Trafic d'abstraction / Mémoire L3

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Juliette Estiot-Pourteau -Perception -



REPERTOIRE.

p.5

TRAFIC D’ABSTRACTION.

p.57

HOPES AND SORROW.

p.67

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REPERTOIRE

BornĂŠo

p.19

1 pour cent

p.21

Elmer

p.25

Enlightned

p.27

Le Choux

p.9

The Lobster chair

p.11

The wild pain

p.15


Le Pavillon

p.31

Pile up Rezé

p.33

Breaking

p.37

The reconquest

p.39

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New-York

p.49

Londres

p.53

Grèce

p.55


« On veut toujours que l’imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images .» Gaston Bachelard, philosophe.


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comme culture.


LE CHOUX Volume . Licence 1. Baptiste Debombourg.

Le travail sur terre rouge a commencé à travers la reproduction d’un élément de vaisselle, qu’il a fallut détruire dans une seconde partie de l’exercice. Les morceaux de vaisselle devaient ensuite être intégrés à la matière existante, utilisée au préalable pour reproduire l’élément de vaisselle. Travail d’abstraction et de matière, les formes incurvées du pot de yaourt ont mené à la réutilisation de ce langage dans l’oeuvre finale. Peu à peu s’est dessinée une forme aérienne, croissante et légère, comme une fleur qui éclos. Sa peau irrégulière rapportait pourtant plus à la forme d’un choux, un choux effeuillé, «le choux à tête de choux», évoquant à la masse la célèbre statue de Serges Gainsbourg.


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LOBSTER CHAIR Invention Concrète. Micro .Licence 2. Karine Louilot . Benjamin Clouet.

L’élaboration de la Lobster Chair s’est faite à partir d’un détail urbain, le profil d’un banc en a donc été l’origine, multiplié et retourné, ce détail est devenu un motif. Appuyé par un travail de recherche en maquette, l’assemblage de ce motif a mené à un aspect de coquille. La suite de l’exercice consiste en un aller-retour entre le motif et le site, l’aspect carapace évoquant le monde marin, la Lobster Chair a pris place à La Rochelle. Placée sur la promenade des Tours, et devant l’Aquarium, la Lobster Chair répond à un manque à s’assoire. La matérialité choisie, acier patiné de 2 mm pour un soucis de brillance, et du red cedar au niveau des assises, est reprise du site directement. Un système modulable, des 4ème et 3ème éléments, permet de faire varier la forme en fonction de la météo. Ainsi lorsque l’on veut prendre le soleil, il est possible, grâce à un système de rail, d’ouvrir la Lobster Chair.


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THE WILD PAIN Volume. Licence 1. Baptiste Debombourg.

Projet final de l’option volume de première année, le sujet et la forme étaient libres, cela en était d’autant plus compliqué. J’ai alors décidé de travailler sur le sujet du corps, et celui de la douleur physique, qui me sont familiers de part ma pratique sportive. Je voyais alors cela comme un retour sur moi puisque cette pratique sportive est une valeur qui m’a été inculquée dès l’enfance. Inspirée d’Yves Klein et des tâches de Rorchach, je me suis peint le corps en noir et ai mimé des actes de violence, me projetant ainsi sur un draps blanc. L’oeuvre est donc le témoin et la victime des mes actes, preuve matérielle de la performance. Un travail sur la matière a été ajouté, des mouvements de tissus ont été figés grâce à de la colle liquide, augmentant l’effet de violence et de douleur au témoignage. Un reportage photo a été fait tout au long de la performance, il n’a pas été présenté mais aujourd’hui je le trouve tout aussi pertinent. Il permet d’établir la relation entre les formes perçues sur le draps et les formes réelle.


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« Le passé est l’intervalle qui sépare la perception du souvenir.» Louis Lavelle, philosophe.


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comme mĂŠmoire.


BORNEO Initiation au projet architectural . Licence 1. Michel Velly. Evelyne Rocheteau.

L’exercice Bornéo est inspiré directement du site des docks d’Amsterdam. Symbole même de la contrainte, puisque la parcelle constructible mesure 4,5 x 12 m, il est pourtant approprié de façons très diverses. D’autres contraintes viennent s’ajouter à la contrainte d’emplacement, telles que «1/3 d’espace extérieur obligatoire» ou ajouter une activité professionnelle. Ce projet nous permet de gérer les différentes orientations au sein d’un longement profond pour recréer des ambiances. Dans ce projet, le RDC est dédié à l’activité professionnelle pour respecter un schéma d’intimité inspiré de ma propre maison.


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1 POUR CENT. Volume. Licence 3. Remy Jacquier. Baptiste Debombourg. >> autres étudiants : Pierre Paillou . Jonathan Poupin.

L’intervention du 1% artistique vient proposer d’inclure dans un espace de l’ENSAN la mémoire du travail des étudiants. Ainsi, dès leur inscription, chaque étudiant se verrait attribuer une « boite » en verre avec comme mission d’y placer un ou plusieurs objets témoins de leur études. C’est l’étudiant lui-même qui choisit ce qui le représente, ayant comme unique contrainte le gabarit de la boite qu’on lui aura attribué. Une fois le, ou les, objet(s) sélectionné(s), placé(s) dans la boîte, celle –ci est scellée, inviolable. L’étudiant a jusqu’à la fin de l’année scolaire 2009/2010 pour venir placer sa « boite » dans le lieu prédestiné. Se compose alors une œuvre, dans laquelle chaque étudiant est acteur, décisionnaire de ce qui le représentera pour les années à venir, s’exprimant au travers du contenu et de l’emplacement de sa boite.


