juillet, août, septembre 2014
N° 155
FONCABA
België/Belgique P.B./P.P. 9099 GENT X BC 10999
Formation de cadres africains Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles (Belgique) - Tél: 02/2010383 Fax: 02/2051739 e-mail: info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be
Karibu BURUNDI: il n’y a pas que la politique … foncaba: Le changement en Afrique, c’est possible Bureau de dépôt Gent X - P602401 3e trimestre 2014
contenu 4 CONGO : LA PAIX ET LA SECURITE, DES PREALABLES L’hymne national chante de bâtir un pays plus beau qu’avant. Jusqu’aujourd’hui cela reste un rêve 11 BURUNDI : IL N’Y A PAS QUE LA POLITIQUE … En perspective des élections 2015, la politique revient tout le temps. Or, la vie des Burundais a bien d’autres facettes. 18 UN LEGS POUR LA FONCABA Votre engagement pour l’Afrique continue après vous. 20 FONCABA : VERS UNE TRANSFORMATION COMMUNAUTAIRE DURABLE Durant les six prochaines années (2014-2019), la FONCABA oriente ses stratégies sur une dynamique de changement à la base. Ses partenaires en Afrique s’expriment sur la nécessité de former des leaders compétents et socialement engagés en vue d’une transformation communautaire durable. 29 LA CAMPAGNE 11.11.11
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editorial Coopérer pour l’éclosion d’un leadership africain novateur et socialement engagé spécifie la mission de la FONCABA. ‘Le droit d’évoluer dans un environnement sain’ est une thématique générale qui va orienter les actions de la FONCABA des prochaines années avec ses partenaires de la société civile africaine. La FONCABA vise le développement d’un partenariat avec des Institutions de formation en Afrique. En permettant que des femmes et des jeunes acquièrent des outils et des compétences de leadership, elle garantit la réussite de leur implication efficace dans les dynamiques de transformation durables à la base de la société. En consolidant un leadership engagé socialement en Afrique, la FONCABA reconfirme son leitmotiv d’investir dans le « capacity building ». Mais, à l’heure de la globalisation et des crises financières, c’est devenu très difficile de rallier de nouveaux donateurs. L’Afrique a besoin d’un leadership à la base compétent et honnête. Vous qui y croyez, aidez la FONCABA à renforcer durablement des partenaires stratégiques. D’avance, sincères remerciements.
M-Bernadette Zubatse Directrice
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CONGO LA PAIX ET LA SECURITE, DES PREALABLES A 54 ans d’indépendance et de vie politique, les Congolais devraient être matures pour gérer l’Etat dans l’intérêt de tous. Ceux qui se sont battus pour l’indépendance ne l’ont pas fait pour d’autres raisons que celle de vouloir améliorer, dans le contexte qui était le leur, le sort des populations vivant sur ce vaste territoire. Le serment de bâtir un pays plus beau qu’avant, dans la paix, chanté dans l’hymne national, exprime bien cette vision Fabien Mbayo, secrétaire exécutif du CAEDH politique. Fabien Mbayo, secrétaire à Lubumbashi exécutif du CAEDH (Comité africain des éducateurs aux droits humains) nous décrit en quelques lignes que cette vision politique se situe jusqu’aujourd’hui au niveau du rêve. En éduquant les jeunes au respect des droits humains et à la gouvernance démocratique, le CAEDH contribue à la transformation communautaire pour l’avenir.
54 ans après la turbulence de la période qui a suivi la proclamation de l’indépendance, les Congolais sont encore envahis par le sentiment d’incertitude sur le lendemain. Du bureaucrate dans la Radio Okapi
Une instabilité pérennisée
Des ex-combattants dans la localité de Kotakoli, province de l’Equateur (sept. 2014) 4
capitale au paysan dans le monde rural, personne n’est sûr de pouvoir s’asseoir demain sur le même siège ou de tenir la houe pour labourer son champ.
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Tantôt c’est un conflit communautaire, tantôt ce sont des groupes armés ou groupes rebelles qui poussent les populations à l’exode et leur imposent la précarité, tantôt ce sont carrément des menaces d’instabilité des institutions nationales qui ébranlent la quiétude des Congolais. A plusieurs reprises, la résidence du Chef de l’Etat et les sites stratégiques et symboles du pouvoir ont été la cible d’attaques d’hommes armés
Radio Okapi
Des creuseurs dans une mine artisanale du Sud Kivu (2006) à Kinshasa et en provinces. Au mois d’août 2014, le Nord-Katanga a été secoué par un conflit intercommunautaire entre les communautés pygmées et les communautés luba. Ce conflit a contribué à augmenter la souffrance des populations déjà meurtries par l’insécurité.
