Journal n°44

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ACTUALITÉS Les Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées lancent la marque Sud Ouest France pour promouvoir leurs produits gastronomiques. Du cassoulet à l’axoa en passant par la lamproie à la bordelaise, tout le quart Sud-Ouest est quadrillé! Par cette bannière commune, les deux Régions bénéficient désormais d’une force de frappe plus importante pour valoriser partout dans le monde leur patrimoine gastronomique commun ainsi que leur industrie agroalimentaire. Page 11

N° 44 _ HIVER 2012 _ LE JOURNAL D’INFORMATION DU CONSEIL RÉGIONAL D’AQUITAINE

LA BATAILLE DE L’EMPLOI DOSSIER Face aux tensions économiques actuelles, le conseil régional agit pour la préservation de l’emploi en misant sur l’innovation, d’une part, pour rendre les entreprises plus compétitives et créer des emplois

Dans les ateliers de Repetto à Saint-Médard-d’Excideuil en Dordogne.

durables; sur la formation, d’autre part, pour fixer les compétences dans les territoires et mieux préparer les Aquitains aux mutations économiques. Pages 3 à 7

SUIVEZ L’INFO SUR

ACTUALITÉS

2012, UN BUDGET ÉQUILIBRÉ ET AMBITIEUX Le budget 2012 fait la part belle aux investissements. Page 8

BIEN VIVRE

SALLES NUMÉRIQUES Le cinéma au coin de la rue.

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DANS L’ATELIER DES CRÉATEURS DE BANDES DESSINÉES Pour l’agence Écla, le cèlèbre Max Cabanes ouvre les portes de son atelier. Page 14

AQUITAINE.FR


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2 SOMMAIRE

LA LETTRE AUX AQUITAINS

À LA UNE PAGES 2 À 7

Alain Rousset, président du conseil régional d’Aquitaine

DOSSIER EMPLOI Le pari de l’innovation et de la formation

• L’Aquitaine mise sur les énergies renouvelables • Le laser, un vivier d’entreprises • L’e-santé, une filière en plein essor • Aides à l’export : mode d’emploi

© ALBAN GILBERT

Les filières innovantes créent les emplois de demain

Maintenir l’emploi grâce à la formation • École Repetto : une formation sur mesure • Renforcer les compétences des salariés pour préparer l’avenir • De la blouse au bleu de travail • Économie sociale et solidaire : l’emploi autrement • Insertion par l’activité économique : un nouveau plan régional • Aquitaine Cap Métiers : vous avez un projet de formation ?

ACTUALITÉS PAGES 8 À 12

INVESTISSEMENTS RÉGIONAUX 2012, un budget équilibré et ambitieux Aquitaine + Euskadi = Eurorégion ! Lascaux à Cap Sciences

EN DIRECT DU CONSEIL RÉGIONAL • Solidarité : une nouvelle coopération avec le Sénégal • Libéralisation des droits de plantation : les viticulteurs dans l’incertitude • Une nouvelle agence pour l’innovation et l’industrie • LGV, le tracé retenu des deux nouvelles lignes

L’Aquitaine et Midi-Pyrénées créent Sud Ouest France

LA PAROLE AUX ÉLUS BIEN VIVRE PAGES 13 À 15

CINÉMA • L’Aquitaine en tournage • Salles numériques : le cinéma au coin de la rue

LIVRES • Dans l’atelier des créateurs de bandes dessinées • L’Escale du livre souffle ses 10 bougies !

LANGUES RÉGIONALES • Aquitània ajuda a la reconeissença de la lenga occitana • Xiru, sorkuntza kurritzen PORTRAIT D’AQUITAINE PAGE 16

LA FABRIQUE DE L’EMPLOI Notre pays possède de grands groupes, solidement implantés sur le marché intérieur et actifs à l’export, mais il manque d’entreprises de taille intermédiaire, les ETI, et de PME à même de s’imposer à l’export. Comment « doper » ces entreprises, restaurer durablement la compétitivité et préserver l’emploi ? La réponse tient en deux mots : innovation et formation. L’innovation en Aquitaine est au cœur de la reconquête industrielle. Elle se décline : créer un produit, améliorer un outil de fabrication, perfectionner un circuit de distribution. Mais il ne faut pas s’en tenir à cela. La notion d’innovation est plus large. Elle inclut le social. Lorsqu’une coopérative, par exemple, propose d’accompagner les premiers pas d’entrepreneurs débutants – en mettant à leur disposition des locaux, des experts… – c’est également de l’innovation. Ces convictions guident l’action de la Région Aquitaine, qui fait du soutien à l’innovation le moteur de son action économique. En témoigne la tenue récente dans les locaux du conseil régional des Rencontres de l’innovation. Par le nombre des participants et la qualité des échanges ce fut un succès incontestable. L’expérience ne demande qu’à être renouvelée. Lorsque le groupe japonais Toray annonce l’implantation sur le site de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, d’une nouvelle unité où sera fabriquée une fibre de carbone révolutionnaire, j’y vois également la preuve que le soutien à

l’innovation porte ses fruits. Je suis également attentif au bien-être au travail, une notion qui forcément renvoie à la formation des salariés. C’est une des clés – trop souvent oubliée – de la compétitivité des entreprises. La Région en fait l’un des points forts de sa politique. Lorsque nous aidons au recrutement et à la formation de salariés chez Repetto, un fabricant de chaussures haut de gamme implanté en Dordogne ; chez FAI, un équipementier automobile successeur de Ford à Blanquefort en Gironde, ou chez l’avionneur Potez Aéronautique, dans les Landes, la Région Aquitaine est dans son rôle ou mieux dans sa mission : consolider le tissu industriel aquitain, accompagner dans leur développement des entreprises installées sur des créneaux porteurs, sécuriser l’emploi des Aquitains.

JEAN HARAMBAT Encré dans les Landes L’ Aquitaine, le journal d’information du conseil régional d’Aquitaine. Hôtel de Région, direction de la communication, 14, rue François-de-Sourdis 33000 Bordeaux – Tél. : 05 57 57 80 00. Directeur de la publication : Alain Rousset. Codirecteur de la publication : Philippe Buisson – Directeur de la communication : Corinne Descours – Rédacteur en chef : Benjamin Barets – Responsable d’édition : Sébastien Blanquet-Rivière – Rédaction : Benjamin Barets, Anne Chaput, Karine Lesfauries, Guillaume Marsal, Valérie Hourdry, Martial Peyrouny, Rémi Rivière, Christiane Wanaverbecq – Conception graphique et réalisation : A noir, www.agence@anoir.fr – Photos une :Paul Robin– Photographes :Guillaume Bonnaud, Alban Gilbert, Marie-Françoise Jay, Hervé Lefebvre, Paul Robin, Jean-Pierre Bost– Impression : Lenglet – N°ISSN: 1634-2917. Journal imprimé sur du papier 57 g recyclé fabriqué à partir de pâte blanchie sans chlore issu de forêts gérées durablement. L’usine est certifiée: IMPRIM’VERT et ISO 9001-2000

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À LA UNE

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LE PARI DE L’INNOVATION ET DE LA FORMATION EMPLOI Dans un contexte de crise économique et de chômage de masse, quelle est la marge de manœuvre

et quels sont les outils pour dynamiser l’emploi dans les territoires d’Aquitaine ? Éléments de réponse. CHIFFRES CLÉS

130 LABORATOIRES DE RECHERCHE QUI EMPLOIENT PLUS DE 12 000 CHERCHEURS

32400 20

© ALBAN GILBERT

ENTREPRISES CRÉÉES EN AQUITAINE EN 2010

La compétitivité des entreprises passe aussi par la formation des salariés.

I

l fut un temps où tout le monde voyait dans le secteur des services et autres biens immatériels – le tertiaire – la seule planche de salut possible. Fabriques et manufactures n’étaient plus les faiseuses d’emploi et de croissance, les locomotives de l’économie ; pis, elles étaient devenues encombrantes, il fallait délocaliser. Aujourd’hui, c’est le constat inverse qui fait consensus : il est absolument nécessaire de redynamiser l’industrie et de la réimplanter au cœur de nos territoires. De l’innovation, du savoirfaire, des compétences et des entreprises : autant d’éléments constitutifs d’une chaîne de valeur vertueuse pour la préservation de l’emploi.

Un nouvel écosystème industriel En Aquitaine comme partout en France, le tissu d’entreprises présente un déséquilibre : il y a d’un côté les grands groupes, de l’autre des PME pas assez grandes pour affronter les difficultés économiques. Et au milieu, trop peu d’entreprises de taille intermédiaire (ETI, 250 à 5 000 salariés), seules capables d’irriguer les territoires d’emplois durables et de prendre part à la compétition mondiale. Un club rassemblant les ETI a donc été

créé par le conseil régional, afin de travailler à la consolidation du maillage économique de l’Aquitaine. Parallèlement, la nouvelle agence régionale de l’innovation et du développement industriel (voir article p. 10) aide les entreprises aquitaines à se positionner dans des filières à haute valeur ajoutée. Elle s’inscrit dans une stratégie globale visant à faire émerger un nouvel écosystème, fondé sur l’anticipation et le dialogue entre les acteurs économiques, industriels et scientifiques.

Innovation de « rupture » C’est dans ce cadre que se joue la mutation des bassins d’emploi les plus exposés, à l’instar de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques – l’arrêt de la production de gaz commercial est en effet prévu pour la fin 2013. Un espoir cependant : le japonais Toray a confirmé en début d’année l’implantation d’une nouvelle usine. L’industriel élabore une molécule servant à la fabrication de la fibre de carbone, un matériau utilisé notamment dans l’aéronautique. Ce serait une aubaine pour l’économie béarnaise – 65 emplois directs à la clé – qui tourne une page de son histoire. Désor-

mais, les industriels, les scientifiques et les acteurs publics s’assemblent pour en écrire une nouvelle : Composite Valley, Lacq Cluster Chimie 2030, autant de grands projets qui partent du constat que l’innovation technologique constitue la meilleure manière aujourd’hui de maintenir l’emploi sur les territoires. Une innovation de rupture permettant de transformer la matière grise en entreprises et en emplois.

Booster l’export Bien sûr, l’innovation n’est pas une fin en soi. Pour transformer l’essai, il est important que les entreprises d’Aquitaine, dans un contexte économique mondialisé et plus que jamais concurrentiel, trouvent des débouchés et gagnent des parts de marchés. Une nécessité qui a poussé le conseil régional à renforcer sa politique de soutien aux entreprises, notamment en matière d’export (voir page 5). Les premières concernées sont les PME indépendantes, qui souvent ne connaissent pas les rouages de l’export ou n’en ont pas les moyens (elles ne réalisent que 8 % des exportations régionales). Diagnostic, formation, accompagnement personnalisé ou encore suivi commercial,

PÔLES ET CLUSTERS QUI DÉVELOPPENT DES PROJETS INNOVANTS ASSOCIANT ACTEURS DE LA RECHERCHE, DE L’INDUSTRIE ET DE LA FORMATION

autant de dispositifs mis en place pour inciter les acteurs de l’économie régionale à s’ouvrir à l’international, créer de la richesse et faire rayonner le savoir-faire aquitain.

Des compétences ancrées dans les territoires Le savoir-faire des entreprises aquitaines se perpétue par les salariés, en première ligne durant les périodes de crise. Se pose inévitablement la question de la formation professionnelle : sur un bassin d’emploi ou un secteur en tension, l’acquisition de compétences par les salariés est vitale; elle permet d’améliorer leur employabilité et de faciliter leur reconversion éventuelle. Bref, de sécuriser les parcours professionnels et de maintenir durablement l’emploi sur les territoires. Qu’il s’agisse de l’école Repetto en Dordogne, une formation pour les salariés unique en France (voir article p. 6), de la formation en alternance à l’Aérocampus Aquitaine, ou bien encore l’insertion par l’activité économique pour favoriser le retour à l’emploi, les initiatives régionales ne manquent pas. Sans doute portentelles la conviction que le chômage est une injustice, pas une fatalité. ■

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À LA UNE DOSSIER XXXXXXXXXXXX EMPLOI 4 ACTUALITÉS

LES FILIÈRES INNOVANTES CRÉENT LES EMPLOIS DE DEMAIN RECHERCHE & TRANSFERT DE TECHNOLOGIE La priorité donnée à l’innovation doit permettre aux acteurs

© PAUL ROBIN, JEAN-JACQUES SAUBI

économiques de l’Aquitaine de se positionner sur les filières industrielles d’avenir, telles que les énergies renouvelables, l’e-santé ou l’optique-laser. À la clé : des emplois durables et des entreprises compétitives.

