Actu Santé Actu Santé octobre • décembre 2015 • 1,50 €
# 141
www.defense.gouv.fr/sante
ACTUALITÉS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
AttentaTs de Paris :
le ssa en première ligne DCSSA : nouvelle gouvernance
Info Transfo
70 ans du CTSA
Ebola, le Retex
# 141
SOMMAIRE ACTU SANTÉ octobre • décembre 2015 édito
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En direct Attentats de Paris : le SSA en première ligne
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5à8 Formation
CADISMEX : une formation opérationnelle pour les IADE et les IBODE du SSA
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Vie du service
Le SSA expose ses savoir-faire à l’université d’été de la Défense Le CMA de Calvi décoré de la croix de la valeur militaire 70 ans du CTSA
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actualités
14-15
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Info transfo
16-21 DCSSA : la nouvelle gouvernance • Plateforme militaire hospitalière IDF : inauguration de matériels de pointe à Bégin • Vers un nouveau centre de traitement des brûlés à Percy • Inauguration du bâtiment d’ingénierie biomédicale • Pour une infectiologie militaire renouvelée • La plateforme militaire hospitalière PACA en marche • Les centres médicaux des armées ............................................................
focus
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Ebola : un an après, l’heure du bilan
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actualités Scientifiques et médicales
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Phagoburn : première mondiale pour les grands brûlés Theranexus : lancement de la phase clinique Premières attaques chimiques 1915-1918 : de la surprise à la riposte
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actualités
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culture
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© Photos couverture : C.Lebertre - DICOD
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Édito
Après Ebola, le service de santé des armées a de nouveau répondu présent lors d’une gestion de crise sur le théâtre national. Au-delà de son expertise, le SSA se singularise par sa capacité d’action permanente et réactive, adaptable à son environnement, structurée par sa chaîne de commandement et sa doctrine d’emploi, qui bénéficie d'un soutien logistique autonome. Tout cela est rendu possible par les fortes valeurs d’engagement et de cohésion qui caractérisent les personnels de notre Service.
Savoir-faire technique en matière de chirurgie de guerre La prise en charge des victimes, potentiellement « sous le feu », leur catégorisation, leur mise en condition de suivre à l’avant, en prenant toujours en compte le facteur temps et sécuritaire, est l’aboutissement d’une très longue expérience du service de santé des armées français ; une expérience fortement éprouvée ces dernières années sur de nombreux théâtres d’opération. Audelà des procédures et du sang-froid qu’elle suppose, cette prise en charge est basée sur des techniques médico-chirurgicales spécifiques et parfois novatrices, tel que le « damage control » : ce concept, complémentaire de celui de sauvetage au combat, donne la priorité à la correction des désordres physiologiques, et non à la réparation chirurgicale complète immédiate. Son intérêt est de réduire le temps opératoire initial en ne réalisant que les gestes vitaux strictement nécessaires. La notion de chirurgie de guerre dépasse largement le simple cadre de la blessure par balle. Elle est une stratégie globale visant à adapter l’acte chirurgical aux conditions dans lesquelles il s’exerce. La nature des soins prodigués dépendra ainsi, par exemple, des moyens et des délais d’évacuation, et du caractère éventuellement hostile voire agressif de l’environnement.
Notre réactivité, permise par notre posture permanente de veille Le SSA fonde ainsi son action sur trois principes : la permanence de ses capacités, la réactivité de ses moyens, et la disponibilité de ses équipes. Cette culture spécifique du Service lui permet de mobiliser, sur court préavis, des équipes constituées et entraînées, notamment au travers du dispositif santé de veille 4 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
opérationnelle, notre « DSVO », qui comporte plusieurs niveaux d’alerte et de montée en puissance. Du fait de cette posture permanente, le Service est particulièrement réactif. Mais si nous intervenons certes rapidement, et de manière organisée, notre action n’a cependant pas vocation à durer : une fois le relais pris par d’autres acteurs institutionnels, nous devons nous désengager au plus vite pour régénérer notre capacité de réaction. Nos capacités nous permettent d’être, notamment sur le territoire national, une forme de « starter », dont l’action immédiate laisse le temps aux autres entités de monter en puissance, une sorte d’amorce de la réponse à la crise.
