Juste Debout Magazine n°18 - Juillet-août 2008

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COUP DE PROJECTEUR

en répétition

avec

KYLIÁN FLASHBACK

SANKAÏ JUKU,

le butô enchanteur

JUSTE DEBOUT N°18 bimestriel gratuit juillet - août 2008

ENQUÊTE : DANSE-ÉTUDES À QUEL PRIX ?


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Éditorial

A

près une année bien chargée, voilà l'été pour en profiter. Un grand voyage vous attend pour ce nouveau numéro, du généreux sabar sénégalais au butô japonais de Sankaï Juku, en passant par une sélection de stages originaux pour passer l'été à Paris en pleine forme. La saison estivale peut aussi être la période idéale pour perfectionner sa danse et l'enrichir de parfums ensoleillés. Vous l'aurez remarqué, désormais notre magazine est téléchargeable sur Internet. C'est dans un souci d'écologie, mais aussi pour offrir à tous la possibilité d'avoir accès à tous nos articles ainsi qu'à tous nos numéros. Pour vous, Juste Debout est toujours prêt à faire le grand écart… Bon été à tous !

JUSTE DEBOUT MAGAZINE 53 rue Rébéval, 75019 PARIS Tél/Fax : 01 42 06 51 50 www.juste-debout.com DIFFUSION NATIONALE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Bruce "Ykanji" SONÉ bruce@juste-debout.com bruceykanji@hotmail.com

RÉDACTRICE EN CHEF : ShéyeN Gamboa sheyen@juste-debout.com sheyen.gamboa@wanadoo.fr GRAPHISTE Nanou nanou@juste-debout.com PUBLICITÉ Valentine Duong 06 15 91 17 43 valentine@juste-debout.com ONT ÉCRIT DANS CE NUMÉRO : Shéyen, Gaëlle Piton, Moustapha N'Dome, Bruce, Mia Ma

CREDIT PHOTO Photos de couverture Michel Cavalca SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Irène SONÉ irene@juste-debout.com Imprimerie de Champagne ZI Les Franchises 52 200 Langres Dépôt légal à parution ISSN : 1772-189X


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Sommaire

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JUSTE DEBOUT N° 18

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Edito Dancing Shop’ Spécial Agenda/News Flashback Coup De Projecteur Zoom Spécial Exclusif Gros Plan Enquête Style Du Mois Reportage A Ne Pas Manquer Coup De Gueule Une Danse Dans L'Histoire Courrier Des Lecteurs Abonnement

Freddy

Sankaï Juku Jiri Kylián Stages D 'Eté à Paris Hip Hop, L'Histoire De La Danse So You Think You Can Dance Danse-Etudes Sabar Cartes Postales De Chorégraphes Paris Mambo Festival Forum Le Dance Hall

p3 p6 p8 p 10 p 12 p 18 p 20 p 22 p 24 p 26 p 28 p 30 p 32 p 34 p 36 p 38

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Dancing Shop’ spécial

BY SHÉYEN & FREDDY

À vous : l'or, l'argent et le bronze ! Cet été, la marque Freddy, nouveau sponsor de l'équipe italienne pour les J.O. de Pékin, habille de lumière les pieds de la danseuse, pendant et après l'entraînement. Brillez de mille feux, serpent et métal, que la force soit avec vous.

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Les particularités de la 4pro : système ITS, allié à la stabilité de la forme de la semelle en fer à cheval et d'une capsule de gel à l'intérieur de la semelle (sous le talon) pour éviter les chocs. Basket conçue spécialement pour la danse et le fitness, pour une stabilité et un amorti optimal. Les ballerines sont conçues pour après la danse, confortables et résistantes, parfaites pour les balades en ville. Freddy est

surtout la marque qui habille les danseurs de la Scala de Milan et a même créé une ligne qui leur est entièrement dévouée. Points de vente : Attractive, Galeries Lafayette, Intersport. 1• 4Pro serpent naturel 89 ¤ 2• Basket 4Pro serpent métallisé coloris argent 97 ¤ 3• Basket 4Pro coloris noir 97 ¤ 4• Ballerines en cuir vieilli bronze 59 ¤

5• Ballerines en cuir métallisé acier 55 ¤ 6• 4Pro en cuir métallisé or 95 ¤ 7• 4Pro montante en cuir métallisé argent 105 ¤ 6• 4Pro en cuir métallisé or 95 ¤ 8• 4Pro en serpent métallisé coloris bronze 97 ¤ 9• 4Pro en cuir métallisé argent 95 ¤ Tél. lecteurs: 01 59 86 00 23 + site Internet : www.freddy.com

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News/Agenda

CONTEMPORAIN La danse à la tombée de la nuit - Rennes Au cœur de ce festival rennais de musique et arts de rues Les Tombées de la Nuit, la compagnie de danse Desprairies présentera sa création Printemps au terme de huit mois de résidence à Rennes sur les volumes de l'architecte Portzamparc, la Cie Ex Nihilo ainsi que la compagnie Membros et bien d'autres, enchanteront les amateurs de danse. Un festival couvert et découvert qui investit la ville de Rennes. Renseignements : Festival Les Tombées de la Nuit 12, rue Jean Boucher 35000 Rennes, 02 99 32 56 56, info@lestombeesdelanuit.com, www.tdn.rennes.fr, www.myspace.com/lestombeesdelanuit Tarifs des spectacles de 1 à 15 ¤, spectacles de rues gratuits.

LECTURE Dictionnaire de la Danse Ce dictionnaire de référence est le seul ouvrage de synthèse en français rendant compte de la diversité de l'aventure chorégraphique en occident, tant du point de vue historique qu'esthétique. En 4000 articles, il fait une large place aussi bien à la danse baroque et classique qu'à la danse contemporaine et au jazz. Il aborde également la dimension cinématographique de la danse. Une mise à jour exigeante, qui permet d'actualiser le panorama offert sur les œuvres, les chorégraphes ou les danseurs, dans les trois parties de ce dictionnaire : le monde de la danse (chorégraphes, interprètes, compositeurs, librettistes, décorateurs, costumiers, éclairagistes, peintres et plasticiens, auteurs de traités, pédagogues, institutions et compagnies, réalisateurs de cinéma…) ; les œuvres chorégraphiques (à la scène et à l'écran) ; les mots de la danse (concepts esthétiques, danses de société, genres chorégraphiques, styles et courants, notations du mouvement, termes de métier…).

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DVD Gravity Style Ce film documentaire de Charles Perrière et Malik Diouf, pionniers de l'art du déplacement, raconte avec énergie les origines et l'évolution d'une discipline où l'élasticité du corps est au centre de tout. À travers des rencontres en France, en Allemagne, en Angleterre, en Irlande, les entraînements, des chorégraphies inédites et des images d'archives à couper le souffle. Revivez l'aventure de ces athlètes qui défient la loi de la gravité. 120 minutes de découverte et 60 minutes de bonus surprenants.


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EN BREF FESTIVAL Les Suds à Arles Le festival de musiques du monde LES SUDS, à Arles, organise pour sa 13ème édition, du 14 au 19 juillet 2008, des stages de musiques et danses du monde. Au programme danse, de l'initiation à la master class : bharata natyam, danses bollywood, danses orientales, flamenco, salsa cubaine, tango argentin, danses de fêtes des Pays d'Oc, danses africaines, danses napolitaines, Sévillannes. Rens et réservations : www.suds-arles.com ou 04 90 49 56 77 ou stages@suds-arles.com

BATTLE Duo Mythique Universal Dancefloor présente le Battle Duo Mythique concept breveté Pop New Style le 5 juillet à 15 h au stade Jean Bouin au Blanc Mesnil, Dj Kayus + invités surprises. Tarif 5 ¤, en vente à la Fnac. Résa/inscriptions : 06 61 41 54 83, hipdancehop@yahoo.fr

ELECTRO

La danse électro fait son cinéma Après un passage à Cannes hors compétition, le film “Génération Electro“, que tous les jeunes danseurs de Tecktonik, ou plutôt de danse électro, attendent depuis quelques mois, sort enfin sur les écrans le 2 juillet. Un film de Christophe Chevalier, avec tous les héros de ce style tout neuf : Spoke, Treaxy, Jack Herror, Maestro, Mathilda, Daisy, Storm, Milliard, Cali, Jo Clubber Fou, Tutur, Micktazz, Vavan... La musique originale est signée DSL (Ed Banger Records).