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ELMER Invention Concrète . Licence 2. Karine Louilot . Benjamin Clouet. >> autres étudiants : Elena Peden. Florine Richard . Lisa Serveau

Ce projet d’architecture à échelle 1 s’est élaboré sur cinq jours. Travail sur la matérialité, l’objectif était de créer un abri à échelle humaine avec un seul et unique matériau. Par groupe de 4 étudiants, il fallait donc utiliser les propriétés du matériau choisi pour répondre aux questions de structure et d’enveloppe. Dans le cas d’Elmer, c’est le grillage de jardin qui a été retenu pour ses avantages déformants et les effets d’ombres. La seule condition concernant le matériau était qu’il soit de récupération et bon marché. Pour le maintien d’Elmer, le principe constructif était d’étirer un carré 1x1m et de l’assembler en le crochetant aux autres. Des jeux de courbes et de contre-courbes sont intervenus pour créer à la fois une dynamique mais également une réponse structurelle. L’abri devant avoir une fonction, il lui a été attribué le rôle d’«arbre à souhait». L’ombre résultante de l’abri faisait penser à un éléphant, avec de petits carrés sur le corps, il fut alors baptisé Elmer, en référence au célébre éléphanteau.


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ENLIGHTENED 2007.

Dans le cadre d’un cours de dessin que j’ai suivit pendant 8ans, je m’affranchis de tout parcours et exige de faire du «personnage». J’adore le corps humain, ses proportions me fascinent, ses tissus également. J’aime travailler l’expression ou le corps, mais je mélange rarement les deux, ne trouvant pas l’échelle adéquate pour pouvoir le faire avec précision. Ce travail découle de la découverte d’un livre de portaits de célébrités sur lequel j’ai décidé de travailler puisqu’il traitait de la «matière» du visage. Un travail préalable de photocopie des portrait pour en augmenter les contrastes a été fait avant de commencer. J’ai ainsi voulu faire ressortir uniquement les parties du visage mise en reflief grâce à la lumière et ainsi créer cet effet de perception. Ce travail s’est fait à la gouache blanche avec une brosse usée permettant les meilleurs dégradés de blancs, comme ceux qu’on peut trouver à la craie mais avec la pérénité de la peinture. L’expression du visage devient alors différente, au delà de l’inquiétant, elle est intrigante puisqu’elle n’est que suggerée et non dessinée de part en part.


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« La réalité est une chose mystérieuse et fluctuante, car la perception que nous en avons ne reste jamais la même .»


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comme environnement.


LE PAVILLON Le logement et la ville . Licence 1. Pascal Filatre.

L’exercice consistait à l’inscription de la maison individuelle dans un site naturel. Celuici réunissait plusieurs contraintes telles que le voisinage présent au sud, mais la vue sur la Sèvre Nantaise, et les terres innondables au nord. La topographie assez marquée du site serpente vers la partie boisée jusqu’à la naissance des maraicages. C’est par le biais de paliers d’intimité suivant le rythme du terrain que la maison s’inscrit dans le site naturel. La partie contenant les chambres se finit en forme de pavillon, permettant d’ouvrir au maximum sur la vue. Pour apporter tout de même de la chaleur dans le logement, les toits mensardés offrent des ouvertures zénithales amenant la lumière du sud. Sa forme en «L» permet de la refermer , isolant le jardin des regards, fonctionnant à la manière d’un cocon.


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PILE UP REZE Scénario Construit. Licence 2. François Defrain. Didier Le Borgne. >> autres étudiants : Axel Simon . Emmanuel Chomarat.

La commune de Rezé a mis en place une politique de densification en redéfinissant ses friches urbaines, faisant écho au phénomène Nantais. Ainsi, à l’entrée de la commune, rotule de plusieurs flux, tels que le tramway ou le traffic ambulancier de la Clinique voisine, une friche de 30 000m² doit être réinvestie, mixant les populations, entre social et accession, entre étudiants et famille, entre usagers et habitants. Cet exercice était prétexte au travail à différentes échelles, celle de l’urbanité, en créant un nouveau quartier, la familiarisation avec l’espace public, travailler la relation entre le privé et le public mais également l’échelle architecturale en créant des logements de qualité également accessible aux PMR. L’enjeux était de mixer des activités et des logements de différents types pour créer une dynamique et s’assurer du bon fonctionnement du quartier. Sur la parcelle on peut donc trouver en majeur partie de l’habitat collectif, mais également du logement étudiant et de l’habitat dit «intermédiaire» suspendus sur la rue haute des activités. Des logements plus luxieux sont situés dans la tour, élément phare du projet et signal à l’entrée de la commune. Sa façade sur rue est inclinée pour augmenter le sentiment de monumentalité, ce qui permet également d’augmenter la taille des appartements dans les étages les plus hauts, offrant alors une vue sur Nantes, sur la cité radieuse ou même la Loire.


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BREAKING Scénario construit. Licence 2. François Defrain . Didier Le Borgne.

Mobilier urbain issu du projet « Pile up Rezé», Breaking fait référence à une ligne brisée. Epousant la topographie artificielle du jardin public, créee pour intimiser certains espaces, ce banc incite de multiples usages. Evoquant un déferlement de vagues, cette ligne offre des interstices entre sol et assise. Allongé, assis, simples marches ou cachette, Breaking est un objet polyvalant.


