, Tamara. Je me suis engagé, nous sommes fiancés. » Rappela-t-il pour attirer à nouveau l’attention vers lui. Tamara n’était pas dupe. Il lui avait fallu quelques semaines pour faire le deuil de sa relation avec lui. Maintenant, elle était plus déterminée que jamais à accomplir sa mission, avec un petit bonus personnel en prime. - « C’est bien que tu t’en souviennes. Parce que ces derniers mois, ces mots n’avaient plus franchi ta bouche. C’était Emma ceci, Emma cela… ma vie, mon père, la magie… Plus rien d’autre n’existait. - Mais je partageais tout avec toi, je t’ai tout dit. Aussi incroyable, improbable et de pure folie qu’est ma vie, en prenant consciemment le risque que tu me quittes, je t’ai tout raconté ! » Il se passa la main dans les cheveux, incrédule, abasourdi. Il ne pensait pas mal agir. Oui, il repensait à Emma de temps à autre, mais cela faisait plus de 10 ans qu’il attendait que cette malédiction prenne fin. Pendant ces 10 années, il avait vécu avec cette culpabilité, cette angoisse et cette incertitude. 10 ans qu’il attendait un signe d’August qui ne venait pas. Et puis Tamara était apparue et plus rien n’avait d’importance. Il était retombé amoureux. Il voulait avancer, aller de l’avant, passer à autre chose. Et Tamara lui offrait cette chance. - « Pourquoi être revenu ici, Neal ? Tu détestes ton père. Tu ne voulais plus avoir affaire à cette vie de magie, tu ne supportais pas ces personnages de conte de fée. » Elle le confronta à la réalité de ses actes.
- « J’étais le seul à pouvoir diriger le Jolly Roger. Il fallait faire vite. Il aurait pu mourir. Quelque soit mes griefs contre mon père, quoiqu’il ait fait, je ne souhaite la mort de personne. - Tu aurais pu les déposer et repartir… Non au lieu de ça, TU es resté, TU m’as demandé de te rejoindre. Tu pensais quoi ? Que comptais-tu faire ? Quel était notre avenir, ici, avec elle ? Toi qui rejetais tellement ce monde, ça ne t’a pas demandé beaucoup de temps de réflexion pour sauter à pieds joints dans cette ville. Ca n’avait pas l’air de te torturer l’esprit. Le choix ne semblait pas trop te perturber… » Emma les interrompit : - « Ok, bon, on va pas tourner autour du pot 100 ans. On a compris. Je m’ennuie à vous écouter… - Emma, tais-toi » ordonna Neal. - « Et je meurs d’ennui. Merci mais non merci. Ca suffit. Bouhou hou, je suis malheureuse, Bouhou hou, la vie est injuste. » Elle se moquait de la situation. Elle voulait aller à la provocation, accélérer l’erreur et se dirigea vers Tamara. - « Reste où tu es ! » Le visage de Tamara se referma à nouveau, elle se concentra à sa tâche. « Tu as raison, ça a assez duré. Tu vois Neal, si je la tue, je serai enfin libérée de ce poids d’être toujours reléguée en second plan. - Tu me perdras Tamara… Ca compte ça encore pour toi ? » Elle rit. - « Oh Neal, pauvre, innocent, naïf, petit garçon… Mais je t’ai déjà perdu. Non, toi, tu m’as perdue. Il y a encore quelques semaines, j’étais déchirée par un choix à faire. Je cherchais une solution pour te garder toi aussi en vie, te garder dans mes projets d’avenir. Vois-tu Neal, j’étais prête à trahir ma mission pour toi, te sauver, toi … Mais tu m’as facilité la tâche. » Elle leva son pistolet vers le visage d’Emma et le pointa. Emma sentit sa fin approcher, inéluctablement. Elle ferma les yeux. Elle pensa à Henry, à Mary-Margaret et à David. Elle se surprit à être sereine. Pourquoi ne le serait-elle pas ? Après tout, tout ce dont elle avait rêvé depuis sa naissance, s’était réalisé. Elle avait retrouvé ses parents, son fils. Elle faisait partie, se sentait membre à part entière d’une famille. Elle était aimée, contrairement à ce qu’elle croyait, elle n’avait jamais été rejetée. Curieusement, elle pensa à Regina. Elle espérait que ses parents parviendraient à la libérer à temps. Henry avait encore besoin de son autre mère. Henry avait ce pouvoir, en lui, de la changer complètement, de la mener vers le droit chemin. Elle y croyait. Elle entendit le coup de feu et la voix de Neal : - « Nooon »
