Fortin de San Bartolome. Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune

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Autres titres publiés

Fortin de San Bartolomé

Fortificaciones de Pamplona. Pasado, presente y futuro AA.VV., Pampelune, 2010

www.murallasdepamplona.es

978-84-95930-52-1

Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune

Fortin de San Bartolomé

La Ciudadela de Pamplona MARTINENA, J.J., Pampelune, 2011

Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune


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Une promenade dans les Fortifications de Pampelune

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Promenade Tracé des remparts disparus Chemin de Saint Jacques

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1. Fortin de San Bartolomé (Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune) 2. Ascenseur du Parc de la Media Luna – Parc Fluvial de l’Arga 3. Passerelle de Labrit 4. Bastion de Labrit 5. Chemin de ronde de l’évêque Barbazán (Face à la Magdalena) 6. Cathédrale Santa María la Real 7. Bastion du Redín 8. Bastion inférieur de Nuestra Señora de Guadalupe 9. Ravelin des Reyes 10. Porte de Francia ou Zumalacárregui 11. Bastion inférieur du Pilar 12. Bastion de l’Abrevador 13. Archives Générales de Navarre (ancien Palais Royal) 14. Mairie 15. Bastion de Parma 16. Front de la Rochapea et chemin de ronde 17. Ascenseur de Descalzos 18. Portal Nuevo (Porte Neuve) 19. Bastion de Gonzaga 20. Ravelin de San Roque 21. Porte de San Nicolás 22. Bastion de la Taconera 23. Porte de la Taconera 24. Bastion de la Victoria 25. Bastion de Santiago 26. Bastion de Santa María 27. Bastion et cavalier Real 28. Bastion de San Antón 29. Ravelin de Santa Ana 30. Ravelin et contre-garde de Santa Isabel 31. Ravelin et contre-garde de Santa Clara 32. Ravelin de Santa Lucía 33. Porte du Socorro 34. Porte principale de la Citadelle 35. Corps de garde 36. Four 37. Pabellón de mixtos 38. Poudrière 39. Salle d’armes 40. Gare routière


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Fortin de San Bartolomé Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune Édition :

Ayuntamiento de Pamplona [Mairie de Pampelune]. Direction des Projets Stratégiques Auteurs : José Vicente Valdenebro García, José Ignacio Alfonso Pezonaga, Marta Monreal Vidal, Miguel Monreal Vidal Juan José Martinena Ruiz (L’enceinte fortifiée de Pampelune) Coordinateur : José Vicente Valdenebro García Réalisation : Formas de Proyectar Photographie : Berta Buzunáriz, Luis Prieto, Archivo General de Simanca (AGS) [Archives Générales de Simancas], Archivo Municipal de Pamplona (AMP), [Archives Municipales de Pampelune] Instituto de Historia y Cultura Militar (IHCM) [Institut d’Histoire et Culture Militaire] et Servicio Geográfico del Ejército (SGE) [Services Géographiques des Armées] Traductrice : Véronique Le Ny (Architrad) Impression : Litografía Ipar ISBN : Dépôt légal :

978-84-95930-52-1 NA–1.506/2011

© Édition : Mairie de Pampelune © Textes et photographies : leurs auteurs Pampelune, mars 2011 www.pamplona.es www.murallasdepamplona.com Imprimé sur du papier TCF ne contenant ni acides, ni dioxines, papier biodégradable et recyclable.


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Table des matières

Présentation

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L’enceinte fortifiée de Pampelune

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Évolution historique du Fortin de San Bartolomé

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Restauration du Fortin de San Bartolomé

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en vue de sa reconversion en Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune

Une promenade sur les Fortifications de Pampelune. Guide visuel Glossaire

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Plan du circuit en quatrième de couverture page intérieure


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Présentation

L’histoire du Fortin de San Bartolomé – aujourd’hui situé en plein cœur de notre ville – débute au XVIIIème siècle, alors que l'enceinte fortifiée de Pampelune connaissait à cette époque un grand nombre d'améliorations. Au fil de son histoire, cet édifice est devenu un bastion de protection et la première ligne de défense de la ville après sa réunification. Aujourd’hui, pratiquement 300 ans plus tard, en plein XXIème siècle, Pampelune entreprend de reconvertir le Fortin en Centre d’Interprétation des Fortifications de notre ville, c’est de là que partent les différents circuits au sein de l’enceinte fortifiée et, bien entendu, c’est aussi ici qu’est installé le musée d’histoire de cet ensemble en pierres de taille qui définit la structure et la personnalité de notre ville. La Mairie de Pampelune travaille depuis 2006 à la restauration et à la rénovation des remparts, englobant d’importantes actions de nettoyage et de rénovation des structures de l’enceinte mais aussi des constructions de nouveaux édifices directement liés aux remparts, comme la passerelle du Labrit, les ascenseurs de Descalzos et du Fortin de San Bartolomé. Réparti sur 200 mètres carrés, le Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune, constitue dans ce sens un outil exceptionnel pour réhabiliter les remparts de Pampelune en tant qu’espace culturel et de loisir ouvert non seulement aux touristes qui viennent visiter la ville mais aussi aux habitants de Pampelune, cet espace est pour nous tous une chance de redécouvrir une période dorée de notre patrimoine historique. L’enceinte fortifiée, comme le reprend très bien le site Internet de la ville, www.murallasdepamplona.com, est un élément intimement lié au développement et à l’évolution de Pampelune. C’est une construction vivante marquée par les décennies et paradoxalement, son objectif ne consiste plus à délimiter la ville mais à se repositionner au centre même de la ville. La richesse et l’histoire des Fortifications de Pampelune, déclarés Monument National HistoricoArtistique en 1939, sont vouées à devenir une source de motivation inébranlable qui viendra nourrir la préservation et la promotion du site, ainsi les générations futures, tout comme nous l’aurons fait avant eux, pourront profiter de ce patrimoine magnifique. Pour toutes ces raisons, je souhaite que cette publication mais aussi toutes les initiatives destinées à promouvoir la richesse culturelle de Pampelune soient toujours les bienvenues et que les habitants de Pampelune s’y associent. Je suis persuadée que ce travail constituera un excellent outil de divulgation de la si riche histoire de Pampelune. Yolanda Barcina MAIRE DE PAMPELUNE

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L’enceinte fortifiée de Pampelune [par Juan José Martinena Ruiz]

Les remparts de Pampelune constituent aujourd’hui un des ensembles défensifs les plus intéressants d’Espagne et même d’Europe si l’on s’en tient aux remparts bastionnés. Construits au cours des XVIème et XVIIème siècles, terminés au XVIIIème, ils ont conservé leur intégrité jusqu’en 1920. Une de leurs façades a alors été démolie dans le cadre du projet du Deuxième Agrandissement de la ville, la partie conservée a été déclarée Monument National. Nous ne faisons pas ici référence aux murs des bourgs qui formaient la Pampelune médiévale, il n’en reste quasiment plus rien aujourd’hui. Nous ne faisons pas davantage référence au château d’artillerie construit à la demande de Ferdinand le Catholique en 1513, une année après la conquête du royaume par les troupes castillanes du Duc d’Alba, c’est en le défendant qu’Iñigo de Loyola fut blessé en 1521, il ne reste aujourd’hui pas le moindre vestige de cette forteresse. Nous entamerons donc notre récit historique sous le règne de Charles Quint, la plus ancienne porte de l’enceinte fortifiée actuelle remonte à cette époque, c’est une pièce essentielle du patrimoine historique de la ville. Œuvres remontant à l’époque de Charles Quint. Les premiers bastions C’est sous le règne de Charles Ier d’Espagne –devenu Charles Quint après avoir obtenu la dignité impériale en 1520– qu’ont débuté les travaux d’aménagement de l’ancienne enceinte médiévale grâce aux dernières avancées apparues dans la technique des fortifications. Après le siège de 1521 par les Français et les Agramontais, les murs furent réparés sur tout leur pourtour, plusieurs des

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Pampelune en 1521. Au Nord, le palais royal, après celui du vice-roi et au Sud le château de Ferdinand le Catholique (maquette de Juan Mª Cía)

anciennes tours furent démolies, devenues inutiles pour en assurer la défense, on éleva à leur place des bastions dessinés conformément aux nouvelles règles de l’ingénierie militaire. Cette même année, les travaux portaient sur le Caparrose –l’actuel Bastion de Labrit– et la porte de la Tejería puis en 1523 ils portèrent sur la Tour de la Tesorería –actuel Bastion du Redín– et la Porte de Francia ou de l’Abrevador. Les propriétaires des maisons et jardins expropriés ont dû être indemnisés par la Couronne. Tout comme cela avait été le cas pour le couvent de Santo Domingo, il a fallu démolir et déplacer vers l’intérieur les couvents de San Francisco et de la Merced, ils étaient jusque là dans la Taconera, en dehors des anciennes portes de la Traición et de San Llorente et gênaient donc la fortification. En 1530, le Vice-roi a demandé que la tour de San Lorenzo soit rabaissée, sa taille élevée en faisait un obstacle ou un point à partir duquel on pouvait endommager la forteresse. Le projet du Mestre de Camp, Guevara, remonte à 1535, il s’agissait alors d’élever un bastion sur le moulin du Caparroso et un deuxième sur le site de celle qu’on désignait alors comme la Tour Ronde, elle se situait à proximité de l’angle formé par le Paseo de Sarasate et la rue Navas de Tolosa. Le bastion de la Torredonda n'est resté sur pieds qu'à peine

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cinquante ans alors que celui érigé sur le Caparroso, qui a connu quelques modifications par la suite, a été conservé jusqu’à nos jours, on le connait sous le nom de Bastion de Labrit. Une tour fut également bâtie devant San Lorenzo, pour ce faire on a utilisé les matériaux issus de la démolition du couvent de San Francisco. C’est à cette époque que le poliorcète Benedicto de Rávena s’est rendu à Pampelune, il rédigea un rapport sur les fortifications de la cité. En 1542, c’était au tour du Capitaine Luis Pizaño de s’y rendre, un des meilleurs ingénieurs de l’époque, sa mission consistait à mettre au point les fortifications avec le moins de dépenses possible. Pizaño a dessiné le bastion de Labrit et le château érigé par Ferdinand le Catholique, ses esquisses sont conservées aux Archives de Simancas. La proposition de l’ingénieur consistait à rabaisser les tours de San Lorenzo, San Nicolás et San Cernin ainsi que certaines maisons fortifiées et plusieurs dépendances de la Cathédrale. Il semblerait néanmoins que seule ait été écimée la tour de San Nicolás, de par sa position très proche de la forteresse. À cette même période, les travaux se poursuivaient sur les Torredondas, la tour de San Llorente ou de San Lorenzo et à l’angle sur le moulin de Caparroso. Exceptés les bastions du Redín et de Labrit, la Porte de Francia date également de l’époque de Charles Quint. Sur la porte la plus intérieure, on a conservé les guides dans lesquelles descendait la herse, on peut observer un joli blason sculpté avec l'aigle à deux têtes et les armes impériales au-dessus d'une inscription que l’on peut lire : AN 1553 DUC BELTRANO ALBVRQVERQVE PROREGE Un autre blason portant la même inscription se trouvait sur la porte de Rochapea, aujourd’hui disparue, elle fut démolie en 1914, elle remontait également à 1553 alors même que Don Beltrán était Vice-roi. Ce blason a été installé en 1960, comme motif d’ornementation, sur une des tours du Portal Nuevo dont l’arche monumentale a été construite par Víctor Eusa en 1950. Philippe II et la construction de la citadelle Le règne de Philippe II devait supposer l’ouverture d’une nouvelle étape pour les remparts. En 1560, l’ingénieur Antonelli vint visiter la cité, il rapporta au roi que

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Vue aérienne de la citadelle de Pampelune.

le plus urgent était de construire une nouvelle forteresse, conforme aux nouvelles idées en la matière. Le monarque lui donna raison et en 1571 –année de la bataille de Lepanto– la construction de la Citadelle débuta d’après le projet de Giacomo Palearo, dit El Fratín. Cet ingénieur s’inspira pour ses plans de la citadelle d‘Anvers, œuvre de Paciotto de Urbino, avec une base pentagonale et cinq bastions répartis aux angles, ils seront baptisés San Antón, San Felipe el Real, Santa María, Santiago et La Victoria. La première pierre fut bénite solennellement le 12 juillet Le premier maire fut Hernando de Espinosa, neveu du grand inquisiteur, la première garnison envoyée par le capitaine Alonso de Cosgaya arriva le 18 octobre. Le vice-roi Vespasiano Gonzaga, italien de naissance et poliorcète notable, a pris part activement à la nouvelle fortification, bien que son excès de zèle lui valu de nombreux affrontements avec les Navarrais. La nouvelle forteresse, essentielle pour établir un poste de défense sur la façade occidentale des Pyrénées, a dû attendre de nombreuses années avant d’être considérée comme entièrement terminée. Au-dessus de la porte principale, qui

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donne aujourd’hui sur l’actuelle Avenue de l’Ejército, on peut voir une pierre portant l’inscription suivante : AN 1571 BESPASIANO GONZAGA COLONA ÉTANT VICE-ROI ET CAPITAINE GÉNÉRAL DE NAVARRE ET DE LA PROVINCE, DUC, MARQUIS ET COMTE La construction de la Citadelle a eu pour conséquence le tracé, en 1580, de la nouvelle ligne de fortifications pour la relier à la cité. Cette ligne comprenait deux fronts: l’un partait de la Citadelle jusqu’au bastion de Labrit, il englobait les nouveaux bastions de San Nicolás avec la porte du même nom et celui de la Reina avec la porte de Tejería. Ce front devait être démoli en 1918-21 pour permettre la seconde tranche de l’agrandissement de la ville. Le second front, préservé jusqu’à aujourd’hui avec quelques modifications, reliait la Citadelle et le Mirador, il abritait la porte de la Taconera dont le frontispice a dû être démoli en 1906 puis reconstruit en 2002, il en est de même pour les bastions du même nom, celui de Gonzaga tout près du Portal Nuevo. Grâce à cet agrandissement de l’enceinte, l’ancienne muraille médiévale était devenue obsolète bien que des travaux très coûteux furent exécutés sous Charles Quint, elle se situait au niveau de l’actuelle promenade de Sarasate, de la rue Navas de Tolosa, du Rincón de la Aduana, San Lorenzo, de la place de Recoletas et de la placette de la O. Grâce au tracé des nouveaux remparts, qui allaient englober le terrain de la Taconera, zone située jusqu’alors hors remparts y compris ce qui est devenu aujourd’hui la Promenade de Sarasate, les contours de ce qui était voué à être le centre-ville de Pampelune jusqu’au premier agrandissement approuvé en 1887 voire même jusqu’à la démolition des remparts, étaient ainsi dessinés. Dans un premier temps, cette nouvelle fortification, en raison de sa longueur, était formée de terre ou de terrepleins avec des palissades et des fossés creusés. En 1581, García de Mendoza rapportait qu’elle était “faite de fagots et de terre déjà éboulée”. Trois années plus tard, Philippe II écrivait à l’ingénieur Fratín à propos du besoin de démolir les anciens remparts et de boucher les fossés, c'est à ce moment là qu'ont été démolis les bastions de la Torre Redonda et de San Lorenzo. C’est également à cette époque que le Vice-roi Marquis d’Almazan a commandé le tracé de l’actuelle Calle Nueva obstruant ainsi le fossé

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Image du bastion de la Taconera et du ravelin de San Roque.

qui séparait les bourgs de San Cernin et San Nicolas, ce fossé fut remblayé avec les matériaux issus de la démolition des murs et des tours médiévales qui étaient élevés sur ce terrain. En 1585, le Conseil de Guerre exposa au roi le besoin de poursuivre les travaux de la Citadelle en conservant le vieux château jusqu’à la fin des travaux de la citadelle. Néanmoins, pour faire face au peu d’abondance, il fallut démolir la forteresse de Ferdinand le Catholique pour en réutiliser les matériaux sur les nouveaux murs et bastions. C’est la raison pour laquelle une plainte fut déposée auprès du Roi à l’encontre de Fratín, un curieux dessin était joint à la plainte, celui-ci est conservé aux Archives de Simancas, il représentait la façon dans lequel se trouvaient les travaus et la façon dont ils se déroulaient. Les rivalités entre les ingénieurs marquèrent la fin du XVIème siècle. En 1592, Antonio de Herrera construisit un mémorial à l’encontre de Vespasiano Gonzaga

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et Fratín. C’est en novembre de cette année-là que Philippe II se rendit sur le chantier de la Citadelle, soixante pièces d’artillerie tirèrent des salves de commandement depuis les barricades de celle-ci avant même qu’elle soit terminée. D’après un rapport rédigé par l’ingénieur Francisco Fratín en 1608, les nouveaux remparts des fronts San Nicolás et de la Taconera sont toujours “en construction et ne sont constitués que de terre, d’autre part ils sont tellement anciens qu’ils commencent à s’écrouler et des ouvertures apparaissent en de nombreux endroits par lesquelles peuvent passer les bœufs et autres animaux pour lesquels les fossés ne sont pas un obstacle”. Cette même année, Philipe III commanda d’entourer la citadelle d’une palissade pour bloquer l’accès au fossé sur lequel aucune contrescarpe n’était aménagée et qui était, d’autre part, asséché aux deux tiers. Le Vice-roi Cardona, avec moult discernement, s’inscrivit en faux contre cette mesure en avançant qu’il était préférable d'affecter ces sommes à un ouvrage permanent bâti en pierres de taille. Règne de Philippe IV. Achèvement de l’enceinte Sous le règne de Philippe IV, les travaux connurent une forte avancée. Dans un rapport remis par Dionisio de Guzmán en 1644, nous apprenons que l’on travaillait alors sur la porte de la Taconera et sa demi-lune de défense. Quatre autres demi-lunes étaient alors en construction sur les fossés de la Citadelle. La Porte de Tejería fut terminée cette même année sur un flanc du bastion de la Reina. Elle se situait à l’emplacement de ce qui est aujourd’hui la rue Juan de Labrit, à côté de la façade arrière du Théâtre Gayarre. Son frontispice arborait les armes royales et sur ses deux façades latérales se trouvaient celles des Vice-rois Comte d'Oropesa, Luis de Guzmán et Ponce de León. À l’occasion de sa démolition en 1918, les trois blasons furent déplacés sur la porte de la Citadelle. En avril 1646, Philippe IV visita Pampelune et dans le cadre des manifestations organisées lors de son séjour en ville, il visita très attentivement la citadelle. C’est à cette occasion que Martínez del Mazo, gendre de Velázquez, a peint sur une grande toile l’arrivée du cortège royal devant la porte principale. Toujours cette même année, alors que Luis de Guzmán Ponce de León était Vice-roi, la nouvelle église des remparts fut ouverte au culte, elle resta debout jusqu’en 1890. En 1665-66, années où le Duc de San Germán était Vice-roi, l’achèvement des bastions de la Taconera et de la Reina vint mettre un point final à la

