Le Journal du Parc naturel N°16 Sommaire Le mot du président Produire de l’électricité verte : Pas à n’importe quel prix ! Jardin de nature Quand les abeilles s’invitent dans nos murs Patrimoine Les secrets de la Roche Trouée Balade... dans les bois Noire, jaune, de venin et de feu
Printemps 2008 - Trimestriel
Agenda des manifestations
Maison du Parc naturel rue d'Avignon, 1 - 5670 Nismes Tél.: +32(0)60 39 17 90 - Télécopie : +32(0)60 39 17 93 www.pnvh.be - Contacts : secretariat@pnvh.be
Le mot du président Produire de l'électricité verte au sein du Parc naturel :
pas à n'importe quel prix ! D
EPUIS LE DÉ BUT DE L'ANNÉ E 2008, les indicateurs économiques s'affolent. Les prix des matières premières (céréales, huiles, métaux…) atteignent des niveaux jamais atteints. Les énergies fossiles suivent la même courbe ascendante, le baril de pétrole se maintenant allègrement au-delà des cent dollars. Au travers de ces indices économiques affectant notre pouvoir d'achat, notre société prend petit à petit conscience de la finitude de notre manière de consommer les énergies fossiles. Face à ce constat, les pouvoirs publics découvrent enfin les vertus des énergies renouvelables. De nombreux permis d'environnement sont accordés pour l'installation d'éoliennes sur le territoire wallon. Par ailleurs, le plan Solwatt vient d'être lancé et doit aboutir à la mise en place d'une filière photovoltaïque en Wallonie.
Groupes financiers versus propriétaires privés
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ERRIÈ RE L'É OLIEN ET LE PHOTOVOLTAÏQUE, produisant tous deux de l'électricité verte, se cachent deux modèles économiques bien différents. Mis à part quelques rares exceptions, l'éolien reste aux mains de grands groupes financiers qui cherchent à maximaliser leur profit sans tenir compte des nuisances environnementales et paysagères de leur projet.
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Au contraire, la filière photovoltaïque s'adresse aux petits propriétaires privés qui désirent devenir gestionnaires de leur production électrique. Aujourd'hui, des solutions de tiers investisseurs sont en place pour permettre au plus grand nombre de bénéficier des avantages de cette énergie renouvelable. Une installation Un tiers investisseur... photovoltaïque apporte plus Qui est-ce ? d'autonomie énergétique aux ménages et sécurise leur La société qui fournit l'installation facture électrique sur le long photovoltaïque prend en charge la terme. Les foyers possédant partie du paiement de des panneaux photovoltaïques l'installation de la apprennent à mieux gérer leur centrale photovoltaïque consommation d'électricité, ce non subventionnée et qui est tout bénéfice pour le non déductible budget familial et pour fiscalement, excepté la l'environnement. Un autre TVA. En contrepartie, e n je u st r a t é g i q u e e st l a le propriétaire restitue délocalisation des sites de les certificats verts à la production ainsi que la société installatrice. Le multiplication de ceux-ci. La bilan financier pour le propriétaire est somme de ces petites de profiter de l'électricité solaire de sa productions d'énergie verte centrale pour le prix de la TVA. participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre exigée par les accords de Kyoto. Enfin, les installations domestiques en toiture sont beaucoup plus respectueuses des paysages que les parcs éoliens.
Informer
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E PARC NATUREL VEUT DÉ FENDRE LE MODÈ LE É CONOMIQUE
DE L'É NERGIE PHOTOVOLTAÏQUE
où le citoyen adopte des comportements plus respectueux de l'environnement. Afin d'aider les habitants du Parc naturel dans leur futur projet photovoltaïque, l'équipe du Parc naturel a mis en place une rubrique spécifique sur le site internet (www.pnvh.be). On y retrouve des adresses utiles, des informations sur les primes mais aussi des exemples de devis. En accord avec les propriétaires, chaque installation photovoltaïque au sein du Parc naturel fera l'objet d'un petit dossier afin que chacun puisse se La première installation photovoltaïque dans faire une idée de l'intérêt d'un tel le Parc naturel : le hall technique communal investissement. Dès à présent, une aide à Vierves-sur-Viroin pour l'analyse des devis reçus dans le cadre d'un projet photovoltaïque est proposée sur rendez-vous à la Maison du Parc naturel. Baudouin Schellen, Président de la Commission de gestion
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Jardin de nature
Oignies, par une belle après-midi ensoleillée de février... « Papa, Maman, venez voir ! Il y a une abeille qui veut rentrer dans la fenêtre ! », s'écrie Emeline. Interloqué, je m'approche doucement. « Regarde, elle est entrée là... », me montrant du doigt le trou d'aération de la fenêtre de la salle-à-manger. UTRE LES ABEILLES DES RUCHES BIEN CONNUES DE TOUS, il existe près de 300 autres espèces d'abeilles en Belgique. Ce sont, bien souvent, les premiers insectes que l'on côtoie au printemps. Au contraire de leurs consœurs sociales, ces abeilles solitaires ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour bâtir leur nid. À la sortie de l'hiver, chaque interstice des façades exposées au soleil est visité, les trous forés dans les joints comme les petits trous d'aération des fenêtres.
