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octobre, novembre, decembre 2014

N° 156

FONCABA

België/Belgique P.B./P.P. 9099 GENT X BC 10999

Formation de cadres africains Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles (Belgique) - Tél: 02/2010383 Fax: 02/2051739 e-mail: info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be

Karibu BURUNDI: La vie au Burundi au quotidien congo: La transformation sociétale au Congo Afgiftekantoor Gent X - P602401 4e trimestre 2014


contenu 4 SUD KIVU: A QUAND LE BOUT DU TUNNEL ? Depuis 20 ans la population du Sud Kivu vit dans une situation d’insécurité. Jusqu’aujourd’hui, elle passe par de multiples épreuves, jusqu’à l’abandon ou la perte de ses terres de cultures. 8 VOTRE CADEAU DE NOEL POUR L’AFRIQUE 9 BURUNDI: LE QUOTIDIEN SANS PERSPECTIVE D’AVENIR Trois semaines en vacances dans son pays, un couple burundais de Belgique a écouté et observé la vie quotidienne au Burundi 18 UN LEGS POUR LA FONCABA 20 FONCABA: DES PRATIQUES NOUVELLES, DES ATOUTS POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE Durant les six prochaines années (2014-2019), la FONCABA oriente ses stratégies sur une dynamique de changement à la base. Ses partenaires en Afrique s’impliquent dans la formation des leaders compétents et socialement engagés en vue d’une transformation communautaire durable. 30 PROJET KUGEZA AU BURUNDI : TOUS LES ENFANTS A L’ECOLE

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editorial Chères amies, chers amis, Pour Marie et Joseph, il n’y avait « pas de place dans l’auberge », nous raconte le récit de l’évangile. Le mépris, le rejet et la pauvreté les met au bord de la société. Mais voilà qu’une étoile brille dans le ciel. Une lumière dans l’obscurité. Noël, fête de la lumière et de l’espoir. Des centaines de millions de personnes sur notre terre vivent dans l’obscurité, au sens littéral et figuré. Ils ne doivent pas s’inquiéter d’une éventuelle coupure de courant. Ils n’ont pas de machine à laver ni de télévision. Ils n’ont pas d’eau courante ni de lumière. Mais, leur obscurité c’est l’insécurité, la guerre, le manque de nourriture, la perte de leurs terres, l’oppression, l’injustice. Les partenaires de la FONCABA accompagnent des femmes, des hommes des jeunes filles et des garçons en Afrique. Ce sont des étoiles dans ce ciel obscur. Ce sont des lumières d’espoir pour la population locale. Avec elle, ils s’engagent à œuvrer ensemble pour une transformation communautaire durable. Chères amies et chers amis, vous êtes des étoiles d’espoir pour la FONCABA et ses partenaires en Afrique. Votre soutien est une preuve indélébile de votre confiance en la FONCABA. Cela nous encourage et nous affermit dans notre engagement pour sa noble mission. Du fond du cœur, merci de votre confiance. Deux milles quinze mercis de rester des lumières d’espoir de l’Afrique et de continuer votre soutien à la FONCABA. Votre solidarité fait la différence. Nous vous souhaitons une très bonne fête de Noël et une heureuse année 2015.

M-Bernadette Zubatse, Directice Luc Bonte, Président

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SUD KIVU A quand le bout du tunnel? Depuis maintenant 20 ans, la province du Sud-Kivu est restée le théâtre d’insécurité orchestrée par différents groupes armés nationaux et étrangers. Des efforts ont été déployés par les autorités nationales et la communauté internationale via la Monusco. Il s’agissait de renforcer l’autorité de l’Etat pour démocratiser les institutions. Certains groupes armés ont évoqué le manque de démocratie comme justification de leur lutte. Emmanuel Shamavu, directeur d’APRODEPED (Action pour la promotion et la défense des droits des personnes défavorisées), retrace les épreuves de la population du Sud Kivu durant les vingt dernières années. Emmanuel Shamavu, directeur

d’APRODEPED

En novembre 2011 ont eu lieu les élections législatives et présidentielles. Alors qu’en 2006 la population avait l’espoir que la démocratie renaissait au pays, cet espoir s’est estompé avec les dernières élections, marquées par des irrégularités à grande échelle. La population est restée convaincue que les résultats proclamés ne reflétaient pas sa volonté. Aujourd’hui, elle considère qu’elle subit le pouvoir en place. Ce sentiment reste vif pendant que la majorité présidentielle lance les débats sur la révision constitutionnelle. Au Sud Kivu, ce sujet occupe actuellement les discussions politiques dans les salons. Mais ces débats demeu4

rent sans issue dès lors que la personne concernée par la révision de la constitution ne s’est pas encore prononcée.

Des champs vers les mines Alors que le Sud Kivu est connu pour être le grenier de l’Est du Congo, aujourd’hui il est devenu un champ de mines dans les deux sens du terme. Les populations ont dû abandonner leurs terres de culture à cause de la présence des groupes armées. Par ailleurs des entreprises minières s’y sont installées et des creuseurs ont occupé aussi le terrain. L’exploitation artisanale des minerais devient l’activité clé sur place. Elle constitue

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actuellement la base économique des communautés locales. Mais, ces dernières sont victimes de plusieurs violations de leurs droits. D’une part, elles sont expropriées de leurs terres au profit des multinationales, et d’autre part, elles ne reçoivent aucune indemnisation. Ceci est dû à la faiblesse des textes juridiques, qui favorisent le droit minier par rapport au droit foncier

Les petits sont délaissés, les grands protégés Les multinationales ne respectent pas toutes leurs obligations contractuelles notamment en matières sociales et environnementales. L’Etat ne protège pas efficacement ces communautés. Au contraire, elles les malmènent avec des taxes multiples et illégales. Les sociétés multinationales occupent de plus en plus d’espaces. De plus en plus elle privent les communautés locales de

leur droit d’exploiter artisanalement les minerais. Or, selon la Constitution de RDC, elles ont le droit de disposer des ressources naturelles. Les instruments juridiques internationaux ratifiés par la RDC leur donnent aussi ce droit. Il y a le pacte international relatif aux droits civils et politiques, celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