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construction de l’enceinte fortifiée. Le premier de ces bastions a été conservé dans les jardins du même nom, bien qu’aux alentours de 1945 on en retira les canonnières pour embellir la promenade. Le second bastion, démoli vers 1920, se situait approximativement entre l’actuelle église de San Ignacio et l’immeuble Telefónica. Sur une de ses façades, on pouvait lire l’inscription suivante : SOUS LE RÈGNE DE PHILIPPE III ÉTANT VICE-ROI CAPITAINE GÉNÉRAL DE CE ROYAUME ET DE GUIPUZCOA DON FRANCO. TVTAVILA, DUC DE SAN GERMAN. AN 1665 Règne de Charles II. Nouvelles portes et défenses extérieures En 1666, alors que Charles II dit l’Envoûté régnait déjà et que le même duc officiait comme vice-roi, les deux nouvelles portes de San Nicolás et de la Taconera furent terminées. Le frontispice de la première porte à bossage décoré des armes royales de la Maison d’Autriche et du Vice-roi, est aujourd’hui conservé dans les jardins de la Taconera, face au Bosquecillo, lieu où elle fut déplacée en 1929. La porte de la Taconera, démontée en 1906, était de facture identique à celle de San Nicolás sans toutefois les colonnes qui flanquaient l’arche. En 2002, elle fut fidèlement reconstruite sur son ancien emplacement tout près du parc Antoniutti. L’inscription, identique à celle arborant la porte San Nicolás, dit : SOUS LE RÈGNE DE CHARLES II, SA MÈRE, LA REINE, ASSURANT LA RÉGENCE ÉTANT VICE-ROI ET CAPITAINE GÉNÉRAL DE CE ROYAUME ET DE GUIPUZCOA DON FRANCO TVTAVILA, DUC DE SAN GERMAN. AN 1666 Au cours du dernier tiers du XVIIème siècle ce sont surtout des ouvrages d’extérieur qui ont été réalisés comme des contre-gardes, demi-lunes et ravelins, autant de pièces qui venaient compléter le système de défense des remparts principaux. En 1678, alors même que le Comte de Fuensalida était vice-roi, il fallut reconstruire le Portal Nuevo, désignée jusque-là comme Porte de Santa Engracia, c’est par ce passage que la voie royale de Vitoria entrait en ville. Elle fut démontée en 1906 pour permettre le passage de véhicules et en 1950, elle

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fut reconstruite sous sa forme actuelle. À cette même époque, les ingénieurs militaires Juan de Ledesme et Octaviano Menni travaillaient à Pampelune. En 1685, le vice-roi Prince de Simay proposa au roi de remplacer ces derniers par Esteban Escudero et Manuel Gasco. Le premier élabora sans tarder un nouveau plan de continuité des travaux pour lequel le vice-roi fit appel aux Cours l’année suivante pour l’attribution de nouveaux fonds. La cité, d’après lui, était “une des principales forteresses d’Espagne”, elle ne présentait cependant pas un système de défense adapté à sa position frontalière. Pour fournir des fonds, les villages et villes furent contraints d’hypothéquer leur patrimoine et revenus. Grâce à cet argent, les parapets furent terminés, les lunettes et escarpes des fossés furent recouverts de pierre, on réalisa également de nouvelles demi-lunes sur les portes de la Taconera, San Nicolás et Tejería. L’année précédente –en 1684– suite à un courrier du Marquis de Conflans dans lequel celui-ci faisait allusion à l’état déplorable de la Citadelle, la somme allouée par le Royaume pour financer les travaux de fortification put atteindre les 30.000 ducats. La garnison de la forteresse comptait à cette époque seulement 50 soldats. L’année suivante, sous la Vice-royauté d’Enrique Benavides, 10.000 ducats supplémentaires furent alloués aux fortifications extérieures : les deux ravelins de Santa Clara et Santa Isabel et leurs contre-gardes respectives orientées vers la Vuelta del Castillo, avec un lien certain avec les nouveaux systèmes de défense dessinés par Vauban, ingénieur ayant révolutionné à cette époque l’art de la fortification. Sur les deux ravelins qui remplacèrent les anciennes lunettes, on retrouve à côté du blason des armes du Vice-roi cité cidessus les deux pierres portant l’inscription suivante : SOUS LE RÈGNE DE CHARLES II DE CASTILLE ET V DE NAVARRE VICE-ROI ET CAPITAINE GÉNÉRAL DE CE ROYAUME DON ENRIQUE BENAVIDES I BAZAN, DU CONSEIL D’ÉTAT. AÑO 1685 En 1694, l’ingénieur Hercules Torello évaluait le coût des travaux extérieurs les plus urgents à 225.000 ducats. Dans l’enceinte principale, on travaillait sur la face de Trinitarios –actuel mirador de la Taconera– et sur le bastion de Gonzaga.

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Un rapport remis à l’Académie Royale de l’Histoire en 1801 mentionne textuellement : “D’après les inscriptions apposées sur les portes et murailles de la Place et de la Citadelle, on relève que celles-ci ont été construites sous le règne de Charles II entre 1666 et 1696”. Cette affirmation n’est pas exacte, comme nous l’avons vu, d’importants travaux ont été effectués au cours du XVIème siècle, tout d’abord sous Charles V mais surtout sous Philippe II. Par contre, l’essentiel de l’enceinte a bien été achevé sous Charles II. Certaines choses laissaient beaucoup à désirer. En 1699, le Marquis de Góngora se plaignait que le bétail évoluait librement sur les parapets et canonnières et que la garnison comptait si peu de membres qu’il n’y avait pas assez de soldats pour surveiller les six portes de la ville. La Maison de Bourbon. Travail du nouveau Corps d’Ingénieurs À la fin de la Guerre de Succession en 1714, Philippe V, premier monarque de la Maison des Bourbons, apporta une attention toute particulière à Pampelune. En 1719, face au danger de guerre contre la France, il fut décidé d’aménager certains points de l’enceinte. Quelques années auparavant, en 1711, ce roi fut à l’origine du Corps du génie Militaire, s’inspirant de celui créé par Louis XIV en France plusieurs années auparavant. De 1720 à 1737, on enregistre une période de forte activité, la plupart des projets ont été maintenus, dont un général en 1726 sur initiative de l’ingénieur en chef, le Marquis de Verboom, premier directeur de ce corps, nous savons qu’il a été en contact avec Vauban à partir de 1702. C’est à ce moment-là que les travaux au niveau des défenses du Redín et de la porte de Francia ont débuté avec la construction des bastions inférieurs de Nuestra Señora de Guadalupe et El Pilar, tout près du ravelin des Reyes. Ce magnifique ensemble fortifié est resté intact jusqu’à l’époque actuelle et il a été restauré par l’Institution “Principe de Viana”. C’est également à cette époque qu’ont débuté les travaux des forts de San Bartolomé, San Roque et du Príncipe. Le premier d’entre eux a été parfaitement conservé dans les jardins de la media Luna, derrière les arènes. Le second, aujourd’hui disparu, se trouvait à l’extérieur des remparts de la Taconera, près de là où se trouvent aujourd’hui les piscines militaires et le club Larraina. Du troisième, on peut, aujourd’hui encore, observer une partie des soubassements en pierres de taille, sur lesquels avaient été construits vers 1945 l’ancien Colegio Menor “Ruiz de Alda”, aujourd’hui

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Bastions inférieurs de Nuestra Señora de Guadalupe et du Pilar, avec au centre le ravelin des Reyes.

transformé en foyer pour jeunes, “Fuerte de Príncipe”. Verboom est également intervenu avec Don Ignacio Sala et d’autres ingénieurs, sur plusieurs projets réalisés sur la Citadelle. Particulièrement sur la nouvelle porte del Socorro qui se trouvait jusqu’alors appuyée sur un flanc du bastion de Santa María. Sur sa façade, pourvue de colonnes de style toscan, en-dessous du blason des casernes de Castille et León, on pouvait lire l’inscription suivante : HAEC PORTA AUXILII SURGIT REGNANTE PHILIPO CERTA OBSESSORUM SPES PATRIAE QUI . . . S . . .US On a également bâti une enfilade de treize voûtes à l’épreuve de la bombe, contigües à cette même porte et à la Salle des Armes, également appelée arsenal d’Artillerie, aujourd’hui utilisée comme salle de conférences, de concerts et d’exposition. En 1752, alors que Ferdinand VI régnait déjà, les travaux de fortification reprirent sur la façade de la porte de Francia, six ans plus tard ils s’achevaient par la construction des échauguettes situées au niveau des angles

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Superposition sur le réseau urbain des fronts de Saint Nicolas et Tejería, démolis en 1918-21.

des nouveaux bastions qui sont du même type que ceux que l’on peut encore voir aujourd’hui sur différents châteaux et forts à Cuba, Puerto Rico et dans d’autres pays d’Amérique qui furent dans le temps des vice-royautés espagnoles. En 1756, le Comte d’Aranda commanda à Don Jerónimo Amici un rapport sur l’état dans lequel se trouvaient les murailles de la place et de la Citadelle de Pampelune. D’après cet ingénieur, les fronts de la Rochapea et de la Magdalena exigeaient la plus grande attention, en effet ils avaient toujours été relégués par excès de confiance en leur situation dominante sur le fleuve Arga qui servait de fossé naturel, à l’inverse de la face San Nicolas dont les remparts étaient dissimulés par le terrain laissant à découvert les maisons de la ville. Cette même année, le général Don Juan Martín Zermeño rédigea un autre rapport dans lequel il proposait de supprimer la porte de Francia, jugée inutile, il proposait aussi de

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déplacer la porte de la Taconera vers la zone du Mirador pour l’éloigner de la Citadelle. Aucune de ces propositions n’a été retenue, pas même le projet de voûtes à l’épreuve de la bombe, sans doute en raison des difficultés de la Real Hacienda à faire face à ce coût élevé. Lors de la guerre contre la Convention de la France républicaine en 1794, des forts provisoires ont été bâtis ainsi qu’une ligne de tranchée entre le Fort du Príncipe et Mendillorri. L’autorité militaire, s’appuyant sur une Cédule Royale émanant de Charles Quint, ordonna la démolition de toutes les constructions situées à moins de 1500 verges des remparts, mesure qui concerna plusieurs monastères et ermitages ainsi que bon nombre de maisons situées dans les quartiers de la Magdalena, Rochapea, Santa Engracia, San Jorge, Trinitarios et San Juan. Des voix de contestation s’élevèrent parmi les plus de mille personnes concernées contre les Cours et la Mairie, en vain. Suite à cette guerre, dans laquelle Pampelune eut l’ennemi à ses portes, les ingénieurs Heredia, Casanova, Masdeu, Jiménez Donoso mais surtout le lieutenant Hurtado élaborèrent d’importants projets de fortifications qui n’ont finalement pas abouti pour des raisons économiques essentiellement. Signalons que la citadelle a servi de prison d’état au cours du XVIIIème siècle et d’une partie du XIXème, au même titre que la Bastille pour la couronne de France. Le duc de Medinaceli lors de la Guerre de Succession, le Comte de Floridablanca en 1792, Mariano Luis de Urquijo en 1801, Javier Mina en 1811 et le poète libéral Manuel José Quintana de 1814 à 1820 furent notamment enfermés dans ses cachots. Occupation de la citadelle par les Français. Autres blocages au XIXème siècle. L’évènement est célèbre, en 1808 les Français purent occuper Pampelune sans avoir à tirer un seul coup de feu. La ville les accueillit comme des alliés avant que ne débute la Guerre d’Indépendance, le 19 février ils trompèrent la bonne foi du Vice-roi Marquis de Valle-Santoro lorsqu’en allant récupérer leurs rations, les soldats du général d’Armagnac prirent la Citadelle en simulant une bataille de boules de neige. Pampelune a alors subi pendant cinq ans une difficile occupation militaire jusqu’en 1813, il fallut imposer un blocus de 128 jours pour la reprendre. Avant de se rendre, les Français placèrent des fourneaux de mines dans l’idée de faire exploser les remparts. Le général Comte d’Espagne fut mis au courant de cette manœuvre, il informa le Gouverneur français que si les Français

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mettaient à exécution leur menace, leurs hommes seraient passés au fil de l’épée, les Français abandonnèrent leur idée. Après sa récupération, le brigadier Palomino présenta un budget avec le calcul du coût des réparations les plus urgentes qui s’élevait à 528.000 réaux. En 1823, des troupes franco-espagnoles composées dans leur majorité par ceux que l’on appelait les Cent mille fils de Saint Louis et placées sous le commandement du Général Lauristón, assiégèrent la ville dont la garnison était aux mains des libéraux pour la soumettre à l’autorité de Ferdinand VII qui venait d’être rétabli comme roi absolu. Le brigadier Sánchez Salvador en prit la défense et le blocus dura cinq mois au cours desquels on enregistra plusieurs bombardements. La Citadelle fut bombardée par huit batteries de 24 pouces, elle capitula le 17 septembre. Au cours du soulèvement de O’Donnel en octobre 1841, la place fut bombardée par l’artillerie de la Citadelle, l’ancienne tour médiévale de San Lorenzo fut endommagée, elle dut être réduite d’un tiers de sa hauteur. En 1858, les ingénieurs militaires Ortiz de Pinedo et Rodríguez Arroquia élaborèrent un projet de fortification à la fois innovant et d’avant-garde, ils proposaient de détruire entièrement la vieille enceinte construite par la Maison d’Autriche et de la remplacer par une série de fronts identiques, à partir de bastions avec casemates sur les flancs, des courtines à trois plans et des caponnières en lieu et place des anciens ravelins et demi-lunes. En raison de son coût élevé, ce projet ne vit jamais le jour. Après la dernière Guerre Carliste au cours de laquelle Pampelune subit un long blocus, on put voir la portée de l’artillerie moderne composée de carabines. Depuis le mont San Cristóbal, les projectiles carlistes dépassaient la ville survolant les maisons. C’est à partir de là que les premiers doutes furent émis quant à l’efficacité défensive de l’enceinte fortifiée laquelle empêchait par ailleurs l’extension de la ville en la corsetant. Après la construction du Fort de San Cristóbal, les démarches furent entamées pour obtenir l’autorisation d’abattre les remparts. Ce fut là l’objectif numéro un des différentes équipes municipales qui se sont succédées au cours des quarante années suivantes. Mutilation de la citadelle et restauration des portes En 1888, un Décret Royal autorisa la démolition partielle de deux bastions de la Citadelle – ceux de San Antón et de la Victoria – de fait les fossés qui séparait

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la Citadelle de la ville devinrent obsolètes, d’où la possibilité de construire le Primer Ensanche (Premier Agrandissement) et les nouveaux quartiers généraux. Ceux-ci furent à leur tour détruits aux alentours de 1970, c’est ici que s’étend aujourd’hui l’Avenue del Ejército. Au cours des fouilles préalables à la construction de l’actuel Auditorium et du Palais des Congrès, on retrouva les restes de la lunette de Santa Teresa, elle était un poste de défense de la porte principale avec ses fossés et sa contrescarpe qui furent hélas détruits. Seule a pu être conservée une partie du mur du bastion de San Antón mutilé, elle a été intégrée à une des salles du nouveau complexe culturel. En 1905, un autre Décret Royal autorisa la démolition partielle de quatre des six portes afin d’élargir les accès à la ville. Cette même année, la porte de la Taconera fut démontée sous la direction de l’architecte Julián Arteaga et en 1906 ce fut au tour de la porte de San Nicolás, on construisit un nouveau pont aligné sur l’avenue San Ignacio, son frontispice baroque fut démonté pour être reconstruit en 1929 dans les jardins de la Taconera. C’est presque à cette époque que fut agrandie le Portal Nuevo, on installa une passerelle en fer qui perdura jusqu’en 1950, année où on construisit la monumentale porte actuelle, œuvre de Víctor Eúsa. En 1914, la porte de Rochapea fut également restaurée et son arche en pierre fut démolie. Des deux autres portes de la ville, celle de Tejería n’a subi aucune modification jusqu’à sa démolition en 1918 et celle ce Francia ou de Zumalacárregui a été intégralement conservée jusqu’à aujourd’hui. Démolition des remparts et déclaration au rang de Monument National Finalement, le 7 janvier 1915, alors que Don Alfonso de Gaztelu était maire, le Décret Royal autorisant la démolition de la muraille fut obtenu, ce qui permit de construire le Segundo Ensanche (Second Agrandissement). La première pierre fut retirée, en pleine liesse populaire, le 25 juillet de cette même année. Les travaux de démolition qui durèrent de 1918 à 1921, concernèrent la face sud de la Place et entraînèrent la disparition des bastions de San Nicolás et de la Reina puis les portes de San Nicolás et de la Tejería. Les remparts qu’il fallut abattre reliaient la citadelle au bastion de Labrit, plus ou moins à l’emplacement occupé aujourd’hui par les rues de García Ximénez, l’avenue de Roncesvalles et Bajada de Labrit. Personne n’imagina la possibilité de dessiner les nouvelles rues à une certaine distance afin de respecter les remparts et de les entourer d’une bande

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Vue des parties disparues de la porte de San Nicolás et Bastion de la Reina. Inauguration de la démolition des remparts. 25 juillet 1915. A. Gª Deán. AMP

d’espaces verts comme cela fut le cas cinquante ans plus tard pour la Citadelle et la Vuelta del Castillo. La partie de l’enceinte fortifiée –les trois quarts– qui resta debout après 1921, englobant les forts du Príncipe et de San Bartolomé, le bastion de Labrit, la Ronda de Barbazán, le bastion du Redín et les bastions inférieurs du Pilar et de Guadalupe, les fronts de la Rochapea et Descalzos, le Mirador avec le bastion de la Taconera et le ravelin de San Roque, a été déclarée Monument National sur Ordre du 25 septembre 1939. Vers 1925, le Mirador de la Taconera fut restauré, avec la démolition et l’enterrement partiel de l’ancien bastion de Gonzaga pour pouvoir agrandir les jardins et les relier au quartier de Larraina. Remise de la citadelle à la ville Grâce à un Décret émanant de l’État Major et daté du 21 mai 1964, la Citadelle, ses dépendances, fossés et ouvrages extérieurs furent cédés à la ville à des

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Cordiers en train de travailler dans les fossés du Bastion de la Reina, aujourd'hui disparu. 1915ca. AMP

fins culturelles et de loisirs. La prise de possession par la Municipalité eu lieu le 23 juillet 1966 alors que Juan Miguel Arrieta était maire et que le Général Ramiro Lago était gouverneur militaire. Les constructions intérieures furent démolies à partir de 1971, seuls ont été préservés le corps de garde de 1760, le four de la fin du XVIème siècle, le Pabellón de Mixtos, de la fin du XVIIème lequel fut rénové au début du XVIIIème siècle, c’était un ancien magasin, grenier et cave, le magasin à poudre créé par Hércules Torelli en 1694 et la salle des armes ou l’arsenal d’artillerie dont le projet remonte à 1725, tous ont été restaurés avec beaucoup de justesse. La forteresse a été déclarée Monument National par un Décret du 8 février 1973. Elle est aujourd’hui un des plus beaux sites de Pampelune, elle est une combinaison harmonieuse entre des murs et bastions d’une part et de grandes étendues d’espaces verts d’autre part qui s’étirent entre les esplanades et fossés de l’ancienne forteresse.

