Actu Santé Actu Santé avril • juin 2015 • 1,50 €
# 139
www.defense.gouv.fr/sante
ACTUALITÉS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Dossier
EBOLA
Modèle SSA 2020 Info transfo
Journée nationale du réserviste
Catastrophe de la Germanwings
Fonctionnement du soutien habillement
# 139
SOMMAIRE ACTU SANTÉ avril • juin 2015 info transfo
4-5
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Actualités
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6-10
Activités opérationnelles Catastrophe aérienne de la Germanwings Exercice majeur Orsec-novi en Corse
11 12
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DOSSIER
Ebola
11
13-25 Activités opérationnelles Lancement du SMURA au Gabon En première ligne au Vanuatu
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Focus L'habillement
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Femmes et hommes du SSA De l’école du Val-de-Grâce aux théâtres d’opérations
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© Photo couverture : A. Roiné - ECPAD
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DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information Fort neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 Paris Cedex 12 - Tél : 01 41 93 27 07 bcissa@dcssa.fr
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Directeur de la publication : Médecin général inspecteur Patrick Godart ; Directeur de la rédaction : Médecin en chef Chantal Roche Rédacteur en chef : Capitaine Sandra Marcon ; Rédacteurs : Sous-lieutenant (R) Alexandra Caussard ; madame Catherine Pinard Graphiste - Maquettiste PAO : Technicien supérieur hospitalier Anne-Cécile Delpeuch Impression : Pôle graphique de Tulle - CS 10290 - 19007 Tulle Cedex - Tél : 05 55 93 61 00 ; Édition : DICOD - 1, place Joffre - 75007 Paris Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ecpad.fr Régie publicitaire : Mme Christelle Touzet (ECPAD) Tél : 01 49 60 58 56 - regie-publicitaire@ecpad.fr ; Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 ; Dépôt légal : Mars 2015 ; Tirage : 10 000 exemplaires - 4 numéros annuels
info transfo
Le Modèle SSA 2020 est officiellement en marche « L’année 2015 est bien le point de départ officiel de la mise en œuvre du nouveau modèle de Service, 2017 en sera le prochain jalon » a déclaré le directeur central devant la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, le 13 mai 2015. Actu Santé fait le point des dernières étapes franchies.
Un premier Comité de la transformation Organisé le 24 mars à la DCSSA sous la présidence du MGA Debonne, directeur central du SSA, il rend officiel la mise en œuvre du modèle SSA 2020 présenté en décembre 2014. Le MGA Debonne a réaffirmé son attention toute particulière pour les femmes et les hommes, acteurs du modèle, mobilisés pour l’opérationnalité du service et sans l’engagement desquels cette construction ne peut se faire. Le DC a rappelé : « Il s’agit d’une action collective qui va durer dans le temps. Le modèle est un cadre dont la mise en œuvre prendra en compte en permanence l’environnement et les contraintes. Il faut transmettre aux plus jeunes la responsabilité du Service de demain et les impliquer au sein des équipes ».
Un premier séminaire de la médecine des forces a eu lieu le 8 avril. Pour la médecine des forces : plus d’équipement, un effort important pour l’infrastructure et les moyens SIC, une première agrégation pour la médecine des forces en 2015, la finalisation des CMA NG pour fin 2018 et une Direction de la médecine des forces (DMF) fonctionnelle en 2018.
vers une contractualisation plus aboutie avec les ARS incluant le premier recours. C'est le premier accord avec une autorité de régulation extérieure au ministère de la Défense Les évolutions en Île-de-France de la Plateforme militaire hospitalière : Transfert du Val-de -Grâce Suite au transfert du personnel et du matériel du Val-de-Grâce, les urgences ne seront plus assurées à compter du 1er juin 2015. Percy et Bégin assureront la continuité des soins et reprendront les activités chirurgicales, exceptée l'ophtalmologie, à partir du 1er juillet (cf. frise ci-dessous). Le Val-de-Grâce continuera à assurer une activité de consultation et d'hospitalisation médicales. Fermeture de la maternité de Bégin
Sur le périmètre hospitalier
Nous vous assurons une prise en charge et un suivi médical personnalisés jusqu’à 24 mars 2015définitive la fermeture des services. lancement du modèle
décembre 2014 annonce du modèle
Nous vous tiendrons régulièrement informés de l’évolution de la situation.
mars 2015 1er CMA NG
annoncé par le ministre de la défense en octobre 2014, l’hôpital du Val-de-Grâce évolue.
Ses activités médicales vont être progressivement transférées vers les deux autres établissements militaires parisiens : Percy (92) et Bégin (94) afin de créer une plateforme militaire hospitalière d’Île France. 1er de juin 2015
séminaire hôpital
Cette redistribution des compétences va débuter en 2015 pour s’achever en 2017. Les hôpitaux militaires Percy et Bégin vous accueilleront dans les meilleures conditions.
8 avril 2015 séminaire emploi
Fermetures
À compter du 1er Juin 2015 : Service Médical d’Accueil (SMA) Nous ne pourrons plus vous accueillir en urgences à compter du 1er juin. À compter du 30 juin 2015 : Service de radiothérapie © ECPA-D
Un accord-cadre avec l'ARS (Agence régionale de santé) de la région Information à l’attention des patients PACA a été signé le 22 avril. Cet accord-cadre officialise un partenariat Avril 2015 fort avec le territoire de santé de la plateforme hospitalière militaire PACA (HIA Sainte-Anne - Laveran). Conformément au projet de transfordu service de santé des armées Il s’agit d’une première grande étape, au national commemation au régional,
Transferts
À compter du 1er Juillet 2015 : L’oncologie et les activités chirurgicales (sauf l’ophtalmologie) seront transférées sur les deux autres Hôpitaux d’Instruction des Armées (HIA) parisiens :
à partir du 1er HIA juillet Bégin2015 à Saint-Mandé (94) tél. : 01 43 98 50 00 Reprise des activités chirurgicales du HIA Percy à Clamart (92) Val-de-Grâce à Bégin Percy tél. : 01et 41 46 60 00
Chirurgie vASCulAire*
urologie* 93
oNCologie*
CArdiologie* orl
75 92
25 juin 2015 séminaire RAVSAN
94
HIA Percy - Clamart (92)
4 • Actu santé • # 139 • avril - juin 2015
Chirurgie viSCérale*
NeuroChirurgie*
HIA Bégin - Saint-Mandé (94)
* Seules les consultations seront maintenues au Val-de-Grâce
Une cellule d'accompagnement du personnel : la CARH La CARH (Cellule d'accompagnement des ressources humaines) a été créée le 1er décembre 2014, conformément à l’annonce du directeur central de disposer d’une cellule dédiée à l’accompagnement du personnel dans le cadre de la transformation du Service. Son rôle : accompagner le personnel dans la définition de son parcours professionnel : mutation, retraite anticipée, détachement dans la fonction publique hospitalière. Chaque personne bénéficie d’une étude individuelle et personnalisée. Six conseillers se mobilisent ainsi au quotidien au profit du personnel du Val-de-Grâce, dont les services vont être transférés à Bégin et Percy, et de celui de la maternité de Bégin. La première phase d’entretiens a eu lieu en janvier et février pour recueillir les désidérata du personnel (866 au Val-de-Grâce, 37 à Bégin). Les deuxièmes entretiens ont débuté le 1er avril. Ils ont permis d'annoncer au personnel MITHA leur mutation pour 2015 ou 2016 : 129 à Percy, 105 à Bégin, 30 en PF PACA, 29 dans d'autres établissements du SSA). 59 MITHA ont quitté le SSA depuis le début de l'année 2015. Pour le personnel civil, des fiches de poste publiées à la Bourse nationale des emplois ont été proposées à 69 d'entre eux, permettant de leur programmer un passage à l’AMR (Antenne Mobilité Reclassement). La CARH démarche également les DRH d’établissements hospitaliers pour connaître leurs expressions de besoins afin de proposer puis de placer le personnel volontaire, dans les meilleures conditions.
Côté recherche Les 5 000 mètres carrés du nouveau bâtiment confiné abritant le futur laboratoire P4 sont en cours d’achèvement sur le site de Brétigny et les
laboratoires s’équipent. À titre d'exemple, un microscope électronique à transmission sera livré au printemps. Il sera le seul en Europe en ambiance P3. L’inauguration de l’IRBA aura lieu le 25 septembre 2015.
La Formation Le regroupement des écoles à Lyon sera effectif en 2018. La première promotion d'élèves infirmiers SSA sera recrutée à Lyon en 2016 et la promotion 2015 achèvera ses études à Toulon en 2018.
© EPPA
En juin 2015, l’HIA Bégin, hôpital de la plateforme Île de France (PHM IDF), va arrêter son activité obstétricale. Cette décision a été prise en concertation avec l’ARS, conformément au modèle 2020 qui prévoit l'abandon des activités hospitalières qui ne contribuent pas directement au soutien des forces en opération. Les patientes seront accompagnées au plus tôt par leur gynécologue pour être prises en charge dans un autre établissement afin de leur assurer la meilleure qualité de soins. L’activité de gynécologie de l’HIA est conservée, car elle constitue une expertise nécessaire pour le personnel féminin des armées. Le personnel de ce service est accompagné, de manière individuelle, dans son reclassement professionnel par une cellule RH dédiée, la CARH.
© IRBA
info transfo
Retrouvez toute l’actualité de la transformation du Service sur Intrasan : http://portail.sante.defense.gouv.fr
2017 Regroupement des écoles 25 septembre 2015 Inauguration IRBA
2017 Création DMF
2016 création de 2 ou 3 autres CMA NG
MC C. Roche - CNE S. Marcon - BCISSA/DCSSA
Fin 2018 Tous les CMA NG et la DMF seront fonctionnels
2017 Fermeture du Val-de-Grâce Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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Actualités
Séminaire
parcours de soin multinational
S é m i n a i r e
ParCOUrS De SOinS DU BLeSSé en OPeraTiOnS mercredi 11 mars 2015 de 13h30 à 19h30 Jeudi 12 mars 2015 de 8h30 à 13h00 Amphithéâtre Rouvillois École du Val-de-Grâce
La 4e édition du séminaire « Parcours de soins » s’est tenue à l’École du Val-deGrâce les 11 et 12 mars dernier. Consacrée au parcours de soins du blessé en opérations, elle a notamment été l’occasion d’un partage inédit d’expériences multinationales.
