Journal_ÀNousParis

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paris

www.anous.fr

FESTIVAL DE CANNES

QUARTIER RUE HENRI MONNIER, LE 9E CHIC ET DISCRET

PARCOURS LE TOUR DU MONDE DES CENTRES CULTURELS À PARIS

CONVERSATION TAHAR RAHIM, LA MÉTAMORPHOSE

© Christian Geisnaes

DES FAVORIS, DES CONFIDENCES DE STARS, DES CLICHÉS MYTHIQUES, DES LOOKS, DES RENDEZ-VOUS...

Le réalisateur danois Lars von Trier, Palme d’or en 2000 pour Dancer in the Dark, de nouveau en compétition au Festival de Cannes cette année avec son nouveau film Melancholia.

#522 DU 9 AU 15 MAI 2011


SOMMAIRE

À nous Paris du 9 au 15 mai 2011

Le 64e Festival de Cannes a lieu du 11 au 22 mai. Qui remportera la Palme d’or cette année ? Les paris sont ouverts.

DANS L’AIR ¬ 10 ¬ ÉVÉNEMENT Le 64e Festival de Cannes, marches et rêves ; Ils nous racontent leurs souvenirs du festival ; Les Traverso, une dynastie de photographes au bord du tapis rouge 16 ¬ SHOPPING Joue-la comme à Cannes

18 ¬ ZAPPING Petites infos cannoises 20 ¬ MOI D’ABORD Vous êtes vernies ! 22 ¬ TENDANCE Les nouveaux venus de la BD se racontent sur leurs blogs 27 ¬ WEB ZONE Autopartage et locations courtes : des sites à tester

STYLE DE VILLE ¬

28 ¬ QUARTIER Restos, mode, brocantes : les petits plaisirs de la rue Henri Monnier 32 ¬ CLUBBING Kurtis Blow, aux origines du hip hop ; Jennifer Cardini, chaud et froid ; Holy Ghost!, une belle machine à danser

34 ¬ RESTOS Braisenville, des tapas dans l’air du temps ; Le Boudoir, même nom mais nouvelle équipe 37 ¬ CORRESPONDANCES

AFFAIRES CULTURELLES ¬ 38 ¬ PARCOURS Des instituts culturels bien vivants pour la Nuit des musées 42 ¬ CINÉMA 44 ¬ CONVERSATION Tahar Rahim, “Prophète” en son pays… et à l’étranger

46 ¬ SCÈNES 47 ¬ EXPOS 48 ¬ SONS

CONNEXIONS ¬ 51 ¬ EMPLOI 54 ¬ FORMATION 56 ¬ ANNONCES CLASSÉES

En couverture Le réalisateur danois Lars von Trier, Palme d’or en 2000 pour Dancer in the Dark, grand habitué du Festival de Cannes, de nouveau en compétition cette année avec son nouveau film Melancholia. Au casting, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, John Hurt, Charlotte Rampling…

Magazine gratuit édité par A Nous Paris, SAS au capital de 1 580 000 euros, 23, rue de Châteaudun, 75308 Paris Cedex 09 ¬ Principal associé : Rolarta Media France ¬ Président et directeur de la publication : Hendrik De Nolf ¬ E-mail : anousparis@anous.fr ¬ Tél. : 01.75.55.10.00 ou 01 75 55 + numéro de poste ¬ Fax : 01 75 55 12 61 ¬ DIRECTION GÉNÉRALE : 01 75 55 10 80 ¬ Directeur général : Bruno Zaro (1075) ¬ Directeur des opérations : Stéphane Lafosse (1007) ¬ Attachée de direction: Sarah Hacquebart (1080) ¬ RÉDACTION : 01 75 55 10 28 ¬ Rédactrice en chef : Carine Chenaux (1106) ¬ Chef de rubrique : Murielle Bachelier (1027) ¬ Assistante de la rédaction : Emmanuelle Suzanne (1028) ¬ Ont collaboré à ce numéro : Rob Alves, Jérôme Berger, Alain Cochard, Sonia Desprez, Ivan Essindi, Stéphane Koechlin, Sylvie Laidet, Fabien Menguy, Rémi Mistry, Yan Rodriguez, Edouard Rostand, Thomas Séron, Philippe Toinard ¬ Direction artistique : Agence Samouraï ¬ Première maquettiste : Laurence Philippot (1011) ¬ Secrétaire de rédaction : Vincent Arquillière ¬ Iconographes : Marie-Françoise Vibert (1060), Gérald Guiliani ¬ SITE INTERNET : www.anous.fr ¬ PUBLICITÉ/COMMERCIAL : 01 75 55 11 86 ¬ Directrice commerciale : Sandrine Geffroy (1112) ¬ Directrice marketing: Françoise Caillon (1257) ¬ Responsable promotion et communication : Alizée Szwarc (1003) ¬ Directrice de la publicité : Paule-Valérie Bacchieri Van Berleere (1161) ¬ Directrice adjointe de la publicité : Stéphanie Le Meur (1249) ¬ Chefs de publicité : Nicolas Todesco (1210), Claire Bourin (1172) ¬ Pôle culture et partenariats : Estelle Dumas (1194), Mathias Miranda (1198) ¬ Graphiste : François L’Hermitte (1145) ¬ Publicité rubrique Emploi : Fanny Guillaume (1155) ¬ Publicité rubrique Formation : L’Etudiant, service commercial. 01 75 55 18 59. alissilour@letudiant.fr ¬ Petites annonces : Regicom. Annonces des particuliers : 01 48 94 76 00 (0,15 TTC/min). Annonces des professionnels : 01 48 94 31 47 (0,15 TTC/min). ¬ Carnet d’adresses : Développement Media : 01 44 77 81 26 ¬ Ressources humaines : recrut@anous.fr ¬ Impression : Roularta Printing, Meiboomlaan, 33, B-8800 Roeselare, Belgique. Tél. : 00 32 51 266 111 ¬ Diffusion : Adrexo. ISSN 1294-4572 Photo Christian Geisnaes

Photo Christian Geisnaes

Photo Maxime Bruno/Canal+

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save the date Ça se passe cette semaine.

Samedi

Parce que la baguette, c’est quand même un grand symbole national, ce n’est pas la Saint-Miche mais presque, puisque cette semaine c’est la Fête du pain... On est des mangeurs de bread ou on ne l’est pas ! L’idée derrière tout cela, c’est la défense de la boulangerie artisanale. Parce qu’elle serait en danger face à tous ces terminaux de cuisson et leur pâte industrielle, il est important de continuer à acheter sa Banette dans sa boulangerie de quartier. Pour cette semaine spéciale, votre boulanger va vous en concocter une baptisée “o’maïs”, en forme de bâtard et recouverte de maïs concassé, de farine de maïs et de blé. Miam ! Jusqu’au 16 mai. Prix : 2 € les 280 g.

Samira Brahmia (voix, guitare), au programme de Barbès café. Jeff Mills

Le voyage de jeff Ciné-mix Jeff Mills, l’une des grosses pointures de la scène techno de Detroit, multiplie depuis dix ans les collaborations artistiques et s’intéresse à la fusion entre l’image et le son. La science-fiction étant un genre qu’il affectionne particulièrement dans ses compositions, la Cité de la musique l’invite ce mardi pour une soirée exceptionnelle, un ciné-mix live. Le musicien a choisi de mettre en musique un classique, Le Voyage fantastique de Richard Fleischer (1966). Une expérience sensorielle que le maître de la techno a voulue vraiment à part, ce dernier confiant avoir travaillé sur une palette de sons inhabituelle pour ce projet. Ouvrez grand les yeux et les oreilles ! Ciné-mix Le Voyage fantastique, musique live de Jeff Mills, à 20 h. Cité de la Musique, 221, avenue Jean-Jaurès, 19e. Réservations : 01 44 84 44 84. Tarifs : 25 et 30 €.

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Samedi

Photo Richard Boutin

La Banette “o’maïs”.

Mangez du pain ! Fête

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Mercredi

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Photo Shauna Regan

Mardi

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Lundi

TEXTES: MURIELLE BACHELIER

Date unique ou événement régulier, c’est noté dans notre agenda.

Un monde plus juste Événement

Le blues du Maghreb Spectacle Le Cabaret Sauvage propose un spectacle musical inédit, une création à part signée Méziane Azaïche. L’idée est de raconter en plusieurs tableaux l’histoire des musiques d’Afrique du Nord à travers celle de l’immigration maghrébine en France. Le mal du pays se traduit par une certaine forme de blues, chanté dans les bars de Barbès dans les années 70, et encore aujourd’hui par une nouvelle génération d’artistes qui perpétuent le legs des anciens. Avec chaque soir, un invité spécial, Rachid Taha, Souad Massi, Akli D, Vigon... Barbès Café, jusqu’au 28 mai au Cabaret Sauvage, 59, bd MacDonald, 19e. Pl. : 22 € en prévente, 26 € sur place. Tél. : 01 42 09 03 09.

A vous la nature ! Vert Le week-end est souvent l’occasion de belles balades avec les enfants pour ceux qui en ont, alors voici une belle idée de Nature & Découvertes. Ça se passe au Jardin d’acclimatation, et le but est de sensibiliser les kids à leur environnement et de leur donner envie d’aimer la nature, des fois que vous auriez des gamins à tendance gothique ! Au programme, pièces de théâtre, contes, marionnettes, jeux de pistes, clowns... Bref, ça devrait leur plaire. Attention, réservation indispensable dans les boutiques Nature & Découvertes. “Z’A Nous la nature” par Nature & Découvertes, jusqu’au 15 mai au Jardin d’acclimatation, bois de Boulogne, 16e.

La Quinzaine du commerce équitable aura une résonance particulière cette année, à l’heure où le nucléaire fait débat partout et où chacun prend conscience des problématiques environnementales. Des centaines d’actions de sensibilisation aux enjeux de la consommation équitable vont avoir lieu dans toute la France. Au milieu de cette quinzaine spéciale se tiendra un carnaval parisien d’un nouveau genre, la “Fairpride”, qui défilera de la place Gambetta jusqu’à la mairie du 4e. Quinzaine du commerce équitable, jusqu’au 29 mai. Infos sur www.artisansdumonde.org.



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Cannes 2011 : Marches et rêves Les tsunamis nous submergent, les centrales nous atomisent, les dictatures s’écroulent… Bref, le monde continue de tourner – au propre comme au figuré – et d’exposer ses films dans la plus belle des vitrines : le Festival de Cannes. Entre les grands auteurs toujours présents, les stars glamour et les grosses machines impossibles à rater, on va encore se bousculer sur la Croisette ! Petit passage en revue des probables moments forts.

Honneur aux dames

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Cette année plus que jamais, le Festival de Cannes met les femmes à l’honneur. Et ce, dès l’affiche de cette 64e édition qui reprend une superbe photo de Faye Dunaway par le cinéaste Jerry Schatzberg : son visage angélique se détachant sur fond noir, ses jambes nues et interminables comme « des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie », pour citer François Truffaut... Un hommage à la beauté éternelle des grandes actrices. C’est d’ailleurs notre fière représentante du moment, la comédienne, chanteuse et bientôt réalisatrice Mélanie Laurent, qui ouvrira le bal le 11 mai en ajoutant comme corde à son arc celle de maîtresse de cérémonie. Un bal qui comptera plus de réalisatrices qu’à l’accoutumée, avec notamment la présence remarquée de Jodie Foster. Dans son Complexe du castor (hors compétition), elle réussit à faire jouer les ventriloques dépressifs à Mel Gibson. Tout aussi étrange, le premier film de Julia Leigh, Sleeping Beauty, dans lequel une étudiante rejoint le groupe des “beautés endormies” qui, contre rémun ération, s’endorment et se réveillent sans savoir ce qui leur est arrivé pendant la nuit. Plus réaliste, We Need to Talk about Kevin de la Britannique Lynne Ramsay, sur une mère (Tilda Swinton) qui se remémore sa vie pour comprendre ce qui a conduit son fils à commettre l’irréparable. Réalisé par un homme, Radu Mihaileanu (Le Concert), La Source des femmes nous emmène dans un petit village d’Afrique du Nord où des porteuses d’eau (dont Leïla Bekhti, Hafsia Herzi et Hiam Abbass), se pliant à la tradition, se mettent à faire la grève de l’amour tant que les hommes ne mettront pas la main à la pâte. Autres femmes à l’honneur également, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg ou encore Charlotte Rampling, menacées par la collision imminente de la Terre avec une autre planète dans Melancholia, sous le regard de Lars Von Trier, un réalisateur qui sait pousser ses actrices dans leurs derniers retranchements. Une mobilisation féminine qui ne devrait pas manquer de séduire les quatre femmes du jury, avant que le Festival ne s’achève en beauté(s) avec la présence en clôture, sur scène et sur l’écran, de Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Ludivine Sagnier, les héroïnes du fort bien nommé Les Bien-Aimés, nouvelle comédie musicale de Christophe Honoré (Les Chansons d’amour).

Cannes ch e z s o i

T E X T E : FA B I E N M E N G U Y

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Sur Canal+ Cérémonie d’ouverture, en clair et en direct le 11 mai à 19 h 15, présentée par la maîtresse de cérémonie Mélanie Laurent. Cérémonie de clôture, en clair et en direct le 22 mai à 19 h 20, suivi de L’Aprèsclôture, l’émission de Laurent Weil qui revient sur le palmarès. Le Cercle spécial Cannes, en clair les 14 et 21 mai à 11h45. Frédéric Beigbeder et ses chroniqueurs passent à la moulinette critique les films de la compétition. 5 fois Nathalie Baye, un programme de cinq films courts écrits pour Nathalie Baye, présenté à la Semaine de la critique, est diffusé le 17 mai à 22 h 20 sur la chaîne cryptée. Sur Arte Arte Journal, tous les soirs à 19 h en direct de la plage du Majestic, présenté par Annette Gerlach et Marie Labory. Metropolis, les samedis 14 et 21 mai à 20 h15, présenté par Rebecca Manzoni. Sur France 5 Cinémas, le magazine, les 14 et 21 mai, présenté par Serge Moati.

Les abonnés du festival Mais un Festival de Cannes n’en serait pas un sans ses valeurs sûres. Ses “abonnés”, comme on dit. Ceux dont le président Gilles Jacob aime à suivre la filmographie sur plusieurs années, après leur avoir souvent mis le pied à l’étrier. Ceux dont on pense souvent : « Encore eux ! », mais qu’on a, mine de rien, toujours plaisir à retrouver. Symbole de ces dinosaures du septième art qui ne sont pas près d’être menacés d’extinction : Woody Allen qui, refusant toujours la compétition, a accepté cette fois-ci d’ouvrir les festivités avec son très attendu Minuit à Paris, où comment la capitale romantique va remettre en question la vie d’un futur jeune marié (Owen Wilson). Personne ne sait encore si cela est dû à la présence de Carla-Bruni Sarkozy au casting…


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Autre dinosaure, ibérique celui-ci : Pedro Almodóvar, qui retrouve son acteur fétiche Antonio Banderas pour en faire un chirurgien esthétique inventeur d’une peau artificielle dans La piel que habito. Une présence remarquée qui, aux côtés des déjà palmés d’or Lars Von Trier, des frères Dardenne pour leur Gamin au vélo, ou de Nanni Moretti pour son Habemus papam, a de quoi donner du piment à la compétition.

1. Robert De Niro, président du Festival de Cannes cette année, ici dans le film Stone (sortie le 11 mai). 2. L’affiche du festival avec Faye Dunaway. 3. Les Bien-Aimés, le nouveau film de Christophe Honoré avec Catherine Deneuve et sa fille Chiara Mastroianni, fera la clôture. 4. The Tree of Life de Terrence Malick avec Brad Pitt, sans doute l’un des films les plus attendus du festival. 5. Sleeping Beauty, le premier film de l’Australienne Julia Leigh, en compétition. 6. Le Complexe du castor de Jodie Foster, avec Mel Gibson et ellemême, hors compétition. 7. This Must Be the Place de Paolo Sorrentino avec Sean Penn, en compétition. 8. Habemus papam de Nanni Moretti, en compétition. 9. Antonio Banderas dans La piel que habito de Pedro Almodóvar, un habitué des marches cannoises. 10. Polisse de Maïwenn, l’un des films français en lice pour la Palme d’or. 11. La Conquête de Xavier Durringer, sur l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy, hors compétition. 12. Woody Allen sur le tournage de son dernier film, Midnight in Paris, présenté hors compétition.

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En livre

Si l’annonce du choix de Robert De Niro comme président du jury de cette 64e édition vous a fait émettre un « Waouh la classe ! », alors précipitez-vous sur Robert De Niro, un magnifique livrealbum collector édité par la Fnac, incluant 88 photos de légende, une préface de Samuel Le Bihan, et quatre DVD incontournables de Mister Bob : Raging Bull, Taxi Driver, Les Affranchis et Il était une fois en Amérique (disponible dans les magasins Fnac, 39,90 €).