L’AQUITAINE MISE SUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES

L

a succession de durcissements réglementaires dans l’éolien puis dans le solaire a ébranlé les entreprises. Elles cherchent un nouveau souffle au sein d’une filière mieux structurée. Les difficultés de la filière solaire en France, qui a perdu 40 % de ses emplois en 2011, n’ont pas changé la ligne de conduite. L’Aquitaine continue de miser sur les énergies renouvelables pour créer de la valeur ajoutée et des emplois. Cette politique s’appuie sur un texte fondateur adopté en décembre dernier par les conseillers régionaux d’Aquitaine. Le plan régional en faveur de la sobriété énergétique et des énergies renouvelables affir me la volonté en Aquitaine de consommer de l’énergie « mieux et plus propre ». D’où l’enjeu de trouver d’autres façons de la fabriquer et les acteurs. Pour pouvoir développer une filière, il faut des marchés locaux, des zones de tests et un accompagnement plus ciblé qui permettent aux entreprises de déve-

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lopper leur technologie et de gagner des marchés à l’export. Dans le solaire et l’éolien, universitaires, collectivités et entreprises travaillent désormais ensemble dans ce sens.

Le cluster Sysolia Grâce à la mutualisation des moyens au sein du cluster Sysolia (Cluster systèmes solaire industriels en Aquitaine), le lot-etgaronnais Fonroche Énergie a pu répondre à un appel d’offres pour construire à Porto-Rico une centrale solaire de 44 mégawatts (MW) sur 65 hectares. Il s’est associé au fabricant de trackers solaires Exosun à Martillac pour capter ce marché qui représente un investissement de 115 millions de dollars. Preuve que si le solaire a pris un mauvais virage en France, il explose à l’étranger. Adossé au pôle de compétitivité Route des lasers, Sysolia regroupe une trentaine d’acteurs (fabricants de panneaux ou de cellules solaires, installateurs, chercheurs…) qui œuvrent à la structuration

de la filière. Outre la recherche de marchés à l’export, ils montent des projets de R & D. Par exemple, les lasers trouvent de nombreuses applications dans la fabrication de cellules de silicium ou de panneaux solaires à couches minces. Leur utilisation se répand aujourd’hui dans ces nouveaux marchés.

La filière éolienne Pour l’éolien, la même démarche de recherche de chaînes de valeur industrielles prévaut. La stratégie consiste, par exemple, à attirer sur le territoire des turbiniers en mettant en avant le foncier disponible et la proximité d’infrastructures portuaires indispensables pour transporter des machines et des pièces qui peuvent mesurer jusqu’à 80 mètres. Même si les appels nationaux ont mis en évidence le potentiel de l’éolien offshore, il existe encore des développements sur terre, notamment dans des zones isolées et cycloniques, ou pour répondre à des problématiques de vents modérés.

Le cluster éolien, qui regroupe une vingtaine d’acteurs, dont Valorem à Bègles –quatrième développeur éolien français– travaille d’ailleurs sur cette thématique.

Le biocarburant À ces deux énergies phares s’ajoutent le biocarburant, le bois-énergie, la géothermie… En matière de biocarburants, l’Aqui taine compte déjà sur son territoire deux fabricants de biocarburants : Abengoa sur le bassin de Lacq qui fabrique du bioéthanol à partir du sucre, et SaipolDiester à Bassens qui produit du biodiésel à partir d’huiles végétales. L’enjeu aujourd’hui est de valoriser la totalité de la plante (lignocellulose). Fermentalg à Libourne s’y est lancée en essayant de valoriser les micro-algues pour en faire une source d’énergie.

Le stockage de l’énergie L’usage des énergies renouvelables, par nature intermittentes, et de technologies toujours plus mobiles, supposent enfin de maîtriser le stockage de l’énergie. Aussi la Région Aquitaine prévoit-elle le lancement cette année d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI), pour faire émerger des solutions de stockage pérennes, et faire des énergies renouvelables LA solution d’avenir. ■


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XXXXXXXXXXXXXXXXXX DOSSIER EMPLOI ACTUALITÉS À LA UNE

PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ

en savoir +

LE LASER, UN VIVIER D’ENTREPRISES

AIDES À L’EXPORT : MODE D’EMPLOI

L’ambition du pôle de compétitivité Route des lasers est de s’affirmer comme la référence dans le développement et la diffusion des technologies innovantes de l’optique et des lasers. Côté recherche, il s’appuie naturelle ment sur les nombreux laboratoires d’excellence qui se sont développés et multipliés depuis le lancement du programme de Laser Mégajoule, en 1996. Le tout ne représente pas moins de 600 chercheurs ! Côté formation, il bénéficie de toute l’infrastructure régionale à laquelle s’ajoutera bientôt le grand Centre optique. Côté industrie, le pôle regroupe un formidable vivier d’entreprises, plus de 70 au total. Elles se répartissent sur la route qui va de Bordeaux à Arcachon, en passant par Le Barp, site qui accueille le fameux Laser Mégajoule. Environ un tiers d’entre elles produisent des biens intermédiaires d’optique à proprement parler. Les deux tiers restants sont des équipementiers ou des systémiers qui intègrent les sources ou les composants optiques dans leurs produits. La grande force du tissu aquitain du secteur de l’optique tient à ce qu’il comprend une

grande variété d’entreprises. Des PME innovantes qui opèrent dans les technologies de pointe (Amplitude Systèmes, I2S, Eolite Systems…) d’une part, des grandes entreprises leaders sur le marché (EADS Astrium, Thales, Cilas, Snecma…) d’autre part. Enfin, des groupements de PME justifiés par la nécessité de faire face à la mondialisation des marchés. Trois groupements sont ainsi apparus récemment : Globaq réunit cinq sociétés expertes de la maintenance de systèmes complexes (SEIV Aquitaine, CMA-Cermeca, Aqmo, Saca et Duffau). Elles se sont positionnées ensemble sur la maintenance de la Ligne d’intégration laser, prototype du Laser Mégajoule. AIG (Aquitaine Inter Groupe) rassemble les entreprises I2S, Coverplant, ECI, Microcontrôle, Novalase, autour de la réalisation de bancs de tests et de contrôles. Enfin, Eolite Systems, Amplitude Systèmes, Novalase et I2S se sont associées sur le thème de la fabrication et du contrôle qualité de cellules solaires en technologie silicium cristallin et couches minces. ■

TIC SANTÉ

5

La Région Aquitaine renforce sa politique de développement international des entreprises industrielles et de service à l’industrie. L’export s’impose en effet comme un relais de croissance pour les entreprises. Passage en revue de tous les dispositifs. 1 - PASS’EXPORT Vous êtes une entreprise réalisant moins de 10 % de votre chiffre d’affaires à l’export. La Région vous accompagne pour réussir votre premier parcours à l’export. Du diagnostic export au premier contrat en passant par un plan de prospection ciblé sur un marché, vous bénéficiez d’un conseil personnalisé. Aide régionale : maximum 10 000 € (80 % d’aide).

2 - STRATÉGIE EXPORT Vous êtes une entreprise qui cherche à se repositionner à l’international ou à conquérir de nouveaux marchés, ou vous avez bénéficié de l’aide aux primo exportateurs, la Région vous aide dans votre stratégie de développement. Du plan d’action export au suivi commercial à moyen/long terme, en passant par un programme de prospection d’un à deux ans, vous consolidez votre projet. Aide régionale : 100 000 € (taux de 50 % ou 80 % pour entreprises innovantes.

5 - PROGRAMME ANNUEL D’ACTIONS COLLECTIVES DE PROSPECTION À L’INTERNATIONAL Les actions collectives de prospection à l’international sont désormais définies annuellement en partenariat avec CCI International et les différentes filières industrielles sous le pilotage de la Région Aquitaine.

Plus d’infos : Pôle développement économique et emploi Service export et actions internationales export@aquitaine.fr ou 05 57 57 80 07 - 05 57 57 82 81

3 - CADRE EXPORT

L’e-SANTÉ: UNE FILIÈRE EN PLEIN ESSOR

Vous êtes une entreprise présentant une stratégie de développement à l’international, la Région vous aide à optimiser l’organisation de votre service export international par le recrutement en CDI d’un cadre salarié (responsable de zone, chargé de mission pays, responsable commercial export). Aide régionale : 50 % de la première année de salaire brut chargé.

La santé en Aquitaine, ce sont plus d’un millier d’emplois et des sièges sociaux de grandes entreprises implantés dans notre région. Les producteurs de médicaments, BMS et Sanofi qui représentent à eux deux près de 4000 emplois en font partie. Le secteur se caractérise par des entreprises qui interviennent comme sous-traitants de groupes pour la formulation des médicaments, mais aussi par des fabricants de matériel médical (lits, tables d’opération, prothèses, etc.). Enfin, la médecine nécessite des outils informatiques sophistiqués pour gérer les services et la mise en commun des données (documents cliniques, résumé médical), par exemple. La question des données médicales numérisées est ainsi un des défis technologique et social de demain et cela à deux niveaux: pour une meilleure transmission entre professionnels et pour développer l’imagerie dans les technologies médicales. L’Aquitaine a pour cette raison créé en 2011 un cluster TIC santé avec comme membres fondateurs des poids

lourds du secteur: Agfa Healthcare France, McKesson France, l’Inria et l’université de Bordeaux. Une étude a montré tout le potentiel de la région en matière de TIC appliquées à la santé. Elle représente 46% des effectifs nationaux et 45 % du chiffre d’affaires de la filière. Autre exemple sur lequel travaille l’Aquitaine. Les universités, le centre hospitalier de Bordeaux, les collectivités, la chambre de commerce et d’industrie et un consortium d’entreprises privées ont créé en mars 2011 un GIE dans le domaine de la pharmacie, le dispositif médical et la nutrition. Compte tenu de la tendance des majors à externaliser de plus en plus leur R & D, ces différents partenaires ont créé la structure pour proposer une plate-forme commune pour réaliser des tests cliniques. Il s’agit en définitive de présenter aux donneurs d’ordres et aux clients un guichet unique. C’est aussi une réponse pour augmenter la mise au point de médicaments expérimentaux. ■

Si vous êtes une entreprise présentant une stratégie de développement à l’international et souhaitez vous implanter sur un marché étranger, la Région vous aide dans le recrutement d’un VIE. Aide régionale : 50 % des indemnités du VIE.

© A. BOCQUEL

© HERVÉ LEFEBVRE

4 - INTÉGRATION D’UN VOLONTARIAT INTERNATIONAL EN ENTREPRISE (VIE)

Port autonome de Bordeaux.

Prochaines missions industrielles bénéficiant du soutien régional DATES

SECTEUR

ACTION

LIEU

ORGANISATEUR

22-27 mai

Aéronautique Systèmes de drones

Missions d’affaires en marge du salon Expo Aero

Brésil (São Paulo et San José dos Campos)

CCI International (partenaire : Aerospace Valley)

Juillet

Électronique/ numérique

Mission d’affaires Silicon Valley

États-Unis San Francisco

CCI International

10-12 septembre

Glisse

Salon Surf Expo

États-Unis Orlando

CCI International

6-9 octobre

Éco-activités

Salon Pollutec

Maroc Casablanca

CCI International

Octobre

Santé

Mission d’affaires

Canada Toronto

CCI International

22-26 octobre

Transports Intelligents

Congrès ITS

Autriche Vienne

Cluster TOPOS

2 -7 novembre

Développement urbain durable

Mission d’affaires

Chine Wuhan

Bureau Aquitaine de Wuhan

Allemagne Düsseldorf

Pôle de compétitivité ALPHA

14-17 novembre

en marge du Laser pour la santé Mission salon MEDICA

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À LA UNE DOSSIER XXXXXXXXXXXX EMPLOI 6 ACTUALITÉS

MAINTENIR L’EMPLOI GRÂCE À LA F LE DÉVELOPPEMENT ET LE MAINTIEN DE L’EMPLOI Dans un contexte de mutations économiques importantes, la formation

est sans doute la meilleure façon de valoriser les salariés des entreprises aquitaines : elle permet de sécuriser les parcours professionnels en maintenant, en adaptant et en élevant le niveau de compétence des actifs. Retours d’expériences.