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THE RECONQUEST Ecologies en mutation . Licence 3. Raphaëlle Hondelatte . Sophie Delay. >> autres étudiants : Florian Carré . Justine Nollet.

Après l’étude de certains phénomènes du fleuve de la Loire, tel que le bouchon vaseux ou encore les plaines humides, le projet trouve sa place entre deux petites villes, Lavauxsur-Loire et l’île de Cordemais où se trouve l’usine EDF. Appartenant à une séquence de zones humides, le paysage naturel est donc impraticable actuellement bien qu’il tende à s’assécher. Le premier moteur de projet et de faire une hypothèse de l’envasement de la Loire en 2050. Suite à ce bilan, des enjeux sont mis en place sur le site. Dans un premier temps, le projet consiste à créer une mobilité douce entre les deux villages avec des pontons ossillants entre 1m de hauteur et le sol. Le tracé que suit le chemin correspond à la limite qu’atteignait la Loire en 1850. Dans une seconde partie, suite à une densification des villages et à l’arrêt de la centrale EDF, le projet consiste en la reconquête de l’île de Cordemais, la réinscrivant dans la séquence humide et végétale à laquelle elle appartennait 200 ans plus tôt. Par la même occasion, le port de plaisance est manifié et est en continuité du chemin allant vers Lavaux.


Hydrographie actuelle

Hypothèse hydrographique 2050 - avec système de dragage

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Hypothèse avec dragage en 2050.

Hypothèse sans dragage en 2050.

ancien lit de la Loire bathymétrie hydrographie

5 km



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« Si les portes de la perception étaient ouvertes, tout serait vu comme ce qu’il est : infini .» William Blake, peintre et poète.


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comme voyage.


NEW-YORK 2008.

Je n’ai que 17ans lorsque j’ai la chance de partir à New York. Je pars seule mais bien encadrée dans un campus du Bronx mexicain. J’ai vu cette ville à travers mes yeux d’adolescente, presque sûre de vouloir rentrer en école d’architecture mais à la fois sans y connaitre grand chose. Mon oeil est attiré par les formes bien connues et les compositions faciles. Je veux sillonner une ville que j’ai parcouru des dizaines de fois à travers les films et les livres mais dont je ne connais rien. Seul un Routard dans la main, fidèle ami qui m’accompagnera partout à l’avenir. Je ne suis pas seule, des rencontres de paliers de campus, de cours, me permettent de lier des amitiés avec des gens venus d’ailleurs. New York est une masse creusée de façon si régulière que je m’y retrouve comme chez moi, avec pourtant la frustration de savoir que je ne verrais jamais tout. L’échelle est immesurable, rien ne rentre en entier dans le cadre de mon appareil photo d’adolescente, je suis une petite fourmis sans pourtant me sentir en danger. Pour la seconde fois, car l’année d’avant je découvre mon semblant d’indépendence en Californie, je coche la listes de monuments célèbres qui s’offrent à moi, sans me rendre compte de ce que je vois et de l’importance que cela aura pour moi.


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LONDON 2012.

Voyage impulsif, frustration de ne pas connaitre cette capitale pourtant si proche, je m’envole. Programme réglé au millimètre, plan de métro et de quartier appris sur le bout des doigts, je m’élance seule dans cette métropôle. Londres m’apparait très eccléctique, à la fois dans sa population puisque je loge dans le quartier indoo, mais égalemet dans son architecture, mélangeant patrimoine et superstructure. J’en prends plein les yeux de monuments typiques, de références vues et revues, d’art, d’architecture, de films. Je veux être typique et à la fois me nourrir de toutes ces choses que je n’ai vu que dans les bouquins et qu’enfin je peux appréhender. Une semaine intense à silloner les quartiers sous un froid glacial interplanétaire, baignée de visites, de découvertes et d’aventures.


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GRECE 2010.

C’est le sac sur le dos, dépassant de tous les côtés, que nous nous sommes lancés, à deux, dans un voyage imprécis et dont nous avions seulement notre billet de départ. Chaque heure, notre itinéraire se dessinait un peu plus encore, sillonant la mer méditerrannée d’ile en ile. C’est la sérénité du paysage et cet air iodé qui ont le plus marqué mon esprit, frappé par la beauté la plus simple qu’il soit, la mer d’un bleu profond, et le soleil sur la roche. Je vois ce voyage comme une véritable poésie, conte d’images, de sons et de sensations. Voyage où chaque sens se voyait stimulé en permanence, sur l’eau, sous l’eau, les couleurs, les odeurs. Mélange d’inconnu et de pellerinage, nous avons appris ce qu’était de vivre de nature et d’eau fraiche . Ce voyage pour moi est singulier, il représente la jeunesse et la conquête , la vie au jour le jour ce qui a amplifié tout ce que j’ai pu voir et ressentir. C’est une découverte de soi à travers la découverte du paysage et le lyrisme des images restées gravées me sert aujourd’hui de référence.


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ÂŤ Chaque objet est le miroir de tous les autres .Âť Maurice Merleau-Ponty, philosophe.


TRAFIC D’ABSTRACTION. abstraction : nf. qui ne cherche pas à représenter la réalité visible.

