Quand la menace devient une opportunité - L’île de Noirmoutier, mutation d'un paysage de l'eau

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Quand

la m e n a c e devient une opportunité -

L’île de Noirmoutier,

mutation d’un paysage de l’eau

Projet de Fin d’Étude 2018. Johan Picorit.


Projet de Fin d’Étude par Johan Picorit. Encadré par Sara Kamalvand et Alice Brauns


À mes frères,



Noirmoutier, l’île disparue La légende raconte que ce morceau de terre autrefois surnommée l’île aux Mimosas fut un paradis terrestre où le temps clément lui permettait de se couvrir d’un duvet jaune. Ces touches d’une couleur intense ponctuaient le paysage et attiraient l’œil des visiteurs. La chaleur du soleil effleurait la peau des habitants qui y vivaient en toute simplicité. Ce paysage insulaire de basse altitude permettait au regard de contempler l’horizon, de plonger son esprit au plus profond de l’océan. Le rêveur se perdait alors entre le ciel et la mer, suivant des yeux la ligne horizontale, lointaine, légèrement incurvée, pensant alors à l’immensité du paysage qui s’offrait à lui. La diversité

et la beauté des paysages de l’île firent sa renommée. Le peuple des noirmoutrins, foulait ces terres verdoyantes et cultivait le sel selon des méthodes ancestrales héritées de générations en générations. On raconte que le territoire a petit à petit abandonné cette activité pour se tourner vers les populations venant de l’extérieur. Accueillant volontiers ces nouveaux arrivants et modifiant son territoire en conséquence. De longues plages de sables fins bordaient l’île et s’étendaient à perte de vue. Malheureusement, la prospérité de l’île fut de courte durée. La mer grignotait chaque année un peu plus de terres, mangeait, engloutissait

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des kilomètres carrés de plages de sable. Pour pallier au mécontentement des touristes, l’île engagea de lourds travaux. Influencée par les méthodes hollandaises, l’île endigua son contour et fixa alors le trait de côte autrefois mobile. Pour regagner du terrain sur la mer, les habitants contrèrent Mère Nature et rechargèrent les plages en sables. Dans le contexte de crise, c’est une guerre des sables qui commença ; une situation bien loin du calme qui régnait sur ce territoire insulaire. Les habitants alors certains d’être protégés par les hauts murs de béton vivaient sereinement

et hors de danger. On raconte que les hommes causèrent la perte de leur île. Ne sachant voir ce qu’ils avaient sur leur territoire et de s’en contenter, ils préférèrent répondre aux exigences des regards extérieurs. Mère Nature alors prit d’un excès de colère souffla si fort que les vagues atteignirent des hauteurs jamais vues auparavant. La houle frappa si fort que les murs de béton ne purent résister. L’île se retrouva alors submergée et plus personne ne revit ce morceau de terre dépasser de l’horizon.

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Avant-Propos Dans un contexte de réchauffement climatique et de montée des eaux à l’échelle mondiale, quel sera le devenir d’un territoire insulaire de basse altitude. Quel est l’avenir d’un paysage qui lutte déjà contre la submersion et les effets de l’érosion ? Ce projet est la découverte de ce paysage, de ce morceau de terre émergeant de l’eau, un regard personnel que je porte pour partager les clefs de lecture de cette île. Son histoire et sa culture, nous apportent une compréhension des dynamiques naturelles et anthropiques qui fondent ce paysage si particulier. Ce projet de fin d’étude est pour moi l’occasion de partager la beauté naturelle de cette île et de proposer un projet de projet qui pérennisera la vie sur cette terre et l’organisation de ces activités.

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Sommaire


Avant-propos ..................................................................9

Origines ....................................................................15 Pays natal................................................................................17 Les îles de l’Atlantique : entre risques de l’eau et pression touristique.........................................................19 L’île de Noirmoutier, un paysage fragile.............................24 Des paysages emblématiques...............................................29 Granite et grains de sable Dunes de pins et d’oyats Des marais entre ciel et mer Polders Cultiver la plaine L’habitat, héritier et témoin d’activités

Mouvements .....................................................43 Le socle géologique................................................................46 Paysage en mutation : Histoire de l’occupation des terres et des activités .....................................................53

L’or blanc, exploiter le marais Cultiver plus, gagner des terres Un territoire d’élevage marin Le tourisme, économie principale de l’île

Une île soumise aux risques liés à l’eau..............................75

La source sédimentaire Les ouvrages bétonnés Les catastrophes


Anticiper et s’adapter..............................................................85

Opportunités.....................................................89 Une stratégie globale..............................................................91

Sur l’habitat Sur le sable

Un nouveau paysage de l’eau.................................................99 La mutation des économies dans le marais.........................101

Encourager les pratiques agricoles Restaurer les lagunes Sensibiliser le public

Du polder agricole au polder maritime................................115

Entre nature préservée et cultivée Un renouveau support d’écotourisme

Un nouveau trait de côte......................................................127

Protéger l’habitat Une promenade attractive

Conclusion ...................................................................141 Remerciements .......................................................145 Lexique ..........................................................................151 Bibliographie ............................................................155


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Origines Première partie

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Pays natal Un jour, lorsque l’on nous demande de choisir le sujet sur lequel nous voulons travailler, mon choix est rapide. Je sais deux choses. La première, que je veux travailler sur les questions de changements climatiques et notamment les risques qui y sont liés tels que la submersion marine et l’érosion côtière. La deuxième, que je souhaite retourner à mes origines et travailler sur les lieux de mon enfance, ces lieux où tant de souvenirs sont encore présents, où dans l’innocence je jouais avec mes frères sur les plages abondantes en sable, où l’on courait dans les grandes herbes et grimpait aux arbres tortueux tels des cascadeurs. Alors je choisis naturellement ces lieux

synonymes de bien-être et de bonheur. Bien des années se sont écoulées depuis ces souvenirs. Je sais désormais pourquoi ce sujet me tient tant à cœur et pourquoi je cherche tant à vouloir pérenniser ces paysages. C’est dans mon inconscient que je trouve les réponses. Lorsque le moment est venu de choisir une classe, mon choix se porte sur le thème «Nature en ville ». Aux vues de ce sujet, il est pour moi plus intéressant de travailler sur l’adaptation à grande échelle d’un territoire, de repenser son économie et l’habitat dans son ensemble, que d’implanter simplement de la « Nature » en ville. Je suis donc retourné en Vendée, pays natal, fouler les terres de Noirmoutier.

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18 Les courants de l’océan Atlantique. Source : Imago Mundi, Cosmovisions.Com


Les îles de l’Atlantique : entre risques de l’eau et pression touristique Aujourd’hui, le réchauffement climatique induit la fonte de la calotte glaciaire et la dilatation de l’eau de mer. Cela entraine inévitablement une élévation du niveau des océans. Il est déjà trop tard pour empêcher cette inéluctable élévation qui atteindra d’ici la fin du siècle, plus d’un mètre au dessus du niveau actuel. En revanche, il est toujours possible de s’adapter et d’évoluer en conséquence. Voyez vous la quantité d’eau que cela représente? Prenez la France, elle est d’une taille ridicule comparée à l’océan Atlantique. Les risques associés à la montée du niveau des océans tels que l’érosion des côtes ne feront qu’empirer.

Les courants sont puissants, et l’eau représente la moitié de la superficie du globe. Tant de forces dans éléments naturels qui façonnent notre planète. Imaginez lorsque l’eau est cumulée avec celle du vent. C’est ce qui arrive lors de grosses tempêtes et les dégâts sont parfois considérables. Les littoraux sont donc des paysages à forts enjeux. D’abord, parce qu’ils subissent les assauts de la mer mais aussi car ils sont sujets à une importante fréquentation touristique. Ces paysages de bords de mer très recherchés font face à une pression foncière importante où il n’y a plus d’hésitation à construire en zones à risques. Cette problématique est

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particulièrement forte sur les îles. Véritables microcosmes, elles possèdent les paysages diversifiés des territoires littoraux ce qui les rendent attractives. Pourtant ils sont vulnérables. De nombreuses îles se sont installées le long du rivage sur la côte atlantique. Elles possèdent cette caractéristique commune d’être vulnérables et très recherchées, pourtant elles ont chacune leurs identités et sont de formes et de tailles différentes. L’île de Noirmoutier est la quatrième plus grande île atlantique avec une superficie de 49 km² après l’île d’Oléron, l’île de Ré et Belle-Île-en-Mer. L’île de Noirmoutier est située dans la partie septentrionale du Golfe de Gascogne. Elle fait partie de la région Pays de la Loire et du département de la Vendée. Son emplacement lui vaut d’être directement soumise à l’influence des courants de la Loire puisque cette dernière se jette dans

l’océan Atlantique à une vingtaine de kilomètres au nord de l’île, dans l’estuaire de Saint-Nazaire. L’île est plus particulièrement inclus dans la Baie de Bourngeuf, un haut lieu de production conchylicole et de stationnement pour les oiseaux. Située à environ une heure de route de Nantes, on y accède principalement par un pont routier, et ce depuis 1970. Mais la fameuse et bien connue route submersible : le passage du Gois. Emprunté depuis de nombreuses années, le Gois a également été accompagné par un accès en bateau depuis Pornic.

