23 décembre 2003 - NOUVELLES DE L'ENFER 18

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NOUVELLES DE L’ENFER

23 DÉCEMBRE 2003


DES NO UVELLES DE L'ENFER Par Hank Skinner Le 23 décembre 2003 Joyeux Noël et Bonne Année à tous. J'aimerais pouvoir dire que je ressens l'ambiance de Noël, mais ceux d'entre vous qui connaissent mon dossier savent que c'est une période de l'année très difficile pour moi. J'ai traversé une sorte d'odyssée depuis le 12 novembre, date à laquelle j'ai gagné ma plainte en appel auprès du 5e Circuit. Il y a plusieurs années, j'avais déposé une plainte médicale contre TDCJ-UTMB et en février 2003 le juge avait donné raison à TDCJ, rejetant ma réclamation sans dédommagement. J'ai fait appel de cette décision devant le 5e Circuit qui a tranché en ma faveur le 12 novembre. Le 5 novembre, je venais de redescendre au niveau II, donc je n'attendais aucun changement de ma classification avant le 5 février. Le 17 avril 2003, lorsque la première note confirmant que le 5e Circuit allait statuer sur cette plainte, à 2h00 du matin on m'a sorti de ma cellule (alors que je dormais profondément) pour une "fouille". Pout tous ceux qui connaissent la procédure, vous savez que les fouilles de cellule cessent à 22h00 et toutes les autres activités s'arrêtent à minuit. On m'a extrait de ma cellule à 2h00 du matin, menotté derrière le dos puis attaqué par le Sergent Hinote. Vous savez par mes écrits précédents ce qui s'est passé à propos de ce passage à tabac. Pour résumer brièvement, j'ai été battu et étouffé par Hinote à un tel point que j'ai été au régime liquide pendant 7 à 10 jours car je ne pouvais plus avaler. Hinote a falsifié les rapports sur l'utilisation de la force et s'est fait coincé par I.A.D. (Internal Affairs Division). Hinote et un lieutenant du nom de Tucker se sont faits allumés. La dernière fois que j'en ai entendu parler, Hinote a été suspendu, rétrogradé, renvoyé ou démissionnaire selon la rumerur. Le lieutenant Tucker a été transféré vers la population générale. La nuit où ces évènements ont eu lieu, ils m'ont confisqué toutes mes affaires, illégallement, ils ont tout emporté dans le bureau de Tucker et se sont assis dessus pendant 7 jours, ils ont refusé de transférer mes affaires au service concerné comme le règlement l'exige. De fait, une partie de mes affaires ont été détruites et/ou "perdues" par Hinote et Tucker. Dans mes affaires, il y avait mon brouillon pour l'appel de la plainte médicale pour le 5e Circuit. Cet appel devait être déposé au plus tard le 24 mai. Voilà la façon que TDCJ a de traiter ceux qui intentent des actions en justice contre eux, ils les détestent. Ils ont tenté de me faire manquer la date butoire pour que je perde mon appel. Ça n'a pas marché. La même chose était arrivée à chaque fois que j'ai eu à déposer un recours ou à répondre à une ordonnance du tribunal. Ils attendent 30 jours - 2 semaines avant la date de dépôt puis ils viennent faire une fouille ou simplement détruire mon travail lorsque je ne suis pas dans ma cellule. Du coup je me suis adressé directement au 5e Circuit pour leur rapporter directement les agissements de ces clowns. J'ai eu droit à une extension de délai de quelques jours, et j'ai déposé mon recours le 19 mai. Depuis ce n'est qu'une suite sans fin de punitions diverses et variées et de tactiques de harcèlement. Lorsque la première réponse du tribunal sur ma plainte était initiallement en attente, TDCJ/UTMB ont prétendu qu'ils allaient me traiter mais ont trouvé toutes sortes de bonnes raisons pour reporter l'échéance. Ils attendaient de voir si le juge rejeterait ma demande avant de me refuser le traitement et s'en tirer sans y laisser de plumes. Le sergent Ludwig a essayé de fabriquer un résultat positif avec mon