En DVD

L’Institut national de l’audiovisuel (Ina) vient d’éditer en DVD Reflets de Cannes & Cinépanorama, le cinéma selon François Chalais, une compilation des plus belles rencontres de ce journaliste hors pair qui a marqué de son ton les années 50 et 60 en interviewant Alfred Hitchcock, John Wayne, Jean Gabin, Fernandel, Federico Fellini, Tati, Renoir, Truffaut, Godard et même Brando (le coffret 4 DVD : 39,99 €).

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La French touch Pays organisateur de la compétition, la France se devait d’aligner des représentants de choix. C’est chose faite en la personne de Bertrand Bonello dont L’Apollonide, montrant le quotidien d’une maison close, risque de faire parler. Idem pour l’anticonformiste Alain Cavalier qui, avec son Pater, docu-fiction décalé avec Vincent Lindon dans son propre rôle, ne laissera pas indifférent. Egalement en lice, la jeune Maïwenn, saluée par la critique pour Le Bal des actrices, et qui avec Polisse s’immisce dans les coulisses d’une police pas si lisse. Les surprises attendues Mais Cannes ne serait pas Cannes sans son lot de films que tout le monde attend et qui devraient créer l’événement, comme The Tree of Life de Terrence Malick. Le réalisateur aussi rare que culte (La Balade sauvage, Les Moissons du ciel, La Ligne rouge) s’offre ici un casting d’exception avec Brad Pitt et Sean Penn. Sean Penn qu’on retrouvera également, méconnaissable en ex-star du rock gothique décidant de venger son père décédé, dans This Must Be the Place. De quoi créer l’événement, mais peut-être moins que La Conquête de Xavier Durringer, sur l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy, porté par un Denis Podalydès criant de mimétisme. Ceux qui rêvent d’une montée des marches commune – enfin, plutôt peu commune... – de Denis “Sarko” Podalydès et de Carla (pour le Woody Allen) devront sans doute se contenter de stars plus conventionnelles comme Johnny Depp et Penélope Cruz, à l’affiche de Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence présenté hors compétition. Voire de Jean-Paul Belmondo à qui le Festival rend hommage cette année, ou de son successeur légitime dans le cinéma français, à savoir Jean Dujardin qui viendra défendre hors compétition The Artist, un film entièrement muet qui va sans doute faire grand bruit sur la Croisette. Et c’est ainsi qu’enivré par cette touche féminine du cru 2011, bluffé par les cadors du septième art, ou surpris par les jeunes qui osent, Robert De Niro, accompagné d’Olivier Assayas, d’Uma Thurman, de Johnnie To ou de Jude Law, remettra les prestigieux trophées aux heureux élus le soir du 22 mai. Avec une Palme d’or qu’on espère moins hermétique que l’an passé. Car si Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures se souvient effectivement de sa Palme d’or, le grand public, lui, n’a pas été tellement marqué. Ceci dit, s’il prenait à ce bon vieux De Niro de célébrer comme son prédécesseur Tim Burton un film improbable, un simple “You talking to me !” façon Taxi Driver suffirait à faire taire les critiques. Alors Bob, c’est à toi de jouer ! Festival de Cannes, du 11 au 22 mai. www.festival-cannes.fr.

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Cannes vécu par...

© Pyramide / Belle épine

DR

Acteurs ou réalisateurs, habitués du festival ou nouveaux venus ne l’ayant découvert que récemment, ils nous ont livré quelques anecdotes et nous ont dit ce que Cannes représentait pour eux.

Photo Joss Barrat/Sixteen Films

TEXTES: FABIEN MENGUY

© TM & Twentieth Century Fox / Wall Street 2

cinéma

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Ken Loach (à droite) sur le tournage de son dernier film, Route Irish.

(réalisateur, Palme d’or pour Le Vent se lève) Vous avez remporté une dizaine de prix à Cannes, dont la Palme d’or. Vous êtes blasé ? Non ! Même si je ne fais pas des films pour être récompensé, je suis très fier de ça. J’ai de la chance, car c’est vraiment le plus grand festival de films au monde. Chaque année, dans la production britannique, quelques films obtiennent un succès populaire, mais la plupart sont écrasés par les films américains. Un festival comme celui- ci donne à ces films plus fragiles une exposition qu’ils n’auraient jamais eue sans cela. Et puis, Cannes n’est pas un festival comme les autres. C’est aussi un marché. Si vous y allez en tant que journaliste ou si vous avez un film en compétition, vous connaîtrez sans doute une bonne expérience. Mais si vous y allez pour trouver de l’argent, là, ça risque d’être très différent ! (rires). Vous vous souvenez du moment où on vous a remis la Palme d’or ? Oui. J’étais très concentré, mais surtout sur Emmanuelle Béart qui m’a remis la Palme... Elle était spectaculairement belle, et au moment de recevoir le prix, j’ai failli mettre le pied sur sa longue robe rose. Ç’aurait été une catastrophe si elle avait bougé. Mais heureusement, ce n’est pas arrivé.

Michael Douglas

Cédric Klapisch

(réalisateur) « Pour moi, Cannes est un pèlerinage, et le Palais des festivals une cathédrale. »

Shia LaBeouf

Oliver Stone

(réalisateur) (en français) « Vive Cannes ! C’est la Mecque du cinéma, le plus grand marché du monde. Avec Wall Street 2, c’était la première fois que j’étais en sélection officielle. C’était un honneur, le Festival avait 63 ans et moi aussi. Quelle coïncidence ! »

(acteur) « C’est le premier festival du monde! Les réalisateurs viennent ici pour trouver des financements pour leurs films. C’est le Wall Street du cinéma, en quelque sorte... Mais ici, les gens sont avant tout fous de cinéma. Ils courent partout à la recherche de places pour assister aux projections. Même dans les avant-premières à Los Angeles, on ne voit pas ça, il n’y a pas une telle fièvre. »

Photo Donata Wenders

© TM & Twentieth Century Fox / Wall Street 2

© TM & Twentieth Century Fox / Wall Street 2

(acteur) (en français) « Avec Wall Street 2 l’année dernière, je venais à Cannes pour la quatrième fois, après Le Syndrome chinois (dont il était également producteur, ndlr), Basic Instinct et Chute libre. Et pour moi c’est toujours une expérience extraordinaire, que j’espère avoir la chence de connaître encore ! »

Wim Wenders

(réalisateur, Palme d’or pour Paris, Texas) (en français) « Le Festival de Cannes a eu une telle importance dans ma vie... Je crois que j’ai été en compétition au moins dix fois. J’ai peut-être même été présent vingt fois, avec les autres sélections. Il n’y a aucun festival qui ait autant aidé la carrière de mes films. Gilles Jacob est un grand ami, et un homme qui dirige ce festival avec discrétion et autorité. »

DR / Les Meilleurs Amis du monde

Ken Loach

Pierre-François Martin-Laval dit Pef (acteur-réalisateur) « Cannes, ça me rappelle 2002, quand j’ai raté une cascade. Ce qui m’arrive souvent, sauf que là je l’ai vraiment ratée. Donc je me suis cassé la clavicule en direct. Ça ne m’a pas suffi, parce que j’ai voulu faire comme au cirque et continuer mes chutes. J’ai donc sauté par-dessus la balustrade de Nulle part ailleurs (l’émission de Canal+était diffusée en direct de Cannes pendant le festival, ndlr) pour atterrir dans l’eau, et je me suis recassé la clavicule en quatre morceaux. Personne ne l’a su, parce que j’ai relevé mon bras avec mon autre main, mais comme c’était le premier jour, j’ai vu mes camarades s’amuser sans moi pendant deux semaines.

Anaïs Demoustier

(actrice) « Pour moi, Cannes, c’est la projection du Temps du loup de Michael Haneke, en 2003. J’avais 14 ans, c’était la première fois que je me voyais sur un écran, et celui du Palais des festivals est immense. C’est un souvenir à la fois magnifique et un peu douloureux : on ne m’avait pas prévenue que quand un film d’Haneke passe à Cannes, certains manifestent bruyamment leur mécontentement. Dans Le Temps du loup, il y avait un cheval qui se faisait tuer, et des gens l’ont très mal vécu. Il y en a qui sifflaient et qui partaient en faisant claquer leur siège. Quand j’ai découvert ça, je me disais : « Mais, je ne comprends pas, à Lille, les gens ne font pas de bruit au cinéma... » Et là, j’ai compris que les salles du Festival de Cannes étaient particulières, qu’on avait le droit d’y donner son avis. »


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5 bonnes raisons de (re)découvrir Bordeaux autour de ses vins © Philippe Roy

www.bordeaux.com, rubrique « Ecole du Vin de Bordeaux »

agenda

Le vin est une affaire de terroir, certes, mais aussi et surtout une histoire d’hommes ! Aux visites de châteaux se mêle souvent la chaleur de rencontres hautes en couleur avec les vignerons. Comme celle, marquante, avec Thierry Lurton et les siens au Château de Camarsac, dans la région de l’Entre-deux-Mers. La visite (2,50 € par personne), qui comprend celle des chais, du château, commencé au XIIe siècle, et la dégustation, offre une vraie tranche de vie. De l’autre côté du vignoble, à côté de Blaye, un autre rendezvous mémorable au Château Bellevue-Gazin, chez un ancien ingénieur reconverti dans le vin. Viticulteur autant qu’hôte (Monsieur et Madame reçoivent à manger et à dormir sur réservation), le couple vous accueillera comme si vous étiez l’un des leurs, tout en vous contant sa passion pour les vins.

Tanins, cuisse, acidité… Cela vous cause ? Non. C’est du chinois pour ne pas dire du javanais ? Pas de panique, l’Ecole du vin du CIVB, Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, décortique l’A.B.C. de la dégustation dans un cours spécial « initiation » (25 €). Idéal pour ceux qui débarquent sans connaissances, ce cours nous plonge dans la culture vitivinicole locale, dégustation de crus à l’appui ! Un petit tour sur le site ci-dessous devrait suffire à vous convaincre.

Apéros Vintage de Bordeaux : bientôt à Paris !

www.camarsac.com www.chateau-bell vue-gazin.fr Joyau de la Rive gauche, Saint-Emilion est autant réputé pour ses vins que pour sa beauté, qui lui a valu d’être classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.

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2. Visiter Comme Paris, la région bordelaise est scindée en deux rives de part et d’autre de la Gironde : la rive gauche et la rive droite. D’un point de vue viticole et géographique, ces deux entités offrent des styles bien distincts et autant d’occasions de pratiquer le tourisme. Paysages vallonnés Rive droite avec, en ligne de mire, le superbe village de Saint- Emilion, presqu’île du Médoc et bourgs aux noms prometteurs (Margaux, Pauillac, SaintEstèphe…) sur l’autre. Comme leurs vins, l’une et l’autre rive ont leurs charmes et leurs adeptes. Reste à savoir laquelle aura votre préférence…

3. Faire des rencontres

4. Sortir Fini le temps où le bordeaux se dégustait seulement entre connaisseurs. Désormais, on l’aime sans prise de tête et en toute convivialité dans l’un des nombreux bars à vins sympas de la ville, comme au Bar à vin du CIVB qui propose une vingtaine de crus au verre, dès 2 €. A accompagner d’assiettes de fromages, de charcuteries ou de chocolats de chez Cadiot-Badie !

Photo du haut : Du rouge au rosé, du blanc au Clairet, pas de doute, le bordeaux aime à jouer la carte de la diversité. Ci-dessus : Le Bar à vin du CIVB, un lieu propice à la découverte des vins de Bordeaux, en toute convivialité...

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1. Apprendre

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Bonne nouvelle pour les oenophiles avertis comme pour les néophytes amateurs de nectars précieux, les vins du Bordelais se réinventent. La preuve avec ces cinq bonnes raisons d’appréhender cet art de vivre lors d’un passage dans la capitale girondine.

Les dates à retenir Le 17 mai (soirée Chineurs au Comptoir Général), le 31 mai (soirée Rétro photo au Cercle), le 14 juin (soirée Saveurs d’antan à L’Escargot) et le 28 juin (soirée Vinyles au Point Ephémère). Entrée libre, verre à partir de 3 €. À vos agendas !

http://baravin.bordeaux.com

5. Déguster la diversité Bordeaux rime avec rouge, c’est sûr, mais aussi avec trois autres couleurs moins connues, qui vont du blanc au rosé, en passant par le Clairet, une couleur inédite et spécifique de la région, à michemin entre le rosé et le rouge. Côté goût, au final, il y en a justement pour toutes et tous entre la fraicheur des blancs rosés, le fruité du Clairet, la puissance des rouges et le soyeux des blancs moelleux. Et donc, forcément un pour vous…

Amis parisiens, si vous ne descendez pas à Bordeaux, ce sont ses vins qui viendront à vous ! Pour latroisième fois, les voilà qui débarquent au coeur de la capitale pour vous faire vibrer à leur rythme et entrevoir leur diversité. Le principe ? Quatre « Apéros Vintage de Bordeaux » sur quatre thèmes dans quatre lieux branchés.

Infos sur la page Facebook des Vins de Bordeaux, onglet « Apéros Vintage de Bordeaux »

Pour la troisième année consécutive, les Apéros Vintage de Bordeaux investissent les bars les plus trendy de Paris. Démarrage le 17 mai !


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evenement

TEXTE: SONIA DESPREZ

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Histoires de tapis rouge Chez Traverso, on est photographe de père en fils (et en fille) depuis quatre générations. Et comme on est cannois, on s’est spécialisé dans les vedettes. Mais avec une certaine âme. Petite exploration des souvenirs de Gilles Traverso, digne héritier au charme gouailleur, et personnage du célèbre festival de cinéma.

Dans le bain photographique « Mon arrière grand-père a créé son entreprise de photographe en 1919, avant la naissance du festival. Mais il tirait déjà le portrait de toute l’aristocratie, des peintres, des gens du monde du théâtre qui fréquentaient Cannes. En 39, quand il a appris que Louis Lumière venait pour un festival, il est allé le photographier. Et puis le festival a repris après la guerre, et il a envoyé son fils – mon père, donc, qui avait 16 ans à l’époque – faire des prises de vues de Clark Gable, Eroll Flynn, Michèle Morgan… Mon père lui-même a commencé à me faire travailler comme apprenti en guise de job d’été, quand j’avais 14 ans. Je me suis vraiment lancé avec lui à 18 ans, en apprenant tout sur le terrain. »

le livre

Le festival où la photo est star

Sharon Stone, 1995.

“Cannes Cinéma, L’histoire en images du plus grand festival de films du monde” (éd. Cahiers du Cinéma). Photographies Traverso, textes Serge Toubiana. 230 x 280 mm, 336 pages, 600 photographies noir et blanc, broché, 35 €. À ne pas manquer : le 14 mai à 16 h 30, à la Fnac de Cannes, projection, rencontre et signature avec Gilles Traverso.