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Depuis que Pompée installa en 74 avant J.C. son campement autour de ce qui est devenu aujourd’hui la Cathédrale, Pampelune a acquis sa condition de place forte. La position stratégique de la ville pour contrôler les transits vers la Péninsule Ibérique à travers les Pyrénées Occidentales vers l’Aragon et La Rioja a conduit à considérer cette ville comme “une des principales clés d’Espagne et comme le meilleur bastion de ce côté-ci de la frontière”. C’est la raison pour laquelle depuis l’époque romaine, hormis certaines périodes précises où les remparts ont été détruits, Pampelune a toujours été une ville fortifiée prenant le caractère de place forte jusqu’aux premières années du XXème siècle. À partir du premier établissement romain sur ce qui est aujourd’hui la Navarrería, l’enceinte fortifiée a été modifiée et s’est développée au Moyen-Âge, période où deux nouveaux bourgs ont été construits tout près de la ville se distinguant par des populations d’origines différentes attirées par le renforcement du Chemin de Saint Jacques. Depuis cette époque, sur ce qui n’aurait dû former qu’une seule ville, ce sont trois villes qui coexistent avec leurs remparts attitrés et séparées par des fossés ou “no man’s land” : la ville de Navarrería (qui englobait jusqu’en 1276 le bourg de San Miguel), le bourg de San Cernin et la ville de San Nicolás. Suite à la réunification des bourgs en 1423, sous le règne de Charles III, instaurée par disposition du “Privilège de l’Union”, les systèmes de défense ont été adaptés grâce à la création d’une enceinte unique fortifiée destinée à défendre toute la ville, ces remparts devaient rejoindre les palais existants et le château médiéval.

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En 1513, après la conquête du Royaume de Navarre, Ferdinand le Catholique ordonna la construction du Château de Santiago et s’employa à moderniser, agrandir et renforcer l’enceinte fortifiée de la ville médiévale. Par la suite, grâce aux avancées du génie militaire, Philippe II ordonna en 1571 la construction d’une Citadelle moderne et fonctionnelle en remplacement de l’ancien château, elle fut la première construction de la Péninsule Ibérique à avoir une forme pentagonale. Participèrent à sa construction d’une part l’ingénieur en fortifications Jacobo Palear dit “El Fratín” et, d’autre part, le Capitaine Général Vespasiano Gonzaga y Colonna, Duc de Trajetto, Marquis de Sabionada et Comte de Fondi qui devait finir par être nommé vice-roi de Navarre. Tous deux venait d’Italie où le génie militaire avait beaucoup progressé ces dernières décennies. En suivant le modèle de la citadelle d’Anvers, les travaux de celle de Pampelune démarrèrent cette année-là répondant à un double objectif : défendre la place des attaques extérieures et éviter un éventuel soulèvement intérieur. Les travaux durèrent jusqu’au passage au siècle suivant et après de multiples améliorations opérées sur les remparts, ils furent achevés au XVIIIème siècle. L’emplacement de la citadelle, un peu plus éloignée de la ville que ce qui avait était conseillé dans un premier temps par des experts, imposa la construction de deux nouveaux fronts de défense de la ville de façon à relier la citadelle et le Castillo Nuevo (Château Neuf). Les fronts sud et ouest de l’enceinte fortifiée de la ville, devenus obsolètes, furent démantelés pratiquement en totalité. Ceci supposait la démolition d’une partie de l’ancien château de Santiago et du bastion de San Antón, deux des systèmes de défense les plus modernes de la ville bien que devenus anachroniques face à l’arrivée des nouvelles techniques militaires. La nouvelle ligne de défense comprenait quatre nouveaux bastions sur la façade ouest : celui de Gonzaga, que l’on peut à peine reconnaître aujourd’hui ; celui de la Taconera, que l’on peut toujours voir aujourd’hui dans les jardins du même nom ; et ceux de San Nicolás et de la Reina, tous deux furent démolis vers 1920. On construisit aussi quatre nouvelles portes : la Puerta Nueva, en 1675 ; les portes de la Taconera et de San Nicolás, en 1666 ; et la porte de Tejería, en 1640. Sous le règne de Charles II, en 1685, on débuta la construction de cinq

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ravelins qui venaient renforcer la défense extérieure de la citadelle : ceux de Santa Clara, Santa Isabel, Santa Ana, Santa Teresa (aujourd’hui disparu) et celui de Santa Lucía. Parmi ceux-ci, les deux premiers disposaient d’une contre-garde. Le ravelin de San Roque date également de cette époque, il se situait entre les bastions de la Taconera et celui de Gonzaga. Par la suite, sous le règne de Philippe V, le Corps d’Ingénieurs tout juste créé conduisit d’importants travaux de renfort extérieur. L’année 1726 marque un cap significatif dans l’histoire des fortifications de Pampelune : L’ingénieur Jorge Próspero de Verboom remit un projet général pour la Citadelle et la Place (l’enceinte de la ville), ce projet servit de guide pour les travaux pendant tout le XVIIIème siècle. Verboom, disciple de Vauban (il était un ingénieur de la Cour de France et mena au plus haut niveau de perfection l’art de la fortification bastionnée du XVIIème siècle), dessina une double enceinte de défense pour les parties les plus exposées grâce à des ouvrages de fortification avancés qui pouvaient être défendus depuis l’enceinte principale, chacun encadrant l’autre. Les manœuvres de l’assiégeant étaient ainsi retardées. Grâce à son projet, il trouva un équilibre entre l’importance stratégique de la place, les moyens économiques à disposition et la garnison nécessaire pour la défendre. Vers 1730, les travaux débutèrent au niveau du renfort du Front de Francia avec la construction des bastions inférieurs de Guadalupe et du Pilar, du ravelin des Reyes et sur les forts avancés de San Roque, du Príncipe et de San Bartolomé. Seul ce dernier est aujourd’hui en bon état de conservation. Les premières esquisses du Fortin de San Bartolomé Les premiers travaux liés au Fortin de San Bartolomé ou, du moins, à une construction de défense prévue à son emplacement, remontent à 1641. C’est alors que l’ingénieur Juan de Garay arriva à Pampelune avec pour mission la réalisation d’un projet général pour la place et la citadelle. Ce projet s’avéra très important pour les travaux de fortification pendant les décennies qui ont suivi car en plus d’englober tout le système de demi-lunes, il fut le premier à proposer un ouvrage à cornes à l’emplacement même où devait être bâti plus tard le Fortin de San Bartolomé, en face de la façade droite du bastion de Labrit ou de la Merced1 (image 1).

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Image 1. Plan des remparts de la ville et citadelle de Pampelune. Anonyme. (s.f.). 1er juin 1645. AGS

Malgré cela, comme on l’apprend dans les rapports successifs et projets réalisés par les ingénieurs et vice-rois envoyés sur la Plaza [Amador de Lazcano (1669), Octaviano Meni (1683), Juan de Ledesma (1684), Vice-roi Prince de Chimay (1685), Esteban Escudero (1686), De Tigné (1706), Vice-roi Bournoville (1686), Hércules Torelli (1694), Alejandro de Rez (1720)] les travaux ne furent pas lancés. Le 28 mai 1726, l’ingénieur Jorge Próspero Verboom remit au roi pour approbation, le projet qui devait guider pendant tout le XVIIIème siècle les travaux d’amélioration de l’ensemble fortifié de Pampelune.

(1) IHCM. Colec. Aparici, t. XII, fols. 384v-385. “L'ouvrage à cornes désigné à l'étage signalé par la lettre I avec son fossé de 60 pieds de large et son estrade couverte tout autour, qui suit celle de la Cité avec ces mesures, montre qu'il sera nécessaire, pour de multiples raisons, que ce rempart soit édifié sur cette colline…“

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Image 2. Plan du fortin de San Bartolomé avec une partie du front du rempart de la ville de Pampelune. Jorge Próspero Verboom. Janvier 1726. AGS

Le projet de Verboom La conception du Fortin de San Bartolomé était similaire à celle des forts ou lunettes réalisées par Vauban et même à celle créée par Verboom en personne sur la citadelle de Barcelone. Il se situait face à la façade droite du bastion de Labrit où le terrain avait atténué la pente et les coups de feu tirés laissaient à découvert le terrain en direction du sud-est. Sa gorge était refermée par un mur simple, auquel venaient s’ajouter un corps de garde et un tambour qui le protégeaient, il comprenait de nombreuses embrasures et on trouvait à l’intérieur des magasins et voûtes à l’épreuve de la bombe (image 2). Au mois de septembre de cette même année, Verboom fut réquisitionné pour participer au siège de Gibraltar, il fut donc remplacé pour ses travaux par l’ingénieur en chef Pedro Moreau. En 1727, Moreau rendait compte dans

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plusieurs rapports de l’état des travaux de fortification : Sur le Fortin de San Bartolomé, la construction du chemin couvert et de l’esplanade se poursuivait, on travaillait au niveau des deux sorties sur le fossé et au niveau de la jonction entre le chemin couvert et la place a (image 3). Un an plus tard et depuis Madrid, Moreau envoyait un nouveau rapport sur les travaux qu’il proposait d’accomplir pendant l’année. Concernant le Fortin de San Bartolomé, il dit ne prévoir aucuns travaux car celui-ci était déjà très avancé2.

Image 3. Front de Tejería. Bastion de Labrit. Ravelin de la Tejería et fort de San Bartolomé. Anonyme. 1723-1737. IHCM

En 1731, un autre rapport de Pedro Moreau (image 4) précise plus en détail les postes et le budget. Toujours à propos du Fortin de San Bartolomé, celui(2) AGS. GM. Leg. 3.453. “Étant donné que sont terminés sur cette construction son chemin couvert, l'esplanade et le revêtement de son parapet, ainsi que la batterie basse, le reste pourra être reporté à l'année prochaine”.

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ci a besoin de travaux de maçonnerie sur le corps du Fortin, la contrescarpe, les parapets, les épaulements de terres et la gorge, on comprend donc que contrairement à ce qui était mentionné dans son rapport précédent, le revêtement ne devait être qu’à peine commencé. Pour le revêtement des parapets, la pierre et la brique furent utilisées. Il restait encore à faire quelques excavations, la terre était alors utilisée pour former des parapets, banquettes, épaulements et esplanades.

Image 4. Plan du fortin de San Bartolomé. Pedro Moreau. Juin 1731. SGE

Sur les profils dessinés, on peut voir comment le Fortin dominait le terrain devant le bastion de Labrit et comment la batterie gauche au-dessus de l’escarpe, déjà achevée, dévoilait une partie du cours d’eau (image 5).

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Image 5. Profils du Fortin de San Bartolomé dans la ville de Pampelune. Jaime Sicre. 1736. AGS

En 1736, Jaime Sicre arriva à Pampelune pour remplacer Pedro Moreau lequel avait été envoyé en terres de Salamanque et en Estrémadure. Quelques mois plus tard, il dresse un rapport détaillé sur le projet de Verboom dans lequel il indiquait ce qui avait été réalisé, ce qu’il restait à faire ainsi que le budget et les matériaux nécessaires pour accomplir les travaux décrits. Concernant le Fortin de San Bartolomé il raconte que son corps principal était en terre, de même que ses terre-pleins qui avaient été confectionnés à partir de la terre extraite lors de l’excavation des fossés (image 6). Le chemin couvert était

Image 6. Plan de l'imposant bastion appelé Fortin de San Bartolomé dans la ville de Pampelune. Jaime Sicre. 29 janvier 1737. AGS

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un ouvrage de maçonnerie quasiment parfait, il était relié à celui de la place. La batterie gauche qui dévoilait le cours d’eau, située sur le chemin couvert, était achevée avec une capacité de logement pour trois pièces d’artillerie. Pratiquement tous les revêtements et leurs fondations faisaient défaut bien que les parapets et profils des banquettes avaient déjà été confectionnés. Faisaient également défaut les magasins, contrescarpes, les pierres de taille pour la porte principale, un tambour pour couvrir cette même porte, une échauguette et onze esplanades de dalles sur le Fortin comme sur le rempart de terre situé à gauche du chemin couvert et qui était achevé, avec un corps de garde au niveau de l’entrée principale. Par ordre de priorité, l’achèvement de la construction des forts principaux venait en dernier lieu. Néanmoins, Sicre rendait hommage au projet de Verboom étant donné que les forts en construction lui semblaient adaptés pour la défense de Pampelune3. Les améliorations d’Antonio Hurtado Les deux projets les plus importants du XVIIIème siècle, après celui de Verboom sont le projet de Juan Martín Zermeño en 1756 et celui d’Antonio Hurtado en 1796-1797. Juan Martín Zermeño, un des ingénieurs les plus prestigieux du règne de Ferdinand VI, adressa au roi un rapport détaillé et minutieux duquel on peut déduire, de par ses similitudes avec celui rédigé par Jaime Sicre vingt ans plus tôt, que le Fortin de San Bartolomé n’avait connu aucune amélioration au cours de cette période. Selon toute apparence, les trois années qui ont suivi l’émission du rapport ont été la scène d’une forte activité sur les travaux de fortification, le Fortin fut achevé selon la géométrie extérieure qu’il présente encore aujourd’hui, (3) AGS. GM. Leg. 3.700. “…je trouve que sur le terrain sur lequel il est prévu de placer quelques autres remparts remarquables, ils sont très adaptés à la situation du terrain mentionné : en effet, de là on découvre les principaux et nombreux ravins qui entourent la place forte et la citadelle, qui peuvent servir d'obstacle à l'ennemi qui tenterait un siège normal, puisque avant de lancer le siège, il lui faudrait vaincre quelques difficultés du fait qu'il se verrait dans l'obligation d'abord d'attaquer ces travaux avancés, ce qui le retarderait beaucoup dans ses opérations, et grâce à cela l'assaillant voit à de nombreuses reprises ses desseins compromis, dans le but de faire durer de tels assauts,…“

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Image 7. Plan du Fortin de Saint Bartolomé, dans la place forte de Pampelune, situé au sudest de celle-ci et à proximité de la rivière Arga. Plan et profil passant par la ligne 1.2.3. Antonio Hurtado. 8 janvier 1796. SGE

semblable à celle des bastions inférieurs de Nuestra Señora de Guadalupe et de la Virgen del Pilar, qui dataient tous deux de la même époque, les mêmes ingénieurs y travaillèrent et très probablement, les mêmes maîtres d’œuvres. Même si le Fortin était opérationnel pour la défense, à l’occasion de la Guerre contre la Convention (1793-1795), d’importants travaux d’amélioration furent

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exécutés à l’intérieur. Si l’on s’en tient à ce qui est exprimé dans le plan signé par Antonio Hurtado le 8 janvier 1796 (image 7), sur lequel il explique les travaux à mettre en œuvre à l’aide d’une légende détaillée, d’une vue en plan et d’un profil, ces innovations peuvent être résumées comme suit : - Augmentation du nombre de canonnières sur la partie supérieure du Fortin. On passe alors de neuf canonnières prévues jusqu’alors sur tous les plans précédents à celui-ci qui en contient vingt, réparties de la façon suivante : trois sur le flanc nord-ouest (plus près de la rivière Arga) ; sept de chaque côté des escarpes ; une à l’angle principal des escarpes et deux sur le flanc nord-ouest (plus éloigné de la rivière Arga). - Augmentation du nombre de voûtes à l’épreuve de la bombe : on passe des deux unités qui apparaissent initialement sur un plan anonyme daté de 1727-1737 à cinq (une sur le côté nord-ouest, une au centre et trois sur le côté nord-ouest)4. Même si elles sont toutes de surfaces identiques, celle qui sert de poudrière est moins grande. - Création de rampes pour monter sur les terre-pleins en plus de la place d’accès en forme de fer à cheval. - Suppression du corps de garde antérieur qui se trouvait à l’intérieur du Fortin. - Ajout de meurtrières (ou embrasures) supérieures et inférieures destinées aux corps de fusiliers sur les deux murs faisant face à la gorge, leur fonction était de défendre la porte d’accès au Fortin en cas d’attaques5. L’augmentation du nombre de casernes est liée à l’augmentation du nombre de canonnières d’où la nécessité d’avoir, à l’intérieur, une plus forte présence en éléments d’artillerie et bien entendu en troupe. On s’attardera également sur le plan de Juan Ximénez Donoso en 1795, il projetait l’installation de contre(4) Même si deux autres casernes auraient dû être construites à flanc de la berge abrupte, Antonio Hurtado indique sur son plan de 1796 “l'une n'ayant pas été édifiée en raison de la disette de la guerre : toutes devaient servir à ce que ce poste essentiel et remarquable de par son emplacement ait le matériel nécessaire contre les soulèvements, à savoir des magasins et autres choses nécessaires à la défense”. (5) Bien qu'à l'origine sur les plans (l'un anonyme daté entre 1727 et 1737 ; l'autre de Pedro Moreau de 1731) la gorge était représentée par une multitude de hautes meurtrières tout le long des murs qui la composent, au final sur le plan de Antonio Hurtado de 1796, sont représentées celles que nous connaissons aujourd'hui : quatre meurtrières hautes et quatre basses sur chacun des murs qui se font face.