A la croisée des chemins La population ne sait plus à quel saint se vouer. Aujourd’hui, on observe une insécurité criante dans la ville. Chaque jour des kidnappeurs enlèvent des personnes en exigeant des rançons. La nuit, des personnes sont assassinées dans plusieurs quartiers. La cause de cette insécurité réside dans la dégradation continue du tissu socioéconomique. Et pourtant, avec

De sacs de minerais remplacent maintenant les sacs de produits agricoles FONCABA I KARIBU 156 I octobre, novembre, decembre 2014

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les travaux de réhabilitation des routes urbaines par le gouvernement provincial qui ont valu le nom de «CHUBAKA», c’està-dire le bâtisseur, au gouverneur de province, la confiance de la population au gouvernement provincial avait augmenté.

nomique, mais c’est une lutte de longue haleine. On demeure donc loin du bout du tunnel! Emmanuel Shamavu, Bukavu, 30 novembre 2014

Les organisations de la société civile poursuivent leurs plaidoyers vis-à-vis des autorités publiques pour les amener prendre des mesures garantissant non seulement la sécurité à la population mais aussi son développement socioéco-

Des villageois en séance de médiation au Sud Kivu

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APRODEPED

(Action pour la Promotion et la Défense des Droits des Personnes Défavorisées), partenaire de la FONCABA C’est une ASBL d’inspiration chrétienne et apolitique. Elle intervient dans les domaines de la Justice et des Droits de l’Homme et s’engage au service de toute personne défavorisée sans distinction de race, de sexe, d’ethnie ou de croyance religieuse.

Le RVDH de Birava Les objectifs d’APRODEPED sont: • Informer suffisamment les membres des groupes, et à travers eux, la population, sur les droits de l’homme et les mécanismes de leur défense. • Contribuer à l’amélioration des comportements des décideurs politiques. • Inciter une réforme législative pour une protection efficace des droits de l’homme. • Renforcer l’Etat de droit, la démocratisation et la bonne gestion de l’Etat. APRODEPED intervient sur le terrain à travers 23 groupes de base, les RVDH (Réseaux de volontaires des droits de l’homme. Leurs membres conscientisent la population et lui font connaître ses droits et les mécanismes de défense qui existent. Ils dénoncent les cas des violations des droits de l’homme qui se commettent dans leurs milieux respectifs. Ils abordent les autorités locales pour des cas précis. Ils font aussi des médiations en cas de conflits mineurs (voisinage, héritage,….) pour un règlement à l’amiable, et évitent ainsi d’avoir recours aux tribunaux. Les avocats d’ APRODEPED assurent une assistance judiciaire et juridique en faveur des défavorisés aux prises avec la Justice. Ils visitent également les prisons et maisons de détention aux fins d’obtenir la libération des personnes arbitrairement ou illégalement arrêtées et détenues. Ils veillent à ce que ceux qui sont détenus le soient dans les conditions compatibles avec la dignité humaine ou les Droits de l’Homme.

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Votre cadeau de Noël pour l’Afrique

Pour des millions de personnes en Afrique qui vivent dans une extrême pauvreté, “il n’y a pas de place pour eux dans l’auberge”, comme le dit le récit de Noël dans l’évangile. La FONCABA veut continuer à appuyer ses partenaires en Afrique qui rendent à leur population sa dignité et lui donnent une perspective d’avenir. La FONCABA a besoin de vous pour le réaliser. Un très beau cadeau de Noël, n’est-ce pas ? Veuillez utiliser le bulletin de virement dans ce KARIBU. VOTRE CADEAU FAIT LA DIFFERENCE MILLE, MILLE MERCI 8

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BURUNDI Le quotidien sans perspective d’avenir Aujourd’hui on parle beaucoup du Burundi à cause des élections de 2015. Des tensions sont palpables dans le pays. Certains groupes organisés semblent vouloir déstabiliser le pays. D’autres affirment que le pouvoir actuel organise un verrouillage politique. Si rien n’est entrepris par le pouvoir, avec l’appui de toute la Communauté internationale, il est à craindre que ces élections risquent de ne pas se dérouler dans un climat apaisé. La population des honnêtes gens ne s’occupe pas tellement de la politique. Elle est confrontée à des problèmes de subsistance au sein de la société. Joachim Nzeyimana, géomètre, expert en construction, et sa famille, résidant dans la région de Namur, ont passé 3 semaines de vacances en juillet et août dans leur pays. Ils ont circulé en provinces et y ont observé la vie quotidienne des Burundais et des Burundaises. Ils ont pris le temps d’écouter et relatent leurs observations dans le texte qui suit.

« On ne pourra pas manger ce soir » Au Burundi, beaucoup de gens manquent du minimum vital et sont entraînés dans le cercle vicieux de la misère. Les plus vulnérables sont les enfants et les personnes âgées incapables de se prendre en charge. La pauvreté n’a pas de frontières géographiques ni culturelles. Elle se lit sur les visages des victimes et les signes observables sont l’état de santé, le contenu de l’assiette, le nombre de repas par jour, la tenue vestimentaire, l’habitat, l’éducation des enfants. « Je n’ai pas mangé depuis deux jours » (Joséphine), « Je suis malade mais je n’ai pas les moyens d’aller me faire soigner » (Joseph), « Mon enfant a été renvoyé de l’école faute du minerval » (Aline), « Mon voisin a été contraint de rester à l’hôpital parce qu’il n’a pas pu payer les frais d’hospitalisation » La pauvreté se lit sur le visage (Jean), « Nos maïs ont été volés au champ » (Marie-Louise).