« C’est la seule manifestation au monde, je crois, où les photographes peuvent apparaître sur la photo de la star sans que cela gêne. On me demande même parfois de me mettre dans le champ pour que ça fasse plus “Cannes”. Nous sommes nous aussi des acteurs du festival. Au début, le festival durait trois semaines, les acteurs venaient y passer quatre ou cinq jours, et les photographes étaient rois car il n’y avait pas de télévision. On pouvait imaginer aller faire des prises de vues sur la plage, faire des mises en scène: sur la plage, Claudia Cardinale et Luchino Visconti avec un guépard, ou Liz Taylor en maillot prenant une douche. Une fois, mon père et quelques confrères sont allés prendre des images de Grace Kelly et à la fin, elle a dit : « Bon, on a fini ? Allez, on pose les appareils, on va au café, je vous offre à boire ! » Il y a deux ans, j’ai voulu emmener Andie McDowell sur la Croisette faire quelques photos: en une minute, nous étions cernés par des centaines de gens avec leur appareil ou leur téléphone... Ça devient plus compliqué de ce côté-là. Mais je ne suis pas nostalgique. Souvent, les acteurs ne restent que 24 heures, mais la plupart jouent notre jeu pendant le “photo call”. Tarantino a même fait une petite chorégraphie l’année dernière. »

Bardot et Loren, les copines de Traverso père

Moreau et Fonda, les copines de Traverso fils

« Mon père adorait Sophia Loren. Il se débrouillait toujours pour être là où elle allait, et pour la prendre en photo. Ils s’aimaient bien avec Michèle Morgan aussi, elle lui disait « Henri, attendez-moi », elle allait piquer une rondelle de citron au serveur, et s’en collait deux gouttes dans les yeux pour qu’ils ressortent sur la photo. Il y avait aussi Brigitte Bardot : il l’a prise en photo plusieurs fois (dès l’époque où elle n’était encore qu’une starlette peu connue, ndlr). Une fois, il lui avait demandé de courir sur la Croisette en faisant virevolter sa robe, ça a fait de très belles images qui sont parmi les préférées de mon père. A force, il a fini par la connaître. Plus tard, quand elle s’est mariée avec Vadim à SaintTropez, il y est allé, mais il est arrivé en retard. Elle l’a reçu chez elle, et tous les deux ont bu des coups pendant quelques heures avant l’arrivée de Vadim. Et puis, les jeunes mariés ont posé pour mon père. Ces photos tournent en ce moment un peu partout dans le cadre de la grosse exposition sur Bardot. »

« Un jour, j’avais 17 ans, mon père m’envoie au Carlton pour prendre Jane Fonda en photo. J’étais vraiment content et excité. Mais c’était périlleux, parce qu’on travaillait à l’argentique 12 poses, on n’avait pas intérêt à se foirer ! Ça s’est bien passé, du coup j’étais fier ! Plusieurs décennies plus tard, il n’y a pas longtemps, je travaillais pour l’Oréal, et on me demande de la suivre toute une journée. Elle parle français, alors on discute, je lui raconte comment j’ai fait mes débuts avec elle, elle se marre. Le soir même, elle remettait la Palme d’or sur scène. Je lui avais dit où je serais dans la salle, un peu sur le côté à droite. Au moment où elle remet la Palme, elle se tourne vers moi avec un grand sourire en entraînant le lauréat à me regarder aussi. C’est une sacrée bonne femme. Il y a Jeanne Moreau, aussi. J’étais à Paris, parce que j’avais été invité à participer à l’émission de Bernard Pivot, Bouillon de culture, pour la première édition de mon livre de photos du festival. Je me liquéfiais de trouille dans les coulisses. Jeanne Moreau est à côté de moi, elle me regarde et me dit : « Ne vous inquiétez pas, y a que Lelouch et moi comme invités, et on est très bavards. Vous n’aurez qu’à répondre à quelques questions parce qu’il ne restera pas beaucoup de temps. » On en a reparlé à Cannes, où je l’ai photographiée plusieurs fois, c’est resté un bon souvenir. »

Le cas Adjani « L’année où tous les photographes ont posé leur boîtier sur le tapis quand Isabelle Adjani montait les marches (en 1983, car ils jugeaient que l’actrice n’était pas coopérative avec la profession, ndlr), je me suis senti obligé de le faire aussi, mais franchement, ça ne m’a pas plu. Le truc, c’est qu’elle, c’est une écorchée vive, et agoraphobe, donc c’est dur pour elle de venir à Cannes. Mais quelques années après, comme on voulait la mettre en couverture du livre, on l’a appelée. Elle était ravie, elle nous a remerciés. Cette année-là, elle était présidente du jury à Cannes, et il y a eu une pet réception à laquelle trois photographes, dont moi, étaient invités. Elle arrive, je vais la saluer, je me présente, et elle me dit : « Oh, vous dites bonjour avant de prendre des photos, c’est sympa, vous êtes normal. » Et on a fait des photos super. »


© Traverso

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© Traverso

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Elizabeth Taylor, 1950.

Les actrices, des gens comme les autres « Ingrid Bergman, à l’époque, venait directement à l’agence pour nous acheter des photos qu’on avait prises d’elle. Elle disait: « On se fait toujours mitrailler, mais on ne voit jamais les photos après. » Il m’arrive aussi d’envoyer les séries aux actrices que je connais un peu, comme Michelle Yeoh. Elles sont très contentes parce qu’elles sont comme tout le monde, elles aiment bien avoir des souvenirs ! »

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Michelangelo Antonioni et Monica Vitti, 1960.

“Nous, les photographes, sommes aussi des acteurs du festival.”

150 000 photos

Martine Carol, 1947.

« A force de prendre des photos de père en fils, j’ai environ 150 000 photos en archives. Nous avons toujours été indépendants, vendant souvent nos clichés à des titres de la presse locale comme “Nice Matin”, ou à des clients privés qui nous embauchent. On m’appelle pour des actus : par exemple, là, comme De Niro est président, on me prend des archives avec lui. Je fais aussi tourner des expos. C’est en montant la première, à Cannes, que j’ai été repéré par Serge Toubiana (ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, actuel directeur de la Cinémathèque française, ndlr). Il est venu me voir en disant qu’avec un tel trésor, il fallait absolument faire un livre ! C’est vrai qu’à Cannes, on sait qui nous sommes. Je connais tous les directeurs d’hôtels, donc c’est facile pour moi d’y accéder quand d’autres ne peuvent pas. Et même certaines actrices me laissent faire, parce qu’elles savent que je ne suis pas en agence, et qu’elles ne risquent pas de se retrouver en couverture d’un journal people avec un verre à la main et un titre du genre “Elle a recommencé à boire”. »

Sean Connery, 1965.


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shopping

On la joue comme à Cannes ! 1

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R É A L I S AT I O N : C A R I N E C H E N A U X

Le festival, c’est où tu veux, quand tu veux !

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1 ET 7. JEUNE JOAILLERIE. Boucles d’oreilles et manchettes Lisonia, or et diamants. www.lisonia.fr. 2 ET 4. LOOK AT THE RINGS ! Bagues précieuses Poiray. www.poiray.com. 3. INDISPENSABLE. Sac à anse chaînée, Coach, 465 €. www.coach.com. 5. TRÈS STAR. Robe fourreau Izmaylova, 1160 €. www.izmaylova.co.uk 6. OBJET DU DÉSIR. Boot en veau velours noir et nappa métallisé rose, Raphael Young. www.raphaelyoung.com. 8. PARURE. Collier Nocturne, Swarovski. www.swarovski.com. 9. STARLETTE. Robe évasée, Orla Kiely. www.orlakiely.com. 10. HAUTE VOLÉE. Lunettes de soleil Suzy en métal avec strass Doré, Vuitton, vendues notamment à la boutique éphémère cannoise de la marque. www.louisvuitton.com. 11. NOUVEAU PARFUM. Eau de toilette Gucci Guilty, de 30 à 75 ml, de 50 à 90 €. En exclusivité chez Sephora. 12. VERTIGINEUSE. Sandale Pollock à brides entrelacées en cuir métallisé, talon 9,5 cm, Charles Jourdan. 13. PETITE CHOSE SEXY. Pochette Power ornée de strass, Swarovski. www.swarovski.com. 14. LUMINEUSE. Palette Pink Celebration , enlumineur de teint fini perlé à appliquer sur le visage, les yeux, le décolleté, les épaules, édition limitée, Yves Saint Laurent, 54 €.

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Zapping

Du 11 au 17 mai, les cinémas UGC proposent à tous les aficionados des salles obscures de célébrer le Festival de Cannes dignement, en profitant d’une offre exceptionnelle : tous les films à toutes les séances dans toutes les salles UGC pour 3 € . En prime, cette quatrième “semaine UGC” permettra de découvrir Minuit à Paris de Woody Allen, le film d’ouverture du festival.

Yves Saint Laurent

Photo Philippe Maltete/red Carpet

TEXTES: MURIELLE BACHELIER, CARINE CHENAUX

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Ciné pas cher

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Luxe

Marquer le coup

Accessoire

La montée, c’est trop dur

Mini-festival

Si d’aventure, vous vous trouvez à Cannes du 11 au 19 mai et si, aussi, vous êtes une fille qui a prévu de monter des marches ou simplement d’écumer la pléthore de fêtes locales, évidemment chaussée de vertigineux talons, pensez que vous risquez d’avoir… mal aux pieds. Une solution : prévoir de bonnes petites semelles dans vos stilettos. Pas glamour ? Si si, s’il s’agit des luxueuses et confortables Red Carpet. Fort à propos, la nouvelle marque de semelles chic pour chaussures importables vous propose une opération “SOS montée des marches”. L’idée : commander une paire de ces aides à la marche sur son site (www.redcarpet-paris.com), en indiquant le code SOSCANNES11, et récupérer les objets salvateurs directement sur la Croisette. Sinon, bien évidemment, on peut les acheter et se les faire livrer chez soi toute l’année. D’autant que, tiens, ce ne serait pas le début de la saison des mariages ? C.C. Depuis plusieurs années, le Festival de Cannes propose, dans le cadre de la sélection officielle, des projections de films en plein air, “Le cinéma de la plage”. En préambule de ces séances, du 12 au 21 mai, l’INA offre aux festivaliers et au public cannois la possibilité de découvrir tous les soirs, à 21 h 30 sur la plage Macé, une série de dix programmes courts retraçant les liens entre le festival et la grande histoire du cinéma. Reflets de Cannes & Cinépanorama, le cinéma selon François Chalais, ceux-ci seront visibles dès le lendemain de leur diffusion sur le site www.ina.fr.

Joli minois Bien sûr, depuis le succès planétaire du film Black Swan, Benjamin Millepied, ou Monsieur Portman comme vous voulez, vest devenu “a bankable face”, autrement dit, un joli minois qui peut rapporter gros. Alors que son amoureuse de Natalie est égérie Dior, l’étoile française du New York City Ballet sera le prochain visage du nouveau parfum masculin d’Yves Saint Laurent, dont la commercialisation est prévue en septembre. Après Olivier Martinez et Vincent Cassel, Benjamin Millepied : la trilogie masculine d’YSL a de quoi séduire. M.B

Costume

Alexandre est Crazy L’un de nos créateurs français qui monte, Alexandre Vauthier, vient de réaliser les nouvelles tenues de scène des filles du Crazy Horse pour le prochain spectacle du cabaret, intitulé Take My Love et conçu par l’une des danseuses et chorégraphes, Patricia Folly. Pour l’heure, rien n’est vraiment dévoilé de ces tenues forcément ultrasexy ; on sait juste que le designer a utilisé un latex élaboré par des spécialistes londoniens, qui va mouler les corps parfaits et sublimer les courbes. Il s’est aussi entouré de la maison Lesage pour les broderies, tandis que les souliers sont signés Christian Louboutin, le spécialiste de la semelle rouge. Fin du suspense le 16 mai au le Festival de Cannes où, lors de la traditionnelle fête Chopard, le numéro du Crazy Horse sera présenté. Ce sera à l’Hôtel Martinez, pour ceux qui auront la chance d’y assister... M.B.

Collector

What else ? Voilà qui risque bien de faire un joli cadeau pour la Fête des mères. La marque Nescafé a ici sollicité les talents de la créatrice espagnole Agatha Ruiz de la Prada pour habiller sa Dolce Gusto en version mini. Au résultat, une envolée de coeurs vifs, représentatifs du style de la dame, sur une machine qui, malgré sa petite taille, en a sous le pied. Cute. C.C Nescafé Dolce Gusto Piccolo, édition limitée par Agatha Ruiz de la Prada, 99,49 € en grandes surfaces et magasins spécialisés. www.dolce-gusto.com. Infos : 00 97 07 80.

© Alexandre Vauthier pour le Crazy Horse

Beauté

Pas vraiment fauchée et amatrice de ces petits souvenirs qu’on garde des moments importants ? La maison Sergio Rossi a conçu, rien que pour le Festival de Cannes, une sandale en satin de soie très “tapis rouge”, ornée de cristaux Swarovski, et une miniminaudière assortie. Deux collectors précieux, bien plus enviables qu’une vieille invitation pour une projo obscure ou un coup de soleil sur le bout du nez... C.C. www.sergiorossi. com.



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R É A L I S AT I O N : CARINE CHENAUX

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moi d'abord

Plutôt vernies

Comme un accessoire de mode accessible mais indispensable, mieux que jamais, le vernis habille les mains cette saison. Choisissez le bon!

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en bref

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Semi-permanent

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infos

1. FLASHY. Vernis So laque Bourjois, 9,95 € l’un. 2. ONGLES FRAGILES. Vernis Silicium Color Care, La Roche-Posay, 10,80 €. www.laroche-posay.fr. 3. LONGUE TENUE. Vernis Pure Color, Estée Lauder par Tom Pécheux, 24 € .4 AU CHOIX. Vernis SinfulColors, très nombreuses teintes, version 15 ml ou mini, 5ml, disponibles en exclusivité aux Galeries Lafayette., 5.90 € les 15 ml et 3.50 € les 5 ml. 5. TOUT NOUVEAUX. Vernis Kismet et Ecume, Nars, 18 €. www.narscosmetics.fr. 6. GOURMANDS. Vernis Citron vert, Turquoise et Orange, 7 ml, Miss Helen, 3,99 € l’un. Chez Monoprix. www.monoprix.fr. 7.

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FLUO. Vernis fluo Aloha ou Paradise, à additonner d’un top coat brilliant, Dio. 8. TRÈS ROCK. Vernis Dior Addict Purple Mix, Nirvana ou Perfecto, à additionner d’un Rock Coat,

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20, 51 € et 19, 51 €. 9. BELLES DES CHAMPS. Vernis aux composants naturels, Pal & Joe, 13 € l’un. www.ombresportees.fr. 10. TROPIQUES. Vernis pink, orange, fluo et violet, Sephora, 4,90 €. www.sephora.fr. 11. PARESSEUSE ? Vernis 10 jours, Bourjois, 9,96 €. 12. SOBRES ET BELLES. Laques à ongles Serge Lutens, 45 € l’une. www.sergelutens.com. 13. DOUCES ET CRÉATIVES. Laques Innoxa, nombreux coloris disponibles,

Assez de recolorer vos ongles tous les jours ? Voilà une vraie bonne idée qui vient à votre secours. La marque Peggy Sage vient en effet de lancer la pose de vernis semipermanent à domicile. Alors bien sûr, si le résultat dure deux semaines, vous offrant autant de temps de tranquillité, il faut avant toute chose vous équiper un peu : gels UV, gel de construction, lampe UV pour fixer la couleur et solution de fonte Intelli Soak pour dissoudre la teinte en place. Mais l’investissement vaut le coup. Une fois le protocole intégré, vous pouvez vous en donner à coeur joie en jonglant entre les 24 colxoris disponibles et garder vos ongles intacts et brillants (grâce au top coat prévu) pendant plusieurs jours. Le procédé n’abîme pas les ongles, il peut s’appliquer sur les mains et les pieds et s’avère fort pratique en été. Intelli Gel de Peggy Sage, lampe UV, 69,80 € ; gel UV de couleur, 13,80 € ; gel UV smart color, 24 € ; pinceau, 7,80 € ; top coat, 24 €. www.peggysage.com.

4,50 € l’une. En pharmacies et parapharmacies. 14. FRENCH MANUCURE DÉCALÉE. Manucure Couture n°5 “Favorite Chic” édition limitée, Yves Saint Laurent, 35 €. 15. ESTIVAL. Vernis Framboise sans paraben et hydratant, Masters Colors, 16,50 €. Dans les instituts agréés Guinot et Mary Cohr.

C’est de l’art

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Après la vague des nail patchs de couleurs, voici venu celle des nail patchs arty. Liberty, rayés, panthère, vichy, vous les collez sur vos ongles et c’est parti. Pas besoin de temps de séchage ni d’outil de manucure, et tout cela s’enlève au dissolvant. Ludique.

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Nail Patch Art, 8 motifs, Sephora, 9 € l’un. www.sephora.fr



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tendance TEXTES: RÉMI MISTRY

bd sur le web

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Des blogs et des bulles Mille sabords, les phylactères envahissent la blogosphère ! Depuis une dizaine d’années, de plus en plus de jeunes auteurs créent leurs blogs pour y croquer leurs tribulations quotidiennes. Cette tendance numérique renouvelle-t-elle pour autant la façon de concevoir et de consommer la bande dessinée ? Réponse en quelques clics. Lis ma vie Par définition, le blog est un espacepersonnel où l’on peut raconter son quotidien en toute impunité : situations cocasses, anecdotes croustillantes, tranches de vies, opinions politiques, coups de coeur culturels... Tout y passe. Les blogs BD ne dérogent pas à la règle. Bien au contraire. Souvent autobiographiques, voire un peu égocentriques, ils demeurent néanmoins nettement plus créatifs et fantaisistes que de simples billets écrits à la va-vite par un émule de Jacques Attali. Si les médias ont beaucoup devisé sur les blogs BD ces dernières années, c’est surtout pour mettre en avant l’omniprésence des sites “girly” dans la blogosphère. Traduction : des blogs de femmes presque trentenaires griffonnant un quotidien rose bonbon qui oscille entre potins, copines, aventures amoureuses et parfois même enfants en bas âge. www.bouletcorp.com¬ Blog de Boulet. © Boulet/éditions Delcourt

http://zelba.over-blog.com

Le dernier album de Boulet, Notes, avec une planche extraite.

Deux albums de Leslie Plée, dont L’Effet Kiss pas cool, tiré de son blog (sortie le 6 juin).

On vous l’a dit et redit : la bande dessinée est devenueadulte. Considérée depuis ses balbutiements comme un genre mineur, elle connaît désormais une réévaluation critique et un succès public phénoménal. Ainsi, malgré un contexte de crise globale de l’édition, l’année écoulée a vu une augmentation significative de la parution de BD, représentant au total 7,9 % des quelque 65 000 livres publiés dans l’espace francophone européen. Mais la BD se développe aussi sur la toile, où les blogs de dessinateursscénaristes se multiplient. Une nouvelle génération semble sur le point d’émerger. « J’ai ouvert un blog sans bien y réfléchir, nous confie Leslie Plée, auteure de l’excellent blog Vue de la province. Un ami en avait un et j’ai aimé l’idée de montrer mes dessins, de faire partager mes petites histoires, de raconter mes tracas quotidiens. A l’époque, j’étais au chômage et un peu déprimée, c’était une sorte d’exutoire. Je crois que j’ai commencé tout simplement parce que j’avais envie d’être lue et aimée. » C’était en août 2007 ; depuis, son blog reçoit presque 3 000 visites à chaque dessin publié. Et elle est loin d’être la seule dans ce cas.