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Groix

15 Km² Île-d’Yeu

25 Km²

Île de Ré

85 Km²

Belle-Île-en-Mer

84 Km²

Île d’Oléron Île de Noirmoutier

174 Km²

49 Km²

21 20 km


Les accès à l’île de Noirmoutier. Le passage du Gois. Source : www.communes.com Bateau vapeur faisant le service de Pornic. Source : archives de la Vendée Construction du pont routier. Source : www.sudouest.fr

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Marais Breton Vendéen Pointe de Saint-Gildas La Loire

Saint-Nazaire

Baie de Bourgneuf Île de Noirmoutier

L’île de Noirmoutier, un paysage fragile L’île de Noirmoutier est particulièrement vulnérable aux risques littoraux. Son caractère insulaire fait de ce territoire un paysage à forts enjeux, du fait de sa topographie, de ses paysages extraordinaires, de son échelle intimiste, et de ses plages de sable menacées. Le territoire possède une topographie basse, les deux tiers de l’île sont sous le niveau des plus hautes eaux lors de marées de forts coefficients: ces zones correspondent aux marais et aux polders. La géomorphologie de ses côtes, essentiellement sableuses, rend l’île sensible à l’érosion. Ce n’est pas tout; L’île et son ensemble la Baie de Bourgneuf

est une zone géographique particulièrement menacée. Elle a été soumise à de nombreux événements climatiques au cours de l’histoire. On estime que l’île a subi entre l’an 567 et 2012, plus de 10 tempêtes et submersions graves pour le sud de l’île et entre 6 et 10 événements pour le nord. C’est relativement important comparé au reste du littoral. Au Sud de l’île, l’habitat s’est construit rapidement et bien souvent en zone à risque, ce qui rend l’île d’autant plus menacée. C’est donc une multitude d’informations qu’il faut prendre en compte pour évaluer la vulnérabilité de ce territoire.

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ire

e la ire d a u t s E

Lo

Indicateur de vulnérabilité

Fort

e Baie d

uf ne g r Bou

Moyen Très fort Faible Très faible

Océan Atlantique

Vulnérabilité de la côte atlantique Carte redessinée par l’auteur. Source: VertigO

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10 km


Nombre d’évenements Entre 6 et 10 Supérieur à 10 Entre 4 et 5 Entre 2 et 3 Inférieur ou égal à 1

Nombre d’événements entre l’an 567 et 2012 26 Carte redessinée par l’auteur. Source: VertigO

10 km


Evolution du l’habitat Avant 1960 Entre 1960 et 1979 Entre 1980 et 1999 Entre 2000 et 2008 Entre 2009 et 2013

Un développement fulgurant au XXe siècle. Carte redessinée par l’auteur. Source: Plan Prévention des Risques Litoraux (PPRL)

1 km


uf

e rgn u o de B

Baie

Socle rocheux

Marais salants

Dunes de sable

Polder

Marais d’eau douce

Arrière pays bocager

5 km

Les sous-unités paysagères du littoral vendéen. Carte dessinée par l’auteur.

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Des paysages emblématiques Lors de mon arrivée sur l’île, je me suis laissé bercer par l’abondante nature qui m’entoure. Les paysages sont tels que je les avais imaginés, du moins tels qu’ils étaient restés dans mes souvenirs. Tout comme les rêveurs qui viennent fouler ces terres, je me perds dans l’horizon, dans ce camaïeu de bleus offert par le ciel et la mer. Je comprends l’attrait des visiteurs pour cette île et pour ces paysages, l’intérêt que portent les promeneurs à la contemplation des lieux, à s’imprégner de cette beauté. Je comprends aussi pourquoi tant d’artistes sont venus immortaliser à la peinture, à l’aquarelle ces paysages variés. C’est véritablement cette diversité et cette beauté qui participent à l’attractivité touristique de l’île.

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Pastel gras, mine de plomb. 2018

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Granite et grain de sable Côtes rocheuses, côtes sableuses. Une alternance douce. J’escalade les morceaux de granites. Je saute de pierre en pierre. Piquant. Coupant. Douceur. Je sens les grains de sable glisser entre mes orteils. Mes pieds s’enfoncent. Tantôt sec, tantôt humide. Frais. Chaud. Glissant. Derrière moi, mes pas s’estompent un peu plus à chaque enjambée. Rocher. Platier. L’eau se retire, la roche affleure. Sable dispersé. A chaque vague, le grain en suspension danse. Léger. Tourbillonnant.

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Pastel gras, crayon papier. 2018

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Dunes de pins et d’oyats

Je me rappelle cette jeunesse passée à courir dans les dunes. Se cacher derrière les chiendents. Caresser les oyats. Innocence. Le vent souffle. Les herbes dansent, ondulent. Mobile. Suivre le chemin. Se laisser guider. Observer. Chaleur. La dune blanche. Reflets. Derrière la dune, silence. Le vent s’est apaisé. Calme. Isolé. L’étendue grise croustille sous le soleil. Bosses. Creux. Briolichenique*, le tapis. Quelques pré-fourrées anémomorphosées* amorcent la dune boisée. Le vent a sculpté les pins. Certains laissent même paraître leur chair, leurs os. Nus. Le bois m’appelle. Mon regard est irrésistiblement plongé en son cœur. Profond. Sombre. Mystérieux. Les fûts rectilignes des pins se mêlent aux troncs tortueux des chênes verts. Douce mélodie des oiseaux. Mélancolie. Seul. Bruit sourd de mes pas. Sol moelleux. Frais.

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Pastel gras, crayon papier, encre. 2018

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Des marais entre ciel et mer

Miroir, mon beau miroir. D’où me vient cet étrange sentiment ? Serein. Oui je le suis. Je repense à cette lointaine époque où le marais était craint. Lieu de tous les fantasmes. Monotonie. Immensité. Je traverse le cœur de l’île. Eau. Ciel. Reflets. Le vent fait danser les phragmites. Ils chantent. Les hautes herbes accompagnent mon lent voyage. Seul. Odeur fétide de la vase. Grise. L’envol d’un héron solitaire rompt le silence. Les limicoles* me craignent. Blanc. Monticule de sel. Un homme racle le fond de son bassin. Le saunier. La dune boisée. Lointaine. Elle ferme le marais.

* Lexique page 156

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Pastel gras, crayon papier. 2018

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Polders

Vaste étendue. Ouverture. Mon regard file vers l’horizon. Lointaine, la digue. La lumière illumine les champs. Les rayons de soleil effleurent ma peau. Réchauffent mon corps. Géométrie. Simple. Je continue mon périple, je marche sur le tracé agricole rectiligne. Les buttes trapézoïdales accueillent les cultures de pommes de terre. Quelques peupliers s’élèvent droit vers le ciel. Dansent. Chantent. Le vent. Opposition. Le polder* naturel côtoie juste l’agriculture. Quelques bossis* émergent de l’eau. Au grand bonheur des oiseaux y trouvant refuge. Parades. Les amoureux aux plumes soyeuses se courtisent. Abondante nature. Fertiles terres. Eaux fécondes. J’observe.

* Lexique page 156

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Pastel gras, crayon papier. 2018

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Cultiver la plaine

Sur le plateau granitique, la Bonnotte. Champs. Des champs à perte de vue. Parfois un tunnel. Hémicylindrique. La bâche tendue sur les arceaux courbés reflète le soleil. Blanc. Contraste avec les feuilles sombres de la pomme de terre. Je longe l’axe routier. Rectiligne. Le parcellaire quadrille la plaine. Anthropisation. Un moulin. Une ruine. Témoin de l’ancienne activité céréalière. Terre sèche, ensoleillée. Vents forts. Ici, je ne distingue ni oiseau, ni eau. Seul le bruit incessant des voitures me dérange.

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Pastel gras, crayon papier, encre. 2018

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L’habitat, héritier des paysages et témoin d’activités Terre de sel. La salorge. De bois ou de pierre elle est construite dans le marais. Parfois des ruines. Je vois les cabanes de pêcheurs sur pilotis suspendre leurs filets au-dessus de l’eau. Pittoresque. Terre de pêcheurs. Mer. On me raconte qu’à l’époque les maisons de pêcheurs étaient basses. Résistance aux vents forts. Hautes ouvertures. Pour prendre le soleil. Volets bleus et murs blancs. Bord de mer. Typique. Je sens déjà l’odeur des embruns et du poisson frais du marché. Terre d’accueil. Villas balnéaires aux ornements fantasques. Ce sont les extravagances des quelques riches touristes venus faire construire leurs résidences estivales.

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Mouvements Deuxième partie

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L’île n’est aujourd’hui que le résultat d’un paysage constamment en mouvement, influencé par des dynamiques naturelles telles les courants marins et éoliens. Depuis les époques les plus lointaines ou plus récentes, le paysage a toujours été mouvant. Le trait de côte fluctue aujourd’hui entre érosion et accrétion*, subit les assauts hivernaux ou la générosité estivale de la mer. C’est notamment le cas pour la pointe sableuse du sud de l’île aussi connue sous le nom de « queue de comète »* qui gagne en surface. De plus, ces dynamiques naturelles et plus tard anthropiques ont permis de créer un territoire diversifié dont les paysages possèdent des identités uniques.

* Lexique page 156

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Ile du Pilier Bloc granitique

Les «Boeufs»

Le socle géologique À l’origine, le socle hercynien granitique de l’île de Noirmoutier était rattaché au continent. Des morceaux de roches se sont détachés et les courants induits par la Loire ont fait dériver les rochers. Ils se sont éloignés du rivage et ont pris leur position actuelle. Si le rocher principal est occupé par l’homme, ceux de moindre importance forment des platiers* rocheux qui se découvrent à marée basse.

* Lexique page 156

5 km

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Lors de la dernière glaciation, il y a 18000 ans, le niveau de l’eau était beaucoup plus bas. Des cours d’eau et chenaux se sont alors formés, provenant du continent (la Loire et le Falleron) allant vers les profondeurs de la mer et transportant les sédiments. Lors de la déglaciation, il y a 10000 ans, le niveau de la mer s’est élevé très rapidement, les sables alors bien loin de l’île se sont retrouvés transportés par les marées et soufflés par les vents pour former une dune unique entre Noirmoutier et le littoral vendéen.

5 km

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Il y a 5000 ans, les sédiments toujours apportés par les mêmes courants sont venus s’appuyer petit à petit contre les roches, formant ainsi une grande vasière, créant un cap relié au continent. Le niveau de l’eau est alors 2 à 5m plus bas.