L’abeille maçonne
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LORS QUE LE SOLEIL DE MIDI EST ENCORE BAS DANS LE CIEL et que les chatons du saule marsault libèrent leurs gerbes d'étamines couvertes de pollen, la première osmie, une abeille solitaire rousse et noire un peu plus grosse qu'une abeille domestique, montre le bout de ses antennes hors d'une cavité de la vieille maçonnerie. Elle s'avance un peu, sa face blanche est bien visible maintenant : c'est la marque du mâle. C'est cette cavité qui l'a vu naître et dans laquelle il a effectué tout son développement, passant de l'œuf à la larve mangeuse de pollen, puis à la nymphe quasi immobile, pour enfin atteindre le stade adulte juste avant l'hiver.
Village d'abeilles Si l'on prête un peu d'attention aux insectes qui virevoltent dans notre entourage, il n'est pas rare, au milieu du printemps, de découvrir des abeilles solitaires en train de creuser leur nid dans nos pelouses ou même dans les joints des pavements et des dallages. Creusé à la verticale, le nid tubulaire des andrènes est ramifié en son extrémité en plusieurs branches terminales, accueillant autant de cellules de ponte. À la surface de la pelouse, une petite butte de terre creusée d'un orifice en son sommet fait office de porte d'entrée. Ces nids passeraient habituellement inaperçus s'ils n'étaient pas regroupés par plusieurs dizaines sur quelques mètres carrés. En effet, lorsque les conditions du site sont particulièrement favorables à la nidification, les andrènes se réunissent en bourgade, leurs nids individuels n'étant alors séparés que de quelques centimètres.
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Extrait du Guide des curieux de nature de Vincent Albouy, Delachaux et Niestlé, 2005
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HLM horizontal Un peu plus tard, les femelles sortent à leur tour de leur torpeur et partent à la recherche de nourriture. Les mâles, déjà en vol depuis une quinzaine de jours, n'en croient pas leurs yeux à facettes : l'heure de la reproduction a enfin sonné. Sitôt sorties, sitôt fécondées. Pas de perte de temps ! Suite à l'accouplement, la femelle d'osmie va chercher un lieu pour édifier son nid. Sa préférence se porte sur des anfractuosités en forme de tube, que ce soit un trou dans le joint d'une façade,
L’efficacité des abeilles solitaires On connaît le rôle des abeilles de nos ruches dans la pollinisation des fleurs. Dans certains cas, comme pour la luzerne, par exemple, la pollinisation par les abeilles domestiques n'est pas optimale : elle a des difficultés pour ouvrir la corolle de la fleur afin d'atteindre les stigmates et les étamines. Par contre, certaines abeilles solitaires comme les mégachiles, appelées également abeilles découpeuses de feuilles, n'ont aucun problème pour atteindre le pollen et ainsi perpétuer l'espèce.
Les deux sexes se différencient aisément par la taille : le mâle est nettement plus petit que la femelle.
dans le bois, un roseau ou une tige sèche de ronce. La future mère y construira un nid constitué de plusieurs cellules, dans lequel chaque logette, fermée par un bouchon de terre, contiendra un mélange de pollen jaunâtre et de miel orangé. Une fois les provisions amenées dans la loge, un œuf y sera pondu, déposé verticalement dans le mélange telle une cerise sur le gâteau.
