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2014



« La poésie serait plutôt le contraire de ce que vous pensez, toujours le contraire, et même elle serait tout simplement le contraire, sa définition la plus simple serait d’être le contraire.» Jean-Marie Gleize,

Non, Al Dante, 1999



Beurklaid - Porcherie Philippe Castellin - ça m’angoisse Stephane Chavaz - Cherche-moi dans le BIG plutôt que dans le bang. Hédi Cherchour - La veine Emma Cozzani - sans titre (storyboard) Amina Damerdji - Papa Nicolas Daubanes - Sabotage Justin Delareux - Fragments Emma Dixon - Edible Paper / End Jocelyn Gasnier - Les illustrations ou bande de dessins organisés Jean-Marie Gleize et Patrick Sainton - Dont on fait les cabanes Johan Grzelczyk - duboisdontonfaitlescoups Kevin Hautefeuille - Deux gravures Alexis Judic - Des lieux associatifs pour les jeunes Simon Le Lagadec - Drift Marius Loris - Bourgeoisie Charles Pennequin - Je plante Marc Perrin - Spinoza in China, 1er novembre 2011 Elodie Petit - cœur bat-pine pend Yannick Torlini - sysiphe pour un lyrisme

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Fragments

Justin delareux

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Fragments

Justin delareux

Mon pas lent est invariable. Je ne parle pas. À la mesure des saisons. Je tire. Je terre. Je tisse. Chaque boucle est une pause. Le retour à la ligne. L’inverse du sens. Mon semblable frêle ramasse, cueille. Il se plie, petit. Courbe sous la branche, fait des tas. Poursuit. Nous croisons les mêmes habitudes. Amasse. Et la rythmique des champs. Perpétuel, condition, mouvements, saisons. Rien de clair, hors mis la boucle. Nous tournons dans le temps nous retournons la terre. Nous nous mêlons au monde comme à la chaîne.

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Fragments

Justin delareux

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Fragments

Justin delareux

On entend encore le bruit de la toux. Un ciel gris poussière. Air huileux et collant. Vent solide. Une toux grasse et épaisse, à chaque effort c’est un organe qui se décroche. Nous sommes à porté de tous. Nous comptons les absents. On fait des tas. Nous avons les gueules. Un tas de trous. Porté par le rire d’autrui. Nous et le langage à porté. Celui qu’on dit. Qu’on chante en cœur. Jusqu’à la fin. On a le langage dans la main à porter et le fusil dans la bouche. On parle dans le trou de la distance. On parle le langage des trous. On vise la langue. On se déploie. Nous sommes dans la boue. La boue est en nous. Dans son manque. Nous nous engageons dans le trou comme dans l’avenir. Nous sommes à porté de la langue. On appuie. On s’épuise. On creuse. On va chercher. Rien n’y fait. On s’y est mis. On s’y est fait. On a tiré. On s’est démis. Démissionné. Nous y venons. On a plus rien. On nous as dit. On nous a. On nous a eu. On a bien rie. On est bien seuls. On s’éteint. On est bien. On a fait feu. On s’est étreint. À vie. Je combattre. Me cogne. Aux possibles et droit dedans. Bastonne le quotidiens. Je combattre. Étouffe le jour qui vient. Qui cogne. Un gros coups de vie. Une branlé au reste. Je combattre. Latte la nuit qui passe. Rentre dedans. Cogne. Je combattre. Contre et pour les contres. Direct. À pas moyens. À poids des mots. Je combattre. Lourd. Deviens mouvant, cogne l’eau. Suis liquide. Mur. Je combattre. À vie. À boue portante. On est dans la boue. La boue est en nous. Nous sommes lourd écrasants, chargé de siècles. Force de trop s’estompe, nous avons l’envers. Nous broyons la lumière. On est ombré. Tout tombe et nous faisons face. La boue nous porte et nous la portons. Comme une mise en bouche étouffante. Nous avons ôté le fer des sillons. On collectionne le fer, on échange le fer, contre le fer. Nous ne voulons rien quitter. Au matin pourtant tout change. Et revient. Les soutes, les chaînes, les chiens, les chars. Comme dans l’image mais en bruit. Nous fardeaux. Nous en ligne. Nous en chiffre. On coincé. Nous l’histoire. On passé. Le temps déborde, en fuite la vie. Vous ignares vous séniles vous canins. Nous la boue puis PLI /10


Fragments

Justin delareux

plus rien. On est bœufs aux yeux loin. La poudre en bouche, à boue portante. La terre l’épuisait et il épuisait la terre. Ces constellations de cris mêlés. Ces nappes berçantes. Ce faux silence c’est la grâce qui plombe. Fulgurance, au matin c’est la glace qui tombe. Il avait ouvert la porte de l’autre monde . Celui où certains se perdent. Il avait ouvert la porte seul. Affronté ses cents visages changeants, son propre reflet moqué. Affronté l’image tournante de ses démons. Tout petit, témoin de son temps. Témoin de la chute possible des siècles. De l’écroulement des formes. Dans le tout petit salon de sa nuit il se lève et prend son tout petit déjeuné. Il repense à la nuit qui n’est pas si loin il se dit que la nuit hélas n’existe plus. Il se demande d’où ça vient le matin d’où ça sort tout ça il se tiens là. Il choisi d’être triste ce matin. Dans son tout petit fort intérieur il est assis il s’assoie à l’intérieur de lui pour essayer d’y trouver les restes de sa nuit. Ce n’est pas le sommeil qui se poursuit ce matin c’est bien sa toute petite tasse devant lui qui fait dire que ce n’est pas le sommeil qui manque qu’il se dit. Mais quelque chose ne va pas quelque chose est resté de la nuit la nuit n’est pas passé pas tout à fait. Ce matin c’est décidé il laisse tout tomber de la tasse et du petit tout qui fait corps en lui. Chaque chose en son temps se dit il mais lui n’en n’a plus. Il n’a plus le temps de voir le jour pas l’envie ni la tasse ni la nuit. Quelque chose est resté. Ce matin il a décidé de boire sa tasse sans y penser. De ne pas y aller. De boire la tasse. C’est un tout petit jour qui se lève sans lui. Un gris sans raison, la nuit n’est pas si loin. Elle exhorte sans savoir le mot elle – C’est la révolte la vrai la révolte des droits la révolte au bout des doigts le voltage et le plasma c’est – Elle assure qu’elle est entité elle assure qu’elle non n’est pas image comme – Mais le mot c’est rattrape et on oublie le sujet devant le tu et tout ce qui suit – Elle s’insurge contre elle – elle se suit