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Enfiler ces lunettes, et voyez aux travers des yeux d’un architecte. En fait non, n’enfiler pas ces lunettes, je n’en porte pas. Essayer de voir à travers mes yeux. Mes yeux sont bleus-gris, mais qu’en aurait-il été s’ils avaient été marron ? Aurais-je vu différemment du haut de mes 1m67 ? Et comment aurais-je vu le monde si j’avais mesuré 1m30 ou bien 1m90 ? Aurais-je senti le vent différemment ? Avec des si on pourrait mettre Paris en bouteille. Et bien pourtant aujourd’hui, il s’agit de cela, il s’agit de moi. Il est compliqué, voir même impossible de parler d’un autre monde que celui que JE connais, car je n’en connais pas d’autre. Il n’y a pas de cadre qui borde mes yeux et lorsque je le retire je ne vois pas flou. Ceci est ma réalité. Ce n’est pas la votre. Autrement dit, jamais vous ne verrez le monde tel que je le vois, tel qu’il m’apparait. Sommes-nous conscients que notre monde est en réalité personnalisé, fait sur mesure ? Mon monde n’est pas réel, il m’est destiné, il est subjectif et vous semble abstrait.


Voyons l’individu comme une grande boite, une boite qui possède une couleur de papier et une couleur de ruban également. Considérons même qu’un motif orne le tout et ouvrez-la. Chaque chose y est rangée, soigneusement ou non, mais tout est à sa place, dans un compartiment bien dessiné. On y trouve des espaces vides, destinés aux futurs arrivants qui viendront alourdir cette boite un peu plus. Chaque boite est unique, chaque individu est unique. Tous ces petits éléments s’expriment lorsqu’ils sont stimulés et vous donne ainsi la vision de ce monde qui vous ressemble. C’est comme cela que fonctionne la perception. Cet instant tout à fait éphémère nous donne un sentiment, la première note d’un cheminement. Comme lorsque l’on goûte un bon vin et qu’à chaque instant de nouvelles saveurs apparaissent et effacent peu à peu les précédentes. L’objet perçu n’est pas l’objet analysé. Lorsque l’on perçoit un objet, c’est notre propre individualité qui s’exprime à travers lui, lorsqu’on l’analyse il s’agit de lui rendre les propriétés matérielles qui lui appartiennent et le sentiment premier, issu de la perception éphémère, s’assoupi et disparait. La perception se comprend alors comme l’amorce d’un long processus dont l’interprétation ou l’analyse en sont la fin. Parler de perception est un peu comme essayer de capturer de la fumée, et il est encore plus complexe de l’appliquer à notre propre architecture.

On peut comprendre le mot «percevoir» comme ce que l’on arrive à distinguer en premier, c’est cet élément qui nous déclenche la perception, juste ce petit élément alors que l’objet est bien plus grand, bien plus riche et bien plus complexe. C’est en ce point que la perception et l’abstraction se rejoignent. En effet, l’abstraction est ce qui ne cherche pas à représenter la réalité telle quelle, bien que cette réalité ne puisse pas être représentée puisque personne ne peut la voir sans exprimer sa propre personnalité à travers. Mais « faire abstraction de » c’est isoler un élément du reste, cet élément est le même que celui qui vous interpelle et que vous percevez à l’instant T où vous l’apercevez. En tant qu’architecte, notre métier nous permet de créer des perceptions induites, soit d’utiliser des codes pour influencer le ressenti de l’usager. On peut imaginer une organisation arborescente ou bien un couloir très étroit, des jeux de lumière… L’architecte, comme d’autres professionnels de création et de communication, est capable de recréer cette perception induite grâce à son propre bagage de perception identitaire. C’est à travers ces notions que mes projets d’architectures s’organisent, lorsqu’ un élément de ma personnalité, de mon histoire, de ma mémoire ou de ma culture s’exprime et me permet de voir ou de créer un objet, un lieu ou une œuvre à ma façon. Mais de quelle manière ces éléments entrent-ils en jeux, dans quel ordre et à

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quel moment notre bagage de perception, qui grandit de façon exponentielle, intervient ? La perception est d’abord une chose qui n’est pas maitrisable, elle est inconsciente et spontanée puisqu’elle est le prolongement de soi. Ce sont, selon moi, deux choses qui la régissent, la culture et la mémoire. La culture est une notion très complexe, qui, lorsqu’on l’exprime à travers le thème «perception» est composée de deux catégories : l’éducation, qui elle-même renferme l’origine et la classe sociale, et les références, spécifiques ou de culture générale. Elle est la structure de l’individu. La culture n’est pas la mémoire. Ce sont les éléments autour desquels la personnalité se forge, en la rejetant ou l’embrassant, c’est le vecteur du développement. Quelle que soit la notion, elle n’apparait pas forcément au début d’un projet, la perception, la projection de soi, peut intervenir à la fin par exemple, une fois l’objet fini. Ce fut le cas pour un projet d’art plastique de licence 1 dirigé par Baptiste Debombourg (p.9). Cet exercice de poterie était fondé sur la réutilisation de la matière, dans un premier temps de vaisselle cassée mais également par la suite de la matière même de nos premiers essais de modelage. Ce n’est qu’à la toute fin, lorsque mes yeux se sont éloignés de l’objet que je façonnais depuis plusieurs heures que son aspect m’a fait pensé à quelque chose. C’est un peu