PORTES OUVERTES

Le Village chorégraphique Pour votre rentrée danse, l'école vous ouvre ses portes du 22 au 27 septembre. Tous les cours sont gratuits. Sur Bois-Colombes (92), Paris (11ème) et Montreuil (93), vous aurez accès à tous les cours avec un abonnement unique. Flamenco, hip hop, moderne, classique... des enfants aux adultes... vous pouvez voir des vidéos des cours sur le site web de l'école. En attendant la rentrée prochaine, les cours ont lieu en ce moment à Bois-Colombes jusqu'au 21 juin. N'hésitez pas à venir essayer ! Renseignements : www.levillagechoregraphique.fr 06 70 23 12 44 (Aurélie) ou 06 84 73 46 75 (Julie).

• Stage d'été "Rennes Tap Intensive" Du 9 au 13 juillet, avec Heather Cornell, Leela Petronio, Isabelle Girault et Laia Mollins, pour des ateliers de claquettes et percussions corporelles tous niveaux. Infos : info@tapbreizh.net • Danse butô et massage shiatsu Avec la Cie Nuba, du lundi 7 juillet au samedi 12 juillet - tout public détails 15 h - 20 h (5 h/jour). Du lundi 18 août au samedi 30 août - conventionné AFDAS lieu : Micadanses 20 rue Geoffroy-l'Asnier 75004 Paris (M° StPaul) avec Juju Alishina (chorégraphe, danseuse, professeur de danse japonaise) et Toshi Ichikawa (praticien et formateur de shiatsu) pour comédien(ne)s, acrobates,musicien(ne)s, danseur(se)s professionnel(le)s. Direction artistique : Juju Alishina. Tél. 01 40 27 08 83, dansenuba@orange.fr www.dansenuba.fr • Stomp À partir du 29 septembre 2008 au Casino de Paris. Infos : www.casinodeparis.fr • Stage house et hip hop Le samedi 5 juillet 2008, au studio l'Envol, 40 rue de la Folie Régnault 75011 Paris M° Philippe Auguste (ligne 2) avec Kapela (house) : 18 h -19 h 30 et Tip (hip hop) : 20 h -21 h 30. Tarifs : 1 ¤ le cours, 20 ¤ les deux. Contacts/Infos : sessionvibes@live.fr 06 10 44 86 57 ou 06 19 79 46 84 • Paris Dance Delight 2008 Les inscriptions des groupes de 2 à 6 danseurs pour le PDD 2008, prévu le 26 octobre, sont officiellement ouvertes (lieu parisien à confirmer). Règles : 3 min de chorégraphie street dance (hip hop, b.boying, street jazz, house, popping, locking, afro street...), ni décor, ni lumière. À la clé : billets d'avion pour la finale 2009 au Japon et une couverture sur le JD Mag. Envoyez votre vidéo à : Juste Debout 53 rue Rébeval, 75019 Paris jusqu'au 15 septembre 2008. Maximum 30 groupes internationaux sélectionnés. • Stage afro-contemporain Du 4 au 8 août, au Moulin des Cherottes 27240 Damville. Pour Vincent Harisdo et Nicole Ponzio, la mise en place de ces rencontres signifie poursuivre le mouvement lancé autour d'une danse afro-contemporaine, et ce, vers une meilleure définition. 01 30 91 91 39 www.myspace.com/nicoleponzio nicole.ponzio@club-internet.fr • La danse aux Galeries Lafayette À la rentrée le grand magasin s'habille de danse, cours, avec notamment Mia Frye, battles, etc. À surveiller ! • À la recherche du meilleur danseur sur TF1 La chaîne prépare une émission de danse où le public élira le meilleur danseur. Plus de détails à la rentrée…

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Flashback

SANKAÏ JUKU, butô enchanteur Un spectacle hors du temps, un instant suspendu dans l'espace. La création mondiale 2008, Tobari, de la compagnie japonaise Sankaï Juku a créé l'événement en mai dernier au Théâtre de la Ville. Retour encore tremblant sur cette expérience inoubliable. PAR SHEYEN GAMBOA/PHOTOS : © L.PHILIPPE - THÉATRE DE LA VILLE

C

'est encore la plume pleine d'émotion que j'écris aujourd'hui. D'abord, un plateau blanc, étonnement blanc… Au milieu un cercle noir imparfait posé ou plutôt abandonné là. Incompréhensible. Le fond, un rideau de velours noir. Banal. Et puis, les créatures apparaissent. Poudrées de blanc, crânes rasés, mi-homme, mifemme, ni homme, ni femme, peutêtre toi, peut-être moi. Une lumière chaude les sublime et les anime. Les regards sont noirs et transpercent ceux du public. La finesse de la gestuelle m'enveloppe. La beauté du mouvement est à son paroxysme. La salle, subjuguée, a le souffle coupé. La lumière baisse et le rideau prend vie. Des étoiles scintillent désormais sur le plateau. Soudain, on est projeté dans l'Espace. Le théâtre s'habille du vide profond de l'univers. Le cercle au sol est en réalité un

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trou noir, le fond de l'inconnu vers lequel nous plongeons. Paris et la France sont si loin. L'immortalité semble réelle. On assiste à un lever de Terre. L'espace appartient désormais aux hommes de Sankaï Juku. Et le public ? Il disparaît en poussière. Céleste, certes, mais poussière infime. Un bien-être fou. Une légèreté jamais atteinte depuis mon fauteuil de spectatrice m'envahit. Le spectacle, lui, est immense, intemporel. Les danseurs ne semblent pas voler, ils flottent véritablement dans l'espace. Plus aucun être vivant n'a de poids, ce soir, au Théâtre de la Ville. Etourdissant. La maîtrise du geste, la délicatesse du déplacement enchantent. Une danse profonde et troublante. Il n'y a que blanc et noir, d'un extrême à l'autre. Et puis le rouge de l'intérieur des bouches comme ensanglantées dans cet univers contrasté est violent mais beau. Je suis en apnée… Et pourtant je n'ai jamais autant senti l'air circuler dans mes poumons qu'à cet instant.


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fin ? Les grandes jupes blanches des danseurs glissent dans l'univers et disparaissent derrière ce qui redevient des pendrions. C'est un sentiment d'abandon qui se répand dans le public. Les yeux mouillés, il faut revenir à la réalité. Ushio vient saluer, c'est debout qu'il est ovationné. Le chorégraphe Ushio Amagtsu est magique. Il danse toutes les langues. Son langage est universel. Son geste à la fois primitif et contemporain. Amagatsu brouille toutes les cartes de la danse pour mieux reconstruire la sienne. Son public oublie tout ce qu'il sait du spectacle vivant dès la première seconde de la représentation. Il fait de nous, public, des nouveau-nés. Frais, hypersensibles, sans aucune contrainte de savoir. Néophytes, connaisseurs, avertis, personne ne peut rester insensible à son butô enchanteur. C'est pour rien au monde que je ne manquerai mon prochain voyage avec sa danse.

EN SAVOIR +

Amagatsu fait de nous, public, des nouveau-nés…

Et puis le spectacle s'accélère au ralenti. Impossible d'identifier le rythme puisque le temps s'est arrêté. Le geste se répète inlassablement comme pour hypnotiser le spectateur. Je perds toute notion de corps. Quelque chose se passe, le voyage toucherait-il à sa

Ushio Amagatsu est né en 1949 à Yokosuka City (Japon). Il fait partie de la deuxième génération des maîtres du butô. 1975 : fondation de SANKAI JUKU à Tokyo; 1977 : création de “AMAGATSU SHO” ; 1978 : création de “KINKAN SHONEN”, repris en 2005 au Théâtre de la Ville ; 1979 : création de ”SHOLIBA” ; 1980 : première tournée mondiale ; 1981 : création de “BAKKI”, (Première mondiale Festival d'Avignon, France) ; 1982 : création de “JOMON SHO” ; 1984 : création de “NETSU NO KATACHI”, création de “UNETSU”, création de “SHIJIMA” ; 1991 : création de “OMOTE” ; 1993 : création de “YURAGI” ; 1995 : création de “HIYOMEKI” ; 1998 : création de “HIBIKI” ; 2000 : création de “KAGEMI” ; 2003 : création de “UTSURI” ; 2005 : création de «TOKI». Toutes les Premières mondiales de ces pièces ont été présentées au TDV de Paris. 1985 : direction et chorégraphie pour l'ouvrage de photos “LUNA”, 1986. 1987 : conception, direction et chorégraphie pour l'ouvrage de photos “UNETSU” ; 1988 : création de “FUSHI” à JACOBS PILLOW, USA, musique de Philip Glass ; 1989 : directeur artistique du théâtre SPIRAL HALL (Tokyo), direction de “APOCALYPSE” au SPIRAL HALL. 1990 : création de “FIFTH-V” au SPIRAL HALL (par des danseurs des USA) ; 1992 : président du jury pour “Les rencontres Internationales de Bagnolet 1992” ; 1998 : mise en scène de “TROIS SOEURS”, Musique de Peter Eötvös, Première mondiale : Opéra National de Lyon, France ; 2005 : re-création de «KINKAN SHONEN» au Biwako hall, Siga, Japon.