Les conflits miniers
Radio Okapi
Il est devenu récurrent d’apprendre qu’il y a eu des affrontements entre les exploitants miniers artisanaux et les agents commis à la sécurité des concessions minières, incidents qui se soldent souvent par des blessures
graves voire mort d’hommes, parce que les entreprises ont recours à la police et même des fois à l’armée. Le manque de perspectives économiques pour la jeunesse congolaise explique cette ruée des jeunes vers l’exploitation illégale des mines. On dénombre actuellement 2,5 millions d’exploitants miniers artisanaux en République démocratique du Congo, à en croire la Fédération nationale des coopératives minières. Une bonne partie de ces artisanaux se concentrerait au Katanga. Et les problèmes que le faible encadrement de ces derniers pose n’ont pas encore trouvé de solution pag.8
Hôpital d’Ubundu après réhabilitation, à Bandundu ville (2011) KBA I KARIBU 155 I juillet, août, septembre
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PROTEGEONS NOTRE NATION Pour un processus électoral apaisé et porteur d’un avenir meilleur Extraits du message de la CENCO
A l’ occasion du 54ème anniversaire de l’indépendance de la RD Congo, les membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), ont adressé un message de paix et d’espérance au Peuple congolais. Cet anniversaire offre à l’Eglise l’occasion de rappeler à tous, le devoir sacré de protéger la Nation et de sauvegarder la paix, de travailler à bâtir un Congo plus beau qu’avant et assurer sa grandeur. EXTRAITS Protéger la Nation, c’est consolider la démocratie par l’organisation des élections libres, crédibles et transparentes. Nous savons que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) s’emploie à relever ce grand défi et nous l’encourageons à sauvegarder son indépendance et à demeurer dans l’impartialité, la transparence et le respect des prérogatives à lui imparties par la Loi. En effet, c’est à travers les élections que le Peuple congolais est appelé à exercer dans la liberté et avec un discernement requis son droit de choisir ses gouvernants à tous les échelons et ses représentants dans les Assemblées provinciales et dans les deux chambres du Parlement. De ce fait, nous désapprouvons tout mode de scrutin qui priverait le souverain primaire de son droit de désigner ses gouvernants et de participer directement à la gestion de la cité. Comme nous l’avons dit dans notre communiqué de presse à l’issue de notre Comité permanent de février 2014, nous soutenons les élections des députés provinciaux et même des maires et des bourgmestres par mode de scrutin direct. Protéger la Nation, c’est respecter la Loi fondamentale qui constitue le socle de la nation. C’est pourquoi, nous ne nous lasserons pas de rappeler au peuple congolais et à nos gouvernants la position de la CENCO contenue dans le Mémorandum adressé au Chef de l’Etat au sujet de la non modification de la Constitution, en particulier en ses articles verrouillés qui échappent à toute révision. Tel est le cas de l’article 220 qui stipule : « La forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle ». Nous désapprouvons également toute sorte d’initiative qui, sans modifier directement l’Article 220, viserait à le vider de son contenu essentiel.
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Il est important que les acteurs politiques ainsi que toute la population congolaise comprennent l’enjeu majeur de cette disposition constitutionnelle, fruit d’un large consensus, pour assurer la stabilité du pays. Cette disposition constitutionnelle traduit et protège les options fondamentales relatives à la nature de l’Etat congolais qui est une République et non une Monarchie, à la forme de l’Etat Congolais, à la nature de la démocratie congolaise qui demeure une démocratie représentative et fondée sur le suffrage universel, à la nature du pouvoir politique en RD Congo1. Ce pouvoir ne peut être ni personnalisé, ni absolu et non redevable devant personne c’est-à-dire autocratique et dictatorial. Ces options fondamentales sont également relatives au pluralisme politique et à l’alternance démocratique au pouvoir garantie par l’irréductibilité des droits et libertés de la personne humaine ainsi que la limitation de la durée du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une seule fois, à l’indépendance de la justice, condition sine qua non de l’instauration de l’Etat de droit et de la lutte contre l’impunité1. Pour un avenir meilleur de la Nation, l’Eglise catholique utilisera des moyens appropriés pour sensibiliser la population sur l’importance capitale de cet article verrouillé et défendra les options fondamentales qui sauvegardent notre jeune démocratie et la stabilité du pays. Pour un processus électoral apaisé et porteur d’avenir meilleur, l’Assemblée Plénière de la CENCO invite les acteurs politiques congolais et toutes les parties prenantes au processus électoral à s’appliquer avant tout à la réalisation d’un consensus aussi large que possible.
Recommandations aux Organisations de la Société civile Contribuer à la vulgarisation des textes légaux, à l’éducation et l’observation électorales. Mobiliser les électeurs et les électrices congolais à chaque étape du processus électoral.
L’engagement de la CENCO Redisant notre ferme volonté d’apporter notre contribution pour protéger la Nation et travailler au bien-être intégral de la population congolaise, nous accompagnerons ce processus électoral par l’éducation civique et électorale. Nous organiserons à cet effet, des moments de prière dans tous les diocèses de notre pays. Nous veillerons à sauvegarder la liberté de l’Eglise en évitant toute forme de récupération. Nous souhaitons que la célébration du 54ème anniversaire de l’indépendance de notre pays apporte à tous un sursaut patriotique et un réel engagement pour réussir le pari de bâtir un pays plus beau qu’avant et d’assurer la grandeur de la RD Congo. Fait à Kinshasa, le 27 juin 2014 1.Cf. Constitution de la République Démocratique du Congo, Exposé des motifs de la Constitution du 18 février 2006, dans Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, 52eme Année, Kinshasa, 5 février 2011, p.82.
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durable, malgré la création d’un service public d’accompagnement et de promotion de la petite mine, en l’occurrence le SAESSCAM (Service d’Assistance et d’Encadrement de la Production minière à petite échelle).
Un démarrage positif A l’issue du dialogue intercongolais, bien des choses ont été faites au niveau institutionnel, qui ont marqué positivement la population. Le pays a été pacifié, malgré la persistance des foyers de tensions dans l’Est du pays. Le M23 vient d’être vaincu par les forces armées de la République démocratique du Congo appuyé par une brigade spéciale de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO). L’économie est stabilisée et a amorcé sa croissance. Les Congolais sont allés deux fois aux urnes pour élire démocratiquement leur président et leurs représentants au parlement national et aux assemblées provinciales.
Abbé Malumalu, Président de la CENI avec M-B.Zubatse à la FONCABA 8
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L’assainissement de l’Administration publique est en cours et l’effectif des fonctionnaires de l’Etat en voie d’être maîtrisé grâce à la bancarisation de la paie des fonctionnaires. Les infrastructures de base (routes, écoles, hôpitaux, bâtiments d’intérêts publics, etc) dans certaines villes du pays sont réhabilitées voire construites. Tout ceci est un travail dont les Congolais sont reconnaissants vis-àvis des autorités politiques en général et du gouvernement en particulier. Mais ils seront encore plus reconnaissants si les acteurs politiques s’interdisaient de prendre des décisions politiques qui sont orientées uniquement vers leurs propres intérêts politiques en perspectives des échéances électorales.