5 km

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Ile de Bouin

Goulot de Fromentine

Marais Breton Vendéen

Avec la montée des eaux, Les chenaux et cours d’eau isolèrent les îles de Noirmoutier et de Bouin et créèrent une brèche dans la dune : l’actuel goulet de Fromentine. Les vasières forment aujourd’hui les zones de marais telles qu’à Noirmoutier ou dans le Marais

5 km

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Polder du Grand et Petit Mullembourg Polder de Sebastopol

Polder de Boucaud et Terrain neuf Polder de la Tresson et la Nouvelle Brille Déssechement des Bas-Isleaux

Breton Vendéen. Bien plus tard lorsque l’homme s’installa durablement sur l’île, entre le XIVème et le XVème siècles, elle commence à être ème exploitée. Au XVI siècle des terres sont gagnées sur la mer, notamment à des fins agricoles. Puis sous l’influence de la famille Jacobsen au XVIIIème siècle, la politique d’endiguement prend de plus en plus d’importance. Le niveau de la mer est en constante augmentation et les polders n’existent aujourd’hui que grâce aux hautes digues qui les protègent.

5 km

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L’Isle de Narmoustier. Christophe Tassin XVIIème siècle. Source : Archive de la Vendée

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Un paysage en mutation. Histoire de l’occupation des terres, des activités Les nombreuses recherches me conduisent à comprendre que l’île est un paysage en évolution, en lien avec l’occupation de l’homme. Les premières traces remontent au Paléolithique inférieur (entre 400000 et 200000 ans av. JC) dans le Bois de la Chaise. L’île de Noirmoutier, autrefois appelé l’île d’Her était habitée durant la période galloromaine, mais ce n’est qu’au VIIème siècle que son histoire commença réellement ; lorsque le moine Saint Philibert, en 675, s’installa sur l’île et y fit bâtir le monastère d’Herio à l’origine du nom de l’île. Tout comme les paysages de l’île, mouvants, ce dernier changea à plusieurs reprises. D’abord, Hermoustier, puis Nermoustier le «monastère noir» fini par devenir Noirmoutier. Saint Philibert encouragea les insulaires à mettre en valeur le sol de leur territoire, à cultiver, à utiliser les marais salants et y bâtir des moulins à vent pour transformer les céréales.

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Aujourd’hui, il est possible d’un seul regard voir la terre d’un côté, la mer de l’autre. Certains points de vue nous offrent cette opportunité, et je ne peux que constater l’ambivalence des paysages et des activités sur l’île, entre ceux qui cultivent la terre et ceux qui cultivent la mer. Ces gens-là perpétuent les traditions et composent avec le paysage. Je vois en ces personnes la mémoire, je vois des métiers difficiles qui ont su s’installer avec le temps.

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Marais salant du petit Mullembourg

Port de l’Herbaudière Plaine agricole

La Nouvelle Brille et la Tresson

Port du Bonhomme Polder agricole

Tourisme Pêche Pisciculture

Conchyliculture (mytiliculture et ostréiculture) Céréaliculture

Maraîchage (Pomme de terre Bonnote) Saliculture 0

Répartition des économies sur l’île.

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3

4 Km


La rĂŠcolte du sel dans les marais salants. Sources : Archives de la VendĂŠe

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L’or blanc: exploiter le marais

Très tôt, les moines prirent ce que l’île leur offrait de meilleur. Le climat est clément, les hivers sont doux et les étés tempérés. Le sol sablonneux est riche en goémon et l’eau de mer est présente en abondance. Le territoire est le résultat d’un long travail de patience où, d’un paysage de marais naturel, les moines firent, exploitant le sel, un paysage anthropisé. Les digues permirent d’assécher les terres, les étiers de réguler l’eau, le soleil et le vent à l’eau de mer de s’évaporer lentement. Déposant ainsi le sel sur les œillets des bassins. C’est le début de l’exploitation de l’or blanc qui devient une véritable économie pour ce territoire qui fit la renommée de l’île. Aux XIVème et XVème siècles, les ports hollandais, anglais, irlandais et suédois envoyaient leurs flottes pour

* Lexique page 156

chercher le sel nécessaire à la salaison des viandes et poissons. L’exploitation de l’or blanc était florissant et atteint 12000 œillets* de culture en 1942, déclina à 2000 en 1970 puis à 600 en 1985. Aujourd’hui les quelques marais salicoles restants sont implantés dans le marais de Mullembourg ou sont dispersés dans l’immense zone de marais située au centre de l’île. Même si l’activité a fortement décliné à partir de 1980, depuis quelques années elle reprend avec de jeunes sauniers qui cherchent à pérenniser cette activité artisanale, véritable valeur patrimoniale sur le territoire.

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Paysage salicole. De gauche à droite : Une salorge*, un saunier entretenant ses bassins et les miroirs d’eau rectilignes. Photographies personnelles

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La récolte du varech sur l’estran par les hommes et leurs fidèles compagnons. Sources : archives de la Vendée

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Cultiver plus, gagner des terres

À l’époque, l’exploitation du sol est nécessaire afin de se nourrir. On cultive alors la plaine agricole au nord de l’île. La production est peu diversifiée et les quelques moulins toujours présents témoignent de la culture céréalière et de sa transformation. Malheureusement, la production est trop faible pour nourrir la population croissante. Il a donc fallu davantage de terres pour cultiver plus. Les quelques digues construites de l’époque ne suffisent plus, c’est au XVIIIème siècle, qu’en sont construites de nouvelles. Les terres formées par les dépôts de boues amenées par les marées sont alors asséchées. C’est au sud que l’île gagne des centaines d’hectares à vocation agricole. La famille flamande Jacobsen et les différentes générations continuèrent de

construire les digues selon les procédés nordiques. La première digue de la famille fût la jetée Jacobsen commandée par Jean Corneille afin de créer des marais salants, le petit et le grand Müllembourg. Puis son fils Auguste Jacobsen continua avec la Nouvelle Brille et la Tresson. L’activité céréalière s’est progressivement faite remplacée par la production de pomme de terre, jugée plus rentable et ayant une plus grande valeur. C’est aujourd’hui un réel synonyme de terroir.

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Paysage de culture. De gauche Ă droite : Les moulins toujours prĂŠsents, les pommes de terres du terroir et les tunnels lointains. Photographies personnelles

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Entrée du port de pêche de Noirmoutier en ‘île. Sources : archives de la Vendée

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Un territoire d’élevage marin Depuis des décennies le territoire est partagé entre terre et mer et tire profit de ces deux milieux. Le commerce notamment du sel fit de l’île un territoire prospère. Un changement important s’est opéré au XIXème siècle lors de la mutation des économies. L’aquaculture prend une place importante dans l’économie de l’île. Aujourd’hui, l’ostréiculture (huîtres) se partage entre l’élevage en pleine mer et en bassin d’affinages appelés claires. Des zones de polders sont d’ailleurs entièrement dédiées à cette activité comme à la Nouvelle Brille par exemple. Le port du Bonhomme est également un lieu d’accès à la mer où l’activité ostréicole y est fortement présente. On trouve également la mytiliculture* (moules), un métier semblable à celui d’ostréiculteur. La dernière mutation apparue est celle de la pisciculture* venant en complément de la pêche, qui élève sur l’île le turbot (label rouge) et nécessitant de

Le sel et l’agriculture ne sont pas les seules sources économiques de l’île. En effet, on y vit aussi de la mer. L’activité de pêche est amorcée dès lors que les ports sont construits, comme à Noirmoutier-en-l’île, en raison de son emplacement stratégique, protégé des houles. Aujourd’hui on y trouve un cimetière de bateaux dont les carcasses pourrissent lentement au grès des marées. Plus tard d’autres ports bien plus gros tels que celui de l’Herbaudière et de celui du Morin sont construits. La pêche à plus grande échelle débute. L’ostréiculture* se développe également et s’implante stratégiquement aux entrées des étiers là où l’accès en bateau est facile.

lourdes infrastructures.

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Paysage de l’eau. De gauche à droite : Les cabanons de pêches, les premiers bâtiments ostréicoles à l’entrée des étiers et les tables d’huîtres de pleine mer. Photographies personnelles.

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Paysage de l’eau. De gauche à droite : Le polder ostréicole, quelques ostréiculteurs qui reviennent de la mer et les bâtiments piscicoles. Photographies personnelles.

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La station balnĂŠaire du bois de la chaise. Sources : Archives de la VendĂŠe

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Le tourisme, économie principale de l’île

Le plus gros changement est celui de l’apparition du tourisme devenant l’économie principale de l’île. À partir de la seconde moitié du XIXème siècle, la pratique du bain de mer favorise l’essor du tourisme et l’activité du littoral atlantique se répand sur l’île. La liaison en bateau reliant Pornic et le Bois de la Chaise permet l’accès à la plage des Dames, l’une des premières plages à devenir lieu touristique. C’est pour cette raison que les premières villas balnéaires voient le jour dans le Bois de la Chaise. Aujourd’hui la plage des Dames dotée de ses vieilles cabines de bains et son embarcadère forme un paysage patrimonial témoignant du passé cher aux yeux des habitants. La mise en place des congés payés, la démocratisation de l’automobile, l’arrivée du chemin de fer, sont autant de raisons qui ont permis le développement du tourisme. Les conséquences sur le littoral atlantique comme le développement des villes se retrouve à plus petite échelle sur l’île de Noirmoutier,

par exemple avec le cordon urbanisé pris entre la dune boisée et le polder agricole du sud de l’île . Le territoire est un lieu très touristique dont les voyageurs cherchent leurs petits coins de paradis. Le principal atout de l’île est son réseau de plages, petites ou grandes qui entourent l’île. Puis la diversité et la beauté des paysages attirent le promeneur. Enfin son patrimoine et son terroir est un facteur pour le touriste qui l’amène à consommer local. Aujourd’hui, seulement 30 % de l’île est habitée à l’année soit environ 10000 habitants. En revanche, durant la période estivale c’est 1,2 millions de voyageurs qui visitent l’île. Il y a donc une forte saisonnalité, la distinction entre la période hivernale et la période estivale se ressent réellement de par la présence, ou non, des touristes. L’île de Noirmoutier est territoire dont l’histoire et le patrimoine y sont fortement ancrés, où le terroir et le local sont des valeurs importantes pour les habitants et les touristes.