«
L'objectif reste le même : permettre au blessé et sa famille de reprendre toute leur place au sein du tissu social de leur pays. Sur ce sujet, tout autant que sur le soutien santé en opérations, nous devons donc aussi échanger et confronter nos pratiques » a déclaré le MGA Debonne à nos camarades allemands, anglais, américains, belges, canadiens, israéliens et néerlandais présents à la session « regards croisés sur le post-rôle 4 ». Chaque nation a construit le parcours de ses blessés au regard de son histoire et de ses traditions, enrichies des synergies développées au fil du temps entre soignants militaires et civils, mais aussi avec les acteurs institutionnels et associatifs de l’accompagnement médico-social. Des dispositifs similaires à ceux mis en œuvre dans notre pays existent ailleurs : l’ « Army Recovery Capability » des Britanniques, ou la « Warrior Transition Brigade » des Américains, qui œuvrent en étroite collaboration avec leur service de santé respectif, constituent l’équivalent de nos cellules d’aides aux blessés. Un objectif commun : amener le patient militaire blessé à devenir acteur de son propre parcours. Une spécificité française réside dans les congés médico-statutaires (CLM-CLDM). Ils permettent aux militaires français blessés de bénéficier d’un temps de soin prolongé sous statut militaire, mais aussi de repousser l’échéance du choix décisif entre réinsertion et reconversion, tout en imposant aux acteurs du parcours un défi en termes d’entretien du lien, pour une période pouvant aller jusqu’à 8 ans. Le médecin-chef de l’hôpital militaire de Bruxelles a retracé l’expérience belge relative au parcours de soins des blessés brûlés, en aval de leur prise en charge hospitalière. Illustrant les notions de complémentarité et de partenariats au sein du territoire de santé, chacun a pu
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constater la cohérence de certaines expériences étrangères avec les principes socles du modèle « SSA 2020 ». Une table ronde a été consacrée à la blessure psychique. Les Allemands et les Néerlandais ont souligné que les facteurs prédictifs de vulnérabilité à l’état de stress post-trauamtique se retrouvent souvent dans la petite enfance des soldats. Ils utilisent les serious game pour apprendre à gérer les situations de stress. Au retour de missions, les soldats suivent un séminaire d’une semaine basé sur la discussion pour apprendre à gérer psychologiquement les conséquences d’une opération.
Session nationale : regards croisés sur le parcours du blessé La session a été ouverte par le CRC2 Gaël Dettwiler, chargé de mission « blessés » du cabinet du SGA. L’occasion de rappeler que le taux de létalité dans les armées françaises est parmi les plus faibles grâce au principe de la médicalisation de l’avant. L’action des équipes médicales du SSA au plus près des combats garantit aux blessés les meilleures chances de survie et de récupération fonctionnelle. Les acteurs du soin et de l’accompagnement médico-social travaillent de plus en plus
Entrée au 74 bd de Port-Royal PARIS V RER B - Port-Royal Métro 6 - St Jacques Bus n° 21 et 27 - Feuillantine ; n° 38 - Val-de-Grâce ; n° 83 et 91 - Port-Royal St Jacques
conjointement à la réadaptation et la réinsertion des blessés : les acteurs du sport (CNSD) avec les médecins rééducateurs du SSA, les cellules d’aides aux blessés avec l’ONAC, mais aussi l’ONAC avec les soignants du SSA (centres médicaux et hôpitaux militaires). En effet, depuis plus d’un an, ils œuvrent ensemble à la prise en charge des vétérans du Drakkar, au travers d’évènements sportifs militaires réunissant des blessés de guerre de multiples nations (Wounded Warrior Trials, Invictus Games). Les services de la CNMSS se réorganisent dans une logique de continuité entre gestion financière des Accidents Présumés Imputables Au Service (APIAS) et des Soins Médicaux Gratuits (SMG). De plus, l’ensemble des acteurs du parcours du blessé est mobilisé autour du projet « carnet du blessé ». Il permet au militaire de devenir lui- même acteur de son parcours. Enfin, le retour d’expérience de la C2RBO (cellule de réadaptation et réinsertion des blessés en opérations) de l’HIA Percy et celui des Commissions Multidisciplinaires des Blessés en service (CMBS) ont réuni tous les acteurs du parcours en régions. Plusieurs communications, dont celle d’un médecin rééducateur de la santé publique, ont fait état de projets destinés à tracer le parcours du blessé et la consommation de soins de la communauté de défense ou à apporter une expertise médicale spécialisée à distance entre théâtre et métropole. Une dynamique d’amélioration continue anime tous les acteurs. Ainsi, le blessé est à la fois soigné, suivi et accompagné tout au long de son parcours dans des domaines variés et sur une très longue durée.
MCS Rémi Macarez - MCS Yves Claudot MC Sonia Maresca Bureau « offre de soins » - DCSSA
Actualités
Inauguration de la maison des blessés et des familles La maison des blessés et des familles de l’HIA Percy à Clamart (Hauts-deSeine) a été inaugurée le 7 avril dernier par le ministre de la Défense, JeanYves le Drian. Ces onze logements ont pour but de garantir une prise en charge optimale des soldats blessés et de leurs proches durant les phases d’hospitalisation et de reconstruction.
S
ouvent dispersés à travers le pays, les soldats blessés pris en charge à l’HIA Percy doivent faire face à des hospitalisations de longue durée ou à des ré-hospitalisations régulières, durant lesquelles le soutien et la présence des familles sont des facteurs importants. La réalisation de cette maison des blessés et des familles découle de ce constat, émis dès 2011, et de la volonté de la part des différents acteurs de la reconstruction du blessé (SSA, CABAT, EMA, associations, etc.) de mettre à disposition des militaires et de leurs familles des logements gratuits et adaptés aux différents types de handicap, pour garantir la meilleure prise en charge possible.
est L’ICaSS For palmes reçoit les es académiqu
© Anne Gautier - HIA Percy
Moins d’un an après avoir posé la première pierre de cet espace de vie partagé de 1000 m2, le ministre de la Défense s’est donc rendu à l’HIA Percy pour inaugurer les onze logements (six studios, quatre T2 et un T3) destinés à accueillir les militaires blessés ainsi que leurs proches. Le choix de l’hôpital militaire de Clamart s’est fait naturellement car il rassemble l’ensemble des disciplines médicochirurgicales et de réanimation pour la prise en charge globale et permanente des polytraumatisés, ainsi qu’un secteur de rééducation et réhabilitation pour les blessures physiques et psychiques.
Congrès annuel :
Association of the Military Surgeons of the United States
C’est la première fois qu’un cadre de santé du SSA reçoit les palmes académiques.
Une délégation française, comptant également du personnel de réserve, a participé à la 119e édition du congrès de l’AMSUS à Washington DC, du 2 au 5 décembre 2014.
L’infirmier cadre supérieur de santé Lionel Forest vient d’être promu chevalier dans l’ordre des palmes académiques. Il est ainsi récompensé pour ses travaux menés au département du développement professionnel continu de l’EVDG dans les domaines tels que la formation à l'éducation thérapeutique du patient ou la formation des tuteurs de stage pour le personnel paramédical.
C
L’ICaSS Forest est le quatrième paramédical du SSA à recevoir cette distinction habituellement décernée aux civils.
e congrès prestigieux offre l’opportunité de communiquer sur de nombreux sujets d’actualité dont les spécificités du métier de médecin des forces du SSA français, l’usage du plasma cryodesséché (PLYO) du CTSA en situation d’isolement ou encore le modèle de Service « SSA 2020 ». Chaleureusement accueillie par les différentes autorités des services de santé américains, la délégation a longuement échangé sur l’optimisation du parcours de santé de la communauté
de défense avec le Lieutenant General Patricia Horoho, Surgeon General de l’US Army, qui a grandement contribué au dynamisme croissant de la coopération médico-militaire entre nos deux pays. Tous les participants des nombreuses nations représentées se sont montrés particulièrement intéressés par la transformation du SSA français et les principes du modèle « SSA 2020 ».
MCS Rémi Macarez (DCSSA)
Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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Visite des sénateurs Le 2 avril dernier, une délégation de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat s’est rendue à la rencontre du service de santé des armées. Menée par le président de la commission, M. Jean-Pierre Raffarin, les sénateurs ont été reçus à l’École du Val-de-Grâce par le médecin général des armées Jean-Marc Debonne, directeur central du service de santé des armées. Après de courtes présentations du modèle SSA 2020, de la sujétion opérationnelle du service et des activités de l’École, les sénateurs ont pu échanger avec le personnel du service puis parcourir le site historique du Val-de-Grâce. À l’issue de cette demi-journée, le Président Raffarin réaffirmait le soutien de la commission au service de santé des armées et à son personnel.
2es journées des présidents
du personnel non-officier
Les deuxièmes journées des présidents de catégorie du personnel non-officier du service de santé (présidents des sous-officiers – présidents des militaires du rang) se sont déroulées les 17 et 18 mars 2015 à l’école de santé des armées à Lyon Bron.
L
Le président de catégorie est élu par le personnel de sa catégorie pour un mandat de deux ans, renouvelable une fois. Il s’agit d’une fonction bénévole. Relai important entre base et commandement, il bénéficie d’une plus grande liberté d’expression mais il a aussi un devoir de confidentialité vis-à-vis de ceux qui s’adressent à lui. Son rôle principal : faire remonter, au niveau de la personne la plus adaptée, les problématiques du personnel qu’il représente concernant les conditions de vie et l’organisation du travail au quotidien, mais aussi des situations individuelles (famille, maladie, mutation, notation) – à la différence du Conseil de la fonction militaire (CFM), dont les démarches et actions sont plus collectives. Le président de catégorie n’est pas un maillon de la chaîne de commandement mais bien un conseiller. Facilitateur et conseiller pour ses pairs, il participe au rayonnement de l’établissement et pilote, avec le commandement, les activités de cohésion au sein de l’unité.
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Quelques chiffres :
Visite émirienne Une délégation émirienne conduite par le Général Matar, Directeur du service de santé émirien, a visité sur le Charles de Gaulle les installations médicales des rôles 1 et 2 le 26 mars 2015. La visite était conduite par le MC Heaulme, médecin major du GAN et par le médecin en chef Cadot, médecin chef de l’antenne médicale embarquée. La délégation s’est montrée très intéressée par les différents équipements présentés, la prise en charge de blessés en mer, leurs modalités de transport et d’évacuation ainsi que les techniques d’imagerie utilisées.
86 PSO 66 PEVAT 94 établissements et groupements représentés
MAJ Yves Thomas CPNO - DCSSA
© DIASS-FFEAU
© Photos : CCH E. Chérel - BCISSA/DCSSA
Le major Pascal Hanet, CPNO près du chef d’état-major
© F. Teste - HIA VDG
a création du poste de Conseiller du personnel non-officier (CPNO) près du directeur central, il y a plus d’un an et demi a permis de formaliser le réseau déjà existant des différents représentants du personnel non officier. Plus des deux tiers d’entre eux provenant des différents établissements du service ont pu Le major Yves Thomas, se rassembler lors de ce temps fort organisé à leur profit, CPNO près du DCSSA pour la deuxième année consécutive. L’objectif de ces journées est de dispenser aux représentants du personnel une formation récapitulant le cadre de leur mission, de les informer sur les nouveautés en matière de RH et de chancellerie, ou encore d’expliquer la place des présidents de catégorie dans le dispositif global. Le major Pascal Hanet, conseiller pour le personnel non-officier près du chef d’état-major, leur a fait découvrir son expérience au sein de la représentation dans l’armée de terre.
Actualités
Exercice de simulation Les 19 et 20 mars 2015, un premier exercice de simulation d’accueil de patient polytraumatisé s’est déroulé aux urgences de l’HIA Percy en collaboration avec la société « EmergenSim ».