ce que le phénomène que l’on rencontre dans l’art abstrait où chacun à la possibilité d’y voir ce qu’il a envie, bien qu’ici la forme, inconsciente, était relativement plus suggestive. C’est dans ma culture musicale que la perception est allée piochée et y a trouvé la statue de « L’homme à tête de Choux » de Serges Gainsbourg. Cette relation entre le visuel et la référence n’est exprimée que par un « cela me fait penser à… », cette phrase automatique qui, pourtant, est la preuve que la machine perception est en route. Dans le projet Lobster Chair (p.11), exercice de micro architecture dans l’option de Karine Louilot en S3, c’est également dans cet ordre que les choses se sont passées. Partie d’un motif urbain, le résultat devait aboutir à une microarchitecture, et c’est à travers un travail de maquette et de manipulation que ce que j’ai laissé intervenir ma perception, ma personnalité et ma culture. En effet, j’habite dans une ville portuaire depuis l’âge d’un an et la mer fait partie de ma culture, de ma nourriture et de ma personnalité. C’est ainsi que, sans site, et à l’aide d’une imbrication de papier, l’image d’une coquille de homard m’est apparue et à donner le nom au mobilier urbain que j’ai placé dans ma ville d’origine, La Rochelle. J’ai retrouvé d’une façon très importante cette notion de culture très riche et confuse dans le projet d’art plastique de licence 1 dirigé par Baptiste Debombourg lorsque celui-ci nous demande de faire un projet


libre. Les premières choses vers lesquelles je me suis tournée ont été ma culture, de quoi suis-je faite ? Il est tellement rare de n’avoir aucune contrainte de matière, de support ou de sujet que l’exercice m’a semblé bien plus complexe que tous les autres. Dans ce projet, intitulé Wild Pain (p.15) j’ai utilisé à la fois ma culture et ma mémoire, en utilisant mon éducation orientée sur le sport et l’expérience de ma douleur physique, mais également en faisant référence à des œuvres artistiques d’Yves Klein et aux tâches de Rorcharch.

Le philosophe Louis Lavelle écrit dans « Du temps et de l’éternité » en 1945 : « Le passé est ce qui sépare la perception du souvenir. » La mémoire est composée de souvenirs temporels, vécus, c’est cela qui la différencie de la référence qui est intemporelle et partagée. La mémoire fait appel aux sens, c’est donc une perception sensorielle. Je me permets alors d’introduire un extrait issu de « La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » de Philippe Delerm :

La notion temporelle est impliquée dans l’exercice de la perception. Il y a tout d’abord une sensation immédiate captée sur le site, suivit d’une réaction à cette sensation. L’étape d’après est la sédimentation, où les différentes images se mélangent et trouvent peu à peu leur place, puis cette perception devient représentation. C’est à ce moment là qu’il est possible de la décrire, grâce à la distance exacte, une distance métrique, nécessaire pour comprendre de quoi il s’agit, mais aussi une distance relative, référence à la méditation. Cette perception, descriptive, vient à la fois s’opposer mais aussi compléter l’idée de mémoire : c’est l’affect confronté au percept. Lorsque cette perception s’ancre dans l’esprit, elle devient alors une image mentale et dépend ainsi du sensible, donc de la mémoire.

« On entre dans la cave. Tout de suite, c’est ça qui vous prend. Les pommes sont là, disposées sur des claies - des cageots renversés. On n’y pensait pas. On n’avait aucune envie de se laisser submerger par un tel vague à l’âme. Mais rien à faire. L’odeur des pommes est une déferlante. Comment avait-on pu se passer si longtemps de cette enfance âcre et sucrée ? Les fruits ratatinés doivent être délicieux, de cette fausse sécheresse où la saveur confite semble s’être insinuée dans chaque ride. Mais on n’a pas envie de les manger. Surtout ne pas transformer en goût identifiable ce pouvoir flottant de l’odeur. Dire que ça sent bon, que ça sent fort? Mais non. C’est au-delà.... Une odeur intérieure, l’odeur d’un meilleur soi. Il y a l’automne de l’école enfermé là. A l’encre violette on griffe le papier de pleins, de déliés. La pluie bat les carreaux, la soirée sera longue... Mais le parfum des pommes est plus que du passé. On pense à autrefois à cause de

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l’ampleur et de l’intensité, d’un souvenir de cave salpêtrée, de grenier sombre. Mais c’est à vivre là, à tenir là, debout. On a derrière soi les herbes hautes et la mouillure du verger. Devant, c’est comme un souffle chaud qui se donne dans l’ambre. L’odeur a pris tous les bruns, tous les rouges, avec un peu d’acide vert. L’odeur a distillé la douceur de la peau, son infime rugosité. Les lèvres sèches, on sait déjà que cette soif n’est pas à étancher. Rien ne se passerait à mordre une chair blanche. Il faudrait devenir octobre, terre battue, voussure de la cave, pluie, attente. L’odeur des pommes est douloureuse. C’est celle d’une vie plus forte, d’une lenteur qu’on ne mérite plus. » Parfois, les souvenirs vous reviennent comme ça, sans s’y attendre, un bosquet, une odeur ; une mouette, une après-midi sur l’eau. L’individu est composé de souvenirs, sa mémoire est sa chair, c’est ce qu’il a vécu qui a induit ce qu’il est devenu. Si la culture, l’éducation et le milieu, donnent le ton, c’est l’expérience de la vie qui fait un homme et qui génère ses actes futurs. La perception est indissociable de la mémoire, sa définition première est de saisir les sens et l’esprit. L’aspect bien plus complexe et fascinant de la mémoire est qu’elle est altérée par le temps. Si parfois les souvenir d’enfants persistent, ceux-ci sont déformés par la perception de l’époque. Ainsi on retrouve ce phénomène assez commun d’avoir ce souvenir, celui d’un endroit immense dont, petit, on ne voyait pas les