Notre soutien logistique Santé intégré Dès le temps de paix, il appartient au service de santé de constituer et d’entretenir des stocks pré-conditionnés afin qu’ils soient immédiatement transportables et utilisables sur le terrain. Il implique également de disposer d’équipes prêtes à conditionner et distribuer ces produits à tout moment. Cela nous permet d’être autosuffisants en contexte opérationnel afin de ne pas freiner l’action médicale.
Contribution à la résilience de la Nation Même si notre raison d’être est de soutenir les forces armées, et même si ce sont les forces armées qui ont fait ce que nous sommes, notre expertise doit pouvoir être mise à la disposition de la Nation pour la participation à la gestion des crises sanitaires. Face à des groupes armés qui utilisent sur notre sol des modes d’action d’une extrême agressivité, le Service de santé des armées est prêt à mettre à la disposition de la Nation ses aptitudes uniques en termes de réactivité, d’organisation et d’expertise. Dans le contexte sécuritaire actuel, participer à la gestion de crise sur le territoire national constitue une nouvelle dimension pour le service de santé des armées.
© C. Morgado - irba
Médecin général des armées Jean-Marc Debonne Directeur central du service de santé des armées
En Direct
Attentats de Paris : le SSA en première ligne
M
is en alerte le vendredi dans les minutes qui ont suivi les premiers évènements, les Hôpitaux d’Instruction des Armées Bégin et Percy de la plateforme hospitalière militaire d’Ile-de-France ont déployé leur capacité maximale de prise en charge simultanée de blessés, conformément au plan Mascal (massive casualties), procédure d’afflux massifs de blessés appliquée en opérations extérieures. Dès minuit, les blessés sont arrivés par vagues successives de 7 à 8 ambulances, régulées efficacement pour limiter la saturation des capacités.
Dans le même temps le Centre de transfusion sanguine des armées, le CTSA, s’est mobilisé pour assurer sans faille le soutien transfusionnel des deux HIA. Dès 7H30 le samedi, l’ensemble de son personnel militaire et civil a répondu présent pour accueillir 500 volontaires des communes environnantes venus spontanément donner leur sang. L'établissement de ravitaillement sanitaire de Vitry-le-François a également été mobilisé en soutien des HIA et a livré dès dimanche midi 2 000 garrots et 2 000 pansements compressifs pour en doter les soldats de Sentinelle. Il a
également livré sans préavis des trousses de secours individuelles du combattant aux unités en renfort, ainsi qu’à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Tous les CMA d'Île-de-France se sont par ailleurs mobilisés pour le soutien de la montée en puissance de l'opération Sentinelle. Le service de santé des armées a été pleinement associé au soutien médico-psychologique des blessés et des victimes, en étroite collaboration avec les personnels de santé civils.
A cSSA tiondans du Sla SAnuit le 13 2015 Action du du novembr 13 au 14 enovembre 2015 Ser vice médico-psychologique des ar mées
8 0 e nt r et iens individuel s
B SPP
21 éq ui p es m édi ca les
É t ab l i s s e m e n t d e rav i t ai l l e m e n t s an i t ai r e d e s ar m é e s ( E R SA )
S u ivi de s f amil l e s à l ’ Éco l e m il itair e 92
A p p r o v i s i o nne m e n t S e nt i n e l l e + 2000 g a r r o t s e t p a ns e m e nt s c o m p r e s s i f s + 1500 t r o u s s e s d e s e c o u rs i nd i v i d u e l l e s
75
CTSA
94
2 9 6 do ns du sang
A p pr o visio nne m e nt en sang HI A B é gi n
17 b l essés 52 blessés balistiques pris en charge dans la nuit dont 18 urgences absolues
41 bles s és 50 interventions chirurgicales
48 heures
Équipes 48 médico-psychologiques heures mobiles pour blessés, familles, personnel soignant 100 consu ltations
© BCISSA/DCSSA
HI A P er cy
© Photos : Claire Lebertre - Dicod
Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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En Direct