Des petits pas démocratiques Depuis 2006, l’année qui a inauguré l’ère démocratique, le Congo a fait des petits pas remarquables vers le progrès. Il reste encore beaucoup à faire pour qu’un nouveau Congo émerge. La première chose c’est affermir la culture électorale dans le chef de la population. C’est d’ailleurs une obligation pour l’Etat d’organiser régulièrement les élections, et garantir l’alternance démocratique au pays. Les organisations non gouvernementales travaillent inlassablement sur cette question et interpellent quotidiennement l’autorité politique sur cette nécessité. Avec les échéances électorales en vue, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’affaire à rencontrer ses partenaires et multiplie des réunions pour harmoniser les points de vue. Mais il semble que c’est un dialogue de sourds qui s’installe car les divergences demeurent. Cela manifeste la méfiance qui caractérise les rapports entre les acteurs impliqués au processus électoral. Par rapport au scrutin de 2006 et aux
La société civile s’organise pour consolider les acquis démocratiques
acquis démocratiques déjà engrangés, va-t-on avancer ou davantage reculer après les élections troubles de 2011 ? Sans nul doute, la population veut aller de l’avant, vers plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, vers une répartition juste des ressources, vers l’accès aux services publics de base dans la dignité.
Vers un processus électoral apaisé ? Le débat politique est actuellement dominé par le sujet de la révision de la constitution de la République. La majorité au pouvoir veut réviser la constitution pour se maintenir, l’opposition s’organise de son côté pour faire obstacle à ce projet. La société civile appelle le pouvoir à ne rien entreprendre qui ne soit justifié par des objectifs de développement, sachant que le développement implique
la participation de tous dans la gestion des affaires publiques et donc la démocratie et son corollaire, l’alternance démocratique. Dans cette ambiance, le Comité africain des éducateurs aux droits humains (CAEDH) s’est engagé dans la sensibilisation des acteurs impliqués au processus électoral en cours en faveur de son apaisement. Le résultat attendu de cette initiative est que l’attention de tous soit attirée sur la nécessité de consolider les acquis démocratiques, seuls gages de la paix et du progrès social, plutôt que de tomber dans les travers des élections truquées qui ne nous conduiront qu’à l’instabilité. Fabien Mbayo, Lubumbashi, 13 août 2014
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APPEL SPECIAL L’Afrique a besoin d’un leadership à la base compétent et honnête. Aujourd’hui, plus que jamais, la FONCABA a besoin de vous. La formation d’un leader coûte en moyenne 420,00 € « Je m’engage d’aider la FONCABA à déployer ce leadership à la base en Afrique Centrale »
Votre don fait la différence. GRAND MERCI 10
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BURUNDI Il n’y a pas que la politique A la veille des élections de 2015, les yeux sont tournés vers ce pays aux mille et une collines. Depuis l’étranger, c’est comme si ce n’est que la politique qui préoccupe tous ses habitants. Des media rapportent des regains de tensions sociales à cause du verrouillage de l’espace politique. Divers groupes de jeunes incontrôlés commettent des violences. Le Président actuel aurait l’intention de briguer un troisième mandat. Des menaces pèseraient fort sur la démocratie. Mais, la vie de madame et monsieur tout le monde a d’autres facettes. Monsieur Frédéric Bizindavyi, chef d’Antenne AGAKURA (Jeunesse Providence) à Rwesero, nous brosse un tableau de la vie quotidienne. Il esquisse des actions de la population, ses problèmes, son espoir (août 2014). AGAKURA en coopération avec la FONCABA, s’implique dans une dynamique de transformation de la vie des jeunes couples paysans. A la ferme-école, des jeunes couples reçoivent des formations d’agriculture agro-écologique et de fabrication de briques de terre compressée en vue des habitations en matériaux semi-durables.
La problématique de l’emploi L’exode rural frappe surtout des jeunes à la recherche du travail qui quittent les collines vers les villes des provinces ou la capitale. Il y en a de plus en plus qui sombrent dans la délinquance pour survivre. En villes, le chômage devient un phénomène. Les jeunes sans emplois âgés entre 18 et 24 ans sont trois fois plus élevés que les plus âgés de 25 ans. Il y a parmi eux des lauréats des écoles secondaires et des universitaires. Il n’existe pas de vision globale sur la problématique de l’emploi. Comme le décrit le CSLPII (Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte Contre la Pauvreté Deuxième Génération), la situation actuelle est caractérisée par l’absence d’une politique nationale en matière d’emploi et une C’est difficle de trouver de mauvaise connaissance du marché de travail. l’emploi pour nos jeunes Il existe un problème de gouvernance dans la gestion des opportunités d’emploi. La formation n’est pas adaptée à l’emploi. Les structures d’encadrement à l’auto-emploi sont insuffisantes. Des créneaux porteurs d’emploi sont faiblement diversifiés et les emplois sont précaires.