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Évolution du Fortin de Saint Bartolomé. Du projet réalisé par Jorge Próspero Verboom en 1726 (à gauche) à celui d'Antonio Hurtado daté de 1796 (à droite)

mines (image 8). On y étudiait ses possibles géométries et trajectoires non seulement sur la Place mais aussi dans la zone du Fortin. Deux de ces contremines sont effectivement installées sur ce dernier site, au niveau de la contrescarpe. Bien que ses accès ou entrées de mines fussent murés par la brigade municipale des travaux aux alentours de 1962, ils ont à nouveau été découverts aujourd’hui dans le cadre des travaux de restauration récemment achevés sur le Fortin. Du XIXème siècle à nos jours Le Fortin de San Bartolomé devait constituer le dernier grand ouvrage des défenses de Pampelune, c’est aussi un des mieux conservés actuellement par rapport à sa géométrie d’origine. La construction qui a traversé les époques jusqu’à aujourd’hui répond fidèlement aux améliorations dessinées par Antonio Hurtado (image 9).

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Image 8. Plan de la place forte de Pampelune et du projet de contre-mines accompagné du discours correspondant. Juan Ximénez Donoso. 19 février 1795. IHCM

Image 9. Photo aérienne du Fortin de San Bartolomé-Bastion de Labrit. 1921. AMP

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Fortin de San Bartolomé. A. Gª Deán. 1910ca. AMP

Paradoxalement, la place fut assiégée ou bloquée à trois reprises pendant le XIXème siècle –en 1813, à la fin de la guerre d’indépendance, en 1823 avec l’entrée des Cent Mille Fils de Saint Louis et en 1874 lors de la troisième guerre Carliste–, au moment du déclin du système de fortification bastionné. Tel ne fut pas le cas pendant la majeure partie du XVIème siècle et pendant les XVIIème et XVIIIème siècles, époque de splendeur de ce système de fortification. L’échec du système bastionné face aux tirs d’obus ou de mortier, palpable notamment lors du siège d’Anvers en 1832, venait mettre un point final à trois siècles d’efforts pour contrecarrer les avancées dans le secteur de l’artillerie. En perdant sa fonction défensive le Fortin a été laissé à l’abandon et est entré dans un processus de dégradation. Vraisemblablement, un glissement de terrain s’est produit en 1932 au niveau des berges abruptes de la rivière ce qui causa un éboulement partiel de sa courtine et du parapet. Même si aujourd’hui il ne reste aucune trace de cet éboulement sur les murs extérieurs du Fortin, les pathologies remarquées à l’intérieur pourraient venir corroborer cette théorie. Le mur de soutènement des berges abruptes tel qu’on le connaît aujourd’hui a été réalisé en 1932, puis en 1939 c’est l’aménagement du parc de Medialuna qui débuta, sur un projet dessiné par Víctor Eúsa. La première

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Fortin de San Bartolomé. 1900ca. AMP

restauration du Fortin date de 1940-1942, avec la reconstruction des éléments touchés par l’éboulement de la terre du talus. Il serait même assez logique que le mur de soutènement des berges abruptes bâti en 1932 soit destiné à stabiliser le talus afin d’éviter de nouveaux éboulements de celui-ci. Les travaux de restauration de la batterie inférieure du Fortin exécutés au cours de l’année 2010 en même temps que la restauration du Fortin ont mis en évidence les problèmes de stabilité de ce talus, les fondations de celui-ci apparaissant totalement instables. Ce fait vient renforcer cette théorie contrairement à d’autres qui pourraient établir un lien entre les écroulements et une éventuelle attaque du Fortin. L’accès au Fortin se fait par la gorge ou par la partie arrière de la défense, située à l’abri du front d’attaque, il a été maçonné. Il est protégé de part et d’autre par deux murs fins avec des meurtrières ou embrasures supérieures et inférieures destinées aux fusiliers. Bien que les meurtrières ou embrasures supérieures aient été réalisées en pierres de taille (elles composent par là-même le couronnement supérieur de la paroi), les inférieures sont en brique. La porte d’accès, à l’origine en bois et aveugle, a été modifiée au fil des ans. Elle présente à l’heure actuelle une série d’ouvertures qui permettent de deviner l’intérieur.

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Fortin de San Bartolomé. J. Cía. 1944. AMP

À l’intérieur de la défense, la place centrale en forme de fer à cheval attire l’œil par sa rampe située sur les terre-pleins (zone supérieure du Fortin) de par et d’autre de celui-ci. Sur la paroi droite du fer à cheval on observe une porte d’accès à une caserne (local avec voûte centrale à l’épreuve de la bombe construite à l’intérieur de la fortification et qui servait d’abri aux personnes et de stock de vivres et matériel) et des gargouilles en pierre à gauche et à droite de la porte. Sur sa gauche, tout près des berges abruptes, on trouve une caserne et sur sa droite, il y en a trois. Le revêtement de ces espaces était formé de grandes dalles de pierre. Sur ces cinq casernes, quatre ont des dimensions identiques (5x10 m) alors que la dernière, la plus éloignée de l’accès, qui était utilisée comme magasin à poudre, était plus réduite (2,5x8 m). Les normes imposaient d’ouvrir des aérations pour la ventilation et le pavé “afin de préserver la poudre de l’humidité” outre la porte et la fenêtre qui devaient être couvertes à l’origine

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Fortin de San Bartolomé. R. Bozano. 1950 ca. AMP

par des plaques de fer afin de se “prémunir contre les éventuels incendies”. Malgré le fait qu’on utilisait habituellement pour recouvrir le sol “un plancher, élevé d’un pied au-dessus du niveau de la terre”, dans le cas du Fortin, de grandes dalles de pierre ont été utilisées. En hauteur, les plateformes où étaient installées les pièces d’artillerie pour chaque canonnière étaient réalisées avec de grandes dalles de pierre. Sur l’escarpe la plus proche des berges et vue la pente du terre-plein, les dalles composent une forme trapézoïdale devant chaque canonnière. Étant donné que les cotes de celles-ci varient légèrement et que les canons devaient être installés sur un plan horizontal, la différence de niveau est absorbée par les différentes plateformes des pièces, celles-ci sont échelonnées. Au niveau de l’escarpe la plus éloignée de ces berges abruptes de la rivière, les dalles forment une plateforme continue. Ces plateformes sont légèrement en pente vers le parapet et les postes d’observation sont installés entre ces dernières.

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Fortin de San Bartolomé. J. Cía. 1954. AMP

C’est là que le chef de pièce se hissait pour pouvoir signaler avec exactitude l’orientation du tir. Il est néanmoins difficile de définir la logique suivie pour sa construction : le fait de mixer maçonnerie et brique sur les parapets intérieurs ne suit pas un schéma apparent mise à part la reprise des piliers en brique terminés par des pièces spéciales en pierres de taille qui forment les embouchures des canonnières et les briques posées à l’horizontale qui viennent terminer le muret entre elles. Les côtés des canonnières, également en briques, ne présentent pas un appareil identifiable, on y retrouve de façon irrégulière les boutisses ou les panneresses bien qu’à cette époque déjà il existait de nombreux traités sur l’“Art de la Maçonnerie” dans lesquels on reprenait depuis le montage d’un mur en briques jusqu’aux différents outils les plus perfectionnés. La seule constante sur les côtés des canonnières, ce sont les pièces positionnées aux extrémités de celles-ci : briques posées à galandage. On pense, à juste titre,

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que leur construction irrégulière était due au manque de moyens matériels, à l’urgence qui entoura l’exécution des modifications du Fortin et à l’époque (pendant la Guerre de la Convention). L’image que nous avons aujourd’hui de l’environnement du Fortin de San Bartolomé a peu à voir avec celle d’origine. Le développement de la ville intégra le Fortin dans le parc de la Media Luna, auquel il donne son nom et avec les années, il se retrouva cerné par diverses constructions. Son glacis est devenu un espace arboré qui a permis à cette construction singulière, d’une certaine façon, de passer inaperçue pour une majeure partie des habitants de Pampelune. Il est loin le temps où le Fortin était utilisé comme entrepôt pour les Services d’Aménagements Extérieurs de la ville, installés à la périphérie de celle-ci. Le “brèche” urbaine ouverte par la côte de Labrit avait fait en sorte que l’espace occupé par le Fortin de San Bartolomé soit à l’écart et peu accessible. Plusieurs actions sur lesquelles on a travaillé simultanément : Une passerelle reliant le deuxième agrandissement et la vieille ville, un ascenseur urbain qui permet de rapprocher la promenade fluviale et la ville, le Musée des Sanfermines ou encore le Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune qui sera hébergé dans le Fortin, autant de projets qui créent un nouvel espace clé pour la culture, le tourisme et les loisirs à Pampelune. C’est sur ce site que vous pourrez découvrir les plus beaux monuments du patrimoine architectural, du patrimoine immatériel et du patrimoine naturel –enceinte fortifiée, fêtes de San Fermín et parc fluvial– de la ville de Pampelune.

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Restauration du Fortin de San Bartolomé En vue de sa reconversion en Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune

Depuis 2005, la Mairie de Pampelune encourage un ambitieux Plan de Préservation et de Promotion de ses Fortifications, il s’oriente autour de trois axes principaux : la conservation et la restauration de l’enceinte fortifiée, la réalisation de travaux d’aménagement de son environnement (habitation, équipements, espaces publics et améliorations en termes de mobilité et d’accessibilité) ainsi que la promotion et le dynamisme de l’enceinte fortifiée afin d’en divulguer les valeurs historiques et architecturales. La réhabilitation du Fortin de San Bartolomé en tant que Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune a permis de travailler sur ces trois axes dans un seul et même espace du monument qui devient de part ailleurs un lieu de rencontre et le point de départ d’un circuit à travers la Pampelune médiévale. À la fin de l’année 2009, le Fortin se trouvait à l’abandon et envahi par la végétation. Ses pathologies étaient nombreuses mais pas très graves d’où le besoin d’intervenir immédiatement. Le respect absolu du monument a été le critère fondamental de sa restauration, on a veillé à conserver la lecture historique de l’évolution du Fortin qui se reflète dans ses appareils, matériaux et différents modes de construction. Le nettoyage des parements n’a pas été fait en profondeur, il a été réalisé avec beaucoup de précautions à la brosse et à l’eau, la saleté accumulée a été retirée en veillant à préserver la patine du temps que l’oxydation de la pierre donne au bâtiment.

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Le remplacement des matériaux n’a pas été une pratique généralisée, seuls les éléments ayant perdu leur fonctionnalité ont été remplacés, comme une gargouille mutilée, des pierres ou briques irrécupérables car fragmentées et en mauvais état. Dans tous les autres cas, on a respecté le matériau existant, avec ses fissures et ses imperfections. Les nouvelles affectations du Fortin ont obligé à adapter les casernes en halls d’expositions. Néanmoins, ce sont ces nouvelles utilisations qui se sont adaptées aux espaces existants étant donné que le hall d’exposition a été conçu avec du mobilier indépendant des murs qui l’abritent. L’éclairage tamisé, dissimulé et rasant vient renforcer le caractère des salles voûtées en soulignant sa géométrie totale. Le seul élément nouveau à avoir été introduit, pour des raisons de mobilité, est un escalier double en pierre. La pente des terre-pleins tels qu’ils existaient, trop prononcée, rendait impossible l’accès à la zone supérieure du Fortin. Un escalier confortable a été réalisé, simple, il se fond dans le bâtiment car on a utilisé le même type de pierres outre le fait que sa forme a été adaptée à la courbe des murs sur lesquels il s’appuie.

Les travaux de restauration du Fortin de San Bartolomé MURS EXTÉRIEURS La structure des murs en maçonnerie et pierres de taille qui composent le pourtour extérieur du Fortin était en bon état. On pouvait noter quelques déplacements ponctuels dus à la croissance des arbres, le jointement avait disparu en plusieurs endroits favorisant le développement de végétation et la pierre présentait un aspect noirâtre dû à l’accumulation de la pollution environnementale, au ruissellement des eaux de filtration et à la croissance en surface de mousses et lichens. L’intervention s’est limitée à un nettoyage des pans de murs et au jointement des façades, avec démontage des murs de briques qui avaient subis des déplacements pour les réinstaller à leur emplacement d’origine.

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Les courtines extérieures présentaient une accumulation importante de saleté et de mauvaises herbes, et les joints de la maçonnerie étaient en mauvais état.

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PAROIS INTÉRIEURES L’ancienne colline d’origine et centre du Fortin de San Bartolomé s’est rapidement trouvée enfermée dans ses murs. L’évolution historique de sa construction a laissé la place aux espaces intérieurs que nous connaissons aujourd’hui et qui ont été obtenus suite à la construction de murs de soutènement successifs, voûtes et réalisations de grands remblais de terre. Ces murs de soutènement étaient en bon état mais ils présentaient une forte accumulation de saleté et de petite végétation et surtout, de nombreuses calcifications conséquence du dépôt de calcaire contenu dans les ruissellements d’eau à travers ses joints. L’intervention consistait à nettoyer et jointer les parements tout en respectant en grande partie les calcifications existantes, signe évidant du temps passé depuis leur construction.

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Dans bien des cas, les canonnières étaient en ruines, avec des éboulements, des affaissements et une dégradation du matériau.

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CANONNIÈRES Les canonnières présentaient un état général plutôt mauvais. La présence d’une végétation abondante, l’absence de fondations adaptées dans de nombreux cas et les mauvaises conditions climatiques avaient entraîné un abaissement de la majeure partie des murs de briques avec d’importants établissements une dégradation des pièces en céramique surtout les briques posées à l’horizontale en couronnement. Étant donné l’état de ruine avancée dans lequel ils se trouvaient, les murs de brique ont dû être démontés dans de nombreux cas. Tous les matériaux démontés et en bon état ont été récupérés, nettoyés et stockés pour pouvoir être réutilisés. Au fur et à mesure du déroulement des travaux, on a pu se rendre compte que nombre des murs sur lesquels on était en train d’intervenir avaient déjà fait l’objet

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Dans bien des cas, les canonnières étaient en ruines, avec des éboulements, des affaissements et une dégradation du matériau.

d’une reconstruction sur d’anciens murs démontés. On a ainsi découvert et documenté les fondations des canonnières disposées sur les casernes, réalisées en demi-arcs de décharge. CONTRESCARPE ET CONTRE-MINES Pour le cas de la contrescarpe, les éléments récupérés les plus particuliers furent les contre-mines, des tunnels de défense creusés dans le terrain prêts à être continués et pour pouvoir intercepter et voler les mines, ces tunnels

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étaient creusés par l’ennemi pour pouvoir accéder au fossé. Suite à la démolition des murs qui les cachaient on a pu vérifier dans quel état ils étaient. La première contre-mine, celle située à l’angle de la contrescarpe est apparue dans un très bon état, ses dimensions, son revêtement en briques et son système de drainage étaient intacts. Dans le second cas, la contre-mine était complètement noyée sous l’eau et partiellement écroulée. Le fond de celle-ci étant bouché, il s’est avéré impossible de déterminer sa longueur totale. L’intervention fut très sommaire, un simple nettoyage et assainissement de

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La restauration de la contrescarpe a permis de rétablir l'accès aux contremines, l'un des éléments les plus singuliers.

l’intérieur des contre-mines, la reconstitution du linteau au niveau de l’entrée lequel avait disparu lors de l’obstruction des entrées de mines. La reconstruction est restée fidèle aux vestiges trouvés par ailleurs qui indiquaient clairement la configuration du trou d’origine. CASERNES Les casernes étaient des enceintes à l’épreuve de la bombe où la garnison était hébergée, on y conservait aussi la poudre, les munitions et les vivres. Chacune disposait d’une cheminée d’aération et d’une petite fenêtre audessus de la porte. Le sol était en dalles de pierre et les revêtements muraux en mortier de chaux. Son état structurel était bon mais les revêtements étaient très dégradés avec de nombreuses marques

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Les casernes ou salles voûtées blindées, présentaient des traces d'humidité, de saleté et des restes de suie, aussi bien au sol que sur les murs.

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d’humidité. Dans quelques casernes, les sols étaient très détériorés, dans d’autres ils étaient enfoncés par endroit. Les travaux de restauration revinrent essentiellement à imperméabiliser les casernes et bâtir à nouveau les revêtements de chaux. Les sols d’origine ont été respectés dans deux des casernes alors que pour les autres il a fallu les remplacer. On a utilisé pour ce faire de la pierre avec une découpe identique à celle existante afin de préserver le caractère des espaces. PAVÉS L’intérieur du Fortin était dépourvu de pavés à l’exception de la zone supérieure destinée à l’installation des canons où l’on trouvait des dalles de pierre mesurant jusqu’à 25 cm d’épaisseur. Ces pavés étaient en grande partir dissimulés sous l’accumulation de terre et mousses, les dalles étaient soulevées par endroit sous la poussée des racines ou enterrés sous l’amoncellement des terres de remblai.

Le sol de ces zones était dessiné en pente vers les canonnières pour que la gravité aide à contrecarrer le retour de tir de canons. Ceci empêchait l’évacuation correcte de l’eau qui s’accumulait donc aux niveaux les plus bas. La restauration a consisté principalement à nettoyer et jointer les pavés, à remettre en place les pièces qui avaient été déplacées et à installer un drainage permettant une évacuation correcte des eaux. Toutes les dalles qu’il a fallu soulever ont été préalablement numérotées et réinstallées à leur place d’origine. Le reste de la surface du Fortin n’a jamais été dallé. C’est la raison pour laquelle, au cours de travaux de restauration on a choisi de réaliser une dalle en galets

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À l'intérieur du Fortin, l'unique revêtement de sol se situait à l'intérieur des casernes et dans la zone correspondant à l'emplacement des canons.

visible pour répondre de façon satisfaisante aux conditions d’accessibilité aux casernes, facile à entretenir, il s’agissait de réinterpréter le caractère continu et naturel du sol d’origine en terre battue. Vue la pente excessive des rampes et pour pouvoir accéder à la partie supérieure, on a réalisé un escalier en pierre arrondi avec un palier au niveau du débarquement d’où l’on a une vue plongeante sur tout le Fortin, ce panorama permet de comprendre sa disposition dans l’espace. Les autres espaces, correspondant aux rampes et zone supérieure ont été adaptés en jardins et équipés d’un système d’arrosage.