L
e patient, pris en charge initialement par une équipe médicale d’une ambulance de réanimation de la Brigade de sapeurspompiers de Paris, a été accueilli en salle de déchoquage. Durant quatre heures, réanimateur, urgentiste, chirurgien, radiologue, infirmier urgentiste, infirmiers anesthésiste, manipulateur radio, brancardier et aide-soignant, répartis en équipe pluridisciplinaire « polytraum », se sont relayés dans la prise en charge d’un patient blessé grave fictif, aux expressions cliniques d’un réalisme déroutant, sous le contrôle d’une régie vidéo et informatique. Préparée et encadrée par des professionnels référents, des médecins réanimateurs et IADE
aguerris, cette simulation réaliste a permis d’évaluer nos pratiques validées mais figées dans le marbre de nos certitudes médicales et chirurgicales. Les 4 séances de débriefing oral et vidéo ont débouché sur une amélioration de nos procédures d’accueil de patients polytraumatisés graves. Cet exercice aura demandé une réorganisation du SAU pendant ces 2 jours. Incontournable en 2015, cette méthode d’apprentissage et d’évaluation de procédures médicales par la simulation devrait devenir un « gold standard » de l’acquisition de gestes d’urgences et des protocoles de prise en charge des blessés pour tout le personnel médical et paramédical du service de santé des armées.
Réapprendre à faire du sport quand on est diabétique
Le 22 mars, le service endocrinologie-diabétologie de l’Hôpital d’Instruction des Armées Desgenettes (HIAD) de Lyon a organisé le premier stage de ski pour diabétiques de type 1, en partenariat avec le service de diabétologie du groupement hospitalier Est de Lyon (HCL).
C
ette sortie à ski dans le domaine des Grands-Montets a permis à 4 patients diabétiques de l’HIAD et 7 patients des HCL, âgés de 25 à 55 ans, accompagnés de leurs soignants, de découvrir leurs capacités sportives en haute montagne, bien loin du cadre médicalisé et aseptisé de l’hôpital. Pour le médecin en chef Jean-Philippe Le Berre, chef du service endocrinologie-diabétologie de l’HIA Desgenettes: « cette sortie a appris aux
patients à gérer leur dose d’insuline et à adapter leur alimentation en fonction de leur activité physique pour éviter tout risque d’hypoglycémie. Les volontaires pouvaient être équipés de capteurs de dernière génération permettant de mesurer le taux de sucre en continu et donc de prévenir la survenue d’hypoglycémie pendant l’effort. Grâce aux tests effectués, nous leur avons démontré qu’ils peuvent continuer à faire du sport et donc vivre normalement, sans se couper du monde extérieur et se priver de sorties ».
Pour Nicolas, diabétique de type 1, 30 ans : « Seul, je n’aurais jamais osé faire du sport de la même manière : le capteur a permis de voir que je suis resté « stable », malgré l’activité physique du matin, de l’après-midi et le repas, sans avoir pris d’insuline le midi. » Et Sara d’ajouter : « c’était fantastique, j’ai pu skier sans me préoccuper du diabète et tomber dans la poudreuse, comme tout le monde ». Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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Actualités
Journée nationale du réserviste
Comme chaque année dans le cadre de la Journée nationale des réserves, le service de santé des armées a participé à plus d’une trentaine d’activités allant de la conférence aux expositions statiques et dynamiques de matériels du SSA. Plus d’une centaine de réservistes opérationnels et citoyens se sont mobilisés.
L
e coup d’envoi a été donné le 8 mars par le deuxième « trophée des réserves » adossé cette année au semi-marathon de Paris. Dix réservistes opérationnels venus de toutes les régions ont défendu vaillamment les couleurs du SSA.
1
Le 26 mars, le GORSSA, Groupement des Organisations de Réservistes du Service de Santé des Armées a organisé une journée du SSA dans l’enceinte de la faculté de Médecine de Reims. Au programme : visite d'un poste de secours PS/05 et expositions sur les unités médicales opérationnelles et sur le SSA pendant la Première Guerre mondiale (photo 1 et 2). 2
La journée nationale du réserviste honore chaque année les femmes et les hommes qui ont choisi de servir, à temps partiel, notre pays dans le cadre de la réserve militaire opérationnelle ou citoyenne. Le SSA compte 3000 réservistes dans ses rangs. 43 d’entre eux ont été déployés sur les théâtres d’opération en 2014.
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et si vous exerciez votre métier autrement ?
© M.Farel armée de terre
Le 2 avril, 25 étudiants de l’université Lyon 1 et de l’Ecole de santé des armées ont été évalués au cours d’un exercice de prise en charge de patient Ebola organisé avec des militaires d’active et de réserve du RMED et de la DRSSA (photos 3 et 4).
Professionnels de santé :
4 Venez enrichir vos compétences !
médecine au sein des forces
chirurgie de guerre
situation d’exception
recherche biomédicale
médecine d’expertise
Rejoignez la réserve du service de santé des armées www.defense.gouv.fr/sante/recrutement/reservistes-sante
© M.Farel armée de terre
Le 27 mars, le Ministre de la défense s’est rendu au conservatoire national des arts et métiers en présence de l’ensemble des délégués aux réserves, associations et jeunes pour remettre le prix de la réserve militaire aux entreprises partenaires ainsi que le premier « prix réserve-jeunesse ». Le trophée a été conçu et réalisé en bronze et acier par le Médecin (R) Patrick Challand, sculpteur renommé et réserviste opérationnel depuis deux ans au centre médical des armées de Marseille.
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activités opérationnelles
Catastrophe aérienne de la Germanwings
Dès l'annonce, le 24 mars dernier, du crash de l'A320 près de Seyne-les-Alpes (04), le Procureur de la République de Marseille confie à la Gendarmerie nationale toute la charge de l'enquête. Pour l’identification des victimes, c'est l’Unité de Gendarmerie d'Identification des Victimes de Catastrophe (UGIVC) qui est à l'œuvre. Constituée d'une quinzaine de médecins et de dentistes d’active et de réserve du SSA, tous ces légistes et experts judiciaires pour la majorité d'entre eux, opèrent dans cette unité depuis plusieurs années et sur tous les accidents collectifs à travers le monde.
U
n élément précurseur, constitué d'une dizaine de personnels, est héliporté trois heures après le drame, par les Pumas de la base de Villacoublay. Il entreprend, par hélitreuillage et encordé par les "chamoniards" du P.G.H.M., une évaluation complète de la catastrophe. La mise en place du plateau criminalistique de crise (PCC) et l'arrivée de renforts permettent aux premiers corps d'être relevés dans l'après-midi puis d'être examinés avec recueils de leur ADN et de leurs empreintes et/ ou éléments dentaires, quand cela est possible. Durant les cinq jours suivants, l'examen de très nombreux fragments s'effectue de la même façon (treuillages puis évacuations héliportées) ce qui rend ce travail, déjà particulièrement difficile sur le plan psychologique, encore plus ardu sur le plan physique. Plus de 400 prélèvements biologiques quotidiens sont opérés pour atteindre, le 5 avril, le résultat tant attendu du 150e ADN différencié, après avoir accompli près de 3000 prélèvements sur le 5e des éléments humains relevés et anatomiquement encore identifiables.
Pour autant, cette mission n'est pas finie. En effet, dans le même temps au sein du laboratoire de l'IRCGN à Pontoise est constituée une autre équipe (dite ante-mortem), chargée de recueillir toutes les données médico-odontologiques du vivant des victimes, auprès de leur famille et de leurs médecins et/ou dentistes traitants. L'objectif : soutenir sans doute possible, les éléments de comparaisons afin de pouvoir affirmer les identités lors de la future commission internationale d'identification. Dès lors, les fragments de chaque corps, scellés et conservés à -20°c sous haute surveillance, pourront être réunis puis mis en bière avec tout le respect et la dignité dus à ces victimes et à leur famille.
Si la mission principale de l'UGIVC réside dans l'identification la plus rapide et la plus exhaustive possible des victimes d'un accident collectif, sa motivation essentielle est d'atténuer autant que faire se peut, la douloureuse attente des familles endeuillées.
MP (R) Stéphane Malbranque IRCGN
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activités opérationnelles
Exercice majeur
Orsec-novi en corse Le 10 mars dernier, un important exercice de validation d’un plan ORSEC-NOVI (ORganisation des secours - nombreuses victimes) s’est déroulé sur la base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara, en prévision du grand meeting aérien des 30 et 31 mai 2015. Le scénario, simulant le crash d’un hélicoptère militaire dans une zone accueillant du public, comportait une trentaine de victimes.
L
e déclenchement du plan NOVI par la préfecture de Haute-Corse a nécessité la coordination interministérielle de plusieurs acteurs du secours à personne insulaires, civils et militaires : Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS 2B), Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU 2B) et la gendarmerie territoriale. Le souspréfet, présent sur les lieux, dirigeait la cellule de crise. Le commandement de la base aérienne 126 et les unités présentes sur la base, le Centre Médical des Armées (CMA), l’Escadron de Sécurité Incendie et de Sauvetage (ESIS), la Brigade de Gendarmerie de l’Air (BGA) ont assuré avec efficacité toute la première partie de l’exercice, avant l’arrivée des renforts extérieurs. 30 victimes dont 8 urgences absolues ont été prises en charge par les équipes de secours, qui ont su mettre leurs efforts et compétences en commun. Des victimes Alpha et des impliqués choqués ou agités ont aussi été pris en charge afin de valider cette gestion de victimes particulières. Le médecin du SAMU au poste médical a du gérer, en temps réel, l’évacuation vers la métropole des victimes brûlées qui saturaient le plateau technique et les lits de réanimation de l’Ile. MC Cyril Carfantan – Cdt le CMA de Ventiseri-Solenzara
© Photos : ICS Zimmermann
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dossier :
La participation du SSA dans la lutte contre
Opération TAMARIN en Guinée Conakry
Médecin général inspecteur Patrick Godart Directeur central adjoint du service de santé des armées
Exercice de déploiment d'une UMO sur le camp de la Valbonne
Formation de prise en charge d'un patient EBOLA à l'HIA Bégin
© Photos : A.Roiné, G.Mariette - ECPAD, CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA
Le service de santé des armées est riche de ses femmes et de ses hommes, quel que soit leur statut ou leur fonction. Ce numéro en est la parfaite illustration. Dès la fin 2014, la mobilisation de l'ensemble du Service a été telle, qu’un dispositif très spécifique et très particulier a pu être mis en œuvre pour prendre en compte non pas des blessés de guerre, mais des malades et soignants atteints d’Ebola. Etre présents quand la mission est difficile, quand le risque est maximal, quand il faut tout inventer ou presque, tout organiser, quand disponibilité signifie don de soi et témoigne d’une abnégation rare, quand tout cela se fait non seulement avec intelligence et imagination, mais aussi et surtout avec le sourire, voilà ce qu’a fait une fois de plus, de manière oh combien exemplaire, le personnel de toutes les composantes du Service qui s’est engagé ici en France ou là-bas en Guinée pour soigner une part de l’humanité souffrante. Cet engagement extraordinaire, les solutions innovantes qui ont été imaginées et mises en œuvre depuis le service spécialisé de l’HIA Bégin jusqu'au centre de traitement des soignants, montrent bien que notre chaîne santé se matérialise avant tout par cet état d’esprit positif si particulier qui unit le personnel des cinq grandes composantes du service face à l’adversité. Pour Ebola, le personnel du Service a fait face, il s’est engagé avec détermination et courage dans cette mission complexe. Le personnel a su agir collectivement de manière efficace et adaptée pour le bien-être des patients. Le respect que nous suscitons pour notre mission opérationnelle et la performance technique de nos équipes, procède de cet engagement indéfectible qui doit être votre fierté.
