avril, mai, juin 2012
N° 146
FONCABA
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Karibu Objectif millénaire 1 : droit à l’alimentation Burundi : 50 ans d’indépendance Bureau de dépôt Gent X - P602401 2e trimestre 2012
KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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contenu 3 Editorial LE DROIT A L’ALIMENTATION 5 La sécurité alimentaire est un droit Le 1ier objectif millénaire veut pour 2015 réduire de moitié la pauvreté et la faim. Chaque personne a droit à la nourriture. Pour un paysan cela signifie avoir droit à la terre. 11 Un repas par jour La plupart des familles paysannes au Sud-Kivu, une région fertile, ne mangent qu’un repas par jour. . 14 Des témoignages de Kananga Deux femmes témoignent de leur lutte journalière pour l’alimentation et pour l’accès à la terre. 16 Pas de paysan sans terre A Kongoussi au Burkina Faso, il y a un manque de terre de culture à cause de la population qui croît d’année en année et de la désertification qui progresse. 18 Tout le monde a droit à l’alimentation La FONCABA a besoin de votre appui. SUD-KIVU (RD CONGO) 21 après les élections = avant les élections La déception de nombreux citoyens de Bukavu. BURUNDI 24 50 ans d’indépendance Une raison de fêter ou pas ? Un bilan. 30 FONCABA - compte des résultats 2011
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editorial Oui, atteindre 50 ans en Afrique relève d’un exploit. En moyenne, l’espérance de vie à la naissance varie autour de 40ans. Durant ces années 2000, la plupart des pays africains soufflent 50 bougies de leur indépendance. Ce 1er juillet 2012, ce sera le tour du Burundi. Mais, de quelle indépendance s’agit-il ? Ce numéro de Karibu reprend quelques témoignages de simples Burundais qui s’expriment sur les raisons de se réjouir de ce cinquantenaire. Qu’attendent-ils des cinquante prochaines années? Globalement dans la plupart des pays d’Afrique, le bilan des indépendances est négatif. Mais, à qui la faute ? Aux maitres protecteurs d’hier qui exigent la redevabilité aujourd’hui? Ou bien à leurs élèves dotés de peu de sens des responsabilités, héritiers gaspilleurs des patrimoines des états ? L’échec de ces modèles passés exige de réfléchir maintenant ensemble sur une nouvelle vision des états. Dans un contexte international de crises avec des politiques nationales de décentralisation, la nouvelle politique belge de coopération au développement considèrera le renforcement des capacités de la société civile comme une de ses priorités. La FONCABA pionnière en ce domaine, poursuivra son cap du renforcement des cadres de la société civile en Afrique. C’est très important que des cadres africains fassent eux-mêmes des analyses en profondeur et construisent des modèles de l’état de croissance pour les 50 ans à venir. La FONCABA avance dans les tractations avec des institutions africaines et internationales de formation pour asseoir des collaborations structurelles. Avec vous, nous continuons de croire que ce sont les Africains eux-mêmes qui sont les premiers acteurs de leur propre libération. Aujourd’hui, plus qu’hier, la FONCABA compte sur vous pour renforcer des compétences africaines dans des organisations de la société civile locale et ensemble construire l’avenir de ce continent. Aidez-nous dans cet engagement. Très sincèrement, merci du fond du cœur de vos messages d’encouragement : «ALLEZ-Y, CONTINUEZ, VOUS FAITES DU TRES BON TRAVAIL ». Merci de votre générosité. L’Afrique doit avoir un leadership social enpour la Justice, la Paix et la Prospérité.
gagé
M-Bernadette Zubatse Directrice 2
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LE DROIT A L’ALIMENTATION
SUD KIVU (RD CONGO)
La sécurité alimentaire: un droit! Objectifs millénaires
Objectif millénaire 1: réduire de moitié la pauvreté et la faim. En 2000, au début du nouveau millénaire, les 189 états membres des Nations Unies ont confirmé la déclaration millénaire. Il s’agit d’accords pour s’attaquer ensemble d’ici 2015, aux problèmes mondiaux les plus importants. Huit objectifs concrets et mesurables furent fixés. Le premier objectif veut bannir la faim et la pauvreté. En 2015, le pourcentage de personnes qui souffrent de la faim doit être réduit de la moitié. Aujourd’hui, on estime qu’au niveau mondial il y a 800 millions
de personnes qui sont sous-alimentées et que chaque jour 24.000 personnes meurent de faim. La FONCABA soutient les objectifs millénaires via des projets de formation locaux. Ce KARIBU est marqué entièrement par le premier objectif: bannir la faim de ce monde. Nous avons demandé l’avis de nos partenaires : que signifie aujourd’hui la sécurité alimentaire au Sud-Kivu? Au Burkina Faso? Où se situe le Burundi après 50 années d’indépendance?...et que font concrètement nos partenaires? Avec votre appui, la FONCABA continue à soutenir des projets de formation qui augmentent la sécurité alimentaire pour les familles vulnérables en Afrique.
Les éleveurs doivent payer trop de taxes, ce qui les oblige à corrompre des agents La sécurité alimentaire, c’est quand la grande majorité de la population dispose en permanence des produits vivriers de base en quantité suffisante et de bonne qualité. Bagenda Balagizi du CAB (Comité Anti Bwaki), partenaire de la FONCABA, insiste sur le droit de la population à l’alimentation en lui assurant entre autre l’accès à la terre. La sécurité est garantie lorsque les familles ont la possibilité de produire suffisamment et tout le temps, la nourriture dont ils ont besoin. Quant aux familles qui ne produisent pas, elles doivent avoir les ressources financières suffisantes pour se procurer de la nourriture dont elles ont besoin à la condition que les aliments achetés proviennent, en grande partie, de la production locale.
La sécurité alimentaire continue à baisser OBJECTIFS DU Millenaire 4
A l’est de la RD Congo, les populations du Sud-Kivu se trouvent dans une situa-
tion d’insécurité alimentaire avec les caractéristiques suivantes. La rareté des terres cultivables. Avec des zones de montagne à fortes densités démographiques (au-delà de 350 habitants au km²), la moyenne des terres cultivables par famille dans le Bushi se situe autour de 25 à 30 ares. Des zones de forêts sont difficiles d’accès et sont actuellement tenues par des bandes armées, et de vastes étendues de terres sont détenues par les sociétés minières et les gros exploitants de l’agro-industrie. KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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La baisse de la production vivrière. Elle est due à la surexploitation des terres, des systèmes culturaux précaires, l’érosion des sols, la dégénérescence des semences et des bêtes d’élevage, la faiblesse des services d’encadrement et l’absence des politiques d’appui aux petits exploitants. Un contexte socio-politique et économique défavorable. La situation actuelle est marquée par des violences multiformes, des pillages dans les champs, dans les fermes et dans les habitations, l’insécurité dans les villages et les déplacements incessants des populations. Il y a également les ponctions multiformes par les militaires et par les services étatiques, alors que les paysans ne bénéficient d’aucun appui politique et administratif. Des approches qui ne favorisent pas la sécurité alimentaire. Il y a des interventions qui ont pris le dessus sur la volonté de produire. Depuis 1996, avec les guerres et la violence, des catastrophes humanitaires ont justifié des interventions d’urgence, sous 6
forme de distributions de vivres et de non-vivres à grande échelle organisées par des dizaines d’agences et d’organisations internationales et locales. Des actions, certes louables et bénéfiques, qui sont supposées être de courte durée, localisées et ciblées, sont devenues permanentes, continuelles et à la mode. Elles ont instauré de nouvelles façons de se comporter, favorisant la facilité et l’affaiblissement des approches durables. La limite entre l’aide d’urgence et le développement durable a été dépassée, les intervenants changeant de mission sur le terrain, au gré du financement et des millions des mains tendues, à l’attente des campagnes des distributions.