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Paysage touristique. De gauche à droite : Les fameuses cabanes du Bois de la chaise, les activités nautiques, deux touristes vont pêcher les coquillages, les balades en vélo au plaisir des promeneurs. Photographies personnelles et office de tourisme de Noirmoutier.

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Une île soumise aux risques liés à l’eau.

L’île de Noirmoutier est vulnérable face aux changements climatiques, face à la montée du niveau des océans et l’érosion côtière. L’Homme a toujours voulu conserver la tête hors de l’eau. Par tous les moyens il a cherché à lutter contre ces aléas. C’est pourquoi il est important de bien connaître les dynamiques naturelles et anthropiques de ce territoire.

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Le transite sĂŠdimentaire depuis la Loire.

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La source sédimentaire L’érosion est un phénomène qui a toujours existé mais qui tend à s’accentuer ces dernières années, du fait de l’action de l’homme sur son environnement. Lorsque l’on construit des ports, des digues, des épis* ou des pérrés*, le sable normalement porté par les courants marins se retrouve bloqué ce qui empêche sa dérive naturelle. C’est une véritable course au sable. Chaque commune cherche à en capter le plus possible à des fins économiques sans avoir de réelles pensées à l’échelle de l’île. L’un des facteurs qui aggrave la situation est l’exploitation du sable. Les plages de l’île de Noirmoutier sont directement alimentées par les courants de la Loire située plus au nord. Le sable est devenu aujourd’hui une denrée disputée.Avec le temps,

* Lexique page 156

les vallées fluviales ont comblé des fosses, devenant ainsi de véritables réserves de sable qui alimentent les plages telles que celles de Noirmoutier. Ainsi, l’exploitation de ses carrières de sable sousmarines participe à amoindrir la quantité de sable disponible et donc à réduire la capacité des plages à se recharger. L’île de Noirmoutier est mouvante, ce qui propose des ambiances multiples. Le trait de côte évolue constamment et oscille entre accrétion et érosion. Il est vrai que de nombreuses plages de l’île perdent en surface notamment due à l’érosion mais également à la hausse du niveau de l’océan. En revanche, la pointe de la fosse tout au sud de l’île, gagne près de trois mètres par an sur l’océan. La dynamique naturelle du système dunaire est d’évoluer

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vers une dune boisée. Et dans cette optique, c’est un paysage évolutif qui petit à petit s’adapte à son milieu. Mais cet espace tampon subit les vas et vient des marées et est dépendant de la saisonnalité. En effet, en été par un temps plus clément, les sables forment une dune protectrice sous l’action éolienne. En hiver, les aléas climatiques et tempêtes grignotent la dune.

Dépression

Les dunes sont donc des systèmes dynamiques et mouvants que l’homme a cherché à dominer. Par crainte de voir ses plages disparaître et par conséquent son économie du tourisme, il a œuvré en construisant des perrés et des épis figeant le trait de côte et venant en opposition au système d’évolution naturelle des plages.

Epi

Accrétion

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Dune boisée

Dune grise

Dune blanche Plage

Evolution naturelle du système dunaire

Les épis de bois ou de pierres ponctuent les plages. Photographie personnelle

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Des ouvrages bétonnés L’île possède 62 km de trait de côte, dont 29 km de digues et 31 km de dunes. Le rapport est quasiment égal. La quasi totalité de la façade Est de l’île est endiguée. Même si ces digues ont été construites à des fins agricoles et servaient à assécher les sols, elles sont aujourd’hui des ouvrages de lutte contre la submersion et continuent d’être entretenues pour ne pas voir les anciennes terres gagnées sur la mer être recouvertes à nouveau par les eaux. Les digues ne font que maintenir l’illusion d’être en sécurité. En cas de tempête l’eau de mer s’infiltrera quel que soit le moyen ou le chemin emprunté. Pour qu’une digue soit réellement efficace il faut qu’elle soit parfaitement entretenue ce qui représente un coût financier important pour l’île. De nombreuses tempêtes ont déjà causé d’énormes dégâts, la dernière en date (Xynthia) était un événement de faible importance comparé à ce qui arrivera d’ici 2100.

0

1

2

3

4 Km

Les enrochements ne résistent pas face à la force considérable d’une houle de tempête, les perrés bétonnés se fissures, les faiblesses sont créées par les eaux d’infiltration, et les dunes s’érodent. Le constat le plus frappant est sans doute de croiser une microfalaise d’érosion où l’on voit réellement la différence entre le sommet de la dune et la base, comme si un coup de pelle mécanique était venue creuser. Un drôle d’escalier qui s’arrête dans le vide, témoigne de l’ancien niveau « haut » de la plage, ou bien encore des sacs de sables, des gros enrochements bétonnés disposés dans l’urgence pour combler une faille.

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Micro-falaise d’érosion. Photographie personnelle

Digue séparant deux milieux, l’estran et le polder. Photographie personnelle.

Un escalier sur les pérrés de la Guérinière


Janvier 1979 – Inondation de la plaine de Barbâtre. Brèche dans la digue du polder de Sébastopol.

Janvier 1979 - La solidarité sur le Gois

Janvier 1982 – Inondations du centre-ville de Noirmoutier en l’Ile

82


Les catastrophes

1382 « L’année a connu beaucoup de

1705

tempêtes désastreuses. »

1763

« A la Guérinière, où la largeur de l’île ne dépasse pas 500 m, un

« Les digues de la Frandière furent

«vimer» ouvrit une brèche dans la

rompues en trois endroits ; la mer

dune et l’océan en furie s’élança par

noya toutes les terres de la Fosse,

ce passage. »

de la Frandière et des Onchères;

Eva Pénisson : « Une île sous la mer

le moulin des Onchères, un certain

» p.13 Editions U.P.C.P.

nombre de maisons, dont une dizaine du bourg furent englouties

1838

et dévastées. »

Pages

d’Histoire

noirmoutrine,

Ferdinand Guillet, 1948

1937

« Destruction des digues privées sur la côte de Pulant, inondations catastrophiques à la Guérinière. Il

« Rupture de la digue à la Tresson, la

faut des barques pour passer d’une

mer atteint la route, 130 ha inondés.

maison à l’autre. »

Dans la nuit du 13 au 14 mars, les habitants de l’île de Noirmoutier et des communes du marais de Monts et de Bouin furent alertés par le

1979

tocsin. »

2010

« C’est ainsi que le 31 décembre 1978, lorsque la digue du Gois a

« Tempête Xynthia - coefficient de

cédé, on a enregistré une surcote de

marée de 103, forte dépression, vent

0,70 m à la suite d’une dépression

de sud-ouest de 120 km/h, surcote de

importante. »

1,3m.Aucune brèche d’importance,

Henri Martin « Extraordinaire

mais nombreux franchissements, débordements

et

histoire du passage du Gois » p.95

inondations

dans toute l’île. Nombreux dégâts constatés sur les ouvrages de défense. Important recul dunaire et abaissement du niveau des plages observés sur l’ensemble des côtes sableuses. »

Source : Vivre l’île 12 sur 12. Principales

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catastrophes et cataclysmes dans l’Île de Noirmoutier depuis le IIIème siècle


1 km

Un territoire sumersible et un trait de cĂ´te mobile.

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Anticiper et s’adapter Noirmoutier est donc une île qui a évolué avec le temps et qui s’est développé avec les économies présentes sur le territoire. Cependant l’île est vulnérable et on peut distinguer trois types de dégâts. D’abord, les dégâts physiques sur le patrimoine. En effet l’île possède une forte valeur patrimoniale qui forge son identité. La montée des eaux met en péril ce patrimoine paysager ou architectural et risque d’effacer l’image de l’île qui a fait sa renommée et qui a toujours attiré. Il y a ensuite les dégâts économiques. Une grande partie des économies qui font vivre le territoire sont situées dans des zones à risques. Le tourisme est menacé notamment car les plages disparaissent progressivement. C’est également le cas pour la saliculture car il y a de moins

en moins de marais salants disponibles. Il en est de même pour la conchyliculture dont l’eau est de plus en plus polluée. L’acidification des océans met en péril les claires derrière les digues. C’est tout le système économique qu’il faut repenser afin de pérenniser ces activités locales qui ont marquées l’histoire. Enfin, il y a les dégâts moraux liés aux sentiments de peur et d’insécurité. On parle ici surtout des habitants de l’île qui vivent le territoire à l’année. Ce sentiment est lié d’une part à l’habitat submersible, d’autre part au paysage qui peut disparaitre. Dans ce cas c’est comme une petite part de soi, une appartenance qui disparaîtrait aussi. Les systèmes de digues jouent leur rôle d’illusionnistes dans la protection contre les aléas de tous les jours certes, mais pas lors de gros événements.

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Et lorsqu’ils apparaissent, les dégâts sont bien souvent conséquents. Afin de réduire la vulnérabilité liée aux risques littoraux, il faut prendre en compte l’aléa, en faire une gestion réfléchie. Les populations doivent se sentir en sécurité face aux risques et il est nécessaire que l’habitat et les économies soient répartis de façon la plus raisonnée possible. Trois enjeux apparaissent sur l’île de Noirmoutier : la préservation des zones naturelles, la protection de l’habitat et l’adaptation de l’économie face aux risques maritimes. Mais chaque milieu a ses propres enjeux. Concernant les

* Lexique page 156

plages et les milieux dunaires, il va s’agir de préserver le milieu tout en accueillant le public en le sensibilisant. Dans les marais, il va s’agir d’encourager les pratiques traditionnelles aquacoles respectueuses et créatrices de biodiversité et de restaurer ou conserver les lagunes qui favorisent également la biodiversité. Enfin, pour les milieux aquatiques, il va s’agir la encore d’encourager les activités traditionnelles telles que la conchyliculture*, de renforcer l’information et de sensibiliser à l’intérêt de ces milieux, enfin de concilier tourisme et préservation des milieux.