Attentats de Paris : le SSA en première ligne (suite) Soigner les blessures de guerre « Les patients que nous avons eu à traiter souffraient de blessures qui équivalaient exactement à des blessures de guerre. C'està-dire des polyblessés, aux membres, au thorax, à l'abdomen, au crâne… Les sauveteurs ont souvent appliqué la doctrine du « damage control ». Sur les lieux des fusillades, ils ont posé des garrots, mis des pansements, administré des médicaments qui limitent au maximum les hémorragies. À l'hôpital, les chirurgiens, devant un polytraumatisé grave, ont fait des gestes opératoires partiels, qui assurent la survie de la victime. Puis la victime est confiée un, deux ou trois jours à la réanimation, ensuite l'opération est reprise pour faire le geste définitif. Les blessures de guerre posent la question de la vitalité du membre atteint et donc de son éventuelle mutilation, et au-delà elles mettent en cause la fonction ultérieure du ou des membres dans la vie quotidienne, dans les loisirs, au travail. Réinterventions, rééducation peuvent se succéder pendant très longtemps » chef du service d'orthopédie-traumatologie
« Nous avons mis en œuvre les compétences spécifiques en chirurgie de guerre et en triage des blessés, acquises sur les théâtres d’opération. Le deuxième atout est la réactivité. En 2 heures, nous avons configuré les locaux et nos personnels étaient parfaitement opérationnels. Chacun savait où il devait être et ce qu’il devait faire. Aux blessures par balle s’ajoutaient les blessures psychiques très importantes. C’est inédit pour le service de santé des armées de devoir prendre en charge des blessés de guerre qui sont des civils accompagnés de leur famille. La cellule médico-psychologique a circulé dans l’hôpital pour être au plus près des personnels, des blessés et de leur familles car certaines ne voulaient pas quitter leur blessé »
de l'hôpital militaire Percy à Clamart
médecin général Maryline Gygax-Genero, médecin-chef de l’HIA Bégin
© Photos : Claire Lebertre - Dicod
médecin chef des services Sylvain Rigal,
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en direct
« Je suis venu ici à Bégin rendre hommage aux personnels du SSA qui ont fait preuve d’une mobilisation, d’une réactivité, de sangfroid et d’un calme remarquables. Beaucoup sont venus d’eux-mêmes ici quand ils ont appris les événements »
Minute de silence à Bégin le 15 novembre en hommage aux victimes des attentats
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense
Visite du ministre de la Défense à Percy le 26 novembre 2015
Suivi psychologique des familles à l’école militaire « Nous avons vu arriver de très nombreuses personnes qui ont été simplement impliquées dans les attentats, des témoins, des gens qui sont venus en aide, et évidemment beaucoup de survivants du Bataclan. Ils ne sont pas blessés physiquement, mais ils sont dans un état de stress aigu et il est très important de les prendre en charge. Ce sont des blessés psychiques. Beaucoup sont dans un sentiment d'irréalité complète. Nous essayons de rester au moins une heure auprès d'eux, nous les écoutons. Les laisser se décharger de leur émotion, accueillir leur parole, c'est une première étape, cela leur permet de restructurer leurs pensées, de reprendre un peu pied avec la réalité. Il faut qu'ils puissent se raccrocher à quelque chose. Ils repartent avec un certificat médical, parfois une prescription, les coordonnées de l'association d'aide aux victimes et surtout de psychiatres spécialisés, la perspective d'un nouveau rendez-vous. Comprendre qu'ils ne sont pas abandonnés dans la nature, qu'il va y avoir un « après », des consultations qui suivront, c'est déjà le début du processus de reconstruction. C'est absolument fondamental » médecin en chef Laurent Martinez, coordonnateur national du service médico-psychologique des armées
BSPP : aussi des personnels militaires
© BSPP
Le soir du 13 novembre le service médical de la Brigade des sapeurspompiers de Paris a été confronté à sa plus grosse opération depuis la Seconde Guerre mondiale. Sept équipes médicalisées ont été immédiatement engagées puis 14 équipes supplémentaires en moins de 40 mn, l’ensemble coordonné par le MC Tourtier, médecin chef de la BSPP. Avec ces 21 équipes, les médecins du SSA étaient présents sur les principaux sites pour prendre en charge la plupart des Urgences absolues (UA). L’application du « damage control » et la coordination médicale de la BSPP, en contact directe avec les réanimateurs de Percy et Begin, ont permis de sauver de nombreuses vies et d’évacuer les patients dans des conditions optimales vers les hôpitaux de l’AP-HP et les 2 HIA parisiens. « Au Bataclan, nous avons été confronté à une situation similaire à l’OPEX, témoigne le médecin principal Laure de la BSPP, puisque nous avions non seulement 21 urgences absolues et 30 urgences relatives dans une courette, nous étions 2 médecins pompiers et 4 IDE pour la prise en charge mais en plus, dans la courette d’à côté, la situation était similaire. Etant en zone d’exclusion les autres moyens