Janvier, février, mars 2012
N° 145
FONCABA
België/Belgique P.B./P.P. 9099 GENT X BC 10999
Formation de cadres africains Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles (Belgique) - Tél: 02/2010383 Fax: 02/2051739 e-mail: info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be
Karibu Le Congo après les élections La résolution de conflits au Burundi et à Bukavu Bureau de dépôt Gent X - P602401 1e trimestre 2012
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contenue
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4 Congo La population est mûre pour la démocratie Après la déception des élections du 28 novembre 2011: comment faire mieux pour les prochaines élections locales et provinciales? 8 Congo Une période post électorale agitée Le partenaire RODHECIC fait une évaluation du processus électoral 14 Congo La médiation fonctionne Au lieu d’aller au tribunal, les familles en conflit arrivent à un compromis
editorial Fin novembre 2011, la République Démocratique du Congo a entamé un nouveau processus électoral en commençant par les élections présidentielles et législatives. Les résultats ont largement été contestés par l’opposition, la société civile, l’Eglise et la Communauté internationale. La fraude et le manque de transparence ont provoqué des réactions violentes. La population qui est mûre pour la démocratie n’accepte pas qu’on lui “vole ses voix”. C’est une attitude qui interpelle nos partenaires et les autres acteurs de la société civile. Il faut d’une part éviter les conflits et l’utilisation de la violence, mais d’autre part promouvoir la vérité, le respect de la voix du peuple et la justice. Au Burundi aussi, les partenaires de la FONCABA observent une recrudescence de la violence, en partie causée par le fait que l’opposition rejette le pouvoir démocratiquement élu. L’Eglise appelle le pouvoir en place et les partis d’opposition au dialogue. En même temps, elle s’investit dans la préservation de la paix en lançant un projet auprès des jeunes des écoles secondaires. Elle veut contribuer au renforcement de la paix par des formations et sensibilisations sur les thèmes du respect des droits humains, de la prévention des conflits, de la non violence active et de la participation démocratique.
18 Le legs en duo: aussi bien vos héritiers que la FONCABA y gagnent
La FONCABA a choisi de s’engager à appuyer les projets de prévention de conflits et de construction de la paix tant au Sud Kivu qu’au Burundi. Nous sommes sûrs que vous aussi, vous êtes épris de paix.
20 Burundi Appel à un dialogue franc Il y a des tensions dans le pays qui ne rassurent pas la population. Les évêques appellent au dialogue et au respect de l’Etat de droit
C’est pourquoi, nous comptons beaucoup sur votre solidarité et votre soutien pour cet engagement de la FONCABA pour la paix dans ces deux pays. Nous vous remercions de tout coeur.
25 Burundi Un projet de jeunes pour la paix
Bernadette Zubatse Directrice
28 Burundi Trois jeunes Burundais se présentent
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CONGO La population est mûre pour la démocratie Trois mois après les élections contestées du 28 novembre 2012, Bagenda Balagizi, Secrétaire général du CAB, partenaire de la FONCABA, fait l’état de la situation. La première constatation est qu’« il n’y a plus moyen de rattraper la vérité des urnes ». Logiquement, la question suivante qui se pose est alors comment mieux organiser les élections locales et provinciales. Quelques réflexions.
On ne pourra plus jamais avoir la vérité des urnes Tout a été détruit, bricolé, faussé à un point tel qu’il ne pourra plus être facile de retrouver les traces des vrais résultats. Il n’y a aucun intérêt de la part du pouvoir et de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) pour trouver encore cette vérité. Car donner les vrais résultats, c’est reconnaître que tout a été faux partout. Ce n’est donc plus réaliste !
La population n’est pas prête pour les élections locales Il y a tellement de déception et du dégoût que les gens ne voient plus l’intérêt de voter en sachant que des gens qui n’ont pas été votés peuvent être proclamés
comme ayant été élus. Et pourtant, l’on a vu, pour cette fois, une forte maturation de la population, une grande mobilisation et un comportement réellement démocratique.
De nouveaux critères sont nécessaires a) Nouvelle composition de la Commission électorale D’abord, c’est la réforme de la CENI: un nouveau président, un nouveau bureau, et la possibilité que les représentants provinciaux soient désignés localement sur une liste de personnalités crédibles et neutres, par les partis politiques, le pouvoir et la société civile. Cette CENI révisée doit être retirée de toute tutelle, même financière, de la part du Gouvernement. Elle doit être composée éga-
Que pensent les Congolais après les elections? A l’occasion des élections en RD Congo le 28 novembre 2011, quelques organisations partenaires se sont mises à l’écoute de citoyens congolais. Que pensaientils du processus électoral? Qu’espéraient-ils? Quels changements attendaient-ils? Vous avez pu lire les témoignages dans le KARIBU de décembre 2011. Aujoud’hui, trois mois après les élections, le partenaire JCC (Juste Cause Congo) de Bukavu s’est rendu de nouveau dans la rue pour écouter ce que les Congolais estiment nécessaire pour que le Congo puisse sortir de la situation incertaine de l’aprèsélections. 4
A Bukavu la population est déçue
lement d’experts étrangers de l’Union Européenne et des institutions spécialisées internationales. La réforme de la CSAC (le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication) et de la Cour Suprême n’est pas nécessaire, ces derniers n’étant que des caisses de résonnance d’une CENI au service du pouvoir et des intérêts de la Majorité. Par contre, un arrêt spécifique doit être pris empêchant la Cour suprême, par exemple, de bloquer des résultats qui seraient reconnus en toute transparence par la nouvelle CENI.
b) Optimaliser le fichier électoral Il faudra actualiser les données sur les électeurs, en procédant à la correction du fichier électoral. Au niveau provincial, il existe des données fiables établies par les entités locales (chefferies) qui peuvent servir de base à la délivrance d’une carte d’électeur spéciale et limitée aux seules élections provinciales/ locales. Ils connaissent mieux le nombre et la taille de l’électorat au niveau local.
Nous devons obliger les autorités à donner les vrais résultats des urnes. La communauté internationale devrait faire pression afin que la vérité éclate au lieu de couvrir les tricheurs et de ne voir que ses propres intérêts. Les femmes auraient pu jouer un rôle pour changer notre société, mais elles ne sont pas unies. Quant à la diaspora, elle aurait pu jouer un rôle de médiateur, mais ces gens sont pour la majorité des fauteurs de troubles. Aujourd’hui je n’ai pas d’espoir que quelque chose change.” Jean, 43 ans, chômeur, Bukavu
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à des organes locaux de vérification à mettre en place au niveau de la société civile.
Reconnaissance d’un échec collectif Tout dialogue actuellement doit aller dans le sens que le pouvoir reconnaisse son échec, quitte à en faire un échec collectif de toute la classe politique, et d’en tirer les conséquences. Et les conséquences, c’est qu’à défaut de reprendre les élections présidentielles et législatives, les politiques s’engagent à une totale inclusion dans une espère de gouvernement d’union nationale à durée limitée (2 à 3 ans) chargé de préparer de nouvelles élections. Un tel dialogue requiert la médiation internationale (pas du tout africaine, ou alors les deux ensemble : médiation mixte), avec la participation de la société civile, parmi ses acteurs les plus crédibles.
