DÉPOSITIONS & RAPPORTS D’EXPERTISE
DÉPOSITION ANDREA REED 22 SEPTEMBRE 1997
TÉMOIGNAGE D'ANDREA JOYCE REED
Date : le 22 septembre 1997 Comté de Gray, Texas
Mon nom est Andrea Joyce Reed. L'avocat qui représente Henry Skinner m'a remis une copie de la déposition que j'avais faite au policier Connie Ogle le 1er janvier 1994, ainsi qu'une retranscription de mon témoignage à la barre lors du procès qui s'est tenu à Fort Worth le 9 mars 1995. J'ai relu ces documents avec attention avant de signer cette déclaration notariée. Je jure que toutes les déclarations qui suivent sont vraies. Plusieurs choses que j'ai déclarées dans mes dépositions précédentes à l'officer de police Ogle et lors de mon témoignage au procès étaient fausses. J'ai menti à cause de menaces et d'intimidations faites par l'officier de police Katie Gerhardt et l'enquêteur du juge, Bill McMinn. Voici ce qu'il s'est réellement passé. Aux alentours de minuit le 31 décembre 1993, j'étais dans ma chambre, 705 Henry Street à Pampa, Texas, avec ma fille Jessica et mon fils Kris, lorsque j'ai entendu quelqu'un frapper contre le mur. J'ai demandé à cette personne de s'identifier et j'ai entendu une voix que j'ai reconnu comme la voix de Hank Skinner qui criait "… Et je suis blessé. S'il te plait laisse moi entrer" ou quelque chose de ce style-là. Au départ, j'ai dit à Hank de partir et j'ai menacé d'appeler la police s'il ne partait pas. Hank est un vieil ami, mais je ne voulais pas trop le fréquenter parce qu'il buvait et se droguait. Lorsque je lui ai demandé de partir, il m'a dit qu'on lui avait tiré dessus et m'a suppliée de l'aider. J'ai allumé la lumière devant la maison et j'ai ouvert la porte pour le voir. Il avait beaucoup de sang sur lui. J'ai décidé de l'aider parce qu'il me faisait pitié. Je suis rentrée dans la maison, j'ai emmené mon chien et mes enfants dans la chambre et j'ai refermé la porte de la chambre. Hank était toujours dehors devant la maison. Je lui ai dit d'entrer. Il a titubé, il est tombé à la renverse en essayant de monter les escaliers. Je l'ai attrapé, je l'ai aidé pour qu'il se relève. Il a dû s'accrocher à mon bras et nous sommes entrés ensemble dans la maison. Il est resté avec moi pendant plus de trois heures avant d'être arrêté. Peu de temps après son arrestation, j'ai entendu l'officier de police Katie Gerhardt dire à un de mes voisins curieux qu'il ne pouvait entrer chez moi parce que cet endroit était "le lieu d'un horrible triple meurtre." J'ai pensé qu'elle voulait dire que Hank était accusé d'un triple meurtre. Je ne comprenais pas comment ma maison pouvait être considérée comme le lieu du crime car aucun crime n'avait été commis chez moi, mais j'ai eu peur que la police me croit complice de quelque chose. La peur d'être accusée à tort a augmenté lorsque l'enquêteur McMinn et l'officier de police Gerhardt m'ont dit qu'ils pensaient que Hank avait un complice et m'ont demandé où était cette personne. Je leur ai répondu que je ne savais pas de quoi ils parlaient, mais apparemment ils ne m'ont pas crue parce qu'ils ont continué à me poser la même question. Gerhardt m'a finalement dit que je pouvais être accusée de complicité si je refusais de coopérer. Je ne comprenais pas pourquoi elle a formulé cette menace car je coopérais. J'ai fait un premier mensonge quand Gerhardt et McMinn m'ont demandé comment Hank était entré chez moi. J'avais peur d'admettre que je l'avais aidé, parce que je ne voulais rien dire qui puisse laisser entendre plus tard que j'avais offert l'asile à un meurtrier pour le protéger de la police alors qu'il était recherché. J'ai dit à McMinn et Gerhardt qu'il était entré chez moi contre ma volonté et que je ne savais pas comment il était entré. Gerhardt a dit qu'elle ne me croyait pas. Elle m'a demandé pourquoi je n'étais pas sortie de chez moi pour trouver de l'aider. Je lui ai répondu que je ne voulais pas laisser mes enfants seuls avec Hank. Elle m'a prévenu que je pouvais être accusée si je l'avais invité à entrer chez moi parce qu'il était recherché par la police. Ma déposition écrite établie avec l'officier de police Ogle a donné la fausse impression que je n'avais fait que soigner la blessure à la main de Hank parce qu'il était entré chez moi contre mon gré et qu'il avait menacé de me tuer. Je n'ai pas admis l'avoir laisser entrer chez moi car j'avais peur que la police m'arrête pour avoir aider un homme en fuite.