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Fragments

Justin delareux

Je viens de lire que cette jeunesse n’avait aucun avenir, qu’elle n’en voulait pas. Je viens de lire que cette jeunesse n’avait rien à perdre. Sauf éventuellement la vie. J’ai vingt-sept ans. Je ne sais pas ou je me cache. Nous étions silencieux, profond, derrière le regard. Écrire serait donc travailler dans l’absence, avec l’absence. Notre cœur était enfant. Nous avons été porté par l’illégalisme. Porté mais dans l’ennuie. Il n’y avait rien. Deux cités d’une campagne ouvrière et agricole perdu entre deux champs. Nous n’étions rien. Nous n’avions rien. Il fallait étudier les cailloux de prêt et les fourmis. Très tôt les explosifs ont remplacés les bonbons. C’était un jeu. Le jeu de l’ennuie. Je ramassais méticuleusement l’herbe sèche entre mes mains. Mes mains étaient en râteau pour ne ramasser que l’herbe sèche. Puis nous faisions un petit puis avec la matière sèche, la matière morte, avec notre ennuie. Nous faisions un puis à l’intérieur duquel on brûlait, le papier des explosifs. Le petit puis prenait feu. Le feu prenait bien. Notre ennuie. Nous avons grandi. Et le feu aussi.

Marcher droit, un pas puis l’autre, poser le pied, sol, poser le corps, un devant l’autre, respirer, respirer hors société, respirer parmi les arbres, avancer, s’arrêter, deux pieds fixes au sol droit plat main long de corps poches, respirer, lever la tête, respirer encore, à bras en poche, se tourner, se tourner vers soi, puis se répandre, se quitter, s’envahir, marcher en étant débordé du monde à venir, penser au bout de la position des mots, secouer un arbres, secouer encore, crier à l’arbre, le bout de la position des hommes, soutenir le pas, les herbes molles, les feuilles rouilles de la lumière, les feuilles rouille du temps face au soleil, chaque claque de goutte suspend au temps, patiente, baisser la tête, la rouille mute en gris, le soleil brûle le fond de l’œil, le sol est gris par le regard, la lumière disparaît, revenir sur ses pas, revenir sur les pas de l’autre, faire le tour, poser le sol à ses pieds, supposer le corps devant l’autre, respirer, respirer hors société, respirer parmi les arbres, avancer, se déposer, là, se déposer entier. PLI /12


Fragments

Justin delareux

Je fais des allers et retours. Je ne suis pas la nature. Je ne peux pas la suivre. Je suis allergique à la nature. Je est un prétexte. Je fais des tours. Je tourne. Je ne suis pas naturel. Mon comportement est perturbé. Je tourne autour. Je fais des boucle. Je bouche. Je boucle. Je reviens. Je fais ce geste perpétuel. Je ne suis pas nature. Mon corps est contre nature. Je me vide. La nature me rend malade. Entre la graphie et le verbe j’incante. Je fais des ronds. Des rotations. Je vais sans fin. Comme le temps. Je reviens. Je creuse, sillonne. Un geste perpétuel. Un langage. La nature me repousse. Tout ce qui se développe m’écrase. La nature est mon inconfort. Je suis dans l’insupport. J’éternue. Je me vide. Je me vide de l’air je me vide de l’eau par les naseaux je me noie. Il n’y a rien de naturel à se noyer de l’intérieur. La nature m’empêche de sentir. Quand j’aspire j’expire. Je ne peux rien prendre de la nature. Je ne peux que rendre à la nature. Me rendre à elle. Si je sort je m’enferme. Elle m’étouffe. Je l’envie. Elle me vente. Je m’assèche. La nature me gratte. L’air épais et lourd, l’air granuleux me gratte. L’eau me brûle elle me plaques. L’eau est ce corps incandescent en moi. Je voudrais m’éteindre. Mon corps et la nature ne font pas bon ménage. Je me tiens à distance. Je suis à distance de la nature. Mon corps fait chambre à part. La nature partout me gratte. M’irrite. Je peux émettre et recevoir mon propre poison. Je ne suis pas étanche. Je fais des boucles dans le temps et dans l’espace. J’oublie le corps impossible. Je ne m’arrête pas. Je porte en moi un lieu à risque. Je supporte. Je boustrophe en un sens je lasse puis dans l’autre. Je vais, je viens. Comme un chant. Je renifle, respire, fragmente. Vivre ça ne va pas de soi. Je porte le courant dedans. Je suis contre-nature. PLI /13


Fragments

Justin delareux

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JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

Dont on fait les cabanes

1. le bruit insistant des feuilles mortes écrasées il dit qu’il attend la chute de cette grande masse liquide

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JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

2. la forĂŞt comme une chambre forte un coffre inconnu

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Dont on fait les cabanes



JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

Dont on fait les cabanes

3. mon lit de broussailles du haut du sentier je vois la rivière se couper en deux plusieurs fois ces cris nocturnes

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JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

4. il ouvre un sillon pour canaliser l’eau blanche il y a un champs d’herbe au bord de la forêt il soulève la pierre de la bascule à eau

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Dont on fait les cabanes



JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

5. il ouvre et referme sa porte en branchages il marche pieds nus devant les trois saules

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Dont on fait les cabanes



JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

6. il attend que la pluie le traverse de ces cailloux blancs je ne ferai rien

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Dont on fait les cabanes



JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

Dont on fait les cabanes

7. « et comment deviner que le courant clair tourne ? « oui, je veux retourner vers la forêt ancienne » Cette haie, les tiges les unes contre les autres alors j’ai frappé la pierre avec ce morceau de bois

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JEAN-MARIE GLEIZE et PATRICK SAINTON

cette lumi猫re, br没le et chante, ortie.

oui, nous habitons vos ruines, mais.