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Nouveau trait de côte.

Nouveau paysage aquacole

Paysage dépoldérisé support d’écotourisme

Habitat menacé Espaces naturels menacés

0

1

2

3

4 Km

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OpportunitÊs Troisième partie

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Une stratégie globale pour l’île À partir de ce constat, je propose de travailler sur l’habitat et les économies des zones vulnérables tout en conservant la qualité environnementale de l’île. Il va s’agir dans une démarche d’adaptation, d’opérer une mutation et/ou relocalisation des économies, de l’habitat et des espaces naturels en fonction des enjeux.

sont les espaces naturels qui sont les plus impactés par la montée des eaux. Je propose avant tout de m’attarder sur ces espaces qui seront touchés en premier. Il s’agit du marais interne de l’île, des marais de Müllembourg et enfin du polder de Sébastopol et plus largement des polders agricoles. L’ensemble des sites naturels seront ouverts au public et tournés vers un écotourisme qui permettra de sensibiliser les promeneurs à l’importance des systèmes dynamiques et des relations écosystémiques* dans la création d’une résilience naturelle support d’économie.

Trois lieux sur l’île se dégagent par leurs nombreux enjeux. Tous possèdent des enjeux liés à la conservation de la biodiversité, sont reconnu comme des paysages remarquables où la ressource en eau est importante. Ce

* Lexique page 156

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Sur l’habitat

À l’échelle de l’île, je propose de relocaliser l’habitat trop menacé et voué à être submergé. Ensuite il est nécessaire d’adapter l’habitat vulnérable. Par exemple au sud de l’île c’est l’occasion d’opérer une rénovation des quartiers pavillonnaires assez peu qualitatif qui sont habités essentiellement pendant la saison estivale. Il s’agit là avant tout de construire un étage supplémentaire pour les maisons basses ou se percher sur pilotis. Une charte paysagère pourra alors être suivi afin d’assurer une cohésion d’ensemble et donner plus de valeur au patrimoine architectural du sud de l’île. Le projet ci-contre est un exemple intéressant. Il respecte le caractère de l’architecture traditionnelle et intègre les enjeux

environnementaux. Le mur de pierre conservé protège des vents d’ouest et les ouvertures au sud maximisent les apports solaires. Ce type d’habitat est particulièrement adapté au contexte de montée des eaux et parfaitement adapté à la saisonnalité pour y vivre été comme hiver. La politique engagée pour l’habitat du nord de l’île, plus ancien et qualitatif suit la politique de l’île. La relocalisation des habitations directement menacées par la submersion, puis une protection par un nouveau trait de côte crée suivi de l’adaptation de l’habitat plus éloigné mais toujours vulnérable.

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Source : Noirmoutier, habiter avec la mer. CAUE


Dune fragile

Érosion

Végétation fixatrice Chemin d’observation

Progression

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Sur le sable

Un travail est à effectuer sur le contour de l’île. Les plages et plus largement le système dunaire ont un double rôle. Premièrement les plages sont les principaux lieux d’attractivité pour les touristes. Deuxièmement, les dunes qui se forment naturellement derrière les plages protègent l’habitat qui s’est installé à l’abri des vents et des marées. Il est donc important de conserver un cordon dunaire* suffisamment large . Il s’agit d’offrir des plages plus amples et d’accroître la quantité de sable par des systèmes doux accompagnant la dérive des sédiments. En amont il s’agit d’arrêter l’extraction des sables sous-marins. Sur l’île,

* Lexique page 156

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il s’agit de mettre en place des ganivelles et des pieux en bois qui permettent de retenir les sables éoliens et marins, favorisant ainsi la fixation de la dune par la végétation. Il s’agit aussi d’éviter le piétinement qui risquerait d’aggraver la vulnérabilité déjà présente. Ici un grand travail de sensibilisation est à effectuer afin d’informer le touriste de l’importance de la ressource sédimentaire. Seuls quelques chemins d’accès aux plages seront conservés et les dunes interdites au public. La nouvelle façade ouest de l’île se partagera entre plages naturelles en accrétion et plages touristiques.


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Un nouveau paysage de l’eau Nous avons pu voir à quel point l’eau était importante sur ce territoire. Elle est partout, dans chaque milieu. Et c’est pourquoi j’ai choisi d’axer mon travail autour de cette ressource. De plus nous l’avons vu précédemment, l’île de Noirmoutier est un territoire en mutation, changeant, j’ai donc orienté mon travail dans cette dynamique pour les trois lieux de projets choisis. Le marais aujourd’hui comptant pour un tiers du territoire accueillera des économies aquacoles. Les polders agricoles évolueront vers des polders maritimes. Enfin, un nouveau trait de côte sera défini dans l’actuel marais de Müllembourg.

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Ecomusée

Marais salants Ostréiculture Mytiliculture Pisciculture Réserve naturelle

0

1km

Une nouvelle répartition des économies

100


La mutation des économies dans le marais Aujourd’hui la zone de marais est en grande partie occupée par des marais naturels qui était anciennement très exploités et dont le seul but actuel est d’être des réservoirs de biodiversité. Finalement, peu sont encore utilisés pour le sel et de nombreuses parcelles sont abandonnées et s’enfrichent. Des infrastructures liées à la conchyliculture et à la pisciculture se sont installées derrière les digues. On y trouve des claires à huîtres et des successions de tunnels accueillant l’élevage de poissons. Afin de répondre aux nombreux enjeux de la zone de marais, je préconise de réorganiser spatialement les activités salicoles, conchylicoles et piscicoles. Le

* Lexique page 156

changement le plus important qui va s’opérer sera celui de l’acceptation de la submersion marine dans les terres. Cela permettra d’une part de protéger les habitations en cas de tempêtes grâce à la résilience* naturelle que nous offre les marais et d’autre part d’être le support d’économies. Je repense le modèle de l’économie actuelle pour faire muter les activités. Aujourd’hui l’eau s’infiltre dans les marais à marée haute par des étiers et est gérée par des écluses et des coëfs* qui bloquent les eaux lorsque la marée redescend. Le projet consiste à travailler avec les marées et la hauteur d’eau naturelle et pouvoir bénéficier d’économies qui fluctuent avec le niveau de l’eau.

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Encourager les pratiques traditionnelles

Tout d’abord, afin de préserver les zones naturelles que sont les marais, je propose une réorganisation spatiale des économies. Tout l’intérêt de développer ces pratiques est de pouvoir bénéficier d’un paysage productif où la préservation de la biodiversité est de rigueur. Les marais salants ne nécessitant qu’une faible hauteur d’eau seront situés le plus à l’ouest, hors de la zone submersible. L’eau de mer sera donc toujours apportée par les étiers et gérée par des coëfs. En revanche la partie submersible accueillera dans sa partie moyennement profonde la mytiliculture et dans sa partie peu profonde l’ostréiculture. De cette manière, la spatialisation des activités est régie par la différences d’hauteurs des infrastructures de croissance des coquillages. La partie où

la quantité d’eau sera la plus importante accueillera un type de pisciculture respectueux de l’environnement, plus proche de la pêche que de l’élevage. Puis, je redonne de l’importance aux marais salants en réexploitant les anciens marais voués à l’abandon. Le développement de l’activité salicole vient en continuité avec la tendance actuelle qui est de voir l’apparition d’une nouvelle génération de sauniers sur l’île. Un renouveau qui témoigne aussi de l’importance de la mémoire et de la tradition. Ensuite, il est important de développer l’aquaculture afin de répondre davantage à la consommation des français de ces produits de qualité. Le développement plus conséquent de cette activité permettra une production

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locale et évitera l’importation en contribuant à renforcer l’image et l’identité de ce territoire et apportera une plus-value. Le développement de ces produits de qualités et de ces économies apportera des revenus complémentaires à ceux du tourisme. Prioriser le développement de ce nouveau paysage et de ces revenus permettra d’amoindrir l’importance que l’île porte au tourisme estival cherchant de belles plages. L’enjeu lié à

la conservation de ces plages serait donc moins important et permettra de favoriser une politique de restauration d’un système dunaire naturel protecteur. Enfin, les anciens lieux de productions situés derrière les digues subiront eux aussi un changement: la transformation en lieux naturels et protégés pour la nidification où l’enfrichement « maîtrisé » ferait le bonheur des oiseaux.

105


s Terre

106

ĂŠes

rg imme


Restaurer les lagunes

Il convient de rappeler l’importance des écosystèmes pour les produits aquacoles. En effet bien souvent les espaces naturels sont capables d’accueillir la vie et de fournir une ressource alimentaire importante. C’est le cas par exemple du phytoplancton base de la chaîne alimentaire qui se développe dans la couche superficielle de la mer, là où la lumière est encore présente en grande quantité. Toutes les activités seront inscrites dans un paysage « naturel » qui favorisera les interactions écosystémiques. Dans ces conditions, l’actuel paysage de marais offrira un véritable lieu de vie et de ressources où les coquillages et poissons pourront trouver aisément leur nourriture. Il s’agit de tirer parti au

maximum de ce que peut nous offrir le site en lui même. Les lagunes sont pour cela des moyens très efficaces et particulièrement important pour la filtration des eaux, elles ont un rôle autoépurateur. Un lagunage utile pour les ruissellements des eaux de pluies et polluées qui proviennent des routes, des terres agricoles, ou même des habitations et des usines… mais aussi de l’eau de mer qui est également de plus en plus pollués. Il est très important de veiller à la bonne qualité de l’eau et à la relation entre eaux douces et eaux salées. Notamment pour la production conchylicole et encore plus pour les bassins d’affinages qui nécessitent une qualité d’eau irréprochable.

