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J SMOOTH & FUTUR,

KINGS OF POP

AU JUSTE DEBOUT 07

FLASHBACK SUR

LE TROPHÉE

PERLE DU NORD 07

JUSTE DEBOUT N°12 bimestriel gratuit Avril - Mai 2007

• LE FABULEUX DESTIN DE MAYA L’INDIENNE•


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éditorial # 12

À

l’heure des élections présidentielles, où les principales questions tournent autour de l’immigration, un thème semble être totalement occulté par les candidats et les médias, la culture. La France, qui doit pourtant sa réputation culturelle à ses grandes institutions artistiques et son patrimoine exceptionnel, la délaisse depuis quelques années pour un « économicisme » à outrance. Aujourd’hui les théâtres, les musées, les cinémas se doivent d’être rentables. Avant de s’adresser au porte-monnaie, la culture touche pour-

JUSTE DEBOUT MAGAZINE 30 rue du docteur Potain 75019 PARIS Tél. : 01 42 06 51 50 www.juste-debout.com DIFFUSION NATIONALE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Pascal Gilbert pascal@juste-debout.com RÉDACTRICE EN CHEF : ShéyeN Gamboa sheyen@juste-debout.com sheyen.gamboa@wanadoo.fr

tant d’abord à l’intime. Alors qu'elle devrait être au cœur de tout projet de société, c’est à peine si on ose prononcer son nom en présence des candidats. Comme si elle n’était plus un enjeu majeur de civilisation. L’éducation artistique, même, est devenue le parent pauvre de l’Education nationale. Avec plus de 3 millions de pratiquants danseurs, pour ne parler que de cette discipline, est-ce normal de continuer à mépriser la culture ainsi ? Comme dirait J.C., chef de l’État : « La France ne serait pas la France sans une grande ambition culturelle ». Pour finir sur une touche plus gaie, joyeux anniversaire au magazine, cela fait maintenant deux ans que vous nous lisez !

CHEF DE LA RÉDACTION Bruce “Ykanji” Sone bruce@juste-debout.com bruceykanji@hotmail.com GRAPHISTE Nanou nanou@juste-debout.com PUBLICITÉ Contact, tél. 06 11 83 79 30 ou Tél. 06 62 50 93 74 ONT ÉCRIT DANS CE NUMÉRO : Shéyen, Mia Ma, Lysbeth, Bruce CREDIT PHOTO Tiphanie, Phillipe lecœeur

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Rozenn Gouvernec SECRÉTAIRE GÉNÉRALE Joëlle Tanguy Joelle@juste-debout.com IMPRESSION Imprimerie de Champagne ZI Les Franchises 52 200 Langres Dépôt légal à parution ISSN : 1772-189X


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Sommaire

Shopping Agenda News FlashBack Open de Bercy 2007 Coup de Projecteur Best of JD Zoom Scene 13 Style du mois Danse Tahitienne

P6 P8 P 10 P 12 P 18 P 20

Dvd Chroniques du Mois Exclusif Rap & Danse Coup de Gueule A ne pas manquer Apocalypse Une Danse dans l’histoire La Danse Contemporaine Gros Plan Maya Clubbing House

P 22 P 24 P 26 P 28 P 30 P 34 P 36

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Dancing Shop’

BY SHÉYEN

Feu vert ! ESPOIR,

NATURE, FRAÎCHEUR, ZEN ATTITUDE, LE VERT A TOUT POUR LUI. IL SAIT METTRE EN VALEUR LES BRUNS ET LES ROUX, MAIS AU PRINTEMPS, IL ILLUMINE TOUT AUTANT LES BLONDS. TROP LONGTEMPS MIS DE CÔTÉ PAR LES CRÉATIFS, IL REVIENT EN FORCE AUSSI BIEN EN MODE QU’EN DÉCO. ALORS N’HÉSITONS PLUS, AU PRINTEMPS METTONS-NOUS AU VERT !

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1• PARFUM D’INTÉRIEUR GOA : Existe en 2 formats : 100 ml = 11€ / 250 ml = 20€, lecteurs : 01 42 21 86 86 2• MONTRE STAMPS en forme de timbre, se clippe sur bracelet ou cordon, 0 877 566 530, Modèle "Syntax", 35€ 3• SAC SMALL WEEKENDER Onitsuka, en similicuir vert/jaune, 60€, Tel lecteurs : 04 67 15 40 00 4• T-SHIRT YES INDEED Eckored 36€ 5• TONGS POKER Dealer de Reef, Semelle eva, Lanière cuir, 35€, Tel lecteurs : 05 59 41 39 02 6• HAVAIANAS GIPSY Tong en caoutchouc 100% naturel. Brides brodées de perles et breloques métal, 125 € 7• COLLIER ERNESTO DE BARCELONA En résine, modè-

le Cazaragoza. 0 877 805 805, Prix: 49,50€ pour le collier 8• BASKETS PLATES ET LÉGÈRES Onitsuka modèle : Mexico 66, cuir pleine fleur, 85€ 9• CASQUETTE TO FLY CAP Eckored, 100% coton, 26€, Tel lectrices : 01 56 55 53 60 10• LUNETTES PARASITE Monture myme optique en acétate anis, 249 €, Tel lecteurs : 04 74 46 28 90 11• CLASSEUR QUO VADIS collection US 6.30€ 12• HAVAIANAS ALAMONA Tong en caoutchouc, semelle imprimée fleurie, 22 €, Tél lecteurs : 01 44 84 91 12 13• FAUTEUIL BRAZIL Marie's corner, 0032 10 84 96 80, pied en aluminium, tissu gomme, 1660€ hors tissu

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Ag en da / News JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA DANSE La Journée Internationale de la Danse a été instaurée en 1982 à l’initiative du Comité de Danse International de l’Institut International du Théâtre, ITI/UNESCO. La date choisie pour fêter la Journée est le 29 avril, date de l’anniversaire de Jean-Georges Noverre (1727 - 1810), créateur du ballet moderne. Chaque année un message international rédigé par une personnalité de la danse mondialement connue, est diffusé. Les objectifs ? Réunir le monde de la danse, rendre hommage à la danse, célébrer son universalité et, franchissant toutes les barrières politiques, culturelles et ethniques, rassembler l’humanité toute entière en amitié et paix autour de la danse, langage universel. Infos iti@unesco.org et portal.unesco.org/culture/fr/

BALLETS TROCKADERO DE MONTE CARLO Les ballets Trockadéro viennent de remporter à Londres, le National Dance Award pour la meilleure compagnie de danse classique, (Company Prize for Outsanding Classical Repertoire). Ce prix a été décerné par l’ensemble de la critique et remis au Sadler’s Wells. Pour en savoir plus : nationaldanceawards.com. Nous devrions retrouver les « TROCKS » à Paris en 2008.

phique. L’après-midi sera animée par DJ James & Dj First Mic et ponctuée par les shows de : La Fédération française de Double Dutch (www.ffdd.com) ainsi que Claise M’Passi et la Cie Azaria vainqueur du premier Paris Dance Delight. RDV à la salle Léo Ferré : rue Charles Michels 92 Bagneux, 5€ billeterie dans toutes les fnac. Incriptions des participants au battle danse en cours sur le site officiel : www.alliances-urbaines.com

SWING DANSE MONTPELLIER FESTIVAL Après cinq années en hiver, le Montpellier Swing Danse Festival change de forme et de dates, passant de février à mai. Du 17 au 20 mai Place de la Comédie avec stage de découverte et masterclasses de Lindy Hop & West Coast Swing, plus de profs internationaux. Quatre niveaux de cours + un niveau compétition et show, soirées et shows, quatre soirées Lindy Hop & West Coast Swing, profs & Guest Stars Montpellier Swing Danse Festival 2007, Marty Klempner (USA), Valérie Salstrom (USA), Vincenzo Fesi (Italie), Isabella Gregorio (Italie), Mélanie Stoecker (Suisse), Olivier Massard (Belgique), Pep Espignol (Espagne), Emi Garrote (Espagne), Maxence Martin (France)… Infos http://www.montpellierswing.com ou 04 67 22 36 83 ou festival@montpellierswing.com

HIP HOP ALLIANCES URBAINES Le jeudi 12 avril : pour la deuxième année "le Bagneux Battle Chalenge", un battle de danse sera ouvert à toutes les compagnies amateurs qui s’affronteront dans deux catégories : 1 vs 1 B.boying et battle chorégra-

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DANSE FÉMININE COUPE LADYSHOCK Après le succès de la Coupe de la Danse Féminine en Juillet 2006, Ladyshock Production et Steffi Session organisent la 2e édition le 1er

juillet prochain. Participez aux présélections uniquement réservées aux filles ! L’originalité de ce concours : affrontez-vous dans tous les styles de danse, jazz, Hip Hop, flamenco, latino, danse afro, ragga, house, ou oriental et imposez votre style. Vous avez entre 15 et 30 ans, un bon niveau de danse, audition : en solo, en duo et en groupe de 3 à 5 (improvisation d’1 min maxi pour l’audition). Dates des présélections : dimanches 1 et 8 avril, date supplémentaire précisée ultérieurement. Inscription sur www.ladyshock.net ou 06 67 26 42 45 ou info@ladyshock.net, price money à la clé.