Le Laboratoire P3 du Centre de traitement des soignants (CTS) Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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dossier : EBOLA
Ebola "in"
Bégin au cœur du dispositif Fin juillet, l’hôpital militaire Bégin est désigné par le ministère des affaires sociales et de la santé comme l’un des 12 établissements de santé de référence pour accueillir un patient atteint du virus Ébola. Après une phase de préparation, l’établissement accueille le premier cas le 18 septembre dernier puis un second en octobre. Bégin demeure le seul hôpital français à avoir pris en charge des patients contaminés. Témoignages.
Fin juillet : une préparation intensive et coordonnée MG Genero : « Sous l'impulsion de nos infectiologues et de nos biologistes spécialisés, une préparation intensive a été organisée fin juillet 2014. Des procédures ont été mises au point concernant l'habillage-déshabillage des personnels en tenue étanche et chaque étape de la prise en charge des patients : arrivée à l'hôpital, transport jusqu'à la chambre spéciale, décontamination des locaux, gestion des déchets, etc. Chacune de ces procédures a été testée par des exercices et améliorée en fonction des résultats. Cet entraînement a été répété à de nombreuses reprises pour diminuer le risque qu'un de nos personnels soit contaminé. L'ensemble de cette préparation a mobilisé une bonne partie de l'établissement pendant plusieurs semaines. Outre cette préparation technique, il fallait en effet organiser toute la logistique (commandes de matériel et d'équipements, maintien des stocks, élimination sécurisée des déchets, etc.) mais aussi mettre en place une astreinte permanente afin que les personnels formés puissent rapidement rejoindre l'hôpital si un patient était annoncé. Enfin, le haut niveau d'entraînement est maintenu par la réalisation de séances de formation et d'exercices régulièrement répétés. Bien qu'ils soient parfaitement conscients du risque de contamination, les personnels ont été nombreux à se porter volontaires. Aucun n'a fait défection, sans doute grâce à l'entraînement intensif, aux procédures très strictes, et à une motivation qui ne s'est pas démentie. Au total, une soixantaine de personnes ont été formées. »
18 septembre : une prise en charge optimale MC Rapp et MC Ficko : « Une pré-alerte a lieu environ 36 à 48 heures avant l’arrivée effective de la patiente. Elle provoque le déclenchement d’une cellule de crise sur l’établissement et entraîne la vérification systématique des différents points : conformité des chambres à sas, matériel en quantité suffisante, activation des équipes dédiées avec planning spécifique, du laboratoire, activation des équipes chargées de la sécurisation du parcours, pré-alerte du service de réanimation en cas d’aggravation de l’état clinique du patient. L’accueil de la patiente s’est fait par un court circuit dédié et sécurisé afin d’éviter tout croisement entre le patient MVE et les autres patients ou membres du personnel. La prise en charge instaure le principe de l’équipe paramédicale dédiée, afin d’éviter toute transmission croisée, uniquement par des équipes expérimentées (pas d’interne, pas de stagiaire) et formées au port des équipements de protection individuelle. 14 • Actu santé • # 139 • avril - juin 2015
La prise en charge de la première patiente MVE a mobilisé 53 personnes : 35 à son chevet, 18 au laboratoire. Au début de la prise en charge, les équipes paramédicales dédiées, composées d’un infirmier et d’un aide-soignant, se relayaient toutes les 6 heures. Une fois le cap aigu passé, avec la stabilisation de l’état clinique et la baisse du nombre de traitements à administrer, un roulement toutes les 8 heures a été mis en place. Les visites médicales par les praticiens du service avaient lieu 2 à 3 fois par jour. En cas de dégradation de l’état clinique durant la nuit, l’équipe de réanimation, également formée, était prête à intervenir. Ce type de planning dédié était très consommateur en personnel. Des infirmiers et aides-soignants des services de cardiologie et de réanimation ont été formés et ont pris part aux soins des patients. Un renfort du reste de l’établissement a également été nécessaire afin d’assurer la prise en charge des patients du secteur non dédié. » MG Genero : « Cette prise en charge est éprouvante physiquement. Le travail en tenue étanche spéciale est fatigant, il fait très chaud dans ces combinaisons. Il faut rester concentré et rigoureux à chaque instant pour diminuer le risque de contamination. Nous avons veillé à adapter les temps de travail des personnels. Des moyens de relaxation en fin de cycle de travail ont été organisés. Un soutien psychologique leur a été proposé, mais les psychologues ont surtout travaillé au profit des patients (via des moyens vidéo) et des familles de ceux-ci. Après la sortie des patients, les personnels sont surveillés médicalement (surveillance de leur température) pendant 21 jours avant que l'on puisse être certain de l'absence de contamination. Les autres patients ont souvent exprimé leur inquiétude sur leur sécurité, mais l'ensemble du personnel a su donner les explications nécessaires. Nous n'avons pas constaté de baisse importante de la fréquentation de l'hôpital. Cependant, le nombre important de personnels mobilisés tout au long de cette préparation a entraîné une certaine diminution d’activité globale.
une dynamique collective forte ressentie très positivement par tout le personnel.
Cette mission exigeante a été menée à bien grâce à cette préparation intensive et coordonnée. Elle a créé une dynamique collective forte ressentie très positivement par tout le personnel. »
dossier : EBOLA
Une expertise en MIT
© Photos : © C. Vennin - DiCoD
L'hôpital d'instruction des armées Bégin dispose de longue date d'une expertise dans la prise en charge des patients hautement contagieux. Récemment rénovée, son infrastructure a été conçue pour disposer d'un circuit spécial, qui peut être complètement isolé du reste de l'hôpital, pour ce type de patients. Quatre chambres en pression négative (deux en service de Maladies Infectieuses et Tropicales, deux en réanimation) ainsi qu'un laboratoire spécialisé permettent une prise en charge sécurisée. Le service MIT est noté 17,11/20 dans le palmarès des hôpitaux du Point (22 août 2014) et classé à la 21e place.
Un enjeu : la biosécurité MC Rapp et Ficko : « Les spécificités des soins apportées à un patient atteint du virus Ebola concernent surtout le niveau de biosécurité exigé : travail en espace confiné (chambre en dépression, à sas), port des équipements de protection individuels contraignants, répétitivité des tâches de bio nettoyage afin d’assurer la sécurité du personnel et des autres patients en évitant tout transfert de contamination. Sur le plan plus strictement médical, la prise en charge de ce type de maladie émergente nécessite de savoir travailler en réseau, avec des membres du personnel de l’établissement (cellule d’hygiène, service de biologie, pharmacie, réanimation, etc.) mais aussi avec des experts nationaux et internationaux (virologues, infectiologues, etc.), afin d’assurer une prise en charge optimale des patients en leur donnant les meilleures chances possible. »
Chronologie : 18 septembre – 6 octobre
1er - 23 novembre
prise en charge de la 1 patiente contaminée au Libéria
prise en charge du 2e patient contaminé en Sierra Leone
re
fin juillet
Bégin désigné ESR
14 août
19 août
exercice de prise en charge en conditions réelles
visite du directeur central
19 septembre
visite de la ministre de la santé et des affaires sociales Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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dossier : EBOLA
Témoignage
ICS FEUILLETTE
Infirmier Référent d'Unité de Soins Maladies Infectieuses et Tropicales
Dans quel état d'esprit étiez-vous ? Quand on nous a annoncé l'arrivée imminente d'une patiente contaminée, et de surcroît une infirmière française, nous étions un peu stressés. Cette tension s'est peu à peu dissipée car notre travail était parfaitement rodé : nous avions fait des exercices répétés pour prendre en charge, en toute sécurité, les patients porteurs du virus.
Les soins prodigués étaient variés. Nous devions faire les prélèvements sanguins, les pansements, l'administration des différentes thérapeutiques avec une surveillance rapprochée. D'autre part, une grande partie de notre activité était consacrée au bionettoyage ainsi qu'à la gestion des DASRI (Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux).Tous ces actes étaient bien sûr réalisés en EPI (Equipement de Protection Individuel).
Formation des soignants à l'HIA Bégin
© CCH E. Chérel - BCISSA/DCSSA
En quoi consistent les soins ?
IRBA
Est-ce une expérience unique ?
référent biosécurité
Bien sûr cette expérience était unique, tant sur le plan professionnel que personnel. Cette prise en charge a permis de renforcer notre travail d'équipe. Pour ma part, cela m'a donné l'opportunité d'être désigné comme formateur pour le personnel amené à servir au Centre des Traitement des Soignants de Conakry, en Guinée. Par ailleurs, l'hôpital a été très médiatisé.
Dès le début de la mise en place du dispositif EBOLA au sein du ministère de la défense, l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) a été mandaté en tant que référent de biosécurité en raison de son expertise incontestable dans ce domaine.
Comment gérer la famille ?
L’institut a ainsi participé à la mise sur pied du dispositif d’accueil d’un patient avéré Ébola au sein de l’HIA Bégin : choix des tenues de protection individuelle, formation du personnel soignant au port de ces tenues et au respect des règles de biosécurité, formation des biologistes et des techniciens au travail en laboratoire de niveau de sécurité biologique 3 et rédaction de nombreuses procédures.
La famille s'entretenait surtout avec les médecins. Elle avait la possibilité de communiquer avec la patiente par visio conférence.
Parallèlement à ces missions de biosécurité, l’IRBA a également été chargée du développement de la capacité de diagnostic Ébola au profit de l’HIA Bégin en collaboration avec la direction générale de l’armement (DGA MNRBC).
MC Eric Valade, TLCN Solenne Brun, Med Lionel Koch, TPCS Isabelle Drouet, ASC Olivier Ferraris, ASC Aïda Boughammoura, TLCS arnaud Caclard,
© C. Vennin - DiCoD
ASC Fabienne Neulat-Ripoll
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Département de Biologie des Agents Transmissibles de l'IRBA
dossier : EBOLA
Ebola "out"
Déploiement du premier
centre de traitement des soignants à Conakry Parallèlement à la prise en charge à Bégin de la première patiente contaminée, le président de la République française François Hollande annonce publiquement le déploiement d’« un hôpital militaire français pour combattre Ebola au côté de nos amis Guinéens, avant la fin de cette année 2014 ». La mission de créer une unité médicale opérationnelle dite « de circonstance » est confiée au MC Dampierre, appuyé par la cellule de suivi Ebola créée à la Direction Centrale. Il s’agit de proposer une offre de soins unique et inédite au sein de cette épidémie. Explications.