médicaux ne pouvaient nous rejoindre. Nous avons installés les UA en arc de cercle au fond de la cour pour avoir une vue large sur eux tandis que les urgences relatives ont été assises sous le long porche d’entrée. Les patients souffraient essentiellement de plaies par arme à feu. Nos équipes ont fait un travail exceptionnel avec la pose de garrot, de pansement hémostatique, de surveillance et de tri. Notre préparation à la médecine de guerre et de catastrophe à tous les niveaux à la Brigade a pris ici tout son sens. Les habitants de l’immeuble nous ont également beaucoup aidés en emportant des couverture ou en participant à la surveillance des patients. Une fois l’assaut terminé et la zone sécurisée, en relation avec le SAMU nous avons pu évacuer nos victimes vers le Poste médical avancé (PMA) rue royal pour ensuite diriger les patients vers les hôpitaux. » Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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en direct
Attentats de Paris : le SSA en première ligne (suite) 15 novembre
I-télé - 16 novembre interview en direct du MC Martinez, psychiatre
Le magazine de la santé France 5 16 novembre - Interview du MCS Rigal
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Sept à Huit - TF1 - 22 novembre Attentats : dans les hôpitaux, le combat pour la vie est en marche - reportage à l'HIA Bégin
formation
CADISMEX :
une formation opérationnelle pour les IADE et les IBODE du SSA Les infirmiers anesthésistes et de bloc du SSA bénéficient désormais d’une nouvelle formation à la préparation aux missions extérieures à l’Ecole du Val-de-Grâce : le Cours Avancé Des Infirmiers Spécialisés en Mission Extérieure (CADISMEX) qui permet d’acquérir des compétences «cœur de métier» adaptées au contexte opérationnel.
L
e CADISMEX se substitue à la formation d’adaptation à l’emploi précédemment organisée en fin de formation initiale. Il s’intègre dans un parcours professionnalisant de formation pour ces infirmiers spécialisés, fortement sollicités pour participer aux opérations extérieures. Un réel besoin, suite au durcissement des conditions d’engagement et à la mutation de la formation, notamment des IADE, avec l’externalisation des études dans le civil. La première cession du CADISMEX a été organisée du 10 au 19 octobre 2015 au CeFOS1, sur le camp de La Valbonne au profit de 16 stagiaires, 10 IADE et 6 IBODE, dont 13 nouvellement diplômés. Cela a permis aux stagiaires de se repositionner dans leur environnement militaire après 18 à 24 mois d’études passés dans le civil. La large place accordée aux ateliers et à la simulation a permis à tous de mettre en application les connaissances, d’acquérir certains réflexes et une capacité d’analyse dans la prise en charge en équipe de blessés en situation dégradée. La formation groupée IADE-IBODE a permis à chaque spécialité de mieux connaitre le travail spécifique de l’autre en Opex et a encouragé le travail en binôme. Le réalisme de la situation a été optimisé grâce à la participation de différents personnels du CeFOS, du RMed et du GISS2 : soldats grimés, arrivée des blessés par VAB SAN, ambiance sonore avec passage d’hélicoptères. Parmi les temps forts du CADISMEX : l’exercice Mascal réalisé en grandeur nature. Le scénario proposait la gestion de dix soldats blessés à proximité immédiate du camp, arrivant par vagues, sans prise en charge initiale. Durant une heure trente, les stagiaires ont mis en pratique les connaissances acquises sur le triage (catégorisation OTAN) ainsi que sur la prise en charge du blessé de guerre au déchocage et au bloc opératoire (damage control, choc hémorragique,
plaies thoraco-abdominales, fracture ouverte…). La réussite de ce premier CADISMEX valide le projet de formation et sa pérennisation pour les années suivantes. En 2016, trente stagiaires nouvellement diplômés bénéficieront de cette formation.
IA.CASS Ledoux Fabrice, HIA Sainte-Anne IBO.3G Bellet Laurent, HIA Robert-Picqué
DS.1Cl Lazare Patricia, École du Val-de-Grâce (1) CeFOS : Centre de Formation Opérationnelle Santé (2) GISS : Groupement d’Instruction Secourisme Santé
Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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Vie du service
Le SSA expose ses Sous le titre « savoir, pouvoir, agir », l’Université d’été de la Défense (UED) 2015 avait pour objectif de montrer la finalité opérationnelle des services du soutien, dont le soutien santé. Une première pour les UED, habituellement dédiées aux forces armées.