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Dont on fait les cabanes


Philippe Castellin

ça m’angoisse

Révolution provient, s’accumule, s’augmente, sourd, goutte après goutte, est une lenteur, une gravité, est un grondement, gronde, vient d’en-dessous,vient des caves, cavernes, des grottes, monte des souterrains, des terrassements, d’en bas, des cavités, des réclusions, est un bourdonnement de basses, vient de la base, est grosse, grossit, vient du fond, fin fond, monte d’un abime, est une exhumation, une génération, est une germination, une éclosion, éclot, vient du sol, du sous sol, secoue, fait secousse, est un frémissement, frémit, est un tremblement, un froncement, un fraichissement, est une fièvre dans l’air, une anxiété, est un épaississement de l’air, est un suspens, est une électricité, un souffre, un tressaillement, est un désarroi, est un désoeuvrement, une attente, est un effondrement, un écroulement, est un glissement, une faille, une faillite, une dérobade, une dégringolade, est un vide, est un trou, est un basculement, bascule dans le vide, est une montée, un remou, roule, tangue, est un roulis, une remontée, est une exaltation, soulève, fait soulèvement, est un grandissement, un surgissement, saillit, fait saillie, est une émergence, est un sursaut, est un sursaut qui commence par un cri, par une voix, est un attroupement autour d’une harangue, sont des orateurs, est un groupe, est une grappe, est un rassemblement, un cortège, sont des murs inondés d’affiches, sont des appels,,sont des mots colportés de tous à tous, sont des journaux à la criée, sont des journaux que l’on s’arrache, sont des comités de quartier, sont des comités d’usine, sont des comités de soldats et de paysans, sont des votes, sont des mains qui se lèvent, est une rumeur, un ruissellement, sont des torrents humains, est une confluence, est une hémorragie, un agglutinement, magnétise, est une aimantation, une attraction, est une ruée, est une crue, est mille cris, dix mille, cent mille gorges, est un engorgement, est une contagion, est une exultation, est un nuage de voix, est un emPLI /30


Philippe Castellin

ça m’angoisse

mêlement de paroles, sont les boulevards noirs de monde, grouille, bouillonne, est un embouteillage, un piétinement, est une cohorte, est une colère, une cohue, est une vague, est un enflement, est une avalanche, déferle, est une tache qui s’étend, est un étalement, est un épanchement, un delta, est une expansion, une éruption, est un tourbillon, tournoie, est une trombe, aspire, happe, balaie d’un revers, nettoie, met sens dessus dessous, jette à bas, met à plat, fait place nette, est un renversement, est une inversion, est un retournement, une démolition, détrône, désarçonne, défie, va au devant des troupes, conspue, ne recule, ne peut pas reculer, ne veut, ne se disperse, ne disparaît, revient à l’assaut, affronte, bouscule, presse, est ressac, est irrésistible, est un tumulte, une multitude, est un dépassement, sont des rues dépavées, sont des pelles, des pioches, sont des barricades, sont des soldats cernés, engloutis, absorbés, dissous, est une dissolution, est une submersion, sont des soldats qui tournent casaque, crosse en l’air, désertent, sont des trains de soldats qui stoppent, se rallient, sont des convois pris d’assaut, sont des armes qu’on s’arrache, sont des canons qui grondent au loin, sont des gardes fusils à l’épaule, baïonnette au canon, sont des mots d’ordre, des mots de passe, sont des laisser passer, des drapeaux, sont des drapeaux rouges à l’avant des autos blindées, sont des drapeaux rouges par centaines, sont des camions hérissés d’hommes en armes, est une paralysie générale, est une grève générale, est une insurrection, est une majorité, est une majesté, sont des barrages forcés, sont des grilles arrachées, est un débordement, une débâcle, une débandade, sont les sirènes des usines qui retentissent, sont les ministres qui détalent, sont les présidents qui démissionnent, filent, s’évanouissent dans la nuit, sont les bureaux déserts, les corridors vidés, sont des valises et des coffres déménagés en hâte, des rapports qu’on brûle, PLI /31


Philippe Castellin

ça m’angoisse

sont des taxis qui foncent vers les gares, les trains, les frontières, est une lézarde qui s’étire sur les frontons des ministères, est une fracture sur les façades des ministères, sont des tonnes de dossiers défenestrés depuis les étages des ministères, tombent en pluie, tombent en neige, en poudre, sent la poudre, est une foudre, tonne, est une détonation, est une force incrédule d’être si forte, gagne en assurance, est une arrogance, cherche à s’exercer, sait où s’exercer, a l’instinct, déploie ses membres, converge vers les tribunaux, les commissariats, vers le siège du gouvernement, vers les radios, les journaux, les ponts, les place fortes, fracasse les prisons, pille les arsenaux, dévalise les banques, met à sac, contrôle, assiège, encercle les parlements, est une expulsion, est une réquisition, une appropriation, siège, est une puissance, est une autorité, étend ses bras, saisit, s’empare, décrète, abroge, n’est pas une émeute, pas une révolte, une jacquerie, n’est un désespoir, n’est un feu de paille, est le pouvoir, est une stupeur devant tant de facilité, est une clameur, clame, est une acclamation, est une communion, est une proclamation, est une congratulation, est une embrassade, est une liesse, triomphe, est une ivresse, sont des drapeaux qu’on hisse, est un ouragan, est un hourrah.

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Philippe Castellin

ça m’angoisse

Il faut savoir terminer une grève.

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Philippe Castellin

ça m’angoisse

8856 - ordalie

par brûlage, par bûcher, par noyade, par crémation, par écartelage, par sac, par pierres, par lapidation, par torture, par pendaison, par fusillage, par mitraillage, par coutelas, par hachage, par écartélement, par exsanguination, par remplissage, par étouffement, par strangulation, par défonçage, par écrasement, par clouage, par crucifixion, par pendaison, par électrification, par décapitation, par assoiffement, par affamement, par potençage, par enfermement, par étouffement, par égorgement, par gazage, par chiens, par fauves, par crocs, par dévoration, par découpage, par coupage de mains, par coupage de pieds, par arrachage d’yeux, par tenaillage, par précipitage, par égorgement, par lacération, par dépeçage, par flêchage, par ensevelissement, par ébouillantement, par lynchage, par cisaillage, par perforation, par assommage, par éventration, par baïonnettes, par sabrage, par hachage, par gibet, par empalage, par fracassement, par trépanation, par écrasement, par bombardement, par injection, par explosion, par knout, par pilonnage, par pilori, par empoisonnement, par rouage, par engrenage, par évisceration, par trépanation, par cisaillage, par broiement, par secouage, par trainage, par mastication, par constriction, par garrottage, par suspension, par exposition, par sciage, par écorchage, par enterrement, par enchainement, par becquetage, par décomposition, par ébullition, par pourrissement, par emmurement, par vautour, par amour, par erreur

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Philippe Castellin

ça m’angoisse

8304 - tous se tiennent

En 1907, alors qu’Einstein invente la relativité et que Picasso peint ses demoiselles, Eugène Schueller, jeune brillant chimiste français d’origine alsacienne conçoit une formule permettant de teindre les cheveux. Du nom d’une coiffure féminine alors à la mode, et rappelant une auréole il la baptise «l’Auréale», et, pour pénétrer le marché de la grande consommation il acquiert la Société des Savons français, plus connue sous le nom de sa marque : Monsavon. C’est ainsi qu’en 1936, L’Oréal devient une SARL,