DANCE HALL WORKOUT Après une version Bollywood et une Hip Hop, Nike et le Club Med Gym nous font voyager en dansant. Cette fois, nous posons notre sac de danse dans les Caraïbes pour une session Dance hall. Une gestuelle accessible et un fitness sensuel avec le programme Nike Dance WorkOut. Mis au point par le chorégraphe américain de Madonna, Jamie King, la séance d’une heure démarre en trombe sur l’échauffement. La température monte. Le prof micro casque sur la tête, double le rythme. Les bassins ondulent presque comme dans les caraïbes ! La chorégraphie bondissante donne une pêche d’enfer. On transpire tout en s’amusant. Plus qu’un programme de


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fitness, le Dance Hall Workout apporte gestuelle de base et techniques ludiques. La séance se termine sur une séance d’abdos, puis un moment cool down et des étirements. À partir du 20 avril dans les Club Med Gym d’Ile de France et certaines salles de province. www.nike.com ou www.clubmedgym.com

DANSE CELTIQUE CELTIC LEGENDS Celtic Legends, le spectacle de danse traditionnelle irlandaise loin du montage des grandes productions internationales, sera au Zénith de Limoges le 1er avril prochain, au Zénith de Dijon le 3, au Parc des expos de Châlon-sur-Saône le 4, au Palais de la Méditerranée à Nice le 5. Celtic Legends se veut un retour aux sources, un rappel des origines. Six musiciens, une douzaine de danseuses et danseurs et une chanteuse. Une soirée tout entière dédiée au vert d'Irlande, un voyage qui conjugue la grâce de la danse, le tempo impétueux des claquettes irlandaises sur les rythmes effrénés de la musique traditionnelle. Plus d’infos sur celticlegends.blesesprod.com/CL_tou rnee.html

DANSE CONTEMPORAINE BIENNALE DU VAL DE MARNE Retrouvez la sublime chorégraphe Norma Claire - Association Antipodes - à l’occasion de l’ouverture de la 14e biennale de danse du Val de Marne, avec sa nouvelle création Va, Vis. Histoire simple et complexe d’être femme et créole. Norma Claire puise l’énergie du sol et de la terre pour donner matière et vie au corps dansant. Mardi 3 avril à 14h30 et à 20h30, mercredi 4 avril à 17h 00 - jeudi 5 avril à 14h30 et à 20h30 au

Théâtre Antoine Vitez à Ivry-surSeine / Réservations : 01 46 86 70 70

MUSIQUE HOMMAGE A SKEETER RABBIT DJ Romento Jazz, le DJ des plus grands battles de danse notamment dans la catégorie poppin’, et le danseur qu’on ne présente plus Walid ont décidé de s’associer afin de rendre un hommage musical au grand danseur Skeeter Rabbit, des légendaires Electric Boogaloos, passionné de musique et disparu trop vite en 2006. Les puissants morceaux choisis de l’album G-funk, poppin’ tracks in tribute to Skeet, sont pour la plupart issus des sélections de Romento au Juste Debout et au battle de St-Denis. L’un des secrets stylistique de M. Walid ? Ses sons font partie intégrante de ses entraînements. De Tha Dogpound à Raskass en passant par X-zibit, âme soul, cette sélection est pour vous à 10€. Pour la commander, envoyez un mail à romento@free.fr.

BREAK BATTLE OF THE YEAR La France, actuellement championne du Monde de Break grâce à l’équipe des Vagabonds, s’apprête à jouer de nouveau ses qualifications pour le mondial du Battle Of The Year, qui a lieu chaque année en Allemagne. C’est le Zénith de Montpellier qu’a choisi l’association Attitude pour accueillir la septième édition du Battle Of The Year France le 19 mai prochain. Après des qualifications à Lille, Lyon et l’Ile de la Réunion, la finale se dansera sous les yeux avertis du jury : Hong10 (actuel champion du monde solo), Nacéra, Poe One, David Milôme et un juré toujours en cours de sélec-

tion. Le BOTY France s’organise autour du festival « Change Of Direction » avec des festivités du 11 au 20 mai dans le centre ville de Montpellier, telles que des expos graffiti, concerts, picnic break, festival de films etc… un rendez-vous explosif à ne pas manquer. programme complet sur www.attitudeasso.com

FÊTE DE LA DANSE À PARIS Pour la quatrième année, Mouvance d’Arts et son parrain le chorégraphe Pierre Doussaint, orchestrent la Fête de la Danse « Entrez dans la danse » le dimanche 3 juin prochain. Spectacles de rue, initiation à des styles diverses, soirées, concours de danse, un riche programme attend de nombreux quartiers de Paris (Bercy Village, 5 arrdt, 20 arrdt, 11 arrdt…). Pour les yeux : en danse contemporaine : Montalvo Hervieu, Forest Beats (Yutaka Takei, de l’Atelier Carolyn Carlson), Les AcharnésPierre Doussaint, Les zonards célestes-Fabrice Dugied, Romano Botinelli, Maroussia Vossen, le Petit Côté, l’imprévue, Coïncidence, La Halte Garderie. En Hip Hop : Azaria, Des Equilibres, Sadia, La vingtième Tribu, en Danses latines : Danse avec nous, Paris Mambo, en Danses du monde : Yeraz Parfums d’Arménie, Afrodites, danses créoles, Danses de couples : Feeling Danse, Modern jazz : TSN, Butô : Sangfroidgitan (François Genty ), Transit Barre de danse classique : Anne-Marie Sandrini, Disco-soulfunk avec David Stepanoff et des ateliers enfants avec Sophie Méary et Valérie Gros-Dusbois. www.entrezdansladanse.fr à visiter absolument.

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Flashback

TEXTE : SHÉYEN PHOTOS : DR

LE TROPHÉE PERLE DU NORD 2007 Bercy, aux couleurs de la danse sportive 16 000 SPECTATEURS AVAIENT FAIT LE DÉPLACEMENT À BERCY DURANT LE WEEK-END DU 23E TROPHÉE PERLE DU NORD, LA RENCONTRE INTERNATIONALE DE DANSE SPORTIVE, LES 3 ET 4 FÉVRIER DERNIER. L’ORGANISATEUR CLAUDE GERMAIN AVAIT MIS LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS POUR L’OCCASION. SUR LE PARQUET, CE SONT LES MEILLEURS COUPLES DE DANSE SPORTIVE DU MOMENT, SIX FORMATIONS TOUTES FINALISTES DES DERNIERS CHAMPIONNATS DU MONDE, AINSI QUE DES DÉMONSTRATIONS EN ROCK ACROBATIQUE OU ENCORE EN HIP HOP QUI ONT FAIT DE CE RENDEZ-VOUS ANNUEL UN SPECTACLE INCROYABLEMENT VIREVOLTANT. INTERVIEW. Quel regard portez-vous sur cette 23e édition ? L'édition 2007 a été une grande réussite. Les échos après les spectacles sont très bons et la fréquentation a augmenté de 10 %. Également, je note un intérêt grandissant de la part des médias, avec une approche beaucoup plus sympathique pour la danse sportive qu’auparavant.

time pas avoir réussi encore à 100 %, nous avons tout de même parcouru beaucoup de chemin.

Quel est votre parcours de danseur ? Avec Simone, mon ex épouse, nous avons été quatre ans champions de France en danse de couple et finalistes du championnat du Monde à Berlin en 1974. Après ce résultat, Après vingt-trois championnats, comment avez- nous pouvions aller en Angleterre pour y travailler beaucoup vous vu évoluer la danse sportive? plus intensivement qu’ici et tenter le podium. Mais nous La danse sportive est maintenant de mieux en mieux n'avions pas les moyens financiers pour ce projet. Nous étions connue des Français et c'est à Bercy que nous le devons ! également très désireux de développer notre sport en France Malheureusement, sur le plan des pratiquants, cela est en nous inspirant des exemples étrangers. C'est pour cela que plus long à venir… nous avons quitté la région parisienne pour ouvrir notre première école à Rouen. Nous y avons créé le premier Qu’est ce qui vous tient le plus à cœur club Normand. Nous avons ensuite essainé dans cette rencontre ? en ouvrant des salles dans d'autres villes et Chaque année, ma volonté est de montrer « Ma motivation est en y créant des clubs. Le Havre, Fécamp, un beau spectacle, et surtout prouver que la de prouver que la Caen, Nice et St Rémy de Provence ont un danse sportive plait et qu'il y a en France un danse sportive plait club issu de nos implantations. public important qui se déplace pour la voir. C'est pour cela que je travaille sans répit afin et qu'il y a un vrai En quoi considérez-vous la danse comme de trouver les endroits où l'information peut public en France. » un sport? En quoi la considérez-vous être transmise. N'oublions pas que la comme un art ? retransmission télévisée de Bercy est reçue L'apprentissage de la danse sportive est dans de nombreux pays. Un exemple : en arrivant à l'aéro- comme tous les sports où il est demandé une grande coordiport de Tananarive l'année dernière, une personne est venue nation, la mise en forme d'une succession de pas et de à ma rencontre en me disant : « Vous êtes Monsieur mouvements. À ce stade, c'est peu sportif. Passé cette Germain, je vous ai vu la semaine dernière sur Paris épreuve, les mouvements se développent, la mobilité Première ! » Ceci développe des demandes d'implantation de également. Ceci correspond à la période sportive. En la danse sportive dans différents pays et surtout en Afrique. haut de la hiérarchie, cela devient plus un art que la recherche de l'exploit sportif. Quel est votre principale motivation ? Lorsque j'ai décidé en 1984, de mettre la danse sportive à Quelles innovations peut-on attendre pour les Bercy c’était dans le but de prouver que la danse sportive Trophée 2008 ? pouvait être présente dans la plus grande salle française. Pour les 2 & 3 février 2008, j'ai l'intention d'accentuer la D'être l'élément qui permettrait de sortir la danse sportive de présence des formations, car cela plait beaucoup aux spectason isolement, et de faire en sorte que notre discipline sporti- teurs mais également aux T.V. Je pars dès maintenant à la ve devienne populaire, et soit l'égale d'autres sports. Si je n’es- recherche de présentations nouvelles et attractives.