La voix de Tamara se confondre avec son cri : - « Neal ! » Puis elle fut bousculée, une énorme masse s’écrasa sur elle et l’emportait dans sa chute. Surprise par le choc, elle ouvrit les yeux. Neal était étendu de tout son long, sur elle. Il s’était lancé sur la trajectoire de la balle et s’était servi de son corps comme bouclier humain pour protéger Emma. Emma l’encercla de ses bras : - « Non, non, non, non, non, non ! Neal, non… » Au loin, elle entendit des bruits de pas précipités, puis accélérés. Tamara prit la fuite sans s’enquérir de la suite des événements. En effet, elle avait définitivement fait un trait sur son ancien compagnon. Emma se rassit et retourna son ancien amant, le positionna face à elle. Il était, miallongé, dans ses bras, il reposait à ses côtés, le corps contre le sien. Elle s’aperçut de la sortie de la balle, elle vit le liquide vermeil s’écouler à petits filets. Neal, les yeux ouverts, regarda Emma et lui sourit. Il voulut parler mais du sang s’échappa de sa bouche, il gargouilla des mots incompréhensibles. Le poumon était perforé. Emma appuya de sa main sur la plaie, tentant d’arrêter l’effusion de sang. - « Non, Neal, tu n’as pas le droit. Ne meurs pas. Je te l’interdis ! » Elle le serra fort contre elle, l’embrassa sur le front. « Ils vont nous retrouver. Tiens bon, ils vont nous retrouver » Dit-elle à voix basse comme pour se convaincre elle-même. Le jeune homme essaya à nouveau de communiquer. - « Tais-toi, garde tes forces. S’il te plait. S’il te plait » Le supplia-t-elle. « Chuut, ça va aller. Ils vont arriver… Ils ne peuvent qu’arriver. » - « Je … Je … » à chaque syllabe prononcé du sang mélangé à de la salive s’échappait de la commissure de ses lèvres. Des petites bulles claquaient dans son gargarisme. « Je t’aime Emma… » Il ferma les yeux pour rassembler ses dernières forces. Il toussa pour se dégager la gorge. Plus de sang, plus épais, plus constistant. « Henry est parfait. Dis-lui … dis-lui… ». Il palissait à vue d’œil. Sa peau perdait de sa couleur. Il se vidait de son sang. Emma ne put connaître l’étendue des dégâts de la blessure d’entrée. - « Tu lui diras toi-même, je te défends de mourir dans mes bras, Neal, tu entends. Je suis la sauveuse. Je vais te sauver… c’est mon boulot. » Elle se dégagea de son poids et se releva. Puis elle le saisit par les épaules, elle enfonça ses doigts dans le revêtement de sa veste et le tira vers la sortie. Elle y mit toutes ses forces. Mais il était trop lourd.
- « Non, non, non, j’y arriverai, je suis la sauveuse » se répétait-elle, comme un mantra. De longues et larges traînées de sang sillonnaient leur parcours. Ils avaient franchi quelques mètres. - « Emma… Emma ! … » Il leva le bras vers elle, lui prit la main. « Arrête. Je ne sens plus rien… Ce n’est … » Il respira difficilement « …plus la peine. ». La jeune femme ne l’écoutait pas. Elle fronça les sourcils, inspira une grande quantité d’air et dans un effort surhumain, le tira à nouveau, plus longtemps, plus rapidement, plus loin. Elle poussa un râle, extirpa tout l’air de ses poumons et le traîna encore. Ils y étaient presque, la grande entrée n’était plus qu’à quelques pas. Elle vit la lumière des spots extérieurs se balancer au gré du vent, les ombres danser sur les autres hangars. J’y suis presque, on y est presque. - « Tiens bon, je vois la sortie. Tiens bon, Neal. » Elle sentit l’étreinte de sa main se relâcher, glisser au sol. « Non, non, non Neal. Reste avec moi. » Elle ne put contenir ses larmes. Elle se rassit, derrière lui, s’adossa contre le mur et le reprit dans ses bras. Il était blanc, livide. Elle le berçait au doux son de sa voix, elle lui parlait gentiment, faiblement, d’espoir et de guérison, d’un avenir ponctué des rires d’un adolescent. . . . Quand Snow et Charming arrivèrent enfin, il était trop tard… trop tard depuis longtemps. David portait à bout de bras une Regina inconsciente, presque tout aussi pâle que … - « Emma ! » S’écria la jeune femme aux cheveux courts. Elle se précipita vers sa fille qui ne remarqua pas leur présence. Sa tête était penchée en avant, tout contre celle de Neal, ses cheveux emmêlés dans les siens. Si son visage n’était pas visible, celui de Neal, exsangue, trahissait la réalité ; il était parti. Snow entendit un léger murmure, comme une mélodie. Elle dégagea la frêle silhouette d’Emma, ses doigts tremblaient, elle eut du mal à contenir sa peur. Charming s’approcha d’eux et s’agenouilla, ne lâchant pas sa prise sur la jeune sorcière. Ses yeux se posèrent sur le corps sans vie du jeune homme. Il se rendit compte qu’ils pataugeaient tous dans une mare inquiétante de sang. Il eut tout le mal du monde à rester fidèle à lui-même et à ne pas lâcher son ennemie jurée pour s’occuper de sa fille. - « Alors ? » demanda-t-il terrorisé. La jeune mère sentit la chaleur, la respiration lente et irrégulière, le vrombissement du son de la gorge de son enfant.
- « Elle est en vie » Répondit-elle entre ses larmes. « Elle est en vie » souffla-t-elle soulagée. - « Appelle les secours, appelle Whale, appelle Doc. Nom de dieux, appelle n’importe qui mais appelle. »