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Philippe Castellin

ça m’angoisse

et qu’ Eugène Schueller devenu riche, peut investir dans la formation d’un groupe d’extrême droite nommé « Comité secret d’action révolutionnaire» , mais plus connu sous le surnom de Cagoule groupe dont André Bettencourt fait partie et qui se réunit au siège de l’Oréal. Pendant l’Occupation, André Bettencourt dirige La Terre française. revue collaborationniste, et En 1942, Eugène Schueller envoie André Bettencourt en Suisse afin d’« aryaniser » la société Nestlé dont il est devenu l’un des principaux actionnaires. Après guerre, La filiale de L’Oréal en Espagne est créée PLI /36


Philippe Castellin

ça m’angoisse

par Henri Deloncle, le frère d’Eugène, elle emploie le cagoulard Jean Filliol, condamné en tant que co-responsable du massacre d’Oradour-surGlane, qui échappe ainsi à l’exécution de sa peine, et engage par ailleurs François Mitterrand comme directeur général du magazine Votre Beauté, dédié à la promotion des produits Loréal. Car tout se tient

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ĂŠlodie petit

cœur bat-pine pend


JOHAN GRZELCZYK

des-trous-dans-la-langue

glose en glosso lalies sur ligne tes syl labes mets du gloss sur tes signes ceux qui sonnent et songe y a des trous dans ma langue dont le sens se niche dans les tics, les inters tices, les plis les creux les pleins les cav ités forées dans l’idio me qui braille y a des trous dans ma langue les respi rations pour tant mu ettes se lisent en néga tif se prêtent à l’inter prétation, la pré dation petit jeu herméneutique pour parole chris tique y a des trous dans ma langue y en a plein des dé liés frac tures fric tions scis sions suc cession de lésions légion de liai sons niées pliées priées de se taire y a des trous dans ma langue PLI /39


JOHAN GRZELCZYK

des-trous-dans-la-langue

pour ex pier ta vol ubi lité tu te l’es ex cisée faut main tenant co tériser l’hos pitaliser, l’espital lier re trouver sa lis ibi lité y a des trous dans ma langue elle a ex plosé et ex pose, c’est cliché, son intim ité fait des pauses, prend la pose dé pouillée en écor chée y a des trous dans ma langue ouvrir les mains, laisser cou ler comme d’un pan ier percé se pencher pour ra masser ingur giter sa ra tion de mots fé conds n’y pense même pas faut pas rêver

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CHARLES PENNEQUIN

je plante

je plante un gros clou dans mon crâne. j’ai décidé. j’ai voulu faire un trou avec le marteau. je cogne. ça rentre. ça veut rentrer dans le crâne. le clou me perce. la tête peut regarder dehors. elle peut respirer de l’air. je peux enfin vivre avec un trou en tête. PLI /41


CHARLES PENNEQUIN

je plante

Pourquoi je n’aurais pas le droit de faire partie des humains. pourquoi on ne veut pas. que je ne fasse pas un bon humain. pourquoi je ne serais pas digne d’être quelqu’un. après tout. pourquoi on me dit qu’après tout tu peux t’en aller. tu peux sortir de l’humanité. t’as rien à foutre là. tu fais pas partie des humains. pourquoi on veut que je déguerpisse au plus vite. t’as rien à foutre avec l’espèce humaine. ta place est ailleurs. tu dois dégager. laisser place à l’autre. t’as plus rien à faire ici. il faut décamper au plus vite. ne plus laisser de traces. tu es un obstacle à l’autre. tu dois t’écraser. demeurer l’écrasé. faire partie des morts. et même des morts tu ne feras pas partie. tu feras partie de rien. tu seras plus que dans le rien de toi-même. le rien du toi qui pousse. se pousse. pour dégager la voie. plus faire barrage au reste. c’est-à-dire à l’espèce.

La démocratie ne respire pas si vous faites pas des trous dedans PLI /42


AMINA DAMERDJI

papa

Papa je veux être poète j’ai écrit aux chiottes mais je suis pas punk papa papa je veux être poète et tu m’as dit c’est pas de ton âge ma petite fille c’est pour les grands la poésie pour les gens assis la poésie papa je veux être poète j’emmerde ces cons au salon / tu m’as dit c’est pas beau ce que tu dis apprends à écrire de la poésie j’ai dit papa je veux être poète va dans les champs tu m’as dit renifles les blés te retrouver dans l’océan ma petite fille papa je veux être poète mais pas pour les vaches et leurs pies pas pour la bouse le cambouis j’aime pas le ciel je lui ai dit mais papa je veux être poète va sur la scène il m’a dit tiens le micro ma petite fille gueule un coup tu verras ça te reviendra en poésie papa je veux être poète sans parler des anges et de la pluie sans gueuler dans le métro sans métronome sans projo papa je veux être poète mais sans lyre anti-lyre radio télé micro papa je veux être poète mais nues pattes jambes en vrac avec le roquefort plein la langue et des petits mots tendres papa je veux être poète t’as rien compris tu m’as dit choisis ton camp et c’est tout ou le salon ou le spectacle arrête maintenant tes salades papa je veux être poète ça t’arracherait la gueule de dire autre chose papa je veux être poète ou je m’arrache vraiment pas ma gueule mais mon cœur pas pour dire mon amour pour dire que je meurs je l’arrête et c’est tout papa je veux être poète débrouille-toi ma petite fille t’es prévenue ma sirène tu crèveras sur la rive papa je veux être poète j’ai écrit cinq cents pages j’ai fait plein de collages j’ai dit moi quand le monde j’ai dit monde à ma place papa je veux être poète eh bah t’y es qu’est-ce que tu me chantes prends ton pied mon ptit ange mais papa je veux être poète j’en ai marre de copier j’en ai marre d’hésiter papa je veux être poète j’en ai marre d’avoir peur d’être démodée papa je veux être poète j’ai viré son et modernité mais de tout ça quoi en rester papa je veux être poète PLI /43


CHARLES PENNEQUIN

je plante

J’en ai marre. Marre de pennequin. Charles pennequin j’en ai marre. Marre de sa phrase, sa parole. Paroles en phrases, bouts de mots, points. Charles pennequin j’en ai marre de ses points, de ses virgules. Charles pennequin j’en ai marre de sa voix, sa critique. La critique en voix. Le cri et le tique j’en ai marre charles. Charles marre j’en ai de ton rythme et tes peaux, poétique du rien, du nul. Charles t’es nul. Y’en a marre charles charles pennequin. Charles ras le bol des phrases des mots tout ça tourne. Tout ça est tournant, donne le tournis. Charles ras le bol de tourner, et de parler de tournis, ou de quoi que ce soit. Quoi que ce soit ou pennequin. Ça ou rien. Charles. Pennequin. Phrases charles pennequin j’en ai ras le cul de toujours retomber où on t’attend, on t’attend là et t’y es, t’es là et y en a marre, ras le cul charles de pennequin. De ce que tu penses, et surtout penses pas, de ce que tu dis, et surtout dis pas, charles dis plus rien, et dans le dis plus rien charles encore trop, trop de charles, charles ferme là et dans charles ferme-là encore trop de pennequin, trop de fermé, et aussi trop d’ouvert, de dedans trop et puis de la voix, la voix qui va dehors, la voix qui veut sortir, la voix qui dit peut-être charles veut quitter la physique, peut-être charles veut se casser de pennequin. Charles ras le bol de pennequin et pennequin ras le bol de charles. Faites chier.