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La santé en danger

Aller au dispensaire: ce n’est pas pour tout le monde En ville ou en milieu rural, toute Burundaise ou tout Burundais n’a pas facilement accès aux services des soins de santé. La population est si pauvre qu’elle est dans l’incapacité de trouver les moyens de payer ses soins et les médicaments. Par ailleurs, il y a une insuffisance de centres de santé en plus d’une répartition géographique irrégulière. Il y a plus de centres de santé dans les centres urbains qu’en milieu rural. Les « investisseurs » s’installent plus en milieu urbain qu’en campagne. Il n’y a que l’Etat et quelques organisations non gouvernementales (ONG) qui s’intéressent à la population rurale. Le personnel aussi préfère exercer son métier de « soignant » en ville plutôt qu’en milieu rural. Concernant la couverture médicale, les fonctionnaires disposent d’une mutuelle leur donnant une réduction sur les médicaments auprès des pharmacies de la mutuelle si l’ordonnance a été délivrée par un médecin d’un hôpital public. Pour ce cas, la consultation est payante. Quant aux autres citoyens, pour bénéficier des soins gratuits, ils peuvent disposer d’une carte d’assurance-maladie pour laquelle ils doivent cotiser annuellement. Aujourd’hui, le pouvoir préconise les mutuelles de santé comme stratégie durable d’assurance maladie et les encourage. Certaines mutuelles de santé se mettent en place. Il y a entre autre la MUNASA qui est déjà présente au Nord et au Centre du pays et qui va maintenant assurer également des services complémentaires d’agriculture et d’élevage pour garantir l’accès aux soins de santé de ses affilié-e-s

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La recherche de l’argent : une maladie contagieuse « Les humains ne refusent jamais de pognon, c’est ce qui nous sépare des autres animaux » Seinfeld, série télévisée. « L’argent ne fait pas le bonheur ». Ce dicton semble être oublié au Burundi. La recherche de l’argent est devenue la préoccupation de tous. De l’intellectuel au paysan, du fonctionnaire à l’ouvrier, du commerçant au consommateur, de l’enfant au vieillard, en ville comme en campagne, tout le monde est à la recherche de l’argent. La manière de se procurer cet argent est autre affaire. Certains le gagnent de manière honnête et à la sueur de leur front. D’autres se le procurent malhonnêtement par le vol, la corruption et l’exploitation d’autrui. Des fonctionnaires vendent les services normalement réputés gratuits ; des commerçants vendent leur produit quel que soit son état et à la tête du client. Parce que le coût de la vie est devenu insupportable, certains paysans vendent leur lopin de terre à des nantis qui en profitent, et des enfants ou vieillards accrochent quiconque qui leur paraît digne de générosité. Cette chasse à l’argent est due d’une part à la pauvreté de beaucoup de Burundais, et d’autre part à la perte de certaines valeurs humaines telles que l’entraide ou la solidarité, et la gratuité du service rendu.

Des maisons en briques Ce qui frappe, l’habitat du milieu urbain diffère de celui du milieu rural. En ville il y a bien sûr la concentration de maisons. Mais, l’aménagement des quartiers se fait d’une manière anarchique. C’est d’abord, du fait que les autorités ne contrôlent pas cet aménagement et ensuite, de l’exiguïté de l’espace disponible par rapport aux demandeurs. Dans les nouveaux quartiers, De plus en plus de maisons semi on note l’absence des infrastructures et es- durables en milieu rural paces publics. En milieu rural, l’habitat est dispersé. Une autre différence entre l’habitat urbain et rural, réside dans les matériaux utilisés pour la construction des maisons. Généralement, on utilise des matériaux durables ou semi-durables en milieu urbain, tandis qu’à la campagne les matériaux utilisés sont souvent encore non durables. En milieu rural il reste encore le problème de l’absence de l’eau courante et d’électricité. En milieu rural, des projets de fabrication de briques séchées sont en cours afin de construire des maisons en matériaux semi-durables.

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Tous les enfants à l’école La gratuité de l’enseignement primaire a été décidée par le pouvoir actuel, mais ne concerne que les écoles publiques. Chaque enfant reçoit quelques cahiers. Le port de l’uniforme n’est pas obligatoire. C’est un allègement pour les parents. Néanmoins, d’autres fournitures scolaires restent à charge des parents. En plus, les cahiers sont distribués tardivement alors que l’école commence en septembre. Ce retard pose problème aux parents qui sont incapables de s’en procurer préalablement. Le problème majeur de la scolarité des enfants est le surpeuplement des classes, l’insuffisance d’enseignants, d’infrastructure et du matériel. On peut trouver une classe avec plus de 50 élèves, 3 élèves par banc au lieu de deux, avec un enseignant qui n’a ni table ni chaise. Bref, tous les enfants en âge scolaire ne fréquentent pas l’école malgré cette gratuité.

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Peu d’écoles pour beaucoup d’enfants


L’agriculture familiale menacée

“Bien que nous sommes pauvres, nous ne vendons pas nos terres” La population burundaise vit de l’agriculture à plus de 90%. Elle a besoin de terre pour cultiver. Or avec la progéniture qui s’accroit, on partage le terrain entre les enfants. La population augmente tandis que la superficie cultivée diminue. Les riches achètent des terres aux paysans qui les vendent parce qu’il leur manque des moyens pour leurs besoins primaires de se nourrir, se loger, s’habiller, se faire soigner, payer les frais scolaires des enfants. Cette vente de terre met en danger l’agriculture familiale. Les conflits familiaux liés aux problèmes fonciers naissent, ainsi que l’exode familial, la dislocation des liens familiaux, etc. Beaucoup de paysans n’utilisent pas d’engrais sur leurs champs car ils n’ont pas les moyens de s’en procurer. Ils utilisent le compost et le fumier animal pour fertiliser les champs. Certains s’opposent à l’engrais chimique arguant que si on l’utilise, la terre s’appauvrit vite. L’Etat doit être le premier acteur pour l’amélioration de l’agriculture au Burundi.