Chronologie : 2014
17 septembre : annonce du déploiement d’un hôpital militaire en Guinée 17 - 19 octobre : exercice de déploiement d’un CTS à La Valbonne 6 - 16 novembre : reconnaissance à Conakry 6 décembre : début des travaux de construction du CTS
2015
14 janvier : arrivée du 1er mandat 19 janvier : inauguration du CTS par le Secrétaire d’Etat aux anciens combattants 23 janvier : ouverture officielle et accueil du premier patient 2 février : accueil de deux patients Ebola 17 février : sortie des deux patients guéris d’Ebola 18 - 23 février : relève du 1er mandat 18 mars : arrivée du 2e mandat 8 mai : relève du 2e mandat
Comment a été conçu le CTS ? « Le concept initial est de concevoir une structure afin d’éviter tout risque de transmission de la maladie entre personnel soignants du centre et patient. Cet hôpital doit pouvoir autoriser une prise en charge médicale individuelle du patient au cours d’une épidémie. Afin de mener à bien ce projet, un exercice de déploiement, soutenu par le régiment médical, est programmé le 17 octobre 2014 sur le site de La Valbonne. Le CTS sera monté sous tentes avec la mise en place de chambres individuelles à usage unique, selon trois principes : environnement, avec la Exercice de déploiment d'une UMO mise en sécurité de sur le camp de la Valbonne l’emprise à l’abri des vues et de la circulation et surtout le principe du zéro effluent émis à l’extérieur ; autonomie, avec des matériels importés et les procédures définies par le SSA conjointement avec le 2e régiment de dragons ; et intégration dans la réponse globale de la Guinée à la lutte contre Ebola.
Ensuite, il a fallu intégrer les problèmes locaux : coupures d’électricité et saison des pluies. L’équipe du Service d’infrastructure de la défense et le commissaire ont réalisé un travail remarquable pour obtenir une centrale électrique et externaliser les travaux de gros œuvre pour surélever la structure du CTS et la mettre hors ruissèlement d’eau. Les « bâtisseurs » de l’armée de terre ont également réalisé un travail colossal de mise aux normes d’électricité, de fourniture d’eau, de montage des tentes et de déploiement du matériel dans des délais restreints. Chacun s’est investi au-delà de ses fonctions pour que le concept soit efficace et adapté. Enfin, ONG, associations mais aussi anthropologues nous ont aidés à adapter cette structure de soins au patient guinéen ».
© A.Roiné - ECPAD
Une première reconnaissance a eu lieu à Conakry du 6 au 16 novembre 2014. Le site de la base aérienne principale de Conakry nous offrait la surface à proximité d’un aéroport. Nous avons été très bien accueillis par le chef d’état-major de l’armée de l’Air et le commandant de la base. Cependant, il fallait garantir la sécurité du site et de l’environnement. Ainsi, le concept initial à « zéro affluent extérieur » s’est révélé judicieux. Cela signifie renoncer à l’utilisation massive de l’eau : ni douche, ni toilette collectives et ne prévoir que des équipements à usage unique donc jetables et à incinérer sur place : textiles, plateaux repas, EPI et chambres vinyles.
MC Dampierre
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dossier : EBOLA
Quelle différence avec les autres structures de soins ? « Le CTS répond au besoin de prendre en charge les soignants en dehors du lieu de travail où ils soignent leurs patients et de rentrer dans une communauté de soignants à même de répondre à leurs questions et interrogations. Cette offre de soins spécifique privilégie l’intimité du patient grâce aux chambres individuelles vinyles à usage unique, spécialement conçues sur place. Elle offre à chaque patient de vivre sa maladie dans la dignité. Les soins sont faits en toute intimité dans la chambre. Cette condition s’est avérée fondamentale pour que les soignants guinéens viennent se faire soigner au CTS. Tout comme la prise en compte de leur environnement socioculturel. Un symposium médical, organisé le 17 janvier 2015, nous a permis de présenter cette structure aux employeurs. Tous étaient très satisfaits de l’offre de soin proposée à leurs soignants. Le premier patient a été accueilli le jour de l’ouverture officielle, le 23 janvier. Il est ressorti rapidement, ravi de sa prise en charge. »
Les "bâtisseurs" assurent le montage du dispositif
La pharmacienne Lucie Enjalran
Déploiement d’une unité médicale de circonstance
Une des chambres individuelles vinyles à usage unique, spécialement conçues sur place
Sortie des deux premiers patients guéris d'Ebola, le 17 février
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Déploiement inédit pour le service de santé des armées, le centre de traitement des soignants a représenté un véritable défi dès sa conception. Parmi l’échelon précurseur envoyé en Guinée le 6 novembre pour évaluer et reconnaître la zone d’installation la plus adaptée, la pharmacienne, issue de la chaîne du ravitaillement sanitaire, a ainsi participé aux travaux initiaux de cartographie du CTS. Elle a aussi pu nouer les premiers contacts avec les autorités locales. Cette première mission, d’une durée de 10 jours, a ainsi permis d’identifier en amont les difficultés à lever pour garantir un déploiement optimal. Les premiers conteneurs de matériels d’hébergement technique ont été acheminés par le BPC Tonnerre début décembre. Un détachement de « bâtisseurs » s’est rendu à Conakry le 14 décembre pour assurer le montage du dispositif, sous la coordination technique de la pharmacienne. La période des travaux a permis également de rechercher des fournisseurs locaux en mobiliers, articles d’hygiène ou de confort, afin d’accueillir les soignants atteints d’Ebola dans les meilleures conditions tout en respectant leurs coutumes et leurs religions. Le 30 décembre, le Karel Doorman, navire mis à disposition par les Pays-Bas, est arrivé au port de Conakry avec 8 conteneurs complémentaires de produits de santé. Matériels biomédicaux et médicaments ont permis d’aménager l’intérieur des premières tentes. Le ravitaillement s’est poursuivi par voie aérienne début janvier avec la mise en place du stock initial de produits de santé, des automates de laboratoire et des équipements de protection individuelle (EPI) nécessaires pour l’ouverture du CTS. Au total, en deux mois, ont ainsi été expédiés de France 31 conteneurs soit plus de 46 tonnes de matériels. Pharmacien Lucie Enjalran Pharmacien en chef renaud Rivières
dossier : EBOLA
Comment fonctionne le CTS ? « Le CTS reçoit tout soignant malade qui se présente dans un CTE et sur simple appel téléphonique de l’employeur : SSA guinéen, CTE et tout organisme impliqué dans la lutte contre Ebola. Le patient cas probable est accueilli dans la zone de transit afin d’être diagnostiqué. Après confirmation du cas Ebola - en moins de 96 heuresil est conduit en zone d’hospitalisation dans une chambre individuelle vinyle à usage unique. L’équipe soignante applique le principe clé du SSA, le damage control infectiology, c’est-à-dire le traitement symptomatique de chaque trouble causé par la maladie. Le laboratoire de type P3, déployé sur site, offre ainsi des capacités de diagnostic biologique et chimique. Les non cas Ebola qui souffrent d’une autre maladie (infection pulmonaire ou paludisme, par exemple) sont pris en charge dans l’unité médicale de transit d’une capacité de cinq lits. Ils bénéficient de l’intégralité du traitement avant leur sortie. Le malade peut choisir d’être soigné ailleurs. Il bénéficie alors d’une évacuation secondaire. »
Le CTS en chiffres : 1500 m2 de surface 29 tentes 200m2 de bêton 2 km de clôture 35 millions d’euros 130 militaires dont 80 du SSA et du RMED 3 zones : - « verte » : consultations et soins des militaires français de la mission Tamarin et à l’hospitalisation des patients diagnostiqués Ebola négatif. Cette zone comprend également le laboratoire de biologie médicale (sécurité microbiologique adaptée au virus Ebola) et l’unité de distribution de produits de santé (UDPS) ; - « rouge » réservée à la prise en charge des patients diagnostiqués Ebola positif où le port d’EPI est obligatoire ; - « orange » : sas d’entrée et sortie du personnel soignant ou du transfert de matériels entre les deux zones.
en 3 mois :
45 patients, 22 Ebola, 16 guéris, 6 Décès
Quel bilan faites-vous de cette action ?
© Photos : A.Roiné - ECPAD
« Je l’ai rêvé, le service de santé l’a fait. En effet en Guinée, rien de ce que l’on a mis en place au CTS ne se retrouve dans un CTE. Le CTS a rassemblé toutes les compétences nécessaires de nos armées, en Guinée. Sa raison d’être : « vous étiez là pour eux, nous sommes là pour vous ». Je voudrais donc vous faire part du sentiment singulier qui ne m’a pas quitté depuis le 15 septembre 2014, du très grand honneur d’avoir pu partager avec tous les acteurs du ministère de la défense ces quelques semaines d’une grande richesse. En effet, face à la maladie et, pour chaque patient accueilli, avec un grand courage et tellement de travail, chacun d’entre nous a fait sienne notre devise au profit du plus démuni : votre vie, notre combat. »
ancée pour les dix Le CTS est une av arge dans la prise en ch prochaines années urs d’une épidémie d’un patient au co TFE GES, ambassadrice
Mme Christine FA
de la
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dossier : EBOLA
Les défis de l'adaptation Le déploiement sous tente, au cœur de Conakry, d’un centre spécifique de soins a été un challenge dans sa conception comme dans sa mise en œuvre. Référents de métropoles, équipes médicales sur place et formateurs se sont mobilisés afin d’adapter cet outil pour offrir une prise en charge optimale tout en garantissant la sécurité du personnel. Au final, le concept et l’ensemble des procédures ont été jugées innovantes et pertinentes par les différentes autorités de la task force interministérielle, les autorités internationales et les ONG.
Fonctionnements et protocoles Les différences architecturales du CTS en chambres individuelles, sous tentes déployées sur une dalle en béton recouverte de bâches plastique ou de vinyle ont directement impacté les procédures. La zone d’hospitalisation a été climatisée afin d’améliorer le confort du patient et des soignants. En raison des contraintes en approvisionnement d’eau et des difficultés de gestion des effluents contaminés, il a été décidé de ne pas mettre en place de sanitaires pour les patients. La toilette est effectuée avec des gants pré-imprégnés pendant l’hospitalisation et les excreta sont gélifiés et inactivés avant d’être éliminés en DASRI puis incinérés. Aussi, après une visite du projet initial du CTS sur le site de la Valbonne, les procédures hospitalières mises en place à l’HIA Bégin pour la prise en charge de patients Ebola (prélèvements, triple emballage, gestion des déchets, habillage, déshabillage, bionettoyage etc.) ont été déclinées en un volet opérationnel. De plus, deux personnels ont été envoyés en stage de formation à Nogent-le-Rotrou dans un CTE de la Croix-Rouge afin d’être formés à leurs procédures, de faire un retour d’expérience et de discuter des points éventuels à ajouter dans les nôtres. Ceci a permis d’obtenir une première version de procédures, utilisée pour la formation du premier mandat et amenée à évoluer sur place en fonction des nouvelles contraintes spécifiques.
MC Audrey Mérens, MC Eric Valade, MP(TA) Frédéric Janvier,
ICN Isabelle Rossi, MC Olivier Flusin, PC François Thibault.