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Autres points d’intérêt. Au cours des travaux, on a découvert une série d’éléments plutôt singuliers comme des dessins au graphite, un système d’évacuation des eaux, des méthodes de construction, etc. DESSINS AU GRAPHITE On a découvert à l’intérieur des casernes toute une série de “raies” et “traits”6. À simple vue, leur identification était difficile car ils étaient mal conservés mais en appliquant un éclairage rasant et des filtres numériques, on a pu en identifier plusieurs avec certitude. On a identifié des dessins effectués selon deux techniques distinctes : à la mine noire et par incision sur l’enduit. Il est difficile d’établir avec exactitude la chronologie exacte des dessins mais la calligraphie de certaines inscriptions laisse supposer qu’ils ont été réalisés entre la fin du XVIIIème et la première moitié du XIXème siècle. Il est surprenant qu’aucune inscription de date n’accompagne ces dessins. Il est par contre simple de leur donner un auteur7. Le personnel qui séjournait dans l’enceinte était d’origine militaire, les longues heures passées dans les casernes provoquaient l’ennui des soldats. Les très nombreuses inscriptions circulaires qui sont apparues sur quelques murs ont été réalisées par pression du canon des fusils sur le mur. La hauteur à laquelle ces inscriptions étaient appliquées indique que son auteur se trouvait assis par terre, probablement appuyé sur le mur d’en face. Il se passe plus ou moins la même chose avec de nombreux dessins qui se trouvent tout près du sol et qui ont donc été réalisés par une personne assise. Dans ce cas précis, il est impossible

(6) Pour son interprétation, nous avons pu compter sur un spécialiste en dessins au graphite en la personne de Pablo Oscáriz Gil, docteur en histoire. (7) La thématique de certains dessins, une signature qui culmine avec les mots Suld(ado) Ynf(antería) et une inscription avec le mot “Solda(do)“ confirment la paternité littéraire de personnel militaire de l'enceinte.

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d’imaginer que l’origine de ces dessins soit infantile étant données la perfection et la complexité de certaines signatures. Dans d’autres cas, les traits apparaissent plus en hauteur, entre un mètre et un mètre soixante du sol. Sur l’ensemble des dessins, on peut distinguer plusieurs paraphes ou signatures très complexes et élaborés, difficiles à lire (image 1)8, un canon sur roues en train de tirer (il se trouve au cœur d’une scène plus complexe mais (8) L'une des mieux conservées porte le nom de “Jose Antonio”. Parmi les inscriptions, on peut distinguer sur l'une d'elles le nom de “Jabier y [---]“, sur une autre, les mots ci-dessus mentionnés “[---]erte Suld(ado) Ynf(antería)“ et “W Solda(do) (Soldat)“.

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difficile à interpréter), plusieurs portraits d’oiseaux (image 2), des taureaux ou bœufs (image 3), un dessin d’un vase avec des fleurs ou une esquisse architecturale a priori de l’arche d’entrée d’une des casernes si on se fie au dessin lui-même et au nombre de douelles. On remarque aussi trois scènes de pendaisons (image 4) où l’on peut distinguer l’exécuté et son bourreau. Enfin, on distingue plusieurs dessins d’ornementation, des comptes, une croix, des numéros et des lettres isolées. ÉVACUATION DES EAUX L’enceinte comptait un WC construit au XXème siècle, il se situait dans la zone des meurtrières, plus au nord. Son démantèlement laissa à découvert un tuyau qui après avoir traversé le mur des remparts descendait le long du coteau. Sa situation coïncide avec le point le plus bas du Fortin et constitue la seule canalisation qui sort de celui-ci. Lors des travaux de restauration on a mis à profit cet emplacement stratégique pour évacuer les eaux pluviales de l’intérieur de l’enceinte.

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VENTILATION DES CASERNES Toutes les casernes disposaient d’un système d’aération par une cheminée en plusieurs morceaux. Dans toutes les casernes à l’exception de la centrale, le premier système d’aération est vertical et traverse l’épaisseur de la voûte, le second est incliné vers l’intérieur des parapets des canonnières pour terminer sur un troisième tronçon en pente descendante qui débouche sur la face intérieure du parapet. Ce système ne devait pas fonctionner très bien car on a retrouvé des cheminées alternatives en complément ou remplacement de celles décrites. Dans la caserne centrale, on a retrouvé les fondations de ce

qui semblait être une cheminée verticale, même si celle-ci comptait également un premier tronçon vertical suivi d’un plan incliné, bien que ce dernier soit peu développé. CONTREFORTS DES PANS DE REMPARTS Sur trois des casernes on peut observer au fond de robustes angles maçonnés. Ce sont les

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contreforts des pans de remparts du Fortin qui sont apparus à l’intérieur des casernes lors de la construction de celles-ci. FONDATIONS SINGULIÈRES Lorsque pour une quelconque raison, il était difficile de faire des fondations, il était alors courant de construire des arches sur lesquelles venaient s’appuyer la base des murs, ainsi il suffisait de deux points de fondations, ceux

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correspondant aux points d’appui de l’arche. On a relevé à l’intérieur du Fortin l’existence de ce type de fondations en deux points : sur la partie nord du Fortin pour la première, où après avoir creusé le sol de la caserne on a découvert une arche qui allait de contrefort en contrefort et sur laquelle venait s’appuyer le mur d’escarpe, le deuxième endroit se situe au-dessus des casernes là où les parois latérales des canonnières appuient de tout leur poids sur les arches. Dans ce dernier cas, il se peut que l’adoption de ce type de solution réponde à un besoin d’évacuer l’eau pour que celle-ci ne stagne pas au niveau de la base des murs et qu’elle puisse s’écouler librement jusqu’aux fosses. DALLES DE CHAUX Bien qu’elles soient dégradées et écroulées, on a retrouvé sur toutes les canonnières des restes de dalles de chaux, certaines étant très épaisses et confectionnées grossièrement.

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Le Fortin de San Bartolomé en tant que Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune Le Fortin de San Bartolomé, entièrement rénové, reprend définitivement vie en devenant le Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune. À chaque fois que l’on doit affecter une nouvelle fonction à un bâtiment historique, il convient

de trouver le juste équilibre entre ce qui existe et ce qu’on ajoute. Dans le cas du Fortin, on a veillé à minimiser l’impact de tout ce qui a été apporté, on a évité de construire des parements ou de nouvelles enceintes tout en limitant l’espace occupé aux seules casernes. Dans l’esprit du nouveau Centre d’Interprétation, on veille à favoriser le dialogue avec les espaces où celui-ci est implanté, les visiteurs ont également accès à des contenus qui lui permettent de comprendre le Fortin et l’enceinte fortifiée de Pampelune dans leur globalité. Tout cela non seulement du point de vue architectural et historique mais aussi du point de vue immatériel. Les remparts ont marqué et conditionné la vie de Pampelune, ils ont laissé une empreinte indélébile dans ses rues et sur ses habitants. Ils continuent d’exercer ce pouvoir encore aujourd’hui même si la perspective a radicalement changé. Leur caractère militaire a peu à peu fondu pour devenir aujourd’hui un espace de loisirs, de détente et d’échanges. Des contenus adaptés en fonction du profil de chaque visiteur ont été mis au point (âges, origines et intérêts), on a associé différents supports comme des panneaux, moyens audiovisuels et éléments interactifs qui permettent d’avoir différentes approches et d’approfondir la matière en fonction de l’intérêt de chacun. Le contenu de l’exposition est séparé en différents thèmes, un par espace :

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L’ÉVOLUTION DES REMPARTS DE PAMPELUNE La caserne principale, en face de l’entrée, point de départ de la visite. En empruntant le circuit historique de l’enceinte fortifiée de Pampelune, on remarquera son origine romane et on détaillera son évolution depuis les remparts médiévaux des XIVème-XVème siècle, jusqu’aux fortifications

Reconstruction par ordinateur de l'enceinte fortifiée. XVème siècle

Reconstruction par ordinateur de l'enceinte fortifiée. XVIème siècle

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Reconstruction par ordinateur de l'enceinte fortifiée. XVIIème siècle

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bastionnées qui ont traversé le temps jusqu’à notre époque. Le parallèle est palpable entre le développement de la ville et l’évolution des remparts.

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Reconstruction par ordinateur de la cathédrale Santa María de Pampelune (origine romane)

Reconstruction par ordinateur de l'église de San Cernin (XVème siècle)

ÉVOLUTION DES STRATÉGIES DE DÉFENSE En raison de l’évolution permanente de l’armement, au calibre toujours plus important et plus précis, les lignes de défense des forteresses ont dû

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Reconstitution d'une section de la citadelle et de ses structures défensives.

parallèlement être redessinées non seulement du point de vue géométrique mais aussi par rapport à la construction. Cet espace est consacré à une étude comparée entre l’armement disponible à chaque époque et le type de défense conçue pour le contrer. Le cas précis de Pampelune est expliqué avec une analyse détaillée de l’évolution depuis les remparts du XVème siècle jusqu’aux éléments qui composent les fortifications bastionnées que nous pouvons admirer aujourd’hui.

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L’ASPECT HUMAIN DES REMPARTS Les villes fortifiées abritaient et conditionnaient la vie de centaines de personnes, avec le temps leur état d’esprit a évolué, de protégées, elles se senties opprimées par ces murs de défense devenus obsolètes. L’importance militaire et stratégique de Pampelune, son caractère de place forte sont autant de facteurs qui ont exercé une influence significative sur la population de la ville, ses métiers, coutumes et modes de vie. Ce fut également un facteur

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Image d'un poste de garde du XIXème siècle, un des cinq personnages d'époque que l'on peut voir dans la caserne sur “L’aspect humain des remparts”.

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déterminant de son développement urbain, un point commun qu’elle partage avec d’autres villes, néanmoins dans le cas de Pampelune, cet élément a exceptionnellement perduré jusqu’en 1915, année où les remparts ont commencé à être abattus. Cette caserne est la scène d’un parcours à travers les principales réalités sociales qui ont marqué chaque siècle avec mise en scène théâtrale de cinq personnages d’époque : Le poète de Toulouse Guillaume de Annelier, témoin et narrateur de la guerre entre les trois bourgs au XIIIème siècle ; un soldat d’infanterie du XVIIème siècle qui a connu la décadence de l’empire espagnol ; la gardienne des portes plus là pour percevoir des droits que pour défendre les murs ; le maire de Pampelune de 1913 à 1916, Don Alfonso de Gatzelu y Maritorena, spectateur privilégié des premières scènes de démolition des remparts ; enfin un personnage actuel, représentant de la réconciliation et du renouveau des relations entre les habitants de Pampelune et les remparts de leur ville. PAMPELUNE DANS LE MONDE Pour arriver à apprécier avec justice l’importance d’une forteresse, il est nécessaire de resituer dans le contexte de son époque et de la comparer avec d’autres forteresses. Pampelune était devenue une forteresse bastionnée de premier plan. Sa citadelle pentagonale est la plus ancienne d’Espagne ce qui signifie qu’à l’époque de sa construction, sous Philippe II, elle était la plus moderne et la plus sophistiquée des fortifications de défense existantes. Les meilleurs ingénieurs et constructeurs européens de l’époque s’étaient rendus à Pampelune pour prendre en charge les travaux de construction et d’amélioration des défenses de la ville. D’autre part, l’œuvre édifiée à Pampelune s’est avérée être un creuset de connaissances poliorcétiques, théoriques et pratiques issues des trois écoles européennes en matière de fortifications : flamande, italienne et française. L’ensemble de Pampelune est le plus bel exemple encore visible aujourd’hui du génie militaire ayant évolué du système de défense médiéval à la modernité de la Renaissance.

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Bibliographie ECHARRI, V. (2000) Las murallas y la ciudadela de Pamplona [Les remparts et la citadelle de Pampelune]. Pampelune. Gobierno de Navarra. MADRAZO, P. (1986) España. Sus monumentos y arte. Su naturaleza e historia. Navarra y Logroño, tomos I y II. [Espagne. Ses monuments et son art. Sa Nature et son histoire. Navarre et Logroño, Tomes I et II]. Barcelone. Cortezo. MARTINENA, J.J. (2003) Historias del viejo Pamplona. [Histoire du vieux Pampelune] Pampelune. Ayuntamiento de Pamplona. QUINTANILLA, V et TORRES, J. (2006) Plan de actuación Fortificaciones de Pamplona. [Plan d’Intervention Remparts de Pampelune] Pampelune. Ayuntamiento de Pamplona. ZAPATERO, J.M. (1983) El Real Felipe del Callao, Primer castillo de la “Mar del Sur”. [Real Felipe del Callao. Premier château des “Mers du Sud”] Madrid.

Fonds consultés Archivo General de Simancas (AGS) [Archives Générales de Simancas]. Archivo Municipal de Pamplona (AMP) [Archives Municipales de Pampelune]. Instituto de Historia y Cultura Militar [Institut d’Histoire et de Culture Militaire]. Madrid (IHCM). Servicio Geográfico del Ejército (SGE) [Services Géographiques des Armées].

Fiche technique Promoteur : Direction de projet :

Mairie de Pampelune José Vicente Valdenebro García, José Ignacio Alfonso Pezonaga, Marta Monreal Vidal et Miguel Monreal Vidal

Projet de restauration :

José Ignacio Alfonso Pezonaga, Marta Monreal Vidal et Miguel Monreal Vidal Lidia Martínez Zancajo Proyectos y Promoción de Ingeniería S.L.

Hygiène et Sécurité : Installations : Construction et développement de contenus :

Construcciones Aranguren, Construcciones Leache et Construcciones Zubillaga [UTE Fortin de San Bartolomé ALZ] Víctor Echarri Iribarren

Directeur des contenus : Coordinateur des contenus historiques : Juan José Martinena Ruiz Conseiller historique : Luis Eduardo Oslé Guerendiain Développement des contenus : Código Alfa Soluciones S.L. José Luis Los Arcos Sanz, Javier Olmedo Cruz, Alberto Guinea Bel Isabel Elizalde Arretxea, Ignacio Olivera Martínez, Idoia Poza Undiano, Eduardo Sáiz Múgica Patricia Martiartu Fernández, Raquel Domench Vidal Pedro Gurpegui Nausia, María Lusarreta Baztán Lidia Gómez Sada Collaborateurs : Fernando Hualde Gállego, Luis Esquíroz Medina Investissement : Partenariat :

1.925.000 € Gobierno de España – FEILES

Coordination et suivi :

José Javier López Rodríguez, José Vicente Valdenebro García, Enrique Maya Miranda, Silvia Azpilicueta Rodríguez Valdés, Teresa Lasheras Balduz

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Fortin de San Bartolomé Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune Situé en plein centre de Pampelune, après avoir été rénové en 2010, il accueille aujourd’hui le Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune. C’est aussi le point de départ d’un circuit complet à travers les remparts de Pampelune, la cité-fortifiée. Sa construction remonte au XVIIIème siècle, il a été bâti en plusieurs étapes avec des améliorations successives pour finalement s’imposer comme base de la fortification principale. La colline sur laquelle il est situé constituait un point faible, propice aux attaques ennemies. Le relief du terrain cachait l’avancée

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ennemie permettant à celle-ci d’atteindre le pied des remparts principaux. Le Fortin, en venant occuper le haut de la colline, supprimait de fait ce point faible, il renforçait la défense intérieure et offrait un panorama sur la campagne que pouvait guetter l’ennemi. Le Fortin de San Bartolomé, avec le Fortin du Príncipe et celui de San Roque, formaient l’ensemble des trois forts principaux situés à une certaine distance des remparts de la place comme l’avait proposé le Marquis de Verboom dans sont projet de 1726, l’objectif étant alors de renforcer les remparts de l’époque. Malgré tout, celui de San Bartolomé est le seul à avoir été intégralement préservé. Il constitua par ailleurs la dernière ligne de défense à avoir été achevée à Pampelune.

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Ascenseur du Parc de la Media Luna – Parc Fluvial de l’Arga Le site choisi pour installer l’ascenseur en 2010 offre au visiteur un panorama d’exception et un cadre privilégié sur le Fortin de San Bartolomé. Ce nouvel élément permet en étant tout près du Fortin de connecter la Vieille ville et son Deuxième agrandissement avec le Parc Fluvial de l’Arga et les autres quartiers de la périphérie (Chantrea et Magdalena). Pour faire face au dénivelé important, 21 mètres, et au fort décalage horizontal entre les points de départ et d’arrivée, on a utilisé une tour indépendante qui rejoint l’accès par une passerelle préservant le mur existant. Le volume de l’ascenseur et la passerelle d’accès obéissent à une solution structurelle identique pour les deux cas, écrans et poutre à caisson en acier corten, l’ensemble du projet offre donc une ligne continue.

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Passerelle du Labrit Au rang des prestations visant à améliorer la mobilité à l’initiative de la Mairie de Pampelune cette passerelle pour piétons a été mise en service fin 2010 pour faciliter la communication entre la Vieille Ville et le Deuxième agrandissement de la ville. Cette nouvelle structure offre une meilleure continuité à la promenade dans les remparts, elle permet en effet de franchir l’ouverture générée par la côte de Labrit – un des accès importants de la ville – et rejoint le Fortin de San Bartolomé par le chemin de ronde de l’ensemble fortifié. Il s’agit d’une structure simple en acier corten en forme de “Y”, elle présente un certain caractère sculptural et mesure plus de 70 mètres de long. Grâce à cette intervention, le périmètre de l’enceinte fortifiée, près de cinq kilomètres, a été rendu accessible.

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Bastion de Labrit Érigé vers 1540, il prend à ses débuts le nom de Tour du Moulin de Caparroso ou Bastion de Caparroso ; devenu plus tard bastion de la Merced ou de Labrit, c’est à partir de 1669 qu’il est désigné de façon générale comme bastion de Labrit. C’est un des plus vieux éléments des fortifications toujours conservés aujourd’hui. C’est sur un de ses flancs que venait s’appuyer la face de la Tejería aujourd’hui disparue, dont l’accès, réduit de hauteur, est conservé tout près du fronton Jito-Alai. De la plateforme qui entourait sa base, seule une partie a été préservée, en effet lors des travaux d’élargissement de la route de la Chantrea, en 1960, une de ses façades a disparu.