Une grande mobilisation de la population
c) Suffisamment de temps pour distribuer le matériel électoral Il faudra mettre du temps pour la distribution du matériel et vérifier que tout est en place, au moins 15 jours avant les élections. d) Contrôle des résultats par bureau de vote Au moment du dépouillement, il faudra
établir plusieurs copies des rapports à laisser sur place (une copie pour les partis d’opposition, une copie pour la société civile, une copie pour le représentant local du pouvoir...) avant d’envoyer les résultats d’un bureau vers la compilation. Il faudra veiller à ce que les résultats des bureaux locaux de dépouillement soient remis au centre de compilation, mais aussi et en même temps
“Il est souhaitable de mettre en place un gouvernement d’union nationale qui va organiser les élections dans un délai raisonnable. Aujourd’hui je n’ai pas beaucoup d’espoir, parce que les institutions en place sont corrompues. La femme qui est mère de la nation devrait tout faire pour éduquer la population. En famille le rôle de la mère doit être très remarquable pour un civisme idéal. La communauté internationale doit aider le Congo en travaillant avec les institutions issues du choix de la population. Les amis de la diaspora congolaise doivent faire le lobbying auprès des pays qui les ont accueillis pour aider à la construction d’une nation et un état de droit”. Paul, 48 ans, enseignant, Kashusha
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Rôle de la Communauté internationale En définitive, le peuple congolais attend et demande une plus grande implication de la Communauté internationale dans tout le processus, avant, pendant et après les élections provinciales/locales et toutes les autres prochaines élections. Car le pouvoir congolais a prouvé
« Il n’y a plus moyen de rattraper la vérité des urnes »
toute son incompétence et surtout sa volonté grossière d’user de la fraude. Et à cette communauté internationale, il faut ajouter l’appui financier nécessaire pour donner à la nouvelle CENI une certaine indépendance par rapport au gouvernement, mais il faut aussi qu’on lui reconnaisse un mandat fort, avec droit de faire partie de la CENI, de contrôler celle-ci et d’assurer le suivi. Bagenda Balagizi, Secrétaire général du CAB (Comité Anti Bwaki) – Bukavu, janvier 2012
“Aujourd’hui nous avons les mêmes démagogues qui sont au premier rang. La société civile doit jouer son rôle et défendre le peuple. La communauté internationale doit aider les gouvernants à agir en responsables en observant les lois. Les gens de la diaspora devraient nouer des relations et faire du lobbying au profit de tous les Congolais. Ceux-ci doivent chercher à se prendre en charge et à avoir le souci de la communauté”. Jean de Dieu, 38 ans, agriculteur, Mushinga KARIBU 145 I JAN. FEV. MARS 2012
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CONGO Une période post électorale agitée La République Démocratique du Congo a organisé 28 novembre 2011, les élections présidentielles et législatives nationales. Les organisations de la société civile ont pu entreprendre avec le Cadre de Concertation de la Société Civile pour l’observation des élections (CDCE) quelques activités permettant d’apprécier et d’évaluer le processus électoral en cours. Jean Baptiste Ndundu, secrétaire éxécutif du RODHECIC, partenaire de la FONCABA, décrit la situation postélectorale dans son pays.
Les organisations membres du RODHECIC (Réseau des organisations des droits humains et de l’éducation civique d’inspiration chrétienne), en collaboration avec des organisations partenaires de la société civile ont assuré une surveillance du processus électoral en RD Congo. Elles ont particulièrement observé le comportement des électeurs, des
partis politiques et des candidats, de la CENI et des agents électoraux, mais également des différentes juridictions impliquées dans la gestion des contentieux électoraux.
De manière générale, les populations électrices sont déçues par le déroulement des élections.
Des élections décevantes Le RODHECIC a déployé 17 observateurs long terme et 1316 observateurs court terme dans les 24 communes de Kinshasa, à Matadi, à Kasangulu (dans la province du Bas Congo), à Mbuji Mayi, dans la province du Kasaï occidental, à Lubumbashi, à Kisangani, dans le Nord et Sud Kivu. Le RODHECIC a développé un mécanisme de transmission des fiches d’observation par SMS qu’il a mis à la disposition des organisations de la société civile impliquée dans l’observation électorale.
“Il faut que les élus prennent leurs responsabilités au niveau du sommet de l’Etat, que les nouvelles institutions soient mises en place et que les intérêts de la population soient placés au premier plan. Aujourd’hui, la population semble se résigner. Des organisations de la société civiles peuvent apporter un changement si elles évitent d’être partisanes et sentimentales. Je pense que les femmes ont un grand rôle à jouer en tant que conseillères et actrices pour la construction d’un Congo véritablement démocratique où les valeurs familiales basées sur l’amour, la fraternité, le genre et l’altruisme surabondent”. Joséphine, 49 ans, avocat, Bagira 8
L’absence de matériel électoral dans certaines localités a alimenté la méfiance à l’égard de la CENI
Le nombre d’irrégularités observées relativement faible Il faut reconnaître, cependant, que la proportion des irrégularités observées lors des élections de 2011, même si elles sont plus importantes et parfois plus graves que celles observées en 2006, semblent rester tout de même relativement faible dans les bureaux couverts par nos observateurs. Il suffit d’examiner les résultats de la perception des observateurs déployés par le RODHECIC lors du scrutin. Il y avait un observateur par centre de vote et par
bureau de vote. Chaque observateur devait répondre à une série de vingt questions permettant d’apprécier les opérations de vote et de dépouillement. Il s’agissait entre autre de l’accessibilité des bureaux de vote, de la présence des agents électoraux et du matériel électoral, de l’impartialité des agents, des procédures respectées, du nombre d’électeurs inscrits ne pouvant pas voter, des perturbations dans les bureaux de vote ou aux alentours, de la sécurité dans les centres de vote, des perturbations lors des opérations de dépouillement. Pour le contentieux de l’élection présidentielle, une seule requête, sur les 10 candidats perdants, avait été introduite par le candidat Vital KAMERHE. Le contentieux législatif a connu un
“Nous, Congolais, il faudra que nous soyons vaillants pour refuser la tricherie. Il y a espoir de libérer la démocratie car l’opposition dit non à la dictature. J’ai un peu perdu confiance dans la société civile. Certaines organisations se cachent derrière cette étiquette. Lors des élections, certains de leurs membres ont participé à la tricherie comme responsables de bureaux de vote. Moi-même j’essaie de vivre la paix dans mon milieu”. Nicolas, 51 ans, soudeur, Mukama KARIBU 145 I JAN. FEV. MARS 2012
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plus grand nombre de requêtes. L’examen de ces requêtes est en cours à la Cour Suprême de Justice. Nous apprenons cependant que pour les premières requêtes examinées, les dossiers semblent être souvent vides. Manifestement beaucoup d’irrégularités dénoncés ne semblent cependant pas été documentées.
Des rumeurs aux psychoses Dès les premiers jours qui ont suivi les scrutins, la création des psychoses a commencé. De nombreuses accusations de tricherie ont été rapportées. Tantôt il y aurait eu un avion qui aurait atterri à l’aéroport de N’djili de Kinshasa et l’aéroport de la Loano de Lubumbashi avec des bulletins de vote, tantôt il y aurait un fonctionnaire de l’Union Européenne qui aurait fait pression sur les agents de la CENI pour modifier les résultats des présidentielles, tantôt des messages circulaient menaçant la sécurité des observateurs électoraux. L’absence de matériel et de bulletins de vote dans certaines localités, le fait que des agents de la CENI se déplaçaient avec des bulletins de vote, ont alimenté la méfiance et l’agressivité à l’égard de la CENI. L’ambiance s’est dégradée au moment où les opérations de compilation des résultats débutaient dans les Centres de compilation des résultats.