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L’image du pouvoir politique A l’intérieur pays, la population a d’autres préoccupations que la politique

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Il y a des réalisations positives du pouvoir actuel qui sont appréciées par l’ensemble de la population, tant en milieu rural qu’en milieu urbain : l’éducation, la santé, les infrastructures. Le pouvoir est surtout bien perçu à l’intérieur pays. La population paysanne met en lumière les différentes réalisations. En milieu urbain, cette image du pouvoir change. C’est en ville que se trouvent plus d’intellectuels qui analysent des faits et critiquent. Ils sont plus informés sur la situation politique du pays par les médias, les journaux ainsi que d’autres réseaux de communication (internet, télévision, radio, téléphone, …). L’opposition est considérée par le pouvoir en place comme étant perturbatrice de la vie de la population. C’est pour cette raison qu’elle est énergiquement combattue. De la manière générale, les partis politiques de l’opposition sont considérés comme des groupes de gens qui empêchent le pouvoir en place de réaliser ses projets. Ils sont matraqués, contrôlés et interdits de réunion ou de rencontres. Quant à société civile, elle est également mal perçue. Des responsables de certaines associations relayent des faits imputés aux leaders des partis politiques.

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Une liberté d’expression avec un bémol Au Burundi, il n’y a jamais eu autant de liberté d’expression qu’avec le pouvoir actuel, même si aujourd’hui, pour se protéger, il rogne à cette liberté. Tout dépend de quoi on parle, de qui on parle, de quelle manière et dans quel cadre. De nombreux écrits qu’on trouve sur les différents sites, les informations diffusées sur les radios, sont connus des services de renseignements. Ils sont surveillés et souvent, on ne sait pas pourquoi c’est tel ou tel autre qui parle, qui écrit. Il y a plusieurs manières ou stratégies de faire de la politique. Qui sait, sous quel contrôle se trouvent ceux qui écrivent ou les radios qui diffusent les informations. Tout est contrôlé ! Il est étonnant par exemple de voir des gens qui critiquent le pouvoir être appelés pour être nommés à certains postes. Il y a des noms de politiciens presque « interdits » et des sujets sur lesquels il faut faire attention ! On doit surveiller son langage et surtout savoir avec qui on parle et sur quel sujet s’exprimer. Malgré tout, chaque peuple a des valeurs qui doivent guider le droit d’expression de chaque personne en évitant de révolter la population. Il doit y avoir un code de déontologie professionnelle et l’exigence d’un minimum de son respect dans l’exercice de la profession. Nous pensons notamment aux journalistes et aux représentants de la société civile.

« Nous voulons aussi donner notre opinion » FONCABA I KARIBU 156 I octobre, novembre, decembre 2014

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Des sectes d’appartenance ou de dépendance

De la concurrence chez les croyants

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Bien qu’il y ait deux principales religions : le christianisme avec l’Eglise catholique et protestante et la religion musulmane, nous comptons plus de centaines sectes qui cohabitent sur le territoire burundais. Cette multiplication des églises cause problème pour la croyance des Burundais. Ils sont manipulés, perturbés, car les personnes qui créent ces églises profitent de la pauvreté de la population. Pour attirer les fidèles, certains représentants d’églises préparent à manger et appellent la population pour un repas gratuit. La guerre civile a contribué à cette multiplication des églises car la population y trouvait un refuge et une occupation. Les fondateurs en ont profité. Du point de vue croyances, des conflits naissent entre les églises. Chacune veut montrer que sa prédication est meilleure que l’autre. Chaque secte croit en Dieu à sa manière, d’où une certaine méfiance au sein des ces églises et par là même, entre les citoyens. Les conséquences de cette multiplication des Eglises avec les enseignements différents, provoquent une délinquance qui empêche une part de la population à s’organiser et de travailler pour les besoins quotidiens.

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Le libertinage Le libertinage et la violence sexuelle existent bel et bien au Burundi. On entend que plusieurs jeunes filles (paysannes et lycéennes) sont violées. Cette sorte de libertinage a pour cause principale la pauvreté et le relâchement des parents quant à l’éducation des enfants. Autrefois, les enfants étaient considérés par Des jeunes et les valeurs : qu’en est-il aujourd’hui ? n’importe quel parent comme son enfant. Il pouvait le protéger, le conseiller et même le corriger. Actuellement, ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de solidarité, d’écoute, de bonté et de respect de l’adulte à l’égard de l’enfant. Par exemple, il n’est pas étonnant d’entendre que telle petite fille de 15ans a été violée par un homme de 40 ans, qu’un enseignant a violé son élève de 15ans, qu’un religieux a violé des filles. On peut donc reprocher à ces personnes adultes d’user de leur supériorité pour exploiter sexuellement les jeunes filles.

Des initiatives encourageantes Actuellement, le Burundi traverse une situation économique et sociale difficile. - Du point de vue économique, certaines organisations non gouvernementales étrangères soutiennent des associations ou groupements locaux en matière d’agriculture et d’élevage. - Au niveau agricole, certaines associations travaillent ensemble pour produire des légumes et des pommes de terre. - Du point de vue commercial, ces associations vendent les produits (récoltes) et partagent le bénéfice ; ce qui leur permet de trouver des moyens pour subvenir à d’autres besoins. - Du point de vue social et culturel, on constate une prolifération d’associations culturelles afin de promouvoir la culture burundaise. Joachim Nzeyimana, Sambreville novembre.

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Un legs pour la FONCABA Votre engagement pour l’Afrique continue après vous La FONCABA est ravie de recevoir une donation ou un legs pour ses projets d’Afrique. Comme dernières volontés, la plupart des personnes font un testament. C’est une occasion de traduire leurs pensées pour leur famille, mais également d’offrir une partie de leurs avoirs sous forme de legs ou de donation à une asbl qui travaille dans un pays en voie de développement. La FONCABA est une asbl habilitée à recevoir des legs et des donations qu’elle utilise pour ses projets de formation en Afrique. Il suffit d’insérer dans le document la formule suivante : « Je lègue à l’asbl FONCABA à 1030 Bruxelles, la somme de …………….,…….. euro ou …………………… (biens meubles et)………………(immeubles) à l’adresse…………………pour la formation de cadres africains ». Comme le droit de succession est une matière assez compliquée, il est recommandé de consulter un notaire qui fera un petit calcul et vous donnera un avis correspondant à vos souhaits. Pour des informations complémentaires à la FONCABA. Contact : M-Bernadette Zubatse, Directrice Tél.: 02 2010383 ou info@kba-foncaba.be

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Le legs en duo Aussi bien vos héritiers que la FONCABA y gagnent LE LEGS EN DUO Le legs en duo est une donation par testament de biens meubles et/ou immeubles à une ou plusieurs personnes et en même temps à une asbl reconnue comme la FONCABA. Cette technique prévoit qu’en l’occurrence la FONCABA peut prendre en charge les droits de succession de la personne qui reçoit la donation. Si celle-ci est destinée à un parent lointain ou à un ami, celui-ci devra payer normalement beaucoup de droits de succession (jusque 65%). La FONCABA comme asbl ne paiera que 7% (8,8% en Flandres et 12,5% en région bruxelloise).