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KEVIN HAUTEFEUILLE

Deux gravures



CHARLES PENNEQUIN

je plante

je ne sais pas si je vais encore me regarder je ne sais pas si je vais apprendre à plus me voir le jour où j’apprends à plus me voir je saurais me regarder je regarderais le trou où je me suis parlé la dernière fois la dernière fois où je me suis vu j’ai essayé d’ignorer ma tête quelques instants j’ai essayé de m’oublier en tête quelques temps avant de me revoir de me revoir en mots sortis tout droits du trou d’où j’aurais disparu disparu de ma vue comme un cloporte

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KEVIN HAUTEFEUILLE

Deux gravures

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JOHAN GRZELCZYK

duboisdontonfaitlescoups

j’imagine une scène à bâtons rompus une scène fictive sans planches ni tréteaux mais une scène où l’on rompt du bois, où l’on met en morceaux de l’homme, une scène de fiction où l’on casse de l’homme en tapant dessus avec du bois, où l’on rompt le bois en brisant les membres, où l’on démembre à la volée, à volée de bois vert, ou autre, où l’on génocide à coup de bois comme si c’était des haches, des haches avec lesquelles on brise de tout bois les membres de l’humanité sur cette scène, gare aux mots on n’y passe pas à tabac, on tabasse on tabasse en temps, un seul mot qui circule par rebond et crépite mat sur les cotes cassées, frac-tu-ré, en trois temps, ça ricoche, ça débite de l’homme comme à la scierie le bois ici on scie du bonhomme, il y a du sang sur la lame, on dénombre du pied, on rime, on césure, on hémistiche aussi, ici on décime à la volée, à la volée de vers sur cette scène sans tréteau ni planche, on abat de l’humain comme si c’était de l’arbre, de l’arbre dont on ne voudrait plus, de l’arbre dont on ferait les planches, les billots ou encore les manches de haches dont on ferait le bois avec lequel taper sur l’homme j’imagine un crève-coeur qui opère en toute acrimonie qui accroît les gutturales et aiguise les lacrymales c’est qu’avec le son sang on fait saigner les hommes, on fait sonner leurs membres, on les bastonne au bois de la hache, au bois qui bat, au sang des tempes, on les dissout à l’aigre acide du génocide PLI /49


JOHAN GRZELCZYK

duboisdontonfaitlescoups

on les démembre en les nommant

cette scène, je l’imagine et je la nomme avec des mots, parce que je n’ai que ça sous la main et parce qu’il n’y a que des mots pour faire ça, pour imaginer n’importe quoi, n’importe quoi d’inimaginable ou d’indicible ou de réputé tel, avec des mots, il n’y a que les mots des hommes pour dire l’homme qui met l’homme en morceaux, le lamine systématiquement, le hache menu en tapant dessus avec du bois, j’imagine une scène où l’on réduit de l’homme en poussière, de la poussière de monsieur madame, de la sciure d’humanité c’est en tout cas ce qui s’y dit dans les faits il reste toujours quelques morceaux plus gros que les autres sur scène c’est de sable dont il est question, mais ce n’est que prétention forfanterie de l’homme qui raconte, forfait des mots de celui qui dit ses forfaits quand on tabasse de l’homme, il reste toujours de l’os sur cette scène on articule les mots de l’homme mis à mal, de l’humanité mise à bas les mots des membres désarticulés, des articulations luxées, des os fracturés les mots qui font mal à ceux qui ne sont pas faits du bois dont on fait les maux, du bois des manches, du bois des haches, du bois que l’on brise sur le dos des hommes que l’on casse j’imagine une scène de membres brisés, de bâtons rompus, une scène fictive de mots prisés cette scène je vous la nomme, cette scène je vous la vois

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ĂŠlodie petit

cœur bat-pine pend


ĂŠlodie petit

cœur bat-pine pend

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SIMON LE LAGADEC

Drift

«On ne définit que par désespoir. Il faut une formule; il en faut même beaucoup, ne serait-ce que pour donner une justification à l’esprit et une façade au néant.» E. M. Cioran

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SIMON LE LAGADEC

Drift

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STEPHANE CHAVAZ

Cherche-moi dans le BIG plutôt que dans le bang.

Cette amphore Des femmes Ils l’ont pensée On l’a faite Avant Il l’a bien roulée Elle a roulé Sur route Il y a ceux Qui l’ont remplie Roulée Vidée Engroupée Mal de mer Vin gros Vin fin enfin La mise à l’écart Supplantée caduque La mise sous étude La mise au musée Moi je la vois au musée Retapée tant bien que Zieutée plus palpée Morte devant l’admiration brève Un jour Un qui pissera dedans Dernier jus Avant Ils Dirent PLI /62


Non Sauf Un Pourquoi pas C’est lui Le Mat Le peu engageant Choisi Pour notre Futur Il Faudra Toute notre Joie De dorure Je vis L’impasse De mon époque Mon impasse Je bute Sur mon époque Il serait Heureux De sur la butte Regarder Passer Mon époque folle Sans moi Dedans J’ai là Dans mon dedans De l’époque A malaxer PLI /63


Les Comètes Et Moi C’est Queue Sur Queue Vous Comprendrez Mieux Nos écarts Quand Vous Saurez Que Nous ne sommes Pas Les Agrégats Des Mêmes Atomes Une Etoile En Fin De Vie Pas d’euthanasie Bientôt Le PLI /64


STEPHANE CHAVAZ

Cherche-moi dans le BIG plutôt que dans le bang.