L'efficacité des abeilles solitaires par rapport aux abeilles sociales peut également être démontrée dans le cas de la production de variétés hâtives de fruits. Ainsi, les osmies, qui ont la faculté de butiner dès 13°C, sont les principales pollinisatrices des vergers de pommiers. Première barrière contre l’intrusion des parasites dans les logettes de ponte, le bouchon de terre extérieur se doit d’être parfaitement hermétique.
Une dizaine de chambres peuvent parfois se succéder dans la même cavité qui sera bouchée hermétiquement par de la boue séchée afin d'empêcher toute visite pendant le développement des larves.
La porte est close. Les traces laissées par le travail des mandibules de l’osmie sont encore bien visibles.
Fort logiquement, on pourrait croire que le premier œuf pondu engendrera la première abeille adulte. Si la nature suivait ce raisonnement, imaginez la cohue qu'engendrerait la première osmie, née tout au fond de la cavité, en traversant les parois des chambres de ses frères et sœurs encore en cours de développement, pour atteindre l'air libre ! Où est l'astuce ?
Dans le prochain Journal du Parc, un article sera consacré aux différentes actions que nous pouvons réaliser très simplement chez nous afin d'accroître la population d'abeilles solitaires. Préparez vos scies, foreuses et autres vilebrequins : nous construirons ensemble des gîtes à installer très facilement chez vous !
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Les filles du fond du couloir
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HEZ LES ABEILLES, la femelle nidificatrice a le pouvoir de déterminer le sexe de sa progéniture, car elle a la faculté d'inséminer ou non ses ovules. Ainsi, un ovule fécondé donnera une femelle, un ovule non fécondé, un mâle.
Les œufs inséminés qui donneront naissance aux futures femelles sont pondus les premiers, au fond de la cavité, dans des chambres spacieuses. Les petites cellules abritant les futurs mâles se retrouvent systématiquement près de la sortie. Plus Un mâle d’osmie attend dans un gîte que la température de l’air se réchauffe petits et se développant plus rapidement, les mâles se seront déjà envolés lorsque un peu avant de prendre son envol. les femelles termineront leur métamorphose. Libérées de leurs cocons, elles traverseront aisément les logettes laissées vides par les mâles pour atteindre l'air libre. Et à leur sortie, d'autres mâles nés dans les parages seront déjà présents pour les féconder ! Fabuleux, non ? Chaque année, un pareil spectacle se déroule dans nos murs, dans notre jardin, dans notre environnement, pour peu qu'ils ne soient pas aseptisés. Nous habitons un Parc naturel…Prenons le temps de l'apprécier, de flâner dans la nature, de parcourir les chemins, de nous asseoir sur un talus ensoleillé…Croyezmoi, des merveilles nous y attendent ! Joël Dath Chargé de missions PNVH
Olloy : La bergerie est en fête !!
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VEC L'ARRIVÉ E DU PRINTEMPS,
les moutons sont de retour sur les tiennes du Parc naturel. Par leur pâturage contrôlé, ils participent à la pérennisation des 140 hectares de pelouses calcicoles restaurées voici déjà quatre ans par le projet européen Life. Ces milieux secs et chauds offrent une biodiversité exceptionnelle et unique en Belgique. Ils donnent une identité toute particulière aux paysages de Viroinval. Les pelouses calcicoles sont les véritables fleurons du Parc naturel. Le succès de la sauvegarde de ces milieux si fragiles dépend des synergies mises en place entre les agents de la division nature et forêts, l'agriculteur responsable du troupeau de mouton, les naturalistes effectuant le suivi scientifique et l'équipe du Parc naturel responsable du fauchage des refus. Pour assurer la continuité des investissements nécessaires à l'entretien de ces milieux, il faut gagner l'adhésion du plus grand nombre. L'information et la sensibilisation du citoyen sont donc indispensables. C'est pourquoi, l'équipe du Parc naturel a le plaisir de vous inviter à la quatrième fête de la bergerie à Olloy les 24 et 25 mai prochains. Cette manifestation est l'occasion pour les habitants de Viroinval et pour les touristes de passage de rencontrer tous les acteurs participants à la sauvegarde des pelouses calcicoles de la vallée du Viroin. Cette année, une attention toute particulière a été portée aux enfants des écoles de l'entité. Pour les sensibiliser aux richesses naturelles de leur région, un grand concours de poésie est organisé avec comme thème le pâturage en Calestienne. Les poèmes écrits par les enfants de cinquième et sixième primaires seront affichés dans la bergerie durant tout le week-end. Chaque visiteur deviendra membre du jury et sera invité à voter pour sélectionner les meilleures productions littéraires. Venez donc nombreux participer à cette festivité qui associe gastronomie, musique, poésie et nature dans le cadre pittoresque de la bergerie d'Olloy.