perdent tous leurs avoirs aux multiples barrières érigées par les militaires et les milices armées ou alors carrément l’exode vers la ville. Et comme les sols sont devenus stériles, délavés par les érosions et que les gens peuvent recevoir, sans travailler, des vivres et nonvivres lors des distributions humanitaires, la vente des terrains est devenue monnaie courante. De plus en plus de familles mettent leurs terres en vente pour s’installer en ville ou investir dans des activités commerciales sans lendemain. A cela s’ajoutent, des nombreux cas d’accaparement des terrains et d’expulsions survenues ces dernières années par des sociétés minières et autres multinationales d’exploitations agro-industrielles qui débarquent sous la bénédiction du pouvoir national.
«Nos champs peuvent produire la même nourriture qu’on vient nous donner» Avec un accroissement démographique important (3,3 % par année), il se trouve toujours et davantage des bouches qui
se disputent une nourriture qui diminue. L’écart entre la démographie et les vivres disponibles se creuse chaque jour, en plus de la baisse continuelle du revenu. La dépendance alimentaire des pays étrangers survenue depuis les dix dernières années est désormais devenue structurelle. La production alimentaire locale est anéantie par des taxes inimaginables et des ponctions multiformes des agents de l’état et des policiers. Il y a un manque de volonté politique de faire respecter la loi alors que le volume des importations de nourriture augmente chaque jour. Or, les populations ont droit à disposer d’une nourriture suffisante, variée et en permanence. Pour cela, il lui faut la terre pour cultiver, ainsi que les autres facteurs nécessaires à la mise en valeur de celle-ci. Le droit à la nourriture ne passe nullement par la distribution des vivres. Les paysans du Sud-Kivu s’en plaignent. Au cours d’une réunion des producteurs d’oignon à Mudaka, Munda Paul, a déclaré que: ‘’… Ces gens qui nous amènent de la farine de maïs
L’abandon de l’agriculture familiale L’abandon de l’agriculture est une réalité douloureuse dans un pays où plus de 80 % de la population vit en milieu rural, et se trouve sans emplois rémunérateurs. Les travaux de champs sont laissés aux paysannes. Les hommes valides et les jeunes préfèrent la vie des carrés miniers où ils ne gagnent presque rien, le commerce ambulant dans lequel ils
La promotion de la production alimentaire locale à des prix justes KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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et de haricot nous font reculer… Certains pensent qu’ils peuvent sortir de la famine en se faisant inscrire sur les listes des distributions alors que nous avons des champs qui peuvent produire la même nourriture qu’on vient nous donner… Pourquoi ne nous donnent-ils pas l’argent qu’ils dépensent pour acheter ces vivres en nous demandant de l’utiliser pour les produire ici ? Ces gens ne veulent pas que nous sortions de la misère ; ils veulent que nous restions sous leur dépendance’’.
Les multinationales occupent des terres des paysans Le droit à la nourriture pour les populations des villages du Sud-Kivu, c’est la possibilité pour chacun de la produire ou de l’acheter par ses propres moyens, de l’avoir à tout moment, en tout temps et en tout lieu, de produire suffisamment pour soi et pour le marché pour avoir des revenus et faire face aux autres besoins. Ce droit ne pourra être réel que lorsqu’on décidera de faire réellement vivre les villages et les villes. Les villages sont de plus en plus désertés parce qu’ils n’offrent plus les conditions d’une vie idéale. Les paysans qui restent cultivent des terres sans aucune garantie, car l’accès à la propriété est difficile, voire impossible, à cause des coûts exorbitants et des procédures longues et décourageantes. Cette insécurité dans la propriété favorise les gros propriétaires et les multinationales minières et agricoles qui peuvent, à tout moment, s’établir avec des titres et des droits, au nom de la loi selon laquelle le sol et le sous-sol appartiennent à l’Etat. Entretemps, des familles entières peuvent être délogées des terres ancestrales qu’elles occupent depuis plusieurs générations. 8
Les travaux des champs sont laissés aux paysannes
la biodiversité, mais une telle logique n’est pas comprise par les populations locales. Elles trouvent que c’est inconcevable qu’aucune compensation ne leur est accordée. Les paysans n’ont jamais compris comment on peut sacrifier la vie des millions des gens, l’avenir des enfants, en faveur de quelques familles de gorilles et d’éléphants, du reste déjà décimés par les milices armées. Dans cette même logique, des terres et concessions laissées longtemps en jachère, devraient être réaffectées au cas où leurs propriétaires ne savent pas les exploiter rationnellement.
Une volonté politique pour protéger le marché local Des hommes ou des gorilles ? Dans les villages du Bushi, les populations vivent dans une situation de famine chronique. Des zones qui, il y a une quinzaine d’années, alimentaient la ville de Bukavu en manioc, en maïs, en sorgho… sont aujourd’hui vides, les gens attendant le jour de marché pour aller acheter quelques grammes de farine de manioc en provenance de Bukavu, et en réalité importée du Rwanda et de l’Ouganda. Dans cette région surpeuplée et en proie à d’intenses conflits fonciers, les attributions des grandes étendues de terre, au titre d’exploitation minière et agricole doivent être arrêtées, voire proscrites. De plus en plus des voix s’élèvent pour protester contre l’agrandissement de la superficie du Parc Kahuzi-Biega créé dans les années 1970 par le régime de Mobutu. Ce parc se trouve dans une province où les populations manquent de terres cultivables. Evidemment, il faut des espaces verts, des forêts, des aires protégées et la protection de
Des mesures incitatives sont nécessaires. Elles seront concrétisées par la mise en application de la Loi agricole, et la publication de ses mesures d’application, l’instauration du système de crédit rural et la suppression des taxes et autres impositions qui freinent le développement de l’agriculture et de l’élevage. On ne peut comprendre la justification du fait que les planteurs et éle-
veurs, qui ont déjà du mal à trouver les intrants de base, sont soumis au paiement des taxes et permis d’exploitation dont les coûts sont parfois au-dessus des capitaux investis, si ce n’est dans le but de décourager la production locale en faveur des importations des vivres ! Un éleveur de quelques dizaines des bovins est obligé de rentrer dans la corruption des agents, à défaut d’arrêter. Il faut assouplir les procédures d’accès à la propriété, les rendre accessibles et simplifier sous la force d’actes administratifs relevant de la compétence des autorités locales. Le défi de la production vivrière, c’est aussi le marché, les prix justes. Tant que les coûts de production du paysan seront élevés par rapport aux prix de mêmes produits importés sur les marchés locaux, il n’y aura pas de production, et donc pas de sécurité alimentaire. Les coûts de production sont élevés localement à cause des taxes et des tracasseries militaires et administratives. Une production suffisante, variée et garantie est possible si le marché local est protégé, si les importations
Nécessité de l’irrigation KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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Les rizières dans les marais
sont encadrées et que l’écoulement des produits agricoles locaux est organisé. On devrait limiter les importations des vivres organisées par les agences humanitaires en faveur des achats locaux pour permettre l’accroissement de la production et la circulation de l’argent auprès des paysans.