© MARIE-FRANÇOISE JAY

Annie forme actuellement un groupe à la technique spécifique du montage de ballerines, mais au terme de leur apprentissage les futurs employés seront polyvalents.

© PAUL ROBIN

En mai dernier, 77 salariés de FAI ont obtenu un diplôme de l’éducation nationale, un titre professionnel ou encore un certificat de qualification paritaire de la métallurgie.

DORDOGNE/LYCÉE DE CHARDEUIL

GIRONDE/BLANQUEFORT

ÉCOLE REPETTO: UNE FORMATION SUR MESURE

RENFORCER LES COMPÉTENCES DES SALARIÉS POUR PRÉPARER L’AVENIR

Voilà une marque qui, en soixante-cinq ans, n’a pas pris une ride. Bien au contraire, Re-

Après de nombreux aléas qui leur ont fait redouter la perte de leur emploi, les 1100 salariés de Ford Blanquefort – rebaptisé First Aquitaine Industries (FAI) – sont entrés dans une nouvelle dynamique grâce à un programme de formation. Depuis la fin de sa production de boîtes de vitesses automatiques destinées au marché nord-américain, FAI tourne au ralenti mais de nouveaux projets industriels sont en route: la production de racks (modules de transports de moteurs) destinés aux usines Ford de Cologne et de Valence et le traitement thermique de pièces métalliques pour l’usine voisine de Getrag, des activités qui mobilisent actuellement 200 salariés.

petto a su prendre, au cours des années 2000, un tournant «fashion» qui a fait mouche au point d’inciter son usine de Dordogne à doubler ses effectifs! L’an dernier, Repetto a entrepris de grands travaux pour agrandir son usine de Saint-Médard-d’Excideuil, en Dordogne, et s’est lancé, avec l’appui du conseil régional d’Aquitaine, du conseil général de la Dordogne et de la communauté de communes du Pays de Lanouaille, dans une campagne de formation et de recrutement de demandeurs d’emploi.

150 embauches La Région a également accompagné Repetto dans la recherche d’un lieu de formation en mobilisant le lycée professionnel de Chardeuil avec l’ambition, à terme, de créer dans ce lycée un Pôle des métiers du cuir et du luxe. Objectif : 150 embauches dans les prochaines années. Certains de ces « nouveaux » passent entre les mains expertes d’Annie Roussely, salariée depuis plus de quarante ans chez Repetto, entreprise qui continue de la faire rêver : «C’est très agréable de travailler pour une marque

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associée à une image de luxe et de raffinement, qui se renouvelle sans cesse et lance près de 80 modèles différents par saison.» Annie forme actuellement un groupe à la technique spécifique du montage de ballerines, mais au terme de leur apprentissage de sept semaines les futurs employés seront polyvalents «pour pouvoir changer de poste régulièrement, ce qui évitera aussi bien la routine que les courbatures liées à des gestes trop répétitifs». Ce programme de formation est «le plus pointu» qu’Annie ait jamais mené : « On prend le temps, on détaille précisément toutes les étapes de la production. » Les futurs employés découvrent le «cousu retourné» propre aux modèles phares de la marque, les chaussons de danse, mais aussi les ballerines lancées par Brigitte Bardot et les célèbres «Zizi» popularisées par Serge Gainsbourg dans les années 1970. « À cette époque, j’étais en poste à l’échantillonnage, se souvient Annie, j’en ai fabriqué quelques-unes pour lui ! » Avant de partir à la retraite prochainement, elle se réjouit «de passer le flambeau à des personnes motivées qui peuvent espérer trouver là un emploi durable ». Repetto n’a pas dit son dernier mot. ■

Vers une qualification professionnelle D’autres projets sont lancés, comme la fabrication d’une nouvelle boîte automatique 6 vitesses impliquant de former les ouvriers à la conduite des nouveaux équipements industriels dont l’usine sera bientôt dotée. FAI envisage également de produire le «front cover» (la face avant) en aluminium d’un moteur de petite cylindrée, ainsi que des transmissions à double embrayage. Pour préparer le terrain, un plan de forma-

tion très complexe a été mis en place qui vise, selon son responsable, Francis Maury, trois objectifs: «Apporter les connaissances nécessaires au lancement des nouveaux projets, bien sûr, mais aussi maintenir une dynamique pendant cette période de sousactivité et permettre à un maximum de salariés d’obtenir une qualification professionnelle.» En effet, nombre d’entre eux, entrés dans l’entreprise il y a des années sans diplôme spécifique, peuvent aujourd’hui faire reconnaître leur savoir-faire par le biais d’une VAE (validation des acquis de l’expérience). «Au-delà de ses visées professionnalisantes, souligne Francis Maury, la formation, souvent collective, a un effet social et psychologique bénéfique, en renforçant l’entraide entre les salariés et en leur permettant de prendre du recul, de réduire leur anxiété par rapport à la situation de l’entreprise, très compliquée ces cinq dernières années. » Le programme, entamé en septembre dernier, va prendre de l’ampleur et nécessiter un financement conséquent en 2012 : 1 710 000 euros de coûts pédagogiques dont le conseil régional s’est engagé à prendre en charge plus de 17%. ■


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XXXXXXXXXXXXXXXXXX DOSSIER EMPLOI ACTUALITÉS À LA UNE

en savoir +

A FORMATION

ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Basée à Tarnos, dans les Landes, la SCIC* Interstices Sud Aquitaine façonne l’emploi et les compétences au plus près des réalités socio-économiques du territoire. On y «couve» son projet d’entreprise ou d’emploi, à l’abri du risque lié à tout démarrage d’activité. Pas de levée de fonds ni d’immatriculation, juste l’envie de faire. Chaque année, une trentaine de porteurs de projet signent un contrat d’accompagnement au projet d’entreprise avec Interstices, qui les accompagne sur le plan juridique et comptable. Cette période est un test en situation réelle pendant laquelle ils lancent leur activité – dans des domaines allant de la coiffure à domicile aux technologies numériques – et génèrent même un chiffre d’affaires leur permettant de se rémunérer. La phase de test prend fin lorsque l’activité connaît une montée en charge significative, ou lorsque le

DE LA BLOUSE AU BLEU DE TRAVAIL d’un programme de reconversion après la liquidation de l’entreprise en 2010. Elle suit actuellement une formation chez l’avionneur Potez Aéronautique. «J’ai longtemps garni des canapés, mais je ne me voyais pas gaver des canards ! sourit Pierrette, sans vouloir vexer personne.» Cette Landaise de 47 ans, titulaire d’un CAP d’électromécanique, a « toujours été une bricoleuse », aussi a-t-elle été séduite quand Pôle emploi l’a aiguillée sur l’entreprise Potez en quête de nouvelles recrues. Après une phase de découverte de l’usine et de ses différents métiers, elle est désormais en contrat de professionnalisation pour un an, au poste d’ajustage qu’elle a choisi, avec l’espoir d’une embauche ferme à la clé. Son travail consiste à assembler les différentes pièces d’aluminium d’un tronçon de Falcon 2000 – «l’avion du Président de la République!»– sous la houlette de Philippe, son tuteur, très satisfait de son évolution. Contrairement aux préjugés sur le milieu aéronautique,

Pierrette est loin d’être la seule femme en bleu de travail, Potez étant soucieux de favoriser la mixité dans la chaîne de production. Qualités requises, d’après la direction des ressources humaines : « Rigueur, minutie et sens des responsabilités.»

Ne pas quitter ses Landes natales Pour venir jusqu’au site d’Aire-sur-l’Adour, Pierrette doit faire quotidiennement une centaine de kilomètres aller-retour, sans que cela ne la contrarie: «Ce n’est pas grave quand on part travailler avec plaisir, et puis on fait du covoiturage à cinq, on n’a pas le temps de s’ennuyer ! » L’important, pour elle, était avant tout de ne pas quitter ses Landes natales. Pierrette apprécie l’ambiance qui règne dans l’entreprise où elle a découvert « une grande entraide entre les salariés». Elle aime également son cadre de travail : « De grands bâtiments aérés, bien éclairés, où le bruit est tout à fait raisonnable.» Actuellement, 19 personnes bénéficient, comme elle, de ce processus de formation professionnelle avec le concours financier du conseil régional d’Aquitaine. ■

© DR

L’EMPLOI AUTREMENT

LANDES/AIRE-SUR-L’ADOUR

Ancienne salariée de Capdevielle pendant vingt-trois ans, Pierrette Nots a bénéficié

7

Stéphane Montuzet, directeur d’Interstices Sud Aquitaine. projet n’aboutit pas. Cela ne veut pas dire pour autant que tout s’arrête. «Nous avons eu le cas d’une infographiste, raconte le directeur Stéphane Montuzet, pour laquelle la phase de test a fait paraître la nécessité d’améliorer ses compétences; elle s’est donc repositionnée vers une formation qualifiante.» Historiquement, Interstices est la première coopérative d’activité et d’emploi française sous forme de SCIC, créée en août 2002 par

le Comité de bassin d’emploi du Seignanx et le foyer de jeunes travailleurs de Tarnos. «Ce statut, explique le directeur, permet aux porteurs de projet d’être des membres à part entière de la structure, au même titre que les salariés ou les autres membres sociétaires. Une façon de leur conférer plus de responsabilité et l’entière maîtrise de leur projet.» Comme l’illustre l’activité d’Interstices, qui se solde par plus de 70% de sorties en emplois, l’économie sociale et solidaire (ESS) constitue un outil pertinent pour dynamiser les territoires. À ce titre, la Région Aquitaine est en train de mettre en œuvre un schéma régional de l’ESS pour donner plus de visibilité et de moyens à ces acteurs économiques pas comme les autres. * Société coopérative d’intérêt collectif . scic-interstices.com . Retrouvez les entretiens de l’ESS sur tv.aquitaine.fr/solidarite

INSERTION PAR L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

UN NOUVEAU PLAN RÉGIONAL Pierrette Nots suit actuellement une formation chez l’avionneur Potez Aéronautique, après la liquidation de son ancienne entreprise en 2010.

Le Plan d’appui régional à l’insertion par l’activité économique (PARIE) vient d’être lancé par la Région Aquitaine. Il repose sur 7 orientations phares et 20 fiches-mesures, dont 12 nouveautés, allant du soutien au développement économique des structures d’insertion, leur professionnalisation, l’appui à leur créativité, à l’usage de nouvelles pratiques

mutualisées et éco-responsables, au développement d’une commande publique socio-responsable et au renforcement des liens avec les entreprises. Le secteur de l’Insertion par l’activité économique représente en Aquitaine 198 structures et emploie 10389 salariés en parcours d’insertion professionnelle ainsi que 850 salariés

permanents. L’aide du conseil régional participe au développement économique de ces structures conventionnées, en les soutenant dans les phases clés de leur évolution afin de renforcer l’offre territoriale d’insertion professionnelle et d’agir en faveur du retour à l’emploi. Plus d’info sur l’Insertion par l’activité économique : www.iae-aquitaine.org

AQUITAINE CAP MÉTIERS

© ALBAN GILBERT

VOUS AVEZ UN PROJET DE FORMATION?

