Est-il légitime d'appliquer de manière rétroactive une nouvelle norme ? (Bruno Comby, AEPN)

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4 août 2015

Chers amis du nucléaire propre et respectueux de l'environnement, Notre ami, correspondant local de l'AEPN en Normandie (qui nous représente dans les CLI de La Hague, Flamanville et du CSM) Jean-Paul MARTIN a écrit au nom de l'AEPN à Pierre-Franck CHEVET de l'ASN, afin de lui demander des précisions techniques concernant ce qui est décrit par l'ASN comme des "anomalies sérieuses" de la cuve de l'EPR. Cette réponse au courrier de Jean-Paul MARTIN (et à d'autres courriers similaires ayant par ailleurs été envoyés également à l'ASN par d'autres membres et amis de l'AEPN) et a été mise en ligne par l'ASN sur son site ici : http://www.asn.fr/Informer/Actualites/Note-d-information-relative-a-l-anomalie-des-calottes-de-la-cuve-de-lEPR-de-Flamanville L'ASN ne répond pas vraiment sur le fond à la question de savoir s'il est logique et légitime d'appliquer de manière rétroactive une nouvelle norme (ESPN) beaucoup plus stricte que la précédente (RCCM) pourtant déjà hyper-sûre et très prudente par rapport à ce qui se fait dans ls autres pays, à une pièce qui était déjà commandée et fabriquée avant que cette norme existe. Une telle rétroactivité est bien sûr absurde n'existerait alors que dans le nucléaire français. Si on devait l'appliquer aux autres centrales nucléaires en fonctionnement en France comme à l'étranger, comme on le fait aujourd'hui pour l'EPR, elles peuvent toutes s'arrêter de fonctionner ! Nul doute que le réseau Sortir du Nucléaire s'empressera d'ailleurs de le demander dès que le projet EPR serait arrêté si tel devait être le cas, car c'est bien le but poursuivi par ces organisations. Il ne me parait pas normal que l'ASN participe à ce jeu malsain visant in fine et coûte que coûte la mort de l'industrie la plus sûre et la plus propre au monde ! De la même manière si on appliquait les nouvelles normes de sécurité automobile (crash-tests, sûreté électronique, temps de réaction des systèmes de freinage, etc. etc.) aux voitures qui circulent actuellement sur nos routes, alors quasiment 100% des voitures devraient être interdites de circulation, puisqu'elles ne sont pas conformes à la toute dernière norme qui vient d'être édictée ! Comment peut-on en arriver à des positions aussi ubuesques ?


Il est pour lamons étonnant, pour ne pas dire absurde de soumettre un réacteur à une norme qui n'existait pas lorsque celui-ci a été commandé et livré, avec d'ailleurs l'approbation à l'époque de l'ASN elle-même ! Ce qui me frappe également dans cette réponse de Pierre-Franck CHEVET, au delà du contenu et du fait que le coeur de la question (cette bien curieuse rétroactivité juridique) est soigneusement éludé et finalement ne reçoit aucune réponse, c'est que l'ASN ne dit pas à qui elle répond. Apparemment il serait politiquement incorrect au pays de l'ASN de nommer les pro-nucléaires par leur nom. On ne sait jamais cela risquerait peut être de leur faire de la publicité ? Pourtant, quand l'ASN écrit ou répond aux questions de Greenpeace où de la Crii-Rad, ceux-ci ont droit à bien plus de déférence et sont parfaitement nommés et identifiables, ce qui leur fait de la publicité ! Faut-il avoir honte d'appeler un pro-nucléaire (ou une association pro-nucléaire) par son nom ? Pour l'ASN la réponse est clairement OUI ! Nous, l'AEPN, sommes les damnés de la terre, même pas dignes d'avoir un nom! Je me demande s'il ne faudrait pas ouvrir un dossier pour démontrer le côté partial ou partisan, en tout cas fortement dissymétrique, de certaines attitudes de l'ASN. Je me souviens qu'il y a déjà 10 ou 15 ans (du temps de Lacoste), l'ASN ouvrait déjà toutes grandes les colonnes de sa revue CONTROLE, au nom du débat contradictoire et de la pluralité d'opinions, à des antinucléaires tels que Benjamin Dessus, la Crii-Rad ou Greenpeace, et dans le même temps refusait à l'AEPN le droit d'y intervenir au même titre (la pluralité d'opinions), sous prétexte que l'ASN n'a pas à prendre parti ni pour ni contre le nucléaire ! Ce qui est pour le moins paradoxal ou plutôt à sens unique. Bref l'ASN se dévoile un tout petit peu dans ce dossier absurde consistant à créer de toutes pièces une insécurité juridique sans précédent et un scandale médiatique sans grand fondement technique. On voit ou cela mène de vouloir laver toujours plus blanc : il vient un moment ou cette exigence de sécurité totale frise le ridicule et conduit à arrêter même le réacteur le plus sûr au monde ! Dans un autre registre, je pars ce jeudi aux Etats-Unis pour une grande tournée de conférences de l'AEPN aux Etats-Unis afin de promouvoir la branche américaine de l'AEPN, EFN-USA, et d'informer le public américain dans plusieurs grandes et petites villes américaines. Comme le dit le dicton : nul n'est prophète en son pays. Pendant qu'en France nous nous triturons le cerveau à tourner en rond et à perdre notre temps et notre énergie pour tenter de résoudre des problèmes imaginaires créés ex-nihilo par des anti-nucléaires incompétents, problèmes qui moussent et sont fortement amplifiés par les médias pour savoir si la nouvelle norme encore plus sévère que l'ancienne disqualifie ou pas le réacteur nucléaire le plus sûr au monde, les chinois, eux, vont de l'avant construisent (y compris l'EPR et des réacteurs beaucoup moins avancés et moins sûrs) idem pour les américains, les anglais, l'Inde, la Corée. Il serait grand temps de remettre un peu d'optimisme, une vision d'avenir et un leadership positif dans les instances dirigeantes du nucléaire français qui sont en train de se tirer une balle dans le pied alors même que l'EPR est de loin le réacteur nucléaire le plus sûr et le plus performant au monde, même avec un peu de carbone (il y en a toujours eu) dans son fond de sa cuve, zone qui n'est aucunement concernée (ou très peu) par les risques de vieillissement sous radiations, comme le reconnait Pierre-Franck Chevet dans ce courrier ! Le vieillissement sous radiations n'étant pas un souci pour le fonde cuve, AREVA devra donc démontrer que les teneurs en carbone relevées dans le fond de cuve ne sont pas incompatibles avec les chocs thermiques