Les défis Bien entendu, une telle stratégie implique d’investir dans les routes, dans les campagnes agricoles et dans la sécurisation des producteurs. La sécurisation de la production passe par la suppression des barrières érigées par les soldats et qui constituent des lieux de ponctions et de pillage. Cette stratégie exige aussi d’investir dans la paix et la sécurité. Si les moyens financiers qui sont mis, depuis 1996, dans les armes, dans les négociations, dans l’aide humanitaire, avaient été investis pour lutter contre les causes réelles des guerres 10
et dans le développement durable, la sécurité alimentaire aurait été poussée en avant. Enfin, il y a le défi de l’environnement et du changement climatique pour lequel une forte implication des pouvoirs publics est indispensable. Les programmes de reboisement et reforestation, ainsi que tous les efforts des organisations locales, en vue de la protection de l’environnement doivent être encouragés par l’Etat. L’Etat doit se comporter en véritable propriétaire du sol, non pas seulement quand il s’agit de distribuer des terres, de faire des impositions et d’encaisser des ressources, mais aussi lorsqu’il est question de leur protection, de leur exploitation rationnelle et durable, garantie pour les générations actuelles et futures. Les défis sont nombreux ; ils ne sont cependant pas insurmontables si la bonne gouvernance est là. Car ce qui manque encore, pour asseoir le droit à la nourriture et à la terre pour tous, c’est un véritable leadership politique, responsable et compétent. Patient Bagenda, secrétaire général du CAB (Comité Anti Bwaki), mai 2012, Bukavu.
UN REPAS PAR JOUR « Les provinces du Sud et Nord Kivu peuvent nourrir toute la population du Congo ». Voilà ce qu’on disait dans le temps. « Aujourd’hui, les gens ont faim », nous dit Angèle Bahige de AIBEF (Appui aux Initiatives de Bien Etre Familial), partenaire de la FONCABA. Elle analyse la situation alimentaire de la population des territoires de Kabare et Walungu et nous confie les efforts que fait son organisation, principalement avec les femmes.
Les femmes se sont organisées en groupes qui sont appuyés par AIBEF
Les guerres (1996-2007), les pillages répétés, les viols, l’insécurité, les tracasseries des militaires ont aggravé une situation de misère générale. La plupart de familles mangent un seul repas maigre par jour.
nourrir une population en augmentation croissante. Dans ces villages, certaines familles n’ont plus un champ, d’autres ne récoltent plus rien. Elles n’ont pas de semences de qualité, elles n’ont pas d’outils aratoires suffisants.
Avoir faim dans une région fertile
Les familles paysannes sont soutenues, en grande partie, par les femmes qui se battent à longueur des journées pour cultiver, faire du petit commerce, pour avoir de quoi nourrir les enfants le soir. Il n’y a pas d’emplois rémunérateurs dans les villages. Quelques hommes sont dans les plantations de thé et de quinquina où ils ne gagnent presque
Dans les villages de Kabare et de Walungu, les gens ont faim parce qu’ils manquent de plus en plus de terres cultivables, parce qu’ils cultivent sur des terres de plus en plus réduites, totalement lessivées par les érosions, et qui ne produisent plus suffisamment pour
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communautaires. Les unes et les autres doivent suppléer les maigres récoltes par des activités génératrices de revenu. C’est pourquoi, au-delà des formations, un appui en intrants (outils, semences et bêtes d’élevage) a constitué une priorité dans la stratégie mise en œuvre par AIBEF. AIBEF a appuyé des groupes avec au total plus de 3.000 ménages, en houes, tridents, bêches, semences vivrières et maraîchères, chèvres, moutons, porcs et lapins d’élevage, individuellement et en gestion collective, pour permettre aux familles de relancer l’agriculture et le petit élevage après les pillages et les violences des années 1996-2003.
Une petite activité commerciale pour suppléer les maigres récoltes rien, d’autres sont partis dans des carrés miniers d’où ils rentrent rarement et souvent sans ressources.
La sécuritaire alimentaire pour les victimes des guerres C’est sur la base de ce contexte que AIBEF essaie d’œuvrer dans la logique que les familles améliorent leur état, accèdent à la nourriture et au bien-être. L’organisation milite pour que chaque famille ait à manger. Son action, au cours de dix dernières années, consiste à accompagner les familles pauvres à cultiver, à élever et à exercer une activité qui les aident à produire et avoir un revenu
financier. Pour ces familles la première chose c’est l’accès à la nourriture, c’est la possibilité de cultiver et de récolter, de jouir de sa récolte, de manger et de vendre quand il y a des excédents.
Dans les mêmes groupes, AIBEF a soutenu les micro-réalisations dans le domaine du petit commerce au moyen des fonds de crédits rotatifs et des infrastructures pour le stockage et la vente des produits
Les familles membres des groupes de base partenaires de AIBEF sont, pour la plupart, des victimes des guerres. Elles ont subi des pillages et toute sorte de violence dans lesquels elles ont tout perdu. Certaines familles ont des lopins de terre qu’elles ne peuvent plus continuer à exploiter par manque d’outils et de semences, d’autres n’ont pas de champs et doivent survivre grâce aux champs
AIBEF est une organisation locale d’appui au développement à la base qui œuvre dans le Bushi (Kabare et Walungu). La sécurité alimentaire dans les familles constitue la mission principale de AIBEF . Depuis 2000, l’organisation appuie les groupes de base dans la mise en œuvre des initiatives qui concourent à l’amélioration des conditions de vie des familles membres, spécialement leur accès à une alimentation suffisante et de qualité ainsi que l’accroissement de leur revenu. 12
Vers deux repas par jour
(dépôts et étalages de vente) sous la propriété et la gestion des populations. AIBEF appuie également des unités de transformation des récoltes, notamment le moulin et le décortiqueur à paddy. Ces unités sont aussi des moyens pour donner une plus-value aux produits des paysans. Actuellement des familles membres des groupes organisés, partenaires des organisations de développement, qui n’avaient rien, dont les enfants n’étaient pas scolarisés, ont recouvré le droit de produire et de jouir de leurs récoltes ; d’autres ont maintenant des activités qui leur permettent de partager des bénéfices, de gérer des stocks et des recettes. Dans les familles appuyées, deux repas par jour sont maintenant possibles.