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Coup de Projecteur EN RÉPÉTITION

avec Maître Kylián C'est Kylián le chef d'orchestre que nous avons décidé de vous raconter dans ce numéro d'été. Juste Debout Magazine a été autorisé à le scruter durant la répétition générale de One of a Kind pour son entrée dans le répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon. Coup de projecteur sur les secrets du maître… PAR SHEYEN/PHOTOS : MICHEL CAVALCA

I

l est 15 h, la dernière répétition de One of a Kind commence en temps et en heure. L'élancé chorégraphe Jirí Kylián, en tenue décontractée, arrive tout sourire ; une petite fille aux yeux bridés dans les bras. Après quelques baisers rassurants, il chausse ses lunettes et vient prendre place au milieu de la salle aux côtés de ses deux assistants chorégraphes. Seules quatre autres personnes sont autorisées à assister à ce « rehearsal » spécial, dont Atshushi Kitagawara, le sculpteur des décors de One of a Kind. La lumière tombe. Le rôle principal incarné par Maïté Cebrain Abad, se lève du premier rang, monte sur les fauteuils puis sur les sculptures dans la fosse orchestre pour enfin atteindre la scène tout en délicatesse. Ce plateau noir et blanc, elle ne le quittera plus pendant les soixante-dix minutes de spectacle. En effet, elle improvisera même pendant les pauses et les changements de décor. Tel un chef d'orchestre, les longues mains de Kylián s'agitent avec délicatesse au rythme de la musique. D'un geste, elles enveloppent la scène et font chanter les corps. Les bras et les jambes des danseurs du Ballet de l'Opéra de Lyon sont les instruments de Kylián. Parfois, il saisit le micro et s'adresse aux danseurs avec une voix des plus suaves. « Faster » c'est en anglais qu'il s'adresse à Maïté. Elle accélère le pas sans sourciller. Les bras sont ouverts, les arabesques si caractéristiques du travail de Kylián ne font pas défaut dans cette pièce. Le chorégraphe n'est pas avare de compliments non plus « That's beautiful ! » murmure-t-il au micro à Maïté. Et c'est vrai que c'est beau. Une technique classique mise au service de formes et d'énergie contemporaines, seul Kylián sait les fusionner avec autant de délicatesse. Sur le plateau, les sculptures inondées de lumière se

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Coup de projecteur

déplacent et dansent avec le Ballet. Angles et ondulations se marient à merveille au son parfois strident du violoncelle joué en direct sur scène. On reconnaît la soif d'esthétisme et de sensualité de Kylián. « Take place everybody » chuchote-t-il au Ballet. Quelques mots à la technique et c'est la première pause. On rallume les lumières de la salle noire de l'Opéra. Les techniciens apparaissent sur scène et Maïté poursuit son voyage sur le plateau. Les quelques personnes du public se lèvent et s'agitent. « Tout est à la vue du public, précisera l'un de ses assistants, les spectateurs, s'ils en ont envie uniquement, regardent les entrées et sorties des sculptures. Le rôle principal reste là, dans son monde… » Maïté improvise et joue la danseuse qui s'hydrate à l'aide d'une bouteille d'eau. Kylián lui donne des indications sur la façon dont elle peut refermer la bouteille. Il repose le

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micro et l'observe. Autour d'elle, la scène prend une nouvelle forme. Les autres danseurs du Ballet répètent au fond de la scène et sur les côtés. Soudain Kylián s'exclame « Act very mad » et là, aussitôt, Maïté s'agite de façon semble-t-il incontrôlée. Ses mouvements sont brusques et désordonnés. Son corps change de chant. Kylián chuchote « That's it, perfect ! ». Elle est son violon mais aussi son pinceau. Elle dessine des trajectoires par les déplacements incessants de son corps vêtu de noir sur le plateau blanc. Depuis son fauteuil, il ondule avec elle. Puis il plaisante avec son assistante. Kylián est détendu et confiant. Parfois, il se recentre en baissant la tête et émerge de nouveau sans cligner des yeux. Les mains du Maître racontent One of a Kind. Une chorégraphie riche et imprévisible aux mouvements subtils, que Kylián avait composée en 1998 pour célébrer les 150 ans de la Constitution hollandaise. Un véritable hommage à l'individualité et à la liberté. Dans la troisième et dernière partie, différents niveaux de rideaux de fines chaînes métalliques descendent sur le plateau. Maïté jouera avec. Les effets lumineux en sont absolument sublimes. Puis quelque chose semble chiffonner Kylián. Il se retourne à plusieurs reprises et s'adresse aux techniciens lumières. La pièce se termine. Le rôle principal, traversant le rideau de chaînettes, remontre un grand escalier noir. Et on la voit disparaître en haut du grand escalier. Le rideau de fin s'abaisse. Les quelques applau-


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rageant de quelques mots tendres au creux de l'oreille. Sa petite fille s'agite dans la salle, il s'empresse de la retrouver. Fin du rêve, retour à la réalité et au Lyon qui s'agite dehors… Quelques questions au Maître… Quel est l'élément le plus important dans une répétition ? C'est comprendre les intentions. Pourquoi les danseurs font ce qu'ils sont en train de faire. La chorégraphie est un art cinétique étrange. Quand on bouge un élément, il s'éloigne de quelque chose pour se rapprocher de quelque chose d'autre, toujours. Il faut savoir duquel il s'éloigne pour voir duquel il se rapproche. Le danseur doit comprendre sa danse. Et tout ça se travaille et se comprend en répétition. Qu'est-ce qu'une bonne répétition ? La chorégraphie est remplie d'émotions, d'intentions et de qualité de mouvements. Si on arrive à mettre les trois ensemble, cette Sainte Trinité en quelque sorte, sur le plateau ça crée une force incroyable, invincible. Tout ça se joint durant les répétitions, et, seulement si cette union a eu lieu en répétition, tout cela ressort lors de la première de manière forte et solide. dissements de la salle retentissent. Kylián veut rejouer les lumières. Perfectionniste, il recommencera plus de cinq fois les lumières de fin afin d'atteindre ce qu'il a en tête. La danseuse disparaît et seules les chaînes sont éclairées. Un sentiment d'abandon qui noue l'estomac naît chez le spectateur. L'effet est réussi. Puis, à son tour, il ôte ses chaussures et monte sur scène. Comme un enfant, il passe à travers le rideau métallique les bras grand ouvert et en rit. Il rejoint son assistante chorégraphe déjà en place avec Maïté et l'un de ses partenaires. Kylián lui montre comment agiter les pointes de pieds. Et Kylián esquisse quelques arabesques sur scène avec la danseuse… un instant de richesse. Il fait finalement peu de retouches de couturier et finit par serrer Maïté épuisée dans ses bras… en l'encou-

On vous a vu aujourd'hui, si calme et si doux pendant la répétition. Vous arrive-t-il de vous énerver durant une répétition ? Non, presque jamais… Je pense qu'on n'arrive qu'à la frustration avec la colère. Je ne veux pas paralyser les danseurs, je les aime trop pour ça. Quand je vois que tout le monde fait du mieux qu'il peut, je suis content. Si quelqu'un est arrogant, ou fainéant, je lui demande calmement de rentrer chez lui, il y a là-bas des choses plus intéressantes à faire pour lui. La répétition, c'est sacré ! Personne ne doit gâcher ce moment précieux, même pas le chorégraphe mal luné.

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Coup de projecteur Quelle part de liberté laissez-vous au danseur dans vos chorégraphies ? Le monde est fait d'individualités. La plupart des rôles ont été écrits pour d'autres danseurs. Donc il y a une totale liberté d'interprétation pour les danseurs. Je veux que le danseur ne danse surtout pas comme celui qui avait son rôle précédemment. Je respecte son intégrité. J'aime la différence. J'aime être surpris. Il est impossible de danser comme un autre danseur, et c'est même déconseillé…

Comment souhaitez-vous qu'on qualifie vos chorégraphies ? Éclectiques, complètement éclectiques… Des nouvelles du NDT II (le corps de ballet de Hollande de jeunes espoirs de la danse) et du NDT III ( le corps de ballet pour danseurs de plus de 40 ans) que vous aviez mis en place lorsque vous étiez à la direction du Nederlands Dans Theater ? Le NDT II existe encore, mais le NDT III a été tué. La direction en a fini avec les « vieux ». Comme cette décision est stupide !