analyse d'urine. "Utilisation de drogue" est une raison pour refuser toutes sortes de traitements médicaux et c'est une manière très simple car il leur est facile de falsifier les analyses. Dans la plupart des cas (comme dans le mien), ils portent une accusation et l'inscrivent dans mon dossier médical. J'ai coincé Ludwig et ses mensonges, mais le médecin a continué à repousser le traitement en disant "Vous serez réévalué dans 6 mois." Ça fait quatre ans et demi que je supporte cet enfer. En février quand le juge du district a rejeté ma requête, je devais être réévalué pour le traitement. TDCJ a annulé mes rendez-vous et mon évaluation du jour au lendemain. Jusqu'à ce moment-là, j'avais des prises de sang tous les 90 jours pour monitorer mon état. En février, ils ont tout annulé et

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décalé les évaluations tous les 6 mois, mais ils n'ont même pas respecté cet intervalle. Depuis juin 2003 jusqu'au 12 novembre, je n'ai eu ni traitement ni contrôle. Lorsque je me suis plaint auprès du médecin, il m'a dit "Oh, vous avez perdu votre plainte, alors vous n'êtes plus pris en compte pour un traitement et, de toutes façons, vous avez manqué trop de rendez-vous". La semaine suivante, le 12 novembre 2003, le jour où le 5e CC a tranché en ma faveur, une infirmière est venue à ma cellule et m'a dit "Nous avons eu de nouvelles directives aujourd'hui et nous allons commencer votre traitement dès que les médicaments seront arrivés". J'ai maintenant une copie du message de UTMB à John Sealy Galveston. C'était un virement de situation à 180° par rapport à ce qu'ils avaient annoncé initiallement. Le lendemain, le 13 novembre, le sergent et le major viennent devant ma cellule et me disent de préparer mes affaires, je déménage vers un quartier plus agréable, le bloc A, mais je reste au niveau II. Il n'y a que des prisonniers du niveau I dans ce bloc. La différence est qu'ils peuvent acheter de la nourriture, au niveau II on n'y a pas droit. Quel imbécile, je pense que les choses s'améliorent ? Ha/Ha. Le jour suivant, j'apprends que tous les gardiens sont informés que je dois rester isolé du bloc F, car apparemment j'aurai offert une récompense aux prisonniers des niveaux II et III pour faire la peau à certains gardiens. Alors ce serait la raison pour laquelle j'ai été transféré au bloc A ? Promu, plus ou moins ? La plupart des gardiens me connaissent et savent que ces rumeurs de récompense ne sont que des conneries, mais dans le bloc A une gardienne et d'autres gardiens, qui n'ont jamais travaillé dans le bloc F, ne me connaissent pas et ils passent leur temps à faire les cents pas et à m'observer avec des regards de tarés comme si je leur avais fait quelque chose. Tous les gars que je connais dans le bloc A sont contents de me voir. Ils savent que j'ai été sousalimenté au bloc F pendant 4 ans et demi, moins 9 mois que j'ai passé au niveau I. Ils commencent à me faire parvenir de la nourriture, car ils savent que j'ai faim. Je suis heureux d'avoir à manger et je suis reconnaissant que quelqu'un me porte suffisamment d'estime pour me nourrir. La plupart de ces cadeaux viennent de prisonniers pour qui j'ai fait du travail juridique quand ils se sont retrouvés au bloc F. Bref, je pense que tout le monde sait ce qu'il se passe et que ces conneries sur une hypothétique récompense vont disparaître d'elles-mêmes. Peut-être que ça va rentrer dans l'ordre. Et bien non. Un de mes amis à l'étranger téléphone pour réserver une visite et on lui raconte les mêmes histoires à propos des "récompenses". La nuit, pendant le service de certains gardiens, particulièrement ceux de deux gardiennes et d'un gardien, on me reveille constamment, on me braque la lumière dans les yeux, on cogne à ma