Défis pour les autorités Il reste, cependant, le problème de la propriété foncière, des faibles superficies et terres cultivables, ainsi que des pertes subies par les paysans sur les barrières érigées par les soldats et par les taxes au marché. Il en est de même des aléas climatiques qui affectent la production et le calendrier agricole. Là où il y a des terres fertiles et suffisantes, comme à Mwenga, les défis des routes d’accès, des intrants, de la formation et de la mobilisation au travail sont à surmonter. D’autre part, le droit à la nourriture suffisante et décente doit encore être compris et garanti par les pouvoirs publics. Les paysans attendent que ces derniers ramènent la paix, la sécurité, la fin des tracasseries, les appuis et les facilités nécessaires à la production vivrière.
Une meilleure récolte grâce à l’application des techniques apprises
Angèle Bahige,secrétaire exécutive d’AIBEF, Bukavu, mai 2012 KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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KANANGA (RD CONGO)
Les concessions de nos ancêtres sont en péril
2 femmes témoignent
« La constitution de la RD Congo stipule, en son article 36 « Le travail est un droit et un devoir sacrés pour chaque Congolais ». Moi j’ai choisi le champ pour me conformer à cette loi suprême du pays. L’Etat congolais doit m’aider à disposer de l’espace pour exercer mon travail agricole. Pour le moment, la plupart des propriétaires des concessions ancestrales éprouvent des difficultés par le fait que l’Etat, « propriétaire du sol et du sous sol congolais » est entrain de les vendre aux personnes nanties. Pour recevoir cet espace, je dois payer des frais importants pour recevoir les documents juridiques de propriété. Mais ce n’est pas facile pour moi. C’est pourquoi des actions de plaidoyer auprès de notre Assemblée provinciale sont d’une importance capitale. Il est nécessaire de plaider pour que les conditions d’accession à une concession par une femme soient assouplies pour l’augmentation de la production agricole dans les familles. Chaque homme et chaque femme ont droit à la nourriture.
L’accès à la terre réservé aux hommes « Je n’ai pas ma propre parcelle ni ma propre concession parce que l’accès à la terre était réservé aux hommes. Nous avons une parcelle que nous avons payée après notre mariage. Mais les documents sont établis au nom de mon mari. Ce qui fait que c’est sa propriété. Grâce aux sensibilisations faites par le CBMT sur les lois en cours de révision pour une conformité avec l’article 14 de la constitution qui parle de la parité homme - femme, nous avons compris que la femme peut acheter ses terres en son propre nom. Pour bénéficier de ce droit, nous devons faire le plaidoyer pour que l’Etat congolais accélère la révision du code de la famille et arrive à assouplir les mesures par rapport à l’accession de la femme à la terre. Aujourd’hui, je cultive mes champs dans des concessions de particuliers qui demandent de l’argent et qui me demandent d’aller cultiver pour eux. Mon salaire de
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directrice adjointe et celui de mon mari ne nous permettent pas de couvrir tous les besoins de la famille. Les champs et les étangs me permettent de compléter le salaire. Dans notre OF, je suis membre de la tontine, de la coopérative d’achat et vente et je participe aux travaux de notre champ collectif. J’épargne de l’argent dans la tontine (l’argent des feuilles de manioc et de haricots que je vends comme condiments). Dans la coopérative d’achat et vente, nous recevons tous les quinze jours du maïs ou des poissons salés à crédit que nous remboursons dans l’échéance d’une semaine. » Marie José Mvidie, directrice adjointe d’une école primaire, mariée et mère de 11 enfants, vice présidente de l’OF Tujukayi de la paroisse St Paul dans la commune de Lukonga, à Kananga.
Nous les Bamamu Tabulukayi, nous avons appris comment offrir une nourriture de qualité à nos familles et nous entreprenons des activités de production et génératrices de revenu. Nous avons le jardin parcellaire, le maraîchage et l’élevage de petit bétail. Pour les activités génératrices de revenu, citons entre autre le petit commerce et la fabrication des jus des fruits, des pains et des savons artisanaux. Moi-même, je cultive le maïs, le manioc, les arachides, les haricots et le riz, selon les saisons. Les récoltes me servent à nourrir ma famille, à payer la scolarisation de mes enfants. J’ai un stock de maïs et manioc sur mon gre-
nier. Le surplus de la production de notre champ collectif est stocké dans la banque des céréales du CBMT pour nous permettre trouver la bonne semence à la période de semis. Dans ma parcelle, j’ai un potager et quelques poules. Même lorsqu’il pleut abondamment pendant toute la journée, j’ai tout ce qu’il faut chez moi: j’ai toujours un stock de farine à la maison, j’entre dans mon jardin avec un parapluie, je cueille les légumes, je peux prendre des œufs des poules et ma famille est à l’aise. » Katshiena Marie, agricultrice, présidente du groupement (OF) Tuende Dikasa Dimue (qui signifie « Marchons au même pas ») de la paroisse St Thomas, dans la commune de Lukonga, à Kananga KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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BURKINA FASO
PAS DE PAYSAN SANS TERRE En milieu rural, la sécurité alimentaire n’est possible que si les familles paysannes disposent de suffisamment de terre. Aujourd’hui avoir des terres n’est plus évident, entre autre à cause de la démographie galopante. Kinda Yiyandé, de l’Association Wendin Songdé (AWS), partenaire de la FONCABA, dans la province du BAM au Burkina Faso, nous confie que la sécurité alimentaire des familles n’est plus garantie. L’association a identifié plusieurs causes de l’insécurité alimentaire qui menace la population. Il y a d’abord le climat avec l’insuffisance des pluies et sa mauvaise répartition dans le temps et dans l’espace, lié à la désertification qui progresse. Les terres sont dégradées, érodées, lessivées et pauvres. En plus les familles paysannes ne maîtrisent pas suffisamment les techniques culturales appropriées dû à l’analphabétisme et au manque de moyens matériels et financiers. Enfin, tout cela dans le cadre d’une augmentation fulgurante de la population.