Quels que soient votre âge, votre situation et votre niveau de qualification, vous pouvez suivre une formation pour acquérir de nouvelles compétences. Aquitaine Cap Métiers vous accueille sur sa plate-forme régionale CapInfo pour toute information sur la formation en Aquitaine (stages de formation, législation, dispositifs de financement, VAE, professionnalisation des acteurs…), ou relaie vos demandes vers les acteurs de la formation, de l’orientation, de l’insertion et de l’emploi. La plate-forme CapInfo est à votre écoute au : n° Azur 0 811 06 06 10 Plus d’infos sur : www.aquitaine-cap-metiers.fr

_ hi ve r 2012 _ n ° 44


AQUITAINE 44 - 8-9v3 _Mise en page 1 20/02/12 16:36 Page8

ACTUALITÉ

8 INVESTISSEMENTS RÉGIONAUX

2012, UN BUDGET ÉQUILIBRÉ ET AMBITIEUX Avec 1352 M€, en augmentation de 1,8% par rapport à 2011, le budget 2012 fait la part belle aux investissements en matière de développement économique, d’innovation, d’enseignement supérieur, de recherche et de formation professionnelle. L’Aquitaine maintient ses priorités et investit en 2012 plus de 600M€, soit 45% de son budget contre 37,47% dans les autres régions françaises, pour soutenir l’activité économique et préserver l’emploi aquitain. Un budget de gestion rigoureux alors que l’Aquitaine est la région la moins endettée de France.

A

vec 398 M€ dévolus à l’emploi, à l’innovation et à la formation professionnelle, la Région Aquitaine démontre son engagement auprès des entreprises, avec cette année la mise en place de la politique régionale de partenariat avec les ETI (entreprises de taille intermédiaire), et la création d’un nouveau dispositif de soutien aux entreprises industrielles à l’export. L’accès à l’emploi à travers la sécurisation des parcours professionnels reste l’une des ambitions premières du conseil régional. En 2012, l’effort aquitain se traduit par une augmentation de 138 % de la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle âgés de 16 à 18 ans, soit un revenu social de formation qui passe de 130€ à 310€ par mois. Trois nouveaux projets sont également lancés cette année: les formations LGV Emploi en vue de la construction de la ligne à

grande vitesse entre Bordeaux et Hendaye, le centre de formation et de perfectionnement Aérocampus dans le domaine de la maintenance aéronautique, et le développement de Cap Métiers, l’agence pour l’orientation, la formation et l’emploi.

Une région innovante En matière d’innovation et de recherche, près de 145 M€ sont affectés au financement d’opérations d’envergure tel le Neurocampus (60 M€), qui doit positionner l’Aquitaine au premier rang de la recherche en matière de neurosciences, le doublement de l’IEP de Bordeaux (27 M€), et la construction du Centre optique, le pôle de formation recherche et développement technologique organisé autour de l’école d’ingénieurs Sup’ Optique (46,6 M€). Des actions sont également mises en œuvre pour le développement technologique, no-

tamment par la création d’un fonds de maturation technologique ainsi que, dans les domaines du numérique et des matériaux, par la création de deux centres technologiques. Dans le domaine des infrastructures de transport, la Région investit 278 M€ et poursuit en 2012 les politiques déjà engagées en faveur du ferroviaire. Les travaux pour la réalisation de la LGV Tours-Bordeaux vont prendre toute leur ampleur tandis que s’achèvent les études techniques pour la réouverture de la ligne OloronSainte-Marie/Bedous sur l’axe Pau-Canfranc/Saragosse. Enfin, toujours dans cette enveloppe, l’investissement régional pour faciliter les déplacements quotidiens des Aquitains avec le Ter Aquitaine est de 178 M€.

Un cadre budgétaire contraint Mais si la Région continue d’investir mas-

sivement elle voit ses marges de manœuvre diminuer : très faible progression des recettes fiscales, gel des dotations de l’État jusqu’en 2014 et raréfaction des crédits bancaires. En outre, depuis l’application de la réforme fiscale qui a vu la suppression de la taxe professionnelle et de la part régionale des taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties, la région ne dispose plus que d’une faculté limitée de fixation de ses ressources. Elles ont été remplacées par la CVAE (cotisations sur la valeur ajoutée des entreprises), les IFER (impositions forfaitaires des entreprises de réseau) et un mécanisme de garantie assimilable à une dotation. Des contraintes toujours plus nombreuses qui n’empêchent pas la Région de poursuivre son désendettement et de se classer en tête des régions les moins endettées de France. ■

MONTANT DU BUDGET 2012 : 1 352 MILLIONS D’EUROS ■ CHIFFRES CH HIFFRES 2012 HIFF 2

10 M€ 84 M€ PROMOTION DE LA RÉGION FONCTIONNEMENT DE L'INSTITUTION 194 94 M€ 56 MM€ ÉDUCATION,, CULTURE,,

■ OÙ VONT LES DÉPENSES ? (SUR 100 €). 25,20€ vont à l’aménagement durable des territoires 2 eet à la défense des équilibres écologiques. 25,05€ vont à l’éducation, la jeunesse, la culture, le sport 2 eet les solidarités.

ANNUITÉ DE LA DETTE ANNUIT

SPORT, JEUNESSE ET SOLIDARITÉS OLIDARITÉS

233 M€ DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE,

2FORMATION 89 M€

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, RECHERCHE

21,36€ vont à la formation professionnelle et à l’apprentissage. 2

145 M€ CONSTRUCTION

17,27€ vont au développement économique, 1 à l’enseignement supérieur et à la recherche.

PROFESSIONNELLE

ET ÉQUIPEMENT DES LYCÉES

22 M€TS ÉQUIPEMENTS

6,98€ vont au fonctionnement et à la promotion de l’institution. 6

319 31 M€ AMÉNAGEMENT AMÉN

ROUTIERS, PORTUAIRES ES ET AÉROPORTUAIRES ES

4,14€ vont au remboursement de la dette. 4

DURABLE DU TERRITOIRE DURA

■ D’OÙ VIENNENT LES RECETTES (SUR 100 €).

46 M€ FONDS NATIONAL DE

306 M€

INDIVIDUELLE GARANTIE INDIVIDUEL (FNGIR) DE RESSOURCES (FNGIR

FISCALITÉ TÉ INDIRECTE (cartes grises et TIPP)

246 M€ EMPRUNT

3 37€ proviennent des dotations de l’État.

22,62€ proviennent de la fiscalité 2 régionale indirecte (cartes grises, TIPP). rré

177 M€

1FONDS 9 M€DE COMPENSATION VERSÉ

FISCALITÉ DIRECTE CTE (Cotisation valeur eur ajoutée des entreprises ses et impositions forfaitaires res sur les entreprises ses de réseau) au)

PAR L’ÉTAT EN REMBOURSEMENT D'UNE PARTIE DE LA TVA (FCTVA) ACQUITTÉE PAR LA RÉGION SUR SES INVESTISSEMENTS

30 M€ FONDS EUROPÉENS

500 M€ DOTATIONS DE L’ÉTAT

8 M€ RECETTES DIVERSES

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20 M€ PARTICIPATIONS DES COLLECTIVITÉS PART LOCALES ET CONCOURS DIVERS LOCA

18,19€ proviennent de l’emprunt. 1 1 13,10€ proviennent de la fiscalité directe régionale (cotisation valeur aaj ajoutée des entreprises et impositions forfaitaires entreprises de réseau). 3,42€ proviennent du Fonds national de garantie individuelle 3 dde ressources (FNGIR). 2 2,22€ proviennent des fonds européens. 1,51€ proviennent des participations des collectivités locales 1 eet concours divers. 1 1,37€ provient du remboursement d’une partie de llaa TVA acquittée par la Région sur ses investissements. 0,57€ proviennent des recettes diverses. 0


AQUITAINE 44 - 8-9v3 _Mise en page 1 20/02/12 15:55 Page9

ACTUALITÉS

9

AQUITAINE + EUSKADI = EURORÉGION ! Ça y est, c’est officiel : la Région Aquitaine et la Communauté autonome du Pays Basque en Espagne se sont dit oui. Le couple forme désormais une Eurorégion, qui consacre plusieurs années de coopération fructueuse.

tal, depuis dix ans, la Région Aquitaine a mobilisé 5 millions d’euros pour financer quelque 600 projets. Cette dynamique a permis l’éclosion de nombreuses initiatives partenariales de part et d’autre de la frontière, affirmant encore un peu plus le sentiment qu’il existe désormais une communauté de destin entre l’Aquitaine et Euskadi.

Les membres de la délégation aquitaine venus rencontrer leurs homologues au siège du Gouvernement basque à Vitoria-Gasteiz.

G

roupement européen de coopération territoriale « Eurorégion Aquitaine-Euskadi»: c’est désormais sous les auspices de cette nouvelle structure que les deux Régions vont travailler. Bien qu’il ait toujours existé une communauté de cœur et d’action entre l’Aquitaine et Euskadi, il a fallu la rencontre de deux volontés pour que le projet aboutisse. Au lendemain de son élection en mars 2009, le lehendakari (président en basque, ndlr) Patxi López Álvarez a réservé sa première visite «diplomatique» au président du conseil régional d’Aquitaine. Une

venue hautement symbolique qui sonnait l’heure d’une nouvelle coopération. Plusieurs séquences de travail et d’échange avec les gouvernements français et espagnols ont été nécessaires aux deux Régions pour définir les termes et les projets de cette coopération. Et des projets, il y en a.

Eurorégion : la bonne échelle de gouvernance L’Aquitaine et la Communauté autonome Basque totalisent ensemble près de 5,5 millions d’habitants. D’après les analystes, c’est l’envergure idéale à partir de laquelle

un acteur public peut mener des projets véritablement structurants, dans des domaines tels que le transport, l’environnement, l’enseignement supérieur ou le développement économique. Une réalité dont les deux collectivités ont su tirer partie en portant ensemble de nombreuses actions au cours des dix dernières années. Un des fruits de cette coopération est, par exemple, le soutien apporté à l’association Bizia qui, de Bayonne à Bilbao, travaille pour faciliter l’accès aux soins des personnes en proie à la drogue et prévenir les risques infectieux liés à leurs usages. Au to-

© ALBAN GILBERT

Laboratoire de la construction européenne À l’heure où l’Union européenne marche au ralenti (crise de l’euro, absence de cohésion politique, etc.), la création de l’Eurorégion Aquitaine-Euskadi vient rappeler la pertinence d’une Europe des Régions, fondée sur une coopération directe entre les collectivités locales, et une proximité entre les autorités et les acteurs de terrain. Les deux Régions sont sans doute les mieux à même de prendre le pouls de ce vaste territoire traversé par les Pyrénées et bordé par l’Atlantique. C’est d’ailleurs bras dessus bras dessous qu’elles se rendront à Bruxelles pour plaider leurs causes communes, comme la LGV Sud Europe Atlantique, le transfert du fret vers le rail et la mer, ou encore la valorisation de la langue et de la culture basques. ■

Découvrez notre reportage vidéo sur : tv.aquitaine.fr/ International/euroregionaquitaine-euskadi/477 ou flashez ce code.

Avant de parcourir les mers du globe, l’exposition itinérante sur la grotte de Lascaux fait une première escale à Cap Sciences.

L

e 15 octobre 2012, c’est Cap Sciences à Bordeaux qui aura la primeur de l’exposition itinérante sur la grotte de Lascaux à Montignac (Dordogne). Ce sera sa seule halte en France. En janvier 2013, elle traversera l’Atlantique pour s’arrêter au Field Museum à Chicago. Une dizaine d’autres musées aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Asie ont déjà réservé pour l’accueillir. Cinq reproductions grandeur nature (4,5 m de haut et 7 m de long) de l’intégralité de la grotte constituent l’élément le plus remarquable de l’exposition qui se construit sous le contrôle d’un comité de pilotage artistique et scientifique composé, notamment, d’Yves Coppens, professeur honoraire au collège de France, et de Jean-Michel Geneste, directeur du centre national de Pré-

histoire. Réalisées sur des panneaux mobiles en voile de pierre, elles représentent des peintures jamais montrées au public. Les scénographes de l’agence parisienne Du&Ma ont conçu un campement autour desquels s’agencent différents modules permettant de jouer sur la superficie de l’exposition qui peut aller de 650 à 800 m2. « Autour de ces fac-similés, nous avons imaginé un parcours interactif, multimédia et immersif. Il présentera les plus belles images, les plus beaux dessins, les plus beaux films et les travaux scientifiques les plus remarquables réalisés sur la grotte. Pour la première fois, on réunira toute la collection iconographique dans un ensemble cohérent », détaille Olivier Retout, chargé de mission au conseil général de la Dordogne. L’ensemble, baptisé Lascaux

L’une des reproductions grandeur nature de la grotte de Lascaux.