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J'ai menti dans ma déclaration écrite que Hank m'avait menacée "n'appelle personne ou je te tue" lorsqu'il m'a vue prendre le téléphone. Hank m'a bien demandé de n'appeler personne, mais il n'a pas menacé de me tuer. J'ai menti dans ma déclaration écrite en disant que je croyais Hank capable de tuer à cause de son niveau d'intoxication. La vérité est qu'il était bien trop ivre ou drogué pour pouvoir même formuler une telle menace. Je sais ce dont Hank est capable lorsqu'il est intoxiqué, parce que je l'avais déjà vu dans cet état à plusieurs reprises. Lorsqu'il est arrivé chez moi, à mon avis il était bien trop intoxiqué pour étrangler Twila Busby jusqu'à lui casser la nuque, pour la frapper à plusieurs reprises sur la tête avec un manche de pioche et pour poignarder les deux fils avec précision. J'ai aussi menti dans ma déclaration écrite sur deux petits détails car je ne voulais pas que la police puisse penser que j'avais volontairement assisté Hank. J'ai dit que Hank avait retiré sa chemise et l'avait posée sur le dossier d'une chaise dans le salon. La vérité est que je l'ai aidé à enlever sa chemise et je l'ai posée sur la chaise. J'ai dit que Hank avait nettoyé le sang sur sa montre. La vérité est que j'ai nettoyé le sang. Dans ma déclaration écrite, lorsque j'ai décrit comment Hank pensait avoir tuer Twila à coups de pied parce qu'il l'avait trouvé au lit avec son ex-mari, j'ai omis de dire que Hank m'avait fait une description absolument ridicule de l'ex-mari car elle ne correspondait pas du tout à l'ex-mari. C'est pour cela que je pense que sa déclaration sur le fait qu'il aurait essayé de tuer Twila à coups de pied était une pure fantaisie due à l'intoxication, une parmi de nombreuses histoires violentes qu'il m'a racontées pour m'expliquer comment il s'était blessé. J'ai informé l'officier de police Ogle que je ne voulais pas que ma fille Jessica soit appelée à témoigner car cela serait une expérience traumatisante pour elle. Ogle m'a dit que c'était du ressort du juge d'instruction. J'étais très contrariée quand j'ai reçu une lettre de John Mann me notifiant que Jessica serait citée à comparaître. Je l'ai envoyée chez un membre de ma famille, loin de la ville juste après avoir reçu cette lettre. McMinn m'a prévenue que c'était son travail de trouver les témoins, pas le mien. McMinn m'a finalement promis que ma fille n'aurait pas à témoigner si je faisais un témoignage comme "me l'ordonnerait John Mann". Quand je suis arrivée à Fort Worth pour le procès, Gerhardt et McMinnn m'ont dit que je ne pouvais rien faire ou aller nulle part sans être accompagnée par un officier de police. Je n'ai pas pu manger seule dans un restaurant, recevoir des visites à l'hôtel, passer un coup de fil ou aller me promener. Gerhardt a même essayé et insisté pour que nous partagions la même chambre. Je me suis sentie prisonnière. On m'a dit que tout cela était pour ma propre sécurité, mais cette explication n'avait aucun sens car Hank était en prison et personne ne m'avait menacée. J'avais plus peur de la police qui était sensée me protéger que de Hank la nuit des crimes. Peu de temps avant que je sois appelée à la barre, l'assistant du juge d'instruction, Tracy Blades, m'a remis un document dans une pochette plastique et m'a dit: "lisez ça, c'est votre rôle." Elle m'a expliqué que ce document était une version "condensée" de ma déposition à Ogle. Cette version a cité plusieurs de mes propos hors de leurs contextes, mais