limites et qui finalement s’avère juste être à une échelle adulte. Dans le projet Bornéo (p.19) réalisé au S1, j’ai utilisé mon propre souvenir pour l’introduire dans le bâtiment. Faisant référence à ma propre maison, j’ai élaboré un jeu d’escaliers, travaillant sur les différentes largeurs de marches en fonction du degré d’intimité. Petite, cette impression d’ascension de marches de plus en plus étroites de la cave au grenier m’avait marqué. C’est également une référence à l’enfance qui m’a permet de baptisé mon projet de microarchitecture à l’échelle 1 Elmer (p.25), en référence au dessin animé et à l’ombre projetée par notre microarchitecture. Lorsque l’individu perçoit un site, à travers sa culture ou sa mémoire, il recrée ainsi un bagage de perception, soit un souvenir qu’il pourra alors utilisé un jour lorsqu’un élément lui rappellera cet instant. Ce bagage de perception sert alors à l’individu, ici l’architecte, à pouvoir lui-même recréer une perception à travers des techniques et des codes. Il veut alors « donner l’impression de… » et utilise ce qu’il a lui-même vu ou vécut. Dans le tableau Enlightned (p.27) c’est l’idée de la perception qui a voulu être recréée. Ne distinguer que les parties éclairées d’un visage permet d’imaginer un scénario à travers ce dessin, lui attribuer une ambiance mystérieuse et inquiétante, souvenir des feux de camps ou des sauts de compteurs électriques.


Ce qu’il faut bien retenir de la perception c’est qu’elle se situe entre la sensation et l’expérience, puisqu’avant d’être un mode de connaissance des choses, la perception est l’activité vitale de tout organisme en contact avec son milieu. L’environnement est l’espace extérieur dont la forme, la nature, l’expression nous touche et au travers duquel on projette sa propre personnalité et sa propre histoire. C’est ainsi que l’on perçoit, donc interprète le monde d’une façon singulière. L’environnement est la page vierge avant intervention, intervention à la fois de perception, puisque celui-ci se personnalise après la pose du regard de l’individu, mais également la page vierge avant intervention architecturale. Le site est porteur de projet de plusieurs façons, il serait totalement injuste de lui retirer ses aménités et de clamer haut et fort que nul ne peut voir un site sans précédent. Si l’individu n’a pas expérimenter de perception lié à ce type de site, il vit alors un instant unique, probablement confus, sans qu’aucun souvenir ni référence ne puisse venir se greffer ou altérer l’image instantanée de ce moment. Mais la plupart du temps, le site déclenche un processus de perception. Celle-ci est d’ailleurs très différente lorsque l’on montre une photo de ce site ou bien qu’on immerge l’individu directement. C’est ainsi que chacun nous nous différencions, de part notre sensibilité, certain remarqueront le vent, trop fort et trop froid, d’autre ce petit coin de soleil ou même en-

core le dénivelé. Certains s’intéresseront à la vue, d’autres penseront immédiatement au voisinage. C’est la présence sur le site qui exprime la réelle personnalité et ce que chacun va remarquer sera une ligne directionnelle du projet. Les études d’architecture, de la même façon que les concours, sont très pratiques pour ce genre de comparaison puisqu’il est possible d’observer les différentes propositions en fonction des personnalités qui s’expriment. Lors de la première visite de site, les premiers pas, que ce trafic de notions se met en route, où la culture, les références, les souvenirs s’expriment, de façon inconsciente et automatique, extrayant certains éléments significatifs, faisant ainsi, abstraction du reste. La perception est une forme de langage silencieux, un échange entre le corps et l’esprit, il n’est pas intéressé. Ce langage est inexplicable puisqu’il s’exprime sans consentement, la perception est un ressenti, quelque chose qui nous envahit, la première impression. Dans le projet « Le pavillon » (p.31) ma première impression sur le site a été le dénivelé qui venait embrasser les arbres en bas de la pente. Cela m’évoquait à la fois les cabanes d’enfants mais également la discrétion. Je me suis servit de ces impression qui me venait du site pour recréer des stades de publicité au sein de la maison suivant les courbes de niveau. L’environnement peu être lié à la mémoire

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et à la culture, il peut être chargé d’affect si c’est un site, une ville que l’on connait et dans laquelle l’individu a vécu. C’est ainsi que l’environnement d’origine conditionne l’individu, il est celui qui montre les premiers exemples, en termes d’urbanisme, d’architecture, de couleur. C’est en référence à cela que l’individu s’exprime, rejetant ses origines ou bien recréant ce qu’il connait. La perception peut alors entrer en jeu en voyant un environnement familier et en nourrissant, de références personnelles ou de souvenirs, la conception du projet. Le projet The reconquest (p.39), élaboré en collaboration avec Justine Nollet et Florian Carré, s’est basé sur le paysage de la Loire. J’ai pu y projeter à la fois mes références (Tadashi Kawamata) mais également des éléments de ma culture portuaire. L’environnement qui nous entoure est souvent matière à projet puisque la machine perception ne s’arrête jamais, particulièrement quand les sens, la culture et la mémoire sont stimulés de façon intense et parallèle. C’est lors des voyages que tout cela est réuni le plus fortement. Les voyages provoquent un contexte de perception tout à fait particulier car ils se situent dans un cadre singulier de la vie. Ils correspondent, la plupart du temps, avec des périodes de vacances, ce qui induit un état d’excitation de l’individu, qui va influencer la perception. Ce sont des moments de découvertes, d’expériences, et également de culture, riches en images mentales.