3, permettra de revenir sur l’histoire de la grotte: sa découverte en 1940, sa fermeture en 1963, la création du premier exemple de fac-similé avec Lascaux 2… Ensuite, le visiteur pourra la visiter virtuellement grâce à une vidéo en 3D et décrypter les peintures. Il pourra découvrir le travail de reproduction des parois ornées, depuis les premiers calques et dessins jusqu’aux photographies et autres supports. Enfin, il pourra se comparer aux quatre sculptures hyperréalistes de Cromagnons réalisées par l’artiste Élisabeth Daynès. Montrer cette richesse a été une opportunité que le conseil général de la Dor-

dogne, le conseil régional d’Aquitaine et l’État ont voulu saisir pour donner envie au visiteur de venir dans le Périgord respirer le même air que nos ancêtres il y a 20 000 ans. « L’exposition est un outil de promotion de la grotte de Lascaux qui a une place tout à fait particulière dans notre imaginaire. Nous en attendons des retombées pour l’Aquitaine. Cela prépare aussi Lascaux 4, le centre d’interprétation de l’art pariétal qui sera créé en 2015 à Montignac, au pied de la colline de Lascaux », conclut Emmanuelle ThuongHime, directrice de la culture et du patrimoine à la Région Aquitaine. ■

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© CONSEIL GÉNÉRAL DE LA DORDOGNE

LASCAUX À CAP SCIENCES


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10 ACTUALITÉS ENDIRECT DU CONSEIL RÉGIONAL

Š ALBAN GILBERT

LES VITICULTEURS DANS L’INCERTITUDE

Le prĂŠsident de la RĂŠgion de Diourbel, SĂŠrigne Fallou MbackĂŠ et le prĂŠsident de la RĂŠgion Aquitaine.

SOLIDARITÉ

UNE NOUVELLE COOPÉRATION AVEC LE SÉNÉGAL Dans un esprit de solidaritĂŠ et de rĂŠciprocitĂŠ, la RĂŠgion Aquitaine ĂŠtablit des relations de coopĂŠration Ă l’international avec des rĂŠgions d’Afrique, d’Asie et d’AmĂŠrique du Nord. Elle a mis en place en novembre dernier un nouveau partenariat avec une rĂŠgion d’Afrique subsaharienne : Diourbel. SituĂŠe Ă 145 km Ă l’est de Dakar en plein cĹ“ur du SĂŠnĂŠgal, elle compte plus d’1,3million d’habitants. Deuxième rĂŠgion Ă la fois la plus petite en superficie et la plus densĂŠment peuplĂŠe après celle de Dakar, Diourbel constitue un carrefour majeur d’Êchanges du pays. Très faiblement industrialisĂŠe, elle est particulièrement confrontĂŠe Ă l’appauvrissement de ses terres agricoles et Ă un exode rural de sa po-

pulation. L’Aquitaine va accompagner le conseil rĂŠgional de Diourbel dans la formation de son personnel et dans les projets d’insertion et de formation professionnelle de ses jeunes. Elle va ĂŠgalement collaborer au dĂŠveloppement des filières maraĂŽchère et agroforestière. De plus, cette nouvelle coopĂŠration s’appuiera sur les liens dĂŠjĂ existants entre les lycĂŠes aquitains Philadelphede-Gerde (Pessac), Beau-de-Rochas et Toulouse-Lautrec (Bordeaux) et le lycĂŠe Cheikh-Ahmadou-Bamba de Diourbel. Une lettre d’intention de coopĂŠration a ĂŠtĂŠ signĂŠe et un accord entre les deux RĂŠgions est envisagĂŠ pour la fin 2012. â–

Pour en savoir plus: europeinternational.aquitaine.fr

en Aquitaine 54 mÊtiers, Ê 3300 compÊtiteurs, ppÊtiteurs 1 seul arbitre : l’Excellence. ellence.

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Le grand spectacle du talent professionnel !

P PARC ARC DES EXPOSITIONS

VĂŠritable JO des mĂŠtiers, cette compĂŠtition exceptionnelle rĂŠunit autour d’Êpreuves de très haut niveau 300 jeunes talents aquitains, tous passionnĂŠs par les mĂŠtiers qu’ils apprennent. Venez les encoura encourager agerr,, les applaudirr,, vibrer avec eux, tout en dĂŠcouvrant plus de 50 mĂŠtiers qui ne manquent pas d’avenir !

M ARS M MARS ARS MARS

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E N T R É E G R AT U I T E

S RS IER TELLIE A ATE OI DE ÂŤ A TTO

RÂť ER UE JO JOU

PRÉFET DE LA GIRONDE Association rÊgionale pour la for mation, formation, l'orientation et l'emploi

_ hiver 2012 _ n°44

olympiades.aquitaine.fr

ous vous pour vo initieerr Ă de nombreux mĂŠtiers

V enez en Venez TTer er Aquitaine

Au cours de sa dernière assemblĂŠe plĂŠnière, le conseil rĂŠgional d’Aquitaine a adoptĂŠ Ă l’unanimitĂŠ un vĹ“u affirmant son opposition Ă la libĂŠralisation des droits de plantation vitivinicoles. La rĂŠforme de l’organisation commune de marchĂŠ (OCM) viti vinicole, entrĂŠe en application le 1er janvier 2008, prĂŠvoit en effet de libĂŠraliser les droits de plantations avant la fin 2015 (prorogeable Ă 2018 pour les États le souhaitant). Alors que treize États membres, dont la France, et une majoritĂŠ d’eurodĂŠputĂŠs se sont prononcĂŠs contre cette libĂŠralisation, les ĂŠlus de la RĂŠgion, Ă leur tour, prennent position pour la suppression de cette disposition. La Commission europĂŠenne n’a pourtant pas remis en cause cette mesure dans ses propositions pour la future PAC 2014-2020 parues le 12 octobre 2011. Les experts s’accordent pour considĂŠrer qu’une libĂŠralisation des droits de plantation vitivinicoles aurait des consĂŠquences fortement dĂŠstabilisatrices pour le marchĂŠ, notamment une baisse de la qualitĂŠ des vins et des revenus des viticulteurs. L’Aquitaine ĂŠtant l’une des principales zones de production de vins de qualitĂŠ dans l’UE, elle serait durement touchĂŠe par cette rĂŠforme.

UNE NOUVELLE AGENCE POUR L’INNOVATION ET L’INDUSTRIE Les agences rĂŠgionales 2ADI et Innovalis fusionnent. Depuis dix ans, 2ADI prĂŠpare les industriels Ă anticiper les mutations de leurs secteurs d’activitĂŠ et soutient ceux en difficultĂŠ. En 2005, Innovalis a ĂŠtĂŠ crĂŠĂŠe afin de soutenir les projets innovants des entreprises. Les deux agences ĂŠtant complĂŠmentaires, elles se sont regroupĂŠes par filières et par pĂ´les technologiques en aoĂťt 2011 pour une ingĂŠnierie optimale. Aujourd’hui, la nouvelle agence organise les passerelles entre l’innovation et le dĂŠveloppement industriel et travaille Ă la diversification et l’attractivitĂŠ des entreprises. Avec une structure de près de soixante salariĂŠs, elle renforce le dĂŠveloppement ĂŠconomique et celui de l’emploi industriel. C’est Jean-Georges Micol, 51 ans, qui a ĂŠtĂŠ nommĂŠ au poste de directeur gĂŠnĂŠral. Professionnel de la communication et spĂŠcialiste en marketing et dĂŠveloppement durable, il a une forte expĂŠrience internationale dans le domaine des hautes technologies. Expert en pilotage de projets, il est ĂŠgalement l’un des membres fondateurs du cluster photovoltaĂŻque aquitain Sysolia. M. Micol a pris ses fonctions avec pour objectif ÂŤ d’offrir un service encore plus efficace en amĂŠliorant la compĂŠtitivitĂŠ des PME d’Aquitaine Âť.

LGV ACTU TRANSPORT

LE TRACÉ RETENU DES DEUX NOUVELLES LIGNES Le projet de la LGV a franchi une ĂŠtape dĂŠcisive : le comitĂŠ de pilotage du grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) a retenu le tracĂŠ final des deux lignes Ă grande vitesse BordeauxToulouse et Bordeaux-Espagne. Sous la prĂŠsidence du prĂŠfet de la RĂŠgion Aquitaine, il rĂŠunissait les prĂŠsidents des conseils rĂŠgionaux d’Aquitaine et de Midi-PyrĂŠnĂŠes, le prĂŠfet de la RĂŠgion Midi-PyrĂŠnĂŠes, un reprĂŠsentant du ministère de l’Écologie, du DĂŠveloppement durable, des Transports et du Logement, ainsi que le prĂŠsident de RĂŠseau ferrĂŠ de France (RFF). La phase des ĂŠtudes de tracĂŠ est dĂŠsormais terminĂŠe. Après une longue concertation menĂŠe avec le public, les instances intercommunales ou encore les associations de riverains, le comitĂŠ de pilotage a donc retenu 417 km de lignes nouvelles et 38 km en complĂŠment de l’amĂŠnagement des lignes existantes. Le projet est Ă prĂŠsent soumis Ă la ministre de l’Écologie, du DĂŠveloppement durable, des Transports et du Logement pour dĂŠcision et prĂŠparation de la mise en enquĂŞte publique.

Un chantier pour 100 ans La LGV va doter l’Aquitaine d’un ĂŠquipement structurant pour les dĂŠcennies Ă venir. Une fois sur les rails, elle profitera Ă près de 20 millions d’usagers – ils pourront faire Paris-Bordeaux en 2h10, Bayonne-Bordeaux en une heure, Toulouse-Bordeaux en une heure ou encore Bilbao-Bordeaux en 1h50 – et permettra un dĂŠveloppement consĂŠquent du fret. Elle dĂŠgagera par ailleurs des sillons pour augmenter le trafic des Ter Aquitaine, notamment sur les lignes BordeauxHendaye et Bordeaux-Agen. â–

Plus d’info sur : www.gpso.fr


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EN DIRECT DU CONSEIL RÉGIONAL ACTUALITÉS

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L’AQUITAINE ET MIDI-PYRÉNÉES CRÉENT SUD OUEST FRANCE AGROALIMENTAIRE Foie gras, vins, rugby, ferias, Pyrénées : autant d’images qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque

le Sud-Ouest. C’est sur la base de cette identité et de cette histoire communes que les Régions Aquitaine et Midi-Pyrénées ont décidé de s’unir, sous la bannière Sud Ouest France, pour promouvoir le secteur économique qui représente leur premier employeur : l’agriculture et l’agroalimentaire.

P

our la première fois en France, deux Régions voisines unissent leur volonté et leurs moyens pour promouvoir une identité commune et animer la promotion de leurs terroirs et filières agroalimentaires. Foie gras du Sud-Ouest, canard gras du Sud-Ouest, agneau du Quercy, bœuf de Bazas, jambon de Bayonne, pruneau d’Agen, noix du Périgord, melon du Quercy, Roquefort, Ossau-Iraty… MidiPyrénées et Aquitaine revendiquent un même art de vivre tourné vers les produits

agricoles de qualité. Les deux régions offrent à elles deux près de 250 produits sous signe d’identification de la qualité et de l’origine (label rouge, AOC – Appellation d’origine contrôlée ou encore IGP – Identification géographique protégée).