L
a 13e édition de l’Université d’été de la Défense a eu lieu à Strasbourg (BasRhin) les 14 et 15 septembre 2015. Placée sous le haut patronage de François Hollande, Président de la République, cet évènement est l’occasion de s’ouvrir à tous les responsables civils et militaires du monde de la défense. Il rassemble à chaque édition plus de 400 hauts responsables politiques nationaux et européens. Cette année, et pour la première fois, l'approche est interarmées, incluant des directions et des services afin de mettre en exergue le niveau de cohérence interarmées indispensable à la performance opérationnelle.
LE SOUTIEN SANTÉ
au cœur des opérations
Poste médical Premier maillon médicalisé de la chaine santé en opération Missions : • Assurer la médicalisation de l’avant grâce à l’intégration à l’unité de combat • Permet le premier triage médical des blessés et leur mise en condition de survie Moyens : • Plus petite structure de la chaine santé en opération : 1 médecin, 2 infirmiers en soins généraux, 5 à 7 auxiliaires sanitaires • Autonomie de 15 jours pour 200 hommes (urgences et soins courants) • 2,5 tonnes pour un volume de 20 m3 • Un à deux véhicules sanitaires blindés Déploiements : Sur tous les théâtres d’opération
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Vie du service
savoir-faire
à l’université d'été de la Défense
Le pôle du Service de santé des armées (SSA) Le pôle SSA mettait en avant la cohérence de la chaîne santé dans sa capacité à sauver des vies et à limiter les séquelles, la capacité d'innovation de la recherche en collaboration avec la Direction générale de l’armement (DGA) et des partenaires industriels, l'adaptabilité de l'outil aux contraintes opérationnelles et environnementales et l'interopérabilité interministérielle ainsi qu’avec les services de santé alliés.
armées. Très expérimenté et doté de compétences uniques, il est indispensable à l’engagement, en confiance, des combattants » a souligné le général de Villiers, chef d’état-major des Armées. La force de nos armées, directions et services est de s’adapter aux contingences d’un monde en mouvement. C’est ce que fait la DRM, le SCA, le SSA ou le SEA. Chacun, dans son domaine d’expertise, participe directement au succès des armes de la France !
Dans l’action, nos armées peuvent également compter sur la chaîne de santé opérationnelle mise en œuvre par le service de santé des armées.
Huit ateliers présentaient la complémentarité et la cohérence des principaux maillons de la chaîne santé : l’Epidémiologie en temps réel (ETR) et l’Epid-OPEX, le sauvetage au combat, le poste médical, avec une démonstration de réanimation et de mise en condition d'évacuation, le module de chirurgie vitale, illustrant la prise en charge chirurgicale et réanimatoire au plus près des combats, l'atelier Morphée, articulé autour du déploiement d'un module de transport et animé par un équipage de convoyage, l'atelier production d'oxygène et le « Laboratoire du centre de traitement des soignants victimes de la maladie à virus Ebola », où l'« Isoroom ». « Dans l’action, nos armées peuvent également compter sur la chaîne de santé opérationnelle mise en œuvre par le service de santé des Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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Vie du service
Le CMA de Calvi décoré de la croix de la valeur militaire
Le centre médical des armées de Calvi a été décoré de la Croix de la valeur militaire le 27 septembre pour l'engagement sans faille de ses équipes médicales lors de l'opération Serval en 2013. Le courage et le professionnalisme du personnel soignant engagé en opération extérieure sont une nouvelle fois récompensés. La croix de la valeur militaire a été épinglée sur le fanion du CMA de Calvi le 27 septembre par le MGA Debonne, directeur central du service de santé des armées, au cours d'une cérémonie organisée à l'occasion de la création du 2e REP. De janvier à mai 2013, lors de l'opération Serval, médecins, infirmiers et auxiliaires sanitaires ont œuvré sans relâche avec un sang-froid remarquable pour assurer la continuité des soins des militaires français et alliés et pour permettre l'évacuation des blessés sous des combats intenses. Ils ont également pris en charge une soixantaine de militaires tchadiens blessés et près d'une vingtaine de morts. Dans la seule année 2013, la totalité du personnel soignant 12 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
du CMA de Calvi a été engagé dans l'opération Serval. Sur tous les théâtres d'opération, les équipes médicales du service de santé des armées interviennent au sein même des unités combattantes pour prodiguer les premiers soins aux blessés, assurer le premier triage médical et leur mise en condition de survie. Sept CMA arborent sur leur
fanion la Croix de la valeur militaire, témoin de l'efficacité du Service de santé dans le soutien médical des forces armées. Chaque année, 2 000 soignants sont engagés sur tous les théâtres d'opération pour garantir aux blessés les meilleures chances de survie et les rapatrier en moins de 24 heures vers la métropole.