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Chemin de ronde de l’évêque Barbazán. Front de Magdalena Situé entre deux bastions, ceux de Labrit et du Redín, cette courtine de muraille et son chemin de ronde dont le nom a été donné en hommage à l’évêque Barbazán, protègent la zone la plus sacrée de la ville : le Palais de l’Archevêché, la Chapelle Barbazana, le cloître et la nef de la Cathédrale Santa María. Sur ce tronçon de muraille, la paroi ne dispose pas de canonnières et des échauguettes typiques du milieu du XVIIIème siècle ont été conservées. Cette partie n’a pas été équipée d’un fossé car l’escarpement naturel du terrain et la proximité du fleuve Arga constituaient une protection suffisante. Ouvert au public en 1960, son état actuel est dû à une restauration récente qui a permis d’ouvrir un espace de promenade au cœur des plus beaux quartiers de la ville et avec le plus beau panorama sur l’environnement.

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Cathédrale Santa María la Real Sa construction remonte aux XIVème et XVème siècles, elle fut bâtie sur les restes d’un ancien temple roman et plus ancien encore, de la Pompaelo romane. C’était également là le point le plus important de la capitale médiévale de Navarre. Derrière sa façade néoclassique se cache un temple gothique sobre. C’est une des cathédrales les plus complètes au monde en raison de la présence de chanoines qui y séjournèrent jusqu’au XIXème siècle. La majorité de ses dépendances (cuisine, chambres, réfectoire, bibliothèque…) ayant été conservée il est très facile de comprendre le fonctionnement d’un temple médiéval. En face du presbytère, se trouve le tombeau dans lequel reposent le roi Charles III, artisan de l’union de la ville en 1423, et son épouse Leonor de Trastamara. Ce site est considéré comme un des plus importants ensembles sculpturaux de Navarre. 28 sculptures à l’effigie de nobles ou de membres du haut-clergé entourent les dépouilles des monarques. Sous le tombeau, une crypte inaccessible enferme les dépouilles des rois et des princes enterrés dans la cathédrale. La Chapelle Barbazana, en hommage à l’évêque du même nom (1319-1355) est présidée par la Vierge del Consuelo, une sculpture sur pierre polychrome d’une valeur exceptionnelle. Son Cloître, le joyau de l’ensemble, est une œuvre gothique parmi les plus importantes au monde. Sa construction s’est déroulée de 1286 à 1472, on trouve en Europe peu de cloîtres de cette catégorie.

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Bastion du Redín Construit autour de l’an 1540 il est, avec celui de Labrit, le bastion le plus ancien de l’enceinte fortifiée. Il occupait plus ou moins l’emplacement de l’ancienne tour médiévale de la Tesorería. Il a eu plusieurs appellations, Tour de la Tesorería, Grande tour de la Moneda et Bastion de la Magdalena. Depuis le XVIIIème siècle, on ne lui connaît plus qu’un seul nom : bastion du Redín. Récemment restauré c’est le point le plus élevé de l’enceinte fortifiée, il est donc devenu, de toute la ville fortifiée, le meilleur point de vue sur l’Arga.

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Bastion inférieur de Nuestra Señora de Guadalupe Ses origines remontent au milieu du XVIIIème siècle lorsqu’on est venu adjoindre au bastion du Redín, un autre bastion en contrebas afin d’améliorer sa capacité de défense : Le bastion de Nuestra Señora de Guadalupe. Même si cette structure de défense a été bâtie en appliquant les nouvelles techniques de l’art d’attaquer et de défendre les places fortes (également désigné par poliorcétique) enseignées par le célèbre ingénieur Vauban, l’ensemble composé par les deux bastions s’avère vraiment harmonieux malgré les deux siècles séparant les deux constructions. La fortification bastionnée et l’évolution des avancées du génie militaire que l’on retrouve dans ces deux constructions sont comme un trait d’union entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Ce dernier bastion a fait l’objet d’une restauration en 2007.

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Ravelin des Reyes Le ravelin des Reyes remonte au XVIIIème siècle, période où est apparu le besoin d’améliorer les défenses du Front de Francia en s’appuyant sur de nouvelles techniques militaires mises au point par le célèbre ingénieur Vauban. Il a été conçu pour venir soutenir la ligne de défense des bastions du Redín et de l’Abrevedor, c’est la raison pour laquelle il a été positionné entre les deux bastions inférieurs (celui du Pilar et celui de Nuestra Señora de Guadalupe) alors en construction. Ceci expliquant pourquoi il obéit aux mêmes normes de construction. Sa restauration a été achevée en 2007.

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Porte de Francia ou Zumalacárregui Construite par le Vice-roi d’Alburquenque en 1553, elle donne sur l’extrémité de la rue del Carmen, anciennement Rue des Peregrinos. Elle conserve une magnifique pierre héraldique renaissance portant le blason impérial de Charles Quint et une inscription qui fait référence au nom de son constructeur. Ont été préservées les guides dans lesquelles descendaient autrefois la herse en fer qui venait fermer la porte au moment du couvre-feu. En 1937, la porte fut officiellement rebaptisée Porte de Zumalacárregui, en hommage à ce courageux général basque, alors qu’il vivait dans la rue del Carmen, un matin de 1833, il est sorti par cette porte pour prendre la tête de l’armée carliste au commandement de laquelle il remporta d’importantes victoires. La porte extérieure, datée de 1753, arbore sur son frontispice le blason simplifié d’Espagne avec les armes de Castille et León ainsi que l’écusson central présentant les fleurs de lys des Bourbons et c’est sans compter les blasons des royaumes de Navarre et Aragon, composition héraldique comparable à celle existante sur la Porte del Socorro de la Citadelle. C’est ici que l’on peut admirer le seul pont-levis en fonctionnement de la ville, après la toute récente rénovation de la porte. Depuis 2008, chaque année à l’occasion des fêtes de fin d’année, la foule vient se masser autour, celui-ci est actionné pour permettre le passage de la cavalcade des Rois Mages. Sur les six portes qui s’ouvraient sur la ville fortifiée, c’est la seule à avoir été intégralement remplacée. Elle se situe sur le Chemin de Saint Jacques lequel traverse le parc de la Tejería avant d’atteindre cette porte.

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Bastion inférieur du Pilar Bâti au milieu du XVIIIème siècle pour être restauré en 2003, le bastion inférieur du Pilar est comparable de par son aspect et ses caractéristiques au bastion inférieur de Nuestra Señora de Guadalupe. Dans ce cas précis néanmoins, il entoure le bastion de l’Abrevador (XVIème siècle). L’objectif de ce dernier était d’améliorer la capacité de défense du bastion qu’il cernait. Même si cette structure de défense a été bâtie en appliquant les nouvelles techniques de l’art d’attaquer et de défendre les places fortes (également désigné par poliorcétique) enseignées par le célèbre ingénieur Vauban, l’ensemble composé par les deux bastions s’avère vraiment harmonieux malgré les deux siècles séparant les deux constructions. La fortification bastionnée et l’évolution des avancées du génie militaire que l’on retrouve dans ces deux constructions sont comme un trait d’union entre le XVIème et le XVIIIème siècle.

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Bastion de l’Abrevador Tout près de la Porte de Francia, on trouve le petit bastion de l’Abrevador. Sa construction remonte au XVIème siècle. Sa restauration est toute récente, pour y accéder on emprunte les escaliers qui jouxtent la porte de Francia.

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Archives Générales de Navarre [ancien Palais Royal] Le bâtiment de la Capitanía, ancien palais dont les origines remontent au XIIème siècle, a été rénové en 2003 et transformé en siège des Archives Générales de Navarre. L’utilisation faite de ce bâtiment a évolué avec le temps en fonction des besoins du moment. Ainsi, au Moyen-Âge il a servi de résidence pour les évêques de Pampelune et aux monarques exclusifs du nouveau royaume. Vers l’an 1530, il est devenu la résidence des Vice-rois et à partir de 1841, ce furent les maréchaux. Ce n’est que plus tard qu’il abrita dans ses dépendances l’État-Major. Le projet de réhabilitation est le fruit de l’architecte navarrais Rafael Moneo, il comprend deux parties bien distinctes : D’une part il s’agit de récupérer la partie de l’ancien bâtiment d’origine médiévale, zone actuellement occupée par l’espace consultation et accueil du public. Le projet comprend parallèlement, la construction d’un bâtiment moderne, suffisamment vaste pour pouvoir y installer le fonds documentaire. Le bâtiment est équipé des moyens technologiques de classement, consultation et surveillance du fonds documentaire de Navarre. Il a une capacité de stockage de 44.000 mètres linéaires d’étagères, on y trouve

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des salles de lecture et de consultation, un grand atelier de restauration pouvant faire face aux besoins de toutes les archives publiques et privées de Navarre, des laboratoires photo et microfilms, une salle de conférence, une bibliothèque spécialisée et des bureaux. Ce bâtiment conserve quelques éléments de la toute première construction gothique, on trouve justement sur un de ses

sommets une nouvelle tour sur douze étages dont trois sont situés en sous-sol. Tout près de ce bâtiment, lors de travaux d’urbanisme, une ancienne glacière a été récupérée.

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Mairie La Mairie ou Hôtel de Ville est le siège du Conseil municipal et l’icône du lancement des fêtes de San Fermín. Si elle se situe dans la Vieille ville, ce n’est évidemment pas un hasard. Jusqu’en 1423, Pampelune était formée par trois bourgs indépendants les uns des autres : Navarrería, San Cernin et San Nicolás. C’est alors que le roi Charles III décida de les réunir en une seule ville dotée d’un seul et même hôtel de ville. On décida alors de construire à l’endroit même où se croisaient les frontières des trois bourgs, le premier Hôtel de Ville symbole d’union et de paix entre eux. À compter de ce jour le siège de la mairie de la ville ne devait plus bouger de là même si son aspect extérieur lui, a évolué. Ce premier Hôtel de Ville a été démoli en 1752 après avoir été déclaré en état de ruine. Huit ans plus tard, le nouveau bâtiment était inauguré sur ce même site. De celui-ci, seule la façade a été conservée. En 1951, tout le reste fut détruit pour bâtir les actuelles dépendances.

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Bastion de Parma Ce bastion est devenu le point d’articulation entre les fronts de Francia et de la Rochapea. À l’origine, cet espace était occupé par un ravin qui séparait la Navarrería du bourg de San Cernin. Lors de l’unification des trois bourgs (Navarrería, San Cernin et San Nicolás) sur disposition du Privilège de l’Union promulgué par Charles III en 1423, on commença à le remblayer et à construire des remparts communs. Cet espace, occupé par les Vergers de Santo Domingo, est aujourd’hui flanqué par les Archives Générales de Navarre (ancien Palais

Royal), la Direction de l’Enseignement du Gouvernement de Navarre (ancien Hôpital Militaire) et enfin par le Musée de Navarre. Ce site sera prochainement mis en chantier pour l’adapter et l’aménager parallèlement à la restauration du Bastion de Parma, après quoi un bâtiment semi-enterré sera construit dans la lignée de l’ancien tracé, il abritera un parking souterrain et un centre omnisport. Le chantier comprend l’installation de deux ascenseurs urbains situés à proximité des places du musée et des archives, non seulement ils desserviront les nouveaux équipements mais ils pourront également être utilisés par tout un chacun pour accéder au niveau du nouvel espace public.

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Front de la Rochapea et chemin de ronde Sa rénovation est récente, cet ensemble englobe le tronçon des remparts et le chemin qui les entoure entre la Porte de Rochapea et le Portal Nuevo. L’ancien chemin de ronde a été ouvert au public dans les années 1960 à l’exception du tronçon situé dos au Musée de Navarre qui n’a été aménagé que récemment, il est donc désormais possible de circuler sur tout le parcours. Face au risque sérieux que les fondations du mur avaient de tomber en ruine, la Mairie a effectué en 1977 des travaux de consolidation d’une certaine importance. Sa position correspond à ce qu’étaient les remparts médiévaux du bourg de San Cernin, on peut donc s’attendre à ce qu’il y ait encore à l’intérieur des vestiges de ces remparts.

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Ascenseur de Descalzos Inauguré en 2008, le bâtiment “Ascenseur de Descalzos” permet d’accéder à partir des vieux quartiers de Pampelune aux remparts, sur le chemin de ronde, l’ascenseur se situe au niveau de la côte de Curtidores dans le quartier de la Rochapea, il permet de franchir un dénivelé d’environ 30 mètres. Le bâtiment abrite deux ascenseurs qui fonctionnent comme des funiculaires et permettent de relier les deux niveaux, au niveau du chemin de ronde il accueille aussi le couloir et la salle d’arrivée dans un espace à hauteur double, un hall d’exposition au second étage et un restaurant bar au troisième. Lorsqu’on y accède depuis la Rochapea, l’usager est accueilli sous une marquise en béton armé. Après travaux, la partie des remparts concernée a été reconstruite laissant l’espace réservé à l’ascenseur, incliné, sous le talus végétal.

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Portal Nuevo (Porte Neuve) Ses origines remontent à 1675, alors que le Comte de Fuensalida était Vice-roi, la porte ancienne fut construite au même endroit, elle a été restaurée en 2009. Après le bombardement absolutiste de 1823, la porte fut probablement reconstruite mais dans un style plus proche d’une poterne, elle est la moins artistique des six portes que comptait la ville.

En 1906, l’ancienne porte a été démolie pour élargir l’entrée de la route de Guipuzcoa, cette même année une passerelle en fer a été installée à sa place, dans un but purement fonctionnel, pour faciliter le passage et la ronde des sentinelles sur le front de la Rochapea et le bastion de Gonzaga. La passerelle est restée en place jusqu’en 1949. En 1950, l’architecte Víctor Eusa a élaboré le projet et construit le Portal Nuevo selon sa physionomie actuelle dont l’architecture n’a aucun rapport avec celle des remparts adjacents.

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Bastion de Gonzaga La construction de la Citadelle a entraîné la réalisation de quatre nouveaux bastions à l’italienne qui venaient compléter la nouvelle ligne de défense en la reliant avec la place (on parle ici des bastions de Gonzaga et de la Taconera qui sont toujours là aujourd’hui mais aussi de ceux de San Nicolás et de la Reina qui ont été démolis entre 1915 et 1920). Le bastion de Gonzaga devenu un excellent

point de vue sur le fleuve Arga, le nord de Pampelune et sa région, sa structure est plutôt atypique et complexe, sans doute suite aux rénovations effectuées aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il a été radicalement modifié en 1925 afin d’agrandir les jardins du mirador et d’améliorer la communication entre la Taconera et le quartier de Larraina : le fossé a été bouché et les murs ont été partiellement abattus pour être reconstruits à l’extérieur. À l’origine, les remparts rejoignaient à la perpendiculaire l’ancien mirador. Sa rénovation récente a restitué les courtines des remparts dans l’état où ils étaient à leur meilleure époque.

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Ravelin de San Roque Également appelé “Medialuna de Gonzaga”, sa construction s’est étalée de 1675 à 1700, période où régnait Charles II, son objectif était de constituer une défense extérieure à la citadelle. Situé dans les Jardins de la Taconera, on peut voir sur une de ses façades le blason avec les armes du Vice-roi Pignatelli, marquis de San Vicente, poste auquel il a été nommé en 1699. Son nom provient en fait d’un fort construit aux alentours de l’année 1730, dont l’existence fut plutôt éphémère et dont l’emplacement serait plus ou moins

aujourd’hui celui de la piscine militaire, d’une partie de Larraina et de périphérique. Restauré en 2009, il accueille aujourd’hui chaque nuit les cerfs qui viennent là pour se reposer et se tenir à l’écart des autres animaux du petit parc zoologique installé dans les fossés de la Taconera.

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Porte de San Nicolás Après la construction de la Citadelle, la nouvelle ligne de défense comprenait les bastions de Gonzaga, Taconera, San Nicolás et de la Reina, ces deux derniers ont été démolis vers 1920 lors du projet du Deuxième Agrandissement de Pampelune. En même temps que ces nouveaux bastions, ce sont quatre nouvelles portes qui ont dû être ouvertes, entre autres celle de San Nicolás, construite en 1666. Elle est une des six portes à avoir été ouvertes sur l’enceinte fortifiée. Dans un premier temps elle était adossée à l’église de San Ignacio, à l’endroit même occupé aujourd’hui par

les cinémas Carlos III, son arche a été abattue en 1907 puis la porte a été transférée en 1929 dans les jardins de la Taconera. La façade baroque de la porte San Nicolás permet aujourd’hui d’accéder aux jardins de la Taconera en passant par le Bosquecillo. Une pierre portant l’inscription qui suit se trouve sur la porte juste endessous du blason arborant les armes royales de la Maison d’Autriche : SOUS LE RÈGNE DE CHARLES II, SA MÈRE, LA REINE, ASSURANT LA RÉGENCE ÉTANT VICE-ROI ET CAPITAINE GÉNÉRAL DE CE ROYAUME ET DE GUIPUZCOA GVIPUZCOA DON FRco TVTAVILA, DUC DE SAN GERMAN. AN 1666

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Bastion de la Taconera C’est un des quatre nouveaux bastions à l’italienne (celui de Gonzaga, celui de la Taconera, ceux de San Nicolás et de la Reina, ces deux derniers ayant été démolis vers 1920 lors du Deuxième Agrandissement de Pampelune) qui venaient alors compléter la nouvelle ligne de défense créée après la construction de la Citadelle. Que ce soit celui de la Taconera ou celui de la Reina, tous deux avaient le même plan et la même structure. Selon toutes apparences, pour le premier cas, le revêtement en pierre avait été achevé en 1665. Dans les premières années du XXème siècle, le bastion perdit son ancien couronnement fait de canonnières. À sa place, on éleva un parapet en pierre davantage en conformité avec la fonction de promenade qu’a revêtu par la suite l’ancien chemin de ronde. Sa rénovation récente a permis de restituer les courtines des remparts dans l’état où ils étaient à leur meilleure époque.