3 conditions: • vous devez rédiger un testament. • vous léguez une partie de vos biens à une ou plusieurs personnes • vous léguez la partie restante à une institution agréée (comme la FONCABA) qui aura à sa charge le paiement de la totalité des droits de succession.

Tout le monde y gagne! Grâce à la technique du legs en duo, vous laisserez autant (sinon plus) à votre ami ou à votre nièce, tout en soutenant les projets de la FONCABA. FONCABA I KARIBU 156 I octobre, novembre, decembre 2014

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FONCABA Des pratiques nouvelles, des atouts pour un développement durable Dans ses nouvelles stratégies des six prochaines années (2014-2019), la FONCABA vise l’amélioration du leadership des organisations d’appui en Afrique. Elle a demandé à ses partenaires de décrire le rôle du leadership des groupes de base dans les dynamiques de transformation de leurs communautés. Leurs réponses expriment leur compréhension de la transformation communautaire durable. Ils communiquent les souhaits concrets et réalistes. Ils justifient l’importance d’investir dans un leadership de la base pour des dynamiques sociétales durables.

Pour Bagenda Balagizi, secrétaire général du CAB (Comité Anti-Bwaki) et animateur de JCC (Juste Cause Congo), partenaire de la FONCABA, à Bukavu, la transformation communautaire est une dynamique, un processus par lequel le groupe, la communauté prend conscience et analyse ses défis, apprécie ses potentialités et se mobilise surtout pour les traduire en opportunités, en atouts pour son développement, pour son bienêtre. C’est un mouvement d’ensemble dans une communauté qui veut aller de l’avant, qui lutte pour retrouver/mettre en avant sa dignité et la défendre, qui veut améliorer son cadre de vie en intégrant des comportements, des pratiques et des actions nouvelles productives et durables qui permettent à la communauté de cheminer vers un mieux-vivre.

La transformation communautaire n’est pas spontanée Elle est la résultante d’un éveil communautaire, du refus d’un groupe à rester dans les mêmes insatisfactions, dans 20

Bagenda Balagizi, secrétaire général du Comité Anti Bwaki et animateur permanent de JCC les mêmes injustices. Elle est le résultat de la volonté de changement, de la dynamique de résistance et de lutte pour des meilleures conditions de vie. Elle passe par la présence, dans la communauté, d’un leadership responsable qui sait galvaniser cette dynamique et la fait porter par l’ensemble de la communauté. Un tel leadership stimule la participation,

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il n’est pas un mobilisateur, mais plutôt un catalyseur qui fait participer. C’est un leadership volontariste et altruiste. Malheureusement, l’opportunisme, la corruption, le détournement des biens publics, l’enrichissement facile, le mensonge et la tricherie, l’incompétence et l’irresponsabilité, ont lourdement affecté le Congolais dans sa dignité. Les communautés ont besoin d’hommes et de femmes qui tiennent à leur dignité et à leur honneur, qui sont réellement engagés pour l’intérêt général parce qu’ils aiment leur pays et qu’ils tiennent à ce qu’il aille de l’avant. Ce sont des hommes et des femmes motivés et qui cultivent des valeurs intangibles - l’écoute, la participation, la dignité humaine, le respect de l’autre, l’intérêt communautaire, le partage, la justice, le droit, la démocratie…- faisant d’eux des vrais modèles et des références autour d’eux. De tels leaders respectent la vie, ils sont engagés pour la justice équitable, pour la paix, pour la bonne gouvernance ; ils aiment le travail et y mobilisent le peuple; ils abhorrent la corruption et l’impunité.. Un tel leadership ne décrète pas ; il s’obtient par le travail et l’engagement pour la communauté, par le savoir-être et le savoir-vivre ; il se mérite. Il est la

Vénéranda M’Hamisi, Présidente de SIDEBU à Bugobe

Lukweba Ngaruko de Momusha avec un échantillon de sorgho somme des expériences positives et des témoignages accumulés, des résultats tangibles en termes d’actions réalisées en faveur de la communauté, de sacrifices endurés, des privations librement acceptées, de comportement affiché face aux menaces et aux pièges opportunistes.

La participation responsable des groupes à la prise de décisions avec une liberté d’expression : un défi En étant de bons exemples et référence, par leur travail, par l’adoption des innovations, la bonne gestion des ressources communautaires, la transparence, l’écoute, les leaders à la base inspireront confiance et acceptation au niveau de leurs communautés. Ils pourront alors facilement faire bouger les groupes, faire participer tout le monde dans les initiatives et les actions partagées, à la condition qu’ils aient associé toute la communauté aux différents choix. Les leaders à la base qui vivent avec et dans les communautés, qui sont des

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Les chefs locaux invités à participer aux sessions de formation sur “la bonne gouvernance” modèles dans ce qu’ils font, qui n’imposent pas leur personne et leurs idées, et qui, par contre, savent associer les autres membres des groupes dans les réflexions sur les défis communs et sur les stratégies à mettre en œuvre, ceuxlà favorisent une réelle participation citoyenne et une appropriation de tous.

Les obstacles à la participation citoyenne Il y a entre autres la faible formation au niveau des leaders potentiels. Il ne s’agit pas de la formation classique et des diplômes universitaires, mais bien d’une formation générale axée sur l’éthique, sur les valeurs, sur le vrai leadership, sur la motivation qui dicte la vie et le comportement d’un leader. La pauvreté et la crise morale qui minent la société congolaise constituent également un obstacle dans un pays ruiné par l’opportunisme, la richesse facile et 22

l’affairisme. Car la recherche de l’intérêt matériel immédiat et de positionnement personnel ne peuvent favoriser la participation. On peut dépasser ces obstacles en identifiant de vrais leaders plébiscités dans leurs milieux et en leur assurant la formation et l’information nécessaires, et en les accompagnant dans leur engagement, par apport aux choix partagés dans leurs communautés et dans leur ouverture à d’autres dynamiques.