Au CTS, un correspondant local de biosécurité, le MP(TA) Frédéric Janvier, a été nommé, aidé par l’ICN Isabelle Rossi, infirmière hygiéniste. « Lors des premiers entraînements sur le terrain, les conditions climatiques entraînaient un épuisement du personnel, source de fautes durant la phase délicate de déshabillage : difficultés à retirer seuls les EPI et ruissellement de sueur à la jonction combinaison/gants. Ainsi, cette étape a été stabilisée avec l’aide d’un déshabilleur du 2e régiment de dragon, spécialiste NRBC, selon un protocole strict, sous les ordres d’un superviseur. Une supervision de l’habillage avec « étanchéification » de la deuxième paire de gants sur la tenue étanche a également été mise en place. Une fois ces mesures de sécurité validées, une formation intensive de 4 jours a été nécessaire pour que l’ensemble des procédures et des conduites à tenir en cas d’accidents deviennent automatiques. La deuxième mesure a été de définir des circuits soignants et patients pour éviter toute transmission croisée entre patients confirmés et patients suspects : éviter qu’un patient suspect soit visité après un patient confirmé, définir les circuits d’admission de patients suspects et de sortie des patients guéris, valider le circuit des familles et la notion de « zone communautaire », valider les notions de couloir propre et couloir sale, entériner les circuits d’élimination des DASRI selon un principe de marche en avant. Ces circuits ont été définis avec les soignants, répétés durant les premières semaines avant chaque entrée en zone rouge et filmés grâce aux moyens de l’ECPAD pour offrir un support pédagogique aux mandats suivants y compris en métropole à l’usage des stages au CeFOS. Enfin, des mesures ont porté sur l’adaptation de la structure elle-même avec la mise en place de sas en vinyle en entrée de zone de soins, la vinylisation de certains couloirs et la validation des procédures de bionettoyage des matériels et surfaces. L’adhésion du personnel soignant, les efforts constants de l’équipe d’hygiène et des équipes du 2e RD ont permis la réalisation de soins complexes en toute sécurité. »
© Photos : A.Roiné - ECPAD
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MP (TA) Janvier Frédéric Médecin biologiste
Correspondant Biosécurité CTS Mandat 1
Opération TAMARIN en Guinée Conakry deux techniciennes dans le laboratoire P3
Capacités laboratoire Pour assurer une prise en charge optimale des patients du CTS, un laboratoire "P3" a été spécialement conçu et déployé par le SSA. Une première en opérations extérieures. « Au-delà de ce qui était disponible à l’époque en Afrique de l’Ouest dans les Centres de Traitement Ébola, nous avons voulu mettre à disposition des cliniciens, les examens biologiques identiques à ceux disponibles à l’HIA Bégin pour les patients atteints de maladie à virus Ébola. Il a fallu imaginer et concevoir la disposition générale et l’organisation du laboratoire, convaincre, planifier, choisir et commander les différents matériels : automates, réactifs, consommables, équipements de protection individuelle, matériels d’hygiène et de biosécurité, soit au total, plus de 300 lignes de commandes en moins de 3 mois. Plus de 20 biologistes hospitaliers, chercheurs, techniciens de laboratoires, ingénieurs du Service de santé des armées, originaires des HIA ou de l’IRBA se sont regroupés en groupe de travail « Laboratoire ». Ce GT s’est appuyé sur la réactivité du PP Girardot à la DAPSA, du PC Conte et du PC Thibault à la DCSSA, largement mobilisés sur ce dossier Ébola. Son rôle : former le personnel projeté à ces nouveaux automates, aux techniques de RT-PCR Ébola, aux principes de travail en laboratoire de sécurité biologique de niveau 3 et à l’utilisation des matériels de confinement. Pour cela, un laboratoire de formation Ébola a été installé à l’HIA Bégin. Il proposait l’ensemble des automates mais surtout des moyens de confinement strictement identiques à ceux déployés dans le CTS : tente de confinement type P3 Iso-Room™, 2 boîtes à gants en dépression Eurobioconcept. Cette structure permet d’accueillir, avant chaque mandat, les 6 personnels du laboratoire, pour une formation de 10 jours incluant de réelles mises en situation de gestion d‘échantillons en tenue de protection Ébola. Cette formation s’appuie sur des compétences complémentaires du personnel de l’HIA Bégin. © HIA Begin
© A.Roiné - ECPAD/EMA
dossier : EBOLA
MC Audrey Mérens, HIA Bégin, pilote du « GT laboratoire »
Laboratoire de formation Ébola installé à l’HIA Bégin
MC Eric Valade, IRBA, copilote.
Témoignage du premier mandat La structure tubulaire de l’Isoroom est montée en trois heures par les deux biologistes et le technicien biomédical. Il faudra 48 heures pour finaliser l’installation des boites à gants, la connexion des arrivées électriques et les évacuations. La maitrise de la poussière, véritable menace, et les contraintes locales électriques et climatiques exigent le colmatage des entrées d’air sur l’Isoroom et l’acquisition de quatre onduleurs pour sécuriser le thermocycleur, l’extracteur d’ARN et les boites à gants dont l’autonomie est de 20 minutes. Une climatisation supplémentaire permet d’abaisser la température de l’Isoroom sous les 25°C au-delà desquels le travail en équipement de protection individuelle (EPI) devient très pénible. Les issues de la tente seront maintenues en permanence fermées. Un sas d’entrée dans les tentes laboratoire permet de limiter l’entrée des poussières et le port de surchaussures est imposé à tous, a fortiori aux innombrables visiteurs de l’installation. Les équipes de quatre technicien(ne)s polyvalentes et deux biologistes ont assuré le débit d’analyses demandées en travail de jour. Les échantillons sont pris en charge vers 8h30 au sas d’accueil du laboratoire. Deux équipiers entrent en EPI dans le « P3 », l’un réalise les analyses biochimiques pendant que l’autre effectue la numération formule sanguine, les D-dimères, les éventuels marqueurs cardiaques et les tests de diagnostic rapide. Les résultats édités dans les boites à gants sont photographiés et transmis hors du P3 par liaison Bluetooth. La phase délicate d’inactivation virale termine la séquence de travail. Elle permet de ressortir les échantillons plasmatiques sécurisés en vue des manipulations d’extraction d’ARN et de RT-PCR en laboratoire conventionnel. Un premier compte-rendu est signé vers 11h, les résultats de la RT-PCR sont disponibles vers 14h. Une deuxième série d’analyses est réalisable après 15h pour des résultats définitifs vers 20h.
MC Vincent Foisseaux HIA Percy
Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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dossier : EBOLA
Les défis de l'adaptation (suite)
La formation
Autre volet important dans le déploiement du CTS : la formation du personnel. Un groupe de travail a été crée au sein de la cellule de suivi Ebola (CSE) pour concevoir un enseignement sur mesure tout en construisant et déployant l’UMO et son personnel. Explications du médecin en chef Christian Bay, chef du bureau préparation opérationnelle (BPO) de l’École du Val-de-Grâce.
Une réponse de formation adaptée Pour définir les objectifs pédagogiques, le groupe de travail a bénéficié des données et de l’expérience des organismes non-gouvernementaux (Médecins sans frontières, Croix-Rouge Française) et des travaux gouvernementaux (Task Force Ebola). Les 4 principales difficultés sont liées au volume de détachement à préparer (80 à 100 personnes), à la définition de la durée de la mission (2 mois) qui nécessite une préparation opérationnelle tous les 2 mois, à la validation des procédures pour le CTS pour pouvoir les enseigner. Le réservoir réduit de formateurs entre l’HIA Bégin et l’IRBA est aussi un facteur à prendre en compte pour pouvoir dispenser une formation de qualité pour cette nouvelle mission pas comme les autres. Il a également fallu faire face aux difficultés d’approvisionnement des équipements de protection individuelle.
L’apprentissage est réparti entre un parcours en e-formation et la formation en ateliers présentiels sur la biosécurité, la simulation des séquences de fonctionnement et la cohésion de l’équipe du CTS. Les équipes médicales prévues de servir le CTS ont rapidement adhéré aux cours en ligne proposés sur la plate-forme d’enseignement à distance du SSA (www.gedissa.org). Un e-certificat est délivré de façon automatique lorsque les résultats atteignent le niveau requis.
RETEX : essentiel face à la nouveauté À l’issue de la première formation, il s’est avéré nécessaire d’augmenter le nombre de séquences d’habillage et de déshabillage sans pour autant accroître la durée de la formation. Afin de favoriser cette étape cruciale dans la prise en compte du traitement des patients à fièvre à virus Ébola, les conférences ont lieu le soir après le repas. Le contact direct entre l’équipe médicale du 1er mandat pendant son séjour en Guinée-Conakry et celle du second mandat a eu un fort impact positif en termes d’appréhension de la mission. www.gedissa.org est accessible via login et password
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© G.Mariette - ECPAD
Formation de qualité et contraintes
L’équipe de marque, experts, du projet « Formation » du personnel du CTS : • MC Christian Bay (EVDG) et MC Olivier Flusin (IRBA) : désignés comme chef et adjoint du projet • MC Stéphane Travers (BSPP) et IACaS Alexandre Schauer (EVDG) : partie e-formation • MC Christophe Rapp (HIA Bégin) : prise en charge médicale MVE • MC Audrey Merens (HIA Bégin) et MC Eric Valade (IRBA) : partie laboratoire et biosécurité • MCS Catherine Thiolet-Creach (EVDG), MC Rémy Michel (CESPA) et VEC Jean-Lou Marié (DRSSA Toulon) : partie connaissance biotope, risques sanitaires et hygiène • MC Eric Rabatel (CeFOS de l’EVDG) et MC Eric Mioulet (RMED) : partie pratique présentielle • PHC Benjamin Conte (DCSSA/AA) : partie ravitaillement sanitaire • Ateliers : MC Olivier Flusin (accueil d’un patient suspect), MC Eric Valade et ICaS Alexandre Moreau (malaises), TLABCS Arnaud Caclard (habillage et déshabillage), ICS Nathalie Moreau (bio-nettoyage et DASRI), TLABCN Olivier Merle (accident d’exposition aux liquides biologiques), ICS Christophe Feuillette (prélèvements sanguins et pose de VVP) et ADJ Sandrine Grasset (coordination du stage).
dossier : EBOLA
Le transport aérien Le 8 août 2014, l'OMS recommandait aux pays occidentaux d’être capables de transporter leurs ressortissants contaminés et malades. Cette recommandation, en contradiction complète avec le règlement sanitaire international, est revenue aux armées. Il s'agissait d'assurer le transport aérien de ces patients en toute sécurité, en tenant compte des contraintes biologiques et donc de biosécurité supplémentaires et aéro-médicales habituelles dans la mission d’évacuation médicale. L’aéronef de l'armée de l'Air devait pouvoir accueillir un caisson de transport, le matériel de protection individuel, le matériel médical et suffisamment d'oxygène pour l'ensemble de la mission. L'ensemble des aéronefs répondant à ces impératifs ont fait l'objet d'expérimentations conduites conjointement avec le CEAM CE NRNC, l'IRBA et le CMA de Villacoublay : C160, C130, CASA, A400M et C135FR. La nature de la piste d'atterrissage initialement inconnue a conduit à se tourner vers des aéronefs capables de se poser sur des pistes altérées ou sommaires, c'est-à-dire les aéronefs de transports tactiques. Les capacités mixtes, stratégiques et tactiques de l'A400M le désignent comme vecteur à privilégier. Le CTMP (Caisson de Transport en Milieu Protégé) et sa dépendance contenant le matériel médical électrique étaient seuls disponibles. Ses qualités et insuffisances, notamment en termes d'étanchéité et
d'ergonomie de travail, avaient été démontrées il y a plus de 10 ans et ont dû être prises en compte dans la définition du concept d'emploi. Une enceinte en vinyle a donc été développée pour délimiter physiquement les zones de travail « rouge-orange-verte » et assurer la fermeture étanche pour prendre en charge les éventuelles urgences vitales. Outre l'équipage de conduite de l'aéronef, l'équipe médicotechnique en soute est constituée de deux médecins, deux infirmiers dont un convoyeur de l’air, un médecin de l'IRBA et deux personnels du CEAM-CE NRBC pour assurer la sécurité biologique. Une procédure d'accueil a été définie dès le 13 août pour la base aérienne 107 de Villacoublay, plateforme aéronautique d'accueil. Elle a permis de prendre en charge les deux patients rapatriés sur le territoire français. Un dispositif de prise en charge d'aval a été mis en place, armé par les équipes spécialisées de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris qui ont assuré le transport de ces deux patients vers l'HIA Bégin.