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Sensibiliser le public Dans ce nouveau type de marais, productif et respectueux de l’environnement, un travail d’information du public (pédagogie et découverte) doit être effectué. Il est donc important de prévoir des circuits doux, piétons et cyclables pour le promeneur. Tout d’abord, un circuit d’information sur la production aquacole sera mis en place afin de sensibiliser le consommateur à l’importance de la qualité de l’environnement et l’impact sur la consommation. Des points de ventes locaux d’huîtres, de moules ou de poissons seront mis en place pour faciliter l’accès aux produits frais au plus près du producteur. Un parcours sera également mis en place dans les marais salants. Le promeneur pourra alors découvrir toutes les étapes de production du sel. Un écomusée et des points de ventes seront disponibles sur le cheminement. Les piétons

pourront également marcher sur les digues des nouveaux lieux naturels protégés pour la nidification et observer le monde ornithologique au plus près. Les digues permettront aussi au promeneur de prendre de la hauteur, de contempler ce nouveau paysage et de prendre conscience des enjeux des risques littoraux. Enfin, les parcours de promenade qui seront proposés serviront tous à sensibiliser les populations à la fragilité des milieux et à l’importance des relations écosystémiques. Des infrastructures adaptées seront installées et respecteront une charte paysagère. Les déplacements doux seront préconisés tels que la marche, le vélo, la barque... Les parcours s’appuieront sur des tracés déjà existants mais seront repensés pour concorder parfaitement avec les ambitions de ce nouveau paysage.

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Dé co uv rir

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Parcours existants Parcours crées

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Pour observer la faune sauvage



La mutation de ce paysage permettra de conserver les écosystèmes naturels et de préserver les ressources halieutiques tout en assurant un approvisionnement en produits aquacoles dont la France est déficitaire. Le projet mènera à la création d’un paysage beaucoup moins monotone, avec de nombreuses activités et des milieux divers. On obtiendra un marais productif et attractif, vivant et fluctuant avec les marées. Un paysage entre nature préservée et exploitée par l’homme.

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A’

A

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B’

B 113


Dune boisée 15 m

Estran

0

Dunes

Route 2m Logements

Polder cultivé

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0

Dune grise

Digue de la Tresson 4m

Polder cultivé

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Polder naturel

100 m

Dune boisée 15 m

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Dunes

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Ancienne digue 3m

Polder cultivé

Digue Sébastopol 4m Réserve Naturelle

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200 m

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Ancienne digue 3m

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Digue de la Tresson 4m

Route 2m

Polder cultivé

Polder naturel


Du polder agricole au polder maritime Aujourd’hui, ce paysage de polder est l’héritier de longues traditions flamandes. Cependant, ces paysages ne sont pas immuables. En effet, ils peuvent évoluer en friche ou bénéficier d’un renouveau économique. Lorsqu’ils sont trop abandonnés, leur devenir naturel est de laisser entrer l’eau de mer. On parle alors de dépoldérisation accidentelle. C’est sur ce principe que je m’appuie pour mener une partie de mon projet. Afin d’amorcer cette politique de dépoldérisation comme moyen d’adaptation aux changements climatiques, je propose d’ouvrir les terres à la submersion. Le but étant avant tout de protéger les populations des risques de submersions liés aux tempêtes. Afin de contrer et ralentir les vagues des prés-salés seront créés pour chercher la résilience naturelle.

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Un polder entre nature préservée et élevage

Une réorganisation réfléchie du territoire sera effectuée prenant en compte les zones les plus submersibles et celles hors d’atteinte. Ainsi, on privilégiera un polder naturel pour les zones avec une forte vulnérabilité aux inondations et au contraire, l’agriculture pourra se pérenniser dans les zones éloignées. Entre les deux, du pâturage pourra s’insérer avec par exemple des moutons de pré-salés ou des ânes comme autrefois très présents sur le territoire. Les polders naturels et notamment ceux de Noirmoutier (polder de Sébastopol) sont perçus plus comme des scènes que comme des milieux biologiques. Les populations sont attachées à la beauté des lieux plutôt qu’à la nature. C’est le désir de contemplation qui domine.

Pourtant aujourd’hui le terme dépoldérisation effraye car elle induit une submersion par la mer. Comment expliquer alors que le sauvage mis en scène dans ces polders naturels fascine autant ? C’est tout simplement dû à l’histoire. La submersion marine naturelle trop brusque risquerait d’effacer l’histoire et toutes ces années passées où l’homme s’est battu avec la mer pour gagner des terres. Les polders ont une valeur patrimoniale, ils sont des marqueurs historiques et ont une véritable importance culturelle et psychologique. En d’autres termes, si l’on veut que la dépoldérisation comme moyen d’adaptation fonctionne, il s’agit avant tout de la faire accepter aux populations. La reconnaissance sociale de

116


ces polders passera par la transformation des regards du public. Il s’agit de les rendre désirables et ainsi l’intérêt qui leurs seront portés suscitera leur acceptation. Je préconise dans un premier temps d’effectuer une dépoldérisation par brèche afin de laisser entrer l’eau petit à petit. Puis, afin de favoriser l’acceptation des populations il faut que l’action de l’homme soit visible dans la restauration du milieu naturel. Autrement dit, on va donner à voir le polder, mettre en scène le naturel par la promenade. On trouve actuellement sur les polders de la culture de pomme de terre et de la céréaliculture. Je propose de diversifier les productions et de favoriser le maraîchage. Cela permettra d’avoir une production plus locale qui fournira en partie

l’île toute l’année. L’été cela approvisionnera les touristes, amateurs de produits frais, de bénéficier des circuits courts. L’activité d’élevage peut être associée à l’agriculture grâce à l’agropastoralisme mais aussi à un agrotourisme via les hébergements estivaux ou annuels. Les ganivelles favorisant la pousse de la végétation fixatrice serviront aussi d’enclos pour les moutons afin de conserver des espaces ouverts de la dune grise particulièrement riche. Tout comme pour le marais, tous les bâtiments agricoles nécessaires suivront une charte paysagère afin d’être parfaitement intégrés dans ce paysage. Ils seront Cette partie du territoire plus portée sur les produits de la terre tend à répondre un peu plus à l’autonomie de l’île.

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Enclos pâturer pour conserver le milieu ouvert Evolution en dune boisée Dune blanche Blockhaus

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Bâtiment agricole


Chemin pédestre

Polder naturel

Digue pédestre

Pâturage

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Un renouveau support d’écotourisme Comme annoncé précédemment, afin d’obtenir la reconnaissance sociale de ces nouveaux polders, nous développerons l’écotourisme. D’abord par la promenade puis par diverses activités qui susciteront l’attraction des populations. Une ferme pédagogique sera ouverte. Les agriculteurs, aussi éleveurs accueilleront également les touristes apportant une source complémentaire de revenus. Des balades commentées par des guides touristiques seront organisées afin de faire découvrir ce nouveau paysage. Des randonnées, des balades à vélo, à dos d’âne ou même en barque pourront être envisagées. À travers les milieux, des observatoires seront créés afin de bénéficier par exemple de la vue sur les oiseaux nichant ou simplement d’un point de vue pour contempler le paysage

de polder. Toutes les activités seront donc basées sur le respect de l’environnement et la découverte de paysages naturels. L’un des principes de l’écotourisme est l’éducation environnementale. Le voyageur doit pouvoir prendre conscience des enjeux, de l’importance des paysages. C’est pourquoi de nombreux parcours de sensibilisation et d’information seront mis en place dans ce nouveau paysage de polder. Les promeneurs pourront ainsi se tenir informés de l’importance des zones protégées pour la nidification, d’espaces de repos pour les oiseaux et du développement d’une faune et d’une flore riche. Ils pourront aussi bénéficier de points de ventes locaux installés sur les parcours ou dans les fermes et comprendre les principes de l’agropastoralisme.

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La mutation des polders agricoles vers des polders naturels maritimes offre de nombreux avantages. Elle permet l’épuration naturelle des eaux, la reconnaissance des éléments naturels comme valeur patrimoniale, le tourisme vert et les activités remplaceront la diminution des rendements agricoles.

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124


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Un nouveau trait de côte

Aujourd’hui, le marais de Müllembourg n’existe que parce que la digue Jacobsen a été construite. Cependant la topographie basse le rend vulnérable d’autant plus qu’il assure le rôle de réserve naturelle. L’habitat qui s’est développé au grès des décennies est parfois menacé surtout lors de grosses tempêtes. Je propose un recul du trait de côte qui s’appuiera sur le tracé naturel ancestral de l’île. L’espace sera ouvert à la submersion et la topographie du marais actuelle sera retravaillée afin d’offrir des espaces d’eau se remplissant et se vidant au grès des marées.

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Protéger l’habitat La majeure partie du bâti ancien « qualitatif » se situe au nord de l’île, sur le socle granitique qu’est la base de l’île. On y trouve par exemple le château et l’église au centre de Noirmoutier en l’île,visible de loin, et forment de véritables repères visuels. Avec l’essor du tourisme, l’habitat pavillonnaire s’est développé rapidement nécessitant beaucoup d’espace en peu de temps, malheureusement avec un manque de réflexion. Le bâti ancien côtoie le bâti plus récent. Le développement progressif des campings s’est fait le long de la réserve naturelle se rapprochant toujours plus des plages. Le projet consistera à protéger l’habitat du risque immédiat

par relocalisation. En compensation, les habitants de ces maisons pourront bénéficier d’un emplacement privilégié, à proximité directe du nouveau trait de côte. L’habitat situé directement à proximité du nouvel espace public sera protégé par la résilience de la végétation et par la topographie. Cependant l’ensemble de l’habitat vulnérable et classé en zone menacée par les inondations devra s’adapter et faire des travaux consistant à élever les maisons d’un étage. Une étude du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la Vendée a d’ailleurs été proposée.