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L’agriculture familiale en danger L’ a g r i c u l t u r e c o n t r i b u e significativement à la richesse nationale. Mais, le revenu agricole ne permet pas à la majorité de la population de gagner suffisamment pour couvrir les besoins de base. En milieu rural comme dans les centres urbains, la pauvreté est devenue un phénomène récurrent. La mendicité y fait fureur. Les centres urbains en extension continuent d’occuper les terrains de culture au détriment de l’agriculture familiale. Les paysans sont obligés de céder leurs terrains aux riches qui construisent d’autres infrastructures et des maisons d’habitation. C’est ainsi par exemple qu’autour de la ville de Bujumbura, les quartiers de Carama, Kibenga, Kajaga, Buterere, Kiyange et Des briques remplacent les terrains de culture Maramvya, jadis occupés par des riziculteurs sont cédés aux riches. Ailleurs, on voit des nouveaux quartiers d’extension de la ville. C’est le cas à Ngozi avec le quartier Kinyami ; à Gitega avec les quartiers Bwoga, Karera, Mushasha, Nyabiharage, Nyabisindu, Nyabututsi, Rutegama, Shatanya et Zege, occupés jadis par les cultures vivrières (bananes, maïs, haricots, petits pois, patate douce, manioc, etc.) Par ailleurs depuis deux ans, l’état a pris une mesure de subvention des engrais chimiques aux ménages. La propagande était faite via les media. Mais compte tenu des expériences de dégradation des sols par ignorance des dosages des engrais chimiques sur les terrains, certaines ONG sensibilisent la population sur l’importance de la fumure organique de fertilisation des sols.
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De l’argent encore … Il n’y a presque plus de service public gratuit. Tout se monnaye, même l’accueil d’un rendez-vous. Avoir de l’argent et beaucoup d’argent, est devenu une hantise de beaucoup de fonctionnaires, du plus petit au plus grand. Chez les commerçants et les artisans des centres urbains, les prix sont fixés à la tête du client ! C’est frappant! Par contre, la masse paysanne ne semble pas mesurer la valeur de l’argent. Elle travaille et vend ses récoltes à des prix disproportionnés comparativement aux tarifs des produits manufacturés.
L’accès à la santé de tous Sur le plan sanitaire, le Burundi dispose d’une Politique Nationale de Santé (2005-2015), d’un Plan National de Développement Sanitaire deuxième génération (PNDS II) couvrant la période de 2011 à 2015. Dans le cadre de leur mise œuvre, il a adopté et mis en œuvre une série de réformes dont L’accès à la santé est un droit la décentralisation du système de santé avec une mise en place des Districts Sanitaires, le financement basé sur la performance(FBP) et depuis mai 2012, l’introduction de la carte d’assistance maladie (CAM). Le Burundi avait promulgué la politique nationale de protection sociale (PNPS) depuis avril 2011, qui préconise les mutuelles de santé comme stratégie durable d’assurance maladie universelle. La CAM vient donc de s’y inscrire en faux. Mais lors de la mise en place de la commission nationale de protection sociale (CNPS) en avril 2013, le Président de la République a, dans son discours, encouragé le développement des mutuelles de santé communautaires et a demandé aux administratifs de s’impliquer pour faciliter l’élargissement du taux de couverture national.
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La gratuité de l’éducation à la base Au moins une école primaire est construite sur chaque colline pour accueillir tous les enfants. La scolarisation des enfants est formellement gratuite. Néanmoins les parents doivent payer les frais pour la construction des locaux, les soins de santé et l’habillement de leurs enfants. Il y a deux ans, une réforme donnant lieu à l’accès à l’école secondaire a été adoptée : une école fondamentale qui part de la 7ème année à la 9ème . De ce fait, le concours national qui était jadis donné aux élèves de la 6ème année primaire aura lieu en 9ème année pour permettre aux lauréats d’entrer à l’école secondaire. La qualité de l’enseignement se perd de plus en plus . Avec l’entrée du Burundi dans l’Est African Community, les élèves du primaire ne sont pas capables d’assimiler la matière avec l’introduction de multiples langues (le Swahili et l’Anglais ) dans le programme de formation.
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Le droit à l’éducation : l’école pour tous les garçons et les filles
Les rafales du village planétaire L’ouverture sur le monde par les images de télévision et de l’internet n’apporte pas que des bonnes manières chez des jeunes filles et garçons. La délinquance et la pratique du libertinage inquiètent les parents. De plus en plus de jeunes fuient leurs familles et préfèrent errer dans les rues et boire dans les bistrots. D’autres se rassemblent dans des maisons de cinéma et les boîtes de nuits. On signale aussi des cas de violences sexuelles dans quelques communes. La police essaie de juguler cette situation, parfois complexe. Il est à noter le rôle appréciable des ONGs qui accompagnent les femmes et jeunes filles victimes pour les prévenir des risques de contamination par les maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées. Le gouvernement a aussi pris des mesures pour appuyer les parents dans l’éducation de leurs adolescent(e)s, notamment en interdisant aux moins de 18 ans de fréquenter seuls les bistrots. Ils doivent être accompagnés par leurs parents.
« C’était autrement pour la jeunesse de notre époque ! »
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Le prince L. Rwagasore et le président M. Ndadaye, les deux héros de la Nation
Une fragilité politique Sur le plan politique et social, après plus de 12 ans des conflits violents, la paix sociale sur les collines du Burundi se consolide. Néanmoins, la situation politique et sécuritaire reste fragile du fait que la majorité des partis politiques d’opposition se sont retirés du processus électoral de 2010. C’est ainsi que le pouvoir actuel est majoritairement assumé par le parti présidentiel. Aujourd’hui, le pays se prépare aux élections de 2015. Certains partis politiques d’opposition se sont scindés en deux ailes dont l’une se relie au parti au pouvoir. C’est le cas des partis FNL, UPD, FRODEBU et plus récemment l’UPRONA (ancien parti unique). Certains textes et lois sur les élections sont déjà votés par le parlement ou sont en cours d’analyse par les instances habilitées.
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L’électricité : un défi de taille Le Burundi dispose de peu de chambres froides de stockage et d’unités de transformation des produits agricoles. De ce fait, il y a des pertes importantes des produits frais, facilement périssables comme les tomates, les fruits, les légumes, du poisson, etc. Quelques initiatives d’installation d’unités de transformation alimentaires viennent de voir le jour pour réduire ces pertes. Mais, assurer la distribution en continue de l’électricité reste un défi de taille.
