Link: https://www.contrepoints.org/2021/10/29/409671-le-marche-de-lelectriciteeuropeen-est-caduc?utm_source=Energy+geopolitics&utm_campaign=762da3232eEMAIL_CAMPAIGN_2020_11_29_10_17_COPY_01&utm_medium=email&utm_term =0_1fc3386348-762da3232e-423139345 Please see link above for source text, embedded hotlinks, and comments. NOTE: See English translation starting page 4
Le marché de l’électricité européen est caduc L’actuel marché unique de l’électricité européen est un échec. Les règlementations et la politique européennes étouffent ce marché. Par Samuel Furfari 29 octobre 2021 Afin de ne pas être mal compris, je commencerai par dire que je suis un Européen convaincu au point d’avoir consacré 36 ans de ma vie professionnelle à développer la politique énergétique au sein de la Commission européenne. Mais aujourd’hui, il est urgent et essentiel pour l’avenir de l’Union de dénoncer l’échec de l’actuel marché unique de l’électricité. Commençons par dire que la Commission européenne a voulu l’ouverture du marché et non pas comme on le dit à tort sa libéralisation, l’État pouvant rester propriétaire en tout ou en partie de l’entreprise électrique. D’ailleurs, EDF reste la plus grande entreprise électrique au monde et l’État français en est l’actionnaire à plus de 83,6 %. Un marché de l’électricité européen non concurrentiel Deux principes de base ont conduit à cette ouverture. D’abord le démantèlement de l’intégration verticale des entreprises qui a consisté à séparer les activités de génération d’électricité, de transport (le réseau électrique) et de distribution de l’électricité aux consommateurs industriels ou privés. L’autre est la possibilité des entreprises de générer de l’électricité dans tous les États membres. La France a résisté longtemps à l’ouverture du marché, mais lors du sommet de Barcelone le 15 mars 2002 Jacques Chirac et Lionel Jospin ont fini par l’accepter ; ils ont voulu sauver la face en exigeant que des interconnexions transfrontalières soient établies à 10 % de la capacité de chaque État membre afin de permettre à la France de vendre son électricité aux autres (on est très loin du compte 20 ans plus tard). Pourquoi 1
cette exigence ? Mais tout simplement parce que l’électricité nucléaire française étant moins chère, il devait être possible d’en vendre aux autres. Las ! C’était sans compter sur Angela Merkel qui 4 ans plus tard exigeait auprès de M. Barroso d’établir une feuille de route pour développer les énergies renouvelables, ce qui a conduit en 2009 sous l’impulsion de la présidence française de Sarkozy à décider d’obliger la production d’électricité renouvelable. Or, contrairement à ce qu’on entend dire partout de manière simpliste, celle-ci conduit immanquablement à une augmentation du prix de vente de l’électricité. Il suffit de voir l’évolution ces dernières années malgré les promesses faites au consommateur… Le simple fait qu’il faille une directive européenne pour obliger leur production démontre qu’elle n’est pas concurrentielle ! Non seulement il y a obligation de production d’énergies renouvelables, mais aussi obligation de donner la priorité à leur distribution. L’UE force donc en priorité la distribution d’une électricité chère à produire et subventionnée. C’est donc tout le contraire d’un marché. Cela fait 20 ans que l’UE s’évertue à mettre des emplâtres sur la jambe de bois… rendant les choses que plus en plus complexes. Le consommateur ne s’y retrouve pas. Il est temps d’en finir sans délai avec ce marché bancal ! Le signal donné par le ministre de l’Économie Bruno Lemaire signe-t-il la fin de la récréation ? La production de cette électricité qualifiée de verte étant en effet par nature variable et intermittente n’est de ce fait pas toujours disponible. En moyenne sur cinq ans dans l’UE les panneaux solaires photovoltaïques produisent 11 % du temps et les éoliennes terrestres 23 % (on appelle cela le facteur de charge). Ce qui signifie que ces productions ne peuvent exister que parce qu’il y en a d’autres qui elles sont pilotables. Afin de compenser la pénalisation de ces dernières pour la priorité de distribution de l’électricité d’origine renouvelable, on leur accorde des subventions (on appelle cela le marché de capacité, on finance l’existence et non pas la production). Une destruction du marché à cause des réglementations Puisque le marché unique tend à rapprocher les prix, la forte croissance du prix de l’électricité dans un pays (actuellement à cause de la demande de gaz naturel en Chine), implique que même ceux qui peuvent produire à moindre coût doivent vendre cher leur électricité. De plus, les activistes antinucléaires de la Commission européenne font tout pour interdire le financement de l’énergie nucléaire, alors que « gardienne des traités » elle devrait appliquer le traité Euratom qui promeut le développement de cette énergie.