Des résultats non crédibles La psychose ne baissera pas malgré la publication progressive des résultats de l’élection présidentielle province par province. Les observateurs électoraux et les partis politiques ont demandé que les résultats soient publiés bureau de vote par bureau de vote pour permettre aux observateurs de faire une comparaison avec les résultats en leur possession. La publication fut faite mais peu de gens se sont donné la peine de faire la comparaison. Pas même le CENCO, qui avait annoncé qu’elle avait déployé 30 000 observateurs électoraux pour les 63.865 bureaux de vote. Et comme pour ajouter la tension à la psychose, dans un syllogisme sec, l’Archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo a eu à déclarer à la presse que les résultats des élections n’étaient pas crédibles. Des violences postélectorales furent notées dans plusieurs villes.
Les élections locales différées L’interruption du cycle électoral de 2006 sans l’organisation des élections locales et municipales ainsi que le renvoi de l’organisation des élections locales et municipales en 2013, a perturbé la vie démocratique en République Démocratique du Congo. En fait, les acteurs politiques ont du mal à accep-
“Les hommes politiques (majorité et opposition) doivent se mettre autour d’une même table et réfléchir sur les voies de sortie de cette crise et sur le développement du pays. Beaucoup de personnes pensaient qu’il y aurait des troubles après les élections, mais le peuple congolais a compris que la force ne peut rien arranger. Concernant le rôle des femmes, comme elles constituent plus de 55% de la population, leur implication pourrait nous soulager. Quant à la communauté internationale, ses efforts seront sans effets, tant que les Congolais ne seront pas conscients de la situation de leur pays. Personnellement, je lutte contre les antivaleurs où je me trouve et je conscientise mes proches pour un engagement individuel dans le développement du pays”. Lucien, 56 ans, agronome, Panzi 10
La construction d’une culture démocratique par une participation responsable des citoyens ter que leur mandat dépend du choix des populations. La mise en œuvre de la constitution adoptée par référendum le 18 décembre 2005, a fait apparaître des problèmes non prévus. La révision constitutionnelle du 20 janvier 2011 qui en est la conséquence, a traduit non seulement les difficultés éprouvées dans la mise en œuvre de la décentralisation, mais également les contraintes rencontrées dans le processus de démocrati-
sation avec l’organisation des élections à tous les niveaux. Le niveau municipal et local n’a pas encore été organisé démocratiquement.
Etre politicien est un emploi payant Pendant ce temps, la population a eu à observer le comportement des députés nationaux et provinciaux élus en 2006. Ils se sont attribué des salaires impor-
“Il faut absolument écarter les dirigeants élus par la fraude des urnes et maintenir les dirigeants élus ou cooptés sans casier judiciaire chargé. Il faut dénoncer à haute voix les injustices que subissent gratuitement les Congolais. J’ose espérer que l’opposition aura un esprit vraiment patriotique en émettant des critiques constructives. J’espère aussi que les élections provinciales et municipales se feront dans la transparence. J’attends de la société civile qu’elle dénonce les abus constatés, à condition qu’elle jouisse de la liberté d’expression. Les femmes doivent prendre conscience qu’elle sont des partenaires égaux aux hommes congolais et qu’elles doivent combattre pour les intérêts du pays”. Amélie, 50 ans, animatrice de développement, Comuhini
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tants, des rumeurs circulent sur le monnayage des votes dans les assemblées, alors que pas grand chose n’a été fait pour améliorer les conditions sociales et le pouvoir d’achat de la majorité de la population. Cela explique le nombre important des candidats, 18.700 pour 500 sièges. Depuis plus de vingt ans, le secteur politique est le seul pourvoyeur d’un emploi payant en RDC, mais aussi à cause de la faible qualité des prestations des députés dans un climat d’impunité, d’accroissement de la corruption et de l’injustice, de détournement systématique des fonds publics, de l’incivisme généralisé, tendant à faire croire à plusieurs Congolais que briguer un mandat politique est à la portée de tous. Aussi, en l’absence de programme politique clair des 427 partis politiques enregistrés au ministère de l’intérieur, les électeurs n’ont pas pu choisir des programmes politiques lors des scrutins du 28 novembre 2011, mais des individualités, de sorte que près de 100 partis politiques se sont distribués, à l’issue des scrutins, les 500 sièges de l’Assemblée nationale.
tion des élus de 2011, mais également d’une meilleure implication des citoyens. L’organisation des élections locales et municipales est un des principaux objectifs pour la société civile. Les élections provinciales et sénatoriales devront d’abord être organisées, mais les élections du 28 novembre ont généré une tension politique aiguë qui ont fait que la population n’a plus confiance dans la CENI. Une évaluation et des actions correctives s’imposent pour améliorer la confiance de la population dans le processus électoral. Le RODHECIC souhaite continuer à s’engager dans la construction d’une culture démocratique à tous les niveaux à travers une participation citoyenne responsable visant une meilleure gestion du pays et une surveillance du processus électoral. Jean Baptiste NDUNDU, secrétaire éxécutif du RODHECIC, Kinshasa, mars 2012
Rétablir la confiance Le principal défi de gouvernance est le renforcement des institutions démocratiques à travers une meilleure presta-
“Il faut que la vérité des urnes soit connue pour qu’un gouvernement qui jouit de la confiance du peuple puisse être mis en place. Mais il n’y a pas d’espoir que cela se fasse. Il y a d’une part les politiciens arrogants et orgueilleux de leur victoire volée au peuple et d’autre part les aigris. La Communauté internationale est le meilleur arbitre dans le conflit congolais. Elle est capable de sanctionner ou isoler les tricheurs. Cela est possible si elle se range du côté du peuple. La société civile peut jouer un rôle important dans la sensibilisation des masses, du moins si elle ne se laisse pas corrompre. Les femmes, elles, doivent se serrer les coudes. Elles constituent une force devant participer à la gestion du pays. Ne serait-il pas bon que les grands de ce monde fassent un plan de paix pour le Congo ?” Dieudonné, 37 ans, enseignant, Kavumu 12
Avec l’arrivée de Ruth Lamers, collaboratrice en communication, le site web de la FONCABA a un nouveau look et l’opération de rafraichissement n’est pas terminée, au cours des semaines et des mois à venir s’ajouteront encore: des informations, des photos, des témoignages visuels et même... un blog africain. A la découverte!
Un petit frêre électronique de votre revue Karibu est né! La première newsletter électronique e-Karibu a été envoyée début mars, avec une analyse du Congo trois mois après les élections contestées, ainsi que la présentation d’un nouveau projet à Kananga et la recette pour des biscuits que des femmes fabriqueront pour augmenter le revenu de leurs familles et une bonne idée culturelle. Vous pouvez vous abonnez à ce newsletter bimensuel par le site www.kba-foncaba.be
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CONGO La médiation fonctionne Au Sud-Kivu, au lieu d’aller au tribunal, des familles en conflit conviennent de soumettre leur litige à un médiateur pour arriver à un compromis consensuel. APRODEPED, partenaire de la FONCABA, utilise la médiation comme mécanisme de résolution pacifique des conflits. Donatien Mulume, avocat chez APRODEPED, explique l’intérêt et le fonctionnement de cette activité.