Le foisonnement des églises Actuellement, nous observons la naissance de beaucoup d’églises et sectes, surtout des églises protestantes de réveil. Mais, les divisions internes y sont fréquentes.
• Une Commission Nationale Terre et Autres Biens (CNTB) est à l’œuvre pour donner réponse aux conflits sur les litiges de propriété entre les rapatriés et les résidents qui ont spolié des terres et d’autres biens des veuves et des orphelins victimes des assassinats massifs non élucidés après l’indépendance de notre pays. • Une Commission Nationale des Droit de l’Homme a été mise sur pieds pour appuyer le gouvernement à la réconciliation et à la résolution des conflits liés au respect Fr. Emmanuel Ntakarutimana, des droit de l’homme.
CNIDH.BI
Des initiatives et des mesures encourageantes
Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme
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Un legs pour la FONCABA Votre engagement pour l’Afrique continue après vous La FONCABA est ravie de recevoir une donation ou un legs pour ses projets d’Afrique. Comme dernières volontés, la plupart des personnes font un testament. C’est une occasion de traduire leurs pensées pour leur famille, mais également d’offrir une partie de leurs avoirs sous forme de legs ou de donation à une asbl qui travaille dans un pays en voie de développement. La FONCABA est une asbl habilitée à recevoir des legs et des donations qu’elle utilise pour ses projets de formation en Afrique. Il suffit d’insérer dans le document la formule suivante : « Je lègue à l’asbl FONCABA à 1030 Bruxelles, la somme de …………….,…….. euro ou …………………… (biens meubles et)………………(immeubles) à l’adresse…………………pour la formation de cadres africains ». Comme le droit de succession est une matière assez compliquée, il est recommandé de consulter un notaire qui fera un petit calcul et vous donnera un avis correspondant à vos souhaits. Pour des informations complémentaires à la FONCABA. Contact : M-Bernadette Zubatse, Directrice Tél.: 02 2010383 ou info@kba-foncaba.be
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Le legs en duo Aussi bien vos héritiers que la FONCABA y gagnent LE LEGS EN DUO Le legs en duo est une donation par testament de biens meubles et/ou immeubles à une ou plusieurs personnes et en même temps à une asbl reconnue comme la FONCABA. Cette technique prévoit qu’en l’occurrence la FONCABA peut prendre en charge les droits de succession de la personne qui reçoit la donation. Si celle-ci est destinée à un parent lointain ou à un ami, celui-ci devra payer normalement beaucoup de droits de succession (jusque 65%). La FONCABA comme asbl ne paiera que 7% (8,8% en Flandres et 12,5% en région bruxelloise).
3 conditions: • vous devez rédiger un testament. • vous léguez une partie de vos biens à une ou plusieurs personnes • vous léguez la partie restante à une institution agréée (comme la FONCABA) qui aura à sa charge le paiement de la totalité des droits de succession.
Tout le monde y gagne! Grâce à la technique du legs en duo, vous laisserez autant (sinon plus) à votre ami ou à votre nièce, tout en soutenant les projets de la FONCABA. KBA I KARIBU 155 I juillet, août, septembre
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FONCABA Vers une transformation communautaire durable Dans ses nouvelles stratégies des six prochaines années (2014-2019), la FONCABA vise l’amélioration du leadership des organisations d’appui en Afrique. Elle souhaite que les populations locales participent aux concertations des collectivités pour faire respecter leurs droits. Elle appuie des actions de développement des compétences des leaders socialement engagés à la base comme acteurs de changement. La FONCABA a demandé à ses partenaires de décrire le rôle du leadership des groupes de base dans les dynamiques de transformation de leurs communautés. Leurs réponses expriment leur compréhension de la transformation communautaire durable. Ils communiquent les souhaits concrets et réalistes. Ils avertissent parfois des défis et des obstacles observés. Ils justifient l’importance d’investir dans un leadership de la base pour des dynamiques sociétales durables.
La réalisation d’un Etat de droit Christian Mukeni, agent de sensibilisation au CIAM -Centre d’Information et d’Animation Missionnaire-, membre de RODHECIC en commune de MateteKinshasa, est d’avis qu’il s’agit de la mise en place d’un réel Etat de droit par un changement radical des pratiques politiques, économiques, sociales et culturelles actuelles en vue d’améliorer le bien être de tout le monde. Pour le réaliser il est nécessaire d’avoir des leaders responsables, positifs, compétents, pleins d’énergie, courageux, prêts à prendre des risques, participatifs, ouverts aux critiques. Ces leaders reflèteront d’une manière exemplaire les « J’en ai assez d’attendre, il valeurs de justice, de transparence et de redevabilité. faut que cela change ! » Ils les propageront sans discrimination à tous ceux qui s’impliquent activement dans la vie de la communauté. Mais la précarité de la vie socio-économique ne favorise pas l’émergence des valeurs fondatrices d’un Etat de droit. Par la conscientisation et le dialogue, et à travers l’éducation à la citoyenneté responsable, au respect des lois et à la défense de droits humains, le RODHECIC contribue à la mise en place de cet Etat de droit.
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Un robot-policier règle la circulation au centre de la ville de Lubumbashi. Les femmes apprécient. Finies les tracasseries.