« Pour moi, la manière de raconter est beaucoup plus importante que le sujet même. »

Des “histoires de filles” qui ont essuyé de nombreuses critiques : faussement hype, trop superficielles, trop bobo, trop Sex and the City. « Le blog girly a un style graphique assez reconnaissable, maintes et maintes fois copié- collé, qui a desservi l’ensemble des blogs de filles, constate Leslie Plée. Surtout quand la copie est mal faite, dénuée d’humour, avec un consternant premier degré qui donne à voir une fille uniquement sous l’angle du shopping... » « Je ne m’adresse jamais à un public purement féminin, je ne cible personne, nous explique de son côté Wiebke, créatrice du pétillant Blog de Zelba. Pour moi, la manière de raconter est beaucoup plus importante que le sujet même. Je parle de choses qui me touchent, me désolent, me font rire, m’excitent... et je suis souvent étonnée par la grande diversité des lecteurs qui laissent des commentaires. Il y en a des très jeunes qui réagissent à des histoires que j’aurais qualifiées d’histoires de trentenaires ». Ainsi, le coup de crayon et le sens de la narration – en un mot, le talent– suffisent parfois à donner à ces histoires somme toute banales une portée quasi universelle. Leslie Plée : « Quand un phénomène marche, il est très critiqué et copié à la fois, c’est un peu la rançon du succès. Alors, quand en plus ce sont des femmes... Il y a sans aucun doute une part de misogynie là-dedans, et c’est ce qui m’agace. Qui a dit qu’on ne pouvait pas parler de choses légères et féminines ? Certaines le font très bien. » Certaines le font même tellement bien qu’elles se sont vite fait remarquer en dehors du carcan étroit de la blogosphère, devenant illustratrices pour la presse féminine ou signant leur première véritable BD. L’exemple le plus emblématique reste le succès de Pénélope Bagieu et de son double Pénélope Jolicoeur. Passée de star du web avec Ma vie tout à fait fascinante à star du monde de l’édition (difficile de rater sa série Joséphine), elle a entraîné dans son sillage une nuée de blogueuses qui, avec un bonheur inégal, se sont emparées du créneau.


nos coups de coeur

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Le constat a donc forcément encouragé quelques jeunes auteurs pleins d’ambition à créer leurs propres pages perso : oui, on peut réussir à se faire repérer par un éditeur et finir par publier sur du “vrai” papier (tout en étant rémunéré) les strips mis en ligne sur son blog. Certes, sur les centaines de blogueurs disséminés sur la toile, peu accèdent à cette reconnaissance. Mais le jeu en vaut la chandelle, et c’est parfois le début d’une belle carrière.

vuedelaprovince.canalblog.com Le blog de Leslie Plée, qui raconte son quotidien à Rennes. Dessins et personnages attachants, humour et autodérision salvateurs, strips pas girly pour un sou... Son expérience ratée de libraire a aussi donné lieu à une BD savoureuse Moi vivant, vous n’aurez jamais de pauses. (éd. Jean-Claude Gawsewitch).

« En 2000, l’interface “blog” n’existait pas. J’ai créé un site en html sur lequel je présentais mes bandes dessinées comme je le fais aujourd’hui avec moins de contraintes techniques grâce au blog, nous raconte Marc Vidberg, auteur de L’Actu en patates. « Je n’avais pas d’autres buts que de m’amuser et de publier mes récits plus simplement que sur un fanzine papier. A l’époque, l’idée de percer dans la BD en dessinant sur un site personnel ne me serait jamais venue à l’esprit, mais depuis, j’ai multiplié les expériences diverses dans des domaines parfois très différents comme l’illustration, la presse ou la publicité. »

www.vincentcaut.com

Le blog musical Gimme Indie Rock!, sur le site des Inrockuptibles http://blogs.lesinrocks.com/gimmeindierock

zelba.over-blog.com Drôle, authentique, sincère... Cette mère de famille, à l’origine illustratrice, pensait que la BD était réservée aux initiés. Elle a fini par changer d’avis et a déjà publié trois albums dont Ma vie de poulpe (éd. Jarjille), réalisé à partir des histoires du blog. La suite arrive bientôt.

Toutes ces distinctions officielles ne doivent pas pour autant faire oublier a révolution du neuvième art promise par l’apparition du numérique et de l’internet. Et c’est là que le bât blesse. La création d’un blog BD semble ne représenter pour un auteur qu’une simple étape dans une carrière professionnelle, avant la sacro-sainte édition papier. Mis à part la notion d’interactivité –pas toujours bien exploitée – et à quelques exceptions près, les blogs n’ont pas vraiment changé la manière de concevoir la BD, ni de la consommer.

vidberg.blog.lemonde.fr Avec son trait rond et rigolard, Marc Vidberg, professeur des écoles dans le civil, revisite l’actu à travers des Monsieur Patate bien déjantés, pour un résultat pertinent en diable. À lire : Le Blog (éd. Onapratut). anais-soliphane.blogspot.com Si cette jeune dessinatrice au style simple et sobre sous-titre son blog Dessins, sottises et réflexions idiotes, ce n’est pas pour rien. Quasi quotidiennement, elle publie des gags à l’humour assurément absurde et décalé, qui en raviront beaucoup et laisseront les autres de marbre. À vous de choisir votre camp. blogs.lesinrocks.com/ gimmeindierock Le blog rock qu’on n’attendait plus. L’auteur est illustrateur et musicien et partage sa passion pour l’indie pop. Dessin dans l’air du temps, strip poilant... Half Bob s’est retrouvé cette année sur le podium des Révélations blog du festival d’Angoulême, un signe qui ne trompe pas.

Aujourd’hui, Pénélope Bagieu vend plus de 30 000 exemplaires de son Cadavre exquis, l’auteur Boulet, qui n’a jamais été aussi célèbre que depuis qu’il a ouvert un blog, voit ses délires plébiscités par des milliers d’internautes, les transpositions blog-édition papier prolifèrent à l’infini et, dernière nouveauté, des ouvrages provenant de blogs collectifs voient le jour comme c’est le cas du récent feuilleton Les Autres Gens. Autres signes qui montrent que le blog BD est en train de sortir de l’amateurisme : le prix du Festival international de la BD d’Angoulême remis depuis 2008 à trois jeunes auteurs issus du blog, et surtout la création du Festiblog, un festival exclusivement réservé aux blogs BD et aux webcomics dont la prochaine édition se tiendra les 24 et 25 septembre à Paris.

le blog musical de Vincent Caut ¬ www.vincentcaut.com

www.antoinekirsch.fr Voilà un blogueur orignal et créatif qui tente d’exploiter les possibilités du web 2.0 avec panache. Outre ses “BD-réalité” où il interagit avec ses lecteurs, Kirsch se révèle aussi très bon dans ses “Egostrips”, des gags en trois cases décalés à souhait, qu’il distille au compte-goutte sur son site.

« Le blog est sûrement une plateforme qui facilite la circulation d’informations, l’échange entre l’auteur et le lecteur », commente Wiebke du Blog de Zelba, avant d’ajouter que « dans le meilleur des cas, un blog BD devrait donner envie au lecteur d’acheter les albums d’un auteur ». De toute façon, « il n’y a pas pour le moment de marché de l’édition numérique », constate Marc Vidberg. « Il existe quelques tentatives d’édition, mais il est encore difficile de savoir si elles seront rentables pour les éditeurs, et surtout pour les auteurs. Je croise les doigts pour que les BD papier ne disparaissent pas pour autant, afin de pouvoir continuer à rêvasser devant une immense bibliothèque. » La révolution numérique peut bien attendre un peu : le papier fait toujours rêver.

www.lesautresgens.com Erwann Surcouf, Boulet, Bastien Vivès, Manuele Fior, Vincent Sorel... Tous ont participé à ce feuilleton collectif qui raconte l’histoire de Mathilde, une étudiante devenue millionnaire du jour au lendemain. Des chiffres ? 70 auteurs, 1 000 abonnés payants, 2 400 planches par an. Le recueil papier vient de sortir aux éditions Dupuis, on le recommande chaudement.

www.bouletcorp.com/blog http://lommsek.blogspot.com www.penelope-jolicoeur.com http://grumeautique.blogspot.com www.bloglaurel.com http://margauxmotin.typepad.fr www.yodablog.net www.lewistrondheim.com

et aussi

Sûrement l’un des plus talentueux de la blogosphère, autant par la variété du style graphique que par les idées de scénario. Vincent Caut s’est fait connaître en racontant sa vie de lycéen. Depuis, il est passé à autre chose et livre son regard sur l’actualité à travers des dessins hilarants et cyniques.

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Du virtuel au réel


style de ville

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TEXTES ET PHOTOS: MURIELLE BACHELIER

quartier

Les petits plaisirs de la rue Monnier Au-dessus du métro Saint-Georges, à la frontière de Pigalle et à deux pas de la plus connue rue des Martyrs, se trouve une artère qui mérite qu’on s’y attarde. Entre shopping et pause déjeuner sur la charmante place Gustave Toudouze, la rue Henri Monnier, d’un numéro à l’autre, offre un peu de répit dans l’agitation du neuvième arrondissement.

Boutique

Vanina Escoubet Fraîchement arrivée dans le quartier, cette jeune créatrice a ouvert sa boutique l’année dernière. La devanture est très sobre, couleur gris du ciel de Paris ; on entre ici dans un univers féminin bien affirmé. L’esprit est frais, entre jolies robes à bretelles ou bustier, charmants petits motifs, le tout dans un souci des belles finitions et du détail. On aime aussi le côté vintage et rétro des pièces (comptez entre 80 € et 165 € pour une robe). Vanina fait fabriquer en France et en Pologne, et invite d’autres créateurs dans son antre, comme Charlotte Sometime pour ses tee-shirts rigolos sérigraphiés à la main, ou encore A Wolf at My Door qui détourne des tee-shirts American Apparel. Vanina a également une belle sélection de bijoux fantaisie : si vous aimez les mailles très fines et les chaînes délicates, vous allez être servies ! Ouvert du mardi au samedi, de 11 h à 19h30. Tél. : 01 42 74 31 42. www.vaninaescoubet.com.

N o1


style de ville

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Judith Lacroix

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Tél. : 01 48 78 22 37. www.judithlacroix.com.

Cela fait six ans que Frédéric a élu domicile ici, séduit par le quartier et les arbres qui bordent la place Gustave Toudouze. L’endroit est chaleureux, entre le resto et le bistrot de quartier, avec une carte qui change tous les mois afin de permettre aux habitués de ne jamais se lasser. Bien sûr, il y a les classiques inamovibles comme le confit de lapin et sa purée de polenta (19,50 €) ou le tartare de boeuf que vous pouvez commander les yeux fermés (17 €). Les plats sont simples mais ont tous une petite touche d’originalité, comme la fricassée d’agneau aux amandes, citron confit et artichaut (18,50 €), ou encore le cabillaud en croûte de pistaches, kiwi à l’aigre-doux et quinoa (22 €) qui nous a laissé un très bon souvenir. A goûter également, le verre de kir surnommé le Birlou, du nom de cette liqueur mariant la pomme à la châtaigne, délicieux. Côté desserts, le baba au rhum et au thym (7 €) ou le fondant au caramel salé et glace caramel (8 €) apportent une note sucrée parfaite.

N o3 0

Créateurs

Vous connaissez sans aucun doute la déclinaison petits prix de la créatrice, qui opère ainsi sous le nom de Juju s’amuse. Une devanture bleu turquoise, un style spécialement conçu pour les femmes et sans doute les mamans, car Judith Lacroix, c’est aussi une collection pour les kids, filles et garçons (de 3 mois à 12 ans). Pour l’été, elle propose une belle déclina son de robes, de la bain-de-soleil à la robe du soir, les imprimés sont vifs, l’esprit forcément un peu rétro. Pour l’enfant, les clins d’oeil s’impriment sur les chemises, comme les motifs “cahier d’école” par exemple. Un autre grand succès de la marque, les pulls en alpaga qui se vendent très bien (145 €), déclinés dans une belle gamme de couleurs. La maille est fine et la coupe bien pensée. Enfin, ne passez pas à côté des sacs “jolie madame” dans le plus pur style années 60 (de 100 à 350 €).

Restaurant

Boutique

N o3

Tél. : 01 45 26 26 30. www.cote9eme.com.

Cancan

Une boutique blanche, plutôt minimale : ici, on ne parle que créateurs, pr posant une sélection ultra-pointue de designers internationaux. Cancan affiche une préférence pour les Scandinaves, avec toujours le souci de ne pas pratiquer des prix trop élevés. En résumé, la création à des tarifs démocratiques. Chez les Nordiques, c’est le souci du détail qui fait la différence, comme pour la marque suédoise Minimarket et cette robe qui paraît toute simple, sauf que dans le dos, elle a un joli décolleté en V avec des lanières. L’Italienne Vivetta, ce sont des petites robes noires sexy en maille qui nous font penser aux créations de notre Sonia Rykiel nationale. Wormy, ce sont des pulls magnifiques fabriqués à la main en Colombie, dans un souci éthique et responsable (entre 135 et 240 €). A voir aussi, une sélection de bijoux, principalement des boucles d’oreilles, des bagues et des pendentifs, le tout dans une maille très délicate (Aime, Adeline Affre, entre 50 et 150 €).

et aussi

Tél. : 01 42 80 30 41. www.30cancan.com.

Célia Darling

C’est la dernière venue dans la rue. Ouverte en octobre dernier, la boutique Célia Darling est notre coup de coeur. Ici, tout est à vendre. De la déco aux petits objets, en passant par les jouets et, bien sûr, les vêtements. Célia est une passionnée de chine, l’idée de créer un lieu dédié lui est donc venue tout naturellement. Un tourne-disques des années 70 (120 €) côtoie une machine à écrire et une belle radio des années 50. L’endroit est rigolo et frais, et on peut y dénicher aussi bien des objets kitsch qui ne servent à rien, juste à être ce qu’ils sont, que des choses plus précieuses comme ce triptyque en miroir pour mettre des photos. Côté mode, rien que du vintage mais ultra-soigné, les vêtements sont nettoyés et impeccables, on n’est pas du tout dans la fripe senteur naphtaline. Célia mélange des pièces sans marques aux griffes comme Céline, Yves Saint Laurent, Ungaro, Moschino, Cardin (de 30 à 230 €). Et puis, il y a un petit choix de chaussures, rétro toujours, comme ces escarpins bleu électrique Free Lance datant de 1983... Ouvert du mardi au samedi, de 12 h 30 à 20h. Tél. : 01 56 92 19 12.

N o1 3

Lingerie

Brocante-vintage

N o5

Mademoiselle Lola

Ce lieu pourrait être le temple de la femme cocotte, celle qui aime la belle lingerie glamour, sexy et forcément rétro. La boutique tout de noir vêtue sert d’écrin pour des créations qu’on ne voit nulle part ailleurs, ou si peu. Quand on entre, on a tout de suite envie de se sentir femme. Ici, on aime le vintage, d’ailleurs il y a une petite sélection de robes du soir, des rééditions d’Yves Saint Laurent chinées à Drouot par exemple, comme l’inoubliable robe noire de Mireille Darc qu’elle portait dans Le Grand Blond avec une chaussure noire. Côté lingerie, c’est fro frou, soie fine et dentelle. Des petites choses toutes délicates, magnifiques. Coup de coeur spécial pour la marque Dément, qui a réussi le pari d’être dans le rétro des années 20 glamour et chic, avec une petit note coquine puisque grâce à des systèmes d’aimants, la lingerie s’attache, se détache, s’arrache très facilement... Et puis, une cocotte n’est rien sans les chau sures, et chez Mademoiselle Lola, il y a un petit choix de Lo boutin et de Roger Vivier comme ces salomés dorées, sublimes. Tél. : 01 48 78 68 84. www.mademoisellelola.com.

N° 17 Gals Rock Un lieu dédié à la culture rock féminine avec sélection de mode, accessoires, magazines, CD, platines vinyle... N° 18 Comment’Hair Un salon de coiffure rouge et or complètement décalé, et un bon coup de ciseaux du patron. N° 19 Le Petit Canard Ce restaurant dédié aux spécialités du Sud-Ouest est une institution de la rue. N° 22 Chauvoncourt Une épicerie-table élégante aux senteurs d’Italie, à la carte courte mais efficace pour le midi.