Les différends sont inhérents à toute société. Dans un Etat, le monopole de leur résolution ainsi que l’imposition des décisions qui en découlent, est réservée aux juridictions légalement instituées dont les décideurs sont les juges. Au Sud-Kivu, la médiation organisée par APRODEPED constitue une alternative qui porte des fruits. Elle le réalise non seulement à travers son service de Résolution pacifique des conflits mais aussi à travers ses Groupes de Base dénommés « Réseau des Volontaires pour les Droits de l’Homme (RVDH)», et à travers ses Cliniques Juridiques (CJ). L’atout majeur de la médiation , telle
que utilisée par APRODEPED , réside dans le fait qu’un arrangement trouvé et accepté par les parties, revêt un caractère amiable, offre à chacune d’entre elle, la sensation d’une victoire et une grande satisfaction morale. Il favorise la paix sociale, car il permet à toutes les parties de faire certaines concessions sans que les personnes conciliées aient réellement « à tout perdre ». L’absence de frais, des tracasseries huissières et policières, la brièveté des délais ainsi que la simplicité de la procédure sont autant d’avantages qu’offre la technique de médiation.
Un président témoigne (RVDH Nyangezi,Walungu) A l’occasion d’un conflit foncier entre deux familles en novembre 2011, le président du RVDH/Nyanngezi témoigne « Au nom du bureau du RVDH/Nyangezi dans le territoire de Walungu, nous tenons à féliciter et à apprécier le travail d’APRODEPED dans le domaine de médiation et de conciliation. Signalons avec intérêt que les différentes formations d’APRODEPED que nous avons eu à suivre, nous servent chaque fois d’outils de médiation dans différents conflits. Disons concrètement que la voie de conciliation est pour nous, la voie de règlement de conflit la plus favorable aux personnes vulnérables et surtout de promotion de la paix sociale dans la mesure où elle facilite le rétablissement des individus dans leurs droits respectifs et le climat de paix ou de collaboration, tout en décourageant la voie judiciaire, plus élastique, couteuse et exigeante ».
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Le local du groupe de base RVDH à Kalehe (Sud Kivu)
La mise en marche des séances de médiation Dans la plupart de cas c’est l’une des parties disposées à l’arrangement à l’amiable qui adresse une demande à APRODEPED ou à la structure de base de son ressort. Mais il arrive aussi que l’on soit saisi par les deux parties en conflit. C’est plus préféré et plus facile car les deux parties sont disposées à la médiation. Les membres des RVDH qui font la médiation dans les villages sont des para-juristes ayant reçu les différentes formations organisées par APRODEPED, avec l’appui financier de la FONCABA. Les cas les plus complexes sont déférés au siège à Bukavu, afin qu’un avocat vienne sur place.
Les conflits où la médiation est possible APRODEPED n’organise des séances que pour les conflits se rapportant aux matières civile, sociale et administrative. Cet état de chose est justifié par le fait qu’au regard de la loi congolaise, la matière pénale est exclusivement réservée aux cours et tribunaux. Il n’y
a que le juge qui peut mettre fin à une telle action à travers le prononcé d’un jugement. Les matières dont est souvent saisie APRODEPED pour la médiation, sont celles portant sur les conflits fonciers coutumiers, les conflits de ménages, les conflits d’héritage, les conflits parcellaires ainsi que les conflits de créance.
Le déroulement des séances de médiation - Les parties sont accueillies, introduites et installées dans la salle de conciliation par le chargé du protocole d’APRODEPED. - Après une prière œcuménique entonnée soit par le président de la séance, soit par un membre disposé, le président prononce un mot de salutation et de bienvenue à toute l’assemblée. - Suit la présentation individuelle de toute personne présente dans la salle. Chacun précise en quelle qualité il y est présent et ce qu’il fait dans la vie et ses relations avec les personnes à concilier. - Le président demande à chacun de KARIBU 145 I JAN. FEV. MARS 2012
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vra de rendre un jugement d’expédiant c’est-à-dire, constater d’une part, que les parties ont déjà mis fin à leur litige et d’autre part, conférer « chose jugée » à leur accord. Au cas où une partie se rebifferait, l’autre saisira le tribunal qui, par un jugement, considérera l’acte d’arrangement amiable comme un accord définitif et irrévocable intervenu entre elles.
Des pierres d’achoppement
La médiation porte souvent sur des conflits fonciers ou parcellaires
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présenter le récit des faits litigants ainsi que ses prétentions. Intervention moralisante du président allant jusqu’à négocier et à proposer des concessions à chacune des parties. Le président, maîtrisant la psychologie des parties conflictuelles et de toute l’assistance, adapte une stratégie d’approche du litige. Si de besoin, le président propose le retrait à huis clos pour quelques minutes des personnes qu’il désigne. Parfois, il retire de l’assemblée les deux personnes concernées ou celles qu’il estime être influentes sur l’une ou l’autre partie en conflit. Si nécessaire ou si les parties le demandent, il organise une descente sur les lieux avec ou sans écoute des personnes pouvant lui permettre une solution impartiale du conflit. Le président fait part des données constatées lors de la descente sur les lieux. Il renégocie et propose des concessions en tenant compte de tous les paramètres et réalités constatés sur
terrain et/ou recueillis de témoins. - Il est rédigé et signé un acte d’arrangement amiable pour les points sur lesquels les parties ce sont accordées. Cet acte est signé d’abord par les parties en conflit, ensuite par les témoins et enfin par le représentant d’APRODEPED. Ce n’est pas un jugement au sens judiciaire du terme, mais plutôt une « transaction » au sens des articles 583 et suivants du Code Civil Congolais livre III. - Les parties se séparent avec grande satisfaction morale et matérielle, chacune ayant plus gagné que perdu. Elles s’ambrassent, remercient l’APRODEPED et pour la plupart des cas elles vont partager un verre de bière pour resserrer leurs liens fraternels et/ou amicaux.
Le rôle du tribunal Au cas où les parties auraient recouru à la médiation d’APRODEPED, alors qu’elles avaient déjà saisi le tribunal, elles présenteront cet acte d’arrangement amiable au juge saisi qui se de-
Il va sans dire que les solutions ne sont pas imposées aux parties. Ces dernières ne sont soumises à aucun payement des frais, quelque soit l’ampleur ou la complexité du conflit. Les enquêtes et autres descentes sur terrain sont prises en charge par APRODEPED. Cependant, il est des cas où certaines médiations
n’aboutissent pas au résultat escompté par APRODEPED. Souvent les maris en conflits de ménage avec leurs épouses répondent rarement aux invitations de conciliation. Parfois certaines parties campent sur leur position et restent intransigeantes, d’autres s’opposent à la solution proposée et souhaitent faire recours à la voie judiciaire. Dans ce cas nous évitons, sauf demande expresse et insistance des parties, de délivrer un acte de non conciliation. Donatien Mulume, avocat chez APRODEPED – (Action pour la Promotion et la Défense des Droits des Personnes défavorisées) - Bukavu - février 2012
Témoignage d’une famille jadis partagée par un conflit d’héritage « Je suis vraiment satisfaite de tout cœur pour l’assistance juridique d’APRODEPED dans le litige qui m’opposait à mes frères. A sa mort, notre mère nous avait laissé une maison, et chaque héritier occupait sa partie de la maison après partage. En tant que femme, je m’étais vu discriminée lorsque l’un de mes grands-frères avait pris l’initiative d’affecter la maison à des activités commerciales. J’avais quant à cette fin modifié la maison en démolissant certaines pièces dans lesquelles ma part était incluse pour la transformer en bistro. Etant au nombre de 4 enfants dans la succession, les deux frères avaient reçu chacun une somme d’argent pour leurs parts qui ont subi cette transformation. Fille-mère de mon état, mes frères m’avaient demandé de libérer la maison et d’aller habiter chez celui qui avait pris la maison ; tout en me promettant une parcelle et une éventuelle habitation prochainement. Fort malheureusement, le grand-frère avait succombé dans un accident et ainsi mon problème était resté longtemps sans solution. Après plusieurs jours de dispute et de manque de logement, un « envoyé du ciel », m’avait orientée vers l’ONG des droits de l’homme APRODEPED tout en me rassurant qu’elle pourra m’aider à trouver solution et d’être rétablie dans mes droits d’héritage. Lors de la première séance de conciliation, mes frères avaient accepté de me payer une maison étant donné que la maison était déjà affectée aux fins commerciales. Aujourd’hui, grâce à APRODEPED, je suis devenue propriétaire d’une parcelle et d’une maison. Que vive APRODEPED » (Madame Joséphine).