L’approche de JCC (Juste Cause Congo), partenaire de la FONCABA, s’efforce de promouvoir la participation citoyenne. (Entretien de Bagenda Balagizi avec Jean Kulimushi (homme, 48 ans), animateur de ADPU-Bushumba, Xavier Chishimbi, homme de 67 ans, Président de Bwihangane, à Burhale, Augustin Zigabe,

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(homme, 57 ans), Animateur de ASSODECI, à Cirunga, Maman Vénéranda M’Hamisi (femme, 54 ans), Présidente de SIDEBU, Bugobe.) Nous travaillons avec des groupes de base (comités de développement, groupements féminins, associations des jeunes, syndicats d’initiatives, association des producteurs…) en nous assurant que les activités accompagnées découlent des choix partagés au niveau de la communauté, en nous assurant que les interlocuteurs sont de réels mandatés de leurs groupes et qu’ils ont été désignés par ces derniers. Nous accompagnons des assemblées mensuelles, trimestrielles, semestrielles, annuelles de planification, d’auto-évaluation. Ces assemblées sont participatives et démocratiques ; elles permettent la libre expression. Et en tant que cadre de

TEMOIGNAGE « Dans un pays confronté à d’innombrables défis, il est difficile d’évaluer les changements qui s’opèrent. Et pourtant, c’est chaque jour que les populations engrangent des victoires et avancent vers une réelle transformation sociale. Le comportement observé lors de dernières élections politiques, et tout l’engagement qui se dessine contre la modification de la Constitution constituent des témoignages de changement au niveau socio-politique. Sur le plan économique, on observe une intense créativité à tous les niveaux et dans tous les domaines (commerce, transport, énergie, transformation,…) de la part des acteurs locaux qui ont compris la nécessité de se prendre à charge face à un Etat démissionnaire. »

JCC forme des chefs locaux et des responsables des groupes de base sur la décentralisation décision, elles facilitent la participation de tous dans le choix de ce qui doit être fait, dans la définition de meilleures stratégies et dans l’appréciation des résultats et des défis. Nous organisons des formations sur le plaidoyer, sur les droits humains, sur la gouvernance, la décentralisation, les taxes,…. en faveur des activistes des groupes de base, mais aussi pour les chefs locaux et les agents de l’Etat sur le terrain. Nous vulgarisons les lois ou les dispositions légales intéressants les groupes de base et les leaders locaux.

L’adoption de l’agriculture familiale comme mode de vie: un défi (Entretien de Bagenda Balagizi avec Corneille Buhendwa de Buhanga, Lukweba Ngaruka de Momusho, Augustin Zagabe de Cirungo, Xavier Mirindi de Burhale)

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Augustin Zagabe, animateur de Cirungo L’agriculture familiale est une pratique, un mode de vie. Elle nourrit les paysans et leur permet de scolariser leurs enfants, d’accéder aux soins de santé, de payer les taxes, de payer la dîme de dimanche à la messe, de fonder des familles, de marier leurs enfants….. Car l’agriculture familiale est avant tout un métier, une profession à laquelle on se consacre, non pas comme activité complémentaire pour suppléer aux besoins, mais plutôt comme occupation principale, source de revenu et de bien-être familial. Elle implique la relation de l’agriculteur avec son champ, avec l’exploitation du sol, avec son bétail, avec ses plantes/arbres/fruits,… Comment il tient tout cela, avec des approches améliorantes, durables, conservatrices, innovantes, … comment l’agriculteur restitue-t-il au sol ce qu’’il lui prend, mieux ce qu’il (le sol) lui donne,… Quelles techniques permettent une exploitation durable, quels éléments 24

enrichissants, quels outils appropriés sont-ils indiqués pour ne pas altérer le sol et les récoltes. Et quelles pratiques favorisent le traitement, la conservation, la transformation des récoltes… Les leaders à la base qui se lancent dans l’agriculture familiale ne peuvent se l’approprier que si ils la comprennent d’abord, l’acceptent et l’adoptent en tant qu’école, en tant que mode de vie et culture à intérioriser et à défendre.

La pratique est plus importante que la théorie Pour mieux s’engager dans une telle agriculture, il faut aller au-delà des pratiques culturales traditionnelles, être informé sur les défis de l’agriculture actuellement pratiquée, sur les limites des pratiques connues, sur les richesses des pratiques anciennes et sur les techniques capables de garantir des résultats durables pour les générations présentes

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et futures, ainsi que sur les exigences de l’agriculture familiale. De telles informations passent par la formation et les échanges. Quand on a bien compris l’agriculture familiale, il devient facile de l’adopter et de la vulgariser. Et la meilleure vulgarisation ici, c’est le fait qu’on pratique soi-même, qu’on a des résultats à montrer. Les leaders qui veulent s’y engager devraient être des agriculteurs qui font l’agriculture familiale. Il faut qu’ils en tirent d’abord, par eux-mêmes, des leçons, des avantages, afin de mieux la pérenniser. Car dans l’agriculture, la pratique passe mieux que les discours. Des échanges d’expériences, des visites des modèles, des pratiques de terrain… sont autant des stratégies au niveau individuel et en groupe pour que cela fonctionne durablement. Adapter ce mode de vie n’est pas évident. Il y a

des freins : ce notamment sont les discours creux des animateurs qui ne savent pas prouver ce qu’ils avancent, et qui parfois ne sont même pas convaincus eux-mêmes; ce sont les appâts tendus par l’agrobusiness, par les financements conditionnés dans un contexte où les gens sont à la recherche des ressources qui deviennent rares. C’est aussi la pression des besoins et l’attrait des produits importés et des distributions gratuites des vivres et des intrants. Pour les surmonter, il faut des leaders conscients des enjeux et engagés pour sensibiliser et éduquer la population, des leaders qui pratiquent et qui ont des expériences et des résultats comparatifs à faire valoir, des groupes constitués et formés/informés qui résistent aux modèles en vigueur.