Photo Ben Lorph

clubbing

focus Jennifer Cardini, chaud et froid

Kurtis Blow, aux origines du hip hop

Voilà plus de quinze ans maintenant que Jennifer Cardini fait rimer techno avec sensualité débridée, pulsations froides avec chaudes explorations, vitalité avec intensité. Le tout sans jamais s’égarer dans une surenchère de mots, une “fake attitude” aussi facile que fallacieuse. Cette sagesse serait-elle due à ces années d’apprentissage auprès d’autres grands esprits comme Laurent Garnier et Jeff Mills ? Serait-ce là la conclusion obligatoire pour garder intacts (dans le coeur et les mémoires) les souvenirs des nuits de perdition et les frissons hédonistes éprouvés lorsque l’on a tiré quelques-uns des plus beaux feux d’artifice, du Pulp au Tresor de Berlin, de Detroit à Londres ? Avec Jennifer et la regrettée Sex Toy, nous avions été nombreux à découvrir que la musique électronique pouvait être une expérience avant-gardiste. On sera encore plus à (re)découvrir que le corps humain peut être le parfait réceptacle pour donner aux rêves minimalistes de la dame une dimension tout aussi lyrique. I.E.

Habitué à distiller son flow old school et terriblement remuant en terres parisiennes, Kurtis Blow, l’homme par qui le message hip hop arriva jusqu’aux oreilles jusqu’alors moqueuses des majors à l’orée des années 80 avec le séminal single The Breaks, est aujourd’hui une sorte de VRP grand seigneur du rap originel. Celui qui, dans un halo hédoniste de

Jennifer Cardini “All night long”, le 13 mai à partir de 23 h au Point Ephémère, 200, quai de Valmy, 10e. M° Jaurès. Entrée : 14,80 €.

DR

Whomadewho

Photo Klaus Thymann

Kurtis Blow

Kurtis Blow et Who Made Who, le 12 mai à 22 h au Batofar, face au 11, quai François Mauriac, 13e. M° Bibliothèque François Mitterrand. Entrée : 22 €.

“block parties” et d’égo-trip bon enfant, nous assurait que cette culture de la rue naissante n’avait d’autre ambition que “Paix, amour et prendre du bon temps”. Aujourd’hui ce monde est révolu, et le hip hop véhicule la glorification outrancière du capitalisme à coups de millions de dollars,de Hummer aux couleurs criardes et de clips à l’esthétique lobotomisante. Mais Kurtis Blow, lui, continue de croire que l’esprit juvénile et frondeur des années 80 a encore sa place dans la mythologie hip hop. Une croyance (ou une utopie, c’est selon) qui a tout de même le mérite de continuer à nous émouvoir. Et l’émotion brute (celle qui vous fait faire des bonds devant votre glace le matin), c’est justement le fonds de commerce des Suédois volants de Whomadewho. Entre électronique de foire, punk-rock au groove anémique et disco futuriste volcanique, leurs albums grattent l’échine autant qu’ils séduisent les jambes. Et ce ne sont pas leurs joyeuses gesticulations électro (entre minimalisme techno et fulgurances mélodiques new wave) qui diront le contraire. I.E. Kurtis Blow et Who Made Who, le 12 mai à 22 h au Batofar, face au 11, quai François Mauriac, 13e. M° Bibliothèque François Mitterrand. Entrée : 22 €.

Disco mutant

C’est maintenant à leur tour de sentir la pression sur leurs épaules. Depuis les célébrations pharaoniques de la retraite scénique (définitive ?) de James Murphy et sa machine à danser LCD Soundsystem, Alex Frankel et Nick Millhiser, les deux laborantins new-yorkais de Holy Ghost!, ont pris conscience qu’un million de paires d’oreilles sont collées à leurs basques. Membres honorifiques de l’écurie DFA depuis 2003 grâce à leur impétueux projet hip hop Automato, sorciers du son (voilà belle lurette que l’on s’agenouille devant leurs superbes remix pour MGMT, Cut Copy, The Juan McLean ou LCD Soundsystem) au talent certain mais trop souvent éparpillé, les deux bidouilleurs voient aujourd’hui le challenge de leur vie devenir une réalité ambivalente. Comment prolonger et personnifier cette esthétique arty, humaine et glamour de la dance music créée de toute pièce et portée aux nues par le génial cerveau du mentor James Murphy ? Le défi n’est pas aisé pour ces deux producteurs bien plus à l’aise dans le confort d’un studio que devant une armée de kids en furie. Mais Alex Frankel et Nick Millhiser ont une conscience assez aiguisée de leur potentiel en or pour pouvoir franchir les épreuves. Déjà rompu aux séances de déconstruction hédoniste sur fond de groove électro- funk atrabilaire aux côtés de ses camarades de The Juan McLean, Holy Ghost ! donne aujourd’hui toute la mesure de son pouvoir d’attraction avec son premier album éponyme, réconciliant rock discoïde primitif et sophistication synthétique. Si le fantôme roublard de James Murphy hante l’univers hybride du disque, leurs petits trésors sonores alliant guitares compassées, house sensuelle du Chicago des 80’s et débris vocaux mutants s’apparentent à une puissante TNT capable de retourner Holy Ghost ! n’importe quel dancefloor. Soyez en sûrs : avec Holy Ghost !, la discomobile du futur n’a pas finit de chanter « New York I Love You »… I.E. Le 14 mai à 20 h à la Flèche d’Or, 102, rue de Bagnolet, 20e. M° Gambetta. Places : 10 euros.

DR

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TEXTES: I V A N E S S I N D I , É D O U A R D R O S TA N D

style de ville


agenda

style de ville

Que seraient les mardis soirs sans les soirées étudiantes ? Allez, une petite dernière entre étudiants en droit, avec des consommations vraiment pas chères (3 €)et de la musique généraliste. 12 € € – 23h - 5h Péniche Concorde Atlantique 23, quai Anatole France, 7e Mo Concorde ou Assemblée nationale

MERCREDI 11 CLEKCLEKBOOM

GREEN VELVET

GRILL

L’homme à la crête verte, auteur du hit planétaire La La Land, invite ses potes parisiens à le rejoindre dans son délire house aux accents électro et punk. 10 € 23 h 30 - 5 h Social Club (voir hier)

Mythique soirée avec Egyptian Lover, pionnier de l’électrohip hop californien, accompagné par Jupiter Aux, Marvy da Pimp, Olibusta et Chef. The party du vendredi 13 ! 10 € – 23 h 30 - 5 h Nouveau Casino 109, rue Oberkampf, 10e Mo Parmentier, Oberkampf ou St-Maur

Le label de baile funk, Miami bass et ghetto music fait le plein avec French Fries & Bambounou, Karve & Kazey, Ministre & Mr Boo ainsi que Kflay et Oneman. Entrée libre – 23 h - 5 h Social Club 142, rue Montmartre, 2e Mo Grands Boulevards

© Mathieu Dozol

MARDI 10 MAI GALA DE FIN D’ANNÉE

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CARL COX Attention, c’est l’événement clubbing techno du week-end : Carl Cox fait une escale parisienne à son Revolution World Tour, il invite Jack de Marseille et Tiboz & Stephan. 30 € € – 23 h - 7 h Showcase sous le pont Alexandre III, 8e Mo Invalides

VENDREDI 13 GROOVY MILKSHAKE Le Before de trois passionnés de musique hip-hop, funk, afro et groove en tous genres, qui mixent uniquement en vinyle. Avec Waxist Selecta, Mr Bee et Ton Many Kicks. Entrée libre - 9h. Les Disquaires6, rue des Taillandiers, 11e ¬ Mo Bastille

La raggae party du week-end, un hommage à Bob Marley avec Bass Odyssey, Soul Stereo, Lord Zeljko et Pupa Jam. Jah Love ! 18 € € – 23 h 30 - 7 h La Machine du Moulin Rouge: 90, bd de Clichy, 18e Mo Blanche

MY GROOVES SPÉCIALE QUINCY JONES Afshin et Alex Finkin rendent hommage à ce maître absolu du groove, dont la patte a inspiré (et continue d’inspirer) des générations de DJ’s et de producteurs. Entrée libre – 23 h - 5 h Djoon: 22, bd Vincent Auriol, 13e Mo Quai de la Gare

SAMEDI 14 NOVA FEVER RADIO NOVA

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Des blind-test “Champagne”, des standards de soul music interprétés avec brio par le combo Soulness et Nessia, ainsi que DJ Baba pour remuer du popotin. Entrée libre – 23 h - 5 h Bizz’art 167, quai de Valmy, 10e Mo Jacques Bonsergent

JAMMIN’ REGGAE PARTY

DJ RKK, alias Rémy Kolpa Kopoul, pour un mix “EleKtropiK”, accompagné d’Emile Omar et de guests. Bref, c’est le rendezvous de la sono mondiale sur des grooves afro-caribéens, jusqu’au bout de la nuit. 15 € – 23h - 7 hLa Bellevilloise: 19, rue Boyer, 20e Mo Ménilmontant

DJ RKK DR

JEUDI 12 LIVE & SOUL

Mirko Loko

CADENZA SHOWCASE Le label de Luciano réunit Mirko Loko, Cesar Merveille et l’incroyable Canadien Frivolous pour un live étonnant. 15 € € – 23 h 30 - 7 h Rex Club: 5, bd Poissonnière, 2e Mo Bonne Nouvelle


affaires culturelles

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parcours

Avec quarante-six lieux disséminés dans toute la capitale, Paris est la ville du monde qui possède le plus grand nombre d’instituts culturels étrangers. À l’occasion de la Nuit des musées, le 14 mai, neuf d’entre eux vont jouer le jeu des nocturnes. Une bonne occasion de les découvrir.

DR

Questions à Gunilla Norén (chargée de communication et de mission).

Questions à Olivier Kaeser (co-directeur).

Centre culturel suisse

Institut suédois

Photo Nils Boldt-Christmas

Votre lieu en quelques mots ? Situé dans un hôtel particulier en plein coeur du Marais, l’Institut suédois (SI) à Paris est l’unique centre culturel que possède la Suède à l’étranger. Les visiteurs peuvent profiter du Café suédois et de ses gourmandises toute l’année, et de sa terrasse dans la cour pavée. Quelles activités proposez-vous ? Le SI organise des expositions, des concerts, des rencontres littéraires, des projections de films, du théâtre, ainsi que des débats et des séminaires sur des questions de culture et de société. L’Institut propose aussi des cours de langue suédoise. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? La création contemporaine, que ce soit de l’art, de la photo, du design, du cinéma ou de la littérature. Notre Fête de la musique le 21 juin, avec danses traditionnelles de “midsommar” et spécialités suédoises combinées à un concert est aussi très appréciée par le public. Trois événements avant la fin de l’année ? De mai à juillet, le SI met l’accent sur l’enfance : expo sur le design pour enfants, lectures, concerts, etc. Cet automne, une exposition sur la marque culte Svenskt Tenn. Et en décembre, le festival de musiques actuelles ÅÄÖ!. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? De 15 h à 23 h, des performances artistiques dans le cadre du festival international Infr’action, et une nocturne des expos du moment.

Votre lieu en quelques mots ? Situé au coeur du Marais historique, le Centre culturel suisse (CCS) a pour vocation de faire connaître en France une création contemporaine helvétique ouverte sur le monde et de promouvoir les liens entre les scènes artistiques suisses et françaises. Quelles activités proposez-vous ? Le CCS est un lieu pluridisciplinaire comprenant des espaces d’exposition et une salle de spectacle. Nous proposons des expos d’art contemporain, du théâtre, de la danse, des concerts, des projections de films, des lectures et des conférences sur l’architecture. Une nouvelle librairie fait la part belle aux auteurs et éditeurs suisses. En termes de diffusion, avez-vous une spécialité ? Le CCS donne aussi des cartes blanches à des producteurs artistiques, comme le Montreux Jazz Festival et le far°, festival des arts vivants à Nyon. Trois événements avant la fin de l’année ? En théâtre, L’Usage du monde de l’écrivain voyageur suisse Nicolas Bouvier mis en scène par Dorian Rossel (du 17 au 20 mai). Une installation spectaculaire par Les Frères Chapuisat qui transformera toute la salle du CCS (du 16 septembre au 18 décembre). Enfin, en cinéma, une carte blanche au Festival du film de Locarno (du 21 au 23 septembre), avec la projection des films réalisés par les lauréats de l’édition 2011, inédits en France. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? Une ouverture nocturne (jusqu’à 22 h) de notre exposition principale : Forests, Gardens & Joe’s, de l’artiste américano-suisse Amy O’Neill.

© CCS/Centre culturel suisse de Paris

TEXTE: THOMAS SÉRON

Des instituts pour découvrir le monde


Questions à Elisabeth Dumesnil (conseillère communication et arts plastiques).

Votre lieu en quelques mots ? Créé en 1970, le Centre culturel canadien a pour vocation de favoriser la promotion des artistes et la création artistique canadienne en France. C’est un point de convergence des disciplines artistiques, des langues et des cultures vivantes de toutes les provinces du Canada. Quelles activités proposez-vous ? Des manifestations dans les domaines des arts visuels, des arts de la scène, de la littérature, du cinéma et de nombreux événements hors les murs. Le Centre dispose également d’un centre de documentation qui met à la disposition des étudiants et des chercheurs une bibliothèque d’ouvrages canadiens. Chaque premier mercredi du mois, des séances sur les études au Canada sont également organisées et ouvertes à tous.

Votre lieu en quelques mots ? Situé face au Centre Pompidou, le Centre WallonieBruxelles met en lumière les aspects les plus contemporains de la création de Wallonie et de Bruxelles : spectacles vivants, arts plastiques, cinéma, littérature, etc. Il assure la promotion en France des talents prometteurs de la communauté française de Belgique dans une perspective de diffusion dans les lieux culturels. Quelles activités proposez-vous? Chaque année, quatre à cinq expositions, des festivals de cinéma, du théâtre, le festival “On y danse” (danse et théâtre), des concerts (jazz, rock, pop, etc.), le Festival pluridisciplinaire Francophonie Métissée, des lectures et des rencontres. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? Non. Trois événements avant la fin de l’année ? En cinéma, le festival Le Court en dit long (du 6 au 11 juin). En BD, l’exposition Génération spontanée ? (du 16 juin au 28 août). Et la rentrée sera festive avec de la danse, de la musique, de la photographie. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? Jusqu’à 23 h, une exposition – L’Art de l’irrévérence, une vingtaine d’artistes réputés pour leurs provocations spectaculaires –, et des projections de Vidéographies, une émission avant-gardiste de la RTBFLiège des années 70.

Photo Nils Boldt-Christmas

En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? Nous privilégions une programmation ouverte sur la culture canadienne dans toutes ses formes et sa diversité. Trois événements avant la fin de l’année ? La Biennale internationale des arts de la marionnette (du 3 au 18 mai), au Centre et au Ciné 104 à Pantin. A partir du 11 mai, une exposition subversive, ironique et iconoclaste de Diana Thorneycroft, une photographe de Winnipeg. Et enfin, nous organisons une série de concerts pour la Fête de la musique, le 21 juin. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? Un programme éclectique alliant la photographie (l’expo de Diana Thorneycroft), le cinéma avec la projection d’une série de courts métrages du collectif Group of Seven, une conférence sur l’art inuit contemporain, des ateliers d’écriture, des jeux traditionnels, et de la musique avec la talentueuse jeune flûtiste Charlotte Bletton.

Centre Wallonie-Bruxelles

Questions à Simone Suchet (directrice adjointe partenariats et communication).

© Capitaine Longchamps

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© Diana Thorneycraft

Questions à Anne-Sophie Delhommeau (chargée de la communication).

Centre culturel irlandais

Centre culturel canadien

affaires culturelles

Votre lieu en quelques mots ? Situé dans le bâtiment historique du Collège des Irlandais (XVIe siècle), en plein coeur du Quartier latin, le Centre culturel irlandais a pour mission de représenter et promouvoir la culture irlandaise en France. Le CCI présente les oeuvres d’artistes irlandais contemporains, soutient les relations franco-irlandaises et leur riche héritage culturel, et accueille une communauté de résidents vibrante et créative. Quelles activités proposez-vous ? Un large éventail de formes artistiques – arts visuels nous accueillons des artistes en résidence. Le CCI dispose aussi d’un centre de ressources sur l’Irlande contemporaine et d’une magnifique bibliothèque patrimoniale. Nous sommes également un lieu d’hébergement pour les étudiants irlandais, chercheurs et professionnels de la culture. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? Non. Trois événements avant la fin de l’année ? Une rencontre avec le romancier Paul Murray (le 12 mai), auteur du remarqué Skippy Dies. Un grand bal swing (le 27 mai) dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-desPrés. Et Altan (musique traditionnelle irlandaise) pour une Fête de la musique en plein air. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? L’ouverture exceptionnelle de l’exposition originale Charles de Gaulle : A Quiet Holiday, de 14 h à 18 h et de 20 h à minuit : le séjour du général de Gaulle en Irlande en mai 1969, avec des photographies inédites issues de la Kennelly Archive, des articles de journaux, etc.