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RÉSULTATS DU 23ÈME TROPHÉE PERLE DU NORD CADETS : 1. Romain SALOMON / Ludivine BRANGBOUR-FRANCE Colmar Dance Party, 2. Jonathan PEULET / Samantha PEULETFRANCE Romans, 3. Timothée GISLER / Marine BILLON -FRANCE Colmar New Dance club, 4. Léonard FRANASZTUK / Patricia SPIRYDONSKA-POLAND, 5. Valentin LANGER / Camille KISSYFRANCE Colmar, 6. Pierre-Alexandre INGARGIOLA / Volodia BERTRAND-FRANCE Cergy, 7. Théophile SANSON / Ludivine SANSON-FRANCE Rouen YOUTHS : 1. Charles-Guillaume Schmitt / Elena Salikova Colmar/CDSDPC, 2. Sarunas Siauciulus / Karolina BalckuteLithuania, 3. Antoine Masson / Alice Masson-Colmar/CDSDPC, 4. Loic Mathieu / Simona Suciachi-Romans/ARC, 5. Romain Léal / Chloé Léal-Vienne/CDSM, 6. Jason Cicard / Laura LozingueRouen/CRDS MASTER’S LATINE : 1. Peter Stokkebroe / Kristina Juel Stokkebroe-Denmark, 2. Andrius Kandelis / Egle VisockaiteLithuania, 3. Krzysztof Hulboj / Janja Lesar Poland 4. Fabio Notargiacomo / Sylvia Notargiacomo-France St Maur, 5. Aurélien Milhau / Marika Doshoris-France Colmar, 6. Christophe Licata / Coralie Anfray-France Aubagne, 7. Jozel Herak / Sandra AgalarevaSlovakia MASTER’S STANDARD : 1. Sascha Karabey / Natascha KarabeyGermany, 2. Fédérico Di Toro / Genny Favero-Italy, 3. Mark Elsbury / Olga Elsbury-England, 4. Steeve Gaudet / Laure Colmar-France St Maur, 5. Maxime Dereymez / Katrina Patchett-France Rouen, 6. Bruno Petit / Jade Geropp-France St Maur 7. Juraj Simko / Zuzana Vicikova-Slovakia FORMATION LATINE : 1. ZUVEDA KLAIPEDA-LITUANIE, 2. T.S.Z. AACHEN-Allemagne, 3. DOUBLE V-HOLLANDE

ECOLES DE DANSES ET CLUBS : C&S GERMAIN, 26 rue de la Chaîne 76000 Rouen, Tél. : 02 35 70 29 63 contact : danse-germain@wanadoo.fr

FORMATION STANDARD : 1. D.S.K. KODRYANKA-MOLDAVIE, 2. MOVING ACTION-HOLLANDE, 3. INTERKLUB DE BRATISLAVASLOVAQUIE.

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Coup de Projecteur

TEXTE : LYZBETH PHOTOS : PHILIPPE LECOEUR TIPHANIE DOUCET ET TILLATE.COM

JUSTE DEBOUT 2007, relève et consécration APRÈS UNE CUVÉE 2006 DE HAUTE VOLÉE, ÇA FAISAIT UN AN QU’ON ATTENDAIT LE RETOUR DE LA RENCONTRE INTERNATIONALE DU JUSTE DEBOUT. ALORS QUE LE DVD DE CETTE FABULEUSE ÉDITION N’EST SORTI QUE CES DERNIÈRES SEMAINES, LA PLANÈTE DANSE FAISAIT LE VOYAGE DES QUATRE COINS DU GLOBE POUR NOUS EN METTRE PLEIN LES YEUX À PARIS, LE 25 FÉVRIER DERNIER. COUP DE PROJECTEUR SUR L’INCONTOURNABLE ÉVÉNEMENT.

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2h, le gymnase Pierre de Coubertin est littéralement assiégé, il paraît qu’il n’y a plus de préventes et les dernières places s’arrachent du côté de l’entrée des artistes. Côté public, l’entrée se fait plus fluide que les années précédentes sans doute grâce au fait que les portes aient été ouvertes beaucoup plus tôt en fin de matinée. En revanche, certains pestent parce que la nourriture et les bouteilles sont confisquées à la fouille. S’amoncellent alors canettes et autres bouteilles plastiques. Bruce, l’instigateur des festivités, avouera plus tard qu’il n’était pas

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favorable à cette mesure, mais que c’était une directive de l’équipe de sécurité (toutes ses excuses au public). Après quelques mécontentements de la foule, les choses finissent par rentrer dans l’ordre, la mission du jour étant tout de même de consacrer les meilleurs danseurs debout. Toutes les têtes connues sont là et comme d’hab’, la Porte de St Cloud est devenue le temps d’un week-end la place la plus touristique de Paris. Japon, Canada, Suède, Allemagne, Etats-Unis, Italie… c’est ce qu’on appelle le melting pot ou plutôt l’universalité de la danse.


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à l’appel. Où sont P-lock & J Soul, Salah & Mike, Physs & Paul-Ereck, Marion & Clara, tous ces duos qui ont fait, l’histoire du Juste Debout? Cette année, place à la nouveauté et aux révélations. Les pronostics sont très ouverts, on ne sait pas pour qui voter, mais on ne demande qu’à voir. Qui va faire sensation ? Les Japonais vont-ils prendre leur revanche sur 2006 ? La menace viendrait-elle d’Outre-Atlantique ou peut-être d’Europe ? Tout le monde y va de son commentaire, surtout ceux qui ont assisté aux pré-sélections de la veille dans les prestigieux salons de l’Hôtel de Ville de Paris.

NOUVELLE GÉNÉRATION

L’HEURE H 14h, l’échange commence à l’heure et la majeure partie de la salle est fin prête à accueillir les binômes de danseurs. Bruce les invite à se préparer. Dans l’ordre : Poppin’, Hip Hop, Lockin’ et House dance, on est parti pour dix heures de danse alors mieux vaut être bien assis. À l’annonce des différents noms, il semble que certains danseurs « habitués » manquent

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Après une démo enflammée des jurés internationaux, la rencontre reprend son cours. Dès le début des échanges, certains duos se démarquent particulièrement, par leur style et leur technique. Les GoGo Brothers du Japon font preuve d’une unité irréprochable, d’un style et d’une maîtrise sans équivalent et entendent bien repartir avec le titre en locking. Les autres catégories nous servent un bon nombre de surprises. Des danseurs, sûrement dans les gradins les années précédentes, qui cette fois ont décidé de se lancer dans l’arène. Les frères Yudat, ainsi que Ugin & Drissa, en Hip Hop, allument la salle à chacun de leurs passages. La petite Stéphanie, partenaire de Dedson, impressionne par son aisance et sa fluidité.


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« Japon, Canada, Suède, Allemagne, Etats-Unis, Italie… c’est ce qu’on appelle l’universalité de la danse. »

Côté house, un grand boulevard se dessine pour Meech’ accompagné du Japonais Hiro en l’absence de Babson & Yugson, juge de la compétition. Pour autant, Mamson & Crappy et Tetsuo & Itsuji n’ont pas l’intention de les laisser agir en toute confiance. De beaux échanges sur les galettes, peut-être un peu trop deep de Tijo et une forte participation japonaise dans cette catégorie.

Alors que 2006 n’avait consacré que des danseurs français « confirmés » par leur palmarès et leur parcours, cette année est celle du renouvellement. Une nouvelle génération se place et à la surprise de tous, elle ne démérite pas, on ne les avait même pas vu arriver ! C’est le cas de J Smooth & Futur, qualifiés à Paris en pop’ après 12h d’avion en provenance de

Californie, fief des Electric Boogaloos, pionniers du genre. Clairement inspirés de ces derniers, les deux Américains nous ont donné une leçon de pur boogaloo. De round en round, ils ont défié et destabilisé leurs adversaires, charmé le public et conquis le jury. Un duo complémentaire et en totale harmonie qui place combinaisons et autres animations au bon moment. Le tout en s’affirmant à chacun de leur passage.

ZOOM SUR LE FUTUR Futur, en complet blanc et rose, plus habile dans les « tricks » style tetris et king tuts, et J Smooth, plus imposant et maîtrisant l’art du waving et des directions. Avec un brin d’insolence, ils ont tout simplement éliminé chacun de leurs concurrents, on note, un léger accroc contre Franquey & Nelson en huitième de finale. À ce stade, personne ne se doute de leur percée et c’est en nous laissant bouche bée en quart, puis en demie finale que leurs noms ont commencé à tourner dans le stade avec celui de Guchon & Key les deux Japonais. Au final, un bel échange de techniciens qui rend difficile la décision du jury, mais qui finit par consacrer les jeunes Californiens de 21 et 23 ans. Une première dans l’histoire du popping au JD, un titre qui, on l’espère, sera remis en jeu l’année prochaine.

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J SMOOTH & FUTUR, Le plébisite au Juste Debout 2007 CHOSE PROMISE, CHOSE DUE, LES POPPERS J SMOOTH & FUTUR, SONT EN COUVERTURE DU JD MAG. QUI SONT CES CALIFORNIENS QUE PERSONNE N’AVAIT ENCORE SOUPÇONNÉS ? RENCONTRE AVEC J SMOOTH, 23 ANS, À PARIS ET SÉANCE INTERROGATOIRE VIA MAIL AVEC FUTUR, 21 ANS, RENTRÉ AUX ETATS-UNIS. Chose promise, chose due, les poppers J Smooth & Futur, sont en couverture du JD Mag. Qui sont ces Californiens que personne n’avait encore soupçonnés ? Rencontre avec J Smooth, 23 ans, à Paris et séance interrogatoire via mail avec Futur, 21 ans, rentré aux Etats-Unis. JDM : Comment vous êtes-vous préparé pour ce Juste Debout 2007 ? JS : Trois mois avant la date, on a réfléchi à la création des

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combinaisons, mais elles étaient trop longues. Nous avions oublié de prendre en compte le timing d’une minute par passage. Pendant les interludes, on a dû les couper et les réarranger parce qu’on savait qu’on ne pouvait pas tout enchaîner. En revanche, pour ma préparation individuelle, je dansais en club. C’est une autre façon de se préparer. F : On a bossé dur pour cette compétition. Chaque jour après les cours, je rejoignais J chez lui. On s’entraînait pen-