cumulés sur toute la durée de vie du réacteur, ce qui ne semble pas poser de problème a priori, c'est pourquoi le chantier continue à avancer. Quand au couvercle de cuve (plus fragile car traversé par les tiges de contrôle) si vraiment besoin était, ce qui est loin d'être démontré à ce stade (attendons de voir), il serait tout à fait possible de le changer assez facilement le cas échéant pour être conforme même à la nouvelle norme qui lave plus blanc que blanc, même si cela alourdira encore un peu plus la facture déjà salée de l'EPR. De nombreux couvercles de cuve ont été changés sur des réacteurs en France comme aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, c'est une opération bien rodée et que les équipes d'AREVA-NP (désormais rebasculées chez EDF) maitrisent parfaitement. Les changements de règles du jeu en cours de route ont déjà coûté plusieurs milliards d'euros dans le cas de l'EPR finlandais, l'EPR français semble prendre le même chemin. Le problème n'est pas le nucléaire français, ni l'EPR (on voit bien qu'en Chine la construction de l'EPR ne pose pas les mêmes soucis et est "on-time" et "on-budget"), c'est cette manière incessante de constamment changer les règles du jeu sous la pression politique et médiatique, sans aucune justification technique et sans tenir compte des conséquences financières et industrielles majeures que cela induit. Bien sûr la sécurité n'a pas de prix, mais quand même, il faudrait rester raisonnable dès lors qu'il n'y a pas de risque avéré ! Il n'est pas prouvé que la nouvelle norme ESPN soit plus sûre que l'ancienne RCCM car si la conséquence de cette norme c'est qu'on ne fabriquera plus d'EPR parce que c'est trop compliqué ou trop cher à fabriquer, ou simplement parce que certains pinaillent ou attaquent en justice pour la moindre broutille, alors ce sera le retour au charbon ou au gaz et à des centrales bien plus dangereuses et bien moins sûres qu'on fera appel pour produire l'énergie correspondante ! D'un côté on disqualifie une énergie sûre et propre pour des broutilles juridiques asurdes (totalement illogiques) sans conséquences réelles ou prouvées sur la sûreté, et de l'autre, feu vert pour des énergies polluantes et qui tuent bien davantage, le gaz et le charbon (cf le cas de l'Allemagne). Vraiment nous vivons une époque formidable ! Un peu de rationalité serait cependant la bienvenue, ainsi que des dirigeants qui gardent le sens des réalités et qui ne se laissent pas manipuler par des risques plus qu'hypothétiques et des peurs imaginaires artificiellement créées ! Merci de votre soutien au nucléaire propre et respectueux de l'environnement, Bien amicalement, bon été à tous et à toutes, Bruno Comby Président de l'AEPN - Association des Ecologistes Pour le Nucléaire


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