Corneille Buhendwa de Buhanga échange ses expériences en agriculture familiale avec des membres d’autres groupes de base FONCABA I KARIBU 156 I octobre, novembre, decembre 2014

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Xavier Mirindi de Burhale devant son champ de cultures associées

Le CAB (Comité Anti Bwaki), partenaire de la FONCABA, est dans l’agriculture familiale depuis plusieurs années.

avec plus de 50 leaders qui contribuent efficacement au droit à l’alimentation dans leurs milieux.

Il vulgarise des techniques durables, améliorantes axées sur les pratiques locales. Le CAB a mis au point des modules de formation et de sensibilisation basés sur la gestion durable de l’exploitation familiale. Il est engagé dans l’agriculture écologique et dans le renforcement des liens entre le paysan et sa terre, dans une approche de souveraineté alimentaire au niveau familial, de production tournée vers les besoins primordiaux de la famille et de la communauté. Cette approche passe par le déploiement des animateurs et l’accompagnement des ménages sur leurs petites étendues. Le CAB travaille 26

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TEMOIGNAGE « Nous sommes parmi les leaders paysans qui, tous les deux ans, reçoivent les prix des ‘’meilleurs agriculteurs’’ à l’occasion des Journées Champêtres que le CAB organise avec les groupes de base. Nous avons su mettre en pratique les enseignements et les techniques agropastorales vulgarisées. Nous produisons la pomme de terre, le haricot, le maïs, le sorgho, le paddy… sur des étendues familiales ne dépassant pas 2 hectares. Nous pratiquons l’élevage en stabulation et avons réussi à renforcer le lien entre l’agriculture et l’élevage. Nous sommes totalement dans l’agriculture familiale et écologique. Nous utilisons le compost que nous produisons nous-mêmes avec les déchets des étables, de la cuisine, de la parcelle. Nous sommes, en très grande partie, autonomes en ce qui concerne les semences que nous gardons de saisons culturales en saisons, y compris les produits de traitement de plantes et des animaux que nous utilisons et qui sont puisés dans les connaissances et pratiques traditionnelles. Nous produisons pour les besoins de nos familles et nous vendons des excédents sur les marchés locaux. Nous sommes de plus en plus auto-suffisants. Car nous avons compris que nos terres sont notre principal capital que nous devons garder, améliorer et protéger pour le bien nos enfants et de leurs enfants à eux. »

Jean Kulimushi, animateur de ADPU à Bushumba FONCABA I KARIBU 156 I octobre, novembre, decembre 2014

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Un processus d’actions sociales en révolution Déo Katwanyi, Coordinateur de IADL -Initiatives et Actions pour le Développement Local- à Bukavu, considère que la transformation communautaire est un processus de changement structurel issu du niveau -micro (ménages, villages) en direction du -méso (territoire), axé sur l’amélioration de la qualité de vie des populations. Cette démarche repose sur le processus de recherche-action participative accompagné. Le changement dont il est question fait entrevoir tous les aspects de la vie humaine en vue de promouvoir de nouvelles sociétés humaines qui sont plus fraternelles, plus solidaires, plus démocratiques, plus justes et plus productives. Il s’agit d’un processus, d’une dynamique où les membres de la communauté renoncent à une ancienne manière de faire pour être des acteurs sociaux en révolution en vue d’un développement endogène durable des milieux ruraux et périurbains. Le processus de recherche action demande à développer un leadership local, capable de promouvoir les droits humains, particulièrement le droit à la santé, à l’alimentation et à l’habitat plus protecteur. Ces leaders veillent au dialogue Hommes-Femmes dans un esprit démocratique et égalitaire en vue de susciter une citoyenneté plus responsable devant se traduire par une bonne gouvernance rurale. Ils mettront en place des Unités d’expérimentation participative (UEP) comme support de l’Agro-écologie et l’Agriculture familiale, lesquelles sont partenaires des unités de recherche fondamentale émanent des universités. Ils feront le plaidoyer auprès des chefs coutumiers et favoriseront la collaboration interinstitutionnelle (université, ONG, organisations paysannes). 28

Déo Katwanyi Kabika, coordinateur de IADL

IADL est convaincu que l’agro-écologie et l’agriculture familiale reste une voie sûre pour développer le plaidoyer autour de droits à l’alimentation saine et équilibrée et d’améliorer considérablement l’efficience des systèmes de production locale, tout en contribuant à la restauration de sols et de l’environnement en cours de dégradation. Dans les situations rurales au Sud-Kivu souvent marquées par de grandes vulnérabilités, le choix et le mode de diffusion de ces pratiques devraient être guidés par un souci permanent de limitation des risques pris par les ménages agricoles ruraux, qu’ils soient techniques, économiques ou climatiques.

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TEMOIGNAGE Mr SAMBI Léonard, 37 ans, membre de APIMU-IADL, Village Nshimbi (Sud-Kivu) « L’apiculture a sauvé l’économie de ma famille. En 2007, mon fils qui était déjà membre d’APIMU est parti au Katanga pour des raisons d’études et m’a demandé de prendre sa place dans le groupe. A l’époque, ce dernier avait 14 ruches dont 7 colonisées par des abeilles. Ennemi des abeilles je ne pouvais pas approcher la ruche et les abeilles. Par les instructions de l’animateur Guhanika et d’autres membres du groupe, j’ai accepté de devenir apiculteur. Aujourd’hui, j’ai 60 ruches au total, parmi elles 35 sont habitées. Je m’occupe seul de mes ruches. En moyenne, je produis par année plus de 60 litres de miel et les revenus de cette activité contribuent de façon significative à l’amélioration des conditions générales de vie de ma famille. J’ai déjà construit une maison et la scolarité de mes enfants en dépend. Merci à IADL pour son appui et son accompagnement ».