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Baudouin Schellen Président de la Commission de gestion
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E MASSIF DE LA ROCHE TROUÉ E, situé à un peu plus d'un kilomètre au sud du village de Nismes, le long de la route du Viroin reliant Couvin à Mazée, est particulièrement intéressant, tant sur le plan paysager que patrimonial. Situé en lisière sud de la réserve naturelle du Fondry des Chiens, fleuron des pelouses calcicoles de notre région, il tire son nom d'une arête rocheuse, percée en son milieu d'une ouverture, d'un « jour » qui lui confère un aspect très pittoresque. Le site a été complètement remis en valeur dans le cadre du projet « LIFE Nature Haute Meuse et Viroin ». Il a été débroussaillé et réaffecté en grande partie au pâturage des moutons.
La Roche Trouée condense à elle seule plusieurs moments de l'occupation humaine de la région.
Du mammouth à Viroinval
Seules des races rustiques peuvent se contenter de la nourriture trouvée sur les pelouses. Dans le Parc naturel, les troupeaux de moutons sont constitués de Roux ardennais et de Mergellands.
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UR LA FACE OCCIDENTALE DE CE MASSIF,
une petite cavité karstique, dénommée « grotte Saint-Joseph », a livré un très bel échantillon d'ossements de la faune qui parcourait le sud de l'Entre-Sambre-etMeuse à la fin du Paléolithique moyen, entre 50000 et 35000 ans. L'environnement était alors ouvert, avec des forêts surtout dispersées dans les vallées abritées. Le climat était relativement humide et la couverture de neige peu importante. La grotte était notamment le repère de l’hyène des cavernes, un carnivore charognard qui a laissé de nombreux excréments fossilisés, appelés coprolithes, ainsi que des éléments de son squelette. L’hyène a accumulé, au fil du temps, des ossements rongés et digérés. Elle a ainsi ramené dans la cavité, d'après les ossements découverts, des quartiers de cheval, de renne, de cerf, de cerf mégacéros, de rhinocéros laineux, de chamois, de bison et même de jeune mammouth.
Les hyènes des cavernes étaient très proches des hyènes tachetées actuelles qui ne se trouvent plus qu'en Afrique, sous des climats chauds.
L'hyène des cavernes n'a cependant pas été la seule occupante de la grotte Saint-Joseph. On y constate également la présence épisodique du renard roux, du renard arctique, du loup, du blaireau et même de l'ours brun sans oublier l'homme qui ne se manifeste que par trois silex taillés, peu caractéristiques de l'une ou l'autre culture paléolithique. Une partie de ce matériel paléontologique est présentée au Musée du Malgré-Tout à Treignes.
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Caveau de famille préhistorique
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ANS UNE AUTRE GROTTE, appelée « grotte de la Roche Percée » située sur le flanc sud du massif et récemment dégagée de la végétation qui la dissimulait, l'homme a laissé des vestiges un peu plus nombreux : des ossements humains, appartenant à plusieurs individus, témoignant d'une sépulture collective, accompagnés de fragments de céramique, sans doute attribuables à la Civilisation de Seine-Oise-Marne (3100-1800 av. J.-C.).