L’organisation des groupements Comme stratégie pour faire face à cette situation d’insécurité alimentaire, l’association Wendin Songdé a opté comme stratégie d’inviter les paysans à travailler ensemble dans des groupements, ce qui lui permet plus facilement de les former et de les accompagner sur terrain. C’est ainsi qu’aujourd’hui elle s’est focalisé sur les trente groupements membres de son organisation. Ceux-ci lui ont fait confiance et ont accepté les conditions de payer les frais d’adhésion de cinq mille fcfa (7,62€) ainsi que les cotisations annuelles de mille fcfa (1,52€) par membre. Les membres cherchent ensemble des solutions sur certains problèmes. C’est à partir de ces rencontres qu’est apparu le besoin de renforcer les capacités des membres, car sans « savoir » et « savoir faire », il n’y a pas de progrès. Les bénéficiaires des formations restituent aux autres membres du groupe.
Et le paysan voyait que c’était bon…! Wendin Songdé est une association paysanne qui a vu le jour en l’an 2000. Elle compte aujourd’hui plus de 2.500 membres issus de trente groupements. Elle fait de la sensibilisation, de la formation et de la mobilisation de ses membres en vue de leur participation effective au développement économique, social et culturel. Elle vulgarise aussi les techniques agro-pastorales et la pratique de l’aviculture villageoise, et assure un encadrement des activités des femmes. 16
La technique du zaï: on creuse des petits trous dans lesquels on met du compost. Lorsqu’il pleut, on sème dans ces trous. Le zaï permet de garder suffisamment longtemps l’humidité. Le matériel disponible au sein des groupements est important. Il s ’agit d’une charrette, de deux pics, d’une fourche et de deux pelles. Les membres des groupements en bénéficient pour leurs travaux agricoles comme le remplissage des compostières, le transport du compost et le reboisement.
Le renforcement des savoirs faire Grâce au partenariat avec la FONCABA l’alphabétisation a pu voir le jour entre 2004 et 2007. Neuf centres d’alphabétisation accueillent des hommes et surtout des femmes. Les groupements ont bénéficié également de formations sur les techniques d’élevage et sur les techniques culturales. Grâce aux formations et au matériel reçu, les groupements ont pu accroître considérablement les rendements des récoltes. Ceux qui récoltaient 400 kgs de mil à l’hectare arrivent à récolter maintenant 1,5 tonne à l’hectare. Les activités aident les femmes à améliorer la qualité de la nourriture et génèrent des revenus, ce qui est important pour la scolarisation des enfants ou en cas de problème de santé.
A qui appartient la terre ? La terre appartient à l’Etat, suivant les textes sur la reforme agraire et foncière. Cela est vérifiable au niveau des communes avec la distribution des parcelles d’habitation. Dans les villages les occupations ancestrales persistent. Chaque occupant témoigne que la terre appartenait à ses parents ou à certains ancêtres lointains. Les problèmes fonciers sont nombreux et les conflits sont fréquents. Dans le passé il n y avait pas beaucoup de problèmes de terre. Actuellement, avec la population qui croît d’année en année, le manque de terre oblige certaines familles à se déplacer dans d’autres régions à la recherche de terres fertiles pour pouvoir nourrir la famille. Par ailleurs, la vente des terres est fréquente et cela est dû à la pauvreté. On vend une portion de terre pour avoir les moyens pour mieux construire sa maison, pour pouvoir nourrir la famille ou encore pour s’occuper de la scolarisation des enfants. On constate amèrement que certaines personnes, après avoir vendu leur terre ne possèdent plus assez de terre pour cultiver avec la famille, perdant ainsi leur source alimentaire. Kinda Yiyandé, président de AWS, Kongoussi, mai 2012 KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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Tout le monde a droit à l’alimentation Quand est-ce que pour la dernière fois vous avez appris quelque chose qui a changé votre vie? La FONCABA investit dans des projets de formation pour adultes en Afrique. Des associations locales partenaires et leurs membres reçoivent la possibilité d’augmenter leurs compétences et de restituer leurs connaissances et expériences dans la communauté. C’est ainsi que les gens apprennent par exemple des techniques par lesquelles ils peuvent augmenter leur récoltes et nourrir leur famille. Dans chaque projet les gens apprennent quelque chose qui change leur vie. Trouvez-vous aussi que chaque personne doit avoir la possibilité de prévoir pour sa famille une nourriture variée et de qualité, et de prendre en mains son propre développement ? Si vous faites un don à la FONCABA en utilisant le bulletin de virement dans ce KARIBU pour un don, nous nous engageons à ce que votre don change des vies. Merci beaucoup!
“
Je cultive le maïs, le manioc, les arachides, les haricots et le riz, selon les saisons. Les récoltes me servent à nourrir ma famille et à payer la scolarisation de mes enfants. En tant que membre de l’association CBMT, le surplus de la production est stocké dans la banque des céréales pour nous permettre de consommer à la période de soudure et de trouver la bonne semence à la période de semis ». Katshiena Marie
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Votre engagement pour l’Afrique continue après vous! La FONCABA est une asbl habilitée à recevoir des legs et des donations pour ses projets de formation en Afrique. Vous pouvez intégrer la FONCABA dans votre testament ou utiliser le legs en duo. C’est une donation par testament aux personnes de votre choix et en même temps à une asbl reconnue comme la FONCABA. Vous soutenez donc les projets de la FONCABA et la FONCABA prendra en charge les droits de succession de la personne qui reçoit la donation ! (qui peuvent atteindre 65%).
Comme le droit de succession est une matière assez compliquée, il est recommandé de consulter un notaire qui fera un petit calcul et vous donnera un avis correspondant à vos souhaits. Pour des informations complémentaires à la FONCABA, contactez M-Bernadette Zubatse, Directrice KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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SUD-KIVU (RD CONGO)
APRES LES ELECTIONS = AVANT LES ELECTIONS Six mois après les élections en RD Congo, Jean Moreau Tubibu du Groupe Jérémie, partenaire de la FONCABA à Bukavu, partage son analyse sur les réactions recueillies chez des gens. Ce qui précède : le Sud Kivu a salué l’organisation des élections nationales en novembre 2011. Les résultats ont été contestés par les partis d’opposition à cause des irrégularités sérieuses observées tant par les observateurs nationaux qu’internationaux. Pour 5 ans, le Congo est reparti avec le même président. Mais, le parlement et le gouvernement ont changé.