© Sylvio Meranville

1. et 2. L’Institut suédois, dans le Marais, avec sa pelouse et sa cour pavée. 3. Le foyer du théâtre avec une fresque d’Alechinsky, au centre WallonieBruxelles. 4. Neige de Capitaine Longchamps, dans l’exposition L’Art de l’irrévérence, au centre Wallonie-Bruxelles. 5. La cour et le bâtiment du Centre culturel irlandais. 6. Group of Seven, Winter on the Don de Diana Thorneycraft, exposition au Centre culturel canadien. 7. Vue extérieure du Centre culturel suisse de Paris. 8. Image extraite de la vidéo Forest Park, Forest Zoo d’Amy O’Neill, présentée au Centre culturel suisse.


affaires culturelles

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parcours

Photo ICR

© Goethe-Institut

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5 Questions à Katharina Scriba (coordination du réseau franco-allemand et programmation culturelle).

Infos pratiques

Institut suédois 11, rue Payenne, 3e. M° Chemin Vert. www.ccs.si.se. Centre culturel suisse 38, rue des FrancsBourgeois, 3e. M° Saint-Paul. www.ccsparis.com. Centre culturel irlandais 5, rue des Irlandais, 5e. RER Luxembourg. www.centreculturel irlandais.com.

Centre WallonieBruxelles 127-129, rue Saint-Martin, 4e. M° Rambuteau. www.cwb.fr.

Institut culturel roumain 1, rue de l’Exposition, 7e. RER Pont de l’Alma ou Mo Ecole militaire. www.icr.ro/paris-1

Centre culturel canadien 5, rue de Contantine, 7e. M° Invalides. www.canadaculture.org

Maison de la culture du Japon 101 bis, quai Branly, 15e. M° Bir-Hakeim. www.mcjp.fr

Goethe-Institut 17, avenue d’Iéna, 16e. M° Iéna. www.goethe.de/paris

Institut hongrois 92, rue Bonaparte, 6e. M° Saint-Sulpice. www.instituthongrois.fr.

Votre lieu en quelques mots ? Le Goethe-Institut organise dans ses murs un grand nombre de manifestations autour de la culture allemande et comme partenaire d’institutions françaises ou européennes, il soutient l’échange culturel et linguistique. Quelles activités proposez-vous ? Notre section linguistique propose des cours d’allemand pour tous niveaux, du débutant jusqu’au perfectionnement, du stage découverte jusqu’au cours intensif. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? Nous ne privilégions pas un genre en particulier, c’est la diversité qui est au programme avec des lectures, des expositions, des concerts de musique classique ou de jazz, des débats, etc. Par ailleurs, le public parisien répond très favorablement à notre programmation cinématographique qui va du film historique jusqu’à la dernière sortie en salle, du film méconnu au grand classique. Trois événements avant la fin de l’année ? Un colloque sur La Shoah au prisme des médias (du 29 juin au 2 juillet) proposera un regard scientifique, avec aussi une exposition et des films autour de la représentation et du traitement médiatique de l’Holocauste. Le photographe allemand Eric Klemm exposera sa série Métamorphose. Enfin, le Trio Julia Hülsmann (le 17 novembre) se produira dans le cadre du festival international de jazz Jazzycolors. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? L’ouverture exceptionnelle de l’exposition Richard Fleischhut, autour du monde avec l’appareil photo jusqu’à 23 h. Et un concert en plein air du premier “Stromorchester” allemand, qui jouera une nouvelle version de la Symphonie-au-coup-de-timbale de Haydn sur une sélection d’appareils électriques. A ne pas rater !

Goethe-Institut

Votre lieu en quelques mots ? L’Institut porte toute l’effervescence de la culture roumaine contemporaine en France, et nourrit des liens entre les artistes et les publics des deux pays, et au-delà. Quelles activités proposez-vous ? L’un de nos plus grands événements est le cycle des Nuits. Ce sont des festivals internationaux qui ont lieu deux fois par an, avec une thématique différente à chaque fois : Les Nuits classiques, les Nuits baroques, les Nuits théâtrales, etc. Elles se déroulent dans la salle Byzantine du palais de Béhague, un lieu étonnant du 7e arrondissement, à la fois monument historique français et propriété de la Roumanie depuis 1939, et siège de son Ambassade. Nous sommes aussi partenaires du festival Tzig’n Jazz, des Festivals du film roumain de Paris et de Toulouse. Nous organisons une centaine d’événements par an. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? “Rue de l’Exposition” est une nouvelle galerie de photographie engagée avec des thèmes sociaux, sociologiques et anthropologiques. Elle se propose de présenter des thèmes prêtant à débat, sans contourner la controverse (www.ruedelexposition.fr) Trois événements avant la fin de l’année ? Les Nuits baroques (du 6 au 9 juin) : quatre concerts dont Jordi Savall et Monserrat Figueras, les ensembles La Follia, Balkan Baroque Band et Les Talens Lyriques. Les Nuits théâtrales (du 23 septembre au 9 octobre) : quatre soirées de théâtre court franco-roumain. Et fin novembre, le festival Tzig’n Jazz au Trianon. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? Une célébration du centenaire du philosophe roumain Emil Cioran et du bicentenaire du compositeur d’origine hongroise Franz Liszt par le pianiste Horia Mihail, qui jouera des pièces rares à la salle Byzantine à 20 h. Jusqu’à 23 h, à la galerie “Rue de l’Exposition”, une interprétation en images de la pensée d’Emil Cioran par cinq photographes de l’Ecole de poétique photographique de Bucarest.

Photo Janne Terfrüchte

Institut culturel roumain

Questions à Katia Danila (directrice).

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affaires culturelles

Photo Gaëlle le Cloarec/Maison de la culture du Japon

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Questions à Csaba Varga (directeur adjoint).

Votre lieu en quelques mots ? Le lieu représente la Fondation du Japon en France. Le plus remarquable dans ce projet est certainement l’accent porté sur la coopération entre le Japon et la France d’une part, les secteurs public et privé d’autre part, durant les différentes étapes de la réalisation. Quelles activités proposez-vous ? Depuis son ouverture en 1997, le lieu permet au public français de découvrir toutes les facettes de la culture nippone grâce à ses différentes activités : expositions, spectacles vivants, cinéma, cours (cérémonie du thé, ikebana, calligraphie, jeu de go, origami, etc.), conférences, démonstrations culinaires, promotion de la langue japonaise et la bibliothèque. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? La culture japonaise sous toutes ses formes, aussi bien traditionnelle que contemporaine. Trois événements avant la fin de l’année ? En cinéma, l’Art Theater Guild of Japan (ATG) ou la fabrique d’auteurs (du 7 juin au 23 juillet). L’exposition Huit maîtres de l’ukiyo-e (à partir du 28 septembre), qui présente des chefs-d’oeuvre du Musée national d’art asiatique de Corfou. Et en novembre, de la danse butô (danse contemporaine), avec notamment le grand Maro Akaji dans Au bord de la rivière. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? L’exposition Japon, royaume des personnages ouverte jusqu’à 23 h.

Votre lieu en quelques mots ? L’Institut hongrois de Paris a pour principale mission de promouvoir, faire connaître et développer la culture et la langue hongroise à l’étranger. Quelles activités proposez-vous ? Expositions, concerts, spectacles de danse, rencontres littéraires, projections de films, conférences, colloques, cours de langue. En termes de programmation, avez-vous une spécialité ? L’Institut propose une programmation pluridisciplinaire. Trois événements avant la fin de l’année ? Le récital de Karoly Mocsary et Laszlo Fenyo – sixième concert de la saison Liszt –, le 20 mai à 20 h. L’exposition Souvenirs flashes, du 11 juin au 16 juillet. Et la série de projections sur le toit de l’Institut, consacrée au cinéma des années 1980, au mois de juin. Pour la Nuit des musées, que proposez-vous ? Trois visites guidées de l’exposition Rétrospective de Paul Kallos (à 19 h, 21 h et 23 h), et la présentation du disque/ concert Analog Cuvée des DJ’s Pozsi et Basic, à 21 h 30.

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Le FICEP, forum des instituts culturels à Paris Créé en 2002, le FICEP fédère les quarante-six centres et instituts culturels étrangers à Paris dans le but de promouvoir la diversité culturelle et linguistique en France. Le site internet de la structure propose une présentation et les coordonnées de chacun des instituts. En outre, on y trouve leurs actualités propres : expositions, concerts, événements divers, etc. www.ficep.info.

8 © Paul Kallos

Institut hongrois

Questions à Philippe Achermann (chargé de communication).

DR

Photo Hironobu Mochizuki

Maison de la culture du Japon

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à connaître

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1. La Maison de la culture du Japon, quai Branly. 2. Maro Akaji dans le spectacle de la Cie Dairakudakan, qui sera présenté en novembre prochain à la Maison de la culture du Japon. 3. Le pianiste roumain Horia Mihail, programmé à l’Institut culturel roumain pour la Nuit des musées. 4. Rochus Aust se produira avec un orchestre d’appareils électriques, le 14 mai au Goethe-Institut. 5. Une vue du Goethe-Institut. 6. L’Institut hongrois. 7. Le disque de Pozsi & Basic, en concert à l’Institut hongrois pour la Nuit des musées. 8. Sans titre (1953), huile sur toile (73 x 54 cm) de Paul Kallos (1928-2001). Rétrospective à l’Institut hongrois.


affaires culturelles

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conversation

Tahar Rahim, le retour du prophète Après avoir décroché deux César et bouleversé le Festival de Cannes en 2009 avec son interprétation transcendante d’un détenu dans “Un prophète”, Tahar Rahim s’était fait plutôt discret. Le voici enfin de retour dans “L’Aigle de la neuvième légion”, en chef au look primitif d’une tribu écossaise antique. Et ici même, sans maquillage.

“Se retrouver dans un film d’époque vêtu de peaux de bêtes, tout vert, avec une coupe à l’iroquoise... C’était séduisant !”

Tahar Rahim (Le Prince) et sa tribu sauvage sur les terres d’Ecosse, au-delà du Mur d’Hadrien.

Révélé par “Un prophète” de Jacques Audiard, Tahar Rahim est à l’affiche du nouveau film de Kevin Macdonald, le réalisateur britannique du “Dernier Roi d’Ecosse” et de “Jeux de pouvoir”. E

Où étiez-vous passé depuis votre consécration aux César pour “Un prophète” ? Tahar Rahim : (rires) J’ai pas mal travaillé. J’ai fait trois films et j’ai tourné au Maroc, en Tunisie et au Qatar.

sa playlist

Pourquoi avez-vous accepté ce rôle de chef de tribu au temps des Romains ?

« En ce moment, j’écoute pas mal Johnny Cash, et aussi beaucoup de musiques de film. Je suis en train de lire “American tabloïd” de James Ellroy et “Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants ”de Mathias Enard, qui est vraiment très beau. Mais quand on tourne, c’est dur de lire... »

A cause du réalisateur, à cause du scénario, et parce que c’était un rôle séduisant. Se retrouver dans un film d’époque vêtu de peaux de bêtes, tout vert, avec une coupe à l’iroquoise, parler en gaélique ancien et jouer un prince, oui, c’est séduisant ! Comment vous êtes-vous préparé pour ce rôle, très différent de ce vous aviez pu jouer jusqu’ici ? J’ai préparé la langue, surtout. Je devais me mettre en bouche ce texte qui m’était absolument incompréhensible, que ce soit dans le conscient ou l’inconscient. J’avais un coach de gaélique ancien. Mais l’avantage, c’est que comme plus personne ne le parle, je pouvais me permettre de toutes petites erreurs.

Et la préparation physique ? On a travaillé quelques chorégraphies de combats, sinon pour ce qui est de courir, ça va encore. (rires) Qu’est-ce qui a été difficile, sur ce tournage ? Les conditions climatiques, parce que le vent, la pluie et le froid comme il peut exister dans le nord de l’Ecosse, ça c’est costaud. En plus, comme je suis recouvert d’argile, il y avait souvent des raccords maquillage à faire, et pour que l’argile tienne, il faut qu’elle soit humide. J’avais les doigts gelés. Et ça fait quoi, d’être recouvert d’argile de la tête aux pieds ? On croit qu’on va ressortir de là avec une peau de soie, et finalement, huit heures par jour pendant dix-huit jours, ça irrite. En plus, quand ça craquelle, ça frotte. Se montrer à moitié nu, ça vous pose des problèmes ? Non, ça va. Un bout de cuisse, il n’y a pas de problème.


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Photos Keith Bernstein/Universal Studios/Focus Pictures

45 alors deux ! Ça fait peur, parce qu’on se pose mille questions. Est-ce que je mérite ça ? C’est de la joie, et en même temps de la pression. Comment gère-t-on cette pression, justement ? Il faut faire attention à ne pas prendre le pouvoir qu’on nous donne. Parfois, on veut nous installer dans une position qui n’est pas la nôtre, et à ce moment-là, il faut refuser de s’asseoir. Tous ces cadeaux qu’on nous tend, ces “représente-ci, ou ça”, il ne faut pas les accepter. Beaucoup de gens courent après le pouvoir, et c’est ça qui les détruit. Qu’est-ce qu’on vous dit quand on vous reconnaît dans la rue ? On me dit merci. Et ça, c’est incroyable. Après, généralement, les personnes me demandent si elles peuvent faire une photo avec moi. C’est agréable, ça reste tranquille. Je peux encore prendre le métro. Enfant, vous rêviez d’être acteur ? Enfant, non, mais adolescent, oui. J’ai commencé à vouloir faire ce métier vers 14 ans. Puis j’ai nourri cette envie en voyant des films. Mais je crois que ça a été bien pour moi d’être inconscient de ce que peut être ce métier. Du coup, j’y ai cru jusqu’au bout. Je pense que si on a vraiment conscience de la difficulté, ça peut créer des freins. Et puis, j’ai eu beaucoup de chance. Qu’auriez-vous fait si vous n’étiez pas devenu comédien ? J’aurais voyagé. J’aurais fait mille boulots en voyageant. Enfin, j’aurais essayé de faire ça. Après, je ne sais pas. Peut-être que j’aurais fini dans un bureau à tamponner des trucs. Quels sont vos projets ? Je viens de finir de tourner “Or noir”, le nouveau film de Jean-Jacques Annaud. C’est l’histoire d’un prince arabe coincé entre deux rois, un progressiste et un conservateur, sur fond de découverte du pétrole. C’est une grande fresque épique qui se passe dans les années 20. Quel souvenir gardez-vous du Festival de Cannes d’il y a deux ans, où vous étiez venu défendre “Un prophète”?

En attendant “Or noir”, le prochain Jean-Jacques Annaud.

Filmographie et récompenses

Je peux même aller jusqu’au slip… mais pas dans le froid ! (rires) “Un prophète” de Jacques Audiard (2009) Prix du cinéma européen du meilleur acteur, Globe de cristal du meilleur acteur, Etoile d’or de la presse de la révélation masculine, Prix Lumière du meilleur acteur, Prix Patrick Dewaere, César du meilleur espoir masculin et du meilleur acteur. “La Commune” Série de Philippe Triboit (2007) “A l’intérieur” d’Alexandre Bustillo et Julien Maury (2007) “Tahar l’étudiant” Documentaire de Cyril Mennegun (2006)

Il n’y a pas un côté un peu frustrant à jouer ce rôle, car finalement personne ne va vous reconnaître dans la rue ? Non, je m’en fiche parce qu’on va sur un film pour un personnage. Et puis ce n’est pas “Avatar” non plus, on me reconnaît quand même. Vous avez obtenu le César du meilleur espoir masculin et le César du meilleur acteur pour “Un prophète”. Est-ce que ça donne la grosse tête?

Quand j’ai appris que j’allais à Cannes, que j’allais fouler les mêmes marches que tous les comédiens qui m’ont fait rêver, et tous les réalisateurs qui m’ont donné envie de faire ce métier comme Marcel Carné, Jacques Audiard, ou tout le Nouvel Hollywood… c’était quelque chose d’irréel. Vous avez été déçu de ne pas décrocher le Prix d’interprétation alors que tout le monde vous donnait gagnant ? En arrivant à Cannes, j’ai pensé que ce serait mortel d’avoir un prix. Mais en toute honnêteté, mon prix, je l’ai eu lorsque Jacques Audiard m’a choisi. Et puis, qu’aurait représenté un Prix d’interprétation ? Une friandise ? Dès que j’ai su que le film avait plu, j’étais content. Un mot de conclusion ? Conclusion (rires).