Des métallos gallo-romains
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NFIN, BEAUCOUP PLUS RÉ CEMMENT, les GalloRomains y ont installé, au Bas-Empire, entre 260 et 475 après J.-C., un habitat civil. Le rocher escarpé, aux défenses naturelles non renforcées, permettait de surveiller la Vallée de l'Eau Noire et de ne pas être surpris. On avait alors le temps de se réfugier dans la fortification de la Roche SainteAnne, toute proche. Cet habitat, construit essentiellement en bois, comme en témoignent les centaines de clous découverts et l'absence totale de blocs de fondation et de mœllons, est sans doute lié à une activité métallurgique. Il a livré, outre quelques débris de tuiles, de la céramique, notamment en terre sigillée provenant de l'Est de la France, ainsi que des restes d'animaux (bœuf, mouton, chèvre, porc, cheval…), 91 monnaies, des fragments de bracelets en verre, quelques objets en fer et en bronze, dont une petite statuette de bouc, attribut du dieu Mercure, et enfin de nombreux fragments de peinture murale. Une partie de ce matériel est conservé au Musée archéologique de Namur. L'occupation antique semble se prolonger, avec quelques interruptions, jusqu'à l'aube de la période mérovingienne, dans le Haut Moyen-Âge, dans la e deuxième moitié du V siècle. La Roche Trouée a, de tous temps, incité à la balade.
Pierre Cattelain, Cedarc / CReA-ULB, Treignes
La terre sigillée Bibliographie : DE LOË A. 1906. Exploration d'un abri et d'une grotte à la « Roche Percée » près de Nismes (Province de Namur). Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels 6 (2) : 9. DE WILDE B. 2007. La faune du Pléistocène supérieur de la grotte Saint-Joseph à Nismes. Province de Namur Belgique. Archéo-Situla 27 : 3-14. DOYEN J.-M. 1992. Le refuge romain tardif et protomérovingien de la « Roche Trouée » à Nismes. Publication Amphora 13. C’est à Arezzo en Toscane que durant le premier siècle av. J.-C. apparût la céramique sigillée également qualifiée d'Arétine.
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Balade... dans les bois
Noire, Jaune, ,
La legende de la salamandre terrestre F
IN FÉ VRIER DÉ BUT MARS, vous vous promenez dans les bois sous les hêtres, les érables et les charmes qui ne manquent pas dans le Parc naturel. Comme le long de certains chemins forestiers de Dourbes, le long du chemin de la Jussière ou le long du Ry de Wel à Vierves, les pentes boisées sont assez fraîches. Soudain, vous pensez voir un lézard mais celui-ci, noir et jaune, déambule d'une manière pataude, son corps ondulant tel la nage d'un poisson. Vous m'avez découverte…
Je suis une salamandre
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MPHIBIEN DE L'ORDRE DES URODÈ LES, je garde une queue cylindrique
à l'état adulte. Mes cousins les tritons ont eux une queue plate.
Je mesure de 11 à 21 cm, je pèse environ 50 g et je peux vivre près de vingt ans. À la naissance, je possède des branchies qui se transformeront en poumons. Cela m'oblige à toujours avoir pied lorsque je suis dans l'eau sous peine de me noyer. Mes pattes avant disposent de quatre doigts. Les cinq doigts de mes pattes arrières me confèrent quelques qualités de grimpeuse. Contrairement à la queue cylindrique des salamandres, celle des tritons est plate.
Gare à vos yeux !
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UR MA PEAU,
vous apercevez deux bandes parcourant chacun de mes flancs avec plusieurs centaines de pores qui secrètent une neurotoxine, le samandarin. Si vous me manipulez, son effet irritant sera ressenti dès que vous vous frotterez les yeux. Voilà pourquoi il faut toujours se laver les mains après m'avoir touchée.
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Ma couleur de peau préférée
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A PEAU QU'UN MUCUS PROTECTEUR RECOUVRE DOIT RESTER HUMIDE
car elle assure une partie de ma respiration. La couleur noire et jaune signifie « danger » pour mes prédateurs tels que des oiseaux, la couleuvre à collier, le hérisson... J'utilise ainsi la même tactique que les guêpes. EN PERMANENCE
Outre une grande variabilité des dessins dorsaux d’un individu à l’autre, les salamandres tachetées peuvent présenter toute une série de variations de coloration : des individus roses avec des taches jaunes, totalement noirs ou présentant des taches rouges, ont déjà été signalés.
Extrême nord
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ALGRÉ UNE AIRE DE RÉ PARTITION ASSEZ LARGE EN EUROPE (jusque 2.300 m dans les Pyrénées), j'atteins ma limite septentrionale en Belgique. On ne me trouve pas en province d'Anvers ni au Limbourg.