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dant des heures jusqu’à la tombée de la nuit. L’école plus la niveau spirituel. C’est bizarre de dire ça, mais ça se pasdanse ont été difficiles à gérer, mais, au final, ça valait le sait à l’intérieur. C’était passionné. De la danse à l’état pur. coup. Pas de battle ou d’adversité. On a ressenti le moment Était-ce votre première participation ? comme un véritable échange. On était dans une autre JS : Et non ! Pour moi, c’était la troisième. En 2005 avec sphère. Bionic Man, en 2006, on est revenu, on a perdu en quart F : C’était le battle le plus spectaculaire que je n’ai jamais de finale face à Salah & Damon. Et cette fois avec Futur, fait. C’était un honneur de les avoir en face de nous en on l’a gagné ! Une sorte de consécration, une récompense finale. Je les suivais depuis tant d’années et j’ai aussi été pour moi. Aux Etats-Unis, on dit si tu ne participes pas influencé par ces mecs-là. C’était grand. trois fois, autant ne pas y aller du tout. Et bien, c’est fait ! Avez-vous apprécié le public français ? F : Pour moi, c’était une première, on a participé aux pré- JS : Bien sûr ! Au début, on a quand même entendu quelques sélections à Paris et voilà… « booo » qui ont été déstabilisants et au fur De quel duo vous méfiez-vous le plus ? et à mesure qu’on avançait dans le battle les JS : J’avais eu des échos de la sélection japogens nous applaudissaient et criaient sur nos naise, on savait que ça ne serait pas simple. « La finale a été un passages. C’était dingue ! Et ça, ça met en On se méfiait de tout le monde. On devait Alors quand les juges nous ont véritable échange. confiance. être prêt à tout moment. Sinon, j’aurais aimé déclaré vainqueurs, c’était une happy end tombé contre le Français Sally Sly parce qu’il Nous étions dans une acclamée par tous, donc merci au public était une de mes références. français. autre sphère. » F : On avait les yeux rivés sur Nelson & J Smooth, comment as-tu rencontré Franquey, Guchon & Key mais aussi sur Futur ? l’équipe de Sally Sly. JS : Il arrivait de Virginie. On s’est renDurant la compétition, quels ont été vos forces et contrés en club, on est devenu de très bons amis. On traîvos faiblesses ? nait ensemble en dehors de la danse. Pour le JD, c’était la JS : À nous deux, on brossait tous les styles tant en anima- première fois qu’on dansait ensemble. On s’est rendu tion qu’en tuts, waving et même les combis. Nos faiblesses, compte qu’on avait le même état d’esprit. hum…je pense que c’était nos combis parce qu’on les Quels sont vos principales influences ? avait prévus trop longues. JS : Nous dansons depuis environ cinq ans tous les deux F : Je pense que mes tuts ont été un véritable point fort. et pour moi, c’est Poppin Taco sans hésiter ! J’ai vu le film Peu de gens s’embarquent sur ce style. Pour la faiblesse, je Breakin’ et je voulais être lui (rires). Ensuite, je suis allé au dirai : mon manque d’expérience, dans une grande com- BBoy Summit où j’ai vu Sally Sly et Hakim. J’ai littéralepétition de ce genre. Heureusement J Smooth, m’a été de ment été époustouflé par leur style. De là, je me suis vraibons conseils. ment concentré sur le pop et le boogaloo. Honnêtement, le public n’attendait pas votre vic- F : Dans le désordre : Poppin Pete, Tabo, Konfusion, J toire, vous êtes-vous surpris ou aviez-vous une Smooth et Rashaad. énorme confiance en vous ? Quels sont vos projets à venir ? JS : Je dirai les deux. Surpris, mais à un moment donné, JS : Faire des battles pour atteindre un niveau supérieur. on se sentait indestructibles, et arriver en finale pour J’aimerais pouvoir danser en battle comme en club ou à perdre, ça n’était pas notre optique. Je savais qu’il fallait la maison. Etre ce que je suis et oublier la pression. tout donner. Avant de venir en France, j’avais un calendrier F : J’espère vraiment être là l’année prochaine, parce que sur lequel je comptais les jours en me disant « plus que 10 je vais bosser et je serai encore mieux préparé. jours, plus que… ». Avec Futur, nous sommes venus pour Mot de la fin… donner du show aussi bien au public qu’au jury. Je voulais JS : Un grand merci à Bruce, quelqu’un de vrai, je suis vraiment que tout le monde en ait pour son argent. content de l’avoir rencontré. Big up à tous les danseurs Comment avez-vous vécu cette finale face à qu’on a croisés, spécialement Guchon & Key, Nelson & Guchon & Key ? Franquey. Et mon mentor, Poppin Taco ! JS : Avant tout, chaque étape dans la compétition était F : Un grand merci à Dieu, ma mère, mon père pour différente, mais pour la finale c’était d’un autre niveau. Je avoir toujours été là, ma grand-mère (rip), les Electric ne parle pas au sens du niveau de danse, je parle du Boogaloos, Machine Gone Funk…

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SCENE 13, Marseille break down LA DANSE HIP HOP MARSEILLAISE A ENFIN TROUVÉ SON QUARTIER GÉNÉRAL. SITUÉE EN PLEIN CENTRE VILLE, L'ÉCOLE CRÉ SCÈNE 13 RESPIRE L'AMOUR DE LA DANSE ET LA CONVIVIALITÉ. AMATEURS DE BONNES VIBRATIONS, RENDEZ-VOUS GARE SAINT CHARLES!

ci, l'ambiance est chaleureuse comme le initiative dans son sac. Un week-end par mois, des intertemps à Marseille", raconte Brigitte venants de renom international viennent donner des Auligine, fondatrice de l'école. Cette stages en house ou en Hip Hop. L'été, les stages organiancienne du Hip Hop marseillais est l'une sés alternent cours de danse, baignades en mer et soirées des premières à avoir dispensalsa sur la plage. Bref, ici, la règle numéro sé des cours de danse dans la un est qu'on ne quitte pas l’école dès son cité phocéenne. "Marseille a toujours été cours terminé. une ville du rap, mais au niveau de la danse, trop peu de choses étaient organi- Ici, l'ambiance est Et dans une ville où la danse Hip Hop a peu sées", explique-t-elle. Lasse de ce constat, chaleureuse comme de visibilité, la petite famille de Cré Scène cette dernière décide, il y a quelques 13 fait figure de référence en matière de culannées, de chercher un lieu qui puisse ras- le temps à Marseille ture urbaine. "Les gens viennent parfois sembler les talents éparpillés de la ville. simplement pour se renseigner sur difféL'Espace Julien, dans lequel l'ex-rappeuse rents événements, sans prendre de cours de organise des battle et des soirées, lui donne danse. Tout le monde s'y sent bien", se alors l'opportunité d'occuper une salle de la mairie de réjouit la danseuse de la compagnie "Treizième cercle", Marseille. qui voudrait qu'à l'avenir, "l'école devienne un lieu de formation professionnelle, d'apprentissage et d'accompaBreak avec David Colas et Samir, popping avec Richard, gnement à la scène". Avec un si bon état d'esprit et un tel locking avec Omar, newstyle, house, mais aussi danse dynamisme, il n'y a aucune raison que cela ne se réalise africaine, salsa, flamenco, ragga, chant, claquettes, la pas. En tous cas, nous, on vous le souhaite ! petite école a tout d'une grande, la convivialité en prime. Deux fois par mois, Brigitte organise des soirées dans le Cré-scène 13 restaurant d'à côté, "Planète Caraïbes", à deux pas de la 52 cours Julien gare Saint-Charles: "Tous les élèves y vont et ça leur per13 006 Marseille met de mettre en pratique ce qu'ils apprennent en 04 96 12 00 27 cours", analyse la dynamique directrice, qui a plus d'une treizieme-cercle@caramail.com

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St yle du mois

TEXTE : Mia M PHOTOS : DR

ROULEZ, BALANCEZ ! ALORS QUE LE PRINTEMPS ARRIVE À GRANDS PAS, UN COURS DE DANSE TAHITIENNE S’OUVRE À PARIS. MESDAMES, CONFECTIONNEZ-VOUS UNE JUPE DE PAILLE ET VENEZ BALANCER VOS HANCHES. TAHITI, C’EST CHIC ET ARTISTIQUE!

ue connaissons-nous de la danse tahitienne ? La vahiné, un collier de fleur autour du cou, tortillant les hanches le ventre à l’air. Un cliché dont les touristes sont avides et dont les Polynésiens ont fait leur fonds de commerce. « Ce mythe est un obstacle à la créativité, affirme Joëlle Berg, danseuse, enseignante et passionnée, car il impose une véritable dictature. L’image que nous donnons de notre danse reste fragmentaire, donc fausse ». En réalité, la danse tahitienne renferme une richesse technique et esthétique insoupçonnée. Le mot le plus répandu pour la désigner est « tamure ». « Aujourd’hui, ce mot revêt une connotation commune, un tantinet négative et vulgaire », précise l’enseignante. En fait, le terme approprié est « ori tahiti », qui signifie « danse » ou « danser ». L’ « ori » se danse

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avec un « more », la fameuse petite jupe de paille. Aujourd’hui, certains la remplacent par des robes ou des pareos en tissus. « Le costume est très important. En fait, on peut même dire que le costume est plus important que le mouvement dansé », explique Joëlle. Interdite entre 1819 et 1881 sous la colonisation britannique, la danse pré européenne jugée trop érotique n’a pas été transmise. « Quand la danse a de nouveau été autorisée à la fin du XIXe siècle, l’art du costume a supplanté l’art du mouvement », poursuit-elle.