Non, je ne pense pas. Je continue à côtoyer les gens que j’aime. Après, j’ai eu des réflexions du genre : « On ne te voit plus », mais c’est parce que je travaille. Si j’avais été PDG, ça aurait été la même chose. Mais gagner deux Césars, c’est historique ! Oui, ça fait peur. Ce n’est pas le fait que ce soit historique ou pas, mais déjà en recevoir un c’est quelque chose,

“L’Aigle de la neuvième légion” de Kevin Macdonald, avec ChanningTatum, Jamie Bell et Tahar Rahim. Péplum. En salle actuellement.


en bref

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T E X T E S : FA B I E N M E N G U Y

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cinema

Le film de la semaine

Ferrara “tracksé” Le jeudi 12 mai à 23 h 05, dans l’émission “Tracks” sur Arte, marchez sur les traces d’Abel Ferrara, le cinéaste le plus déjanté d’Amérique. Festiciné Le 10 mai à 20 h à la Cité de la musique, ciné-mix de Jeff Mills sur le film “Le Voyage fantastique” de Richard Fleischer (1966), dans le cadre du cycle “La Science-fiction” (jusqu’au 21 mai). Places : 30 et 25 euros. www.citemusique.fr. Le 10 mai à 20 h 30 au Balzac, ciné-concert sur “Aelita” par cinq musiciens de l’Orchestre national de jazz. www.cinemabalzac.com.

“Le Dilemme”

“Juste entre nous”

De Rajko Grlic, avec Miki Manojlovic, Bojan Navojec et Ksenija Marinkovic. Durée : 1h29 ¬ comédie dramatique Deux frères, deux couples, plein de possibilités ! C’est ainsi qu’on pourrait résumer ce film composé de portraits croisés de quadragénaires dans le Zagreb d’aujourd’hui. Alors que le premier des deux frères (Miki Manojlovic, l’acteur fétiche de Kusturica) a de l’argent, une femme avec qui il essaie d’avoir un bébé, et une double vie bien rangée, le second, lui, est pauvre et vit séparé. Réunis pourtant par leur attitude volage, les deux frangins nous content leurs aventures, à travers lesquelles on constate que les moeurs de nos voisins croates ne sont guère éloignées des nôtres. Montrant cette recherche du plaisir et du bonheur avec humour, et les conséquences de ces marivaudes avec truculence, “Juste entre nous” mérite de faire mentir son titre et de rassembler le plus grand nombre.

De Ron Howard, avec Vince Vaughn, Kevin James et Winona Ryder. Durée : 1h52 ¬ comédie dramatique

Que feriez-vous si vous appreniez que la femme de votre meilleur ami le trompe ? Ron Howard (“Da Vinci Code”), lui, a décidé d’en faire un film ! Un film sur Ronny (Vince Vaughn) qui n’ose pas avouer à son collègue et ami (Kevin James), à la veille de signer un gros contrat, qu’il est cocu. Une bonne situation de cinéma qui, étirée sur près de deux heures, finit malheureusement par tourner en rond. Oscillant entre la comédie loufoque et la comédie de moeurs sérieuse avec de grandes interrogations, ce dilemme vire à la guimauve moralisatrice.

De Diego Lerman, avec Julieta Zylberberg. Durée : 1h35 ¬ drame Buenos Aires, 1982. María Teresa, 23 ans, est employée comme surveillante au prestigieux Lycée national. Sévère et zélée, elle devient l’espionne officieuse du proviseur. Portrait d’une jeune femme troublée dans une Argentine dictatoriale tout aussi trouble, film étouffant empli de paranoïa et de désirs refoulés, “L’OEil invisible” intrigue plus qu’il ne saisit, mais laisse la certitude que ce pays est marqué à tout jamais par la folie de son passé.

Et le 16 mai, leçon de cinéma consacrée à “Rio Bravo” d’Howard Hawks. www.lafilmotheque.fr. Le 18 mai à 15 h 30, projection du “Diable s’habille en Prada” à la bibliothèque du Centre Pompidou dans le cadre du cycle “Fashion Factory”. Places : de 2 à 3,50 €. www.centrepompidou.fr. Jusqu’au 15 juillet exposition-vente de tirages d’art du film “Le Chat du rabbin” de Joann Sfar, dans plusieurs magasins Fnac. www.fnac.com.

Aussi à l’affiche “Minuit à Paris” De Woody Allen. COMÉDIE

“Revolución” “Stone”

“L’œil invisible”

Du 11 au 24 mai, rétrospective Robert De Niro à la la Filmothèque du Quartier latin, l’occasion de redécouvrir sur grand écran les chefsd’oeuvre du président du Festival de Cannes : “Voyage au bout de l’enfer”, “Raging Bull”, “Les Affranchis”…

De John Curran, avec Robert De Niro, Edward Norton et Milla Jovovich. Durée : 1h45 ¬ drame

Agent de probation religieux et rigide, Jack Mabry (Robert De Niro) est chargé de statuer sur la libération conditionnelle de Stone (Edward Norton), incarcéré pour le meurtre de ses grands-parents. Tchatcheur et manipulateur, ce dernier charge Lucetta (Milla Jovovich), sa belle et “fidèle” épouse, de convaincre Jack. Est-on meilleur parce qu’on est du bon côté de la barrière ? La question résonne dans le passé et le présent de ces deux hommes, et dans ce film au style inattendu. Bien que lent et un peu lourd dans sa démonstration, il donne le temps au duo de choc De Niro/ Norton de se livrer à un duel psychologique qui en impose.

De Gael García Bernal, Diego Luna, Carlos Reygadas & 7 autres réalisateurs mexicains. Durée : 1h50 ¬ drame

“Priest” De Scott Charles Stewart. ÉPOUVANTE “Love & Game” De Sanaa Hamri. COMÉDIE ROMANTIQUE

Toujours à voir “Voir la mer” De Patrice Leconte. ROMANCE

La révolution mexicaine a cent ans, et pour la célébrer, dix cinéastes mexicains ont mis en images dix tranches de vie de leur pays. Si l’on apprécie quelques efforts de mise en scène, il faut bien reconnaître que scénaristiquement, l’ensemble est assez faible. Mais heureusement, au détour de deux ou trois films, un joueur de trombone dans la pampa, un prêtre pendu, ou deux ouvriers en cavale apportent tout de même un peu d’humour à cette “Revolución”. Retrouvez les bandes-annonces de notre sélection cinéma et gagnez des places sur : www.facebook.com/anousparis


“Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable”

Dialogue entre elle et lui dans la salle de bains

théâtre

Peut-être a imeriez-vous savoir pourquoi l’homme est si peu disert sur l’amour, pourquoi dans sa langue on ne dit pas « Je t’aime » mais «T’as pas vu mon pyjama?». Est-ce parce qu’il ne sait pas exprimer ses sentiments ? Par peur de paraître moins viril ? Seule certitude : pour que les hommes aient la parole, il faut au moins qu’on la leur donne ! C’est la démarche entreprise par Frédéric Cherboeuf (metteur en scène) et Etienne Coquereau (comédien) après lecture d’un texte sorti tout droit du cerveau givré d’Hervé Le Tellier : “Les Amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable”. Emule de l’Oulipo, son auteur y expose mille pensées ludiques comme autant de réponses possibles à la question : « A quoi tu penses ? ». Sur une proposition de départ pour le moins improbable (une femme martelant inlassablement « A quoi tu penses ? » et son homme sommé de répondre 150 fois !), Cherboeuf (assisté de Sophie Le Carpentier) a évité l’écueil de la répétition. D’abord monologue, puis duo amoureux, cette coproduction du Festival du Mot et de la Cie Eulalie procure un plaisir étrange transmis autant par les facéties langagières que par l’humanité de brefs moments se déroulant dans l’intimité d’une salle de bain. Les deux comédiens composent un duo piquant, donnant à ces pensées parfois banales une dimension universelle, condensant tout ce qu’un couple peut ressentir. ¬ Jusqu’au 19 juin, du mardi au samedi à 19 h, le dimanche à 15 h. Lucernaire, 53, rue N-D-desChamps, 6e . Pl. : de 10 à 25. Loc. : 01 45 44 57 34 ou www.lucernaire.fr. 1 place achetée (25) = 1 place offerte (réservation obligatoire + présentation du journal).

festival

fantaisie

TEXTES : MYRIEM HAJOUI

affaires culturelles

Seules… en scène

scenes

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Vous en connaissez beaucoup, vous, des festivals de théâtre qui ne proposent que des solos féminins ? Seules… en scène est une spéciale dédicace à tous ceux qui pensent, à l’instar d’Olivier Meyer (grand manitou du T.O.P), que les femmes, qu’elles soient auteurs, metteurs en scène ou comédiennes, ont toujours un temps d’avance en matière de sentiments. Peuplée d’artistes féminines étonnantes, cette première édition devrait offrir son lot de réjouissances et de sensations fortes. Il suffit de jeter un oeil sur la programmation pour s’en convaincre. Dirigée par Michel Fagadau, l’insaisissable et toujours surprenante Caroline Sihol nous invitera à partager le parcours exceptionnel d’une comédienne mythique (l’inoubliable Scarlett O’Hara ou la déchirante Blanche Dubois) et de ses célèbres partenaires (Marlon Brando, Clark Gable, Warren Betty…) avec “La Dernière Conférence de presse de Vivien Leigh” (les 10, 11 et 12 mai). Fille d’un père algérien et d’une mère française, Faïza Kaddour nous mitonnera son généreux “Frichti”, un spectacle librement inspiré des “mères” de son enfance, accompagnée par la musicienne Agnès Doherty, sur une mise en scène de Jean-François Toulouze. Les 17 et 18 mai, ne pas manquer la nouvelle production (“Pieds nus, traverser mon coeur”, mise en scène d’Anne Artigau) de Michèle Guigon : l’actrice, compositrice et accordéoniste n’a pas son pareil pour célébrer la vie avec la grâce des poètes et des clowns. Indispensable, donc. Le romanesque vous transporte ? Prenez date les 19 et 20 mai : M a r i e - A r m e l l e Deguy e t Meriem Menant, alias Emma la Clown, aborde des sujets graves avec humour. Constance Luzzati (son amie harpiste) vous conteront en mots et en musique l’histoire de la princesse de Montpensier, d’après Madame de La Fayette. Enfin, si vous n’avez jamais vu Meriem Menant alias Emma la Clown, refusez toute invitation les 21 et 22 mai pour essayer son divan de psy allumée. Vous verrez comme il est bon de s’allonger. Ah, on allait oublier, les 24 et 25 mai, Nathalie Grauwin évoquera la singulière histoire d’amitié entre deux femmes d’esprit, Marguerite Duras et Michèle Manceaux (adaptation et mise en scène de Philippe Honoré). Récompensé par plusieurs Molière, un huis clos où de vieux amis vont révéler leur vraie nature.

“Le Repas des fauves” Il y a plusieurs raisons d’aimer ce spectacle. La première ? Il nous donne de solides arguments pour continuer à nous enthousiasmer, prendre les petites routes où le hasard a encore sa chance, rester sur le qui-vive, car il s’agit d’une des surprises les plus éclatantes et inattendues de la saison. Soyons francs : personne n’aurait misé un kopek sur ce projet lors de sa création en septembre dernier. Pensez donc, une adaptation théâtrale s’inspirant d’un film de 1964 de Christian- Jaque, lui-même tiré d’une nouvelle de Vahé Katcha (auteur français d’origine arménienne peu connu), huit comédiens sur scène et aucune tête d’affiche : pas très “show-off”, tout ça ! Sûr de son sujet qu’il peaufine depuis presque cinq ans, Julien Sibre tient le spectateur pour intelligent, capable donc de faire ce travail de spectateur qui lui est de moins en moins demandé. Et ça marche : le public ne suit pas mais court, et le bouche-à-oreille enfle jusqu’à créer un vrai buzz. 2011 sera donc l’année du “Repas des fauves”, qui se taille enfin la part du lion sous l’oeil complice de Didier Caron (directeur du Michel) avec une brouette de Molière : meilleur spectacle du théâtre privé, meilleure mise en scène, meilleure adaptation 2011. Pas étonnant, la pièce se dévore sans reprendre souffle, le sourire aux lèvres et la gorge nouée. L’histoire se déroule dans la France occupée en 1942, au sein d’un petit groupe d’amis réunis pour fêter un anniversaire. Tout paraît calme et joyeux au coeur de cette nuit complice, mais l’irruption de la Gestapo va bientôt plonger nos personnages dans d ’ e f f r o y a b l e s c a s de conscience. Impossible d’en livrer le détail sans attenter au plaisir du spectateur ! La force de l’histoire, c’est de faire de ce thème le noeud gordien d’une série de dévoilements, de tisser entre les sept amis des épi-

sodes abracadabrants pour mettre en évidence la veulerie de l’âme humaine. Porté par une distribution investie (Cyril Aubin, Stéphanie Hédin, Pascal Casanova, Jérémy Prévost, Pierrejean Pagès, Olivier Bouana, Caroline Victoria), le spectacle remue de grandes choses comme l’amour, l’amitié et la trahison. Julien Sibre (parfait en dandy désabusé) ménage avec intelligence l’ambiguïté morale de ses personnages. Mais si l’on est embarqué tout au long de la pièce, c’est surtout grâce au pouvoir sensoriel de sa mise en scène qui donne presque à éprouver physiquement l’émotion ténue de certaines situations. Mécanique du suspense impeccablement huilée, action comprimée en un huis clos haletant, films d’archives et créations graphiques façon “Valse avec Bachir” (mention spéciale à Cyril Douin) renforcent efficacement l’impression d’un danger imminent. Un spectacle à la fois exigeant et populaire au beau sens du terme. • A 21 h du mardi au samedi, à 16 h 30 le samedi, à 15 h le dimanche. Théâtre Michel, 38, rue des Mathurins, 8e. M° Havre- Caumartin. Places : de 24 à 32. Loc. : 01 42 65 35 02 ou www.theatre-michel.com.


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Photo Stéphane Hervé

pop Twin Shadow Natif de République Dominicaine, George Lewis Jr alias Twin Shadow chante à ravir le spleen de Brooklyn. Sur Forget, le jeune homme – toujours très attentif à sa coupe de cheveux – se rappelle ses séjours à Copenhague et à Berlin. De l’Europe, il semble aussi avoir été saisi par les manières de la new wave, par le vague à l’âme de The Cure, par les synthétiseurs de New Order. Et Twin Shadow, c’est un hommage aux Cocteau Twins ? Non, c’est un clin d’oeil à Ligia, sa soeur jumelle. Par ailleurs, ce George Lewis Jr qui ressuscite les années 80 chante parfois comme Bowie, parfois comme Morris-

électro-rock

TEXTES: ALAIN COCHARD, STÉPHANE KOECHLIN, THOMAS SÉRON

sons

Le 14 mai à 21 h à la Machine du Moulin Rouge, 90, bd de Clichy, 18e. M° Blanche. Places : 18 €.

Stefano Di Battista Quintet La fille sur la pochette de l’album Woman’s Land, à la belle chevelure vaporeuse, a tout pour séduire. Elle incarne la Femme, dernière passion amoureuse du saxophoniste italien Stefano Di Battista. Depuis ses débuts en 1990, ce musicien a toujours surpris, passant d’un hommage à Charlier Parker (2004) à un très viril disque de rhythm and blues, Trouble Shootin’ (2007).

DR

Stefano est le chef de file du jazz transalpin. Né en 1969 à Rome, il a imposé son jeu à la fois acide et plein de romance, baigné de suave lumière méditerranéenne, ce qui lui offre des possibilités très variées. Son nouvel album rend donc hommage aux illustres femmes de l’histoire, fictives ou réelles. Le personnage de Molly Broom de James Joyce (la Pénélope irlandaise d’Ulysse) ouvre le splendide Harem, excellent et vif premier morceau avec une citation coltranienne (My Favourite Things). Evidemment, on écoute ce disque en gardant un oeil sur Wikipedia car certaines de ces

jazz

Clo, Thomas & Cyril aiment la mode, les jeux vidéo et la musique. Ils aiment aussi écrire des chansons, les sons de claviers, les tempos véloces, et donner des concerts. We Are Enfant Terrible est la somme de tout ce qu’ils apprécient. Pour preuve, leur premier album Explicit Pictures – électro, pop et tonique – est rempli de sonorités type consoles de jeu 8-bit (Game Boy, Atari, etc.). Comme si un Pac-Man galopait avec la basse, ou bien une batterie jouait en cadence avec Bionic Commando. Une astucieuse utilisation des gimmicks de leur génération. « Nous n’avons pas choisi d’aimer ce son, nous avons grandi avec. De six à douze ans, la seule musique que nous écoutions était celle des jeux vidéos », dit Cyril. Plus tard, il semblerait que les Lillois aient baigné en entier dans l’indie- rock. We Are Enfant Terrible combine en tout cas à merveille les séquenceurs et les guitares. Du coup, Explicit Pictures peut s’entendre dans tous les clubs – rock ou avec dancefloor. Sur scène, le trio qui s’est déjà produit à l’étranger (Berlin, Londres, New York et même en Chine), aux Eurockéennes ou au festival de Montreux, est adepte du mouvement perpétuel. Comme son nom l’indique, We Are Enfant Terrible est du genre indomptable. T.S.