Bobards et sorcellerie Elle est choyée dans le foyer, Flanquée dans la flambée, Cachée sous les bûches. Tant que les flammèches pourlèchent Sa peau luisante de lézard, Elle s’abrite dans les braises. Et quand le feu s’est étouffé Que l’éther s’est tout altéré La Salamandre sort des cendres. La mythologie me désigne comme un être lié à un des quatre éléments fondamentaux : le feu. Pline l'ancien explique « …la salamandre est un animal si froid que rien qu'à toucher le feu, elle l'éteint comme le ferait la glace… ». Aristote affirme « …cet animal éteint le feu lorsqu'il y entre… ». Cette prétendue croyance de résistance au feu vient tout simplement du fait que lorsque vous brûlez une vieille souche, vous êtes susceptible d'en voir sortir une salamandre apeurée et craignant la déshydratation. Si par malheur elle finit quand même dans les flammes, sa peau se contractera avec la chaleur et exsudera un liquide blanc, (le venin samandarin) qui diminuera un peu le feu. Mais de grâce, ne tentez pas cette expérience ridicule et inutile.
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C'est au sud du sillon Sambre-etMeuse que je suis plus fréquente. Je vis non loin de mares forestières qui me permettent d'assurer ma reproduction. Le jour, je suis cachée sous ou dans une vieille souche, sous une grosse pierre, dans un terrier, une taupinière… à l'abri de la lumière et surtout du dessèchement. Inutile de me chercher dans un sous-sol filtrant et acide comme les sables. Lorsque la température atteint 8 à 14 °C, que le temps est pluvieux ou humide sans vent, je daigne sortir de ma cachette.
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PÉ RIODE DE REPRODUCTION COMMENCE VERS FIN
FÉ VRIER, début mars suivant la température ambiante.
Mon cher mâle dépose un petit cône gélatineux, appelé spermatophore, au sommet duquel se trouve une capsule avec les spermatozoïdes. Je récolte cette capsule grâce à mon cloaque et les spermatozoïdes sont alors emmagasinés dans ma spermathèque. Ils pourront y rester vivants 1 à 2 ans. Finalement, je n'ai pas souvent besoin d'un époux pour assurer la pérennité de notre espèce. Une nuit d'amour, tous les deux ans, me suffit.
Je suis une femelle ovovivipare. Au printemps ou en automne, lors d'une seule ou plusieurs nuits, à proximité d'une mare forestière ou d'une ornière, je ponds dix à quinze œufs contenant une larve bien développée (4 pattes et branchies) prête à survivre en milieu aquatique bien oxygéné. Au départ les larves sont nombreuses dans mon ventre mais il semble qu'elles se dévorent entre-elles pendant la gestation qui dure de 7 à 8 mois. Ma larve est assez vorace et opportuniste. Elle se nourrit de tubifex, de vers de vase et de crustacés aquatiques. Une fois adulte sa nourriture sera essentiellement constituée de chenilles, coléoptères, cloportes, limaçons, lombrics, mille-pattes, araignées, larves de diptères… Camille Cassimans, PNVH
Les spermatozoïdes du mâle sont déposés sur le sol dans une gangue protectrice, appelée spermatophore.
Une place pour la salamandre La salamandre est une espèce totalement protégée en Wallonie grâce au décret Natura 2000 du 6 décembre 2001 ainsi qu’au niveau international par l’annexe 2 de la Convention de Berne. L évitons la plantation de résineux dans certains vallons ardennais ; L gérons mieux le réseau d'égouttage afin
d'éviter la pollution de certains ruisseaux ; L gardons les ornières forestières en évitant
un empierrement excessif ; L évitons le comblement de petites mares
forestières, de captages d'eau, les drainages et l'aménagement de vallons pour les étangs de pêche ; J n'ayons pas peur de favoriser l'augmentation du volume de bois mort sur le sol de la forêt ; Les larves de salamandres perdent leurs branchies au cours de leur développement. Elles se distinguent des larves de tritons par la présence de taches claires à la base de la face supérieure des pattes.
J participons aux opérations de ramassage de batraciens et remettons-les en sécurité du bon côté des barrages qui ont été dressés à cet effet.
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Agenda des manifestations Des oiseaux que nous cotoyons tous les jours...
Les plantes sauvages comestibles
Lundi 12 mai (1 matinée)
Dimanche 18 mai (1 journée)
Invitation matinale à l’écoute attentive des chants et observation des oiseaux habitant le village, le parc communal et ses environs ainsi que la réserve naturelle « Sous-St-Roch », endroit de contact entre la Calestienne et la dépression de la Fagne, particulièrement riche en oiseaux insectivores.