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Formellement, ils ne peuvent s’opposer à ce financement puisque l’article 194.2 du Traité de Lisbonne donne la pleine liberté aux États membres de choisir leurs énergies primaires. Mais par la taxonomie, un acte délégué que la Commission est parvenue à décrocher du Conseil et du Parlement européens – institutions qui détiennent le pouvoir législatif – hésite encore à attribuer la qualification de « durable » à la principale source d’énergie pour la génération d’électricité dans l’UE (28 % pour le nucléaire et 7 % pour l’ensemble solaire et éolien) qui est pourtant décarbonée. Et ce malgré un rapport scientifique, produit par son Centre Commun de recherche, confirmant cette durabilité. La faute originelle en revient aux juges de l’UE qui, ignorant tous de la physique, ont décrété que l’électricité est une marchandise comme le sucre ou le yaourt alors que c’est un bien public. La seconde faute est d’avoir détruit le marché en obligeant la production d’énergies renouvelables. Soit on abandonne la notion de marché soit on laisse ce dernier décider des investissements. La démonstration du désastre annoncé depuis des années par les experts est arrivée de manière flagrante et douloureuse pour les citoyens et l’industrie. Dans La Revue de l’Énergie (juillet-août 2020) Claude Desama, l’ex-député européen qui fut le rapporteur au Parlement européen de la première directive sur l’ouverture du marché, a eu le courage de dénoncer l’erreur : il qualifie ce soi-disant marché de « caduc ». Nous l’avons déjà écrit, l’UE suit aveuglément l’Allemagne dans son EnergieKatastrophe. Il est plus que temps de sauver l’avenir de l’UE en abandonnant tout ce que l’Allemagne nous a imposé. Que la France refuse l’acte délégué de la taxonomie si le nucléaire d’aujourd’hui et de demain n’y est pas inscrit comme durable une fois pour toutes. Les pères fondateurs ont créé la Communauté européenne – comme on l’appelait alors – dans le but de disposer d’« énergie abondante et bon marché » (déclaration de Messine du 2 juin 1955). On a fait l’inverse. Nous sommes arrivés au moment de vérité, au bord de la falaise… il n’y a qu’une chose à faire… machine arrière. Le dernier ouvrage de Samuele Furfari est Écologisme. Assaut contre la société occidentale (Éditions VA)
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The European electricity market is obsolete The current single European electricity market is failing. European regulations and policy are stifling this market. By Samuel Furfari October 29, 2021 In order not to be misunderstood, I will start by saying that I am a European convinced to the point of having devoted 36 years of my professional life to developing energy policy within the European Commission. But today, it is urgent and essential for the future of the Union to denounce the failure of the current single market in electricity. Let’s start by saying that the European Commission wanted to open up the market and not, as it is wrongly said, its liberalization, the State being able to retain all or part of the electricity company. Moreover, EDF remains the largest electricity company in the world and the French State is the shareholder with more than 83.6%. A non-competitive European electricity market Two basic principles led to this opening. First, the dismantling of the vertical integration of companies which consisted in separating the activities of electricity generation, transport (the electricity network) and distribution of electricity to industrial or private consumers. The other is the possibility for companies to generate electricity in all Member States. France resisted the opening of the market for a long time, but at the Barcelona summit on March 15, 2002 Jacques Chirac and Lionel Jospin finally accepted it; they wanted to save face by demanding that cross-border interconnections be established at 10% of the capacity of each Member State in order to allow France to sell its electricity to others (we are very far from the account 20 years later). Why this requirement? But simply because French nuclear electricity was cheaper, it had to be possible to sell it to others. The ace ! It was without counting on Angela Merkel who 4 years later demanded from Mr. Barroso to establish a roadmap to develop renewable energies, which led in 2009 under the impetus of the French presidency of Sarkozy to decide to oblige the production of renewable electricity. However, contrary to what we hear simplistically everywhere, this inevitably leads to an increase in the selling price of electricity. It is enough to see the evolution in recent years despite the promises made to the consumer ... The simple fact that we need a European directive to oblige their production shows that it is not competitive! 4