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Bâti relocalisé Points stratégiques Points de vue Bâti à adapter Accès piétons Nouveau quartier Voies douces d’habitation adapté Routesstratégiques principales Points Points de vue Accès piétons Voies douces Routes principales

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500m

La protection et l’adaptation de l’habitat

Points stratégiques Points de vue Accès piétons Voies douces Routesstratégiques principales Points Points de vue Accès piétons Voies douces Routes principales

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500m

Les nouveaux accès conduisent à des points privilégiés.

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Se nourrir Se divertir Découvrir le Points stratégiques patrimoine Points de vue Accès piétons Voies douces Routes principales

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500m

Un nouveau trait de côte attractif et diversifié

3

4

3

2

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4

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3 2

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Une nouvelle topographie adaptée aux activités

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Une promenade attractive

La nouvelle promenade créée connectera les quartiers pavillonnaires, les campings et le centre ancien de Noirmoutier-enl’île. Aujourd’hui, il n’y a pas d’accès directs pour les usagers utilisant les modes doux. Depuis le centre, il faut prendre la route pour aller à la plage et inversement pour les campeurs qui voudraient se rendre sur le marché dans le centre de Noirmoutieren-l’île. C’est pourquoi cette promenade facilitera les échanges, sera piétonne et cyclable. Ce nouvel espace public s’ajoutera au réseau de promenade existant et rejoindra la digue Jacobsen. Cette dernière est aujourd’hui un belvédère qui ouvre sur l’horizon. Il conviendra de conserver cette digue et de la

protéger par des prés-salés. Le nouveau trait de côte sera une longue balade publique où viendront s’installer des infrastructures commerciales, de restaurations et de loisirs. Ce nouveau trait de côte doit bien-sûr protéger l’habitat mais sera aussi le support d’activités touristiques. Ce changement offrira un nouvel espace attractif d’activités de loisir, sportives, nautiques et de baignade. Afin de préserver cet espace naturel, seules les activités nautiques non polluantes seront acceptées. Les principaux accès piétons et cyclables s’appuient sur les chemins existants qui aboutissent à des points stratégiques pour implanter les activités. Trois points de vue sont offerts aux

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promeneurs légèrement en hauteur. La topographie sera travaillée à l’image des dunes, faite de bosses et de creux, afin d’accueillir les différentes activités et offrir des bassins dont le niveau d’eau fluctuera avec la marée. Bien que ce nouveau paysage renverra à l’imaginaire des systèmes dunaires il sera constitué d’une végétation renvoyant plus au monde des marais. Des végétaux halophiles* divers (schorre* et slikke*) selon la topographie qui favoriseront les échanges écosystémiques et les ressources halieutiques*. Ce milieu crée est appelé écotone* Il est particulièrement riche car il possède la biodiversité de deux écosystèmes. La végétation qui le peuple est une caractéristique prépondérante. Il sera possible de lire pour les regards aiguisés

* Lexique page 156

les milieux qui peuplent ce paysage. Il sera connecté au nouveau marais aquacole créé à l’intérieur de l’île. Tout sera mis en œuvre pour faire en sorte que l’ensemble des projets de l’île bénéficie d’un tourisme respectueux de l’environnement. Le projet consiste en une balade menant le promeneur des marais à la végétation rase aux boisements de pins et de chênes verts en passant par le centre ville. Ce nouveau paysage crée permettra aux populations locales de se sentir protégées face aux risques de submersion et aux touristes de bénéficier d’activités de loisirs. Ce projet permet de combiner accueil du public, respect de l’environnement et de la biodiversité ainsi que la protection de l’habitat.

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Conclusion

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L’île de Noirmoutier a toujours été un paysage mouvant. Elle a évolué avec le temps, partagé entre terre et mer. C’est cette ambivalence qui a fait de ce territoire une île recherchée. Pourtant elle est fortement menacée. Et de ce fait, le projet doit répondre aux enjeux forts liés à la montée du niveau des océans. Dans ce paysage fascinant, une grande partie de l’île à une topographie très basse. Trois sites d’étude vont changer le territoire. Au Sud, les polders désormais ouverts à la submersion sont des paysages diversifiés et riches. Un paysage fait pour le tourisme vert qui permet d’amoindrir les risques par la résilience naturelle et d’offrir un paysage nouveau entre agriculture et zones naturelles. Au centre de l’île, une véritable mutation s’opère dans les marais. Ce nouveau paysage de l’eau par la réorganisation spatiale des activités est beaucoup moins monotone.

Un paysage productif qui vit au rythme des marées et développe les pratiques traditionnelles. Enfin, un nouveau trait de côte attractif permettra d’offrir une promenade qualitative protégeant les habitations vulnérables. Noirmoutier est une île dont l’économie est repensée et où l’habitat est protégé. Le projet s’inscrit dans la continuité de ce paysage mouvant qui change avec le temps et évolue. Nous sommes désormais dans une ère d’adaptation du contexte socio-économique pour que les îles de basse altitude telles que Noirmoutier puisse continuer à vivre malgré les risques liés à l’eau. Fini le temps de la lutte incessante. Est venue l’heure de s’adapter et de penser avec la nature. Avec ce que les services écosystémiques peuvent nous procurer.

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Remerciements

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MERCI, Aux membres du jury, Béatrice Julien-Labruyère, pour ses éloges et ses références Stéphanie Buttier, pour son intérêt et son dynamisme Héloise Lauraire, pour sa présence et ses encouragements Alice Brauns et Sara Kamalvand en tant qu’encadrantes, pour leur implication dans le projet

Aux membres de l’école,

Alice Brauns, pour avoir su m’écouter et guider Sara Kamalvand, pour les conseils apportés Patrick Moquay, pour sa disponibilité et sa réactivité

Aux aides précieuses,

Laurent Labeyrie, pour les échanges et l’implication Fabien David, pour son honnêteté et ses conseils Mégane Millet Lacombe, pour ses parfaites qualités de relectrice

Aux habitants de l’île,

Fannny Potier, pour m’avoir documenté Gérard Moreaux, pour m’avoir reçu dans leurs locaux Maelle Breteche, pour cette rencontre inoubliable À la communauté de commune de l’île, pour les visites de terrain et les journées des risques littoraux

À mes proches

À Ambroise, pour ton soutien et le bonheur partagé À Maman, pour ton courage et ton amour À Olivier, pour ta bienveillance À mes frères, pour les souvenirs d’enfance À mes camarades, pour ces merveilleux moments partagés

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Lexique

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Accrétion : Progression de la ligne de rivage par accumulation de sédiments Anémomorphosé : Qui vient du terme « anémomorphose ». Se dit d’une plante ou des paysages végétaux dont la forme a été modifiée sous l’effet des vents Aquaculture : Ensemble des élevages d’animaux aquatiques Bossis : Morceau de terre émergeant des marais Bryolichenique : Végétation constituée de mousses et de lichens Coëf : Porte généralement en bois laissant entrer l’eau depuis les étiers dans les marais salants. Différent des écluses qui elles sont plus imposantes et gèrent l’entrée des étiers Conchyliculture : Élevage de coquillages (moules, huîtres, coques...) Cordon dunaire : Forme littorale constituée d’une accumulation de sable, parallèle à la côte Écosystémique : Qui vient du terme écosystème. Se dit d’une méthode de gestion où les terres, l’eau et les ressources vivantes sont intégrées pour favoriser la conservation et l’utilisation durable et soutenable des ressources naturelles, afin de respecter les interactions dans les écosystèmes dont l’être humain dépend Écotone : Zone de transition et de contact entre deux écosystèmes voisins Epi : Ouvrage hydraulique rigide construit au bord de l’océan ou sur une berge de rivière pour freiner les courants d’eau et limiter les mouvements de sédiments Estran : Zone comprise entre les plus hautes et les plus basses mers connues Halieutique : Qui concerne l’ensemble des disciplines touchant de près ou de loin à la pêche. C’est l’exploitation des ressources vivantes aquatiques Halophile : Organisme vivant tolérant ou exigeant une forte concentration en sel, souvent rencontré en haut de plage ou sur les prés-salés Laisse de mer : Dépôt d’algues et de matériaux organiques divers abandonnées par la mer à marée haute ou après tempête

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Limicole : Famille d’oiseaux qui vivent aux abords des plages et des marais Mytiliculture : Élevage de moules Oeillet : Terme principalement utilisé dans la région atlantique pour désigner le compartiment où cristallise le sel. Ostréiculture : Élevage d’huîtres Oyat : Poacée vivace colonisant et fixant le sable des dunes (Ammophila arenaria) Perré : Revêtement généralement maçonné ou en pierre situé en haut de plage, protégeant une promenade ou renforçant un remblai Platier : Haut-fond ou estran rocheux affleurant à marée basse Polder : Terre gagnée sur la mer Poldérisation : Action d’endiguer et d’assécher des marais littoraux ou des zones basses gagnées sur la mer afin d’étendre les terres cultivables Queue de comète : Formation allongée de sédiments accumulés derrière un obstacle du littoral Résilience : Capacité d’un milieu à résister à des agressions ou à retrouver son intégrité Salorge : Architecture typique en bois ou en pierre des marais salants, à l’origine servant à entreposer le sel Sédimentation : Processus selon lequel des particules se déposent sous forme de sédiments et éventuellement se consolident pour former une roche sédimentaire Shorre : Partie supérieure d’un marais maritime, submergé exclusivement par pleine mer de vive-eau et constitué de vasières colonisées par une végétation exigeant une forte concentration en sel. Synonyme : Herbus, pré-salé. Slikke : Partie inférieure d’un marais maritime, inondée à marée haute et constituée de vasière nues découvertes à marée basse. Trait de côte : Ligne d’intersection de la surface topographique avec le niveau des plus hautes mers astronomiques. Limite entre la mer et la terre

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Source : dictionnaire Larousse, Centre Nationale des Ressources Textuelles et Lexicales, Lexique la gestion du trait de côte.