porte pour hurler "hey ! hey ! lève-toi !" et moi : "Qu'est-ce qu'il y aeux : "Oh rien juste pour vérifier. On voulait voir si tu étais réveillé". Ha/ha, harcèlement. Les conneries sur "l'usage de drogue" continuent. On me promet toujours le traitement, mais je ne vois toujours rien venir. Je parle de Ludwig aux infirmières. Elles me disent qu'à moins qu'il ne produise réellement les drogues en question, elles ne croiront pas un mot de ses accusations. Le 11 décembre 2003, Mme Salter-Tucker, gardienne, est de service dans le bloc. Elle vient devant ma cellule à 6h00 du matin et commence à cogner contre la porte. "Skinnn-nn-err ! Skinnnn-err ! Donne-moi ton nom et ton numéro d'écrou !", ce que je fais. Elle continue. Je lui dis que ma carte d'identification est contre la fenêtre. Je lui demande "Pourquoi est-ce que vous faites ça ?" - le harcèlement. Elle me répond façon opérette "parce que je peux te pourrir ! C'est pour toi !". Je l'ignore. elle dit "Tu n'aura que dalle aujourd'hui. Skinn-nn-err ! Tu ne mangeras pas, tu n'iras ni à la récréation ni à la douche. Rien du tout !". Trop c'est trop. Je me lève, je me lave la figure - j'attends qu'un gradé passe par là. Ludwig arrive. Je vois Salter-Tucker au poste de contrôle qui opine du chef en direction de ma cellule tout en parlant au sergent Ludwig. Je vois

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le coup monté arrivé gros comme une maison. J'appelle Ludwig et je lui répète ce qu'elle m'a dit. Il répond "Fait toi une raison, elle ne va pas t'escorter en récréation ou à la douche et j'ai dit 'd'accord"". Vers 11h00, je n'ai toujours pas eu de récréation ni de douche. On m'appelle pour une visite juridique. Assez rapidement je quitte le bloc, j'apprendrais plus tard que Ludwig s'est précipité dans ma cellule et a commencé une fouille. Il a tout mis sans dessus-dessous. Ludwig prétend qu'il a trouvé une cigarette par terre dans ma cellule. Il prend ma nourriture et fait un rapport disciplinaire pour possession de contrebande. Maintenant je suis sûr qu'il n'avait pas de vraie drogue à placer dans ma cellule, alors il a utilisé le truc le plus accessible "des reçus et des notes manuscrites qui semblent être liés à des histoires de drogues" et sur l'un des reçus, j'ai remarqué une écriture manuscrite qui ressemble étrangement à l'écriture de ces messages liés à la drogue. En d'autres termes, je pense qu'il les a falsifiés. Devinez quoi ? La gardienne Salter-Tucker dont j'ai parlé n'est pas seulement apparentée au Lieutenant Tucker qui a été transféré après l'histoire avec Hinote, il s'agit de l'épouse du Lieutenant Tucker ! Besoin d'une autre raison pour planquer de la contrebande dans ma cellule ou pour mentir ? Ludwig est celui que j'avais coincé pour avoir tenté de falsifier mon analyse d'urine. Besoin d'une autre raison pour planquer de la contrebande dans ma cellule ou pour mentir ? Voilà ce que j'ai vu venir ce matin-là, alors si j'avais de la contrebande dans ma cellule, vous pensez que je l'aurai laissée trainer dans ma cellule ? Ha/ha. Je suis dans le couloir de la mort depuis 10 ans et demi. Je sais que je ne dois jamais quitter ma cellule en laissant quoi que ce soit qui puisse être découvert ou qui puisse m'inquiéter si un gardien le trouve, "contrebande" ou pas. Regardez plutôt ça: les prétendus "reçus et lettres manuscriptes apparemment liés à des histoires de drogue", c'est aussi de la contrebande. Mais je n'ai eu aucun rapport disciplinaire pour ça ? Non. Le vieux Ludwig écrit sur le rapport "le prisonnier n'est pas disponible pour contresigner la confiscation" et ces "papiers" disparaissent. Un peu comme l'histoire de l'analyse d'urine ; elle n'existe pas, mais Ludwig prétend que oui. J'ai décidé de le laisser s'amuser. Je sais