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Un legs pour la FONCABA Votre engagement pour l’Afrique continue après vous La FONCABA est ravie de recevoir une donation ou un legs pour ses projets d’Afrique. Comme dernières volontés, la plupart des personnes font un testament. C’est une occasion de traduire leurs pensées pour leur famille, mais également d’offrir une partie de leurs avoirs sous forme de legs ou de donation à une asbl qui travaille dans un pays en voie de développement.
LE LEGS EN DUO Le legs en duo est une donation par testament de biens meubles et/ou immeubles à une ou plusieurs personnes et en même temps à une asbl reconnue comme la FONCABA. Cette technique prévoit qu’en l’occurrence la FONCABA peut prendre en charge les droits de succession de la personne qui reçoit la donation. Si celle-ci est destinée à un parent lointain ou à un ami, celui-ci devra payer normalement beaucoup de droits de succession (jusque 65%). La FONCABA comme asbl ne paiera que 7% (8,8% en Flandres et 12,5% en région bruxelloise).
La FONCABA est une asbl habilitée à recevoir des legs et des donations qu’elle utilise pour ses projets de formation en Afrique. Il suffit d’insérer dans le document la formule suivante : « Je lègue à l’asbl FONCABA à 1030 Bruxelles, la somme de …………….,…….. euro ou …………………… (biens meubles et)………………(immeubles) à l’adresse…………………pour la formation de cadres africains ». Comme le droit de succession est une matière assez compliquée, il est recommandé de consulter un notaire qui fera un petit calcul et vous donnera un avis correspondant à vos souhaits. Pour des informations complémentaires à la FONCABA. Contact : M-Bernadette Zubatse, Directrice Tél.: 02 2010383 ou info@kba-foncaba.be
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Le legs en duo Aussi bien vos héritiers que la FONCABA y gagnent
3 conditions: • vous devez rédiger un testament. • vous léguez une partie de vos biens à une ou plusieurs personnes • vous léguez la partie restante à une institution agréée (comme la FONCABA) qui aura à sa charge le paiement de la totalité des droits de succession.
Tout le monde y gagne! Grâce à la technique du legs en duo, vous laisserez autant (sinon plus) à votre ami ou à votre nièce, tout en soutenant les projets de la FONCABA. KARIBU 145 I JAN. FEV. MARS 2012
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BURUNDI APPEL A UN DIALOGUE FRANC En 2010 au Burundi, il y a eu des élections. Certains partis ont refusé les résultats des élections communales gagnées par le parti au pouvoir CNDD-FDD. Ils se sont retirés de la course arguant des fraudes massives. Frédéric Njebarikanuye, Coordinateur adjoint à la CEAL, partenaire de la FONCABA, note que la situation sociopolitique se détériore et risque de provoquer une recrudescence de la violence. Frédéric Njebarikanuye
La situation sociopolitique actuelle au Burundi est critique malgré les efforts du Gouvernement pour stabiliser le pays. Des hommes armés ont commis des attaques ciblées de postes de police et de la population notamment à Cibitoke, à Bujumbura Rural, à Cankuzo et à Ruyigi. Grace aux efforts conjugués du Gouvernement et de la population, l’accalmie semble s’établir progressivement dans ces Provinces. Face à ces attaques et ces tueries, les avis divergent quant à leur qualification. Les uns parlent de la renaissance de nouvelles rebellions contre le Gouvernement. Le récent rapport des Nations Unies sur la Sous –Région des Grands Lacs souligne le rôle de certains leaders des partis politiques de l’opposition dans cette déstabilisation de la sécurité au Burundi mais également dans l’Est de la RD Congo. D’autres, dont le gouvernement, parlent de groupes de bandits armés ou de groupes de criminels terroristes qui assassinent et pillent les simples citoyens paisibles n’ayant aucun intérêt particulier dans la politique. 20
Pas de négociations Dans ces tergiversations, certains politiciens continuent d’alimenter des propos de peur et non rassurant pour la population. Certains membres de l’opposition, coalisés dans ce qu’ils ont appelé ADCIKIBIRI (Alliance de Démocrates pour le Changement) après leur échec aux élections de 2010, exigent des négociations avec le gouvernement. Entre parenthèses, ils font comprendre qu’ils utiliseront tous les moyens pour se faire entendre. Comme réponse, le gouvernement menace de les combattre jusque dans leur dernier retranchement au cas où ils prendraient les armes. Par ailleurs, le gouvernement dit qu’il est prêt de dialoguer avec eux à condition qu’ils ne remettent pas en cause la volonté populaire des élections de 2010. En effet, tant les observateurs nationaux et qu’internationaux les ont qualifié de justes et transparentes. Il appelle l’opposition au dialogue au sein du Forum Permanent des Partis Politiques. Quant à elle, l’opposition coalisée ne reconnait pas la légitimité de ce cadre de dialogue et demande des négociations
Certains journalistes mettent de l’huile sur le feu
dans un cadre sous les auspices d’un médiateur.
Le rôle de la société civile Des organisations de la société civile y compris les médias, qui devraient servir de pont d’entente entre les deux camps sont malheureusement eux aussi déguisés et sont rangés les de tel ou tel côté. Au lieu de contribuer à débloquer la situation, certains semblent eux aussi mettre de l’huile sur le feu. A l’état actuel, il est visible que certaines semblent vouloir se substituer aux partis politiques d’opposition, ce qui sème la
confusion sur le rôle des partis politiques d’opposition et celui de la société civile au Burundi. Leur attitude est peut être due au fait qu’il n’y a pas la culture d’opposition politique au vrai sens du terme dans notre jeune Démocratie. On pourrait dire que des partis d’opposition d’aujourd’hui semblent vouloir se cacher derrière les Organisations de la société civile. Par ailleurs il existe aussi des Organisations de la Société civile courtisanes du pouvoir. Tout cela démontre que la société civile burundaise a elle aussi besoin d’un appui pour le renforcement des capacités afin de mieux discerner son rôle dans la société et remplir pleinement et convenablement sa mission. Dans tout cela, nos pauvres Burundais de la campagne sont déroutés et ne savent pas sur quel pied danser. La pauvreté continue pourtant à sévir dans la population et les prix des denrées alimentaires grimpent au jour le jour malgré les efforts que cette population, à 90% agricole, ne cesse de fournir pour accroitre sa production.