Pas de changement « Après les élections, tout est comme avant les élections », disent de nombreux citoyens un peu déçus de Bukavu et de l’intérieur de la Province. « Hatuoni kitu », en français facile cela se traduit par « nous ne voyons rien de spécial,
La population de Bukavu ne voit aucun changement Les avis de la population sont partagés. Certains sont tout de même contents que leurs élus siègent au parlement. 20
aucun changement ». Le premier ministre a été nommé et présenté à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il a présenté son programme que plusieurs ont jugé du ‘copié collé’ sur celui de 2006, sans chronogramme et sans budget». Au sein du parlement, la MP a créé sa propre frange d’opposition pour déstabiliser les vrais opposants. Mais un débat parlementaire est entrain de naître. Les opinions des élus se discutent sans crainte et le peuple attend les débats sur des questions sociales ; pour vu que cela dure. Bagalwa C. 35 ans, responsable du noyau rural de la société civile de Kaziba à environ 45 km de route de Bukavu affirme que « après tout le tintamarre électoral, comme lors des élections de 2006 , tout est redevenu normal, les bureaux des partis politiques ont disparu, certains ne sachant plus supporter le frais des loyers, d’autres partis ont subi « la mort subite » puisque l’échec aux élections a du même coup entraîné la dispersion de leurs militants et de leaders opportunistes. Mais le peuple a eu sa revanche, car il a sanctionné les politiciens paresseux et démagogues ». Cette opinion est la plus partagée. La législature 2006 n’a pas su convaincre par un manque de sens de responsabilité. Et le temps s’était très vite envolé jusqu’à les surprendre et les voir à nouKARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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vit dans le groupement rural de Butuzi à Kaziba déclare que «le positif c’est que nous aussi le petit peuple nous avons déniché et désavoué les tricheurs des élections, la population se réveille et veut confier des responsabilités à ceux là qui partagent son train de vie. »
La formation d’observateurs nationaux reste indispensable pour les élections locales veau poussés à tenter de renégocier le vote du même peuple.
Tout de même ? Parmi les intellectuels des organisations de la société civile (OSCI) du Sud Kivu, il existe des citoyens qui relativisent cette vision radicale teintée de déception. Ils parlent des avancées même si c’est très maigres. Gislain Murhola, 30 ans, habitant la Commune de Bagira, estime que « malgré la lenteur qui a fait flotter le début de la nomination des acteurs (ministres, membres du bureau et de différentes commissions parlementaires et l’installation de ces institutions, le choix du peuple a été respecté, ce sont nos élus qui siègent au parlement. En plus certains auteurs ou complices des fraudes ont été déferés et arrêtés par des services de justice (Parquet et les tribunaux ad hoc) dans le respect de la loi électorale ». Madeleine BWENGE, la cinquantaine bien assumée, responsable d’une organisation locale qui s’occupe de la protection de l’environnement et du reboisement des collines dénudées de la 22
périphérie de la ville de Bukavu, affirme que même si la femme n’a plus trouvé son compte dans ces élections de novembre 2011, « la RDC a un nouveau premier ministre avec un gouvernement de technocrates, et cette équipe a présenté un programme politique. C’est déjà quelque chose de positif. Il reste que nous les femmes nous fassions respecter les dispositions de la loi sur la parité au sein des listes électorale».
La population se réveille Chez « Quado » à Bukavu, Commune d’Ibanda, une ancienne station de taxis, en pierres, laissée par la colonie , les opinions divergent. Balemba K., 33 ans, enseignant et animateur rural, qui se cherchait une vieille chemise dans les habits usagers affirme que «il serait aveugle de ne pas reconnaitre l’afflux des gens qui sont venus s’enrôler et voter pour sanctionner certains élus. Le positif aussi c’est que de nouvelles figures sont venues remplacer ceux là qui croyaient encore être réélus par une distribution de petites sommes d’argent et de la bière. Kabonwa M. Bénite, grand-mère, qui
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«Le positif aussi c’est que de nouvelles figures sont venues remplacer ceux là qui croyaient encore être réélus par une distribution de petites sommes d’argent et de la bière.
Des défis Au sommet de la plus grande institution législative du pays, le Parlement congolais, fonctionnent deux chambres dont l’une est légitime et légale car constituée des élus et l’autre le Sénat légal mais dont le peuple doute de la légitimité car ses membres cumulent déjà un mandat sans avoir eu le soutien du peuple. Le même scenario se joue au niveau des assemblées provinciales où il plaît aux élus de novembre 2006 de continuer à toucher leurs émoluments avec une belle couverture de manque de fonds pour organiser de nouvelles élections provinciales. Plus de voix des OSCI, réclament le couplage des deux scrutins attendus : les provinciales et les locales. Pour ces dernières les signes montrent que le régime pourrait encore se dérober et les renvoyer aux calendes grecques. Un autre défi, et de taille, c’est de trouver des fonds et savoir bien les gérer
pour organiser ces scrutins, sous une bonne surveillance des observateurs indépendants. L’expérience montre que sans l’insistance des observateurs internationaux qui avaient appuyé les rapports des observateurs nationaux des églises et d’autres OSCI , le régime organisateur du scrutin de novembre 2011 était prêt à minimiser les fraudes et tricheries dénoncées.
Le démon de l’insécurité Il resurgit à nouveau. Dans le Nord Kivu avec Walikale, Masisi…, dans le Sud Kivu avec Fizi, les Hauts et Moyens Plateaux, Shabunda, Bunyakiri , Nindja…). Il a mis de milliers des déplacés internes, sans assistance sociale, sur la route de la mort. Tout semble s’embraser et les forces armées congolaises très affaiblies par un manque d’unités de commandement et d’indiscipline, en présence de fortes pressions de raids de groupes armés rwandais(FDLR) et burundais ( FNL), qui administrent des villages dans des sites miniers.
Affermir la démocratie Le point de mire demeure l’organisation des élections provinciales et locales, car à travers celles-ci le peuple pourra se doter des dirigeants de proximité. Il s’agit d’assoir les racines de la démocratie pour susciter et renforcer encore la participation active de la population et réduire cette crainte d’abstention qui risque de pérenniser la nomination des intérimaires (bourgmestres, conseillers communaux maires et leurs collèges des conseillers ainsi que les gouverneurs de provinces) à la tête des institutions provinciales. Jean Moreau Tubibu, Groupe Jérémie, Bukavu, mai 2012 KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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BURUNDI : 50 ANS D’INDEPENDANCE
Si le Burundi était la « Suisse africaine »… ! Le 50ième anniversaire de d’indépendance du Burundi est une opportunité pour les Burundais de faire un réel examen de conscience. Le bilan semble plutôt maigre. Une avancée majeure est que des Burundais ont repris en main la destinée de leur pays, après le départ des Blancs. Mais, nous sommes loin d’une réelle indépendance. Dans tous les domaines (politique, économie, éducation, religion), le Burundi dépend encore de l’Occident dont il essaie maladroitement de copier le modèle. Quand un pays dépend économiquement en très grande partie de l’aide extérieure et que cette aide est conditionnée par le dictat des bailleurs, quand un pays voisin vient faire la loi chez vous sans que la réciproque soit vraie, je ne vois pas où est cette indépendance.