EN SAVOIR + Biographie Jirí Kylián est né à Prague en 1947 d'une mère danseuse. Il commence à étudier la danse à neuf ans, et entre au Conservatoire de sa ville natale à 15 ans, où il suit les cours classiques mais aussi ceux de modern dance, technique Graham, et de danse folklorique. En 1967, bénéficiant d'une bourse du British Council, il part à Londres se perfectionner à la Royal Ballet School. De passage, le chorégraphe John Cranko le remarque et lui propose de rejoindre, un jour, sa compagnie à Stuttgart. En 1968, Kylián quitte Prague envahie par les chars soviétiques et se réfugie au Ballet de Stuttgart. Il y devient bientôt soliste et y fait ses premiers pas de chorégraphe, lors des “matinées“ de la Société Noverre. Chorégraphe invité au Nederlands Dans Theater à La Haye en 1973, il est associé à Hans Knill, deux ans plus tard, à la direction artistique. Puis est nommé directeur du NDT en 1978. Il n'a alors que trente ans. La première des 60 chorégraphies qu'il créera pour la Nederlands Dans Theater, Viewers, est un grand succès. Suivront, Stoolgame en 1974, La cathédrale engloutie et Return to a Strange Land en 1975. La même année, il quitte le Ballet de Stuttgart. Il va hisser la compagnie à un niveau international. Basé sur des techniques classiques revisitées de manière contemporaine, son style est très énergique. Sa réputation est confirmée par d'autres succès tels que Forgotten Land (1981), Svadebka (1982), Stamping Ground (1983) ou L'enfant et les sortilèges (1984). Il l'ouvre aussi à d'autres chorégraphes, comme William Forsythe, Mats Ek, Ohad Naharin, et Maurice Béjart. Vers la fin des années 80, Jirí Kylián se tourne vers l'abstrait et le ballet surréaliste. Il fait naître auprès de lui des vocations chorégraphiques : Nacho Duato, Paul Lightfoot et Sol Leon, Johan Inger. Enfin, il donne naissance en 1990 au triple visage du NDT, en créant à côté de la troupe principale, le NDT I, un groupe junior : le NDT II, jeunes danseurs destinés à entrer par la suite dans la grande compagnie, et un groupe senior, le NDT III réunissant des danseurs de plus de 40 ans. Jirí Kylián ayant choisi de quitter ses fonctions de directeur général du NDT en juin 1999, en reste néanmoins le chorégraphe principal. Depuis 2000, il est également conseiller artistique de la Saitama Arts Foundation à Tokyo.

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Cet été, la danse à Paris

PREND DES AIRS DE VACANCES Voilà l'été et le temps des départs au soleil ! Pour ceux pour qui vacances ne riment pas forcément avec farniente, Juste Debout a répertorié quelques bonnes adresses originales et tendances pour danser à Paris tout l'été. Évasion et bien-être au programme. Embarquement immédiat pour un tour du monde en direct de la capitale. PAR GAËLLE PITON/PHOTOS : PATRICK HERERRA POUR PATRICIO MARTIN, SPECTACLE « APOCALYPSE » PUBLIC IMAGE PR POUR SÉANCE DE YOGA BIKRAM PARIS.

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coup sûr, l'été sera chaud. Avec un peu d'imagination, on se croirait même sous les tropiques. Salles surchauffées (42°C), mouvements vifs et cadencés. Et si vous releviez le défi et placiez votre été sous le signe du yoga Bikram ? Une pratique qui compte déjà de nombreux adeptes dans le monde entier. Du nom de Bikram Choudhury, son créateur, ce type de yoga qui nous vient d'Inde, se pratique par une série de 26 poses très dynamiques (asanas) et de deux exercices de respiration (pranayamas), le tout pendant quatre vingt dix minutes. Grâce au yoga Bikram, plus de problème pour joindre l'utile à l'agréable : la chaleur favorise l'élimination des toxines et une pratique régulière permet de tonifier les muscles, renforcer les articulations, affiner la silhouette, réduire le stress et les tensions. De quoi partir en quête de nouvelles sensations corporelles. Et pourquoi pas le Venezuela ? Jeune pratique toujours tendance, la baïlothérapie envahit la capitale. Séance de danse et d'entraînement physique, elle combine tous les rythmes et toutes les bases musicales et se pratique en salle ou en plein air. Concrètement, une séance de baïlothérapie dure environ une heure et se compose de trois modules : échauffement, puis place à la danse avec mouvements de déhanchements, de sauts, d'étirements, sur des rythmes latins de plus en plus intenses, et enfin une ultime phase plus calme

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(musique plus douce et étirements). La baïlothérapie se décline en autant de formes que de rythmes : merenguera, salsera, latin pop, reggaetton, etc Et pour les plus expérimentés, il est même possible de suivre une formation de baïlothérapeute. Et si vous vous arrêtiez en Espagne ? Tout le mois de juillet, Patricio Martin, dont on ne peut que louer les qualités de pédagogue, vous livre les secrets de la danse flamenca au Centre de danse du Marais. Formé en flamenco mais aussi en danse classique, tap dance et danse africaine, interprète pour la compagnie Raphael Aguilar, il a chorégraphié de nombreux spectacles : Ritmos, boléro, Sacre du Printemps, Africa Gitana, Failla Lorca, Orient et Apocalypse (hip hop flamenco). Amateurs ou confirmés, il y en aura pour tous les goûts. Les cours commencent par un échauffement corporel, travail des bras et des mains, zapateado (frappe de pieds) et enfin une chorégraphie reprise à chaque cours. De quoi découvrir ou perfectionner la douceur, la grâce, la force et la sensualité flamencas. Pour finir, un petit détour par Hollywood, Harlem ou encore Broadway. Cet été, réveillez votre âme de claquettiste et partez sur les traces de Fred Astaire ou Ginger Rogers. L'école Swing Tap, en plein cœur de Paris, vous propose ses douzes stages d'été : cinq professeurs, sept niveaux différents… et la présence du grand claquettiste barce-


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lonais Guillem Alonso, créateur et chorégraphe de la compagnie Barcelona Rhythm Tap, invité pour cette édition. Pas dansants des comédies musicales, diverses techniques et combinaisons, tours, sauts, enchaînements courts sur des

musiques variées, préparation à la scène… toujours dans la joie et la bonne humeur car les claquettes mêlent habilement danse et jeu. Assurément, l'été sera très swing ! C'est décidemment une chance de passer l'été à Paris…

EN SAVOIR + Yoga Bikram Paris Faubourg Montmartre 17, rue du Faubourg Montmartre 75009 PARIS Marais 13, rue Simon Le Franc 75004 PARIS 01 42 47 18 52 www.bikramyogaparis.com et 01 42 47 18 52 Cours du lundi au dimanche tout l'été En français ou en anglais

Baïlothérapie Professeur : Angel Romero (Randy) Studio Harmonic 5, passage des Taillandiers 75011 PARIS 01 48 07 13 39 www.bailorandy.com ou www.studioharmonic.fr

mardi et jeudi à 10 h (dès septembre)

Swing Tap Stages d'été du 30 juin au 10 juillet 21, rue Keller 75011 PARIS 01 48 06 38 18 www.swingtap.com

Patricio Martin/Flamenco Sévillanes Tout le mois de juillet du mardi au dimanche Centre de danse du Marais 41 rue du Temple 75004 PARIS 01 42 77 58 19 www.parisdanse.com

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Exclusif

Extraits de « Hip Hop, l'histoire de la danse » En exclusivité, le Juste Debout Magazine, vous propose un extrait du livre « Hip Hop, l'histoire de la danse » de Shéyen Gamboa, préfacé avec émotion par JoeyStarr, aux Éditions Scali. Premier livre racontant la saga de la danse hip hop, interviews inédites et anecdotes croustillantes, accessible à tous, à dévorer cet été…

C

’est par la danse que tout a commencé. Comme son nom ne l'indique pas, le New York City Rap Tour met en vedette un groupe de danseurs hors du commun. Un style jamais vu en France. Les Rock Steady Crew créeront des dommages irréparables en Europe. Flash-back. Depuis la libération de la bande FM en 1981, quelques émissions de radio assez pointues rendent compte d'un phénomène musical venu des rues de New York : le rap. Quelques oreilles averties s'initient à ce nouveau courant de ce côté de l'Atlantique et découvrent tout un mouvement culturel… LE HIP HOP DÉBARQUE À PARIS Samedi 27 novembre 82, il est 20h00 à l'Hippodrome de Pantin. 50 francs en poche et les spectateurs vont pouvoir assister au nouveau débarquement américain, à la libération d'une certaine jeunesse française “black blanc beur“ du mouvement new wave régnant. La nuit est glaciale. Une foule hétéroclite se presse devant les portes de l'Hippodrome. Des jeunes, mais aussi des moins jeunes. Des branchés et des jeunes de banlieues. Cette foule ne sait pas encore ce qui l'attend. Elle va être le témoin privilégié de la contamination de l'Hexagone par le phénomène hip hop. D'après la rumeur et le magazine Actuel, des danseurs ahurissant défieraient les lois de la gravité et feraient valser les préjugés. On dit que New York, capitale des nouvelles tendances, en est folle. Paris, capitale de la culture, va-t-elle mordre à l'hameçon ? (…)