Vie du service
70 ans du CTSA Le 12 novembre 2015, le Centre de Transfusion Sanguine des Armées « Jean Julliard » (CTSA) a célébré ses 70 ans. Une cérémonie a rassemblé sur l’îlot Percy aux côtés de la directrice, le médecin général des armées Jean-Marc Debonne, directeur central du Service de santé des armées, les deux précédents directeurs du CTSA, les médecins généraux Fabre et Joussemet ainsi que M. François Toujas, directeur de l’Etablissement français du sang.
L
e CTSA a pour mission de soutien transfusionnel des Forces et des hôpitaux militaires des deux plateformes nord et sud. Cette commémoration a permis de retracer l’histoire de la transfusion sanguine, très étroitement liée à celle de la médecine militaire et du plasma lyophilisé (PLYO ou FLYP pour French LYophilised Plasma). Les activités du CTSA en médecine régénérative ont également été mises à l’honneur au travers de la production de cellules souches (hématopoïétiques et mésenchymateuses) et des greffons cutanés. Dans son discours, le Directeur central a souligné que « Si le CTSA est riche de son histoire, de son savoirfaire, de ses brevets, il est avant tout riche des personnels qui le composent et qui l’animent. » L’ensemble des activités du CTSA sont assurées quotidiennement grâce à la très forte implication, à l’engagement et au dévouement de l’ensemble du personnel du CTSA qui œuvre pour apporter le meilleur produit en tout temps, tout lieu, toute circonstance, dans des délais souvent contraints. Ainsi, le lendemain, le CTSA a dû faire face à des besoins exceptionnels suite aux attaques terroristes au cœur de Paris. Dès 7H30 le samedi 14 novembre, l’ensemble du personnel militaire et civil était présent pour accueillir plus de 500 donneurs de sang volontaires venus spontanément des communes environnantes. 164 donneurs, essentiellement de groupe sanguin O ont été retenus le jour même et 132 ont été prélevés. La préparation des produits collectés et leur qualification ont été réalisées durant le week-end pour permettre leur disponibilité immédiate et près de 800 promesses de dons ont été relevées sur 4 jours.
Repères historiques - 15 juin 1667 : à Paris, Jean Baptiste Denis réalise avec succès première transfusion de sang d’animal à l'Homme. - 1676 : un édit du parlement interdit la transfusion sanguine, responsable d’accidents hémolytiques mortels - XIXe siècle : premières transfusions de sang humain comme traitement de l'hémorragie aiguë du post-partum - 1902 : découverte du groupe sanguin ABO, par Karl Landsteiner - XXe siècle : les deux conflits mondiaux vont favoriser l’accroissement rapide des connaissances de la médecine militaire en matière de transfusion sanguine et leur transposition à la médecine civile. - fin de la seconde guerre mondiale : les Etats Unis développent la technique de lyophilisation du plasma humain. - 12 novembre 1945 : le commandant Jean Julliard prend la direction du premier établissement central de réanimation-transfusion militaire et produit du plasma sec, idéal pour traiter le blessé hémorragique de guerre - 1955 : l’établissement passe sous la tutelle de la Direction des Ecoles et des Hôpitaux d'Instruction et devient Centre de Transfusion et de Réanimation de l'Armée (CTRA) - 1972 : le centre acquiert sa dénomination actuelle, Centre de transfusion sanguine des armées "Jean Julliard" et sa mission tripartite d’approvisionnement des forces, de laboratoire spécialisé en hémobiologie et de recherche - 21 février 1996 : suite à la loi relative à la sécurité en matière de transfusion sanguine et de médicament, seule l’antenne de transfusion sanguine de l’Hôpital d'Instruction des Armées Sainte-Anne à Toulon est conservée pour fusionner avec le CTSA sous statut d’Etablissement de Transfusion Sanguine rattaché à la Direction Centrale du Service de Santé des Armées. - 2000 : le site du CTSA de Clamart emménage dans un nouveau bâtiment sur le site de l’îlot Percy - 2002 : le CTSA est certifié ISO 9001 - 2015 : le laboratoire de biologie médicale (LBM) du CTSA est le premier LBM du service de santé des armées accrédité par le Cofrac, selon la norme NF en ISO 1589.