Au programme : une trentaine de simples (plantes aux vertus diverses) qui poussent couramment dans nos villages, dans les jardins, au bord des chemins, dans les bois... avec leurs qualités gustatives et leurs vertus médicinales. Ensuite, découverte de la réserve naturelle domaniale de la Montagne de la Carrière avec son lot d'espèces calcicoles en compagnie des Naturalistes de l'Avesnois.
R-V. à 7h devant l’église de Nismes, fin vers 11h30, prévoir bottes si temps humide ou rosée importante. Organisation et infos : CNB Viroinvol Thierry Dewitte (+32 (0)476 75 25 37)
viroinvol@skynet.be
R-V. à 10h devant l’église de Vaucelles, fin vers 16h, prévoir un petit panier. Organisation et infos : CNB Viroinvol Olivier Roberfroid (+32 (0)60 31 34 38)
Excursion en Calestienne Dimanche 25 mai (1 après-midi) Au cours de l'excursion, différents phénomènes géologiques liés à la nature du sol calcaire pourront être observés. Identification d'une quarantaine d'essences d'arbres et arbustes. Découverte, dans la réserve naturelle des Hurées, de la végétation spécifique d'une pelouse calcicole, avec une attention particulière aux orchidées, dompte-venin et autres globulaires. R-V. à 14h devant l'église de Matagne-la-Grande. Organisation et infos : CNB Vautienne Jean-Marie Bertrand (+32 (0)60 39 94 42)
Randonnée découverte à vélo « au fil de l'eau » Dimanche 22 juin (1 après-midi) Circuit d'environ 30 kilomètres en terrain plat. Allure de promenade, vélo de route ou VTT. D'abord, nous accompagnerons la Joncquière, de sa source jusqu'à sa rencontre avec la Meuse française, à Aubrives. Ensuite, un chemin de halage nous emmènera vers Ham et son pont basculant, Givet et ses ports de plaisance et de commerce, Heer-Agimont et son barrage, Hastière et son écluse. Le RAVeL nous ramènera à notre point de départ. R-V. avec vélo à 13h30 au parking du RAVeL (ancienne gare de Doische - Centre d'escalade). Organisation et infos : CNB Vautienne Jean-Marie Bertrand (+32 (0)60 39 94 42) Le journal du Parc naturel est une publication de la Commission de gestion du Parc naturel Viroin-Hermeton. Comité de rédaction : Parc naturel Viroin-Hermeton. Conception graphique et mise en page : Joël Dath. Crédits photographiques : Anonyme (p.2 (n°1 et 2), p.7 (n°3 et 4), p.8 (n°3), p.9 (n°1 et 4) et p.10 (n°3)), Barbier Y. (p.4 (n°1)), Biron J.-V. (OTV - couv., p.2 (bord. 1 et 2) et p.3 (bord. 3, 5 et 6)), Cassimans C. (PNVH - p.2 (bord. 4), p.3, p.5 (n°3), p.9 (n°2, 3 et 5), p.10 (n°2)), Claes G. (Amis du Parc - p.2 (bord. 3)), Dath J. (PNVH - p.3 (bord. 2)), Dupont B. (p.3 (bord. 4)), Hankart F. (p.7 (n°1) et p.8 (n°1 et2)), Houben Ch. (p.7 (n°2)), Hubaut D. (CMV - p.2 (bord. 5 et 6)), Lambert A. (p.10 (n°1)), Michalowski J.-M. (p.4 (n°2) et p.5 (n°1, 2 et 4) et p.6), Moingeon J.-M. (p.11 (n°3 et 4)), Schellen B. (PNVH - p.3 (bord. 1)), Vaucher P.-Y. (p11 (n°1 et 2)), Vereecken N. (p.4 (n°4 et 5)). Le journal du Parc naturel est distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune de Viroinval. Il est également disponible sur simple demande à la Maison du Parc et est téléchargeable sur www.pnvh.be Éditeurs responsables : B. Schellen, président et É. Baudoux, secrétaire, rue d'Avignon, 1 - 5670 Nismes Réalisé avec le soutien financier du ministère de la Région wallonne.
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