Soleil Sera Impuissant Sur Le nouvel Icare Je Suis Mi-homme Mi-homme Inférieur En Mon tout A La poussée De Mes Deux moitiés

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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MARC PERRIN

Spinoza in China, 1er novembre 2011

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JOCELYN GASNIER

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MARIUS LORIS

Bourgeoisie

Bourgeoisie : nom à consonance dominante.

L’enkysté de tous ses préjugés géologique. Il faudrait la destruction d’une matière fissible (la bourgeoisie) - une vieille idée atomique - atomisée (l’idée) depuis trop longtemps, éparpillée (l’idée) par cerveaux perdus, par cerveaux interposés atomisés (l’idée) par leur préjugés atomiques, elle s’est fait oubliée (l’idée) de la destruction de cette matière fissurée mais jamais claquemurée, toujours à emmerdée, à bailler ses préjugés géologiques, à dire ce qui est, à dire ce qui se fait, à dire son monde, à lire Le Monde dans les chiottes découpée sur la rondelle des toilettes et du saucisson de la pensée, paraît que c’est un gros mot (la bourgeoisie) tant pis, elle rétorque « c’est celui qui dit qui est » (la bourgeoisie) et hop le tour est joué, oubliée déjà (l’idée) car la digestion a commencé, elle a tout avalé (la bourgeoisie) elle a avalé les vieux gauchistes qui n’étaient pas pauvres, elle a avalé aussi les pauvres qui n’étaient pas gauchistes, avalé les pauvres tout court, avalé ceux qui n’en avait pas (d’idée), elle les a avalé en rondelle de sa pensée pour les digérer en quelque chose de socialement comestible, en quelque chose de possible, de non-fissible qui n’y ressemble pas (à l’idée) mais à la bourgeoisie, en quelque chose de mangeable, d’avalable en un trait, en une rondelle, en quenelle de sa pensée, avalé au fond d’l’intestin bêle.

(Syn) le grand estomac, la digestion de tout ce qui n’est pas d’elle, de ce qui fait grossir, de ce qu’il faut engloutir. (Ant) La Révolution : une lente opération de déglutition, un procédé vomitif.

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EMMA DIXON

End


Yannick Torlini

sisyphe pour un lyrisme

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Yannick Torlini

sisyphe pour un lyrisme

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Yannick Torlini

sisyphe pour un lyrisme

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Yannick Torlini

sisyphe pour un lyrisme

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Yannick Torlini

sisyphe pour un lyrisme

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NICOLAS DAUBANES

Sabotage

BÉTON VIVANT Le béton est matériau de la modernité. Il est fondateur. Il est au cœur du projet contemporain des villes du XXe siècle. Il est censé fixer le temps, repousser ses limites. Cependant, il ne résiste pas toujours, d’où son corolaire postmoderne, le plastique, lui, si fragile et malléable, qui se recycle avec le temps. Le béton fut bien le signe d’une époque en apparence indestructible dont le destin qu’on lui prête est de résister à tout et à tous ; c’est une matière chargée de progrès et de promesses d’éternité. L’Histoire en jugea autrement. Le béton dure au-delà de ce que l’on pense, mais géant au pied d’argile, il se dissout, se détruit, revient à son état de poussière, à sa fragilité. Saboter, c’est toujours entraver en son sein la machine de l’exploitation. Le sabotage est une affaire de révolte, bien avant d’être une affaire de résistance. Le sabot que l’ouvrier jetait dans la machine, dans l’outil de travail, est de cette réalité ; la pomme de terre qui aggravait la blessure du poilu en 1917 est également de cette nature : du dedans, piégé, la seule solution demeure d’entraver voire de détruire ce qui nous fait vivre. Ce n’est pas une affaire de courage, c’est une histoire de la misère humaine. Quand l’opulence est venue, quand on a su lutter contre la maladie, et en profondeur quand on a établi l’idée que l’homme pouvait survivre au-delà de ce que l’on entendait jusque-là, les guerres entre les nations sont apparues pour utiliser le corps social dans ses batailles en boucherie. Le sabotage est devenu alors autre chose. Ce n’était plus de révolte qu’il s’agissait, ni pleinement d’actes de résistance. Saboter le Mur de l’Atlantique ne fut jamais un projet de la Résistance française, pourtant, les histoires d’entrave à sa construction viennent jusqu’à nous aujourd’hui. L’adjonction de sucre ou de sel dans les bétons des blockhaus aurait été faite individuellement, comme autant d’actes d’engagements isolés et mystérieux. Ces faits apocryphes renvoient cette image positive d’une résistance infiltrant toute la société française. Au-delà, c’est surtout, ici et maintenant, une métaphore impossible de la dégradation de l’invulnérable. PLI /93


Faire revivre des histoires dans des coulures de béton, c’est une bien drôle d’idée. En projetant les fantasmes de l’après-Seconde Guerre mondiale, dans la nudité contemporaine d’un béton qui s’effrite, on retrouve la puissance d’une œuvre en grand format qui s’autodétruit. L’autodestruction est radicale, surtout quand le sujet se prend pour objet de sa propre violence ; l’escalier comme objet de la durabilité est aussi en forme d’hélice d’ADN, un symbole de la vie à l’état pur, une figure hypnotique du vortex devenant tout à la fois l’emblème et l’instrument de ce vertige propice à l’autodestruction. Les conduites autodestructrices ont cette vertu d’épargner autrui ; c’est contre une partie de soi que le sujet tourne sa rage inconsciente. Toute autodestruction est une ironie de l’histoire qui relativise tout, la justice, la morale, la vérité, mais aussi le sublime et le meilleur, rien n’est réellement important quand on sait que l’on va mourir. L’autodestruction de l’œuvre est aussi un projet benjamien. Refuser la reproductibilité, répétée, jouée, exposée, impose d’étouffer le jeu social de l’art, de faire apparaître l’objet de la destruction, l’autodestruction qui se joue dans l’œuvre. Pour que l’œuvre apparaisse comme pure apparition, « son mode d’exécution » doit être tue au point que l’on ne pense même plus qu’elles puissent exister. Depuis, à l’âge de la modernité avancée, le béton est devenu objet de recherche chimiobiologique. C’est désormais un matériau de construction d’un nouveau genre, capable de colmater tout seul, et en un rien de temps les microfissures grâce à une armée de bactéries injectées à l’intérieur. La projection de la vie dans l’inerte ravive notre projet secret révélé sombrement par Mary Shelley. À L’âge où la production annuelle de béton est de plus d’un mètre cube par humain, la quête scientifique et technique est clairement de produire un béton vivant qui se soigne. La symétrie des recherches sur le corps humain est alors frappante, la symétrie avec l’œuvre est alors troublante. L’autodestruction de l’œuvre est chargée du passé, elle signifie simultanément la révolte, la résistance, la résignation, la fuite, la mort ; au présent, l’architecture du vivant. Texte de Dominique Sistach pour Nicolas Daubanes PLI /94