Une plus grande force de frappe Au-delà d’un terroir commun, c’est aussi la volonté d’accompagner ce secteur économique majeur qui les a incitées à créer la bannière Sud Ouest France. Avec plus de 100 000 emplois dans chacune des deux branches, l’agriculture et l’agroali-

mentaire constituent le premier employeur du Sud-Ouest.

Authenticité et traçabilité Le paysage agroalimentaire français est aujourd’hui en pleine évolution : les stratégies d’entreprise, les attentes des consommateurs, le positionnement des produits sous signes d’identification de la qualité et de l’origine, l’engouement pour le bio, le positionnement des régions françaises. Dans la grande région Sud-Ouest en particulier, le marché des produits régio-

naux constitue un enjeu stratégique de croissance. La bannière Sud Ouest France, à travers une offre commune, soutenue par une plus forte communication, permettra de développer une identité porteuse de sens pour les distributeurs et les consommateurs, en quête d’authenticité et de plus en plus exigeants sur la traçabilité. Les produits regroupés sous cette nouvelle bannière sont élaborés à partir des matières premières issues des deux régions. L’action de promotion concernera ainsi les entreprises et les producteurs qui privilégient ces matières premières locales. Le mois dernier, l’Aquitaine et MidiPyrénées ont connu leur premier baptême du feu avec Sud Ouest France à l’occasion de Biofach à Nuremberg – un salon international leader dans le domaine des produits issus de l’agriculture biologique – et au Salon international de l’agriculture à Paris, pour le lancement officiel de la bannière. ■

Plus d'info sur le site de l'Association aquitaine de promotion agroalimentaire: gastronomie.aquitaine.fr

SUD OUEST FRANCE EN QUELQUES CHIFFRES

6 millions C’EST LE NOMBRE D’HABITANTS DES RÉGIONS AQUITAINE ET MIDI-PYRÉNÉES RÉUNIES

93000 EXPLOITATIONS AGRICOLES

4 000 EXPLOITATIONS BIO

1 500 ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES

210000 EMPLOIS DANS LE SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

©DR

250 PRODUITS SOUS SIGNE DE QUALITÉ ET D’ORIGINE _ hi ve r 2012 _ n ° 44


AQUITAINE 44 P. 12 OK_Mise en page 1 05/03/12 15:16 Page12

© PHOTOS : HERVÉ LEFEBVRE

12 ACTUALITÉS LA PAROLE AUX ÉLUS GROUPE PS, PRG ET APPARENTÉS STÉPHANE DELPEYRAT PRÉSIDENT

INNOVER POUR L’EMPLOI a crise dure et s’aggrave. Plus que jamais, la question de l’emploi est centrale. À la recherche d’un nouvel équilibre, contre les lois de la finance et pour les droits des salariés, nous devons désormais faire preuve d’imagination pour soutenir la compétitivité des entreprises tout en sécurisant les parcours professionnels. La Région, aux côtés des entreprises pour les inciter à créer des emplois durables, s’attache à développer l’offre de formation, notamment sur les secteurs à fort potentiel (industrie, éco-construction, agriculture durable, chantier TGV…) et les territoires sensibles. Depuis dix ans, l’Aquitaine, engagée dans une politique très volontariste en faveur de la recherche et de l’innovation, a participé à la consolidation du tissu industriel autour de filières d’excellence (aéronautique, neurosciences, optique et

L

lasers). Aujourd’hui, il nous faut optimiser chacune de nos interventions, mais aussi rechercher, au-delà de la seule innovation technologique, les meilleures voies de l’innovation sociale. C’est pourquoi, après avoir encadré les aides aux entreprises servant des dividendes, la Région va renforcer ses critères sociaux et environnementaux. Dans le même temps, nous voulons démultiplier le réseau de l’économie sociale et solidaire, créatif et porteur d’emploi durable. L’innovation passe aussi par l’accompagnement des jeunes qui subissent durement la crise (1 sur 4 est au chômage), particulièrement ceux qui ont décroché du système éducatif sans qualification. La politique régionale « nouvelle chance », assor tie d’un revenu social de formation revalorisé pour les 16-18 ans, est faite pour eux. Enfin, pourquoi ne pas lire l’innovation sociale dans notre volonté de porter la sécurisation des parcours professionnels ? Dans une période difficile, qui malmène les plus vulnérables et qui multiplie les accidents de la vie, il nous paraît en effet essentiel de donner une chance à chacun en préservant la dignité de tous.

GROUPE FORCES AQUITAINE PATRICK BEAUVILLARD CONSEILLER RÉGIONAL

L’INNOVATION DOIT PROFITER À TOUS innovation est la clé pour le développement de l’activité économique et la création d’emplois. Mais ce consensus apparent masque de profondes divergences entre l’approche régionale, et le modèle de développement que nous, centristes, voudrions mettre en œuvre. L’innovation n’est pas une fin en soi, mais le moyen d’apporter développement et production de richesses à notre région. Cela

L’

Stéphane Delpeyrat, président du groupe PS, PRG et apparentés. Vice-président au sport, à la jeunesse et à la vie associative. > Tél. : 05 57 57 80 96 groupe.socialiste@ps.aquitaine.fr

FRONT DE GAUCHE ALAIN BACHÉ

aux

PRÉSIDENT

La parole

LUS

GROUPE MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE MICHEL DIEFENBACHER PRÉSIDENT

L’ÉTAT IMPULSE ET LA RÉGION ACCOMPAGNE L’INNOVATION epuis plusieurs années, le gouvernement investit dans la recherche et l’innovation pour améliorer la compétitivité des entreprises, orienter la production vers les secteurs d’avenir, créer des emplois et de la valeur ajoutée. L’innovation est le vrai moteur de la croissance. Sans elle, l’économie régresse. Il faut donc innover pour produire en France, inciter les entreprises à relocaliser. Les dépenses publiques de R & D placent la France en septième position européenne, au-dessus de la moyenne des 27 États. De nom-

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breux dispositifs nationaux stimulent l’effort de recherche privée : le crédit impôt recherche mobilise 3 milliards d’euros par an, le statut de jeune entreprise innovante a un impact positif direct sur l’emploi et la productivité. Le capital-risque, qui finance l’innovation, a enregistré un résultat record en 2010 : 1 700 entreprises soutenues pour 6,6 milliards d’euros. De même, la dynamique des pôles de compétitivité repose sur les projets de R & D largement aidés par l’État : plus de 3 milliards d’euros depuis 2005. La Région contribue également aux moyens des quatre pôles aquitains : 30 millions d’euros depuis 2005. Les investissements d’avenir, initiés par l’État pour relancer l’économie, financeront, grâce au grand emprunt, 35 milliards d’euros, dont plusieurs projets aquitains de R & D et d’innovation. Autant d’exemples du partenariat indispensable entre l’État et la Région pour le développement industriel et la croissance des territoires. En Aquitaine, nous souhaitons que la fusion récente des agences 2ADI et Innovalis augmente l’efficacité de notre politique industrielle, enjeu majeur d’attractivité de la région.

Michel Diefenbacher, président du groupe Majorité présidentielle. > Tél. : 05 57 57 83 61 majorite.presidentielle@mp.aquitaine.fr

LES PARCOURS DE VIE AU CŒUR DE NOS PRÉOCCUPATIONS emploi pour tous est une nécessité. Les besoins non satisfaits sont immenses. Chaque femme et chaque homme aspirent à participer par leur travail au bien de tous. Chacun d’entre nous doit pouvoir bénéficier d’une formation qualifiante pour permettre de développer la première richesse de France, le travail humain, c’est-à-

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EUROPE ÉCOLOGIE BÉRÉNICE VINCENT, VICE-PRÉSIDENTE EN CHARGE DE L’INNOVATION SOCIALE ET ÉCONOMIE SOLIDAIRE

MOINS DE BIENS, PLUS DE LIENS a sacralisation d’un modèle de développement basé sur la croissance du PIB, le cours du CAC 40 et le nombre de A pèse si gravement que chacun peut finir par croire qu’il relève du divin et non de choix politiques. D’où la tentation de céder aux sirènes du repli sur soi et du rejet de l’autre. Les alternatives existent qui relèvent d’abord de choix démocratiques, fiscaux, sociaux et économiques, en fait des actes poli-

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- Aquitaine

exige d’orienter l’effort pour que chaque territoire aquitain puisse en récolter les fruits. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les moyens sont essentiellement centrés sur l’innovation technologique. S’il profite à l’Aquitaine, ce choix aggrave les écarts de richesse entre les territoires. C’est une erreur politique. Pour la corriger, nous proposons deux changements majeurs : 1. Élargir le concept d’innovation au commerce, au marketing, au design, au packaging… L’innovation peut aussi être agricole, sociale ou managériale. Des moyens orientés plus largement profiteraient à tous les territoires. 2. Décentraliser ; mettre les acteurs de l’innovation au cœur des territoires pour renforcer leur lien localement. Notre devoir est de donner à tous les territoires aquitains une chance de dessiner leur avenir.

Joan Taris et les élus du groupe Forces Aquitaine. Tél. : 05 57 57 80 83 groupe@forces-aquitaine.fr

dire l’emploi et la qualification des travailleurs. Il est donc aujourd’hui nécessaire de créer un grand service public régional de l’accueil, information et orientation prenant en compte les défis de demain. La formation des salariés doit permettre, avec les partenaires sociaux, une démarche d’anticipation, des innovations et des mutations dans de grands secteurs économiques, afin de permettre à chaque jeune, chaque salarié d’accéder à un niveau de formation le plus élevé possible. L’organisation de la société doit viser un but : l’intérêt général et l’émancipation de chacune et de chacun. Elle doit permettre une citoyenneté effective, car il n’y a pas de progrès durable sans un développement, qui doit aller de pair avec un plan de mises aux normes des productions socialement et écologiquement compatibles avec les exigences d’un nouveau mode de développement.

Alain Baché, président du groupe Front de Gauche. >Tél. : 05 57 57 72 14 frontdegauche@frontdegauche.aquitaine.fr

tiques. Elles sont porteuses de mieux vivre pour tous, de production de richesses, d’activités et d’emplois, de projets collectifs répondant aux besoins (santé, alimentation, énergie), de besoin d’entreprendre, à commencer par ceux qui font du lien social. Elles sont au cœur des projets de territoire, des projets de l’économie sociale et solidaire. Les secteurs où elles peuvent se déployer sont déjà là. Des montages coopératifs astucieux permettent, par exemple, de financer des projets de rénovation énergétique de maisons individuelles par des projets éoliens. Misons sur la sobriété, l’efficacité des équipements énergétiques et le recours aux énergies renouvelables, mais aussi sur la reconversion d’une agriculture conventionnelle en une agriculture paysanne pour créer de nombreux emplois dans une Aquitaine innovante et inventive. A

L

- Aquitaine

Bérénice Vincent, vice-présidente en charge de l’innovation sociale et économie solidaire. > Tél. : 05 57 57 80 95 groupe.vert@verts.aquitaine.fr


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BIEN VIVRE

13 L’ASSOCIATION DES CINÉMAS DE PROXIMITÉ (ACPA) : VOIR ET FAIRE VOIR SUR UN TERRITOIRE

L’AQUITAINE EN TOURNAGE

Un cinéma de proximité : qu’est-ce que c’est ?

CINÉMA ET AUDIOVISUEL Forte de paysages grandioses et du soutien du conseil régional

Pour que tout le monde comprenne bien, je dirais qu’il s’agit d’un cinéma proche des gens, qui donne accès à des films différents et qui brasse des publics différents. Finalement chaque salle se ressemblant, c’est la personne qui tient la salle qui lui donnera sa couleur en proposant un choix de films suivant son public fidèle.

à la production cinématographique et audiovisuelle, l’Aquitaine s’offre une belle tranche de succès chaque fois que cinéma et télévision la mettent en scène.

Pourquoi une association comme l’ACPA existe-t-elle ?