je ne me souviens plus exactement lesquels. J'ai essayé de suivre le scénario que Blades m'avait donné parce que c'est que l'on m'avait demandé de faire et je n'étais toujours pas sûre qu'ils ne reviendraient pas à la charge avec le témoignage de ma fille, mais je ne pensais pas que mon témoignage pouvait être utile à l'Etat. Je ne comprenais pas comment ce que Hank avait dit ou fait chez moi la nuit des meurtres pouvait déterminer s'il était coupable ou innocent. Lorsque Mann m'a demandé comment Hank avait pu entrer chez moi après que je lui ai demandé de partir, j'ai finalement menti et répondu "je n'en sais rien." J'ai répété ce que j'avais dit à la police la nuit des meurtres car j'avais peur d'admettre que je leur avais menti et je ne pensais pas que la vérité pouvait faire la différence. J'ai menti à nouveau pour les mêmes raisons quand Mann m'a demandé ce que Hank avait fait avec sa chemise et sa montre. J'ai menti à la barre quand j'ai dit que Hank était allé seul aux toilettes quand je suis allée passer un coup de fil car j'avais trop peur d'admettre avoir fait quoi que ce soit pour l'aider. La vérité est que j'ai dû aider Hank à aller de la cuisine aux toilettes avant d'aller passer un coup de fil parce qu'il était tellement ivre qu'il n'avait aucun sens de l'équilibre.
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J'ai menti à la barre en déclarant que Hank avait menacé de me tuer si je passais un coup de fil. J'ai menti au jury à propos de cette menace parce que j'avais dit la même chose dans ma déposition au policier Ogle et j'avais peur d'admettre que c'était faux. La vérité est que Hank m'a dit de ne pas téléphoner sans menacer de me tuer. J'ai donné une fausse impression au jury à propos de la déclaration de Hank sur le fait qu'il aurait trouvé Twila au lit avec son ex-mari comme n'étant pas immédiatement liée aux meurtres. La vérité est que Hank a dit qu'il pensait avoir tuer Twila à coups de pied parce qu'il l'avait trouvée au lit avec son ex-mari. Les questions que John Mann m'a posées ne m'ont permise d'expliquer cela au jury. J'ai menti à la barre en déclarant que de toutes les histoires que Hank m'avaient racontées la nuit des meurtres, la seule pour laquelle il m'avait fait jurer de ne rien dire était celle dans laquelle il aurait tenté de tuer Twila à coups de pied. La vérité est qu'il m'a fait jurer de ne rien dire à chaque fois qu'il a raconté une nouvelle histoire. Je ne suis pas sûre pourquoi j'ai menti à la barre à ce propos, mais j'ai probablement répété ce qui était écrit dans la version condensée de ma déposition préparée par Blades. Il est possible aussi que j'ai fait la réponse que John Mann voulait entendre. Après qu'Hank a été condamné à mort, j'ai lu des articles sur le procès et j'ai commencé à comprendre l'importance de mon témoignage. Les mensonges que j'ai faits pour me protéger ont sous-entendu que Hank s'était introduit chez moi par la force, qu'il m'avait retenue en otage et qu'il m'avait avoué les meurtres. La vérité est que j'ai fait entrer chez moi un homme ivre et j'ai écouté trois heures de délires fantaisistes. Je n'ai aucune idée sur qui a pu tuer Twila et ses fils, mais je prie pour avoir une autre opportunité de dire la vérité devant un jury parce je ne veux pas être responsable de l'exécution d'un homme qui peut être innocent.
Déclaration faite sous serment, le 27 septembre 1997.
Contre-signée par l’officier assermenté Susie Ferguson.
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