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du bassin, qui se déclinent sur plusieurs variantes, requièrent de développer la conscience des muscles abdominaux internes et externes », explique Joëlle. Qui a dit que se déhancher était un jeu d’enfant ? Les hommes ne diront pas le contraire, même si leur danse exige des techniques très différentes de celles de la danse des femmes. Si l’apprentissage de la danse tahitienne dépayse les Français de la métropole, elle joue à Tahiti un rôle social très important. « Chacun peut participer à un spectacle, même sans avoir le moindre talent. La danse reste une activité culturelle, conviviale, jubilatoire », Mais il ne suffit pas de porter un more raconte Joëlle. L’absence de statut de l’artispour danser l’ori tahiti. Cette danse comte en territoire d’outre-mer implique qu’il Tout dans porte des caractéristiques et des techest impossible de vivre de la danse si l’on ne niques complexes. La première caractérisl’enseigne pas. Les danseurs sont donc tous cette danse tique est le rapport direct à la langue et au amateurs. Quant à la question de l’évolua un sens son : « l’écriture de la danse est directetion de l'ori tahiti, l’enseignante répond ment liée à la langue, orale et écrite. Tout clairement : « créer et innover dans le dans cette danse a un sens », explique la champ de la danse traditionnelle pure est spécialiste. Rythmiquement, toutes les techniques découici à peu près impossible. Aller vers le domaine de l’art lent de la formule binaire à deux ou à quatre temps. Et à contemporain semble la seule voie possible, parce que la l’inverse de la danse hawaïenne, rien n’est codifié, sauf danse y obéit à des concepts très différents ». quelques bases : « la création de mouvement se fait techRécemment, des troupes ont opéré en ce sens nouveau, niquement parlant, en déclinant et combinant les pas et notamment celle des « Grands ballets de Tahiti », qui a les gestes ». commencé son spectacle avec un avertissement incisif: Il n’existe pas de répertoire, chacun écrit ses propres cho« ceci n’est pas un spectacle folklorique ». Écrans télé, bas régraphies créées à partir des deux mouvements fondarésilles, costumes façon Bollywood, la création a été quamentaux de base : le balancement et le roulement. Ils lifiée de révolution culturelle, agaçant les uns, enthous’exécutent les genoux fléchis et les pieds parallèles. Il siasmant les autres. « Aujourd’hui, chaque chorégraphe existe quatre manières de se balancer ou se déhancher, développe sa propre notion de l’esthétique. L’esthétique qui se déclinent elles-mêmes en variantes à pieds-plats ou « de pacotille », qui étouffe la danse depuis deux génésur demi-pointes, debout ou accroupi. Quant au roulerations, a tendance à s’estomper, sauf dans les shows ment, son principe est proche de celui des isolations du touristiques, qui sont précisément ceux que l’on voit bassin, sauf que ce sont les jambes qui guident le mouen métropole », conclut Joëlle Berg, bientôt à Paris… vement. Le buste, lui, ne répercute jamais les mouvements du bas du corps ; il reste libre pour l’exécution de Stages de danse tahitienne la gestuelle, qui exprime le thème de la danse. « Cette avec Joëlle Berg règle n’est cependant pas obligatoire, tant les techniques de danse et la conception chorégraphique ont évolué ces Les dimanche 18 et 24 mars de 11h à 18h, cours hebdodernières années. Dans les concours de danses, les pas se madaires à partir de mars : le samedi de 15h30 à 17h doivent désormais de servir le thème », commente la Studio l’Agence danseuse. Bref, pour danser l’ori tahiti, mieux vaut ne 40 rue de la Folie Regnault pas être coincé du bassin, qui doit faire preuve d’une 75011 Paris grande mobilité. Mais ce n'est pas tout : « l’indépendan06 98 14 20 20 ce des mouvements du buste et de ceux des jambes et du www.lagencedanse.com bassin exige des dorsaux en béton tandis que les rotations

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COUPS DE CŒUR DU MOIS

TEXTE : SHEYEN & FRANKLIN

DANCE WITH ME Inspiré d’une histoire vraie, Dance With Me raconte l’histoire incroyable de Pierre Dulaine, jouée par Antonio Banderas, professeur de danse de salon à New York dans les quartiers chics. Alors qu’il décide d’aller enseigner sa discipline aux jeunes des quartiers difficiles de la ville, les sourires et les médisances se font sentir. Les jeunes, dans un premier temps sceptiques, finissent par se laisser porter par sa conviction. La beauté de la danse et la sincérité du professeur auront raison du pessimisme ambiant. Malgré un Antonio Banderas peu convaincant techniquement, le DVD est un beau voyage au cœur du tango et du cha cha cha. En bonus, ne pas manquer la démonstration de tango en multiangle et le portrait du vrai Pierre Dulaine. À rapprocher du documentaire de l’histoire vraie de Dulaine 1,2, 3, dansez. Sortie le 15 mars chez Metropolitan DVD.

LADY SCHOCK Pour toutes celles qui pensent que le style Vidéo Urban Style n’est pas féminin et peu accessible, voici le DVD qui vous fera peut-être changer d’avis. Fun et motivant, Ladyshock propose enfin un DVD de danse pour les adolescentes ! Sans trop entrer dans la technique, l’approche est simple. D’inspiration jazzy et sortie des vidéo clips, un groupe de jeunes danseuses répète dans une salle d’entraînement des chorégraphies d’influences différentes avec l’aide de l’Américaine Steffi Session. Échauffement ! Et c’est parti. Indian roll, push push, miss B, des mouvements faciles à reproduire en soirée, pour s’amuser entre copines. En bonus des séances de maquillages M.A.C. Sortie courant mars 2007. www.ladyshock.net

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BELLE DANCERELLA

Voici le cadeau idéal pour les 3-8 ans, un cours de ballet interactif sur DVD pour apprendre la danse classique à la maison inclus dans un coffret comprenant un tapis de danse double face et une barre de ballet. Rejoignez Bella et ses petites ballerines pour apprendre en s’amusant les cinq positions élémentaires de la danse classique. Échauffement, conseils, et même nutrition, pour bien démarrer sa vie de danseuse. Disponible en 2007 chez Jouéclub.


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Enquête

TEXTE : Shéyen PHOTOS : DR

Rap et Danse : Unité perdue LE RAP ET LA DANSE HIP HOP ONT UNE LONGUE HISTOIRE D’AMOUR ET DE RUPTURE. RETOUR EN 1982, LA CULTURE HIP HOP DÉBARQUE À PARIS GRÂCE AU NEW YORK CITY RAP TOUR, UNE TOURNÉE LÉGENDAIRE DES PLUS GRANDES POINTURES DU MOUVEMENT AMÉRICAIN, DONT LES DANSEURS ROCK STEADY CREW. C’EST UNE EMPRUNTE INDÉLÉBILE QUE LAISSERONT CES DANSEURS DE RUE SUR LES JEUNES CHANCEUX QUI ONT ASSISTÉ À LA NAISSANCE D’UN PHÉNOMÈNE.

C’est par la danse que tout a com- meilleur souvenir de danseur, se souvient Kool Shen, mencé en France. « J'ai rencontré la c’est lorsque l'on a écrasé les P.C.B (Paris City danse en 83, affirme le rappeur Kool Breakers) au Bataclan ! » À l’arrêt de l’émission, la Shen, j'ai vu des breakers américains danse Hip Hop vit un passage à vide et c’est le rap qui qui évoluaient au lui donnera sa deuxième chance au début Trocadéro, le choc ». « L'ensemble des des années 90. Le phénomène rap prend Ce sont des membres des Electric de l’ampleur outre-Atlantique. K.S. et mouvements Boogaloos qui se trouvent ce jour-là à d’autres ne dansent plus : « J'ai découvert Paris. Cette rencontre est primordiale effectués aujourd'hui les autres disciplines : graffiti, rap. Au pour de nombreux pionniers du Hip en danse Hip Hop début on écoutait du rap, on ne le pratiHop français. Conscients qu’il se paspas. Lorsque le rap est arrivé n'aurait pas été ima- quait sait quelque chose, mais pas de la comme un défi, j'ai décidé d'arrêter la dimension du phénomène. « À ginable à l’époque. » danse, je ne pouvais pas me consacrer à l’époque, précise Kool Shen, nous ne tous. Aujourd’hui, je ne danse plus du - KOOL SHEN ressentions pas ça comme un art ». tout. » 84, l’émission H.I.P. H.O.P. voit le jour sur TF1. Le rap prend place dans le paysage musical français et Devenue grande messe du dimanche, la France entiè- embauche les danseurs pour soutenir le spectacle. Les re se met à « smurfer ». Le rap est à ce moment-là pra- scènes se font toujours ensemble. tiquement inexistant. Les battles de danse se multi- Le rap remporte tous les succès et n’a bientôt plus plient et des rencontres légendaires s’opèrent. « Mon besoin de ses danseurs pour faire hurler les foules, ni

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pour vendre du disque. La danse se crée son réseau, ses soirées. Les deux disciplines oublient leurs points communs. « Ces deux disciplines sont très similaires dans l'approche, affirme K.S., la rythmique, la maîtrise des temps. Pour être un bon breaker, il faut avoir une bonne connaissance du rythme. » Depuis rap et danse vivent deux évolutions parallèles, mais pas communes. « J'ai assisté aux balbutiements du Hip Hop, ajoute Shen, et il est clair qu'aujourd'hui la progression de la danse a été remarquable. L'ensemble

des mouvements effectués aujourd'hui n'aurait pas été imaginable à l’époque. » La danse peut-elle espérer alors une médiatisation comme celle du rap ? « Les enjeux économiques ne sont pas les mêmes et les médias ne s'intéressant qu'aux intérêts, je ne pense pas. » affirme K.S. qui reste attentif à ce qui se passe en danse. « Je ne suis pas à fond, mais j'ai encore quelques notions, je connais les principales compagnies Hip Hop et quelques individualités. J'aime bien assister à des battles. Je me tiens au courant. » À suivre.