Un changement participatif D’après Fabien Mbayo, secrétaire exécutif de CAEDH -Comité africain des éducateurs aux droits humains-, à Lubumbashi, il s’agit d’un changement positif durable et solidaire. C’est une transformation sociale qui n’est pas imposée, mais pensée et portée par la communauté de base, pour son propre bien être. Bref, c’est une transformation participative à l’idéal d’un Etat de droit. C’est par exemple, l’implication effective de la jeunesse dans des actions locales de réalisation des politiques de développement durable. Les exercices des jeunes à prendre des responsabilités sont des changements en soi. Pour arriver à ce changement, il faut des jeunes leaders visionnaires, dynamiques et prospectifs. Ce sont des jeunes connaissant les réalités sociales locales, disposant des capacités de mobilisation et d’encadrement des autres jeunes. Au sein de la communauté, ils se distinguent comme des leaders respectueux de la dignité humaine et des droits de l’homme. Ces leaders sont confrontés aux obstacles d’insuffisance des ressources matérielles, humaines et financières ainsi qu’aux scandales liés au pouvoir politique. Leur rôle est d’interpeller l’autorité par des moyens légaux. Pour participer à la réussite de cette dynamique, c’est important d’élaborer des stratégies efficaces de mobilisation des ressources en nouant des alliances utiles, y compris au sein même des pouvoirs publics. Au besoin, il faut maintenir des relations avec les acteurs politiques issus de la société civile. Par ailleurs, c’est opportun de consolider les synergies existantes et de renforcer le partenariat Nord<->Sud. C’est dans ce sens que le CAEDH veut approfondir ses relations de partenariat avec la FONCABA pour davantage s’impliquer dans la dynamique de promotion des jeunes leaders à travers le développement des espaces d’expression. La belle place Moïse Tshombe à La jeunesse lushoise y pratique ses droits Lubumbashi. Comme quoi un change- fondamentaux individuels et assure ainsi la ment est possible durabilité de la bonne marche de leurs milieux. FONCABA I KARIBU 155 I juillet, août, septembre
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TEMOIGNAGE Mr Caly Nkishi, 40 ans, non membre d’un groupe formel de la société civile, en commune de Katuba (Lubumbashi). « J’ai réussi à mener un lobbying auprès des autorités de la Société nationale d’électricité (SNEL) pour obtenir la connexion de notre quartier au réseau du courant électrique. Après plusieurs mois de démarches, de négociations et de mobilisation de la population de mon quartier, je suis parvenu à décrocher l’installation dans ce quartier d’un transformateur qui alimente actuellement notre quartier en énergie électrique. Depuis lors le quartier qui était dans l’obscurité est aujourd’hui éclairé la nuit. La première retombée de l’action menée est que cela a contribué efficacement à réduire le banditisme dans le quartier. Mais aussi, des petites initiatives économiques (commerce de vivres frais, menuiserie, moulin, fabrication des portes métalliques, etc.) se sont développées et cela contribue à l’amélioration du revenu des ménages qui sont généralement pauvres. Je n’ai pas fait des études universitaires. Comme travail, j’ai fait le commerce du sable à côté de ma maison. J’ai organisé les gens autour de moi et ensemble nous avons obtenu ce résultat.
Une dynamique d’un projet de société D’après Célestin Ohote, Coordonnateur national des « Amis de la Prison », membre de RODHECIC en Commune Limete-Kinshasa, il s’agit d’une dynamique de développement par le changement des structures actuelles de la société. C’est important d’agir en groupe organisé et conscient des difficultés qui peuvent surgir et de savoir les affronter. Le tout est de ne pas avoir peur et de ne pas se décourager. Ce changement se réalise donc à partir d’un projet de société où tout le monde se sent consciemment mobilisé. Il faut nécessairement avoir des leaders capables de voir, juger et agir. Ce sont des leaders capables d’influencer les autres, dans une dynamique positive et constructive. Ces leaders doivent s’informer et se former sur les droits humains et sur les lois existantes La nécessité d’augmenter le leadership féminin à la base, capable de et les faire connaître aux autres.
voir, juger et agir
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Des leaders de la société civile se concertent sur des actions à entreprendre
Un changement de mentalité Trois représentant-e-s d’organisations membres du RODHECIC à Kinshasa disent qu’il s’agit d’un changement de mentalités ou d’attitudes face à une situation ou un phénomène. Il s’agit de Mme Marceline Kisita, chargée de programme à OFEDICO -Organisation des Femmes pour le Développement Intégral et Communautaire- en Commune Ndjili, Mme Séraphine Lembikisan, chargée des publications à FCDD -Femmes chrétiennes pour la Démocratie et le Développement- en commune Ngaba et Mr Gillet Mbangani du Miec -Mouvement international des étudiants catholiques- à Kinshasa. C’est important d’avoir un leader d’éducation civique et démocratique maitrisant et respectant les textes légaux nationaux, régionaux et internationaux. Ce sont des femmes et des hommes de caractère, capables d’affronter les difficultés. Ils/elles ont le sens du sacrifice et sont soucieux de la bonne gouvernance pour le bien être de la population. Dans leur travail de vulgarisation à la base, ils/elles doivent faire face à la faiblesse de l’administration et aux injustices de l’appareil judiciaire. Ils prônent la non-violence et la lutte contre la corruption et l’impunité. RODHECIC participe à cette dynamique, en formant des observateurs-trices de l’action gouvernementale. En partenariat avec la FONCABA, il les outille sur les notions élémentaires du droit et du plaidoyer. Certains deviennent même des para-juristes.
Consolider un leadership à la base en droits humains fondamentaux FONCABA I KARIBU 155 I juillet, août, septembre
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La dynamique communautaire demande une entraide de voisinage
Le travail communautaire en agriculture familiale Julien Sawadogo, Secrétaire exécutif du PER -Projet Ecologie Reboisement- à Kongoussi en province du BAM-Burkina Faso, considère qu’il s’agit de changer le comportement et la mentalité des paysans de manière durable, en les entrainant au travail en équipes afin de réussir l’agriculture familiale. Cela demande des leaders capables de bien gérer les groupes de base dans la transparence et sans distinction de race, d’appartenance politique ni de religion. Ce sont des leaders respectueux, honnêtes et engagés, jouant leur rôle à travers leurs actions de sensibilisation, de bonne gestion transparente et de conseil. Le PER participe à cette dynamique, en stimulant l’agro écologie en groupements villageois. Il commence par des formations des leaders paysans sur le compostage et la retenue d’eau de pluie. Il poursuit la pratique avec la mise en place des diguettes, la technique du zaï et le reboisement.