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La population attend du pouvoir que la cohésion sociale soit renforcée et que l’on travaille au bien être de toute la nation
Les évêques appellent au dialogue et au respect de l’état de droit Dans ce contexte sociopolitique, la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi (CECAB) a sorti récemment un communiqué appelant le pouvoir et les partis politiques d’opposition d’épargner les Burundais de la guerre et de ne pas chercher les intérêts égoïstes qui mettent en péril la vie de la population. Les évêques les exhortent à s’asseoir ensemble autour d’une table de dialogue afin de trouver les solutions à leurs différends afin de préserver la paix et consolider la démocratie basée sur un état de droit. Les évêques rappellent que ce dialogue doit respecter le verdict du peuple, que la volonté populaire exprimé lors des élections de 2010 ne doit pas être mise en cause. Ce dialogue devra rétablir la confiance entre tous les partenaires politiques et permettre aux politiciens en exil de rentrer au pays pour s’unir aux autres dans la reconstruction du pays à peine récemment sorti de la guerre civile qui a duré plus de 14 ans. Les mesures con22
crètes devront être prises pour combattre la corruption, les malversations économiques, le détournement des biens publics, le clientélisme et le favoritisme impunis qui gangrènent les structures étatiques mais aussi celles des organisations nationales privées. L’exclusion sur base de parti politique dans la gestion de la chose publique devrait être combattue pour éviter que le pays retourne encore une fois dans la guerre. Le Gouvernement doit s’engager de façon effective à lutter contre l’impunité qui est le socle de tous ces maux. Les criminels, les fauteurs de troubles, les dilapideurs et les détourneurs des biens publics et les corrompus doivent être traduits en justice et doivent être écartés de la gestion des affaires de la nation.
des vainqueurs et des vaincus. Qu’il y ait donc la culture de respect du verdict populaire dans notre pays. Cela dit que les élections doivent être justes, transparentes et apaisées et que les perdants ne cherchent pas toujours des prétextes pour refuser les résultats des élections et réclamer ensuite les négociations qui privilégient en réalité leurs intérêts sectaires comme cela risque de devenir une habitude dans la plupart de nos pays africains. Les vaincus devraient accepter l’obligation morale les appelant à assumer de façon responsable leur défaite et se préparer de manière efficace pour briguer le mandat suivant au lieu de déstabiliser le pays. C’est une honte pour un pays qui chante vouloir aspirer à la Démocratie. Pour les vainqueurs, ils doivent savoir que le peuple leur confère une responsabilité à laquelle ils répondront devant l’histoire. Le peuple ne leur donne pas une occasion de s’enrichir illégalement par le pillage ou le détournement des
biens publics. Ils ont la responsabilité de consolider la cohésion sociale et travailler pour le développement et le bien de toute la nation sans distinction aucune. Ils doivent néanmoins avoir à cœur qu’ils ne sont pas élus pour rester au pouvoir éternellement. Si le peuple souverain se désengage contre eux, qu’ils ne cherchent pas des raisons ou des stratégies mafieuses pour se maintenir au pouvoir comme cela se remarque dans la plupart des pays africains, ce qui engendre les soulèvements populaires lesquels s’accompagnent souvent de violence, de pertes matérielles et de vies humaines.
Sortir du cercle vicieux de la violence S’il n’est pas tard, il est temps que la classe politique burundaise, les organisations de lasociété civile ainsi que les médias se ressaisissent les uns et les autres en ce qui les concerne. Il faut préserver la paix et travailler main dans la main pour le développement intégral
Les exigences de la démocratie La classe politique burundaise et tous les Burundais doivent bien comprendre que la vraie démocratie est basée sur la concurrence des projets de société dans le multipartisme. Il y a chaque fois
La population dit « non » à la violence KARIBU 145 I JAN. FEV. MARS 2012
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et durable de ce pays qui chaque année est parmi les trois pays les plus pauvres au monde. Ce serait un cadeau précieux qu’elle offrirait au peuple Burundais à la veille du 50ème anniversaire de l’indépendance de leur pays. Les jeunes quant à eux devraient prendre conscience de leur responsabilité dans la préparation d’un avenir meilleur. Ils doivent éviter à tout prix d’être manipulés et d’être entrainés dans la violence et
dans la logique de la guerre. Plus jamais de guerre au Burundi. Le pas franchi grâce aux accords d’Arusha est un acquis qui devrait aider les Burundais à sortir définitivement du cycle vicieux de la violence. Frédéric Njebarikanuye, Coordinateur adjoint et responsable de projets à la CELA, Bujumbura, le février 2012
Extraits du message de la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi, adressé aux Burundais et aux amis du Burundi (Bujumbura, le 8 décembre 2011) (Bujumbura, 8 décembre 2011) (…) « Permettez-nous d’élever nos voix pour vous inviter à refuser avec force la guerre et tout ce qui pourrait nous y entraîner dans notre pays. Oui, au regard de ce qui est en train de se passer dans notre pays, si nous ne nous engageons pas à faire tout ce qui est en notre pouvoir, il y a risque que notre pays bascule dans les affres d’une nouvelle guerre, alors que même les séquelles laissées par celle que nous venons de connaître sont encore vives. Profiter des acquis de la paix pour rechercher la paix durable. (…) L’espoir de nous en sortir dans notre pays a été retrouvé par le fait que les protagonistes en conflits ont accepté de s’asseoir ensemble pour voir comment partager la gestion et les biens du pays ; renforçons cet espoir afin qu’il nous permette d’arriver à une paix durable, au lieu de revenir aux mauvais reflexes d’égocentrisme, d’exclusion et d’usage de la force. Il faut reconnaître les signes qui montrent cet espoir retrouvé pour qu’ils nous servent de tremplin afin que nous allions de l’avant. Ces signes sont par exemple, le fait que les conflits d’ordre ethnique étaient en train d’être dépassés ; beaucoup de ceux qui avaient fui le pays vers l’étranger ont regagné leur patrie, et même certains déplacés intérieurs sont retournés dans leurs propriétés ; les organes dirigeants et les services de sécurité étaient en train de redevenir des organes de tous les citoyens sans exclusion; une démocratie basée sur le multipartisme était en train de s’enraciner; tous les partis politiques étaient reconnus et respectés; et la liberté d’expression était en train de devenir une réalité au point que personne n’était plus poursuivi pour ses idées; le pays était en train d’être reconstruit si l’on s’en tient à plusieurs chantiers qui s’observent ici et là ; ainsi que d’autres activités de développement que chacun peut constater là où il est, et qui montrent que nous
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étions sur la bonne voie. Tout cela est le fruit de cette concertation qui nous avait conduits dans la voie de la démocratie. Est-ce possible qu’en voyant tous ces bienfaits, nous ayons encore envie de renouer avec la logique de la méfiance, de l’exclusion, des conflits et de la guerre ? Non et non ! (…) Il est une chose dont il faut prendre conscience, même si on n’en parle pas souvent : c’est la peur qui risque de tétaniser le pays…Or, comme on le dit: « la peur est mauvaise conseillère », celui qui a peur agit souvent maladroitement. Cela a pour conséquences malheureuses dans le pays de générer la méfiance entre les gens, de faire en sorte que les gens de diverses tendances commencent à se soupçonner mutuellement, et ne se disent plus la vérité. De cette manière, la voie de la paix est compromise et de toutes manières ne progresse pas, et l’on n’a plus le temps suffisant de se pencher sur les questions qui préoccupent le pays et les citoyens…, notamment la pauvreté dans le pays, la lutte contre la corruption et le détournement des biens du pays, la bonne gouvernance et bien d’autres.