que je n'ai rien fait qui soit lié à de la drogue et je peux le prouver avec un test sanguin s'ils veulent bien en faire un parce que je suis clean et Ludwig sera pris à son propre piège. Malheureusement ce nouveau major n'est pas si futé que ça. Quand ils sont allés lui raconter tout ça, il aurait pu leur dire "Ah c'est intéressant. Je vais avoir l'œil. Merci de ce renseignement et continuez à faire du bon boulot. Quand vous mettrez la main sur quelque chose de plus tangible, on y regardera de plus près, d'accord ? Tenez-moi au courant". Au lieu de ça, ce nouveau major commence à paniquer pour un rien et pense que chaque nouvelle mesure est insuffisante. (Autant pour une meilleure gestion, non ?). Le lendemain, le 12 décembre, ils me disent d'emballer mes affaires, je déménage au bloc D, cellule 29. J'y vais. Cette cellule était occupée préalablement par un malade mental qui s'appelle Hatten. Crasseux ne serait pas le mot approprié pour décrire le lieu. Des excréments, du sang, de la morve, des crachats, tout ce que vous pouvez imaginer, sur les murs, sur le sol, sur le lit, sur les étagères, partout. Ça me prend deux jours à plein temps pour tout nettoyer. J'ai à peine terminé qu'ils m'annoncent que je déménage à nouveau. Cette fois c'est non. Maintenant on me dit que le major m'a mis sur la liste des prisonniers devant être déplacés "fréquemment", tous les quatre jours. Ce traitement est réservé aux prisonniers qui présentent un risque d'évasion. Les seuls prisonniers qui sont sur cette liste sont les 6 évadés restant des "Texas 7" (le 7e s'est suicidé) et un prisonnier qui a essayé de scier la porte de sa cellule en début d'année. Je ne suis pas un prisonnier présentant un risque d'évasion. Du coup, on m'envoie l'équipe d'extraction de cellule. Selon le règlement, ils ne sont pas supposés utiliser le gaz plus de deux fois pendant 2/3 secondes. Ils m'ont gazé à quatre reprises,

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pendant 4 à 5 secondes à chaque fois dans une cellule de 1,75 de large x 2,80 de long. Les ouvertures dans la porte de la cellule ne sont pas obstruées. Je suis là par terre, passif avec un chiffon sur la bouche et ils ont prétendu qu'ils ne pouvaient pas me voir alors ils ont continué. Avec tout ce gaz dans ma cellule, ce n'est pas surprennant qu'ls ne pouvaient pas me voir. Je ne pouvais pas me voir moi-même. J'étais aveuglé par le gaz. Alors que je n'ai opposé aucune résistance, ils m'ont cassé le nez. Ils adorent vous frapper le visage avec le bouclier. C'est le Lieutenant Ritchie qui supervisait l'équipe. Il était furax parce que je ne voulais pas relever la tête pour les laisser m'arroser la figure avec le gaz. Cette utilisation excessive de la force a eu lieu le 16/12/03, alors que j'avais emmenagé dans cette cellule depuis moins de quatre jours. Le 15 décembre, j'ai commencé le traitement. Maintenant je sais pourquoi ça coûte si cher. Ça vous rend malade comme un chien, symptômes de la grippe, létargie, etc. Vous pouvez imaginer l'effet du gaz et du nez cassé pour couronner le tout. Vous devriez voir la vidéo de l'intervention ! Par ailleurs, le 10 décembre, le CCA a rejeté ma requête en reconsidération suite au rejet de mon recours pour obtenir les tests ADN. En substance ils n'ont rien dit de nouveau, juste joué avec les mots, changé le mot "sang" par "cheveu" et déclaré que "l'analyse" (celle qui n'a jamais existé ailleurs que dans les mensonges de John Mann à la presse) "prouve que le profil génétique mixte" de mon ADN et celui de Twila avait "probablement" eu lieu quand Twila s'est débattue pour sauver sa vie. Ils n'arrivent pas à accepter que Twila et moi vivions ensemble sous le même toit. Nous avons été en contact l'un avec l'autre tout cet après-midi-là et