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COURS DE DANSE RADIOPHONIQUES « Il n'y a pas eu beaucoup de promo, se souvient Bernard Zékri à l'origine du NYC Rap Tour et aujourd'hui directeur d'ITélé, nous avons parfois fait le show devant des salles presque vides. À l'époque, à part l'émission radio de Sidney, il n'y avait rien en France. Donc j'ai emmené les Rock Steady Crew à Radio 7 pour parler un peu au milieu. » Sidney est sous le charme et, sans les connaître, prend conscience de l'importance des personnages qu'il a devant lui. « J'ai senti que j'avais beaucoup de choses à apprendre d'eux, souligne-til. Je lançais un disque et les Rock Steady Crew me montraient des pas de break dans le hall de Radio France ! Parfois je manquais la fin du disque parce que j'étais en train de prendre un cours de danse avec eux. Je devais m'excuser auprès des auditeurs, mais j'expliquais toujours que le moment était exceptionnel ! “Ici, on apprend à danser“ Les auditeurs appelaient et m'interrogeaient : “ On danse quoi et comment ? “ Je devais décrire les mouvements à l'antenne… Ici, on tourne sur le dos et c'est magique ! » Les pionniers de la danse prennent leurs premiers cours de danse hip hop “radiophoniquement“. Bientôt, les jeunes se déplacent jusqu'à la Maison de la Radio dans le chic XVIe arrondissement parisien. Ils veulent tous prendre des cours de danse… Déjà disponible en librairie, www.fnac.com, amazon.fr


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Gros Plan SO YOU THINK YOU CAN DANCE ?

L'émission la plus regardée !

Imaginez plutôt : un télé-crochet de la danse sous toutes ses formes et tous styles confondus façon Star Academy ou Nouvelle Star. À la clé : plusieurs centaines de milliers d'euros et une tournée à travers tout le pays. Aux Etats-Unis, le rêve existe et s'appelle So You Think You Can Dance. Lancée l’été 2004 par la chaîne américaine Fox, l'émission de télé-réalité entre cette année dans sa quatrième saison avec un succès chaque année grandissant. PAR MOUSTAPHA N’DOME/PHOTOS : DR

Le principe est simple : après plusieurs mois d'auditions dans les quatre coins des Etats-Unis, un jury composé de producteurs et de grands chorégraphes américains sélectionne 20 danseurs qui, au terme d'un entraînement intensif, participeront à l'émission hebdomadaire. Débutent alors quatre mois de compétition où chacun des danseurs devra démontrer ses capacités techniques, sa personnalité et sa faculté à s'adapter à n'importe quel style de danse. Au cours des précédentes saisons, les téléspectateurs ont pu apprécier d'innombrables chorégraphies pouvant aller du fox-trot à la valse, en passant par le krump, la rumba, le hip hop, la danse contemporaine, le disco ou d'autres styles bien particuliers comme le « broadway » (le style « comédie musicale », en quelque sorte…) 22•JUSTE DEBOUT MAGAZINE

Après plusieurs semaines d'éliminations au moyen de votes par téléphone des téléspectateurs (télé-réalité oblige), les dix meilleurs danseurs sont sélectionnés pour faire une grande tournée à travers le pays durant laquelle les candidats referont les meilleures chorégraphies de la saison. A la fin, un seul danseur remportera la compétition avec, en plus du titre de « danseur préféré de l'Amérique », une récompense pouvant aller jusqu'à 250 000 dollars, une location d'un an dans un superbe appartement new-yorkais ou, lors de la seconde saison, la possibilité de faire partie du casting du spectacle de Céline Dion à Las Vegas, A Brand New Day.


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Une chose est sûre en constatant le succès d'une émission comme SYTYCD : la danse plaît. Aux Etats-Unis, plusieurs émissions rencontrent également un succès notable auprès du public comme Dancing with the Stars, ou Dancelife, émission diffusée sur MTV. En France, l'échec d'émissions comme Dancing Show, Celebrity Dancing, ou même Duels de Stars, qui mettaient plus en avant les peoples que la danse elle-même, expliquent la frilosité des producteurs français à se lancer dans les émissions de danse. Outre-atlantique, c'est une autre histoire. Nigel Lythgoe aime la danse et explique vouloir intéresser le public grâce à cette émission. Après avoir produit American Idol (grande sœur américaine de la Nouvelle Star), Nigel décide d'appliquer la recette

L'ÉMISSION AUX RECORDS Chaque année, SYTYCD bat des records d'audience devenant même, l'été 2006, l'émission de télévision la plus regardée pour les 18-49 ans. Avec une moyenne de 10 millions de téléspectateurs par diffusion, voilà qui relève de l'exploit pour une émission au thème particulièrement ciblé et qui aurait pu ne pas fonctionner. D'où vient l'intérêt du public pour cette émission de téléréalité apparemment comme les autres ? Une seule réponse : la danse. Nigel Lythgoe, producteur exécutif de l'émission, membre du jury mais également ancien danseur et chorégraphe, explique : « Il y a quelque chose de sexy dans la danse, quelque chose de sensuel qui nous rapproche en tant qu'êtres humains. Ce quelque chose existe en chacun de nous, mais avec la danse, si une personne est vraiment douée, c'est d'une beauté que l'on ne peut qu'admirer ».

INFOS + Regarder les émissions sur les sites de vidéos : YouTube et Dailymotion. Plusieurs pays travaillent actuellement sur leur propre version de So You Think You Can Dance : l'Australie, la Nouvelle-Zélande, La Grèce, l'Allemagne, le Canada, le Danemark, la Norvège, la Malaisie, la Pologne, l'Afrique du Sud… A quand la version française ? Plus d'infos : www.fox.com/dance

Aux USA, l'émission de télévision qui bat des records d'audience - 10 millions de téléspectateurs en moyenne est une émission de Danse !

à l'univers de la danse, ce qui est, selon lui, d'un tout autre niveau. « Chanter sous la douche, c'est facile, ajoute-t-il. Mais danser sous la douche, ça c'est une autre histoire. So You Think You Can Dance a ravivé ma flamme pour la danse ». Une autre raison de ce succès pourrait venir du manque de séries télé de qualité consacrées à la danse, à l'instar de Fame dans les années 80. Un manque amplement comblé par SYTYCD, encensée par le public et par les professionnels de la télévision. En 2007, deux Emmy Awards (récompense suprême de la télévision américaine) ont été remis aux chorégraphes Wade Robson et Mia Michaels pour deux chorégraphies interprétées lors de la deuxième saison. Faire entrer la danse dans les mœurs et dans les foyers en tant qu'art populaire, voici le véritable pari (réussi) de SYTYCD. Le 22 mai a donné le départ de cette quatrième saison, et, à en croire l'attente du public, le succès sera une fois encore au rendez-vous.

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Enquête

Sac d'école sur une épaule, sac de danse sur l'autre… Votre enfant rentre prochainement en sixième et son professeur de danse ne tarit pas d'éloges à son égard. Est-ce le signe qu'il faille l'encourager à choisir la voie des horaires aménagés ? Le JD Mag a débroussaillé le terrain pour que vous l'aidiez à faire son choix. PAR MIA MA/PHOTOS : DR

MOTIVÉS « À onze ans, quand j'ai appris que j'avais été prise à l'école de danse en horaires aménagés, j'ai pleuré. Je devais quitter tous mes amis pour venir à Paris », se souvient Léa, 16 ans, en seconde au lycée Georges Brassens l'après-midi et élève au CNR (conservatoire national régional) de Paris le matin. Mais le moment de doute se fit court. Léa se passionne pour la danse depuis son enfance. À l'origine de son choix, sa prof de danse : « Un jour elle a dit à ma mère que j'avais un potentiel à développer ». Si Léa a clairement écouté son cœur, Charlotte, élève en troisième au collège Octave Greard et au CNR de Paris, a d'abord répon-

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du à la volonté de sa maman. « C'est ma mère qui a insisté, au départ. Moi je n'aimais pas spécialement la danse», raconte celle qui, aujourd'hui, ne regrette en rien ce parcours. « J'ai eu un déclic en classe de cinquième, l'année où j'ai rencontré un professeur de danse particulier qui a su me motiver. Aujourd'hui, je suis passionnée » explique la jeune fille, sûre d'elle.