Un projet de jeunes pour la paix Un projet de jeunes pour la paix Aujourd’hui, la situation au Burundi est à la fois inquiétante et interpellatrice. Les différents accords politiques de paix et de partage du pouvoir et les processus électoraux démocratiques organisés sont contrariés par une mauvaise cohabitation politique entre les partis au pouvoir et ceux qui sont coalisés au sein de l’opposition. On assiste à une réémergence de violences, de criminalités, de vols à main armée, des affrontements entre les forces de l’ordre et les groupes armés non-prononcés, de viols et de conflits intra et intergroupes de tous genres. Pendant ce temps, l’économie du pays s’effondre, la pauvreté sévit dans les ménages, les valeurs sociales et civiques perdent de leur acuité notamment au sein de la jeunesse. Or,
Des étudiants veulent promouvoir le dialogue et la justice
un peuple sans valeurs est un peuple menacé de disparition.
L’origine du projet Les responsables de l’Eglise ont rencontré beaucoup de jeunes. Ceux-ci ont formulé des recommandations à l’endroit KARIBU 145 I JAN. FEV. MARS 2012
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« A mon avis, il y a des tensions dans les régions de Cibitoke et Bujumbura rural, parce qu’il n’y a pas de dialogue entre les politiciens, parce qu’il y a la dégradation des valeurs au sein de la jeunesse et à cause de la manipulation des informations par certains médias. » « Je propose qu’il y ait dialogue entre les partenaires politiques. Qu’il y ait la formation de la jeunesse aux valeurs morales et humaines, notamment la non-violence active, le respect des droits humains, la gestion pacifique des conflits et que les médias ne sèment pas la peur et la haine au sein de la population. » Marie-Louise (25), Kinama (Bujumbura)
Trois jeunes Burundais parlent de la paix dans leur pays
Des jeunes marchent pour la paix
de l’Eglise, aux politiciens et aux médias nationaux, pour faire sortir le pays de l’impasse et éviter les violences et la guerre. Suite à cette interpellation des jeunes, la Conférence des Evêques Catholiques du Burundi (CECAB) à travers la Commission Episcopale chargée des laïcs (CEAL) et avec le soutien de la FONCABA, a initié un projet de formation et de sensibilisation des jeunes dans 43 écoles secondaires conventionnées dans les différentes régions du pays, avec une population scolaire de 34 498 élèves. Par ce projet elle veut contribuer à la consolidation de la paix.
Méthode de travail Dans un premier temps elle veut former 38 formateurs sur les thèmes de la prévention de conflits , du respect des droits de l’homme, de la non violence active, de la participation démocratique 26
et de la construction de la paiX. Ces formateurs formeront à leur tour 172 étudiants ou étudiantes animateurs/ animatrices choisis dans les 43 écoles qui seront concernées par le projet. Ces animateurs et animatrices restitueront cette formation à 40 étudiants de chaque école, qui vont constituer un Club de la Paix au sein de leur établissement. Ce groupe de 1720 jeunes promoteurs de justice vont sensibiliser les autres étudiants aux différents thèmes, en stimulant des activités culturelles comme de la musique, des chants, des sketchs, des poèmes, des dessins ou des peintures qui exprimeront les thèmes de manière créative. Le projet se terminera par une journée de la paix qui sera un festival culturel interscolaire. Ce projet est prévu pour une durée de deux ans et demi et coûtera près de 400.000,00 euros.
« Les causes des tensions qui existent dans les régions de Cibitoke et Bujumbura rural sont à mon avis une divergence des idées politiques, ce qui provoque une mésentente au sein des différents partis politiques. Des fausses informations diffusées par les médias. Une mauvaise habitude de garder rancune, ce qui provoque la vengeance. Et il y a aussi des conflits fonciers dus à une croissance démographique élevée et d’autres choses. » « Comme solution à ces problèmes il faut avant tout favoriser le dialogue. Il faut s’assurer que les informations diffusées par des médias ne soient pas une source de bouleversements. Il faut lutter contre l’ignorance du peuple, en organisant des séances de sensibilisation. Car cette ignorance peut aussi engendrer d’une part une forte croissance démographique (source des conflits fonciers) et d’une autre part des conflits divers. » Alain Médard Muhikaze (18), Buyenzi (Bujumbura)
« A mon avis, ces tensions et insécurités dans les régions de Cibitoke et Bujumbura rural, sont dues à un manque de communication, manque de compréhension, l’injustice, les mensonges, la haine, l’oppression, la vengeance et à l’égocentrisme : chacun cherche son propre profit et ne pense pas à l’autre,… » « Il faut qu’il y ait le dialogue entre les protagonistes politiques. Il faut mener les gens à pratiquer la justice et la vérité, à s’aimer les uns les autres, se pardonner et oublier les choses du passé afin de ne pas se venger et surtout former les jeunes aux droits humains et à la non violence active. » Médissa Ingabire (16), Gihosha (Bujumbura)
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La Conférence Episcopale du Burundi présente un projet de construction de la paix. Ce n’est pas superflu car la paix est encore toujours très vulnérable. En février 2012, Frédéric Njebarikanuye a interviewé pour KARIBU, quelques jeunes Burundais. Qui sont-ils ? Comment vivent-ils les conflits dans leur vie de tous les jours et quel est leur modèle dans la vie ? Nous vous présentons ces jeunes. Leurs suggestions pour une paix durable au Burundi se trouvent à la page 27.
Marie-Louise (25), Kinama (province Bujumbura) Situation familiale : Marie-Louise est la quatrième d’une famille de huit enfants, elle a trois frères et quatre sœurs. Education : elle fréquente le Lycée de KINAMA, 4ème année Activités extrascolaires : elle participe aux activités organisées par son Mouvement de jeunesse et aux activités de développement communautaires. Projet professionnel : elle aimerait faire la médecine. Comment se passe une journée à la maison pour toi ? « Pendant les vacances à la maison, je me lève à 5h45 du matin. Je fais des travaux champêtres, j’assure la propreté de la maison, je prépare les repas, je fais la lessive…. » Comment imagines-tu une journée d’un jeune de ton âge en Belgique ? « Je pense que sa journée se passe bien. Il travaille pour ses études et navigue sur l’internet… » Lorsqu’il y a des tensions dans la famille, quelle en est la cause ? Que fais-tu ? « Il peut y avoir des tensions lorsque je fais des choses pour lesquelles je n’ai pas demandé la permission. Il arrive que parfois eux-mêmes me font du tort. La solution à ces petits conflits est le dialogue entre nous où chacun s’explique et des conseils sont donnés.» Arrive-t-il qu’il y ait des tensions entre amis ? Que fais-tu ? « Le sentiment que j’éprouve au moment où nous nous entendons bien entre amis, c’est la joie. Mais ce n’est pas 28
toujours le cas. Un exemple de cause de tension: nous demandons un livre pour faire les exercices comme devoir à domicile et l’élève qui rentre avec ce livre le garde pour lui seul alors qu’il doit servir à nous tous. Cela me met en colère. Des jeunes avec qui je ne m’entends pas bien à l’école sont notamment les jeunes adeptes d’autres religions parce qu’ils nous agressent et nous dénigrent. Comme solution, j’essaie de dialoguer avec eux pour leur faire comprendre que nous sommes tous enfants d’un seul Dieu et que par conséquent nous sommes des frères et sœurs et que nous devons nous aimer les uns les autres. Il faut confronter les idées au lieu de faire recours à la violence. Quelle personne est pour toi une source d’inspiration ? « La personne qui est pour moi un exemple, une source d’inspiration, c’est le Seigneur Jésus lui qui prêchait toujours la non violence, le pardon et la réconciliation. »
Alain Médard Muhikaze (18), Buyenzi (Prov. Bujumbura) Situation familiale : Alain Médard est le quatrième enfant d’une famille de cinq enfants, il a quatre sœurs. Education : il fréquente le Lycée Scheppers de Nyakabiga où il est en 2nde Scientifique B. Activités extrascolaires: le Club d’anglais, la Chorale, les travaux de développement communautaires Projet professionnel : Alain Médard veut devenir un médecin spécialiste. Comment se passe une journée à la maison pour toi ? « Pendant les vacances scolaires à la maison je me lève à 7h du matin. Après cela, je fais ma toilette, je prends mon petit déjeuner et je fais des activités diverses comme laver les habits et même des fois faire la cuisine… » Comment imagines-tu une journée d’un jeune de ton âge en Belgique ? « Je pense qu’une journée d’un jeune de mon âge en Belgique peut se passer tantôt bien, tantôt mal. Durant la journée, je pense qu’il s’amuse bien en naviguant sur internet, en lisant des livres, en se promenant et en faisant d’autre choses amusantes. » Lorsqu’il y a des tensions dans la famille, quelle en est la cause ? Que fais tu ? « Il ne m’est jamais arrivé d’avoir des tensions avec mes parents mais je me rappelle un jour où j’ai eu une petite dispute avec ma petite sœur. Elle avait fait une chose que je lui avais interdite.