Michel Kayoya : «Je n’ai jamais appris à aimer mon peuple». Les premières élections libres de 1993 avec l’élection du président Melchior Ndadaye, ont constitué un grand espoir pour le peuple burundais. Malheureusement ce début de démocratisation a été court-circuité. Une guerre civile de plus de 10 ans a endeuillé le pays. Finalement les Burundais se sont mis autour de la table des négociations pour s’engager sur la voie de la démocratie. Nous pouvons aussi applaudir la décision de la gratuité de l’enseignement primaire et des soins de santé pour les femmes enceintes. C’est un réel pas en avant par rapport aux discriminations du passé. Nous apprécions également la liberté d’expression qui s’est instaurée, même si elle n’est pas encore parfaite.
0 5 Le bilan comprend aussi les trente ans de discrimination et d’exclusion sous un pouvoir dictatorial dirigé par une oligarchie militaire et civile. Cette période était caractérisée par les horreurs de génocide et d’autres crimes contre l’humanité commis par des Burundais sur d’autres Burundais. Ce qui marque encore le bilan négatif durant ces 50 années, c’est la mauvaise gouvernance et le manque d’un véritable projet de société en faveur spécialement des petites gens (Banyarucari) que l’on pourrait résumer dans la terrible phrase de l’Abbé
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L’avenir du Burundi comprend aujourd’hui beaucoup d’incertitudes et des risques de la recrudescence de la violence. Sans idéaliser le modèle suisse, sans faire du copier-coller, c’est lui que je propose pour mon pays. Joseph Ntamahungiro, ancien Directeur Général de la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB) et ancien Conseiller Principal à la Présidence de la République Chargé de la Presse et de la Communication, Bruxelles, mai 2012
RENAITRE S’il m’était donné, mon frère
Fuse des champs
De renaître
Et des rues
Du ventre chaud de ma mère
Où les mères chantonnent
Sur une terre … quelque part
Des berceuses
Je voudrais
Qui endorment les tout-petits
Oui, je voudrais renaître
Comme elles m’ont endormie
Au Burundi!
Dans mon enfance D’avant.
Pas dans un pays grinçant Où partis, nez et tailles Mènent droit à la bataille
S’il m’était seulement donné, ami
Où dans l’ombre la mort rôde
De revivre mon enfance
Quand corruption devient mode
Bercée par la cithare de grand-père
Où le soleil éclaire
Et les contes autour du feu
Le visage grognon
Je voudrais
Des élus se disputant
Oui je voudrais toujours renaître
Un gâteau quasi absent
Au Burundi!
Et des enfants en haillons Dormant dans des cartons
Dans ce pays que IMANA créa
En serrant leurs mains
Dans un élan de bienveillance
Au ventre.
Et qui fête dans la danse Cinquante ans d’indépendance
S’il m’était donné, ma sœur
Ce pays qui est mien
De pousser mon premier cri
Qui est tien et qui est nôtre
Dans les mains accueillantes
Ce Burundi, mon frère
D’une sage-femme attentive
Ce Burundi, ma sœur
Je voudrais
Ce Burundi, ami
Oui, je voudrais encore renaître
Où le passé commun a enfoui
Au Burundi!
Les racines profondes De notre avenir en commun
Dans un pays paisible
In-dépendance? Danse … danse!!!
Où rêver est possible Où la forêt à la verdure dense Sous le beau ciel bleu intense
Marie-Louise Sibazuri
N’évoque plus le danger Où le rire clair des enfants
KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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50 ANS D’INDEPENDANCE Qu’est-ce qu’il y a à fêter ?
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Il n y a rien à fêter de ces 50 ans. Je n’ai jamais vu mon père et ma mère est morte quand j’étais jeune. Nous sommes restés orphelins avec mes frères qui me racontaient que mon père a été tué en 1972, dans le génocide des hutu. Pendant ces 50 ans les Burundais ont connu des guerres civils incessantes. Antoine Habonimana, né en 1972 à Bujumbura , Quartier Nyakabiga , chauffeur
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IC’est en premier lieu que les Burundais sont libres de faire quelque chose. Mathilde Hatungimana, née en 1984 à Ruyigi sur la colline de Gasanda
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Notre pays est souverain. Il est dirigé par les Burundais eux-mêmes. La chicotte du colonisateur est abolie. Si on compare le niveau de développement à l’époque coloniale et aujourd’hui, il y a eu beaucoup de réalisations pendant ces 50 ans. Emmanuel NTIBAYAZI, né à Bururi en 1960, veilleur
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Avec ces 50 ans, nous fêtons en premier lieu l’autonomie de gestion de notre pays dans ses affaires sociopolitiques. Ce sont les fils et les filles de la nation qui gèrent les affaires du pays. Le pays est passé du paternalisme au partenariat et à la coopération avec ses anciennes tutelles. Francine Harerimana , né à Bururi en 1984, étudiante
Quelles réalisations positives pouvezvous relever ?
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L’élection de nos dirigeants par le suffrage universel Mathilde Hatungimana, née en 1984 à Ruyigi sur la colline de Gasanda
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Avec les Accords d’Arusha, les Burundais s’engagent à vivre ensemble dans la paix et à partager dans l’équité les biens du pays sans exclusion ethnique. Les corps de défense et de sécurité sont maintenant inclusifs. En plus l’avènement de la Démocratie a donné aux Burundais le droit d’élire leurs représentants. Emmanuel NTIBAYAZI, né à Bururi en 1960, veilleur
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La construction d’écoles, de routes, d’hôpitaux, de prisons, de tribunaux. La scolarisation gratuite et les soins gratuits des enfants de moins de 5 ans et des mamans enceintes. Antoine Habonimana, né en 1972 à Bujumbura , Quartier Nyakabiga , chauffeur
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Le rapatriement des réfugiés. Il y a la paix, il n y a pas de chasse à l’homme comme avant. Concilie Kwizera, paysanne, Gitega
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Premièrement, le recouvrement de la souveraineté nationale, car c’était vraiment humiliant de voir un peuple spolié de sa liberté et de son autonomie décisionnelle. Deuxièmement, les relations que le Burundi entretient avec différents Etats, à commencer par ceux de la sous région d’Afrique de l’Est et Centrale. Remy Nahimana, né à Ngara en 1944
Quels éléments négatifs pouvez-vous signaler ?