PEU DE PLACES Les établissements qui proposent un aménagement des horaires se comptent sur les doigts de la main et se concentrent dans les grandes villes. Trois formules se


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distinguent : la légère, appelée « section sportive danse », permet aux collégiens d'approfondir leur pratique de la danse avec trois heures hebdomadaires animées par le prof d'EPS en partenariat avec une institution de la danse (le Palais de Chaillot par exemple). L'emploi du temps ne s'en trouve pas chamboulé, contrairement à celui de la seconde formule, les « horaires aménagés » : les lycées, en collaboration avec le Rectorat de Paris, organisent l'emploi du temps de quelques classes de façon à ce que les élèves dansent le matin ou l'après-midi. Les lycéens suivent cette formation artistique jusqu'en terminale où ils passent leur bac L avec l'option Danse. La troisième formule est la réplique de la seconde, sauf que les chefs d'établissement qui la proposent n'ont pas pris cette initiative en collaboration avec l'Education Nationale, et que les danseurs, mélangés aux sportifs de haut niveau et aux musiciens, peuvent aussi passer un bac S ou ES. Les proviseurs qui prennent cette liberté sont peu nombreux en raison du caractère contraignant de ce type d'organisation. Les élèves sont acceptés sur dossier, justifiant d'un bon niveau scolaire et d'un niveau de pratique et d'engagement suffisant dans la danse. DÉBORDÉ MAIS STRUCTURÉ Pour les jeunes danseurs, les journées sont longues, sac d'école sur une épaule, sac de danse sur l'autre. Les semaines s'étendent jusqu'au week-end où ils prennent tous des cours de danse particuliers : « On est obligé pour maintenir l'exercice du corps », explique Léa, qui, système D oblige, habite chez sa tante parisienne la semaine. Une course permanente qui en

Danse-études : il faut être prêt à pas mal de sacrifices !

décourage certains. Constance a repris le collège à plein temps cette année : « J'en avais assez de faire tous les jours les mêmes exercices de danse. J'étais fatiguée l'après-midi » se souvient la jeune fille. Pour ceux qui continuent, la motivation de la danse dépasse l'envie de sortir le week-end et pousse à l'auto-discipline. « On a un rythme et une rigueur à suivre » constate Léa. La danse constitue même un moteur pour l'école, comme l'explique Jean-Marc Coignac, inspecteur

pédagogique régional : « Grâce à la danse, certains investissent d'autant plus les études car ils savent que leurs parents ne les laissent pas continuer la danse s'ils ne s'impliquent pas de l'autre côté ». Si Léa est convaincue qu'elle fera de la danse son métier, Charlotte a conscience qu'elle sera peut-être amenée à changer de voie : « Quoi qu'il arrive, je continuerai toujours la danse ». Si pour tous le cursus des horaires aménagés n'aboutit pas à des carrières de professionnels de la danse, il permet indéniablement aux jeunes d'approfondir leur centre d'intérêt, d'affiner leur sensibilité artistique, et, pour certains, à mieux vivre leurs années lycée. Le tout est que les parents soient prêts à quelques sacrifices financiers et les enfants à quelques sacrifices de temps libre. Le prix de la passion.

EN SAVOIR + S'adresser au rectorat de votre académie ou à l'ONISEP (www.onisep.fr) pour connaître le nom des établissements proposant ces aménagements. Puis contacter directement le chef d'établissement pour demander une inscription (à partir de mai).

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Style du mois

SABAR :

Entre tradition et modernité

A l'approche des beaux jours, Juste Debout met un peu de soleil dans ses pages : direction le Sénégal à la découverte du Sabar. Au rythme des percussions uniques dans toute l'Afrique, découvrez les subtilités d'une danse traditionnelle, toujours dans l'air du temps et qui colle définitivement à son époque. PAR MOUSTAPHA N’DOME/PHOTOS : MOUSTHAPHA N’DOME

P

remière chose à préciser : ne pas confondre le sabar et le mbalax. Le mbalax est un style musical né dans les années 60 et 70, issu des percussions traditionnelles du sabar mélangé avec des sonorités modernes. Le sabar, lui, est beaucoup plus ancien et le terme lui-même rassemble percussions, danse et fêtes traditionnelles. Ce point désormais éclairci, attardons nous sur la danse du Sabar. Quiconque a déjà assisté à un concert de Youssou N'Dour ou autre Omar Pene connaît forcément cette danse aux rythmes tantôt

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nerveux, tantôt cadencés, qui se danse un peu avec les bras, un peu avec les jambes… « C'est une danse assez complexe, explique Pathé, professeur de danse traditionnelle sénégalaise depuis plus de dix ans. La première chose à connaître pour savoir danser le sabar, ce sont les fameux cinq temps qui constituent la base du rythme ». Cinq temps. Voilà qui n'est pas courant pour la plupart des danseurs occidentaux qui ont l'habitude de compter les temps par huit. Et l'affaire se complique car le sabar, ce n'est pas seulement une danse. C'est plutôt un ensemble de plusieurs rythmes, qui ont chacun des pas appropriés et dont


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le style change en fonction des percussions. Il y a le tiep bou dien (du nom du fameux plat de riz au poisson) et ses mouvements rapides et énergiques ; le kaolack, au style plus posé ; le bara m'baye, que l'on danse avec « classe » ou encore le far bou diar ou le mbabass…Autant de nuances compliquées à saisir pour qui veut apprendre le sabar. SABAR, DANSE DE FÊTE Mais au Sénégal, où cette danse est née, la différence est quasiment acquise pour tout un chacun dès lors que l'on vit dans un environnement où la fête est un mode de vie à part entière. Car le mot Sabar, en plus de donner son nom au djembé, base du rythme sur lequel on danse, et à la danse ellemême, signifie également les rassemblements lors de fêtes traditionnelles. À chacune de ces occasions, des percussionnistes se mettent aux instruments, un cercle se crée et les femmes entrent dans l'aire de danse les unes après les autres, s'en tenant juste à danser en collant au fameux rythme à cinq temps. Des sabars peuvent ainsi avoir lieu n'importe où dans les rues, à n'importe quelle occasion et durer ainsi trois, voire quatre heures. Et tout le monde peut y participer. Initialement, c'étaient les femmes uniquement qui dansaient le Sabar, les hommes se contentant de jouer des instruments. « Aujourd'hui, la donne a changé. Les jeunes se sont appropriés le Sabar en y ajoutant des influences occidentales, ou latines, précise Pathé. Ils restent dans la tradition tout en modernisant la danse », ce qui permet une pérennité d'une danse traditionnelle et populaire qui se danse également en boîte de nuit. Dans ses cours, Pathé préfère enseigner le pur

Sabar, celui qui se dansait dans les villages, à l'époque ou il n'était qu'un outil de communication. « À la base, le Sabar servait à faire passer des messages - lorsqu'un roi voulait s'exprimer au peuple par exemple. Le griot et le percussionniste allaient de village en village afin de propager la bonne parole ». APPRENDRE LE SABAR Malgré sa complexité, le Sabar attire de plus en plus d'occidentaux comme Johanne, 32 ans. « C'est une danse vraiment unique, et qui ne se danse qu'au Sénégal. Les mouvements des bras et des jambes sont extrêmement complexes. Et c'est ce qui me plaît ». Tout comme le côté contemporain de cette danse dite traditionnelle. « On peut directement mettre en pratique ce qu'on apprend dans les fêtes et les soirées », rajoute-t-elle. Il n'est donc pas impossible pour qui veut apprendre le Sabar de s'y mettre. Les qualités requises ? « Aimer la danse », précise Pathé. « Écouter la musique, et surtout travailler, car le côté cinq temps est ce qu'il y a de plus difficile à saisir ». Prenez donc une bonne résolution estivale : apprenez le sabar.

EN SAVOIR + Ecouter : Youssou Ndour, Thione Seck, Ablaye M'Baye, Ismaël Lô, Omar Pene Cliquer : www.seneweb.com/videos/video/52.php

Le Mali privé de sabar

Au Mali, où une version beaucoup plus osée, provocante et dénudée du Sabar a vu le jour, cette danse est interdite depuis 2001 car jugée trop indécente par les autorités. Retrouvez les cours de Pathé au: Studio Bleu 7-9, rue des petites écuries (Paris 1O) Les mardis et jeudis, de 19 h 30 h à 21 h 00

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Reportage

Cartes Postales de Chorégraphes C'est un été bien chargé qui attend nos chorégraphes tricolores. Quatre d'entre eux ont pris le temps d'envoyer une carte postale aux lecteurs de Juste Debout Magazine. PAR SHEYEN GAMBOA