Des diguettes pour retenir l’eau, une pratique agricole innovante au Sahel 24
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TEMOIGNAGE Mme Ngalula Rosalie, présidente de l’OF-CBMT Tujuke de la paroisse St Paul, en commune de Lukonga (Kananga) « Je suis agricultrice. Je suis mariée à un cultivateur. J’ai mes champs à Kanyinganyinga, dans la commune de Lukonga. Je cultive le manioc, le niébé, le maïs et les courges. La production du manioc se fait sur toutes les périodes de l’année. On le plante pendant toute la saison de pluie. Comme notre sol n’est pas très riche pour la culture de maïs, notre aliment de base, je vends du manioc pour compléter le déficit en maïs de consommation de ma famille. Le CBMT nous a appris à faire la combinaison d’aliments pour offrir une nourriture suffisante et de qualité à nos familles. Je vois un changement dans ma famille. J’utilise les produits de mes champs et d’une partie de mon élevage de chèvres et de poules. J’achète les produits qui me manquent sur le marché avec l’argent des produits agricole et d’élevage que j’arrive à vendre. Dans notre groupe, les membres voient des changements identiques.
Un champ de manioc au Congo FONCABA I KARIBU 155 I juillet, août, septembre
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Des arbres dans les champs: une redécouverte d’une technique agricole
TEMOIGNAGE Mr MUFUNGIZI Muliri, 46 ans, membre de CDI-IADL, Village Ihasi (Sud-Kivu) « J’ai acquis un champ par la vente des arbres agro-forestiers. Je ne pouvais jamais m’imaginer l’importance économique de l’arbre. En 2006, j’ai planté 50 arbres de Grevillea robusta et de Cedrella odorata dans mes champs, respectivement de 40 m sur 25 m et 50 m sur 20 m. La vente de 40 arbres en 2013 a procuré à ma famille 350 dollars dont j’ai payé un champ de 35 m sur 10 m où j’ai cultivé la patate douce pour la survie de ma famille. Il est idéal de maximiser les rendements économiques des cultures vivrières par une association avec des arbres agro-forestiers». 26
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TEMOIGNAGE Mme M’Chiherano, 55 ans, membre d’une organisation des femmes pauvres-IADL, Village Buhozi (Sud-Kivu) « La chèvre n’est pas seulement utile pour sa viande. En 2012, j’ai reçu de IADL deux chèvres. La coordinatrice de notre organisation, ADHAMA Trésor (30 ans), nous a démontré qu’il est possible de fabriquer localement de l’engrais à partir des crottes de chèvres. Elle nous a donné une formation pour apprendre à fabriquer l’engrais. Il suffit de sécher les crottes de chèvres, les pulvériser et les mélanger au compost. Ce produit préparé peut être utilisée comme engrais dans les petits jardins familiaux. Je vends chaque mois 20 kg d’engrais aux producteurs des légumes de Ihasi, ce qui correspond à 20 dollars. Je fertilise aussi mes jardins potagers ».
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L’humanisation de chaque membre de la communauté Par la transformation communautaire, Emérance Nsonga, Secrétaire Exécutive du CBMT -Centre des Bamamu Tabulukayi- à Kananga, entend toute dynamique qui pousse les communautés à prendre conscience du mauvais statut actuel de leur vie quotidienne. Elles prennent des dispositions pour changer leurs façons de vivre, en humanisant chaque personne. C’est une recherche de bonheur et de sérénité, garantissant les droits humains dans tous les domaines de la vie : alimentation, santé, environnement, sécurité physique, éducation, etc. Concrètement, par rapport à l’alimentation et l’agriculture familiale, il s’agit d’augmenter la production agricole locale afin de Emérance Nsonga, secrétaire exécutive du fournir une alimentation suffisante et mouvement de femmes Bamamu Tabude qualité aux ménages. Les produits lukayi à Kananga de rente permettant de gagner un revenu pour satisfaire d’autres besoins familiaux. Cette transformation nécessite l’action d’un leadership qui connaît les problèmes de la base, vivant lui-même dans le milieu. Il doit être compétent, engagé, ouvert au changement, dynamique, prévoyant, intègre et loyal. En un mot, c’est un leadership responsable. Notre organisation des Bamamu Tabulukayi, en partenariat avec la FONCABA participe à la dynamique communautaire d’agriculture familiale par l’accompagnement des organisations des femmes (OF) en réseaux. Autour de la banque des céréales de maïs et du niébé, notre structure connecte des agricultrices et des éleveuses aux transformatrices de produits agricoles et aux vendeuses de ces produits. L’accompagnement des OF/CBMT consiste en des appuis Des femmes des organisations de base techniques, matériels et de gestion des Bamamu Tabulukayi fabriquent du jus efficace de leurs productions.
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Nous consommons, mais à quel prix ? Que de paradoxes... • On produit aujourd’hui dans le monde plus de nourriture qu’il n’en faut pour nourrir la planète. Pourtant, près de 1 milliard de personnes souffrent de la faim ! • On gaspille chaque année un tiers de la production alimentaire mondiale, de quoi nourrir plus de la moitié de l’humanité ! • Nous vivons dans un monde où la malbouffe côtoie les famines et où il y a autant de personnes obèses que de personnes malnutries ! • Paradoxe ultime : 80% des personnes souffrant de malnutrition sont des paysans et des pêcheurs du Sud
Les paysans et les pêcheurs du Sud, principales victimes de la faim Si les principales victimes de la faim dans le monde sont les paysans et les pêcheurs du Sud, c’est parce que leur niveau de pauvreté ne leur permet pas d’avoir accès à une alimentation qui pourtant existe en suffisance. Concurrencés par les produits bon marché de l’agro-industrie, Ils deviennent incapables de vivre de leur production et de nourrir leur famille. Poussés à la faillite et dans la pauvreté, d’aucuns deviennent vulnérables.