IADL conseille les techniques agroécologiques

TEMOIGNAGE Mme ADHAMA Mirindi Trésor, 30 ans, initiatrice d’un programme de sécurité alimentaire des ménages dirigés par des femmes pauvres dans BUHOZI-IADL, commune de Bagira (Sud-Kivu) « J’ai regroupé des femmes pauvres et abandonnées, et responsables de plus de 5 enfants. J’ai négocié un terrain de l’Université. Je leur ai appris à produire sur des petites superficies avec les méthodes agro-écologiques simples, axées sur la valorisation des cultures traditionnelles, l’installation des haies vives et l’association des plantes médicinales et vivrières sur une même parcelle. Ce champ est devenu une école de formation des paysannes pauvres sur les possibilités d’auto-prise en charge alimentaire dans des conditions difficiles. Avec IADL, nous avons initié un partenariat d’accompagnement dans la professionnalisation et de diffusion de la technologie agro-écologique locale ».

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Projet KUGEZA au Burundi Tous les enfants à l’école Le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde. Plus de 68% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est pourquoi les droits de beaucoup d’enfants ne sont pas respectés. La majorité de parents ne parvient pas à payer les soins de santé. Or, en milieux ruraux notamment, l’eau n’est pas potable. Continuellement, les enfants souffrent des infestations de parasites intestinaux et de la diarrhée. Le taux de mortalité infantile est élevé. Bien que l’enseignement primaire est gratuit, certains parents n’arrivent pas à payer d’autres frais scolaires : vêtements, cartable, cahiers, stylo, crayon, etc. C’est là que le projet KUGEZA a tout son sens.

L’action du Centre éducatif « KUGEZA » Un centre pour des enfants et des jeunes de familles pauvres Un centre d’éducation au sens des responsabilités Un centre d’éducation aux valeurs humaines « Ubuntu » : l’humanisme, la justice, le dialogue, la bonté, la solidarité, la fraternité et la tolérance. Un centre d’éducation extrascolaire : sport, culture et expression . Un centre impliquant les parents. Un centre assurant les frais scolaires des filles et des garçons des familles pauvres. La FONCABA va donner l’occasion aux responsables et aux formateurs-trices d’être formées pour accompagner ces enfants et leurs parents.

APPUI A L’ACTION : Pour soutenir ce projet, deux dames volontaires, Maria et Luce, fabriquent de jolies poupées entièrement à la main. Intéressée? Contactez M-Bernadette Zubatse, directrice de la FONCABA : info@kba-foncaba.be, tél. : 02/201 03 83

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La FONCABA investit dans la formation de partenaires locaux autour de 5 thèmes : l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire, la démocratie et les droits de l’homme, la prévention de conflits et la construction de la paix, l’éducation des jeunes et l’empowerment des femmes. La FONCABA développe une relation de partenariat honnête, ouverte et profonde, sur un pied d’égalité et basée sur le dialogue. La FONCABA choisit aussi une approche intégrale de l’homme et de sa communauté : les aspects économique, social, politique, culturel et spirituel s’y retrouvent.

Actions dans le Nord

La FONCABA est une ONG de solidarité internationale, reconnue comme telle par les autorités belges, spécialisée dans le renforcement de la société civile en Afrique. Par des formations, les partenaires locaux et leurs groupes de base reçoivent la possibilité d’augmenter leurs compétences et de restituer leurs connaissances de manière efficace à d’autres. La FONCABA collabore directement et sur base de réciprocité avec des organisations africaines locales.

Les projets

Tout sur la FONCABA su r www.kba-fon caba.be

Les projets: • sont adaptés à la spécificité culturelle de la population locale • stimulent la culture démocratique • créent l’autopromotion • renforcent l’empowerment de la femme • prennent soin du système écologique • ne sont pas imposés mais naissent au sein de la population locale

La FONCABA participe à l’éducation au développement concernant la problématique Nord-Sud et sensibilise les intéressés, les organisations sociales et les sympathisants autour de l’importance de renforcer de manière durable les individus et les groupes au Sud sur base d’un dialogue honnête. La FONCABA participe activement aux campagnes du mouvement Nord-Sud, 11.1111 et le CNCD, comme l’action sur les objectifs millénaires, donne des avis (principalement sur l’Afrique Centrale) et attire l’attention sur les thèmes dans la revue KARIBU et via le site web.

Et Vous? La FONCABA est soutenue par des dons pour une partie de son travail de formation avec des organisations partenaires en Afrique. C’est pourquoi la FONCABA vous remercie 1000 x ! FINTRO : BE 94 1430 6786 22 14 (Pour les dons de 40 euros ou plus, vous recevez une attestation fiscale) FONCABA I KARIBU 156 I octobre, novembre, decembre 2014

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Karibu est la revue de l’asbl FONCABA et paraît quatre fois par an. Abonnement: La revue est envoyée gratuitement à tous les intéressés

La FONCABA est une ONG reconnue par les autorités, spécialisée dans le renforcement des capacités de la société civile en Afrique. En optant pour la collaboration directe avec des partenaires locaux, les projets obtiennent des résultats durables et un grand ancrage dans la communauté locale. La FONCABA donne des outils pour que les Africains puissent prendre leur propre processus de développement en mains.

Rédaction: M-Bernadette Zubatse Luc Bonte Erick-Bayard Rwantango Dries Fransen Jean Lefèbvre Karine Bonte Joke Simons Adresse: Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles Tél. : 02 201 03 83 Fax : 02 205 17 39 e-mail : info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be Editeur responsable: M-Bernadette Zubatse (Rue du Progrès 333/03 – 1030 Bruxelles) Photos: FONCABA, CAB, IADL Layout et impression: De Riemaecker Printing bvba www.deriemaecker.be

Les articles n’expriment pas nécessairement l’opinion de la FONCABA. Cette revue est imprimée sur papier recyclé. Dit tijdschrift verschijnt ook in het Nederlands

OBJECTIFS DU Millenaire

191 pays ont signé un accord pour réduire la pauvreté vers 2015. Aidez-nous de rappeler aux politiciens leur promesse et à relever le défi. La pauvreté doit disparaître de notre planète!


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