Il n’est pas nécessaire de prouver que les voyages ont un lien très étroit avec la mémoire. Les sens sont souvent très stimulés au moment des voyages car voyager nous transportent dans un environnement qui n’est pas le notre, généralement éloigné de quelques centaines de kilomètres. Ces voyages sont une grande partie du bagage individuel de perception, parfois plus culturels, lorsqu’il s’agit de visiter des villes très urbanisées comme New York (p.49), mais ils sont aussi très sensible, lorsque la nature change complètement autour de soi et qu’elle nous offre des images encore inconnues comme la Grèce (p.55) pour ma part. Comme évoqué en début de ce texte, parler de perception est très complexe sans entrer dans son propre univers sensible. Il me semble plus rationnel de parler de ce qui entre en compte dans la perception, qui peu s’avérer plus général pour la majorité d’entre nous. Mais, encore une fois, vos voyages ne sont pas les miens, ni votre culture, ni vos sens, et lorsque vous m’avez lu, je suis certaine que c’est à vos propre bagage de perception que vous avez fait référence pour vérifier mes propos. J‘ai essayé de montrer dans quelle mesure la perception était un prolongement de soi et comment, à travers un environnement, cette matrice neutre et invisible, chacun projette sa propre vision. Tant que la perception n’est pas mise en forme, elle n’est pas porteuse de message, c’est un langage personnel que l’on ne partage qu’à


travers un projet, une poésie, un tableau. La perception n’est pas intéressée car on ne la déclenche pas volontairement, elle vient piocher dans l’individu et permet d’avoir des impressions, que l’on exprime a posteriori. C’est bien à travers tout ce qui fait qu’un individu est unique que la perception s’opère. Autrement dit, elle s’exprime de façon subjective, abstraite. Ce sont tous ces éléments, mis en quarantaine dans votre esprit, qui ont déclenché ce processus, tous les éléments que vous avez abstrait de leur contexte, qui sont à l’origine de votre perception. Ce sont eux qui régissent votre trafic d’abstraction.

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BIBLIOGRAPHIE

Philippe Derlerm, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Paris, Edition Gallimard, 1997. Lorena A. Hickok, L’histoire d’Helen Keller, Pocket, 1998. Emile Zola, Au bonheur des dames, Paris, Le livre de Poche, 1883. Peter Zumthor, Penser l’architecture, Birkhaüser, 2010.


HOPES AND SORROW.

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Me voilà à la fin de mes trois années d’architecture. Comme le temps est passé vite et comme les années ont été diverses. Il est étrange de se retourner avec avoir vécu tant de choses et de devoir faire un bilan de tous ces instants. Nous voici donc en mai, les jours peuvent dès à présent se compter jusqu’à la fin de ce semestre, la fin de la licence, et c’est de l’émotion plus qu’un éventuel stress qui m’envahit. Dans l’optique où je valide mon S6, je serais donc une jeune « semi-diplômée » en partance pour le Canada, Montréal plus précisément où j’ai été admise pour une année en entente bilatérale. Le Canada, c’était vraiment mon objectif de l’année, je ne me voyais partir nulle part ailleurs, c’est la destination qui me permettra le plus possible d’évoluer dans la voix qui m’intéresse. Faisant partie des 150 meilleures universités du monde, l’Université de Montréal me portera j’en suis sure vers une formation qui complétera ce que j’ai pu voir à l’ensa Nantes. Cette université propose une option de licence traitant de la réhabilitation et un des cursus de master est également fondé sur cette discipline. Ne sachant pas exactement dans quel cycle nous seront admis, car la licence canadienne se fait en 4ans, il m’est impossible de déclarer avec certitude quel sera mon parcours, mais l’un ou l’autre me permettra de faire un pas, un grand pas vers ce sur quoi j’aimerai ma profession. L’université est également en partenariat très étroit avec la discipline du design, et c’est également un sujet que je veux pouvoir maitriser un jour pour pouvoir me diversifier.


Je n’ai jamais vu l’architecture comme le saint graal des professions, je pense que le plus grand des luxes est de pouvoir s’essayer à plusieurs métiers à la fois, plusieurs disciplines et les maitriser de telle façon qu’aucune d’entre elles n’est pénible à exercer. C’est ainsi que je souhaite voir mon futur, c’est la personne et l’architecte que je souhaite devenir. Certaines disciplines s’apprennent à l’école, d’autres par des rencontres, des hasards. Je pense que les études d’architecture provoquent cette envie de diversité. Elles offrent des disciplines très différentes qui permettent de se découvrir des intérêts pour des sujets que jamais nous n’aurions soupçonnés. Certes toutes ces disciplines de m’ont pas forcément plu, mais j’ai la chance de pouvoir dire pourquoi je ne choisi pas telles ou telles voies. Des disciplines comme la sociologie développent à la fois de la sociabilité puisque souvent elle nous incite à rentrer en interactions avec les acteurs de la ville, simples habitants ou bailleurs sociaux, mais nous inculque des reflexes dans notre manière de concevoir. La construction dans son aspect pratique est elle aussi très riche, elle nous permet d’avoir des notions essentielles dans la réflexion en sachant ce qui est possible ou non de réaliser ; l’exercice du pont en S3 est une réelle aventure et aubaine pour comprendre les efforts dans la matière. La pratique vaut tous les apprentissages.