tout le début de la soirée. L'analyse effectuée ensuite à démontrer qu'il ne s'agissait ni de mon sang ni de mon cheveu retrouvé dans la main de Twila. La mixité de nos ADN provient d'une contamination innocente. Le plus important est que le cheveu retrouvé dans sa main et celui accroché sous sa bague étaient les siens ou ceux d'un membre de sa famille maternelle (le suspect principal, son oncle Robert Donnell, qui avait violé Twila deux fois, était le frère de sa mère donc un membre de sa famille maternelle). Sinon les "résultats" du CCA sont truffés d'erreurs et de conclusions sans fondements, comme ils l'ont toujours été. Ce numéro d'habileté démontre que le CCA ira jusqu'aux extrêmes pour couvrir la condamnation fabriquée d'un homme innocent car ils se moquent de savoir si vous êtes coupable, ils veulent juste vous exécuter à titre d'exemple pour les autres - le fameux effet "déterrant" auxquels ils s'accrochent. Mes avocats envisagent de déposer un recours en appel de cette décision erronée. Je vous tiendrais au courant. Retour au présent. Après m'avoir gazé et passé à tabac le 16 décembre, ils m'ont transferé au bloc F, cellule 68, celle, selon le major, que je ne quitterais plus jamais à cause des allégations des récompenses que j'aurais offertes et du contrôle que je suis censé avoir sur les familles des gangs ici. Gangs qui, d'après lui, seraient à mes ordres et provoqueraient de fait ces situations de passage à tabac dans le bloc F. Rien que cela expose les accusations mensongères du major, non ? Je suis à nouveau déplacé le 19 décembre parce que le juge d'instruction à Pampa à déposer un recours pour mon tranfert à Pampa en vue de décider une date d'exécution et ce en raison de la décision du CCA et le rejet de ma demande pour les tests ADN le 10 décembre. Je suis certain que la plupart d'entre vous se souviendront que mon dossier est actuellement en attente à la cour fédérale et que le juge n'a pas encore tranché sur mes appels non-expirés devant la cour d'état et qu'elle doit encore étudier ce dossier sur le fond. C'est pourquoi le juge a prononcé en juin 1999 un sursis indéfini, ordre toujours en vigueur aujourd'hui. La requête pour les tests ADN a été déposée devant la cour d'état simplement parce que le Gouverneur Rick Perry avait voté une loi qui a établi de nouveaux status juridiques, pourtant à la date d'aujourd'hui aucun prisonnier ayant fait valoir ses droits selon ce nouveau texte de loi n'a bénéficié de tests le CCA a de fait annihilé ce texte de loi en plaçant la barre si haut qu'aucun dossier ne sera jamais conforme à celui-ci et par conséquent aucun ne pourra bénéficier de ce recours. Quoi qu'il arrive, un sursis d'exécution ne peut pas être remis en question à cause d'un recours pour

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l'obtention de tests ADN. Ce recours ne peut pas être considéré comme un "appel" puisqu'un sursis d'exécution est senssé permettre à un recours d'être étudié et analysé afin de déterminer si un mandat d'exécution serait ou non justifié. Particulièrement lorsque la cour fédérale a déjà accordé un sursis pour une période illimitée. Donc pendant que j'écris ces mots, je me retrouve dans le bloc A, cellule 84, le bloc d'observation des condamnés à mort ayant une date d'exécution. En plus ils ont instauré une nouvelle règle selon laquelle la trappe de la porte ne peut être ouverte qu'en présence d'un sergent, en d'autres termes, je ne mange pas, je ne sors pas en récréation et je ne vais pas à la douche à moins qu'un sergent ne soit présent. Ma nourriture est toujours froide ou désechessée parce qu'elle est restée trop longtemps sur le chauffe-plat. Ils m'ont pondu quelques faux rapports disciplinaires pour me garder au niveau III et en restriction