NEIL, « Champion » de B.Boying et espoirs du rap français NEIL, EX-DANSEUR DU VAGABONDS CREW, CHAMPIONS DU MONDE DE B.BOYING 2006, EST AUJOURD’HUI UN ESPOIR DU RAP FRANÇAIS. IL FAIT DANSER SON FLOW ÉVIDEMMENT, MAIS APRÈS DES DÉCEPTIONS DANS LE MILIEU DU RAP, IL NOUS CONFIE SES ÉTATS D’ÂME D’EX-DANSEUR. Pourquoi, alors que rap et danse étaient très liés à l’arrivée du Hip Hop en France, ont-ils en quelque sorte divorcé ? Pour moi, la seule explication vient de la notion de Hip Hop qui a disparue. À ses débuts en France, toutes les disciplines étaient un même noyau. Les DJs dansaient, les danseurs graffaient, avec la même force et avec solidarité. Aujourd'hui le business a hiérarchisé notre culture. Les rappeurs sont devenus la bourgeoisie du mouvement, les danseurs sont des pantins qu’on utilise ou non pour décorer la scène. De plus, la plupart des rappeurs se disent des quartiers chauds, et ne connaissent rien à la culture Hip Hop et s'en foutent pas mal. Le dernier groupe de rap à avoir mis en avant des danseurs, sont les NTM, eux-même avaient été danseurs. Ils ont donc mis la danse en avant naturellement. Comment as-tu basculé de la danse au rap? En pleine crise d'adolescence, je ne pensais qu’à la danse. Mes parents ont décidé de m'envoyer au Congo pour quelque temps. Privé de danse, j'écris mes premiers textes avec mes cousins, je me suis pris au jeu de la rime. Aujourd'hui, je suis dans pas mal de projets musicaux, et je n'ai plus le temps de me consacrer à la danse. De temps en temps je vais encore breaker avec des potes pour le plaisir. En quoi, le milieu du rap diffère-t’il de celui de la danse ? C’est carrément autre chose. Le business y est tellement ancré que les galères arrivent bien plus vite. J'ai bossé avec Royal Prod pendant près de 3 ans, une fois

mon album terminé, le label ne fut plus en mesure de le sortir. Je me suis retrouvé à la case départ. J’ai repris les choses en main, je suis maintenant en auto production. Qu’est-ce que le rap t’apporte que la danse ne peut pas te donner ? En danse, le corps est ton seul moyen d'expression, à un moment donné le langage corporel a ses limites. J’avais envie de dire plus de choses, mes joies comme mes déceptions. Je me suis servi de la musique comme exutoire. Le rap m’a permis de poser des mots sur mes maux, d'interpréter mon ressenti sans ambiguïté. Suis-tu toujours l’actualité de la danse Hip Hop et comment as-tu vécu le titre de champion du monde des Vagabonds sans toi ? J'ai vraiment un problème avec l'évolution des danseurs surtout. Les jeunes ne connaissent pas l'histoire du milieu, ça me rend fou. Il y a quelques années, la force des danseurs français était leur personnalité et leur originalité. Aujourd'hui les jeunes font tous les mêmes mouvements, les mêmes enchaînements, tout le monde se ressemble. C’est triste. En ce qui concerne le trophée de mon groupe : je n'y étais pas, mais le coeur si. Ce trophée, c’est aussi le mien. Le clip de Neil est déjà disponible sur www.myspace.com / coloneil. Mixtape prévue pour le printemps 2007. JUSTE DEBOUT MAGAZINE 25


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Coup de Gueule

TEXTE : Bruce YKANJI

Hypocrisie & contradiction

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ypocrisie et contradiction : c’est fou comme les gens changent, peut être que moi aussi j’ai changé, mais pas jusqu’au point de non-retour. Les danseurs qui, au début de la rencontre de Danse du Juste Debout, me poussaient, me disaient « Vas-y Bruce, continue c’est mortel », maintenant dénigrent l’événement ! Mais le plus marrant là-dedans c’est que tout se sait et ces même danseurs viennent au JD et surfent sur la vague eux-aussi, profitant du « Juste debout Business ». « Oui, mais c’est devenu trop commercial », bah oui à partir du moment où les gens payent, il y a une notion de commerce, oui. Si mettre des moyens dans un événement provoque ce sentiment, bah je vais retourner faire des événements dans les MJC avec 4 retours en guise d’enceintes, et trois spots. Bravo quelle évolution ! Le Juste Debout est un grand événement, mais les DJ’s restent underground, les danseurs idem, et l’esprit reste celui du départ : l’échange. Alors vous pouvez critiquer l’événement, qui vous apporte aussi bien à vous qu’à moi, mais ne venez pas !! Je trouve ça bien moi, qu’il y ait des gens différents du microcosme des danseurs, l’ambiance s’enrichit ainsi ! Médias : aux sélections de la Mairie de Paris, on a évité une mascarade, je veux dire, on a démasqué une imposture. Explication : les sélections ont lieu chaque année dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris. Chaque duo est inscrit sur la liste et dans le couloir des danseurs, une femme m’interpelle « Mais, moi je ne suis pas sur la liste ? » vous savez, avec cet accent bourgeois. « Dans quel style ? lui disje », « En Houseu…» « Tu es avec qui ? », « Je suis toute seuleu ! ». Alors là, je lui réponds que c’est

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impossible et que ce ne sont que des duos. Je me retourne et vois une camera et un micro perche. Et là, je passe en mode « caï-ra », « Mais tu crois que c’est marrant ? Tu crois que les danseurs qui sont là sont des clowns ? Tu veux passer ? Alors vas-y passe ! Et là, je vois son visage se décomposer, elle me dit « non, non ». En bref, ces cons-là voulaient faire passer une journaliste, la filmer et après, dire… « Notre journaliste s’est essayée au Hip-Hop…. » Quel super reportage ! On n’est vraiment pas aidé avec des médias comme ceux-là, déjà que le cliché est omniprésent, on n’a pas fini avec cette nouvelle génération de TV et de journalistes !! J’adresse un coup de gueule, aux profs qui briment, critiquent et blessent les élèves, pour des questions de poids, ou de beauté. L’esthétisme du mouvement est un des critères les plus importants. J’ai vu de nombreux danseurs(euses) avec une surcharge pondérale, mais avec surtout une réelle qualité de mouvement et aussi de l’amour à revendre ! N’est-ce pas le plus important ? Trop de jeunes sont concentrés, par la performance plutôt que l’amusement et l’épanouissement, l’argent avant la reconnaissance, le « star system » avant l’artistique. Les critères physiques font, pour moi, parti de toute cette course capitaliste dans laquelle nous sommes tous plus ou moins aspirés. Où sont les chorégraphes, les vrais, qui regardent la danse, ou le fond avant la forme ? Respect à Redha, qui lui fait parler la danse et pas la mode. Quel bonheur de voir 6500 personnes, bouger, danser, communiquer, apprécier, huer, réagir en même temps. Cette édition du Juste Debout a été vraiment super, pour moi, alors un gros merci au public, aux danseurs, aux nouveaux et aux habitués.


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À ne pas manquer

TEXTE : SHÉYEN PHOTOS : Philipe Lecœur

Tiphanie Doucet

HIP HOP ET FLAMENCO SE MARIENT AU CASINO ! UNE CENTAINE DE DANSEURS ET DE CHANTEURS SE RÉUNIRONT LE 8 AVRIL PROCHAIN DANS LE PRESTIGIEUX CASINO DE PARIS POUR UN MARIAGE INATTENDU. HIP HOP ET FLAMENCO SE DIRONT « OUI », EN PRÉSENCE DE LEURS CHORÉGRAPHES DE TÉMOINS BART CHANDLER ET PATRICIO MARTIN. APOCALYPSE : UNE UNION À NE PAS MANQUER.

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ne femme voit son enfant mourir d’une overdose, un homme quitte son pays à la recherche d’une vie meilleure et meurt à la frontière, au pied de son rêve. Vitrine ouverte sur le monde d’aujourd’hui avec ses drames, mais aussi ses miracles, le spectacle Apocalypse est tout à fait original, par sa musique, ses chorégraphie et son propos. L’aventure est à l’image de la pièce : difficultés à trouver une salle, convaincre qu’autant de danseurs étaient néces-

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saire… Puis le miracle s’est accompli : les portes se sont ouvertes, les propositions se sont multipliées. De l’Obscurité a surgi la Lumière. Flamenco-Hip Hop, un cocktail inédit. RENCONTRE IMPROBABLE Des Afro-américains aux gitans d’Andalousie, il fallait qu’ils se rencontrent. Hip Hop et flamenco, deux façons différentes de vivre la danse, avec pour dénominateur commun : la rue, l’expression des démunis, l’arrogance des pauvres. Leur point commun ?


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« L’importance du rythme, la fougue, la rage de dan- Ensemble, ils écrivent le scénario d’Apocalypse (aposer, la puissance et la force du mouvement », répon- calypse : révélation, du grec apokaluptein découvrir) dent en choeur Jean-Pierre Chandler dit Bart, et sur le thème de leur rencontre stylistique. « Notre scéPatricio Martin, les deux chorégraphes d’Apocalypse. nario ne traite pas de la fin du monde, mais de la Respectivement Hip Hop et flamenco, ils n’ont pas naissance d’un nouvel univers où Hip Hop et flamenrésisté à la tentation de marier ces co s’unissent. » deux techniques pour le meilleur. Patricio et Bart, n’hésitent pas à s’af- « Il a fallu arriver à AVENTURE HUMAINE franchir des codes. Quand Bart a une qui aurait pu être un choc des cultures dissocier nos univers, Ce vision libérée du Hip Hop, Patricio s’avère être une rencontre poétique entre Martin a une vision moderne, tout en les condui- deux générations de chorégraphes, deux décomplexée, « New Style » du fla- sant à les faire dialo- styles, et des danseurs de 18 à 60 ans. Les menco. « Pour se lancer dans un prose livrent sans tricher, sans guer ensemble. » chorégraphes jet tel qu’Apocalypse, affirme Bart, il artifices, avec beaucoup d’émotions. Une faut sans doute avoir un grand grain aventure humaine sans précédent choréde folie, un peu comme le peintre Salvador Dali. Pour graphique : ‘ Un moteur sur le plan personnel, ainsi comprendre Apocalypse, il faut l’observer telle une que sur la façon de voir et d’appréhender le travail peinture pleine de subtilités, mais qu’il faut prendre le chorégraphique, soutiennent-ils. Il a fallu arriver temps de regarder. » Alors que Patricio a déjà repéré à dissocier nos univers, tout en les conduisant à les les similitudes entre Hip Hop et flamenco, Bart s’ap- faire dialoguer ensemble. Une aventure humaine sans prête à les ressentir de plein fouet. « Je connaissais comparaison, authentique, fragile, avec une intensité peu de choses de cette culture avant de rencontrer et une pudeur palpable sur chaque geste. Les difficulPatricio, reconnaît Bart. Alors que je répétais, j'ai tés ont été d’abord de rester soi-même à travers un perçu dans une salle voisine une rythmique frappée autre style et d’arriver à imprimer sa personnalité au sol, un son pur qui ne pouvait pas me laisser indif- dans la codification de l’autre » 1h30 d’Apocalypse férent. Destin ou simple hasard, Patricio y donnait à ne pas manquer au Casino de Paris le 8 avril son cours. Nos chemins se croisaient à nouveau. » Ce prochain à 20H00 dernier signe ne pouvait pas rester sans suite. réservation : 08 926 98 926.