MC Samuel Madec
Commandant CMA Villacoublay
Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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dossier : EBOLA
Le CESPA
investi dans la lutte contre Ébola Dès le mois de mars 2014, les médecins du Service de veille sanitaire du Centre d'épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) alertent la DCSSA et les forces, sur les premiers cas d’Ebola en Guinée. Le service a assuré un suivi pluriquotidien, quotidien, puis hebdomadaire en cas d’une reprise inattendue de l’épidémie. Trois médecins du CESPA ont également participé à la lutte contre Ebola au Mali et en Guinée. Le MP Franck de Laval, est envoyé au Mali en novembre 2014 suite à un cas de virus Ebola diagnostiqué au sein d'une clinique de Bamako et la mise en évidence 6 autres cas appartenant à une même chaîne de transmission. Sa mission : évaluer le risque réel pour les militaires de la force Barkhane, et des militaires français de la MINUSMA et de l'EUTM. Un deuxième aspect de sa mission est de participer au Comité d'urgence nationale afin de coordonner les actions entre les autorités maliennes et la coopération française. En effet, une telle épidémie entraîne l’afflux de nombreuses institutions internationales, d'organisations gouvernementales et d'ONG (OMS, UNICEF, CDC, MSF, etc.) dont la coordination permet d'augmenter l'efficacité globale de la réponse. Après une première semaine d'évaluation de la situation, enchaînant visites d'expertise des services médicaux disponibles pour les français, rencontres avec les autorités menant la réponse à l'épidémie (coordinateur national de la réponse malienne, responsable de l'OMS au Mali) et participation aux réunions de crise, une première stratégie de soutien au Mali a été proposée, parallèlement à la montée en puissance d’un système d’alerte épidémiologique et de réponse : signalement des cas suspects aux autorités sanitaires, confirmation biologique du cas, hospitalisation sécurisée, identification et suivi des sujets contacts. 2
MC Franck Berger, chef du service de santé publique, a été projeté à Macenta en Guinée forestière, début décembre 2014, pour participer à la riposte contre la maladie à virus Ebola (MVE) en renforçant le dispositif préfectoral de lutte, alors que Macenta était la première préfecture touchée par la MVE parmi les 33 préfectures du pays. « Sur place, j’ai été soutenu par la Croix Rouge Française, responsable du Centre de traitement Ebola (CTE) à Macenta. J’y ai orienté mon travail sur la prévention et le contrôle de l’infection au sein des structures sanitaires locales (hôpital préfectoral et centres de santé de la commune urbaine - photo 1) et participé à la formation des membres de comités de veille villageois (photo 2), dans le cadre de la campagne « zéro ébola en 60 jours » lancée fin 2014 par la coordination nationale. La chute significative des cas de MVE et l’ouverture à venir du Centre de traitement des soignants (CTS) à la charge du SSA m’ont fait quitté Macenta pour Conakry. À compter de mi-janvier, mon action s’est réorientée au bénéfice du détachement affecté au CTS. Le risque de MVE devait être rapidement pris en compte en organisant le suivi du détachement de l’opération 1 dénommée Tamarin (prise biquotidienne de la température) ; la conduite à tenir en cas de symptômes évocateurs de MVE chez un personnel du détachement ; les critères d’identification et les modalités de suivi des contacts d’un cas suspect de MVE au sein du détachement. Toute la difficulté résidait dans l’impact des mesures prises pour un cas suspect et son entourage (isolement, recherche des contacts…). »
Le MC Sandrine Duron lui a succédé. « Le travail du médecin spécialiste de santé publique du Service de santé des armées est varié. L’épidémiologiste participe également au recueil de données dans le cadre d’une étude épidémiologique, menée par les Centers for Disease Control and Prevention d’Atlanta, sur les facteurs de risques d’exposition à la MVE au sein du personnel soignant. Le médecin spécialiste de santé publique participe aux réunions de suivi de l’épidémie et aux travaux réalisés dans le cadre de la coordination nationale. Enfin, il a pour rôle de préparer le suivi du personnel du CTS avant leur retour de mission : information, inscription dans le registre national mis en place en France métropolitaine par la Direction générale de la Santé et l’Institut de veille sanitaire et distribution des différents outils nécessaires à ce suivi »
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dossier : EBOLA
Former
pour lutter Autre mission du SSA en Guinée : la formation des soignants guinéens. De décembre 2014 à mars 2015, un binôme médecin-infirmier du service de santé des armées a supervisé le Centre de formation des soignants (CFS) à Manéah. Cette formation médicale de lutte contre Ebola a été transmise à l’institut humanitaire Bioforce fin mars. Le CFS se situe à 40 km du Centre de traitements des soignants (CTS) de Conakry. Son objectif : apprendre au personnel soignant à se protéger contre toute contamination et à soigner les malades infectés hospitalisés dans les centres de traitement Ebola (CTE). Le CFS bénéficiait à ce titre d’un vaste plateau technique reproduisant l’ensemble de l’organisation d’un CTE, réalisé par l’équipe de la sécurité civile française. Celle-ci avait également formé les sept formateurs du centre. Ils sont médecins du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Donka et de la Croix rouge guinéenne. Après avoir exercé en CTE et avoir vu mourir certains de leurs confrères contaminés, ils ont choisi de livrer le combat différemment, en devenant formateurs. En effet, « beaucoup de soignants sont contaminés car ils manquent de connaissance sur la transmission du virus et n’ont pas les bons réflexes, surtout lors du déshabillage » explique le docteur Dian Sow. Avec ses confrères, ils forment une équipe rigoureuse et investie sous l’œil avisé du médecin et de l’infirmier militaires français. Ils ont fait répéter inlassablement les gestes du déshabillage et le lavage des mains, systématique entre chaque étape. La formation s’étendait sur cinq jours : une partie théorique sur l’histoire du virus, les modes de contamination et l’utilisation du chlore, puis la pratique sur le plateau technique qui reproduisait parfaitement les conditions de terrain. Les stagiaires ont appris les procédures d’habillage et de déshabillage, le suivi des différents cas suspects, possibles ou confirmés et ont acquis les habitudes et les réflexes de sécurité nécessaires lors du cheminement dans le centre. Chaque session comptait 24 stagiaires, médecins, infirmiers ou hygiénistes désignés par la coordination nationale de lutte contre Ébola, provenant de toutes les préfectures de la Guinée. Cette formation s'est développée ensuite au profit de laborantins et de nouveaux formateurs.
© A.Roiné - ECPAD/EMA
Depuis décembre, 247 stagiaires ont été formés. Six personnels du service de santé guinéen ont également reçu une instruction spécifique pour devenir à leur tour formateur. De retour dans leur région d’origine, ils ont pu transmettre ces pratiques acquises au sein du centre. BCISSA Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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activités opérationnelles
Lancement du SMURA au Gabon
Le 23 mars dernier, le ministre de la Défense nationale de la République gabonaise a visité le tout nouveau Service Mobile d’Urgence et de Réanimation des Armées (SMURA) au sein de l’Hôpital d’Instruction des Armées Omar Bongo Ondimba. Fruit de la coopération entre le Gabon et le SSA français, il donne au service de santé militaire un rôle primordial dans les secours médicaux pré-hospitaliers.
C
réée par la Direction Générale du Service de Santé Militaire (DGSSM), l’unité médicale et de réanimation mobile SMURA a pour mission d’assurer, 24 heures sur 24 une prise en charge médicale et/ou de réanimation spécialisée au profit d’un ou de plusieurs patients sur la voie publique, dans un lieu public ou à domicile. Il assure également des missions de transferts inter-hospitaliers et la couverture médicale des grands rassemblements de population programmés. Le SMURA dispose de plusieurs antennes satellites afin de couvrir de façon optimale son territoire de compétence. L’équipage de ses ambulances de réanimation - un médecin, un infirmier et un conducteur ambulancier - ont reçu une formation spécifique à la prise en charge des urgences et à la pratique professionnelle extrahospitalière issues de l’expérience et du savoir-faire français, au sein de l’Ecole d’Application du Service de Santé Militaire de Libreville (E.A.S.S.M.L.). Outre la formation et le perfectionnement de l’ensemble des personnels, la France s’est impliquée dans les différentes étapes de la création de ce service : élaboration d’un décret
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créant, et d’un arrêté ministériel organisant, le SMURA ; rédaction des procédures médicales et opérationnelles ; conceptualisation du central de réception des appels d’urgence ; conceptualisation du logo du service, des ambulances de réanimation et des tenues d’intervention pour donner de la visibilité au service.
activités opérationnelles
En première ligne au Vanuatu
À la suite du passage du cyclone PAM dans le Pacifique Sud en mars dernier, les Forces armées de la NouvelleCalédonie (FANC) sont mobilisées pour intervenir au Vanuatu, pays particulièrement touché par la catastrophe. La Direction interarmées du service de santé (DIASS-NC) déploie un médecin, un infirmier et un auxiliaire sanitaire du CMIA - antenne médicale de Plum, pour compléter le poste de secours de la frégate de surveillance Vendémiaire et aider l’infirmier du patrouilleur La Glorieuse.