S

ilence, moteur, ça tourne ! Le cinéma aime l’Aquitaine. Près de 70 tournages en 2010 (téléfilms ou séries télévisées, courts-métrages et longs-métrages de cinéma), des succès en salle à rendre jaloux Hollywood ; alors méfions-nous! Une star se cache peut-être au coin de la rue ! Ou peut-être sur le seuil d’une belle demeure en bordure du bassin d’Arcachon ? Si l’on en doutait, c’est confirmé. L’Aquitaine attire les caméras et, pour notre plus grande joie, il ne s’agit pas de faits divers mais de belles images de fictions. Quand Audrey Tautou joue à Malagar pour Thérèse D., nouvelle adaptation de l’œuvre de François Mauriac, sous l’œil vigilant et la caméra précise de Claude Miller, c’est du sérieux ! Quand Sandrine Bon-

naire joue une mère en rupture face à des événements de la vie, lourds à porter, c’est Bordeaux, le Cap-Ferret, Soulac et Montalivet qui accueillent l’actrice et toute l’équipe de La Ballade de Lucie, un téléfilm tourné à l’automne avec une diffusion sur France2 prévue en 2012. Quant à Sandrine Kiberlain, dans cette belle œuvre, l’Oiseau, d’Yves Caumon, que les salles de notre région nous offrirons en début d’année prochaine, qui l’accueille ? Notre capitale de région bien sûr ! Car Bordeaux a su séduire avec douceur le réalisateur dont la sélection de la dernière Mostra de Venise a reconnu la délicatesse du propos, marque d’un bel hommage. Les images parlent donc d’elles-mêmes : l’Aquitaine est une région de cinéma. Sous l’angle éco-

Tournage de « la Permission de minuit », de Delphine Gleize avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos.

nomique, l’impact du septième art n’est certainement pas à négliger d’autant que la filière professionnelle du secteur marque le territoire par sa présence et la qualité de ses intervenants. Si bien que les équipes de production, très souvent parisiennes, ont progressivement recours aux techniciens locaux. Un relais que le conseil régional s’emploie à valoriser, notamment grâce à un bureau d’accueil de tournages. Preuve en est le constat du CNC (Centre national de la cinématographie et de l’image animée) qui relève que le réseau des professionnels de la filière cinématographique et audiovisuelle figure parmi les cinq premiers, hors Île-de-France. Encourageant et salutaire pour une région où les talents n’attendent pas pour s’exprimer. ■

SALLES NUMÉRIQUES : LE CINÉMA AU COIN DE LA RUE

Pour sa dimension sociale avant toute chose. Homme de réseau, je considère que la particularité des exploitants de salles indépendantes tient dans leur singularité, ce qui n’enlève rien au fait que, par notre métier, nous poursuivons un projet commun : donner à voir un film ensemble. Avec deux millions de spectateurs recensés en 2011 dans notre réseau de 76 établissements en Aquitaine, je crois pouvoir dire que le bilan est plutôt positif.

Et l’actualité de l’ACPA, qu’en est-il ? Une expérimentation récente unique en son genre : le Clap. Il s’agissait de projeter, avant chaque film, de courts contenus de création (10 minutes) dans 23 salles de la région dotées d’équipement numérique. C’était réellement une première puisque ce dispositif s’appuie sur une innovation technologique qui permet la livraison directe aux exploitants de contenus dématérialisés, ceci grâce à un réseau de communication privé (Avgrid). Adieu les bobines !

Plus d'info sur acpaquitaine.com

ÉQUIPEMENT La conversion des salles de cinéma à la technologie numérique entend

répondre à une nécessaire offre de proximité.

U

n cinéma au milieu des champs? Et pourquoi pas ? Loisir accessible, le cinéma n’a pas vocation à demeurer confiné en centre-ville quand la télévision rendrait triste et isolé un habitant d’une commune rurale. Aller au cinéma? Tous les jours si je veux! Mais si d’aventure l’envie vous prend, qu’en est-il de la proximité et des séances proposées? Encore un mois de retard sur la sortie nationale! Le dernier James Bond programmé dans deux des trois salles de mon cinéma? Soyons rassurés, ce scénario catastrophe perd progressivement de sa réalité. Et si le sauveur s’appelait « cinéma numérique»?

La question se pose et, au-delà, elle trouve même des applications concrètes. Des films récents, un confort visuel de qualité grâce à une technologie évoluée, une population établie localement qui en a pour son argent. Sur les cinq départements que compte la Région aquitaine, 69 salles de cinéma en activité ont pu bénéficier de l’aide du conseil régional afin de procéder à la conversion de leur équipement au numérique. Ce bilan d’étape est encourageant au regard du véritable défi que constitue la numérisation des salles de cinéma sur un territoire qui connaît une offre disparate. Avant d’en arriver là, une

première expérimentation a permis d’équiper, dès 2009, six établissements indépendants : le Lux au Buisson-de-Cadouin (Dordogne), la Brèche à Sainte-Foyla-Grande (Gironde), Ciné-Jalles à SaintMédard-en-Jalles (Gironde), le Renoir à Biscarrosse (Landes), le Plaza, à Marmande (Lot-et-Garonne) et l’Atalante/ l’Autre Cinéma à Bayonne (PyrénéesAtlantiques). Alors le numérique : un vœu pieu ? Pas vraiment. Le cinéma en sortira gagnant et les cinéphiles trouveront la proximité et le confort ouaté d’une salle qui n’attendra qu’eux pour les rendre accros ! ■

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ENTRETIEN AVEC SON PRÉSIDENT, RAPHAËL MAESTRO

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14 BIEN VIVRE LIVRES

DANS L’ATELIER DES CRÉATEURS DE BANDES DESSINÉES RENCONTRE Quel amateur de BD n’a jamais rêvé de se pencher au-dessus de l’épaule d’un

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dessinateur afin de l’observer en pleine action, jetant sur le papier les traits qui composent peu à peu une planche ? Pour l’agence Écla, le célèbre Max Cabanes s’est prêté au jeu.

A

u début de l’Harmonie du hasard, le documentaire qui lui est consacré, on le voit couper du bois derrière sa maison de La Brède, en Gironde, se préparer un petit café et griffonner un scénario sur du papier avant de s’attabler dans son atelier où il va se mettre à dessiner sous nos yeux : si

Max Cabanes a accepté de dévoiler ainsi son univers de création, c’est parce qu’il croit à « la pédagogie par l’exemple » dont il a lui-même bénéficié enfant, ayant appris son art « à l’école de la rue, loin de tout parcours académique ». Pari réussi pour le réalisateur, Lucas Vernier, qui voulait « filmer une balade dans la tête de Max ».

On s’y croirait, en effet, avec une vue plongeante sur la tablette graphique où le dessinateur esquisse les personnages de son dernier opus, crayonne les dialogues, recadre d’un clic de souris, peaufine le moindre élément de décor, la moindre expression avec une patience infinie et une virtuosité à couper le souffle. Aux premières loges des interrogations, des envies, des tâtonnements de l’artiste qui prend le risque de penser à haute voix, le spectateur découvre les longues heures de travail que nécessite la moindre case où rien n’est finalement – et malgré ce que suggère le titre du film – laissé au hasard. Ce documentaire de 35 minutes est le cinquième numéro d’une série imaginée par l’agence Écla sur « les Petits Univers de la BD en Aquitaine », des outils destinés aux professionnels du livre et de l’éducation bénéficiant d’une large diffusion dans les bibliothèques, médiathèques, CDI de collèges, lycées et autres centres de formation. « En réalité, Max aurait dû faire l’objet du tout premier DVD », explique Lucie Braud, responsable du projet à Écla. «C’est de nos discussions qu’est né le concept des “Petits Univers”, il y a quelques années, alors que nous réfléchissions à un moyen de promouvoir la bande dessinée en Aquitaine. » Finalement, l’auteur de la série Dans les villages étant accaparé par diffé-

LES ARTISTES S’ÉPANOUISSENT AVEC ÉCLA Depuis 2009, Écla fédère en Aquitaine toutes les agences régionales préexistantes ayant trait à l’écrit, au cinéma, au livre et à l’audiovisuel. Parmi ses multiples missions d’éducation artistique, de valorisation du patrimoine culturel et de soutien à la création, Écla accorde une attention toute particulière aux auteurs de bandes dessinées, une profession en pleine mutation, avec l’arrivée du numérique et l’explosion des publications, qui, paradoxalement, ne permet qu’à bien peu de vivre de leur métier. Parmi les actions phares de l’agence : l’organisation, depuis cinq ans, d’une résidence de création en partenariat avec la ville de Québec (un auteur aquitain part là-bas pendant deux mois tandis qu’Écla accueille un auteur québécois). Cette année, l’heureux élu en Aquitaine est Nicolas Dumontheuil, créateur notamment du personnage du Landais Volant. Plus d'info sur ecla.aquitaine.fr rents projets (il s’est lancé dans l’adaptation des polars de Jean-Patrick Manchette), quatre autres artistes le précéderont – Alfred, Emmanuel Moynot, Jean-Denis Pendanx et Sandrine Revel – chacun jouant le jeu à sa façon, tous apportant leur petite pierre à un édifice pédagogique propre à éveiller l’imaginaire et, pourquoi pas, susciter des vocations. ■

L’ESCALE DU LIVRE SOUFFLE SES 10 BOUGIES! ÉVÉNEMENT Figurant parmi les dix plus grandes manifestations littéraires nationales, l’Escale

du livre a fait son nid et est aujourd’hui un moment incontournable de la vie littéraire aquitaine. Du 30 mars au 1er avril, faites escale pour un week-end très littéraire. Et très festif.

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tion rend hommage au livre sous toutes ses formes. L’objectif est de dépasser les frontières par la littérature, en faisant dialoguer romanciers, musiciens, comédiens, plasticiens ou chorégraphes. »

Pour tous les goûts On l’aura compris, l’Escale du livre 2012 sera très éclectique. Vous y rencontrerez des grandes pointures (Daniel Pennac, Michel Onfray, le prix Nobel de littérature Herta Muller ou encore Alexis Jenni, prix Goncourt 2011) comme des auteurs moins connus mais tout aussi prometteurs. Vous pourrez y parler littérature bien

sûr, mais aussi politique (avec un café de la controverse sur « Le vote est-il encore utile ? ») ou historique, à l’occasion d’un Grand Débat sur les 50 ans de l’indépendance de l’Algérie. Si vous êtes amateur de bande dessinée, vous trouverez votre bonheur sous un chapiteau entièrement dédié où seront présents de nombreux auteurs. Enfin, l’Escale fera la part belle à la littérature jeunesse, avec notamment des contes, des ateliers participatifs et des spectacles. ■

Le programme complet et les infos pratiques sur : www.escaledulivre.com

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our cette édition anniversaire, la programmation de l’Escale sera plus que jamais foisonnante, avec notamment, les Grands Débats, qui associent écrivains, journalistes et penseurs autour de thèmes d’actualité ; les Grands Entretiens, avec des figures de la littérature contemporaine ; des lectures, des performances, des cafés littéraires – il y aura même un cabaret littéraire ! – et de nombreux temps forts. « L'originalité de l'Escale du livre est d'être devenue en quelques années un véritable festival culturel, explique son directeur Laurent Flutto. Notre manifesta-


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BIEN VIVRE XXXX XXXXXXXXXXX

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LANGUES RÉGIONALES Le journal l’Aquitaine consacre une page aux langues régionales. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du plan pluriannuel 2011-2014 de promotion des langues occitane et basque au sein de l’institution régionale. Afin que cette page soit accessible aux non-bascophones et non-occitanophones, l’article s’accompagne d’une synthèse en français. OCCITAN

AQUITÀNIA AJUDA A LA RECONEISSENÇA DE LA LENGA OCCITANA qu’es de son fonccionament, se vòu flexiu, pragmatic e federatiu. Luenh de voler bastir un occitan estandard, l’organisme noveu favorisarà la pratica populària dins sa representacion geografica la mai larja. Dempuei aura los chantiers son nombrós. Lo prumier trabalh vai èsser la creacion d’un diccionari francés-occitan de referencia disponibla en linha. Vendràn aprep d’autres utils per ajudar la lenga a ganhar en difusion e en coeréncia. D’aici pauc, la Conferença devrà venir un interlocutor privilegiat daus organismes oficiaus e economics coma daus usatgers per tot çò que toca a la lenga d’òc.