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Une danse dans l’histoire Danse Contemporaine Histoire d’une danse sans passé

TEXTE : MIA MA PHOTOS : DR

EN 1980, LES ACTEURS DE LA NOUVELLE DANSE FRANÇAISE REVENDIQUENT LE FAIT DE NE PAS AVOIR DE PASSÉ. POURTANT, SI LA DANSE CONTEMPORAINE NE SE FONDE PAS SUR UNE CODIFICATION IDENTIFIABLE, ELLE S'INSCRIT, COMME TOUTE AUTRE, DANS UNE FILIATION. IL ÉTAIT UNE FOIS LA DANSE DU PRÉSENT...

L'ORIGINE MODERNE ET LE CORPS LIBRE La danse moderne se divise en deux courants, nés à la toute fin du XIXe siècle: L'un apparu en Allemagne et plus largement eu Europe de l'Est, l’autre aux Etats-Unis. L’Américaine Isadora Duncan en incarne la figure emblématique. Défenseuse du corps libre, elle fonde sa vision de la société sur un idéal de proximité avec la natu-

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re. Largement influencée par les théories du penseur François Delsarte, elle vise à développer un corps libre et harmonieux. La danseuse aux pieds nus est l'une des premières à danser sans musique et à chercher sa propre musicalité interne. Elle s'inspire notamment du travail de sa contemporaine Loie Fuller, danseuse solo et pionnière de l'art technologique. Dans le sillage d'Isadora duncan,


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est en train de modifier le visage de la danse: Rudolf van Laban. Nourri de philosophie vitaliste, le danseur et théoricien développe deux axes de recherche fondamentaux pour la danse moderne: choreutique et eukinétique. Selon lui, l'humanité peut s'améliorer grâce à la danse, qu'il considère comme un art majeur. Beaucoup de ses recherches portent sur les possibilités d'un groupe à se mouvoir. De ses expérimentations naît "la danse chorale" ou "symphonies de geste", pratique d'ensemble festive et "régénératrice". Lorsque la première guerre mondiale éclate, il déménage en Angleterre et met au point un système de notation chorégraphique avec Albrecht Knust. Le chorégraphe Kurt Joos, père moderne de la célèbre Pina Baush, l'accueille à Dartinfgton Hall à partir de 1938.

LA TRANSITION POST-MODERNE se suivent, entre autres, Ruth Saint Denis, Ted Shawn, Martha Graham, Doris Humphrey, jusqu'à celui débordant sur le courant post-moderne: Merce Cunningham. De l'autre côté de l'Atlantique, l'Europe est à l'heure des ballets russes, inaugurés par le mécène Serge Diaghilev. En 1912, le chorégraphe Vaslav Nijinski fait scandale avec sa pièce "L'après-midi d'un faune": les figures du ballet y sont démontées, et la scène finale choque par son érotisme. Pendant ce temps-là, en Allemagne, un homme

"En France, après la seconde guerre mondiale, la danse connaît une activité réelle, mais qui a du mal à prendre toute sa mesure. La danse moderne est associée à l'Allemagne et n'a pas très bonne presse", raconte Claire Rousier, directrice du département culture chorégraphique du CND à Pantin. Il faut attendre les années 1970 pour qu'une nouvelle danse française s'affirme comme telle. À cette époque, "dans un pays où la danse se résume encore au ballet classique ou néoclassique, un oeil tourné vers Béjart, un autre vers Roland Petit, le seul

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Une danse dans l’histoire

modèle différent est étranger et américain: Merce Cunningham et la danse des minimalistes", écrit Dominique Frétard, journaliste au Monde, dans son ouvrage Danse et Non-danse*. À la frontière de la danse moderne et post-moderne, Merce Cunningham bouleverse les codes de la scène. Utilisant les procédés du hasard pour créer ses chorégraphies, il ne raconte plus d'histoire sur un fil conducteur. Anna Halprin, Yvonne Rainier, Simone Forti, Meredith Monk et Steve Paxton, les acteurs du mouvement post-moderne tracent encore

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plus loin les voies ouvertes par ce dernier. Happening, improvisation, danse-contact, ils finissent de se débarrasser de préoccupations stylistiques stéréotypées. En France, la danse post-moderne devient contemporaine avec le concours de Bagnolet, instauré en 1969. Au départ, il prend la forme d'une grande foire permettant aux artistes de présenter leur travail en dix minutes. L’événement se professionnalise d’année en année, jusqu’à ce que Jack Lang institue le prix du Ministère de la Culture, véritable référence dans une


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ces artistes puisent leur créativité. Tout est permis, sauf de ressembler à ses prédécesseurs. Le corps est la priorité. Maguy Marin raconte le corps en exil dans "May Be", Jean-Claude Galotta créé "Ulysse", Karine Saporta parle du corps féminin. "Cette génération s'attache à développer des univers très spécifiques avec des gestuelles originales", commente Claire Rousier. C’est aussi à cette époque qu’un souffle venu du Nord descend sur la France. Ils sont flamands et s'appellent Jan Fabre, Jan Lauwers ou Wim Vandekeybus. Ils ne sont pas danseurs, mais plasticiens ou photographes. Des formations particulières qui leur confèrent un regard différent sur la danse. Dix ans plus tard, le travail des années 1980 est remis en cause par un courant qualifié de "non-danse". La pièce "Jérôme Bel", de Jérôme Bel, en est l'annonciatrice: "elle démystifie la vénération de la beauté musculaire, virtuose, et (...) revalorise le statut de l'interprète", écrit Dominique Fretard. Dans cette même démarche, des artistes de la non-danse (Marco Berretini, Xavier Leroy, Emmanuelle Huynh, Boris Charmatz, Christian Rizzo, etc) créent le collectif des Signataires en 1997. Ils expriment un sentiment de dépossession par rapport à des oeuvres dont ils estiment avoir participé à la création par leurs improvisacarrière. Une politique de la danse se met enfin en tions et leurs apports personnels. Les années 1980 firent place, qui permet au courant contemporain, par des la gloire des chorégraphes en les élevant au rang d'ausoutiens financiers et l'ouverture de teurs, les années 1990 placent l'interprète centres chorégraphiques nationaux, de premier plan. "Cette seconde généra« Les années 1980 au se construire de façon solide et de s'imtion considère qu'être artiste, c'est aussi être firent la gloire chercheur. Elle prend une posture théoposer dans un paysage artistique dominé par la danse classique. des chorégraphes rique", dit Claire Rousier. La réflexion esthétique prend toute son ampleur: que LA NOUVELLE DANSE FRANÇAISE: TABLE en les élevant au rang produit-on sur scène? Que signifie de faire d'auteurs, les années un spectacle? Que rend-t-on visible et que RASE ET NON-DANSE Les années 1980 connaissent un foisonnene rend-t-on pas visible? Autant de ques1990 placent ment de chorégraphes. "Ils sont les enfants tions qui entourent la danse contemporail'interprète de mai 68 et des narrations éclatées à la ne d'une dimension largement conceptuelau premier plan. le, reléguant la partie mouvement au Godard", écrit Dominique Frétard. Tabula Rasa, l'oeuvre avec laquelle second plan. Aux côtés de la non-danse, la François Verret gagne le concours de Bagnolet en 1980, danse continue d’exister, notamment à travers le travail est représentative de l'état d'esprit dominant chez les de chorégraphes comme José Montalvo, qui intègre artistes de cette époque: "on fait table rase, on repart sur l'énergie de la danse hip-hop dans ses créations, laissant de nouvelles bases, comme si la danse n'avait pas d'histoi- penser que la danse du XXIe siècle sera métisse ou ne re", explique Claire Rousier. Pourtant, on perçoit les sera pas. influences de l’Américain Merce Cunningham et de l’Allemande Pina Bausch chez tous les chorégraphes du À LIRE début de cette décennie. En fait, c’est dans un désir, et non *Danse et Non-Danse, 25 ans d'histoire, une réalité de ne pas s'inscrire dans le fil de l'histoire que Dominique Frétard, édition Cercles d'art

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Gros Plan Le fabuleux destin indien de Maya DERNIÈRE DISCIPLE DU GRAND MAÎTRE INDIEN GURU KITTAPPA, FABIENNE BEGAUD DITE MAYA, A UNE MISSION. TRANSMETTRE L’HÉRITAGE DE SA RÉFÉRENCE ABSOLUE ET DE LA TRADITION DE TANJORE AU PLUS GRAND NOMBRE FAIT PARTIE DE SON QUOTIDIEN. APRÈS AVOIR VÉCU UN CONTE DE FÉE INDIENNE, ELLE DÉVELOPPE UNE PÉDAGOGIE TRÈS PERSONNELLE POUR METTRE LE BHARATA NATYAM À LA PORTÉE DES JEUNES OCCIDENTAUX TOUT EN RESPECTANT LA TRADITION. CARNET DE VOYAGE.