MARIE-CLAUDE PIETRAGALLA, DE PÉKIN Que faites-vous pendant cette période estivale ? Je serai avec la compagnie en juillet à Colombes à l'Avant Seine pour une résidence de création du 8 au 22 juillet. Nous travaillerons sur la fin de la création Marco Polo jusqu'à début août. Puis jusqu'au départ pour la Chine, nous serons en studio du 28 juillet au 10 août. Je serai en outre à Royan pour un pas de deux, avec Julien Derouault, dans le cadre du festival « Un violon sur le sable » le 25 juillet. La première de Marco Polo se tiendra le 16 août 2008 au nouvel Opéra de Pékin dans le cadre du festival culturel des J.O. Ce n'est pas l'ouverture des J.O. C'est Monsieur Pierre Cardin qui est à l'initiative de ce spectacle. En accord avec la Chine, il souhaitait proposer une pièce française emblématique pour le festival culturel des J.O. Avec Julien Derouault (qui tient le rôle titre de Marco Polo), avec lequel je chorégraphie depuis des années, nous avions déjà chorégraphié une pièce pour M. Cardin : Sade, le théâtre des fous. C'est tout naturellement qu'il nous a demandé de travailler sur ce projet. Il souhaitait que Julien co-chorégraphe soit "son" Marco Polo. Puis suivra une tournée en Chine pour Marco Polo. Il n'y aura pas de pause : c'est 100 % travail. Pas de répit ! À notre retour d'Asie, vers la fin septembre, nous partons en tournée en Russie. Le mot de la fin ? Dansez bien tout l'été…

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LAMINE DIOUF, DE SÉOUL Que faites-vous pour les vacances ? Je serai juge pour des battles hip hop et des compétitions internationales. Notamment pour le Battle Of The Year, l'équivalent du championnat du monde international de danse hip hop, je fais la tournée en Asie. Je participe également au b.boy Unit en Corée, au battle Evolution en Espagne, et ça durant toute la période estivale. L'été, je suis très souvent à l'étranger. J'ai la chance de voyager pour mon travail, alors mes vacances c'est quand je me pose à Paris. En septembre, je juge déjà quatre ou cinq battles. Mon prochain repos, c'est en janvier 2009. Je suis le calendrier artistique… Votre plus bel été… Avec Mohamed et Salah des Vagabonds Crew. Nous avons fait des spectacles de rue tout l'été. Nous sommes partis à l'aventure, sans savoir ce que nous allions y gagner. J'ai beaucoup appris cet été-là. Par jour, nous pouvions faire 15 spectacles pour manger. Beaux souvenirs de danse et rencontres Conseils pour les vacances de danseurs ? Se reposer, préparer son planning de l'année, danser à la plage, voyager et faire des échanges. Les spectacles de rues sont difficiles à gérer, il faut être expérimentés mais c'est une très bonne école de la danse et de la vie…

MIA FRYE ET MICHEL RESSIGA, DE CRÈTE Que faîtes-vous pendant cette période estivale ? Nous partons en Grèce une quinzaine de jours pour nous reposer. C'est comme un pèlerinage en Crète. Ça doit faire la huitième fois que nous y allons. Ça nous ressource, ce n'est pas très loin, le temps est sec, ce n'est pas très cher, les gens sont gentils. Puis Mia part en croisière en Méditerranée. Puis nous préparons en août notre projet pour septembre 2009 avec les Galeries Lafayette. Mia sera leur égérie de rentrée et nous devons habiller le magasin de danseuses et de danseurs, organiser des cours de danse à l'intérieur, des battles de tous les styles de danses, etc. Nous avons quelques idées originales auxquelles nous devons encore réfléchir. Nous avons également un spectacle musical à travailler pour 2009. C'est un projet cher à nos yeux, qui est reporté depuis longtemps, mais cette fois 2009 devrait être la bonne. Nous allons donc y penser cet été. Votre plus bel été ? Celui que nous n'avons pas encore vécu. Tout est à venir… Quel conseil donneriez-vous aux jeunes danseurs pour passer un bon été et envisager une rentrée sereine ? Profitez-en bien et bonnes vacances à tous !

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À ne pas manquer

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UNE SALSA À PARIS, ça vous dit ? Paris, capitale de l'amour et ville romantique par excellence, deviendra le temps d'un week-end le centre du monde de la salsa. L'association Yambu convie tous les aficionados du 6 au 8 juin prochain à deux jours de festivités « caliente » lors de la seconde édition du Paris Mambo Festival. PAR MOUSTAPHA N’DOME

«

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ôté salsa, Paris n'a rien à envier à New York ou à n'importe quelle autre grande ville de la salsa, c'est certain ». Voilà qui est dit. Kalix, directeur de la compagnie Yambu qui organise cette année sa deuxième édition du Paris Mambo Festival, est catégorique. Le niveau parisien en danses latines est tel qu'il paraissait logique d'y lancer le plus grand rassemblement en Europe de danseurs de salsa. Après un vide événementiel de deux ans, Kalix et l'association Yambu décident en 2007 de créer un festival salsa d'envergure, qui réunirait dans un même endroit les professionnels et les passionnés. Naît alors le Paris Mambo Festival, et un succès retentissant pour une première édition : 3000 personnes en trois jours auront traversé la France, l'Europe et le monde pour participer à cet événement unique. Le but premier de l'association Yambu, avec ce festival, est de sortir la salsa d'un ghetto qu'elle ne mérite pas selon Kalix. « Même s'il y a un renouveau des danses en couple, la salsa et les danses latines manquent encore de crédibilité et de sérieux auprès des médias et du grand public ». C'est donc sans l'aide de la ville de Villejuif (où aura lieu le festival), ni d'éventuels sponsors, que l'association organise ces deux premières éditions du Paris Mambo Festival. Un investissement personnel qui paie puisque la deuxième édition ouvrira ses portes sous les meilleurs auspices : cette année, ce ne sont pas moins de cinq personnali-

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A ret RENS Nom Adre Emai

tés connues et reconnues dans le monde de la salsa (Albert Torres, Juan « Pachanga » Matos, Adolpho & Melissa, etc ) qui pointeront le bout de leurs chaussures vernies. Et, tout comme l'année dernière, des stages ouverts à tous permettront aux danseurs confirmés de peaufiner leurs steps avec des véritables légendes vivantes. Pour les débutants, pas de crainte à avoir : un programme spécial sera à leur disposition pour apprendre ou pour consolider des bases déjà acquises dans le style de son choix. « La salsa a l'air d'une danse technique, mais c'est en réalité très simple. Tout le monde peut s'y mettre ». Kalix insiste : le Paris Mambo Festival est ouvert à tous, du moment que l'on aime la salsa et que l'on veut s'amuser. Trois jours de rencontres, de convivialité, d'élégance et de mambo à l'état pur.

EN SAVOIR + Paris Mambo Festival Du 6 au 8 juin 2008 A l'espace des Congrès « Les Esselières » à Villejuif Plus d'infos : www.yambu-and-friends.com


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Coup de gueule et forum

PAR

BRUCE YKANJI

Forum • On nous vend des voitures rapides, mais on nous flashe à tout va. • On nous a fait croire à une France culturellement en place et élevée, et on tue désormais les intermittents les plus nécessiteux, entre autres. • Le prix de l'alimentation augmente, l'essence idem, les feuillets SPÉDIDAM disparaissent des lieux de tournage, les droits à l'image sont inclus dans la rémunération comme dans un package de grande consommation. Mais en revanche le cachet, lui, reste au même tarif qu'il y a 10 ans ! • On veut des élèves et des écoles puissantes, mais on ne nous donne pas les moyens de les avoir. • On veut que les Français représentent la France et qu'ils soient fiers. Sont-ils assez confiants pour ça ? • La situation est de plus en plus dure pour les danseurs, chorégraphes, intermittents du spectacle. En 2008, les opportunités de travail se font rares. • Les subventions pratiquement inexistantes, ou trop mal attribuées !! Il est vrai que cette rubrique a souvent pour but de dénoncer, de provoquer, ou même parfois d'éveiller certaines consciences. Des critiques sont souvent données sans proposer de solutions, ou rarement. En ce qui concerne le monde de la danse hip hop, (celui d'où je viens), et après différentes discussions avec Margo, Junior, Meech, Babson, Joseph Go, Ludo, et plein d'autres, nous nous sommes rendus compte que beaucoup avaient les mêmes idées ou préoccupations, mais que nous pensions tous dans notre coin, sans pouvoir agir, et que nous ne nous servions pas de notre réseau, qui est pourtant très large et qui pourrait, bien utilisé, faire des merveilles. Il faut maintenant proposer des choses. Pour cela un forum de discussion va être mis en place. Une date sera fixée en juillet, réunissant les acteurs concernés de la culture hip hop : danseurs, chorégraphes, organisateurs, associations. En bref,

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ceux qui font ou ont fait réellement avancer les choses. Puis une soirée, ouverte à tous conclura cette journée à partir de 17 h jusqu'à minuit. Plus d'infos sur www.juste-debout.com. Pour participer à ce rendez-vous, envoyez votre demande d'inscription à l'adresse email suivante : lafatrie@gmail.com (sous réserve d'admission). L'initiative ne vient pas du JD, ni de moi, mais d'une pensée commune que nous essayons de concrétiser. Vous n'êtes donc pas obligé d'adhérer à mes propos, à ma façon de penser, à l'événement Juste Debout, ou bien de vous aimer les uns les autres (ce que je souhaiterais néanmoins plus que tout au monde) pour assister à ce forum, du moment que vous êtes un activiste de la culture hip hop. Essayons, ensemble, de faire avancer certaines choses. Faites tourner l'info.