de cellule indéfiniment. J'ai une barbe de 8 jours parce qu'ils ne me donnent pas de rasoir pour me raser. Ensuite ils font un rapport disciplinaire pour "refus des règles d'hygiène". En restriction de cellule, je suis supposé aller en récréation tous les samedis, une fois tous les sept jours. Samedi, ils m'ont même refusé la douche, alors la récréation… La cellule qu'ils m'ont choisie est une de ces cellules d'isolement, celles qui sont complément scellées qui n'ont même pas de trappe pour le courrier. Ha/ha. C'était la cellule de Gerald Tigner (le tigre) jusqu'à son exécution. Ils l'avaient placé là parce qu'il balançait toujours des trucs sur les gardiens. Je n'ai jamais fait de trucs pareils. Pourtant je dois admettre, vu sous cet angle, qu'il n'est pas difficile de comprendre comment un homme peut en arriver à faire ce genre de choses. L'autre jour le Lieutenant Price est venu par ici (Mc Intyre est son vieux pote et ils travaillaient dans le même service jusqu'à ce que le major l'ait interverti avec le Lieutenant King). J'imagine qu'il a de bonnes raisons d'en avoir après moi puisqu'il m'accuse d'être responsable de ce qui leur est arrivé ? Je l'avais prévenu que j'aurais le dernier mot et qu'il finirait en miettes. Il a dit que ça ressemblait à une menace et je lui ai répondu que s'en était une, une menace d'action juridique que je vais intenter contre lui et ses potes pour utilisation de représailles. Il s'en va vers les escaliers et dit au major que j'ai menacé de tous les tuer. Ha/ha. Les accusations pour "utilisation de drogue" sont en train de prendre une nouvelle tournure. Un gars de la population générale se fait prendre avec quelque chose (je ne sais pas encore quoi, mais on dit que c'était de la drogue), le directeur va lui parler et lui dit qu'il s'est fait prendre à cause de moi et il tente de formuler des accusations à mon encontre. J'en ai entendu parler juste après. Vous voyez à quel point ils sont désespérés de trouver une personne pour m'accuser. Au cas où personne n'en aurait parlé au directeur, ceci constitue un acte criminel et cela s'appelle "manipulation et/ou influence d'un témoin" selon l'article 36.05 du Code Pénal, et peut-être aussi "solliciter une tierce personne pour obtenir un faux témoignage". Je ne peux pas imaginer ce que ce pauvre type a dû penser. Je n'ai aucun lien avec l'incident en question. Si vous vous demandez comment autant d'innocents se retrouvent condamnés, voici la façon la plus utilisée pour y parvenir : les policiers ont une fausse idée de la personne qui a pu commettre le crime, ils arrêtent un quidam pour un autre délit, persuadés que cette personne est liée au crime, alors ils vont voir le suspect et lui disent , "on sait que tu es impliqué avec… " et ils citent un nom. Si vous êtes arrêté et vous savez que vous être pris, mais on vient vous voir en vous proposant un nom qui impliquerait quelqu'un d'autre, que feriez-vous ? Vous verriez cela sans doute comme une lumière possible au bout du tunnel, une porte de sortie alors que vous coulez à pic et il y a une forte probabilité que vous finireriez par leur dire quelque chose, n'importe quoi, ce qu'ils veulent entendre, peut-être leur donner un nom qu'ils vous auront suggéré. Vous vous souvenez des aveux d'Henry Lee Lucas pour plus de 600 meurtres ? Quelques cigarettes, des hamburgers et de la glace avaient acheté ses "aveux". Vous savez c'est bizarre, ça fait plus de 9 ans que je suis dans le couloir de la mort et plus de dix ans et demi que je suis en prison (un an et demi de détention préventive avant le procès) et pendant tout ce temps on m'a accusé de tout ce qui est imaginable, même pire. Mais jamais on ne m'avait traité comme ça. Alors on finit par se demander ce qu'il se passe vraiment ici.