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TEXTE : SHÉYEN PHOTOS : DANIEL MILLOT


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lle a l’art d’enseigner le bharata natyam aux enfants. Tout au long de l’année, Maya, tout sourire, fait asseoir les bambins autour d’un cercle imaginaire. « On va raconter une histoire, mais pas avec notre bouche, avec notre corps ! » Les « oh », retentissent dans la classe. Les abeilles, les fleurs, le palais, on parle avec la tête, les mains et les pieds. Les enfants passent par un temps de préparation, pour arriver jusqu’à la joie. La force du rythme les fascine. On frappe du pied au sol et Maya donne le ton. Une séance pleine de partage qui se termine par un océan de bisous. Un monde imaginaire qui permet à la danseuse Maya d’apporter les clés aux enfants pour comprendre le récital traditionnel de Bharata Natyam. Pour Maya, le Bharata Natyam touche directement les enfants. « La danse devient un outil au service de leur imaginaire, affirme-t-elle, avec leur corps tout peut être exprimé. Les enfants sont dans l’intuition du moment. Plus ils sont petits, plus c’est simple. En Inde, l’enseignant s’adapte complètement à l’élève. C’est la force d’un enseignement traditionnel, immuable et ouvert. La liberté dans la discipline. »

E

UN CONTE DE FÉE Maya n’aurait jamais eu l’audace d’enseigner avant son incroyable rencontre avec son maître de danse Guru K.P. Kittappa Pillai. Un tournant dans sa vie. En 1998, alors qu’elle fait découvrir l’Inde à son mari, elle s’attarde sur une lampe à huile dans une boutique. En astiquant la lampe, le vendeur l’interroge sur son maître de danse en Inde. Gênée, n’ayant étudié qu’en France avec Malavika, elle demande conseil. « Là-bas, s’exclame-t-elle, ça n’a aucun sens de ne pas avoir de maître en Inde ! » Tel un génie, sorti de sa lampe magique, apparaît le nom de Guru Kittappa, maître à Thanjavur à 400 km de là. Aussitôt, elle rebrousse chemin et sonne à sa porte.

RENCONTRE IMPROBABLE Très âgé, surpris, il l’accueille dans sa maison typiquement tamoul où trônent sur les murs les portraits de ses ancêtres. « Mon maître est descendant d’une lignée de huit générations de maîtres de danse, assure-t-elle, les frères du quartet de Tanjore qui ont codifié la danse indienne. » Guru Kittappa n’avait jamais enseigné à des étrangers. Le maître lui demande de danser. « Tremblante, je l’ai vu prendre le bâton de rythme, se souvient-elle. C’était la première fois que je dansais devant un maître Indien. Il s’est mis à chanter, ce qu’il n’avait pas fait depuis dix ans. C’était exceptionnel… Après ma prestation, il a fait dire à mon mari qu’il fallait que je reste pour trois ans. » Son

mari explique qu’ils doivent rentrer en France pour prévenir leur famille et tenter d’obtenir une bourse. De retour en France, dans le milieu de la danse, on a du mal à croire Maya. Tout le monde pensait Guru Kittappa mort. « Dans le jury de ma bourse, tout le monde était sceptique. À 34 ans, j’ai fermé mon cabinet de kinésithérapie. Ma famille ne comprenait pas que je parte pour trois ans travailler avec quelqu’un que j’avais vu une heure. Mais je devais tenir ma parole envers et contre tout. »

TEST À THANJAVUR Un an plus tard, de retour à Thanjavur, elle se présente devant son maître. « Il m’a fait attendre quinze jours, s’exclame-t-elle. Je venais chaque jour pour m’entendre dire « class tomorow ! » Il m’a testé. J’ai compris qui j’avais en face. » Le maître ne montre jamais la danse, il transmet par la rythmique et par le son. La méthode d’apprentissage est très ferme et basée sur un rapport de confiance, presque d’échange amoureux. Le maître devient la référence absolue pour son disciple. « Il me disait : Heureusement que tu es revenue parce que tu ne sais rien, se souvient-elle. » Cet échange a finalement duré un an. Guru Kittappa a transmis à Maya jusqu’à son dernier souffle. « J’ai perdu mon repère. Les derniers temps, avec beaucoup de sagesse, il avait fait venir un de ses élèves en lui disant « Si je disparaissais, il faut continuer avec elle ». Une situation délicate pour Maya qui venait de vivre auprès d’un personnage hors du commun et qui devait désormais suivre l’un de ses élèves. « Lorsqu’on a rencontré un personnage de cet acabit, il est difficile d’être « remplie » après. J ’ai été adoptée par la famille de Guru Herambanathan. Je suis son élève, mais pas sa disciple, il est mon enseignant pas mon maître. À chaque fois que je danse, je sais que c’est l’énergie que m’a transmise Guru Kittappa que je continue de développer. » Aujourd’hui, Maya a repris ses activités de kinésithérapeute et continue des se produire et d’enseigner, aux adultes comme aux enfants, à partir de trois ans, l’héritage de son maître.

Retrouvez Maya Le 13 mars à 18h30 à la Maison des Indes - Paris 6e http://www.maisondesindes.com pour une conférence sur le Bharata Natyam : l'enfance de l'art, voie d'éveil pour les enfants. Le mardi 27 mars Maya sera au Salon du livre à Paris, Porte de Versailles, Hall 1, club jeunesse, rencontre et performance en compagnie des enfants. Le samedi 28 avril, 14 rue de Trévise Paris (9e), stage de Bharata Natyam de 15h à 17h pour adultes. Rens. thanjavurheritage@hotmail.com ou www.natyamaya.com

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Clubbing d

TEXTE Lizbeth PHOTOS DR

SOUL PARTY TIME : Family Spirit UN VENDREDI PAR MOIS À LA BELLEVILLOISE, IT’S SOUL-PARTY TIME. MALICK ET SON ÉQUIPE DE SOUL SISTERS RÉUNISSENT « L’UNDERGROUND DE LUXE PARISIEN » POUR DES SOIRÉES PAS COMME LES AUTRES.

I

l est déjà minuit mais personne ne se bouscule à l’entrée de La Bellevilloise. La fraîcheur de la nuit ne joue aucunement en la faveur de cette soirée. Un tas de questions me vient à l’esprit, savoir si tout le monde est arrivé à 22h pour profiter de l’open bar ? Si le vent aurait eu raison de la motivation des troupes? Ou s’il est encore trop tôt pour les vrai clubbers ? La réponse dans un instant aux guestlists. À en croire, les visages encore bien aimables de la sécurité, le nombre de mails récupérés sur les desks et les listes à peine signées, la réponse est : il est encore trop tôt ! Quoiqu’il en soit, il faut bien emboîter le pas, « Bonne soirée ! » me glisse Nadia, une des souls sisters de l’équipe Big Bang Gang.

s’échappe de la salle, aucun bruit de foule, ni d’explosion de joie, pas même de claquements de verre. Je m’inquiète fortement quand arrive une troisième porte avec un vigil devant. Le secret, « on essaie de ne pas propager le son pour ne pas déranger les riverains. D’où les trois portes… », me confie le type de la sécurité. C’est donc ça, il y a bien du monde, mais la salle est juste bien insonorisée. En attendant de prendre un bain de foule, je prend l’escalier à ma droite qui mène à « la Halle aux Oliviers », l’espace lounge où la musique passe au second plan laissant libre champ aux gens qui préfèrent discuter attablés ou vissés dans de confortables canapés. Un espace dédié à refaire le monde ou tout au moins la France (parce qu’il y a de quoi faire !).

Je prend la première porte et descend donc les marches de cette ancienne coopérative parisienne réhabilitée en lieu artistique et festif. La déco est ici très minimale, encore brute de rénovation, le crépis des murs ne semble pas encore fixé et tandis que je m’épanche sur la déco et passe une seconde porte, je réalise que je n’entends toujours rien. Aucun son ne

Trois petits tours et puis je m’en vais à la rencontre du clubber de base dans la salle principale. L’heure n’est pas à la grosse fête, le monde est bien là, mais il est scotché sur la voix de Loysa Lenn, la Brésilienne, qui caresse la salle de sa bossa nova teintée de soul. Les DJ’s, en fond de scène, sont sur leur starting-block, il va falloir entraîner tout ce petit monde très rapide-

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ment. À peine le dernier morceau de la brasilieira terminé que la première galette funk tourne déjà à plein régime sur les platines. Il n’en faudra pas trois secondes et tout le monde est déjà sur la piste de danse. Le public est clairement diversifié, il y en a pour tous les goûts, toutes les couleurs et tous les âges. Et à vrai dire, ça fait du bien ! Il n’y a pas de profil type « définitivement clubber » mais des personnes définitivement venues pour profiter pleinement de la musique. Marie et Dereck, un couple franco-américain me lâche « c’est notre première bonne soirée depuis notre retour en France, les gens sont souriants, il y a une bonne ambiance, on est ravis d’être là ». Il est vrai que l’ambiance est particulière. Une sorte de crémaillère d’un 25m2 où tout le monde échange faute de place mais cette fois dans un grand loft aménagé. Si c’est pas beau comme concept. En revanche qui dit loft dit grand espace à sonoriser et là ça se complique. L’acoustique n’est pas encore au point, il est nécessaire que la salle soit pleine pour avoir un vrai rendu acoustique. Qu’à cela ne tienne, la porte déverse des dizaines de personnes tous les quarts d’heure, le vestiaire est littéralement assiégé. On peut commencer à dire que la salle est pleine, preuve que la soirée bat son plein. Les DJ’s enchaînent hits sur hits et la

foule en redemande. Un peu facile comme stratégie d’ambiance, mais si ça fonctionne alors pourquoi pas ? Personne n’a l’air de s’en plaindre. Sûrement pas la jeune demoiselle sur scène, qui enchaîne des pas de danse « d’un autre monde ». La musique est bonne et elle l’a bien intégrée ! « Dance like nobody’s looking », c’est un peu comme la partie freestyle du Juste Debout. Personne ne s’arrête sur la façon de danser des gens. « Tout le monde est là pour prendre la musique comme elle vient et la vivre sans se soucier de la façon dont elle va sortir » me lance une clubbeuse rentrée en transe il y a peu, essoufflée maintenant sur le bord de la scène. Une bonne vision du clubbing trop souvent descendu au rang de défilé de faces. Il est bientôt 4h, je tente de récupérer mon manteau au vestiaire, après 20 bonnes minutes d’attente, je regagne la sortie avec le sentiment de ne pas avoir perdu ma soirée. Un jeune homme à l’entrée me lâche « ça fait du bien de prendre des claques de ce genre…ça faisait longtemps que je n’étais pas sorti et là je dois dire que j’ai passé un bon moment, presqu’en famille mais avec les potes…». C’est donc ça la clé de la réussite : réussir à recréer son environnement familial dans un lieu public. J’ai pas encore trouvé le liant, mais il semble tout de même que la musique y est pour beaucoup. Prochaine soirée, toujours à la Bellevilloise en avril à suivre sur www.myspace.com/bigbanggang

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