Not only is there an obligation to produce renewable energies, but also an obligation to give priority to their distribution. The EU is therefore forcing the distribution of electricity that is expensive to produce and subsidized as a priority. It is therefore the complete opposite of a market. For 20 years the EU has struggled to put plasters on the wooden leg ... making things more and more complex. The consumer is confused. It's time to end this shaky market without delay! Does the signal given by the Minister of the Economy Bruno Lemaire mark the end of recess? The production of this electricity qualified as green being in fact variable and intermittent by nature is therefore not always available. On average over five years in the EU photovoltaic solar panels produce 11% of the time and onshore wind turbines 23% (this is called the load factor). Which means that these productions can only exist because there are others that are controllable. In order to compensate for the penalization of the latter for the priority distribution of electricity of renewable origin, we grant them subsidies (we call this the capacity market, we finance existence and not production). Market destruction due to regulations Since the single market tends to bring prices closer, the strong growth in the price of electricity in a country (currently due to the demand for natural gas in China), means that even those who can produce at a lower cost must sell their electricity at a high price. electricity. In addition, the anti-nuclear activists of the European Commission are doing everything to prohibit the financing of nuclear energy, while "guardian of the treaties" it should apply the Euratom treaty which promotes the development of this energy. Formally, they cannot oppose this funding since Article 194.2 of the Lisbon Treaty gives full freedom to member states to choose their primary energies. But through taxonomy, a delegated act that the Commission has managed to obtain from the Council and the European Parliament - institutions which hold the legislative power - still hesitates to attribute the qualification of "sustainable" to the main source of energy for the generation of electricity in the EU (28% for nuclear and 7% for all solar and wind power) which is nonetheless carbon-free. And this despite a scientific report, produced by its Joint Research Center, confirming this sustainability. The original fault lies with the EU judges who, all ignorant of physics, ruled that electricity is a commodity like sugar or yogurt when it is a public good. The second fault is to have destroyed the market by forcing the production of renewable energy.
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Either we abandon the notion of the market or we let the latter decide on the investments. The demonstration of the disaster announced for years by the experts has arrived in a blatant and painful way for citizens and industry. In La Revue de l'Énergie (July-August 2020) Claude Desama, the former MEP who was the rapporteur to the European Parliament of the first directive on the opening of the market, had the courage to denounce the error: he qualifies this so-called market as “obsolete”. As we have already written, the EU blindly follows Germany in its EnergieKatastrophe. It is high time to save the future of the EU by abandoning everything Germany has imposed on us. That France refuse the delegated act of taxonomy if the nuclear power of today and tomorrow is not listed as sustainable once and for all. The founding fathers created the European Community - as it was then called - with the aim of having "abundant and cheap energy" (declaration of Messina of June 2, 1955). We did the opposite. We have arrived at the moment of truth, at the edge of the cliff ... there is only one thing to do ... reverse gear. Samuele Furfari's latest work is Ecologism. Assault on Western Society (VA Publishing)
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