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L’exclusion sur base ethnique a provoqué des violences et des massacres interethniques ignominieux. La paix et la justice au Burundi laissent à désirer. La pauvreté augmente. Judith NDABAHAGAMYE, Commune Kanyosha (Bujumbura), née en 1946, enseignante en retraite KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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Notre pays n’est pas réellement indépendant parce qu’il n y a pas de justice ni de respect d’opinion. Les gens corrompus ont remplacé les colons. Depuis la contestation des élections générales de 2010 par l’opposition, le Burundi vit au rythme de nouvelles violences. Jan de Dieu Mboninyibuka, né à Kanyosha en 1994, étudiant
Le vol armé. Les tueries des albinos. Stany Kenese, Paysan, Gitega
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Le peuple vit dans la terreur et il y a des dirigeants corrompus qui exploitent le bas peuple. Les citoyens vivent dans l’ignorance. Jean de Dieu Mboninyibukau, né à Kanyosha en 1994, étudiant
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Le manque d’enseignants qualifiés pour les écoles, l’enrichissement des dirigeants et la vie qui aujourd’hui coûte très cher. Antoine Habonimana, né en 1972 à Nyakabiga (Bujumbura), chauffeur
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La chute de la monarchie a conduit le pays aux divisions ethniques. L’exclusion, le manque de bonne gouvernance et d’un Etat de droit ont conduit le pays aux massacres interethniques. Emmanuel NTIBAYAZI, né à Bururi en 1960, veilleur
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Le niveau de développement socio-économique laisse encore à désirer. En plus, certains politiciens n’ont pas encore intégré les valeurs de la démocratie. Joachim Ndaruzenze, né à ShoHOMBO-KARUSI en 1979, étudiant
Est-ce qu’aujourd’hui le pays est indépendant ?
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La réponse est double. D’une part, oui, parce qu’il est dirigé par ses filles et ses fils. D’autre part, du point de vue économique, le pays n’est pas indépendant puisqu’il vit en grande partie des aides et subventions des puissances étrangères. Ceci limite son pouvoir de décision même pour sa politique intérieure. Les puissances qui l’aident économiquement ont tendance à dicter ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Francine Harerimana , né à Bururi en 1984, étudiante
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Que faut-il pour construire le Burundi où il faut bon vivre ?
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Il faut qu’une véritable justice sociale soit établie et que la justice soit indépendante. Les partis politiques doivent pouvoir œuvrer librement et honnêtement. Les dirigeants doivent respecter les droits et les devoirs des citoyens. Les citoyens doivent respecter les droits des autres et honorer leurs devoirs à la nation. Judith NDABAHAGAMYE, Commune Kanyosha (Bujumbura), née en 1946, enseignante en retraite
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L’instauration d’une très bonne gouvernance et la création de l’emploi pour les jeunes burundais œuvrant dans plusieurs secteurs, mais surtout dans l’agriculture car elle est la base de l’économie du Burundi. Antoine Habonimana, né en 1972 à Bujumbura , Quartier Nyakabiga , chauffeur
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EIl faut qu’il y ait un suivi rigoureux de tous les engagements. De bons projets ne manquent pas. Seulement, il faut que les fruits tiennent la promesse des fleurs. Les politiciens qui ont fui le pays devraient regagner le bercail pour bâtir ensemble cette chère patrie. Joachim Ndaruzenze, né à SHOMBO-KARUSI en 1979, étudiant
KARIBU 145 I AVRIL, MAI, JUIN 2012
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FONCABA
FONCABA-PRODUITS 2011
Frais de structure
33.677 e
Dons privés
89.117 e
Volet Nord *
13.103 e
Dons 11.11.11
18.720 e
Volet Sud **
253.329 e
Charges exceptionnelles TOTAL
13.541 e 313.650 e
Subsides Produits divers TOTAL
162.162 e 5.597 e 275.596 e
* Volet Nord : Activités d’Education au développement (Revue KARIBU & site Web) et de collecte de fonds ** Volet Sud : Projets au Congo et au Burundi
FONCABA - CHARGES 2011 Frais de structure; 33.677€; 11%
Charges exceptionnelles; 13.541€; 4%
FONCABA - PRODUITS 2011 Dons 11.11.11; 18.720€; 7%
Volet Nord; 13.103€; 4%
Volet Sud; 253.329€; 81% 30
Produits divers; 5.597€; 2% Dons privés; 89.117€; 32%
Subsides; 162.162€; 59%
La FONCABA investit dans la formation de partenaires locaux autour de 5 thèmes : l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire, la démocratie et les droits de l’homme, la prévention de conflits et la construction de la paix, l’éducation des jeunes et l’empowerment des femmes. La FONCABA développe une relation de partenariat honnête, ouverte et profonde, sur un pied d’égalité et basée sur le dialogue. La FONCABA choisit aussi une approche intégrale de l’homme et de sa communauté : les aspects économique, social, politique, culturel et spirituel s’y retrouvent.
Les projets
FONCABA - CHARGES 2011
La FONCABA est une ONG de solidarité internationale, reconnue comme telle par les autorités belges, spécialisée dans le renforcement de la société civile en Afrique. Par des formations, les partenaires locaux et leurs groupes de base reçoivent la possibilité d’augmenter leurs compétences et de restituer leurs connaissances de manière efficace à d’autres. La FONCABA collabore directement et sur base de réciprocité avec des organisations africaines locales.
Actions dans le Nord
le bilan 2011 présente une perte de 38.054,00 euros. Les comptes de la FONCABA sont contrôlés par Mr. Baudouin Theunissen, Commissaire/Réviseur d’Entreprises du Bureau Crowe Horwath, Callens, Pirenne, Theunissen & C° n° 0427.897.088 – n° de membre: B00003.
Actions dans le Sud
Durant l’année 2011, la FONCABA a pu réaliser sa mission en Afrique, grâce aux dons de ses sympathisants et aux subsides reçus. Les chiffres et le graphique ci-dessous montrent l’utilisation des financements disponibles dont 81% pour les projets en Afrique. Nous avions compté sur un cofinancement plus important de l’Etat. Nous avons du puiser dans la réserve. Pour cette raison,
La foncaba
Comptes des résultats 2011
Les projets: • sont adaptés à la spécificité culturelle de la population locale • stimulent la culture démocratique • créent l’autopromotion • renforcent l’empowerment de la femme • prennent soin du système écologique • ne sont pas imposés mais naissent au sein de la population locale
La FONCABA participe à l’éducation au développement concernant la problématique Nord-Sud et sensibilise les intéressés, les organisations sociales et les sympathisants autour de l’importance de renforcer de manière durable les individus et les groupes au Sud sur base d’un dialogue honnête. La FONCABA participe activement aux campagnes du mouvement Nord-Sud, 11.1111 et le CNCD, comme l’action sur les objectifs millénaires, donne des avis (principalement sur l’Afrique Centrale) et attire l’attention sur les thèmes dans la revue KARIBU et via le site web.
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Rédaction: M-Bernadette Zubatse Luc Bonte Ruth Lamers Dries Fransen Jean Lefèbvre Marc Verschoore Adresse: Rue du Progrès 333/03 B-1030 Bruxelles Tél. : 02 201 03 83 Fax : 02 205 17 39 e-mail : info@kba-foncaba.be www.kba-foncaba.be Editeur responsable: M-Bernadette Zubatse (Rue du Progrès 333/03 – 1030 Bruxelles) Photos: FONCABA, AIBEF, APRODEPED, RODHECIC, WENDIN SONGDE Layout et impression: De Riemaecker Printing bvba www.deriemaecker.be
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