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Ces études d’architecture permettent de créer des liens et c’est ce que j’ai apprécié. Les enseignements nous donnent l’opportunité de travailler à plusieurs, chose que je n’appréciais pas au début et qu’aujourd’hui je provoque. Je sais grâce à ces expériences qu’une agence, ne se gère bien évidemment pas tout seul mais, de la même façon que je conçois ma vie professionnelle en mouvement continuel entre différentes disciplines, j’imagine pouvoir avoir des associations diverses avec des gens qui m’intéressent dans leurs façon de travailler, des amis comme des rencontres. Ce lien que l’on tisse avec son binôme ou trinôme ou quelle que soit l’équipe est un lien de cohésion, ou l’intérêt du projet permet de se surpasser. Chaque expérience à plusieurs m’a appris quelque chose, à écouter les autres, à considérer les propositions mais aussi à exprimer les miennes.J’espère pouvoir retrouver ces ententes, ces opportunités de travail à Montréal. J’ai choisi cette ville en fonction de son programme scolaire mais bien entendu également en fonction de sa position géographique. Il était important pour moi que mon année à l’étranger ne soit pas une année passée à ne pas travailler, d’où mon attention sur la qualité du programme, mais il était aussi important que les moments passés en dehors de l’université m’apportent. Je prévois de faire un tour du Canada, sans avoir pour le moment d’itinéraire défini bien que je suis certaines de passer par Québec, Toronto et Vancouver. L’option « Ecologie en mutation » en S5 m’a


sensibilisé sur la beauté du paysage et ses phénomènes et le Canada, deuxième plus grand pays du monde, présente j’en suis sure mille et un tableaux au fil des saisons. Au delà d’un voyage architectural, celui-ci sera un voyage sensible dont j’espère me saisir pleinement pour pouvoir ramener un peu de cela dans ma mémoire, mon bagage de perception. En parallèle et après mes 8mois au Canada je descendrais chez son voisin américain : les Etats Unis. Les villes des grands lacs et du Nord sont assez facilement accessibles, ce qui me donne

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ra l’opportunité d’aller, lors de weekends, à Boston, Detroit ou Chicago. J’aimerais aussi retourner à New York, que je connais déjà un peu pour pouvoir enrichir encore d’avantage mon panel de référence. On peut donc voir deux types de parcours assez différents, puisque celui du Canada me proposera certes plusieurs villes différentes mais je pense surtout me nourrir de la dimension paysagère et naturelle, et celui des Etats Unis sera un parcours plus urbain, ponctué de politique avec les élections présidentielles américaines en novembre.

Je pense rentrer à Nantes pour finir mon master après cette année canadienne et pour ainsi clore un chapitre. Je n’ai pas encore réellement d’idée quant aux options qui m’intéresse en M2, j’avoue ne pas avoir encore regardé cela. Il me parait un peu trop compliqué de se projeter deux ans en avant avec l’année à l’étranger qui se profile devant moi. Il me reste encore quelques temps avant le grand départ, les derniers mois j’essayerai de me concentrer un maximum sur mes cours et sur le travail dans l’agence dans laquelle je viens d’être recrutée pour faire la petite main. Cela va me faire découvrir le travail en agence, la rigueur et l’efficacité. Cela m’aidera aussi à trouver un travail pour le mois de juillet, m’ouvrir des portes d’agences sur la Rochelle, la ville où j’ai grandi et où mes parents vivent toujours, avant de m’envoler au mois d’août à


Montréal. Je regarde donc avec tendresse, et il faut le dire une certaine fierté, ces trois années de licence. Celles qui m’ont fait vivre des experiences incroyables, qui m’ont énormément apporté en terme de savoir mais surtout celles qui m’ont permis de rencontrer autant de personnes que vous recevrez de mémoires, et plus encore. Cette fin d’année marque une rupture au sein de notre promotion, entre les départs des uns, les arrêts des autres. Nous avons réussi, en trois ans, à souder cette promotion, baptisée par Michel Velly de promotion «installation». Des amitiés, des ententes, des collaborations, toutes sortes de liens mais qui aujourd’hui me permettent de dire que c’est avec émotion que je quitterais la promotion 2009/2010, qui n’aura jamais été si unie qu’en cette fin de licence.


Ceci est ma réalité. Ce n’est pas la votre. Autrement dit, jamais vous ne verrez le monde tel que je le vois, tel qu’il m’apparait. Sommes-nous conscients que notre monde est en réalité personnalisé, fait sur mesure ? Mon monde n’est pas réel, il m’est destiné, il est subjectif et vous semble abstrait.

This is my reality. This is not yours. In another way, you will never see the world as I see it, as it appears to me. Are we aware that our world is, in reality, individualized ,talor made ? My world is not real, is meant to me, it is subjective and seems to you abstract.


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