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Actualités
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Courage et dévouement Une infirmière de l'hôpital Percy a été décorée pour son intervention sur les lieux de l'attentat contre le journal Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015, l'infirmière de classe normale (ICN) Anaïs termine sa 1re nuit de garde comme stagiaire à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Infirmière depuis quatre ans dans le service d'hématologie de l'hôpital Percy (Clamart - 92), elle vient se former à la prise en charge du blessé en situation d'urgence, en pré-hospitalier. Vers 11 h 30, son équipe est appelée pour intervenir sur une victime blessée par balle. En arrivant sur les lieux du drame, l'infirmière entend des détonations. L'équipe de l'ambulance de réanimation découvre les nombreuses victimes de l'attentat contre le journal Charlie Hebdo. Les victimes blessées par balles, choquées et prostrées sont rapidement prises en charge. Pour son intervention avec sang-froid et professionnalisme, l'ICN Anaïs a été décorée de la médaille « acte de courage et dévouement ». L'expérience l'a marquée. Mais, l'infirmière garde la tête sur les épaules. « C'était le première fois que j'étais confrontée à ce genre de situation. Cela m'a confortée dans ma vocation d'infirmière militaire. J'ai une pensée pour tous les militaires en opérations extérieures qui font face à ce genre de situation », explique-t-elle.
Baptême de promotion à l’École de santé des armées Le samedi 3 octobre 2015, la promotion 2014 des étudiants en médecine de l’École de santé des armées (ESA) de Lyon-Bron a été baptisée du nom « Médecins de la Grande guerre » au cours d’une cérémonie présidée par le médecin général inspecteur Patrick Godart, directeur central adjoint du Service de santé des armées (SSA). Ce baptême de promotion est l'un des événements les plus importants de la scolarité des santards. Traditionnellement, il a lieu aux alentours de la Saint-Luc, patron du Service de santé des armées, qui a lieu le 18 octobre. Lauréats du concours de première année, les 93 élèves de la promotion 2014 ont choisi comme nom « Médecins de la Grande guerre », rendant ainsi hommage à des figures emblématiques du Service de santé des armées. Il s’agit désormais pour les jeunes élèves d’inscrire leurs pas dans ceux de leurs illustres parrains qui, il y a 100 ans, ont été engagés sur le front.
14 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
L’École de santé des armées (ESA) Unique centre de formation initiale des médecins et des pharmaciens des armées depuis le 2 juillet 2011, l’École de santé des armées accueille près de 650 élèves. La durée de formation pour les médecins est de 9 à 11 ans dont 6 ans passés à la fois à l’ESA et à la faculté de médecine de Lyon. Pour les pharmaciens, vétérinaires et dentistes, 6 ans de formation sont nécessaires. En 2016, l’ESA accueillera les élèves de l’École du personnel paramédical des armées (EPPA) de Toulon.
Actualités
ière Une infirm
en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref…
poète
L'infirmière de classe normale Julie, responsable d'antenne au CMA de Montlhéry, vient de publier un recueil de poésies. Intitulé Blue Line, cet ouvrage a été écrit à quatre mains avec le LCL Collet de l'État-major au corps européen à Strasbourg, lors d'une mission commune au Liban.
Cette mission sous tension en territoire contrasté les a inspirés tous les deux. Les soirées de lecture et d'écriture ont été un véritable « exutoire » et leur ont permis de traduire leurs ressentis de ces quatre mois passés au Liban. Chacun avec son propre style, dépeint cette frontière-barrière « Blue Line », créée en juin 2000, après le retrait israélien du Liban. Leurs poèmes effleurent tous les sujets avec violence ou douceur. L'ICN Julie sera présente à la plupart des festivals littéraires pour promouvoir son recueil. En 14 ans de service, l'ICN Julie a servi dans la Marine nationale puis au service psychiatrie de l'HIA Bégin avant de rejoindre Vincennes, puis Melun. Cette passionnée de littérature cumule les savoir-faire : première sophro-relaxologue des armées, présidente des sous-officiers et mère de trois enfants, elle écrit depuis l'âge de 12 ans. Connue sous le nom de « Jul », elle a remporté une vingtaine de concours de poésie. Une carrière bien remplie pour cette infirmière militaire qui fait honneur au Service de santé des armées.