L’Aquitaine aide à la reconnaissance de la langue occitane Aujourd’hui la langue d’oc demeure l’une des plus grandes minorités linguistiques d’Europe. Mais malgré une forte demande de la part des institutionnels comme des usagers, il n’existe toujours pas d’organisme de référence qui puisse répondre aux enjeux posés par la présence du plus en plus importante de l’occitan dans la vie publique. Pour remédier à ce manque, quatre régions occitanophones, dont l’Aquitaine, avec l’aide du Val d’Aran, ont financé la mise en place d’un organisme chargé de créer

© JEAN-PIERRE BOST

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mb sos milierats de locutors, actius coma passius, e d’enfants que l’aprenen a l’escòla l’occitan demòra auei l’una de las mai belas minoritats linguisticas d’Euròpa. Màs lo desvelopament de l’ensenhament, la creacion literària coma artistica e l’investissament de mai en mai fòrt de las collectivitats localas dins lo bilinguisme institucionau necessitan la creacion d’un organisme que siá una referença per l’ensemble dau territòri. Qu’es per quò qui qu’en 2009 las regions Aquitània, Miegjorn Pireneus, Lengadòc-Rosselhon, Ròse-Aups e lo sindic de Val d’Aran coma de las associacions representativas botèren en plàça l’APORLOC, l’associacion prefigurativa de l’organisme de regulacion de la lenga occitana. La tòca n’era de crear un organisme de regulacion de la lenga perfin de respondre ad una demanda en frotjada demest los usatgiers e los institucionaus. Tres ans aprèp, son totjorns quelas collectivitats que donan una legitimitat oficiala a la creacion de la « Conferença permanenta de la lenga occitana ». Ad ela, aura, de farjar los utils linguistics dont lo public a mestier. Son trabalh scientific en tot valorisar l’unitat de la lenga se farà dins lo respect de la pluridialectalitat. E per çò

À l’issue de la plénière de l’Amassada, David Grosclaude, conseiller régional délégué aux langues et cultures régionales, en présence de représentants des Régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes et du ministère de la Culture et de la Communication, a officiellement lancé le nouvel organisme de régulation de l’occitan : « lo Congrès permanent de la lenga occitana ». tous les outils nécessaires pour tous ceux, publics comme privés, qui utilisent au quotidien la langue d’oc. Cette « Conférence permanente de la langue occitane »

va ainsi pallier un manque criant et permettre de remplir des vides juridiques qui freinent la reconnaissance comme le développement de l’occitan.

oroitzen da Mixel Etxekopar, bridatua bere berritasun, esperimentu garaikide desioetan, eta edizio eta topaketak gertatu ahala sorkuntza botere batez oharturik. Hala ere, sorkuntzak ez dio atea hesten ohiturari. Alderantziz, Mixel Etxekoparren aburuz, honetaz elikatzen da eta ikerketa artistiko honi esker kultur ohiturak orainaldian jokatzen dira. « Ez da geldirik gelditzen den kulturarik, hilak direnak salbu » dio. Xiruk generoak birbisitatzen ditu eta errezeta zaharrak gaurko saltsei egokitzen, neholako helburu intelektualik gabe baina nortasun bat orainaldian biziz. « Kurrituz entseatzen gara » erraten du, hip hopari naturalki bere tokia eskaintzen dion maskarada honen gisara. Urteak pasa ahala, Xiru abangoardiako kultur tradizionala su apalean egosarazten duen laborategi hau bilakatu da. Bidezkoa da beraz hogoita hirugarren edizio hau irekitzen bazaio euskal erresistentziaren kulturari eta Nestor Basterretxea, Oteiza, Chillida, ez dok

amairu kolektiboa, eta Joseba Sarrionandiaren bizi baten obra laudatzen badu.

BASQUE

XIRU, SORKUNTZA KURRITZEN

© XAVIER PINON

La compagnie Par-alleles se présente au Festival Xiru fin mars 2012.

G

otaine Irabarne, xiberotar herri ttipia, Xiru festibalaren hogoita hirugarren edizioari harrera eskaintzera prestatzen ari da 2012ko martxoaren 30, 31 eta 32an. Arraileria bazterrera utzirik, apirilaren 1eko txantxa saihestezinei lekurik ez uzteko, gertatu beharreko bestak desmartxa biziki seriosa gordetzen du, euskal nortasuna, kultura eta ohiturak galdezkatuz. Mixel Etxekopar, egitasmo honen abiatzailea den Xirula jole famatu

eta diziplina anitzeko artistak ez du batere honen erronkak minimizatzeko asmorik ez eta literatura, zinema, antzerkia, eskultura, margolaritza, kantua eta sorkuntza hobeki aireztatzeko festibalak nehoiz hesten ez duen ate batean oraindik sar daitekeen guzia nahasten den olerki baten zerbitzuko hiru egunetara murrizteko ere. Pirinioar musiken hitz-ordu gisa asmaturik, Xiru festibala laster « hertsiturik » sentitu da titulu honen pean,

Xiru, en résistance de création Une culture de combat, un hommage à la résistance culturelle basque. C’est ainsi que s’annonce la vingt-troisième édition du festival Xiru, le dernier week-end de mars dans le petit village souletin de GoteinLibarrenx. Pas une escapade, mais une fenêtre logique qui s’ouvre dans un festival mêlant depuis toujours la création et les traditions. Un mariage logique selon Mixel Etxekopar, maître d’œuvre de ce rendez-vous pluridisciplinaire, qui estime que « aucune tradition ne reste immobile, sauf celles qui sont mortes ». Les pionniers du renouveau de la culture basque, qui seront célébrés en Soule cette année, s’appellent Oteiza, Chillida, Basterretxea, Laboa, Lete ou Joseba Sarrionandia. Confrontées au grand souffle de la création, au hip-hop ou aux rythmes berbères de l’affiche, leurs œuvres ne perdront rien de leur impertinente modernité.

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16 PORTRAIT D’AQUITAINE

I

l était le seul Aquitain sélectionné au festival d’Angoulême cette année, mais ce n’est certainement pas lui qui vous le fera remarquer. Pas le genre de Jean Harambat, aussi modeste que doué, qui se réjouit d’avoir été lu par le président du jury, Art Spiegelman, mais « doute un peu que cet immense dessinateur new-yorkais, titulaire du prix Pulitzer, soit très sensible à la poésie du rugby ! » Qui sait ? Peut-être l’auteur du titanesque Maus a-t-il été happé par la vivacité, l’entrain du trait de Jean et la douce mélancolie de sa BD, En même temps que la jeunesse, une compilation de souvenirs glanés sur les terrains de rugby de ses Landes natales, d’Argentine ou d’Australie ? « J’en ai fait parvenir un exemplaire à Marc Lièvremont », sourit le jeune homme de 35 ans, adepte du grand écart entre sport, littérature et histoire, aussi épanoui dans la description de son époque que dans le récit d’une légende gasconne ou l’adaptation d’un roman de Stevenson. On comprend mieux l’éclectisme de cet insatiable curieux en jetant un coup d’œil à son curriculum : bac scientifique, prépa littéraire, école de commerce, DEA de philo, voyages à gogo! Ce fils d’agriculteurs

**JEAN HARAMBAT 1976 Naissance à Mont-deMarsan 2000 Départ pour l’Argentine, premier voyage d’une longue série 2003 Retour du Liberia et installation dans les Landes 2008 Publication de sa première BD, les Invisibles, chez Futuropolis 2012 En même temps que la jeunesse (Actes Sud), sélectionné au festival d’Angoulême

devenu globe-trotter partira même un temps au Liberia comme logisticien pour l’ONG Action contre la faim. Et le dessin dans tout ça ? Appris sur le tas, forcément, pas le temps de faire une école, ce qu’il avoue regretter par moments, en quête des bonnes proportions ou intimidé à l’idée de se lancer dans la couleur. On devine pourtant que cette absence d’académisme a nourri son style à part, une plume nerveuse et acérée qui tapera notamment dans l’œil d’Yves Harté, grand nom du journal SudOuest. « C’est l’un des premiers à m’avoir encouragé à en faire mon métier », se souvient Jean. « J’ai toujours dessiné, depuis que je suis tout petit. Mais de là à imaginer pouvoir en vivre… »

Des trips aux comic strips Le déclic s’opère donc dans le quotidien régional, où il se met à illustrer des chroniques. Puis les expériences se multiplient : une affiche de cinéma, un reportage publié dans la revue XXI, un autre dans Géo, ses planches sur le rugby reprises par l’Équipe Mag… Et des albums, bien sûr, à commencer par les Invisibles qui décroche le prix de la Bande dessinée historique, en 2009, aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois. Biberonné aux voyages, Jean a tout de même fini par lever le pied. Il s’est établi au bord de l’Adour, près de Mont-de-Marsan, où sa compagne Tifenn a mis au monde leur premier enfant. Aujourd’hui Irène a trois ans, elle dessine des cyclopes en guettant l’arrivée imminente

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© HERVÉ LEFEBVRE

«JE NE SUIS PAS UN ADEPTE DU DESSIN BIEN FIGNOLÉ. ON CHERCHE TOUJOURS L’OUTIL MAGIQUE. C’EST UNE QUÊTE SANS FIN.»

JEAN HARAMBAT* a parcouru le monde avant de revenir se poser à deux pas du village de son enfance, près de Mont-de-Marsan. Portrait d’un dessinateur autodidacte promis à une belle carrière.

ENCRÉ DANS LES LANDES d’une petite sœur, pendant que papa songe à se lancer dans un album jeunesse. Dans l’atelier de Jean, justement, traîne un livre pour enfants signé Quentin Blake, un illustrateur qu’il admire pour « la grande liberté qu’il s’accorde ». Plus loin, sur un chevalet, trône un ouvrage de Gus Bofa, « un dessinateur un peu oublié de l’entre-deux-guerres ». Jean cite aussi Blutch ou l’incontournable Sempé, des auteurs qui affichent une forte expressivité, des lignes parfois folles, qui tremblent ou s’envolent, voire se brouillent, comme recouvertes de buée. « Je ne suis pas un adepte du dessin bien fignolé », confirme Jean, devant une table d’architecte, une plume Sergent-Major à la main. « On cherche toujours l’outil magique, c’est une quête sans fin. En ce moment je travaille avec une plume et de

l’encre de Chine, ça donne une irrégularité intéressante. » Ne lui parlez pas de tablette graphique, il trouve ça «trop froid», préfère la sensualité du grattement sur le papier, le glissement du pinceau, « et tant pis si ça dérape, s’il faut tout recommencer ». Seule concession faite à l’ordinateur : les couleurs de ses bandes dessinées, confiées à Isabelle Merlet qui sait leur donner « de la texture, de la matière ».

BD et dérivés Jean dessine vite, dans une forme d’impatience, mais sans jamais chercher à se faciliter la vie, capable de reprendre dix fois la même case jusqu’à ce qu’elle le séduise. Pour réussir des chevaux lancés au galop dans sa BD Hermiston, il avoue en avoir, au début, un peu bavé : « Le plus difficile, c’est cette partie juste au-dessus du sabot.

C’est pour ça que certains dessinateurs font toujours courir leurs chevaux dans les herbes hautes ! » Magicien du trait, Jean n’est pas avare de ses secrets. Il montre volontiers sa petite cuisine, les crayonnés sur feuille A3 qu’il agrandit à la photocopieuse avant de les reproduire sur un format raisin. Côté dialogues, l’intello avoue se laisser aller, parfois, à trop de bavardages. Tifenn, prof de français, se permet de le lui faire remarquer : « Il n’est pas susceptible. » Pour l’avenir, Jean a plein de projets. Depuis son retour d’une résidence de création en Grèce, il confie qu’Ulysse lui trotte dans la tête. Il compte aussi continuer de travailler pour la presse, histoire de « sortir de temps en temps de la BD pure qui peut s’avérer asphyxiante ». En somme, ce n’est pas l’inspiration qui risque de lui manquer. ■


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