NICOLAS DAUBANES

Sabotage


Des lieux associatifs pour les jeunes

ALEXIS JUDIC

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BEURKLAID

Porcherie

la jambe humaine flottante radioactive la jambe humaine flottante radioactive accusée de sodomie avait tué auparavant plus de 5000 bébés chinois avec un nouveau cocktail au lait frelaté et au césium. en fauteuil roulant en décomposition la jambe humaine flottante radioactive a asséné 49 coups de zizi dans la bouche de 600 travailleurs népalais étranglés et ce en direct. la jambe humaine flottante radioactive a violé 6 hommes sauvagement les a enfermés dans un conteneur d’entreposage de détritus sans hygiène pendant plusieurs jours le remplissant de centaines de cochons cancéreux et fluorescents morts d’arrêt cardiaque et l’a ensuite bombardé chirurgicalement. la jambe humaine flottante radioactive a coupé le pénis d’un stagiaire infecté par ebola. ce stagiaire une chaine de tronçonneuse coincé dans le cou fatigué d’avoir trop travaillé tentait de se suicider à coup de marteau et à coup de couteau et se finira par une balle dans la tête peut-être. ce dernier voulait la violer à plusieurs reprises lui voler son téléphone portable et sa carte bleue puis la cuisiner la manger assaisonnée de fongicide de pesticide et de kérosène biobactériologique. rappelons que la jambe humaine flottante radioactive devait être sélectionnée pour le championnat de monde de l’attaque suicide en juin prochain. la police l’a retrouvée baignant dans une mare de pisse au fond d’une poubelle.

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BEURKLAID

Porcherie

Son décolleté son décolleté et ses faux seins ont créé la polémique le guignol ministre bande pour une actrice minable refaite il lui a offert un cadeau un peu gênant une pneumonie allemande et une bouteille cuvée contribuable exclusif sa soeur serait une star pédophile des années 80 il a exhibé sa collection de chaussures de luxe devant la presse servile les crétins de wall street ces voleurs finissent la semaine de bonne humeur car il y a eu des victimes dans des heurts avec la police chez les salafistes barbus du bled loin où c’est tout sec mais où au dessous y’a des minerais à piller et d’autres veines à saigner pas un jour ne passe sans qu’ils nous montrent combien ils s’aiment les 100.000 foyers privés d’électricité chez les larbins beaufs de province leurs petits lotissements atomisés vie de merde les 25 ensembles des plus funny et sexys pour les nés sans doigts qui en profitent pour nous dévoiler leur hallucinant salaire pour une heure en boîte de nuit topless retrouvez les actualités ce sont les sports et les finances et les produits pour elles et pour lui on va lui faire bouffer ces moustaches de hipster et son slim profitez-en découvrez comment cette ex-star dépressive toute refaite bouche en canard a isolé sa demi-soeur estropiée et l’a défigurée en chemise rose et mini-jupe pendant le photo-call 10 trucs make-up à lui piquer pour ressembler à cette triste poufiasse cliquez ici pour voir les autres photos des morts découvrez les cours de la bourse des matières premières et où ça crève le mieux et le plus vite découvrez comment elle a dit adieu à sa petite robe noir et argent et comment on en a rien à foutre d’elle qui a un nouveau boyfriend de vingt ans son aîné qui la trompe avec sa voisine grand-mère paralytique découvrez les photos de leur chambre design qui pue la haute-bourgeoise pornographique et la chambre tout en cuir et en diamant de leur enfant euthanasié parce qu’il en avait déjà trop vu sur sa tablette numérique quant à la première dame elle était sublimement à l’aise dans son sac poubelle la tête coupée on craque pour sa collection de bijoux friandise à base de restes humains offre spéciale lancement vente PLI /98


BEURKLAID

Porcherie

privée connectez-vous vite et identifiez-vous pour tout savoir avant tout le monde bonne nuit à toutes et à tous.

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CHARLES PENNEQUIN

je plante

nous marchons comme des morts, nous avons la tête basse, nous descendons à la pendaison dans la société, nous somme les familles de morts en action, nous nous dévorons sans savoir, je veux dire nous influons de la mort dans nos têtes, la mort nous permet de penser, notre action pue, notre détermination est puante aussi, honte à la vie, honte à ce néant qui tourne, il tourne autour de nous, il nous faut crever continuellement par nos actions. PLI /100


ĂŠlodie petit

cœur bat-pine pend

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sans titre (storyboard)

EMMA COZZANI

d’après «bikini atoll declassified film, 1946, USAF»

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hédi cherchour

La veine

La veine C’est la veine qu’elle voit sur la banquette avant, la veine du passager du siège du passager avant. La veine sur la nuque. Il y a la mère sur ce siège du passager avant. La voiture roule. Sa veine sort de ses cheveux noirs et traverse Sa nuque sur le côté, sous sa peau, puis la veine descend sur l’épaule pour ensuite s’engouffrer quelque part dans le dos de la mère. C’est la veine. Elle voit très correctement la nuque de la mère, le profil de la mère aussi. Un visage légèrement tatoué du signe de la tribu des Abid Cheraga. Les Abid Cheraga sont déjà une tribu oubliée au milieu du XIXème siècle mondial près de Mostaganem. Mais la mère est tout de même tatouée en 1976, et, elle dévore du regard une route de platanes et de soleil qui s’éclate sur le pare-brise d’une Ami 8, la leur, dans ce pays nouveau. La mère ce passager avant, d’une veine calme et silencieuse, et épaisse. Elle observe et pense à cette veine, elle sur la banquette arrière, elle pense fort à la veine de la nuque de la mère à l’avant. Elle pense que cette veine est un corps étranger à la mère. Elle n’avait jamais remarqué la veine de la nuque de la mère avant. Surprenante découverte sous les vroums-vroums d’une Ami 8. Ça fait un peu peur de voir cette veine de la nuque du passager avant. PLI /107