Bibliographie

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Ouvrages ALIFAT Thibaut, « Les paysages de l’île de Noirmoutier, entre activités agricoles, salicoles et touristiques ». Mémoire de recherche. 70 pages. Mai 2016. BINET Thomas, MERCIER Isabelle « Évaluation économique des espaces naturels protégés : application à quelques services écosystémiques de l’estuaire de la Charente ». 8 pages. Décembre 2013. CHANNON Anaïs « Habiter avec la mer, anticiper le risque de l’eau sur l’île de Noirmoutier » TPFE. 141 pages. 2014 CLEMENT Olivier, « Les marais de Bourgneuf et des Moutiers-en-Retz (Loire-Atlantique): l’évolution d’une zone humide littorale ». DULAU Sophie, «Les projets de paysage d’interface entre terre et mer. Une solution vers la résilience des territoires côtiers face au risque climatique». Master TDPP, 2017, 190 pages. MOLLE Camille « Du Delta à Salins-de-Giraud : de l’incertitude à la métamorphose » 177 pages. 2014 LABEYRIE Laurent « Submersion. Comment gérer la montée du niveau des mers ». Paris, Odile Jacob, 164 p. 2015. LEMOINE Jean « Habiter l’île de Noirmoutier, une île en héritage ». 50 pages. 1998.

Ouvrages collectifs LE COMEC Erwan, FIERE Matthieu, GRUNNET Nicholas « Etude de connaissance des phénomènes d’érosion sur le littoral vendéen » 356 pages. Décembre 2007. MARSAULT Félix, NAYLOR Bruno, REIGUE Antoine, « Traitement et valorisation des eaux usées : l’exemple de la satation de lagunage de Rochefort ». 12 pages. 2013. MARTINE-COUSTY Élodie, PREVOT-MADERE Joëlle. « Les fermes aquacoles marines et continentales : enjeux et conditions d’un développement durable réussi. » 97 pages. 13 juin 2017. MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT. « La gestion du trait de côte ». Éditions Quae. DEVAUX Emmanuel, DESIRE Guy « la tempête Xynthia, retour d’ex-

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périence en Loire-Atlantique et en Vendée » 78 pages. Septembre 2012. GOELDNER-GIANELLA Lydie, « Polder du XXIe siècle : des paysages diversifiés et mouvants ». Les carnets du paysage. 22 pages. 2008. N°17. DONADIEU Pierre, CHALEROUX Ludovic, DUMONT-FILLON Nathalie et LAMBREY Emmanuelle, « Marais en mutation : entre agriculture, patrimoine et loisir » Les carnets du paysage. 15 pages. 2000. N°05.

Articles ATLAS DE PAYSAGE DES PAYS DE LA LOIRE. Chapitre « Le marais breton vendéen ». Publié le 7 décembre 2015. ATLAS DE PAYSAGE DES PAYS DE LA LOIRE. Chapitre « La côte vendéen ». Publié le 7 décembre 2015. CAUE de la Charente-Maritime « Nouvelles cabanes salicoles ïle de Ré, analyse architecturale et paysagère ». 96 pages. 17 novembre 2000 CAUE de la Vendée « Bien construire sur le littoral vendée » 90 pages. 2014. CAUE de la Vendée « Noirmoutier, habiter avec la mer » 88 pages. 2014 COMITE NATIONAL DE CONCHYLICULTURE « A la découverte des coquillages, produits naturels d’exception ». 46 pages. CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA VENDÉE « ATLAS de l’environnement en Vendée » 59 pages. 2016. CONSEIL GÉNÉRAL DE LA MANCHE « Les enjeux écologiques des laisses de mer » 24 pages. CONSERVATOIRE DU LITTORAL « Changement climatique et stratégies à long terme du conservatoire du littoral » Décembre 2011. 108 pages. COUSIN Alain « Proposition pour une stratégie nationale de gestion du trait de côte, du recul stratégique et de la défense contre la mer, partagée entre l’État et les collectivités territoriales. » 61 pages. DIRECTION DÉPARTEMENTALE DES TERRITOIRES ET DE LA MER DE LA VENDÉE « Rapport relatif à la tempête JOACHIM sur le littoral du département de la Vendée ». 33 pages. Janvier 2012 EUGÈNE Jean-Louis - Vivre l’Ile 12/12. « Principales catastrophes et cataclysmes dans l’Ile de Noirmoutier depuis le IIIème siècle. » 23 pages. 2016.

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EUGÈNE Jean-Louis - Vivre l’Ile 12/12 « Noimroutier une île à fleur de mer, vers la réalisation d’un plan de prévention des risques. » 40 pages. Dernière mise a jour juillet 2013 EUGÈNE Jean-Louis - Vivre l’Ile 12/12 « Le port après Xynthia ». 10 pages. 30 juillet 2010 EUROSION « Vivre avec l’érosion côtière en Europe, espace et sédiments pour un développement durable ». 40 pages . Mai 2004 STOCKER Thomas F, QIN Dahe « Changements climatiques 2013 les éléments scientifiques, Résumé à l’intention des décideurs, résumé technique et foire aux questions ». Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. 204 pages. 2013.

Articles en ligne VALO Martine, « A Noirmoutier, la lutte sans fin contre l ‘océan », Le Monde [En ligne], Mis en ligne le 20 mars 2015. Consulté le 10 janvier 2018. URL https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/03/20/a-noirmoutier-la-lutte-sans-fin-contre-l-ocean_4597882_3244.html GARRIC Audrey, « Derrière la tempête, la menace de l’érosion du littoral » Le Monde [En ligne], Mis en ligne le 07 janvier 2014. Consulté le 10 janvier 2018. URL https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/01/07/ derriere-la-tempete-la-menace-persistante-de-l-erosion-du-littoral_4343585_3244.html

Films BENAÏCHE Marc. 2015 « La montée des eaux » Le dessous de l’océan. Vidéo couleur. 2.09 min ENVOYÉ SPÉCIALE, 2017 « Littoral, contre vents et marées ». vidéo couleur. 38 min MORAINE Anne-Corinne et BAZILLE Christophe. 2017 « Quand l’érosion gagne du terrain ». Thalassa. Vidéo couleur. 18.59 min THALASSA, 2015 « Vendée, côte de lumière » vidéo couleur. 105 min TV VENDÉE, 2017 « Le marais breton et la baie de Bourgneuf classés site Ramsar », vidéo couleur. 2.23 min TV VENDÉE, 2016 « Ecosystème : Visite du marais breton vendéen ». Vidéo couleur. 2.20 min

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Sites internet https://www.geomatika.fr/observatoire-littoral/ http://www.vendee.fr/Territoire-et-environnement/Environnement/26013-L-Observatoire-Departemental-de-l-Eau/Littoral-vendeen http://www.shom.fr/ http://www.oceanmaraisdemonts.fr/Se-deplacer/Pistes-et-sentiers http://www.vendee.gouv.fr/la-direction-departementale-des-territoires-et-de-r61.html http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/risques-naturels-a2818.html http://www.archives.vendee.fr/ http://www.projeteolienenmer.fr/ http://www.brgm.fr/regions/reseau-regional/pays-loire h t t p : / / d a t a . i f r e m e r. f r / p d m i / p o r t a l s s e a r c h / m a i n ? f a cets=70,71,72,73,74,75,76 http://www.conservatoire-du-littoral.fr/38-changement-climatique.htm https://journals.openedition.org/vertigo/15110 http://www.amis-ile-noirmoutier.fr/

In Situ Journée des risques littoraux : Conférence de Laurent Labeyrie et visites commentées par la communauté de commune de l’île de Noirmoutier. (Pérrés de la Guérinières : Retour sur 9 ans de travaux - Digues de Sébastopol et du Gois à Barbâtre - Plage des Sableaux : Système dunaire et protections douces - Protection des Eloux.)

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Ce projet de paysage est une nouvelle façon de penser les territoires littoraux. Il répond à des problématiques actuelles et s’appuie sur un paysage fascinant et menacé. Noirmoutier est aujourd’hui une île qui subit les aléas climatiques et qui, comme ses compères les littoraux, lutte contre les inondations. Ce projet prend ses origines dans l’histoire de l’île et dans son évolution. Elle a toujours été un en mutation territoire constante. C’est dans cette capacité de mouvance que naît la base du projet. Il s’agit repenser le aujourd’hui de contexte socio-économique et s’adapter afin de vivre dans un paysage vulnérable. Il faut se saisir de la menace pour en faire une opportunité. Il est désormais plus que nécessaire de prendre en compte les considérations paysagères et environnementales et de se saisir des services que peut rendre la nature à l’Homme. A l’heure ou l’on endigue à tout va, il est temps de bénéficier de la résilience naturelle des paysages. Ce projet cherche à promouvoir un paysage pouvant surmonter les conséquences d’une éventuelle submersion et s’adapter à la montée des eaux prévue d’ici la fin du siècle.

This landscape project is a new way of thinkiing about coastline territory. It answers present day questions and is about fa ascinating and threatened landscapes. Today, Noirmoutier island is a territory which undergoes climatic hazards, fighting against floods and storms like other coastline territories. This project is based on the history and the evolution of the island. It has always been a moving territory in constant change. It’s in this morphing capacity that this project is born. By rethinking the social-economic situation of the island, it aims to adapt our way of living in this vulnerable landscape. It’s about seizing the threat to turn it into an opportunity. It is imperative to take care of the landscape by employing environmental considerations, and to have a mutually beneficial relationship between our society and nature. Time has come to reconsider our resilience to nature, rather than building dikes everywhere. This project tries to pro r mote a new landscape able to overcome the consequences of floods, and to adapt to the rising sea levels expected by the end of the century.


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