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Une danse dans l’Histoire

RAGGA DANCE HALL, Issu d’un peuple qui a beaucoup souffert

Popularisé internationalement par des artistes comme Sean Paul, le ragga dance hall, autrefois dénommé raggamuffin, est d'abord sorti des ghettos jamaïcains avant de faire bouger les fesses de Beyoncé. Vol d'oiseau sur l'Histoire d'une danse qui a contaminé le monde entier. PAR MIA MA/PHOTOS : DR

THE ROOTS À ses débuts, dans les années 80, le raggamuffin véhicule des paroles dénonciatrices, qui racontent les difficultés quotidiennes des rude boys. Depuis son indépendance, en 1962, la Jamaïque, colonisée successivement par les espagnols et les anglais, connaît violence et pauvreté. À cette époque, l'ancienne plaque tournante de l'esclavage vit au rythme du ska, mélange de rhythm and blues américain et de musique africaine. Cette cadence rapide et jazzy donne lieu à des rassemblements festifs dans la rue : les sound systems. Lui succède une forme musicale ralentie appelée le Rocksteady, qui serait née lors d'un été très chaud propice à la lenteur. Basse en avant, rythmique nonchalante, fort contretemps, la marque de fabrique de la musique jamaïcaine se met en place. C'est dans cette lignée que le reggae, qui connaît son âge d'or dans 34•JUSTE DEBOUT MAGAZINE

les années 70, finit d'affirmer l'identité du peuple jamaïcain. Indissociable de la religion Rastafari, il prêche le retour aux racines africaines et conteste l'organisation occidentale de la société. TOASTING Les prémices du raggamuffin font leur apparition dans les sound systems avec la figure de U-Roy. Ce DJ, emblématique de la vague roots du Ragga, invente une nouvelle façon de chanter : le toasting,


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qui consiste à parler plus ou moins vite sur les disques de reggae. Dans les années 80, les ghettos jamaïcains se durcissent et la délinquance prend le pas sur le pacifisme rasta. Si les textes restent militants, ils perdent leur spiritualité rastafariste, tandis que les systèmes d'enregistrement et de production de la musique se numérisent. S'opère alors une rupture entre les partisans du numérique et ceux craignant l'occidentalisation et l'uniformisation de la musique jamaïcaine. Des expérimentations électroniques voient le jour (avec l'émigration de nombreux jamaïcains en Angleterre) comme le dub, la drum'n bass ou la jungle. Le raggamuffin s'accélère et s'affirme comme un genre radicalement dansant. DANCE HALL QUEENS C'est d'ailleurs un danseur, le défunt Gerald Bogle Levy, qui a donné son nom à l'une des formes rapides du ragga : le bogle. On raconte qu'il est à l'origine du pas accompagnant ce riddim : tourner les bras dans l'air avec trois doigts tendus, comme des armes à feu. C'est le début des années 90 et les corps ondulent sur les tubes de Chaka Demus, Buju Banton, ou Beenie Man. D'autres artistes comme Yellowman, Lady Saw ou Shabba Ranks font rouler les bassins avec leur slackness, ce style qui parle crûment de sexe. Aujourd'hui, comme le coupé-décalé, les artistes lancent régulièrement de nouveaux mouvements, souvent reproduits dans les clips de hip hop américain. Elephant Man a popularisé le « pon di river, pon di

bank » (sauter d'un pied sur l'autre comme si on traversait une rivière) et le « thundaclap » (imiter le claquement d'un éclair en tapant en l'air dans ses mains). En Jamaïque, les filles qui s'affrontent lors des Dance Hall Queens rivalisent de strings à paillettes et de mouvements explicitement sexuels. La sensualité laisse place à plus d'acrobaties, comme le poirier avec tremblement des fesses. Sur scène, les chanteurs vont encore plus loin : derrière la danseuse, qui doit rester sur ses deux mains sans tomber, ils bougent vigoureusement, simulant l'acte sexuel. Si ces mises en scènes, perçues comme vulgaires en France, ont pris le dessus sur le message conscient hérité du reggae, elles ne disent pas rien non plus. Car comme le formule Maïmouna, prof de ragga à Paris : « le dance hall a des origines noires. Mettre en avant sa sexualité, cela répond aussi à un besoin de s'affirmer et cela exprime aussi des choses ».

SOUVENIR + Nathalie, ex Dance Hall Queen parisienne des années 90, « Tous les week-ends, je passais la nuit à danser dans les sound systems Stand Tall, au Stadium Squash, dans le 13ème. Les DJ s'appelaient Sébastien Farran alias Terror Seb et Polino ; les toasters, Mory et Nuttea. Il y avait peu de filles et les gens ne venaient pas forcément pour danser, plus pour écouter du son et fumer de l'herbe. L'état d'esprit était politisé et pacifiste. »

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Courrier des lecteurs La parole est aux lecteurs. Réagissez à chaque numéro, racontez-nous ce qui vous passionne ou ce qui vous énerve au cœur de votre forum sur www.juste-debout.com, @ vous de jouer !

de KrissTough

Le niveau des danseurs japonais La question que beaucoup se pose c'est qu'est-ce qui rend les nippons si « chaud bouillants » ? Les battles et les créations de qualité plus nombreuses ? Quelles sont leurs méthodes d'entraînement ? Je rêve de la résurrection de H.I.P. H.O.P. à la télé... ou sur le Net après tout, il y a plein de web TVs qui produisent des émissions qui trouvent des sponsors et qui par-dessus le marché payent les animateurs et les artistes. L'émission japonaise Super Chample, c'est la classe (voir Youtube). Peut-être que ça pousserait les gens à travailler. Extérieurement à tout ça, je me dis que le carré workshop / Battle / Show/ Soirée, c'est encore la formule la plus complète pour motiver les troupes... Sur ce, je vais aller travailler mes steps. À défaut d'être aussi fort que les Japonais, on peut essayer d'être aussi endurant !

Réagissez aux articles sur

www.juste-debout.com

de Striti

Salut tout le monde, L'une des raisons principales du niveau de danse nippone en très nette progression est qu'ils ont une soif d'apprendre immense. Quand ils commencent à aimer un style, ils s'entraînent à fond comme si c'était leur raison de vivre. C'est un peu la mentalité des Samurais. Parfait pour progresser. " J'aime cet art, je veux le porter a son plus haut niveau ". Je viens du milieu des arts martiaux artistiques et je pense qu'il nous faut 3 choses : être ouvert, avoir envie de progresser, aimer s'entraîner tout le temps et n'importe où.

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de Bleach83

Ah enfin j'ai reçu le magazine, Ça fait trop plaisir. Déjà : une jolie couverture et le plus intéressant est à venir. L'interview du duo, "les chevaliers du hip hop" portent bien son nom avec la photo. Franchement chapeau au photographe qui a réalisé de très beaux clichés. Le coup de projecteur sur le Juste Debout à Bercy, évidemment ça a été un fait marquant de la danse, je ne voulais pas louper cet évènement digne de la coupe du monde de foot ! Mais j'aurai aimé un plus grand aperçu sur les compétiteurs. À travers le magazine, on découvre des salles de danse, mais aussi des styles qu'on ne connaît pas forcément, ainsi que des personnalités comme Patrick Dupond, honnêtement avant l'émission d'M6, je ne le connaissais pas bien. J'ai aussi apprécié l'enquête sur la danse au-delà du handicap, parce que mon frère est handicapé moi aussi je lui apprends à danser malgré ça…

de Peul

Petite Pensée politique du jour Je pense que les dernières présidentielles ont mis en valeur le creux des propositions des principaux candidats qui pour moi n'ont aucune stature présidentielle. Alors oui, Sarkozy et son gouvernement piétinent allègrement certaines valeurs, notamment en matière d'immigration (et je suis d'accord qu'aucun pays ne peut accueillir tout le monde, mais il y a politique et course au chiffre) ou de pouvoir d'achat. Bref…Ma réelle pensée politique va à Bernard Laporte qui, lors de la présentation du badge censé protester contre la politique répressive chinoise au Tibet et intitulé "Pour un monde meilleur" n'a rien trouvé de mieux à dire que « c'était la plus belle des réponses, un geste fort, un geste calme surtout ! ". "Fort" j'en doute, mais "calme", ça c'est sur... Tellement calme que rien ne risque de bouger avec ça.


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