Pour résoudre cela, je me suis privé de tout sentiment colérique et Dieu merci c’est vite résolu. » Arrive-t-il qu’il y ait des tensions entre amis ? Que fais-tu ? « En général je m’entends bien avec mes amis et amies et je me sens bien quand je suis avec eux. Mon souhait, c’est d’avoir la paix avec tout le monde. Lorsqu’il y a des mésententes entre jeunes, il faut d’abord chercher à en connaître l’origine, ensuite il faut les écouter pour pouvoir les réconcilier. En connaissant leur problème, ça sera facile de les réconcilier. » Quelle personne est pour toi une source d’inspiration ? « Nelson Mandela est pour moi une source d’inspiration. Il était un leader qui cherchait la paix entre les Noirs et les Blancs de la République Sud Africaine. Même après que les Blancs l’avaient emprisonné durant 27 ans, il n’a pas voulu se venger parce que son souhait était la paix. »
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Médissa Ingabire (16), Gihosha (Bujumbura)
Lorsqu’il y a des tensions dans la famille, quelle en est la cause ? Que fais tu ? « La plupart des fois, nous nous entendons bien. J’éprouve envers ma famille un sentiment de bonté et d’amour. Visà-vis de mes parents un conflit peut
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Arrive-t-il qu’il y ait des tensions entre amis ? Que fais-tu ? « J’ai beaucoup d’amis, que ce soit à l’école ou en dehors de l’école. La plupart du temps j’éprouve envers eux un sentiment d’amitié. Des tensions,… des fois ça arrive. Par exemple quand on a des opinions ou des réactions différentes. Lorsqu’il y a des mésententes entre les jeunes, il faut les mettre ensemble, les laisser dialoguer en vérité pour écouter la pensée de chacun, et détecter leurs divergences. Il faut donc qu’il y ait un sage pour les aider à se réconcilier. » Quelle personne est pour toi une source d’inspiration ? « Ma maman est mon exemple. »
La FONCABA est une ONG de solidarité internationale, reconnue comme telle par les autorités belges, spécialisée dans le renforcement de la société civile en Afrique. Par des formations, les partenaires locaux et leurs groupes de base reçoivent la possibilité d’augmenter leurs compétences et de restituer leurs connaissances de manière efficace à d’autres. La FONCABA collabore directement et sur base de réciprocité avec des organisations africaines locales. La FONCABA investit dans la formation de partenaires locaux autour de 5 thèmes : l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire, la démocratie et les droits de l’homme, la prévention de conflits et la construction de la paix, l’éducation des jeunes et l’empowerment des femmes. La FONCABA développe une relation de partenariat honnête, ouverte et profonde, sur un pied d’égalité et basée sur le dialogue. La FONCABA choisit aussi une approche intégrale de l’homme et de sa communauté : les aspects économique, social, politique, culturel et spirituel s’y retrouvent.
Actions dans le Nord
Comment imagines-tu une journée d’un jeune de ton âge en Belgique ? « J’imagine qu’un(e) jeune Belge en vacances se réveille à 6h30, prend son petit déjeuner, fait du sport, regarde la télévision, fait du shopping... Ensuite, il va chercher des informations sur le net. Après il va voir ses amis et le soir il discute avec ses parents. »
être dû à un travail non effectué à cause d’un oubli ou un travail mal fait. Ou encore, l’incompréhension ou un mauvais comportement. Avec mes frères et sœurs, une mésentente peut surgir à cause de la télévision, ou encore lorsque le petit est rentré très tard et que je le punis. Pour résoudre un conflit, j’attends que l’autre se calme et on dialogue pour se pardonner. »
Actions dans le Sud
Comment se passe une journée à la maison pour toi ? «Pendant les vacances à la maison je prends mon petit déjeuner. Après, je fais les travaux ménagers ou des courses. S’il n’y a pas d’autres empêchements, je me repose après le déjeuner. Après, soit je vais à la bibliothèque, soit je fais du sport ou je vais rendre visite aux amis avec ma famille. Le soir, je regarde la télévision et je cause avec mes parents.»
La foncaba
Situation familiale : Médissa est l’aînée d’une famille de six enfants. Elle a trois frères et deux sœurs. Education : elle fréquente le Lycée Clarté Notre Dame de Vugizo où elle est en 3ème Lettres Modernes. Activités extrascolaires: elle s’investit dans le Club de l’Environnement. Projet professionnel : elle aimerait être docteur en médecine. « Mon avenir sera brillant ».
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Les projets: • sont adaptés à la spécificité culturelle de la population locale • stimulent la culture démocratique • créent l’autopromotion • renforcent l’empowerment de la femme • prennent soin du système écologique • ne sont pas imposés mais naissent au sein de la population locale
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Karibu est la revue de l’asbl FONCABA et paraît quatre fois par an. Abonnement: La revue est envoyée gratuitement à tous les intéressés
La FONCABA est une ONG reconnue par les autorités, spécialisée dans le renforcement des capacités de la société civile en Afrique. En optant pour la collaboration directe avec des partenaires locaux, les projets obtiennent des résultats durables et un grand ancrage dans la communauté locale. La FONCABA donne des outils pour que les Africains puissent prendre leur propre processus de développement en mains.
Rédaction: M-Bernadette Zubatse Luc Bonte Ruth Lamers Dries Fransen Jean Lefèbvre Marc Verschoore Adresse: Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles Tél. : 02 201 03 83 Fax : 02 205 17 39 e-mail : info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be Editeur responsable: M-Bernadette Zubatse (Rue du Progrès 333/03 – 1030 Bruxelles) Photos: FONCABA, APRODEPED, RODHECIC, CEAL Layout et impression: De Riemaecker Printing bvba www.deriemaecker.be
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OBJECTIFS DU Millenaire
191 pays ont signé un accord pour réduire la pauvreté vers 2015. Aidez-nous de rappeler aux politiciens leur promesse et à relever le défi. La pauvreté doit disparaître de notre planète!