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Porte de la Taconera Après la construction de la Citadelle, la nouvelle ligne de défense comprenait quatre nouveaux bastions à l’italienne : celui de Gonzaga, celui de la Taconera et ceux de San Nicolás et de la Reina, ces deux derniers ayant été démolis vers 1920 lors du Deuxième Agrandissement de Pampelune. Avec ces nouveaux bastions, quatre nouvelles portes ont été ouvertes dont celle de la Taconera, érigée en 1666. C’est une des six portes ouvertes dans l’enceinte fortifiée et qui permettaient au chemin d’Estella d’entrer dans la ville par les rues actuelles Navas de Tolosa et du Bosquecillo. Une pierre portant l’inscription qui suit se trouve sur la porte juste en-dessous du blason arborant les armes royales de la Maison d’Autriche : SOUS LE RÈGNE DE CHARLES II, SA MÈRE, LA REINE, ASSURANT LA RÉGENCE ÉTANT VICE-ROI ET CAPITAINE GÉNÉRAL DE CE ROYAUME ET DE GUIPUZCOA GVIPUZCOA DON FRco TVTAVILA, DUC DE SAN GERMAN. AN 1666. Démontée en 1906 pour ouvrir un passage plus large et confortable sur Pampelune en venant d’Estella, elle fut reconstruite en 2002 tout près de là où elle se trouvait à l’époque, entre le Bosquecillo et la patinoire du parc d’Antoniutti. Les piliers en pierre du pont de l’ancienne porte sont aujourd’hui encore préservés, ils sont enfouis dans le remblais sous le large pont qui relie les rues Bosquecillo et Navas de Tolosa avec l’entrée des avenues Bayona et Pío XII. De la même façon, une lunette du XVIIème siècle qui servait à défendre la porte de la Taconera est enterrée sous le parc d’Antoniutti et la patinoire voisine.

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24. Bastion de la Victoria 25. Bastion de Santiago 29. Ravelin de Santa Ana

30. Ravelin de Santa Isabel 33. Porte du Socorro

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27. Bastion et cavalier Royal

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Citadelle de Pampelune

32. Ravelin de Santa Lucía 28. Bastion de San Antón

26. Bastion de Santa María 31. Ravelin de Santa Clara

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24. 25. 26. 27. 28 Bastions de la Victoria, de Santiago, de Santa María, bastion et cavalier Royal et bastion de San Antón La Citadelle de Pampelune est devenue la première référence urbaine de la ville. Elle est un des meilleurs exemples de l’architecture militaire de la Renaissance espagnole et un des plus remarquables ensembles de défense d’Europe. Ses parcs intérieurs et la Vuelta del Castillo, la ceinture qui l’entoure, sont considérés comme le poumon de Pampelune. Autrefois vouée à des fonctions militaires et à défendre la ville, elle est aujourd’hui devenue un espace de loisirs, de culture et des sports ouvert à tous les habitants de Pampelune. Sa construction, lancée à l’époque de Philippe II – en 1571 – selon les plans de l’ingénieur militaire Giacomo Paleano, dit le Fratín, intégrait les avancées des techniques guerrières qui obligeaient à se défendre des canons d’une plus longue portée que ceux utilisés jusqu’alors et qui avaient relégué au rang des antiquités le château de Ferdinand le Catholique. Dans ce cadre, Palearo, assisté par le Vice-roi de Navarre, Vespasiano Gonzaga, planifia un ensemble de défense comparable à la très moderne Citadelle d’Anvers : un pentagone régulier avec cinq bastions, un à chaque angle : San Felipe el Real, Santa María, Santiago, San Antón et la Victoria. Ces deux derniers ont été démolis en 1888 pour permettre le Premier Agrandissement de la ville, même s’il est toujours possible d’observer quelques vestiges du bastion de San Antón dans l’auditorium de Pampelune. La Citadelle a été considérée comme achevée en 1646, c’est cette même année que Philippe IV choisit de venir la visiter. Lors de la commémoration de fin de chantier et de la visite royale, les blasons du monarque, le Comte d’Oropesa furent installés sur la porte principale ouverte sur l’avenue de l’Ejército. À l’intérieur, une véritable ville. À l’intérieur de son enceinte, on pouvait trouver une série de constructions militaires qui formaient un petit village avec des ruelles disposées en étoile qui confluaient vers la place centrale ou place d’armes. En 1969, alors que la citadelle n’appartenait plus à l’armée depuis le 23 juillet 1966, un plan de démolition des bâtiments situés à l’intérieur et qui ne présentaient pas de “valeur architecturale” fut approuvé.

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Furent préservés la Poudrière, la Salle d’Armes, le Four et le Pabellón de Mixtos (ancien magasin de vivres et cave). Cette construction moderne a prouvé son efficacité, en effet celle-ci n’a jamais été prise par les armes. Elle ne fut soumise qu’une fois. C’était au cours de l’hiver 1808, lorsque sous couvert du traité de Fontainebleau, les troupes françaises s’installèrent à l’extérieur de la ville après que le Vice-roi, le Marquis de Vallesantoro eut refusé de les héberger à l’intérieur de l’enceinte militaire. Le 16 février, après une forte chute de neige, les Français commencèrent à lancer des boules de neige sur les Navarrais qui surveillaient la Citadelle, ceux-ci, pris par le jeu, oublièrent leurs obligations et se retrouvèrent très vite cernés et désarmés par les troupes étrangères. Quelque temps plus tard, la guerre d’Indépendance démarrait en Espagne.

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29. 30. 31. 32 Ravelins de Santa Ana, Santa Isabel, Santa Clara et Santa Lucía Sous la vice-royauté du Comte d’Oropesa, des ravelins ou demi-lunes furent ajoutés, on les connaît sous différents noms (Santa Teresa, Santa Ana, Santa Isabel, Santa Clara et Santa Lucía). Vers le milieu du XVIIème siècle, les défenses extérieures de la Citadelle consistaient en de petites lunettes de terre, non recouvertes de pierre et quasiment écroulées sous l’effet des précipitations. Dans cet objectif, à l’époque du Vice-roi Benavides, de nouvelles contre-gardes ont été construites avec leurs ravelins côté campagne pour répondre aux systèmes militaires de défense créés par le célèbre ingénieur Vauban. On remarquera entre autres, les ravelins de Santa Isabel et Santa Clara, tous deux ayant un mur sur lequel apparaît un blason portant les armes du Vice-roi avec une inscription permettant de situer la construction du ravelin et le vice-roi alors en fonction, en 1685. On peut y lire : SOUS LE RÈGNE DE CHARLES II DE CASTILLE ET V DE NAVARRE VICE-ROI ET CAPITAINE GÉNÉRAL DE CE ROYAUME DON ENRIQUE BENAVIDES I BAZAN, DU CONSEIL D’ÉTAT. AN 1685

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Les ravelins de Santa Teresa et de Santa Lucía ont été partiellement abattus au début du XXème siècle pour permettre la construction de cartels militaires. Celui de Santa Lucía a été intégré en 2007 à une partie du chantier de construction de la nouvelle gare routière (cf. p. 122). Les autres ravelins, avec leurs contregardes et le chemin couvert, sont en cours de restauration (projet des années 2010-2011) avec le soutien du Gouvernement de Navarre.

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Porte du Socorro La porte du Socorro, composée en fait de trois portes successives (celles du ravelin, la contre-garde de Santa Isabel et celle de la courtine de la Citadelle : la principale) avec leurs ponts dormants respectifs (fixes) et pont-levis, elle remonte à 1720. C’est cette année là qu’elle a été déplacée depuis sa position d’origine, accrochée au flanc du bastion de Santa María, jusqu’à son emplacement actuel : centrée sur la courtine. Son objectif : assurer sa défense face à l’ennemi depuis les flancs des deux bastions qui lui servaient d’escorte, le bastion de Santa María et celui de Santiago. Encore aujourd’hui, si l’on prend le temps de s’arrêter sur le plus long des trois ponts dormants et que l’on observe la Citadelle, on peut identifier la position d’origine de la porte du Socorro grâce à la différence de dimension entre les pierres de taille. Cette porte rejoint aujourd’hui la Citadelle par la Vuelta del Castillo traversant une voûte “à l’épreuve de la bombe”. À son emplacement d’origine, on trouve la Chapelle où sont célébrés des mariages civils.

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Porte principale de la Citadelle La porte principale de la Citadelle, qui date de la fin du XVIème siècle, donne sur l’actuelle Avenue de l’Ejército. On y retrouve l’inscription de commémoration du vice-roi Vespasiano Gonzaga, bâtisseur de la forteresse remontant à 1571. Même si un pont-levis permettait d’y accéder, en effet la Citadelle était

entièrement entourée de fossés, dès lors qu’on a détruit les bastions de San Antón et de la Victoria en 1888 pour bâtir le premier agrandissement, le fossé a été remblayé et le pont-levis, rendu obsolète, a été supprimé.

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Corps de garde Même si à l’origine le corps de garde se trouvait dans les deux voûtes situées de part et d’autre du tunnel voûté permettant d’accéder à l’enceinte de l’avenue de l’Ejército, sa construction telle qu’on la connaît aujourd’hui a débuté en 1756. Les deux guichets à portiques, un de chaque côté de la place, sont aujourd’hui occupés par un magasin et des bureaux municipaux.

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Four L’ancien four à pain de la forteresse est aujourd’hui occupé par un centre d’expositions et des installations d’avant-garde. Avec le Corps de Garde, la Salle des Armes, la Poudrière et le Pabellón de Mixtos, il fut l’un des cinq bâtiments à avoir été respectés et restaurés lorsque la Citadelle a été remise par l’Armée à la Municipalité en 1964.

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Pabellón de mixtos

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Ancien grenier, il a été remodelé et couvert à partir de 1725 avec des voûtes à l’épreuve de la bombe. Il compose aujourd’hui un des espaces d’exposition de la Citadelle. Avec le Corps de Garde, la Salle des Armes, la Poudrière et le Four, il fut l’un des cinq bâtiments à avoir été préservés et restaurés lorsque la Citadelle a été remise par l’Armée à la Municipalité en 1964.

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Poudrière Construite en 1695 par l’ingénieur Hércules Torrelli, c’est la plus ancienne construction de l’enceinte. Elle accueille aujourd’hui des expositions d’art. Avec le Corps de Garde, la Salle des Armes, le Four et le Pabellón de Mixtos, elle fut l’un des cinq bâtiments à avoir été préservés et restaurés lorsque la Citadelle a été remise par l’Armée à la Municipalité en 1964.

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Salle d’armes Construite en 1725 suite à un projet de rénovation de la Citadelle et des Murailles remis par le prestigieux Verboom. Elle est répartie sur quatre étages et servait de magasin d’artillerie. Elle abrite aujourd’hui des expositions artistiques et des manifestations culturelles. Avec le Corps de Garde, la Poudrière, le Four et le Pabellón des Mixtos, elle fut l’un des cinq bâtiments à avoir été préservés et restaurés lorsque la Citadelle a été remise par l’Armée à la Municipalité en 1964.

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Gare routière La gare routière de Pampelune, située rue Yanguas et Miranda, se situe dans le centre ville. Sa construction a été terminée en 2007, elle accueille sur ses 40.000 mètres carrés 52 quais, des parkings, une zone commerciale avec restaurants, une cafétéria et d’autres services. Sa construction a été un brillant exercice d’intégration de nouveaux équipements permettant de recouvrer la structure du moment. 2005 marque le lancement des travaux de cette infrastructure qui “vient se cacher” à côté du monument occupant le sous-sol du glacis aujourd’hui disparu. La toiture de la gare est en fait un grand plateau vert qui, à la façon d’un pliage papier, se replie avec la structure pour reconstituer les éléments défensifs –glacis, chemin couvert, contrescarpe et fossé– du ravelin de Santa Lucía de la Citadelle de Pampelune,

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disparus des années plus tôt sous prétexte du développement de la ville lors du Premier Agrandissement. Les citoyens ont ainsi pu récupérer un espace vert de plus de 30.000 mètres carrés avec reconstitution de l’ancien glacis de la citadelle qui avait été occupé dans un premier temps par les casernes militaires. Des années plus tard (à partir de 1972, lorsque toutes ces constructions disparurent après le transfert des cartels hors de la capitale) cet espace avait été goudronné pour garer des véhicules, il servait aussi d’emplacement pour les stands pendant les Sanfermines. L’impact visuel et environnemental très lié au vaste parking en surface a été remplacé par une couche de végétation qui abrite à l’intérieur le cœur des liaisons routières utilisées par les habitants de Pampelune : la gare routière.

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1. Porte d’accès 2. Meurtrières ou embrasures basses 3. Meurtrières ou embrasures hautes 4. Casernes ou voûtes à l’épreuve de la bombe 5. Gargouilles en pierre 6. Fenêtres de casernes 7. Fer à cheval

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Rampes de montée Poste de guet Dallage de pierre Parapet Canonnières Merlon Cordon Escarpe Angle capital Angle flanqué

18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25.

Flanc Gorge Contrescarpe Entrée de contre-mine Chemin couvert Glacis Escalier Épaulement


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Glossaire

A

Arsenal

Agrandissement

Artillerie

Terrain prévu pour y édifier de nouveaux bâtiments, dans les alentours d'un village. Ensemble des bâtiments qui se sont construits sur ce terrain.

Angle de bastion Angle formé par la face du bastion avec son flanc.

Âme

Dépôt d'armes ou magasin général où sont entreposés différents objets de guerre. Matériel de guerre, ensemble des armes servant à tirer des projectiles de grande taille sur de longues distances, dont l'élément propulseur est une charge explosive.

Aune Unité de mesure, équivalente à 3 pieds, soit 836 mm.

Dans les pièces d'artillerie et les armes à feu en général, l'intérieur du canon.

Âme rayée Dans les pièces d'artillerie et les armes à feu en général, l'intérieur du canon ; les stries hélicoïdales permettent d'augmenter la portée.

Amorce Mélange inflammable utilisé pour les artifices incendiaires, explosifs ou d’illumination.

Appareil Disposition des différents matériaux de construction (maçonnerie, pierre de taille, briques ou autres), sur un ouvrage de maçonnerie. Ils peuvent être disposés de différentes manières : en panneresse, en carreaux et boutisses, sur chant…

B Bastion Fortification de forme pentagonale, en saillie entre deux courtines, formée de deux faces en angle saillant, de deux flancs qui rejoignent le rempart et d'une gorge d'entrée.

Banquette Ouvrage en terre ou en maçonnerie, en forme de long banc, auquel on accède par une rampe depuis l’intérieur d’une forteresse ; les soldats peuvent s'y poster sur deux rangs, à l'abri d'un mur, d'un parapet ou d'une muraille à hauteur des épaules.

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Batterie Ensemble de pièces d'artillerie disposées pour faire feu sur l'ennemi. Unité de tir d'artillerie, composée de quelques armes à feu et des artilleurs qui les manipulent, généralement commandée par un capitaine.

Battre Attaquer et abattre, à l'aide de l'artillerie.

Bossage Partie de la pierre de taille en saillie, dont les arêtes sont chanfreinées ou arrondies.

Boulin Trous ouverts dans les murs pour recevoir les pièces de bois horizontales de l'échafaudage de construction ou les poutres des étages.

Bourg Forteresse construite, au Moyen Âge, par les nobles féodaux dans le but de surveiller les territoires sous leur juridiction et où s'installaient commerçants, artisans, etc. Le bourg a donné naissance à de nombreuses villes médiévales.

Boutisses (poser en) Ce dit d'une construction où la face la plus longue de la brique ou de la pierre se pose perpendiculairement au parement.

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de la mitraille ou certains projectiles creux.

Canonnière Ouverture spécifique pour tirer avec des armes à feu non portatives (par exemple des canons), réalisée aussi bien à la base des remparts et des tours que sur les chemins de ronde et les toitures.

Caponnière Fortification qui, à l'origine, était composée d’une palissade avec des meurtrières et des embrasures à hauteur du fossé, afin de le défendre. Actuellement, on appelle ainsi les galerie et casemates situées en différents points dans le but de flanquer un ou plusieurs fossés du corps de place.

Casemate Voûte très résistante prévue pour l’installation d’une ou plusieurs pièces d’artillerie. Elle se situait sur le flanc du bastion et était protégée par l’orillon qui abritait plusieurs pièces d’artillerie, dont l’objectif était d'empêcher les assaillants de passer le fossé.

Caserne Salle à voûte en berceau, à l'épreuve des bombes, construite à l’intérieur du site défensif (bastion, fort…), destinée au logement des soldats ; servait aussi de dépôt de vivres, de munitions et de matériaux.

Cavalier

C Calibre Diamètre intérieur des armes à feu.

Canon Pièce d’artillerie très longue par rapport à son calibre, destinée à tirer des balles,

Ouvrage de fortification à vocation défensive, plateforme surélevée située à l'intérieur, placée au centre d'un bastion afin de le protéger grâce à son artillerie, en cas de siège. Ouvrages situés audessus des autres ouvrages d’attaque d’une place forte, construits à côté des tranchées afin d’établir les batteries de brèche.

126 / Fortin de San Bartolomé Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune


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Ceinture Mur en pierre, en brique ou en torchis qui entoure une forteresse en vue de la défendre depuis l'extérieur. Sa hauteur doit être importante afin que les attaquants ne puissent pas l'escalader facilement ; elle doit en outre être très solide afin de résister aux différentes attaques des envahisseurs. Si la muraille est fermée sur elle-même, on l'appelle alors une enceinte.

Chargement par la bouche Système de chargement d’une arme à feu par la bouche.

Chargement par la culasse Système de chargement d’une arme à feu par la culasse (partie inférieure du mécanisme) et non par la bouche de feu.

Château Ensemble formé d'une enceinte fortifiée renfermant une place d’armes, entouré d’une série de dépendances et qui comprend au moins une tour habitable. Il s’agit d’une construction fortifiée. Il peut disposer des éléments supplémentaires suivants : murs, tours, ponts… et les pièces d'habitation se situent dans la casbah, le donjon… Il était spécialement conçu pour la défense des endroits stratégiques et celle des personnes ; il marquait aussi l’établissement du pouvoir seigneurial et permettait la surveillance, l’attaque, etc…

Chemin couvert Terre-plein de circulation et de surveillance qui entoure et défend le fossé dans les fortifications ; la banquette, tout le long, permet à la garnison de faire feu par-dessus le glacis, qui tient lieu de parapet.

Chemin de ronde Dans les fortifications médiévales, passage continu qui entourait le

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périmètre extérieur et qui protégeait les sentinelles et les tireurs.