Photo Jean-Baptiste Millot

We Are Enfant Terrible

Le 11 mai à 19 h 30 à la Boule noire, 118, bd de Rochechouart, 18e. M° Pigalle ou Anvers. Places : 16 €.

sey. Avec le premier, Twin Shadow partage aussi le désir d’aller de temps à autre danser (Shooting Holes, When We Are Dancing). Avec le second, il pourrait s’inscrire au club des inconsolables. L’auditeur, lui, préférerait qu’il ne change rien. Ce n’est pas tous les jours que tombent du ciel onze chansons en parfait équilibre (produites par Chris Taylor de Grizzly Bear), et un interprète aussi pénétrant. T.S.

héroïnes sont bien oubliées, comme Valentina Tereskova, la première femme cosmonaute de l’histoire. La galerie comprend également la chanteuse Ella Fitzgerald, Coco Chanel qui inspire un thème virevoltant et ludique, Anna Magnani, la comédienne sauvage des films de Rossellini, Lucy, la première femme de l’Humanité, et même, à l’autre bout du spectre, la virtuelle Lara Croft. L’humour et la vie enchantent ce disque éducatif et joyeux, varié aussi, entre hard bop, parties blues (Madame Lily Devalier), et ballades plus tristes (Josephine Baker). Le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés ne pouvait mieux commencer. Dans la soie et l’amour. S.K. Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés, soirée d’ouverture. Le 16 mai à 20 h 30 au Théâtre de l’Odéon, place de l’Odéon, 6e. M° Odéon. Tél. : 01 44 85 40 40. www.théâtreodeon.eu. Places : de 10 à 32 €.


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jazz

49 Kyle Eastwood

Photo Rob Shanahan

C’est en 1998 que l’on a découvert ce jeune musicien américain à la tête bien faite, et au sourire enjôleur. Bien sûr, né en 1968 à Los Angeles, il ne partait pas de zéro puisque Kyle n’est autre que le fils de Clint Eastwood, et que nous l’avons découvert autrefois dans un film réalisé par son père, le magnifique Honkytonk Man, où il jouait le fils d’un chanteur country au bout du rouleau. Il partage depuis longtemps la passion de Clint pour la musique et le jazz, et a choisi la contrebasse, ce qui en dit long sur sa modestie. Il aime aussi beau coup Paris, ville de jazz à laquelle il a souvent rendu hommage (Paris Blue). Il revient avec un nouveau disque enregistré près de Bordeaux, Songs from the Château, une oeuvre jalonnée d’endroits chers comme Marciac, théâtre du grand festival de jazz gersois où Kyle a été programmé. C’est un Kyle un peu rêveur qui se promène à travers les belles pierres, créant des tonalités moins âpres sans renoncer aux rythmes. Il connaît bien et apprécie les us et coutumes de notre pays, lui qui a baptisé l’un de ses morceaux les plus suaves Apéritif. On sait que sa musique prend toute son efficacité sur scène. L’hôtel Pullman – le festival Jazz à Saint-Germain continue de se distinguer par des lieux de concert très originaux – devrait faire le plein. S.K. Festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés. Le 18 mai à 20 h 30 à l’hôtelPullman Paris-Montparnasse, salle Modigliani, 19, rue du Commandant Mouchotte, 14e. M° Gaîté. Tél. : 0 892 68 36 22. Places : de 19 à 38 €.

13, 14 et 15 mai Lorin Maazel Philharmonia Orchestra

Théâtre des Champs-Elysées, 15, avenue Montaigne, 8e.M° Alma-Marceau. Tél. : 01 49 52 50 50. A 20 h (16 h le 15). Places : 5 à 65 €. Même si la superstition vous dissuade d’écouter la Symphonie “Tragique” de Mahler un vendredi 13, il vous reste toujours la solution d’aller savourer sa mystérieuse Septième Symphonie “Chant de la nuit” et la dramatique Cinquième, les lendemain et surlendemain. On se laisse d’autant plus aisément tenter que Lorin Maazel dirige le célèbre Philharmonia Orchestra de Londres. Et avec une telle baguette, de très belles surprises peuvent se produire...

Photo Michel Szabo

classique

baroque

Également en concert privé au Studio SFR le 12 mai à 20 h 30. 150 places seront distribuées le 11 mai à partir de 11 h dans l’auditorium du Studio SFR, 7-9, rue Tronchet, 8e.

“Atys” et ses “Rumeurs” Donné en 1987 à l’Opéra-Comique, Atys de Lully, mis en scène par Jean-Marie Villégier et dirigé par William Christie à la tête des Arts Florissants, s’est hissé au rang de véritable mythe pour tous les mordus d’opéra baroque au cours du quart de siècle écoulé. Jamais reprise en France depuis, la fameuse production est de retour sur la scène de Favart grâce à la générosité de Ronald Stanton, industriel et mécène américain qui rêvait de revoir cet Atys qu’il découvrit à Paris cette année-là. Les six représentations ont été depuis longtemps prises d’assaut et il reste bien peu de chances de trouver un billet à l’heure qu’il est. Le seul espoir (sauf à se rendre à Caen, Bordeaux ou New York) est de miser sur le passage du spectacle à l’Opéra Royal de Versailles (14, 15 et 17 juillet). Mais, grâce aux “Rumeurs” d’Atys, les plaisirs baroques ne vous seront pas pour autant interdits dans les jours qui viennent à l’Opéra-Comique. Plutôt que l’original lullyste, pourquoi ne pas découvrir Atys travesti de Denis Carolet, goûteuse parodie aux accents paysans où le personnage d’Atys se mue en Polichinelle ? Elle sera interprétée par l’ensemble Les Menus- Plaisirs du Roy dans une mise en scène de Jean-Luc Impe et avec les marionnettes du Théâtre du Golem (le 14 mai à 20 h). Si vous aimez la danse baroque, La Belle Dame, spectacle de Béatrice Massin, vous plongera pour sa part dans l’univers chorégraphique raffiné des XVIIe et XVIIIe siècles (le 17 mai à 20 h). Et que diriez- vous enfin du Petit Couvert chez Lully, programme d’airs de cour de Michel Lambert, qui vous sera servi (les 17 et 19 mai à 13 h) par l’excellent baryton Marc Mauillon et les musiciens des Arts Florissants menés par William Christie ? Vous voyez bien qu’il ne fallait pas totalement désespérer… A.C. Du 13 au 21 mai à l’Opéra-Comique, place Boieldieu, 2e. M° Richelieu-Drouot. Tél. : 0 825 01 01 23. Places : de 6 à 115 € , de 6 à 36 € pour les “Rumeurs”, 13 € pour Le Petit Couvert chez Lully.


connexions

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emploi

Marie, une jeune fille qui assure à la SNCF !

Cursus

Marie Thiry, 25 ans, est responsable de la cellule assembleurs voitures et tram-train au Technicentre Paris Rive Gauche. Elle nous raconte un métier passionnant et sa vision de l’entreprise publique.

1986 : naissance Sept. 2009 : diplômée de l’Institut National des sciences appliquées (INSA) de Lyon (69) Déc. 2009 : recrutée à la SNCF comme adjointe de la cellule assembleurs voitures et tram-train à Paris Sept. 2010 : nommée à la tête de la cellule assembleur

Ne jamais dire jamais ! En effet, après mon école d’ingénieur, l’INSA Lyon, et un stage chez un géant des pneumatiques, je m’étais dit que jamais je ne travaillerai dans un grand groupe de service public. J’y voyais le côté « planque » et grosse entreprise difficile à faire bouger. Et puis, sur un forum recrutement organisé par mon école en Rhône-Alpes, par curiosité, je me suis rendue sur le stand de la SNCF. Là, j’ai rencontré un collaborateur de la SNCF dynamique, motivé et passionné par son métier. Moi, je voulais faire quelque chose de concret dont l’impact était immédiatement visible. En m’expliquant les coulisses d’un train, de ce qu’il fallait pour faire rouler une rame…, il m’a convaincue de postuler. Et ça a marché. J’ai débuté comme adjointe à la cellule assembleurs au Technicentre Paris Rive Gauche en décembre 2009. Depuis septembre dernier, j’ai succédé à mon chef et pris la responsabilité de la cellule. Concrètement au quotidien, je gère une équipe de 10 techniciens chargés d’optimiser la durée de vie du matériel roulant et de mettre en place les plans de maintenance pour le nouveau matériel. Ce que nous appelons les tram-trains.

Le + métier selon Marie: « La polyvalence au quotidien. Je gère des hommes, je vais sur le terrain et je planche sur plusieurs projets d’étude qu’ensuite je pilote. »

Au quotidien, je partage mon temps entre le bureau et le terrain car c’est à la fois un job opérationnel et un poste de management. Une fois par semaine, je me rends dans un centre de maintenance afin de mieux apprécier l’ampleur et le déroulement des projets. Je planche avec mon équipe sur le cycle de vie du matériel. Pour cela, nous réalisons des études sur le long terme. Nous travaillons souvent dans l’urgence, parfois j’aimerais peaufiner davantage certains dossiers, mais il faut toujours parer au plus pressé. Pour le versant manager de mon poste, je n’ai pas reçu de formation particulière à l’école. D’ailleurs, j’ai un peu du mal à voir comment le management s’apprend. Pour moi, il faut à la fois faire preuve de beaucoup de diplomatie et savoir gérer les susceptibilités, parfois très importantes. Je suis la plus jeune de mon équipe. Au départ, je n’ai pas cherché à m’imposer mais j’ai beaucoup écouté, observé et appris à connaître le métier. Petit à petit, j’ai gagné ma légitimité.

Le fait d’être une femme, jeune de surcroît, n’a pas été un problème. Le groupe SNCF mise d’ailleurs beaucoup sur la mixité des équipes, c’est une entreprise en plein changement. Au quotidien, on sent qu’une grande « révolution » est en marche dans les mentalités, dans les façons de travailler et même dans la mise en place de nouveaux outils. Depuis que je travaille dans le groupe, ma vision de l’entreprise a bien sûr évolué. Je suis très fière d’être « cheminote » et de travailler dans le service public, même si l’on est souvent très critiqué. L’équipe de football de France a 60 millions de sélectionneurs, eh bien chez nous, c’est pareil, nous avons potentiellement 60 millions d’usagers susceptibles d’exprimer un avis sur l’entreprise. Une anecdote ? Quand j’ai débuté, mes amis m’envoyaient des textos à chaque fois qu’ils rencontraient un problème de retard lors d’un trajet en train. C’était usant mais avec le temps, ils se sont réellement intéressés à mon boulot et ont découvert toute la technicité d’un train. Désormais, nous avons des conversations sur le fond de mon métier. C’est passionnant.

Pour l’avenir, en tant que jeune cadre, j’ai un parcours balisé durant les 4 premières années. Je dois occuper deux postes différents et effectuer un stage (de 1 à 4 mois) de chef d’équipe en production. Pour moi, ce sera cette année. Après, tout dépendra des opportunités en interne, mais le service de gestion des carrières est très à l’écoute. Le plus important à mes yeux est de faire un boulot intéressant et ancré dans la réalité. Les trains, ils en circulent des centaines au quotidien.

Où postuler ? Le groupe SNCF recrute actuellement des Ingénieurs pour son domaine Maintenance. Créez votre compte candidat et postulez à l’offre qui vous correspond en cliquant sur le bouton « Rejoignez-nous » du site www.sncf.com


T E X T E S : S Y LV I E L A I D E T

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Jeunes diplômés : comment postuler à son premier job? Comme des milliers de jeunes diplômés, vous rêvez d’intégrer LVMH, L’Oréal ou Apple*. Why not ? Mais attention, pour retenir l’attention de ces recruteurs comme de n’importe quel employeur d’ailleurs, vous allez devoir faire vos preuves dès l’envoi de votre candidature. Postuler à un premier job, ça se travaille. Checklist des points à maîtriser.

Un cabinet de recrutement, kézako ? Pour embaucher, les employeurs (notamment les grands groupes) font souvent appel à des cabinets de recrutement. En entretien, vous êtes donc reçu par un consultant en recrutement mandaté par l’employeur pour présélectionner les meilleurs candidats. Ce consultant va donc vous faire passer des entretiens, des tests de personnalité et/ou de logique, vous interroger sur vos motivations, vos études et votre personnalité, et déceler si vous êtes apte à tenir le poste proposé. Même s’il ne s’agit pas du directeur des ressources humaines (DRH) de l’entreprise visée, vous devez vous présenter sous votre meilleur jour et répondre à ses questions de façon très professionnelle. Ce consultant est un maillon fort car c’est lui qui choisira ou pas de transmettre votre candidature au DRH qui vous recevra par la suite. Profitez de vos échanges avec le consultant pour en apprendre plus sur les us et coutumes de l’employeur final. Cela peut par exemple vous permettre d’adopter le bon “dress code” le jour de l’entretien avec cet employeur.

« Raisonner en termes de package de rémunération globale plus qu’en salaire. »

Une bonne connaissance du secteur ciblé : pas question d’envoyer des candidatures spontanées au petit bonheur la chance ou de postuler en direct sur les sites des entreprises, sans en savoir un minimum sur leur actualité. Vous devez au préalable réaliser une étude du marché de l’emploi dans le secteur visé et plus précisément dans votre région de prédilection. Pour cela, rapprochez-vous des chambres de commerce et d’industrie mais aussi du Medef ou de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) locale afin de connaître les potentiels employeurs. Surfez également sur les sites des grandes organisations syndicales déclinées par branches d’activités. Vous glanerez ainsi des infos sur l’actualité des entreprises. Un bon moyen d’attaquer une lettre de motivation, par exemple. Un CV adapté : on ne le dira jamais assez, votre CV doit vous ressembler. Vous recherchez un job de créatif, pourquoi ne pas tenter une mise en page plus osée ? Mais sinon, optez pour la sobriété. Compétences actuelles, détail de vos stages et autres mini-expériences professionnelles, parcours académiques et autres centres d’intérêt. Soignez la forme mais surtout le fond. Insistez sur vos précédentes réalisations et les compétences maîtrisées même s’il ne s’agit que de jobs d’été. Enfin, privilégiez toujours un CV lisible par le plus grand nombre. Donc un fichier au format .rtf, un format qui passe partout. Attention, aux formats moins courants, votre CV risque de ne pas passer le filtre des moteurs de recherche. Pire, un recruteur qui peine à ouvrir votre CV laisse tomber l’affaire en moins de deux. Et passe au candidat suivant. Un mail de motivation percutant : désormais, les mails de motivation ont largement supplanté les traditionnelles lettres de motivation. C’est l’objet de ce mail que le recruteur lira en premier. Il doit donc susciter sa curiosité. « En réponse à une offre d’emploi, la référence de l’annonce et le poste sont indispensables. Pour une candidature spontanée, reprenez par exemple une expression prononcée dans une conférence ou dans un article par le recruteur visé. Enfin, pour une prise de rendez-vous réseau, mentionner le nom de la personne qui vous recommande suffit », détaille Olivier de Conihout, président de l’Espace Dirigeants. Ensuite, vous devez montrer que vous avez compris la teneur du poste, que vous êtes LE candidat idéal et ultra-motivé. Plus le CV est en décalage avec l’offre de poste proposée, plus le mail de motivation est important. Il doit se trouver dans le corps du message et pas en pièce jointe. Sur la forme, faites court (10 lignes maximum) et moins formel (utilisez les tirets). Préparez vos réponses pour l’entretien: sans que cela vire à la poésie apprise par coeur, préparez des réponses concises et compréhensibles par votre interlocuteur. Soignez le fond (bien sûr) mais aussi la forme. Faites des phrases construites... en français (voire en anglais). Et surtout, mettezvous en situation. Entraînez-vous auprès de votre entourage pour être fin prêt le jour de l’entretien de recrutement. * Le trio de tête des entreprises préférées des jeunes étudiants en école de commerce et de management, classement Universum avril 2011.

3 questions à Serge Assayag associé et spécialiste RH et management au sein du cabinet de conseil Weave

Faut-il accepter un premier salaire moins élevé que prévu ? Tout dépend des projets professionnels et personnels du candidat. Si le poste visé répond à l’une de ses passions ou correspond à son entreprise idéale, alors oui, il peut être tenté d’accepter un premier salaire un peu inférieur au marché. En revanche, dans la majeure partie des cas, il n’y a aucune raison d’accepter un salaire moindre. Ce serait accepter de se dévaloriser. Peut-on espérer un rattrapage salarial rapide si l’on accepte un salaire inférieur à ses prétentions ? Les revalorisations salariales restent exceptionnelles. Toutefois, lors du recrutement, le candidat peut toujours tenter de décrocher un plan de revalorisation au bout de six mois. Il aura alors terminé sa période d’essai. Il faut le formaliser par écrit. A l’embauche, c’est le moment de négocier. Mais les jeunes ont-ils vraiment le choix ? Ils doivent davantage raisonner en termes de package de rémunération globale qu’en termes de salaire. Si le salaire de base est moins important que chez les concurrents, l’entreprise peut par exemple compenser avec des avantages en nature (primes, mutuelle, voiture de fonction...). De toute façon, un écart de rémunération créé toujours de la frustration chez le collaborateur, et la situation devient vite intenable. Accepter une rémunération à la baisse n’est dans l’intérêt de personne.


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