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Étude de la nuit de Chavou’ot
tous seront inscrits dans le livre du souvenir. Et le Saint béni soit-Il leur accorde soixantedix bénédictions et couronnes émanant du monde d’en-haut.
Pour comprendre les paroles du Zohar, il faut expliquer que le jour du don de la Torah (matan Torah) est appelé jour des noces (yom ‘hatouna), car, en ce jour, le Saint béni soit-Il s’est lié à l’Assemblée d’Israël comme un fiancé s’unit à sa fiancée. Chaque année, à Chavou’ot, cette notion de don de la Torah se révèle à nouveau, et l’Assemblée d’Israël se réunit au Saint béni soit-Il, comme une fiancée à son fiancé. Les kabbalistes disent que l’étude de la Torah, la nuit de Chavou’ot, prépare l’Assemblée d’Israël à la réception de la Torah, de la manière la plus belle. De cette façon, quand vient le jour, elle a le mérite de s’élever vers le Saint béni soit-Il, de se lier et de s’unir à Lui davantage. Grâce à cela, Israël mérite abondance de Torah, de vie et de bénédiction pour toute l’année.
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Rabbi Isaac Louria (le saint Ari) enseigne que toute personne qui se livre à l’étude de la Torah toute cette nuit, ne dormant pas même un instant, se voit assuré de terminer son année, et qu’aucun dommage ne lui arrivera cette année-là, car toute la vie de l’homme dépend de cela. Une autre raison est donnée à cette coutume : le jour où les enfants d’Israël reçurent la Torah, ils dormirent longtemps, et Moïse notre maître dut les réveiller à l’approche du don de la Torah, comme il est dit : « Moïse fit sortir le peuple du camp, au-devant de la divinité ; et ils se tinrent au pied de la montagne ». Or il y avait en cela un défaut, car les enfants d’Israël ne s’étaient pas préparés ni n’avaient attendu comme il convient le don de la Torah. Afin de réparer cette faute, on a coutume de s’adonner à l’étude de la Torah toute cette nuit, en guettant et en désirant ardemment la lumière du don de la Torah, lumière qui se dévoile de nouveau chaque année à Chavou’ot.

Autrefois, seuls quelques hommes pieux avaient coutume d’étudier cette nuit ; mais il y a quatre cents ans, suite aux propos de Rabbi Isaac Louria, la coutume commença de se répandre, au point de devenir l’héritage d’un grand nombre. Cependant, les kabbalistes ont grandement mis en garde le peuple, afin que ceux qui resteraient éveillés se livrassent à l’étude de la Torah toute la nuit, sans gaspiller leur temps en vaines paroles. Quoi qu’il en soit, il n’est pas obligatoire de suivre cette coutume, et ceux à qui il est difficile de rester éveillés et d’étudier toute la nuit sont autorisés à dormir. Certains des plus grands maîtres eux-mêmes préféraient dormir, la nuit de Chavou’ot, car ils estimaient en leur for intérieur que, s’ils restaient éveillés toute la nuit, ils ne pourraient se concentrer convenablement pendant la prière de Cha’harit et celle de Moussaf, ou qu’ils ne pourraient étudier, la nuit, de manière suffisamment éveillée, ou qu’ils seraient contraints de rattraper ces heures de sommeil, au point que cela entraînerait une perte de temps d’étude (bitoul Torah), ou bien encore qu’ils ne pourraient se réjouir convenablement pendant la fête, à cause de la fatigue.
Toutefois, ceux qui restent éveillés estiment que, même si l’étude de cette nuit n’est pas d’une grande qualité, et s’il est difficile de se concentrer pendant la prière du matin, cette coutume sainte est l’expression de l’amour de Dieu et de l’amour de la Torah, et que, bien au contraire, elle dénote un degré particulier d’abnégation en l’honneur du Ciel et en l’honneur de l’Assemblée d’Israël. Il est juste que chacun choisisse sa coutume au nom du Ciel (léchem Chamayim).

Contenu de l’étude nocturne
Il existe deux coutumes, quant à l’étude de la nuit de Chavou’ot, et l’une et l’autre sont bonnes. D’après la première, instituée par les kabbalistes, on lit les trois premiers et les trois derniers versets de chacune des parachiot de la Torah ; certains paragraphes sont cependant lus dans leur intégralité, comme celui de la révélation du Sinaï et les Dix commandements. Après le Pentateuque, on lit les trois premiers et les trois derniers versets de chaque livre des Prophètes et des Hagiographes. Puis on lit la première michna et la dernière de chaque traité de la Michna ; cependant, certains n’ont pas coutume de lire des textes de la Michna. Ensuite, on fait la lecture des six cent treize mitsvot.
Puis, des textes midrachiques sur le don de la Torah. Viennent alors la Idra Rabba et d’autres extraits du Zohar.
Outre ceux qui suivent constamment les coutumes kabbalistiques, cet usage a été adopté par d’autres communautés. C’était en particulier la coutume du Gaon de Vilna, du ‘Hatam Sofer et du Rav Elyahou David Rabinowitz-Teomim (Adéret). Certains disent qu’il est bon de réciter cet ensemble de textes, nommé Tiqoun, dans le cadre d’un minyan. La seconde coutume consiste, pour chacun, à étudier ce que son cœur désire, comme le disent les sages : « L’homme ne saurait étudier la Torah qu’au lieu que désire son cœur ». De nombreux étudiants de yéchiva ont l’usage d’étudier la Guémara, comme ils en ont l’habitude en toutes leur sessions d’étude. Certains choisissent d’étudier des textes évoquant la valeur de la Torah ou la sainteté de ce jour. On raconte que l’auteur du Teroumat Hadéchen (qui vivait il y a environ six cents ans) étudiait le Séfer Mitsvot Qatan, et parfois les Lois de l’étude de la Torah de Maïmonide. D’autres ont l’usage d’étudier le Séfer Hamitsvot de Maïmonide ; le Rav Kook avait ainsi coutume, la nuit de Chavou’ot, de donner une longue leçon basée sur le Séfer Hamitsvot. D’autres ont l’usage d’étudier quelque sujet qui les intéresse, afin de pouvoir se concentrer malgré la fatigue. COPYRIGHTPNINEHALAKHA

La Yechiva d’Aix-les-Bains