13 octobre 2010 - PRESSE

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PRESSE

LE DOSSIER DE HANK SKINNER À LA COUR SUPRÊME 
 
 LE FIGARO
 13 OCTOBRE 2010


Le dossier Hank Skinner à la Cour suprême Par Marion Joseph - Le Figaro

Publié le 13/10/2010

Mince espoir pour le condamné à mort Hank Skinner. La Cour suprême américaine a examiné mercredi son dossier afin de se prononcer sur la possibilité pour l'accusation de faire procéder à de nouveaux tests ADN. Analyses qui, selon Hank Skinner, pourraient l'innocenter du triple meurtre dont il est accusé. La plus haute juridiction des Etats-Unis, qui a semblé véritablement hésitante en étudiant la demande du condamné mercredi, devra prendre une décision avant juin 2011.Cet examen intervient sept mois après la suspension de son exécution par la Cour suprême, 45 minutes seulement avant l'heure prévue.

L'affaire Hank Skinner remonte à 1995, lorsque cet Américain est déclaré coupable des meurtres de sa compagne, Twila Jean Busby, et des deux fils de cette celle-ci dans leur maison de Pampa, au Texas, le 31 décembre 1993. Si Hank Skinner, aujourd'hui âgé de 48 ans, reconnaît qu'il se trouvait au domicile familial ce soir-là, il assure toutefois qu'il dormait au moment des faits. Son alibi : un mélange d'anxiolytiques, d'anti-douleurs et d'alcool dont la présence a été confirmée par une prise de sang.

Lors de son procès, des experts ont toutefois affirmé en s'appuyant sur des analyses ADN que des traces de son sang et de celui d'au moins un de ses fils avaient été retrouvés cette nuit-là sur ses vêtements. Réponse de l'accusé : un des fils de sa compagne, Elwin «Scooter» Caler, qui avait reçu des coups de couteau, a sans doute laissé couler du sang sur lui alors qu'il essayait de le sortir de sa torpeur alcoolique.

Un procès équitable

Des cheveux, du sang et des particules relevées sous les ongles des victimes ont par ailleurs été prélevés sur la scène du crime, sans jamais faire l'objet de tests ADN. En dépit des demandes de l'accusation, le Texas refuse aujourd'hui de laisser Hank Skinner procéder à ces analyses, même à ses frais, affirmant que le condamné a été déclaré coupable à l'issue d'un procès équitable. Autre raison invoquée : Skinner n'a pas demandé que ces tests soient pratiqués à l'époque. Une fois la condamnation prononcée, les Etats américains ne sont en effet pas tenus de pratiquer des tests ADN. Actuellement, six Etats sur 50 s'y refusent.

Mercredi, l'avocat de la procureure mise en cause par Hank Skinner, Lynn Switzer, a expliqué aux juges qu'une décision en faveur de l'accusé se transformerait en une avalanche de procédures par d'autres condamnés, utilisant la loi fédérale pour contourner les décisions des tribunaux texans.«Dans tous les autres Etats, ça n'a pas ouvert les vannes» de multiples procédures, lui a rétorqué le conseil d'Hank Skinner, Rob Owen.

Après le cas Troy Davis - un Noir condamné à mort pour le meurtre d'un policier blanc sans preuve matérielle, ni empreinte, ni ADN -, les neuf sages de la plus haute juridiction des EtatsUnis vont de nouveau devoir s'exprimer sur la possibilité qu'un innocent soit exécuté. La Cour suprême est en général partagée sur ce genre d'affaire. Des juges progressistes estiment d'un côté que tout doit être fait pour éviter d'exécuter un innocent, tandis que certains juges conservateurs arguent que le système ne peut fonctionner sans commettre quelques erreurs. Les Etats-Unis ont libéré 17 condamnés du couloir de la mort ces dernières années à la suite de tests ADN.


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