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Depuis le mois de juillet dernier, je n'ai pas cessé de répéter à un ami proche qu'une fois que j'aurais déposé un recours sur mon appel devant la cour fédérale (le 5 décembre 03), la merde allait commencer à arriver dès que ces mensonges seraient exposés au grand jour car mes réclamations sont justisfiées et méritoires. Il y a une forte probabilité de succès sur ce dossier et le scandale qui s'en suivra fera des dégâts sans précédent au sein de la machine judicaire et au bureau du juge d'instruction. Ce sur quoi je ne comptais pas, c'était une victoire sur ma plainte le 12 novembre 03. Tout s'est déclenché un peu plus tôt que prévu, mais le résultat est le même, juste un peu plus dense. Peut-on parler de "représailles" ? Un peu mon neveu. Alors à cet ami, tendrement connu sous le nom d'Amp, je dis "tu vois bon sang, je te l'avais dit". Pour tout ce qu'ils me font, ne vous inquiétez pas. Comme je l'ai dit au directeur et au major , "vous n'avez rien contre moi pour me menacer. Tout ce que vous faîtes c'est vous exposer et c'est exactement ce qui est en train de se passer. En premier lieu, je ne bricole pas avec la drogue. Deuxièmement, je suis ici pour mourir alors chaque jour qui passe pendant lequel je respire encore est une victoire." Les passages à tabac au bloc F dont je serais apparemment à l'origine me suivent. Je ne provoque rien du tout. Ces hommes sont fatigués d'être harcelés, alors ils pètent un plomb tous seuls, pas pour suivre "mes ordres" ou ceux de qui que ce soit. Depuis que je ne suis plus au bloc F, quelqu'un a bien dû prendre le relai. Ça s'est organisé avec "les nouvelles de la machine du crime" par Robert Will, alias "dead". Je te vois. Je sais qui tu es. Je sais ce que tu fais. "Je t'observe". Ha/ha. ☺ Tu fais du bon boulot, Dead, continue. Pour le reste du bloc F, assurez-vous que quelqu'un continue monitorer ce qui lui arrive, parce que s'ils lui font la même chose qu'à moi, ils feront pire avec vous si vous ne continuez pas là-bas. Pour ceux d'entre vous qui essayez de comprendre, c'est très simple. Vous savez ce qu'ils ont fait à Paul Collela, un marché pour réduire sa condamnation à mort à une peine de 20 ans. Le Texas ne supporte pas d'être battu, alors ils ont attendu que Paul accepte leur marché et ensuite ils l'ont inculpé pour les délits qu'il a commis dans le couloir de la mort pour qu'il cumule une autre sentence en plus des 20 ans. D'une certaine façon j'en veux à Paul pour ça. Il allait gagner et il a lâché prise. Maintenant qu'ils voient à quel point il est faible, ils s'en prennent à nouveau à lui. Paul je t'avais dit ce qui allait se passer. Maintenant tu sais pourquoi ils t'ont proposé ce marché. Ils ont évité le scandale inévitable si tu étais allé jusqu'au bout et obtenu une audience. Toute cette corruption d'état ne sera jamais mise à nu, mais ils te tiennent toujours. Ça, ça n'arrivera pas à Hank. Mais c'est sans doute ce qu'ils essayent de faire, ça prend cette tournure-là : fabriquer et manipuler quelques accusations qu'ils pourront utiliser contre moi quand j'aurai fait annuler ma condamnation à mort. Peu importe ce qu'ils vont trouver, vous pouvez être certains que je me battrais jusqu'à mon dernier souffle. Pas de marché avec moi. Je pensais vraiment que ce nouveau directeur et le nouveau major allaient faire quelque chose de mieux ici avec les gars, mais apparemment j'avais tort. Le major est constamment en train d'invoquer des règlements caducs ; de confisquer les sous-vêtements chauds des prisonniers ; de leur dire qu'ils ne peuvent pas s'asseoir dans la salle de jour (la cage) ou jouer aux échecs avec les prisonniers dans les cellules mitoyennes (des échecs en papier, on dessine le plateau et on marque les initiales de chacun sur l'emplacement des pièces). Il refuse aussi aux prisonniers de boire dans la salle de jour. Il dit qu'on ne peut pas avoir un calendrier au mur - le règlement dit un calendrier et une photo de famille. Encore et toujours la même rengaine. De toutes façons, on n'a déjà le droit à rien en l'état actuel des choses, maintenant on en a encore moins. Pour ceux d'entre vous qui comme moi étaient plein d'espoir : faites une croix dessus. Joyeux Noël ! Bonne Année ! Et à plus tard. Hank Skinner #999143

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