De l’esclavage dans nos assiettes Une enquête a révélé en juin 2014 que les principaux supermarchés européens et américains vendent des crevettes thaïlandaises nourries avec du poisson pêché par des travailleurs-esclaves cambodgiens et birmans. Capturés puis vendus pour quelques centaines d’euros aux capitaines des bateaux, ces esclaves travaillent jusqu’à 20 heures par jour. Une dérive parmi d’autres d’un secteur agroindustriel pris dans une course mondiale au prix le plus bas. Sommes-nous vraiment condamnés à consommer des aliments ayant un arrière-goût d’esclavage ?
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Pour nourrir la planète, soutenons les producteurs du Sud ! Puisqu’ils représentant 80% des victimes de malnutrition, la solution pour éradiquer la faim dans le monde est de soutenir les paysans et les pêcheurs du Sud, en vue de garantir à la fois des revenus suffisamment rémunérateurs aux producteurs et une nourriture saine, accessible et durable aux consommateurs. Les producteurs du Sud doivent nourrir la planète, plutôt que représenter la majorité des victimes de la faim !
Rejoignez les combats du CNCD-11.11.11 ! Le Centre national de coopération au développement (CNCD11.11.11) est la coupole de plus de 80 ONG belges de développement et un réseau de plusieurs milliers de volontaires. Son but est d’éradiquer la pauvreté dans le monde : • En organisant chaque année l’Opération 11.11.11 en vue de financer des dizaines de projets de développement concrets dans le Sud. • En interpellant les décideurs politiques pour qu’ils prennent des décisions en faveur du droit au développement et pour un monde plus juste. • En organisant une campagne de sensibilisation du public belge sur les causes structurelles de la pauvreté. Rejoignez notre combat : www.cncd.be Pour toute information complémentaire, visuels des produits, affiches…. envoyez un mail à : communication@cncd.be 30
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La FONCABA investit dans la formation de partenaires locaux autour de 5 thèmes : l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire, la démocratie et les droits de l’homme, la prévention de conflits et la construction de la paix, l’éducation des jeunes et l’empowerment des femmes. La FONCABA développe une relation de partenariat honnête, ouverte et profonde, sur un pied d’égalité et basée sur le dialogue. La FONCABA choisit aussi une approche intégrale de l’homme et de sa communauté : les aspects économique, social, politique, culturel et spirituel s’y retrouvent.
Actions dans le Nord
La FONCABA est une ONG de solidarité internationale, reconnue comme telle par les autorités belges, spécialisée dans le renforcement de la société civile en Afrique. Par des formations, les partenaires locaux et leurs groupes de base reçoivent la possibilité d’augmenter leurs compétences et de restituer leurs connaissances de manière efficace à d’autres. La FONCABA collabore directement et sur base de réciprocité avec des organisations africaines locales.
Les projets
Tout sur la FONCABA su r www.kba-fon caba.be
Les projets: • sont adaptés à la spécificité culturelle de la population locale • stimulent la culture démocratique • créent l’autopromotion • renforcent l’empowerment de la femme • prennent soin du système écologique • ne sont pas imposés mais naissent au sein de la population locale
La FONCABA participe à l’éducation au développement concernant la problématique Nord-Sud et sensibilise les intéressés, les organisations sociales et les sympathisants autour de l’importance de renforcer de manière durable les individus et les groupes au Sud sur base d’un dialogue honnête. La FONCABA participe activement aux campagnes du mouvement NordSud, 11.1111 et le CNCD, comme l’action sur les objectifs millénaires, donne des avis (principalement sur l’Afrique Centrale) et attire l’attention sur les thèmes dans la revue KARIBU et via le site web.
Et Vous? La FONCABA est soutenue par des dons pour une partie de son travail de formation avec des organisations partenaires en Afrique. C’est pourquoi la FONCABA vous remercie 1000 x ! FINTRO : BE 94 1430 6786 22 14 (Pour les dons de 40 euros ou plus, vous recevez une attestation fiscale) FONCABA I KARIBU 155 I juillet, août, septembre
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Karibu est la revue de l’asbl FONCABA et paraît quatre fois par an. Abonnement: La revue est envoyée gratuitement à tous les intéressés
La FONCABA est une ONG reconnue par les autorités, spécialisée dans le renforcement des capacités de la société civile en Afrique. En optant pour la collaboration directe avec des partenaires locaux, les projets obtiennent des résultats durables et un grand ancrage dans la communauté locale. La FONCABA donne des outils pour que les Africains puissent prendre leur propre processus de développement en mains.
Rédaction: M-Bernadette Zubatse Luc Bonte Ericq-Bayard Rwantango Dries Fransen Jean Lefèbvre Karine Bonte Joke Somons Adresse: Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles Tél. : 02 201 03 83 Fax : 02 205 17 39 e-mail : info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be Editeur responsable: M-Bernadette Zubatse (Rue du Progrès 333/03 – 1030 Bruxelles) Photos: KBA, RODHECIC, CAEDH, PER, Radio Okapi CNIDH.BI Layout et impression: De Riemaecker Printing bvba www.deriemaecker.be
Les articles n’expriment pas nécessairement l’opinion de la FONCABA. Cette revue est imprimée sur papier recyclé. Dit tijdschrift verschijnt ook in het Nederlands
OBJECTIFS DU Millenaire
191 pays ont signé un accord pour réduire la pauvreté vers 2015. Aidez-nous de rappeler aux politiciens leur promesse et à relever le défi. La pauvreté doit disparaître de notre planète!