Chemise Dans les forteresses médiévales, muraille moins haute que le donjon, mais qui le couvre et la protège comme une fausse braie. Dans les forteresses modernes, les terre-pleins de terre sont couverts de murs maçonnés soutenus à l'aide de pilastres, et la dernière couverture est réalisée avec des pierres de taille.

Chemiser Voir chemise

Citadelle Enceinte fortifiée, généralement en forme de polygone régulier, à l'intersection ou à l’intérieur de d’un centre urbain fortifié. La citadelle domine le centre urbain et sert de refuge en cas d'attaque.

Contrescarpe Talus extérieur du fossé, opposé à l’escarpe, c'est-à-dire du côté de la campagne, et contre le chemin couvert.

Contrefort Élément saillant du parement d'un mur, pour le fortifier.

Contregarde Ouvrage de fortification extérieur composé de deux faces qui forment un angle ; il est dressé devant les bastions et ravelins afin de couvrir leurs fronts.

Contre-mine Galerie creusée sous celle des adversaires, afin de la faire exploser ou pour aller à leur encontre pendant qu’ils effectuent ces travaux souterrains. Les systèmes de contre-mines étaient réalisés autour des places fortes afin d'anticiper ces travaux.

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Corbeau Elément d’architecture régulier, avec plusieurs moulures, situé en saillie sur un plan vertical et destiné à porter une charge.

Cordon Moulure ronde placée sur tous les éléments extérieurs de la fortification, qui séparait les murs talutés des parapets des embrasures, empêchant l’escalade. Souvent constituée d’une rangée de pierres placées près de la partie supérieure des parements.

Courtine Dans les fortifications modernes, pan de muraille entre deux bastions.

Courtine Partie de la muraille qui se trouve entre deux tours consécutives ou entre deux bastions.

Crépi Couche de plâtre, de stuc ou de tout autre mélange appliqué sur les murs d'une maison afin d'obtenir une surface lisse.

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E Écouvillon Instrument à long manche en bois muni d'une extrémité hérissée de crins, que l'on insérait dans l’âme du canon pour accrocher les restes de tissu et les débris qui s'y étaient logés après le coup de feu.

Échauguette Petite tour cylindrique, creuse et couverte, dotée de meurtrières, servant à abriter et défendre les sentinelles. Elle apparait et se développe dans la fortification bastionnée.

Embrasure Ouverture dans le parapet d’une muraille ou dans l’épaulement d’une batterie, réalisée pour tirer des coups de canon le plus sûrement possible.

Emplacement Situation topographique d’une fortification.

Enceinte Anciennement, désignait une muraille urbaine. Voir ceinture

D Dessin au graphite Sur les anciens monuments, gravure ou dessin à main levée.

Demi-lune Voir ravelin.

Dormant Secteur statique de la chaussée d’un pont, qui précède le secteur rétractile et dont la capacité de flanquement est en général insuffisante pour atteindre le mur d’escarpe du fossé à traverser.

Entrée de contre-mine Porte en forme d'arc segmentaire qui donne accès à la contre-mine.

Épaule Angle saillant formé par une face et le flanc adjacent d’un bastion. Un bastion a deux épaules.

Épaulement Clôture artificielle, de hauteur et de corps correspondants, réalisée pour résister et arrêter l’impulsion d’un tir ou le rejeter.

Escarpe Plan incliné formé par le rempart du corps

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principal d'une place, depuis le cordon jusqu'au fossé et la contrescarpe ; se dit aussi du plan, incliné à l'opposé, que forme le mur qui soutient les terres du chemin couvert.

Espace mort Secteur d’approche qui ne peut être atteint depuis aucun endroit de la fortification.

Esplanade Pente qui s’étend depuis le chemin couvert jusqu’à la campagne. Partie la plus élevée de la muraille, sur laquelle se trouvaient les créneaux. Revêtement en maçonnerie ou armature faite de fortes traverses, où l'on pose l’affût d’une batterie.

F Face du bastion Chacun des deux plans qui forment l’angle flanqué du bastion.

Fascine Fagot formé de branchages minces très serrés utilisé par les ingénieurs militaires pour réaliser des revêtements ou pour consolider les terre-pleins des fortifications. S'utilisait aussi pour couronner, incendier, etc.

Flanc de bastion Face d’une forteresse militaire, ou la zone latérale adjacente. Partie du bastion qui forme un angle rentrant avec la courtine et un angle sortant avec le front. Chacun des deux murs qui relient l’enceinte fortifiée aux faces d’un bastion.

Flanquer Protéger les flancs de sa propre armée. Menacer les flancs de l’adversaire. Être

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placé dans un château, un bastion, sur une montagne, etc., de façon à atteindre la ville ou tout autre lieu visé, par tir croisés, grâce à l'artillerie.

Forteresse Enceinte fortifiée, château, citadelle, etc.

Fortifié Protégé ou entouré par des murailles.

Fortifier Fortifier une position militaire à l'aide de retranchements.

Fortin Petit fort.

Fossé Excavation profonde qui entoure la forteresse et qui rend difficile son assaut ; il permet aussi au défenseur de se mettre à l’abri.

Front Chacun des deux pans de muraille qui se rejoignent depuis les extrémités des flancs pour fermer le bastion et former l’angle. Deux bastions réunis par une courtine forment un front bastionné.

Frontispice Façade d'un bâtiment.

Fort Enceinte fortifiée.

Fourneau Cavité aménagée dans une galerie, à la base d'un pont, etc., remplie de poudre pour la faire exploser. Caisse remplie de poudre ou de bombes et enterrée sous certains ouvrages, à laquelle on met feu lorsque l’ennemi s’empare du lieu où elle est enterrée.

Fusil Arme à feu portative, destinée à être utilisée par les soldats d'infanterie ; remplace l'arquebuse et le mousquet.

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Elle se compose en général d’un canon en fer ou en acier long de quatre-vingt centimètres à un mètre, et d'un boîtier relié à un mécanisme de tir.

G Galandage Ouvrage en briques disposées sur chant, et dont les faces se correspondent exactement.

Gargouille Canal en pierre qui recueille l’eau de pluie des toits. Il est quelquefois décoré de figures zoomorphiques, dont la plupart sont fantastiques.

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H Herse Palissade, grille ou porte en fer qui défend l’entrée d’une forteresse et celle d’autres parties de l’enceinte fortifiée. Pièce de fer aciérée et rayée qui, dans la platine du fusil à pierre, recouvrait le bassinet et produisait, sous le choc du silex, les étincelles enflammant la poudre

J Jeu d'armes Éléments accessoires d’une batterie d’artillerie.

Glacis Terrain environnant les fortifications modernes aménagé en pente douce et libre d’obstacles et de végétation pour rendre difficiles les travaux d’approche de l’ennemi. Il arrivait jusqu’au bord du chemin couvert.

Gorge Entrée au bastion depuis la place forte, ou distance des angles des flancs. Ligne droite, imaginaire quand elle n’a pas de parapet, qui relie les extrémités des deux flancs dans un ouvrage défensif.

Garnison Troupe qui est en garnison dans une place forte, un château ou un bateau de guerre.

L Linteau Pièce de la partie supérieure des portes, fenêtres et autres ouvertures, qui repose sur des jambages.

Livre Ancien poids de Castille, divisé en 16 onces et équivalent à 460 grammes. Cependant, ce poids valait 12 onces en Aragon, dans les Baléares, en Catalogne et à Valence, 17 au Pays Basque et 20 en Galice et, de plus, les onces étaient différentes selon les villages.

Lunette Petit bastion qui était généralement isolé. Il protégeait et renforçait en général la défense des angles de ravelins et de bastions.

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M Maçonnerie Toute construction ou une de ses parties (mur, voûte,…) réalisée en pierre, brique et mortier, ainsi que les constructions en torchis.

Maçonnerie de pierres Système traditionnel de construction qui consiste à placer manuellement des pierres qui ne sont pas travaillées (pierres de taille) en les liant avec du mortier à chaux et à sable. Pour faciliter leur assisse, on place entre elles des petits cailloux en forme de cale (remplage). De nombreux murs et parements ont été construits en suivant cette technique. Les pierres les plus grandes sont utilisées dans les soubassements ou dans les parties basses des murs. Quelquefois, les deux faces sont différentes, la partie extérieure étant la plus travaillée. Dans la fortification moderne, cette technique est utilisée pour construire les murs de gorge des ravelins, les contregardes, etc., c'està-dire, les parties qui ne sont pas exposées directement à l’attaque de l’ennemi.

Merlon Chacune des parties du parapet existant entre les canonnières. Pan massif du parapet, situé entre deux créneaux du chemin de ronde ou des tours, destiné à la protection du défenseur. Il était le plus souvent garni de meurtrières et supportait parfois les crapaudines qui permettaient de faire basculer les mantelets.

Meurtrière Dans un mur, ouverture longue et étroite, prévue pour l'envoi de projectiles. D'une manière générale, la partie extérieure

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était plus large ; le trou était donc évasé. Cette expression générique a été adoptée par les soldats d'infanterie dans les forts au XIXème siècle.

Mine Galerie souterraine creusée pour parvenir sous la place forte, prévue pour y aménager une chambre où sera placée une charge dont l’explosion provoquera l'effondrement des fortifications de cette place forte.

Moellon Bloc en pierre plus petit que la pierre de taille, de taille régulière, moins bien coupé, taillé et ajusté.

Mortier Pièce d’artillerie destinée à lancer des bombes. Son calibre est important et son tube est court.

Muraille Mur en pierre ou en brique ou mur de torchis qui entoure une forteresse en la protégeant de l’extérieur. Sa hauteur doit être importante afin d’empêcher les attaquants de l'escalader facilement ; il doit être très solide afin de résister aux différents types d’attaques des envahisseurs. Si le rempart est fermé sur lui-même, on l'appelle alors une enceinte.

O Obus Pièce d’artillerie utilisée pour tirer des grenades et dont la longueur est plus importante que celle du mortier et plus petite que celle du canon de même calibre, par rapport au diamètre de son âme. Elle s’appuie sur un affût à roues afin d’être transportée plus facilement.

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Ouvrage à cornes Fortification extérieure qui se compose de deux demi-bastions reliés par une courtine. Son objectif est le même que celui des tenailles, mais il est plus résistant car ses deux faces et la courtine défendent mutuellement les flancs. Un ravelin était souvent placé devant sa courtine.

Ouvrage en pierre de taille Ouvrage réalisé avec des pierres de taille ordonnées et placées en rangées bien assemblées.

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d’une muraille. Chacune des six faces d’une pierre de taille travaillée.

Place d'armes Aire à l'air libre située à l'intérieur d'une enceinte fortifiée, destinée à la relève ou à la formation des troupes. À un niveau inférieur se trouvait parfois une autre place, l'“albacara”, qui avait le même rôle.

Place forte Cité fortifiée ou forteresse.

Pièce Voir Canon

Pièce de place forte et de siège

P Palissade Rangée de palis enfoncés verticalement dans la terre, à cinq centimètres l’un de l’autre, et consolidés par des lattes horizontales. Elle était placée sur la banquette du chemin couvert, ainsi que dans les retranchements et autres endroits.

Panneresse (poser en) Se dit d'une construction où la plus grande dimension de la brique ou de la pierre est posée dans la direction de la longueur du parement.

Parapet Terre-plein court, réalisé au-dessus du terre-plein principal, vers la campagne, qui protège les poitrines des soldats des coups ennemis. Dans les fortifications modernes, c’est un terre-plein court situé dans la partie extérieure du chemin ouvert qui protégeait les soldats lorsqu’ils faisaient usage de leurs armes.

Parement

Canon situé à l’intérieur de la forteresse.

Pierre de taille Grands blocs de pierre travaillés de façon régulière et lisse, que l'on utilise dans la construction de murs et d'arcs.

Plateforme Partie supérieure d’un bastion.

Poliorcétique Ensemble des techniques et des dispositions qui ont trait à la prise d’assaut ou la défense des places fortes.

Pont-levis Pièce en bois très résistante et rigide qui était placée au-dessus le fossé. En cas d’attaque ennemie, elle était levée au moyen d’un complexe système mécanique composé de poulies, de chaînes et de contrepoids. Lorsqu'elle était levée verticalement, elle empêchait l’entrée des attaquants et assurait la protection et le renfort de la porte. La connexion entre les ponts dormants et les forteresses s'effectuait par un pontlevis, afin d’empêcher l’entrée des ennemis.

Chacune des deux faces d’un mur ou

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Poterne Porte secondaire d’une forteresse, de petite taille, destinée à permettre une entrée et une sortie discrètes des troupes pour surprendre l’ennemi ou pour regrouper les troupes dans le fossé.

Poste de guet Monticule situé entre des canonnières. C’est l’endroit où le chef artilleur montait pour indiquer, avec précision, la direction du tir (pour les canons).

Poudrière Lieu ou bâtiment qui servait de dépôt pour la poudre et les autres explosifs.

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S Salve d'artillerie Salut militaire effectué avec des armes à feu. Série de coups de canon consécutifs et sans projectiles effectués pour montrer le respect ou pour saluer. Décharge simultanée de plusieurs pièces d’artillerie identiques.

Sape Les assiégeants avancent protégés par les galeries ou les tranchées qu'ils ont eux-mêmes réalisées, ou à l’abri des fortifications qu’ils assiègent.

R

T

Rasant

Talus

Ligne imaginaire inclinée qui reliait les créneaux au glacis et aux autres ouvrages de fortification, et qui déterminait les zones qui étaient touchées depuis lesdits créneaux. On pouvait faire de même depuis les batteries qui touchaient les forteresses.

Ravelin Ouvrage extérieur de fortification semicirculaire ou dont les deux faces forment un angle sortant, édifié devant la courtine dont les demi-gorges sont formées par la contrescarpe. Il permet de protéger la courtine, les accès et les flancs d’un bastion. On l’appelle également demi-lune.

Renfort à forte pente situé dans la partie basse des murailles, dans le but de les renforcer et de tenir à distance les machines d’assaut. Servait également à éviter l’excavation de sapes et de galeries sous les remparts.

Tambour Petite défense circulaire qui était placée devant les portes d’une fortification.

Terre-plein Massif en terre qui permet de remplir un mur de contention dans une enceinte fortifiée. Cependant, il peut être érigé préalablement pour servir de défense, puis être enrobé de maçonnerie.

Tir Direction donnée au coup de feu des armes à feu.

Tir à ricochet Tir de canon dans lequel la réduction de

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la dose de poudre permet d'éviter un tir tendu qui pourrait toucher les défenseurs du chemin couvert. La batterie de canons était placée en enfilade sur la ligne du chemin couvert, et les bombes balayaient cette ligne en rebondissant sur le sol et sur le parapet. Son inventeur fut Vauban, à la fin du XVIIe siècle.

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impacts provoqués par les obus et les mortiers lors des sièges, afin de protéger garnison et munitions.

Tour Construction imposante, isolée ou intégrée dans les pans de mur, qui peut avoir différents types de plan et de tracé, mais qui présente généralement une forme quadrangulaire.

Tour circulaire Toutes les tours fortifiées, en particulier les tours circulaires.

Tourelle Haute construction qui dépasse de la muraille du château. Elle peut être isolée ou à l'intérieur du château.

Tranchée Fossé défensif qui permet de tirer à l’abri de l’ennemi. Il avance jusqu’à la place forte pour pouvoir réaliser l’assaut final.

V Voûte Ouvrage de maçonnerie dont la forme est courbe, qui couvre l’espace compris entre deux murs ou une série de piliers alignés. Les noms des différentes voûtes sont fonction de leur forme : voûte en berceau (surface cylindrique, sections d’arc en plein cintre), voûte en arête (intersection de deux berceaux perpendiculaires).

Voûte à l'épreuve Voûte dont la construction était suffisamment renforcée pour résister aux

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Porte du Socorro Pont-levis Pont dormant Fourneaux Fossé Escarpe Cordon Parapet Échauguette Porte du ravelin Gorge Porte de la contre-garde

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13. Couloir d’accès à l'échauguette 14. Traverse 15. Contrescarpe 16. Place d'armes 17. Entrée de contre-mine 18. Chemin couvert 19. Cordon 20. Bordure de parapet 21. Glacis 22. Accès glacis à place d’armes

23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33.

Face de bastion Angle de bastion Flanc Embrasure haute Embrasure basse Casemate Tunnel d’accès à la casemate Épaulement de bastion Rampe d’accès de l’artillerie Courtine Chemin de ronde


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Une promenade dans les Fortifications de Pampelune

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Promenade Tracé des remparts disparus Chemin de Saint Jacques

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200 m

1. Fortin de San Bartolomé (Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune) 2. Ascenseur du Parc de la Media Luna – Parc Fluvial de l’Arga 3. Passerelle de Labrit 4. Bastion de Labrit 5. Chemin de ronde de l’évêque Barbazán (Face à la Magdalena) 6. Cathédrale Santa María la Real 7. Bastion du Redín 8. Bastion inférieur de Nuestra Señora de Guadalupe 9. Ravelin des Reyes 10. Porte de Francia ou Zumalacárregui 11. Bastion inférieur du Pilar 12. Bastion de l’Abrevador 13. Archives Générales de Navarre (ancien Palais Royal) 14. Mairie 15. Bastion de Parma 16. Front de la Rochapea et chemin de ronde 17. Ascenseur de Descalzos 18. Portal Nuevo (Porte Neuve) 19. Bastion de Gonzaga 20. Ravelin de San Roque 21. Porte de San Nicolás 22. Bastion de la Taconera 23. Porte de la Taconera 24. Bastion de la Victoria 25. Bastion de Santiago 26. Bastion de Santa María 27. Bastion et cavalier Real 28. Bastion de San Antón 29. Ravelin de Santa Ana 30. Ravelin et contre-garde de Santa Isabel 31. Ravelin et contre-garde de Santa Clara 32. Ravelin de Santa Lucía 33. Porte du Socorro 34. Porte principale de la Citadelle 35. Corps de garde 36. Four 37. Pabellón de mixtos 38. Poudrière 39. Salle d’armes 40. Gare routière


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Autres titres publiés

Fortin de San Bartolomé

Fortificaciones de Pamplona. Pasado, presente y futuro AA.VV., Pampelune, 2010

www.murallasdepamplona.es

978-84-95930-52-1

Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune

Fortin de San Bartolomé

La Ciudadela de Pamplona MARTINENA, J.J., Pampelune, 2011

Centre d’Interprétation des Fortifications de Pampelune


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