hédi cherchour

La veine

C’est la veine qui a fabriqué des enfants, la veine à l’avant de la voiture en marche et les enfants sur la banquette arrière. Une veine sur la route. Une veine circule avec force de vivre et papiers d’identités. Ils rongent le temps de la route. Tous ensemble. Il passe le temps de la route du soleil, il roule vite le temps, entre les secondes même il arrive à rouler, encore. Le temps, le phénomène tangible. Elle ne comprend pas pourquoi la mère a une aussi grosse veine à la nuque, elle ne comprend pas à dix ans. Une veine épaisse comme un serpent. Un serpent puissant est bloqué dans la veine de la mère, l’inquiétante vision de la veine-mère dans son axe de vision. Et derrière sur la banquette arrière il y a des petits enfants serrés sur les genoux. Des petits passagers arrière qui chaussent du 22 au 31 et silencieux. Un serpent veille dans la veine, le serpent est le signe des Abid Cheraga. Le serpent est bon, il est bien installé dans la nuque de la mère. L’Ami 8 est leur voiture en France. Ils aiment leur voiture comme un parent, la voiture Ami 8. Ils se promènent dans l’Ami 8 le dimanche après-midi en 1976 dans une voiture en langue étrangère dedans. Ils visitent le nouveau pays où ils se sont installés l’autre année. Ils sont bien habillés pour ce projet dominical, visiter la région des platanes. Tous, habillés proprement. Ils roulent vers Orange, Baucaire ou PLI /108


hédi cherchour

La veine

Buis les Baronnies. Ils roulent de la veine à vitesse grand V dans l’Ami 8. Le silence d’un voyage parfumé d’odeurs d’essence, Ami 8. Elle s’en souvient. Une odeur qui rentre dans la mémoire directement. Les effluves du carburant de l’Ami 8 dans les têtes des enfants, une odeur vraie. L’explosion de l’odeur tape dans le crâne et la mâchoire comme une dérouillée. Ils s’en souviendraient. C’est l’après-midi visite du pays où ils ont posé leurs valises et leurs photos d’avant. Ils sont venus dans ce pays, lui d’abord, le père. Après eux, le reste de la famille. Ils se sont regroupés dans le vaucluse, dans un village, après s’être séparés à Mostaganem, un jour gentil, triste et con, le jour de la séparation à Mostaganem. Lui il vivait tout seul dans ce village français après la séparation Mostaganem. Puis il est parti les chercher un beau matin à Marseille, au port. Il avait des sous. Il avait aussi une voiture pour venir les chercher et les conduire dans leur nouvelle vie à tous. Ils sont descendus du bateau avec leur fatigue et leurs doutes et leurs cartes d’identités seulement en 1975. Et la joie aussi au coeur de descendre du bateau, quand le pied tape sur le quai. C’est le moment du regroupement familial d’humains du même sang en vrai, du même regard et du même sourire et du même flip. Ils ont reconnus le père sur le quai qui les attendait. Ils ont salué le père PLI /109


hédi cherchour

La veine

sur le quai. Ils se sont regroupés sur le quai. Ensemble, sous le même regard. Il y a les plus grands qui le reconnaissaient mais pas les deux derniers. Tout le monde était heureux sur le quai, contents de se retrouver. « Bonjour ça va on y va ok dans notre nouvelle vie. » Ils vivent dans le centre-ville d’un village fleuri, un peu cassé au milieu. Les enfants se souviennent un peu de Mostaganem mais ils préfèrent surtout jouer dans la rue du village et sucer les glaces du marchant de glaces ambulant monsieur Lescuyer. Ils préfèrent faire ça. Tous les dimanches le père ordonne à son clan de visiter la région proprement. C’est du sérieux ce qui se passe dans la tête de cet homme-là. Il souhaite leur montrer combien ce nouveau pays est beau et grand et bien et qu’il a raison de s’être regroupé avec sa famille ici. Il veut montrer au monde entier et à son patron que dorénavant il n’est plus seul et qu’il est ensemble. C’est son projet du dimanche au père. Ils visitent la région cette après-midi. Ils roulent puis s’arrêtent dans un pré pour prendre une photographie en souvenir de cet instant des années 70, devant l’Ami 8. C’est l’odeur des foins, de la paille fauchée. C’est du « bonne santé » qui rentre dans les bouches et les poumons des visiteurs d’une campagne ardéchoise maintenant. L’Ami 8 s’enfonce encore dans les campagnes, les fermes. Avec leurs cheveux frisés, ils croisent les poules et les tracteurs, moissonneuses et champs de vignes. PLI /110


hédi cherchour

La veine

Ils sont fatigués de rouler les yeux grands ouverts et noirs, un temps. Ils s’arrêtent dans un village à midi, ils descendent de la voiture sur la place d’un marché. Le père réfléchi à ce qu’il doit faire et à ce qu’il doit leur dire maintenant. Ils attendent la décision du père devant la voiture garée. C’est lui qui sait où il faut aller maintenant, c’est lui qui a fait le regroupement familial, lui qui connaît les chemins de ce pays. Alors qu’est-ce qu’il fout ? Ils attendent et la décision ne tombe pas. Ils voudraient que le père prenne une décision. Le père regarde la place du marché et écoute le son du marché, on dirait. Des tomates, des fleurs et des villageois ensemble sous les yeux du père. Il propose de faire une promenade du marché. Alors, ils traversent les allées du petit marché. Lui devant, la mère et les enfants derrière. lui connaît les chemins de cette région. Ils lui font confiance, c’est lui l’instigateur de cette histoire d’immigration. Elle regarde la mère toucher des fruits, des légumes. La mère demande à la fillette de traduire au maraîcher quelque chose. Elle traduit. C’est bon. Ils repartent du marché. PLI /111


hédi cherchour

La veine

Ils vont déjeuner dans le petit parc de ce petit village. En face de la gare et du bar PMU. Ensemble et bien habillés. Ils sont assis dans l’herbe et ils déjeunent. Ils sont en visite dans ce petit village, c’est un dimanche d’algériens ouvriers en france. Des villageois traversent le petit parc. Des villageois blancs et gros ou maigres, petits ou grands, rigolos ou tristes, des gens. La famille regarde des villageois passer. Ça fait partie de la visite de voir des villageois rentrer chez eux. Il y a des « bonjours » qui s’échangent par moment. Chacun dit ce qu’il veut à qui il veut, quand il veut.

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EMMA DIXON

Edible Paper



Ce numéro de la revue PLI a été conçu entre fin septembre et début décembre deux mille quatorze. La revue a été tirée, dans un premier temps, à cinquante exemplaires numérotés. Imprimée par l’Arbre aux papier, le Mans, puis distribuée par voie postale ou de main à main. Quelques exemplaires de Pli sont déposés à la librairie L’herbe entre les dalles. La revue est archivée au Centre International de le Poésie, Marseille. Chaque couverture monotype et un dessin originale signé daté dans chaque ouvrage.

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Action pour une grève quotidienne direction / rédaction / maquette / coordination : justin.delareux@gmail.com PLI /115



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