L
e 19 mars, le Vendémiaire jette l’ancre aux abords de Tanna. Les FANC effectuent plusieurs reconnaissances dans la zone afin d’évaluer les dégâts. En liaison avec les autorités locales et les ONG présentes, le détachement du SSA évalue l’état des structures médicales de l’île. Celles-ci sont très endommagées. Pour le personnel médical, la période de reconnaissance laisse vite place à l’intervention. En effet, le jour même, un nourrisson sérieusement blessé au crâne est évacué vers la capitale, PortVila, par un CASA des FANC. Le vendredi 20 mars, au nord de l’île, une femme enceinte, sur le point d’accoucher, est prise en charge par l’Alouette III jusqu’à l’aérodrome de Tanna, pour être évacuée à Port-Vila sous la surveillance du médecin du Vendémiaire. Les circonstances obligent le médecin des armées Benoît Nicolas à procéder à l’accouchement sur le tarmac. La mère et le nourrisson sont ensuite rapidement rapatriés sur Port-Vila. Le nouveauné sera prénommé « Ben », en l’honneur du médecin.
Le 25 mars, le médecin en chef Jean-Guillaume Houel, de l’antenne médicale de Plum, prend en charge un nourrisson dont le pronostic vital est engagé en raison d’une infection respiratoire. Alors que l’hélicoptère Alouette III de la Marine apporte l’oxygène nécessaire à la survie de l’enfant, le médecin lui prodigue des soins vitaux avant une évacuation vers Port-Vila par un C-130 de l’armée de l’air australienne. Après Tanna, l’objectif est l’île d’Erromango où la Marine est également présente, depuis le 21 mars, avec le patrouilleur La Glorieuse et son équipage, renforcé d’un groupe du RIMaPNC. Une assistance médicale est déployée, grâce à l’infirmier du bord, à l’auxiliaire sanitaire de l’antenne médicale de Plum et aux médecins venus en renfort. L’objectif : consulter, apporter les premiers secours et s’assurer qu’aucun patient n’ait besoin d’être évacué sur Port-Vila. Le personnel médical du SSA effectue près de 200 consultations en quelques jours, 58 pour la seule matinée du 22 mars. En attendant la mise en place de moyens
médicaux australiens, le personnel du SSA reste en alerte et continue de gérer les urgences du « quotidien » dans cette province impactée par les destructions.
MCSCN Philippe Mauclere
Directeur interarmées du service de santé en Nouvelle-Calédonie Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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FOCUS : l'habillement
Fonctionnement
du soutien habillement au SSA Depuis le 1er août 2012, tous les établissements du SSA sont soutenus, pour l’habillement de leur personnel, par les groupements de soutien des bases de défense (GSBdD) géographiquement compétents. Ce soutien concerne également les hôpitaux d’instruction des armées qui ne sont pas embasés pour le reste du soutien administration générale et soutiens communs. Toutefois, cette situation nouvelle a entraîné des disparités liées aux habitudes de travail du personnel armant les GSBdD.
Un interlocuteur : l’officier du matériel Les officiers du matériel des GSBdD sont devenus les interlocuteurs uniques du personnel SSA. Ainsi, pour être soutenu, chaque personnel doit, lors de son affectation dans un établissement du SSA, activer son compte sur e-DPC c@t puis contacter son officier du matériel pour être pris en compte. C’est également à l’officier du matériel que doit être signalée toute erreur d’information éventuellement contenue dans le dossier en ligne e-DPC c@t (affectation incorrecte, point de livraison erroné, erreur sur le nombre de points disponibles, etc.).
SCA Officier du matériel
GSBdD Paquetage Renouvellement des effets
Gestion des carnets d’habillement
Bons de confection Maître tailleur
Un dispositif spécifique au SSA
© CCH E. Chérel - BCISSA/DCSSA
La commission habillement - septembre 2014
La commission permanente de la tenue Cette commission consultative, représentative de toutes les catégories de personnel militaire a pour but d’orienter les décisions politiques du directeur central en étudiant toute question relative aux tenues et aux uniformes du personnel militaire du SSA*. Elle est présidée par le directeur central adjoint et se compose de 12 membres titulaires, dont deux réservistes. Elle se réunit tous les trimestres à la DCSSA. Les comptes-rendus de ses travaux sont publiés sur le réseau intrasan, dans la rubrique Habillement. 28 • Actu santé • # 139 • avril - juin 2015
Le réseau des correspondants locaux « habillement » À la demande du directeur central adjoint, un officier a été désigné dans chaque établissement du Service pour prendre les fonctions de « correspondant local habillement ». Hiérarchiquement placés au plus près des chefs d’organismes, les correspondants locaux « habillement » sont ainsi chargés d’assurer l’interface entre les soutenus (le personnel militaire du SSA) et les soutenants (le personnel des GSBdD). Les correspondants interviennent plus particulièrement lorsque des dysfonctionnements sont constatés dans l’exercice des droits individuels au soutien habillement. La liste des correspondants locaux « habillement » est publiée et régulièrement mise à jour sur Intrasan**.
interview du Directeur central adjoint du SSA « Près des deux tiers du service de santé des armées ne portent pas l’uniforme militaire au quotidien, car exerçant dans un établissement dans lequel une tenue de travail est prescrite. Néanmoins, la perception et le port de l’uniforme n’en demeurent pas moins des vecteurs de l’identité collective du service. La question de l’habillement est essentielle pour que tous puissent être dans la même tenue, que chacun puisse faire partie de la même famille. L’habillement est également un enjeu dans le cadre de l’insertion du service dans les territoires de santé publique, prévu dans le projet de service SSA 2020 : porter l’uniforme revient à revendiquer l’image d’une organisation, mais aussi à valoriser les savoir-faire et compétences qui lui sont propres. »
Règles de renouvellement Des règles particulières de renouvellement ont été définies en commun par le SSA et le SCA. Elles dimensionnent la quantité d’effets qu’il est possible de renouveler ainsi que leur fréquence de renouvellement. Elles prennent notamment en compte les taux moyens d’usure des différents
effets, le dimensionnement des marchés passés le SCA et de ses stocks du SCA. Ces règles sont régulièrement remises à jour et font l’objet d’adaptations fréquentes. * cf. décision N°1675/DEF/DCSSA/PC/CCO du 28 mars 2013 ** DCSSA >> Accueil >> Les sous-directions >> PC >> HAB >> publication
FOCUS : l'habillement
Le carnet d'habillement LE carnet d’habillement DÉMATÉrialisé Cumul de points annuel 1er semestre
2e semestre
Carnet à points dématérialisé
Commande annuelle e-DPCc@t
personnel de CMA 125
+
125
250
=
+
70
140
=
1 tenue de combat + 1 tenue de service courant
personnel autre 70
1 tenue de service courant
+ tenue de soin fournie par le SSA (non comptabilisée sur les points)
Comment ça marche ?
http://portail-sca.intradef.gouv.fr/content/applications
Chaque individu est totalement libre d’utiliser ses points comme il le souhaite parmi la gamme d’effets proposés sur le catalogue en ligne d’e-DPC c@t
1
2
Une fois votre compte créé, vous pouvez vous connecter avec votre mot de passe et votre identifiant, pour avoir accès au catalogue et commander vos articles en ligne. Vous recevrez vos articles à l'adresse que vous aurez indiquée (lieu d'affectation)
3
4 Actu santé • # 139 • avril - juin 2015 •
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Femmes et hommes du SSA
De l’école du Val-de-Grâce aux théâtres d’opérations
Les jeunes médecins affectés en CMA (bientôt en CMA-NG) participent à de nombreuses missions où leur action est louée. La qualité de la formation est l’une des clés de ce succès. Explications.
Projection des médecins des forces issus des ECN 2009 et 2010
Une formation d’adaptation très complète
FAN = 13
1 nov 2012
ECN 2009 Effectif = 83
1 nov 2013
Fin 3°cycle univ
1 nov 2014
Sur une promotion, environ 75 % partent en mission courte durée (MCD) dans les CMA (2) 55%(1) = 63 CMIA 2 ans qui suivent la fin de leur cursus =7 de formation. Lors de leur passage à l’EVDG les praticiens, futurs médecins 1 nov 2013 1 nov 2014 des forces, bénéficient de formations Fin 3°cycle univ (1) Effectif projeté = 35 FAN (2) Effectif projeté = 49 (dont 13 projetés au moins 2 fois) « métier » et « milieux », déjà initiées =9 (3) Autres = BSPP, CTSA, UIISC (4) Effectif projeté = 37 (dont 1 projeté au moins 2 fois) à l’école de santé des armées (ESA). CMA 65%(4) = 57 Coordonnées par le département de la ECN 2010 Total = 73 formation initiale spécialisée (DFIS), ces CMIA =4 formations, sont assurées par le corps professoral pour la première, et par le Projection des médecins des forces issus des ECN (Epreuves classantes nationales) 2009 et 2010 département préparation milieux et opé- entre le 1er novembre 2012 et le 1er novembre 2014. (source EMO-Santé) rationnelle (DPMO) pour la seconde. Celui-ci s’appuie sur le centre d'enseignement adaptée au théâtre d’opération pour lequel l’EMO- Au titre du retour d'expérience, dans leurs rapet de simulation à la médecine opérationnelle Santé les aura identifiés. ports de fin de mission ils soulignent unanime(CESimMO) ainsi que sur le centre de formament la qualité de leur formation, qui les a bien tion opérationnelle santé (CeFOS) et les centres Une formation dont la qualité préparés à leurs missions. Les bénéficiaires de formation de médecine navale (CFMN)) et et l’adéquation aux besoins du soutien santé témoignent également de la sont reconnues aéronautique (CFMA). Savoir-faire médical et valeur et du professionnalisme de ces jeunes savoir-être militaire sont également renforcés par Tout juste formés, nombre de ces médecins médecins : l’excellence du travail réalisé est Répartition des MCD réalisées par les médecins des forces issus des une mise en condition avantetprojection(MCP) partent sur des d’opérations très variés. largement reconnue, et contribue au succès ECN 2009 2010 entre le 01/11/2012 etthéâtres le 01/11/2014 des engagements opérationnels. Le retour sur investissement de la formation initiale est donc 9% BANDE SAHELO SAHARIENNE (BSS) rapide et visible.
78%
Autres3 =3
SANGARIS 10%
DAMAN PAMIR / HERACLES 1%
TRIDENT
Une ressource qui mérite une vigilance particulière
MISSOPS FP / FS
2%
1% 2%
LICORNE TAMOUR
BSS
4% 3%
BALTIC SANGARIS
MISSOPS Forces présence MISSOPS Forces souveraineté
19%
Nombre total de MCD effectuées = 101
49%
Dynamiques et disponibles, ces jeunes médecins constituent un vivier précieux très sollicité et bénéficient d'un suivi attentif. Les tensions sur les effectifs, qui induisent parfois des difficultés de désignation avec un préavis suffisant pour permettre une MCP complète, et la nécessité d’un suivi particularisé dans le cadre de leur parcours professionnel qui débute, confirment l'attention toute particulière à leur consacrer en termes de gestion.
MC Gwion Loarer, MC Emmanuel Angot,
Etat-major opérationnel santé (EMO-Santé) Source: EMO santé et EVDG/DPMO. Données actualisées au 01/11/2014
Répartition des MCD réalisées par les médecins des forces issus des ECN 2009 et 2010 entre le 1er novembre 2012 et le 1er novembre 2014. (source EMO-Santé)
30 • Actu santé • # 139 • avril - juin 2015
MC Sylvie Minaberry, MC Christian Bay École du Val-de-Grâce (EVDG)