Le livre est en vente dans toutes les librairies de France : Blue Line Jul-Jean-Marc Collet Éditions Langlois Cécile www.editionslangloiscecile.fr Prix : 14 €
Visite au centre d’excellence pour la médecine militaire (OTAN)
Le MGI Patrick Godart, directeur central adjoint du SSA, a rendu visite au Mil Med CoE de Budapest en Hongrie, les 14 et 15 octobre 2015. Il a rencontré le directeur, le Brigadier Général Stefan Kowitz (DEU), ainsi que les responsables des départements RETEX, formation et interopérabilité. Ce Centre d'excellence unique dans le domaine de la santé et le SSA travaillent ensemble pour le développement du système ASTER (surveillance épidémiologique en temps réel) au sein du centre de surveillance épidémiologique de l'OTAN à Munich. Dans le domaine de l'enseignement, la coopération se fait pour l'évaluation des capacités médicales, avec l'École du Valde-Grâce, et des cours de surveillance épidémiologique, destinés aux personnels médicaux appelés à être projetés dans des Rôles 1 à 3, sont assurés par le CESPA depuis fin 2013. Le SSA et le Centre d'excellence accompagnent un projet de Trauma Registry, dont l'expérimentation est en cours, au profit de l'OTAN. Le SPRA certifié organisme de formation
Le Service de protection radiologique des armées (SPRA) a obtenu le 13 octobre 2015 par le Comité français de certification des Entreprises pour la Formation et le suivi du personnel travaillant sous Rayonnements Ionisants (CEFRI), la certification pour la formation des Personnes compétentes en radioprotection (PCR). Une exigence qui s'impose à tous les organismes de formation à compter du 1er janvier 2016 pour la
formation des Personnes compétentes en radioprotection (PCR). Le SPRA est le 2e organisme de formation en France à l'obtenir. La Division formation du SPRA est ainsi autorisée à former les PCR de la Défense de niveau 2, pour les secteurs « médical » et « industriel », options « sources radioactives scellées » et « sources radioactives non scellées ». Le travail et les efforts de l'ensemble du personnel depuis plus d'un an se voient légitimement récompensés. Un trophée financier pour le ravitaillement sanitaire Le commissaire principal Sylvain Lebouché et monsieur Dominique Dasa du centre de services partagés dépenses du service de santé des armées (CSPdSSA) ont reçu l’un des 5 trophées financiers de la défense pour leur projet « Formation e-learning à l’application chorus au moyen de tutoriels ». La formation continue à l’application chorus se révèle complexe et l’ensemble des processus sont écrits sur des supports « papier » peu attractifs. L’innovation a consisté à passer au support numérique, au moyen de didacticiels accessibles en ligne sur un site intradef dédié à la formation à distance. L’idée centrale du projet repose sur la notion de « savoir collectif » puisque chaque spécialiste en son domaine est invité à faire partager ses connaissances et son expertise en participant à la réalisation des vidéos sur son poste de travail. Plusieurs dizaines de supports vidéo ont d’ores et déjà été réalisés par des cadres financiers et sont utilisés par les agents de cette entité. Cette formation e-learning a permis d’accroître les connaissances des agents et d’harmoniser les méthodes de travail de l’ensemble des acteurs du site. La mission innovation et participative de la direction générale de l’armement a été sollicitée et a accepté de contribuer au financement de ce projet en vue de le développer et le généraliser au ministère de la défense.
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DCSSA : la nouvelle gouvernance Directeur central du service de santé des armées (DC)
Directeur central adjoint du service de santé des armées (DCA)
Médecin général des armées
Médecin général inspecteur
Jean-Marc Debonne
Adjoints au directeur central (AAD) Adjoint "Offre de soins et expertise" Médecin général inspecteur
Patrick Godart
Sous-directeurs (SD) Sous directrice "Hôpitaux recherche"
Dominique Vallet
Administrateur civil hors classe
Adjoint "Emploi"
Sous directeur "Plans Capacités"
Médecin général inspecteur
Philippe Rouanet de Berchoux
Adjoint "Ressources spécialisées" Médecin général inspecteur
Floriane De Dadelsen
Médecin général
Pierre Lecureux
Sous directeur "Appui à l'Activité"
Rémy Meesemaecker
Administrateur civil hors classe
Adjoint "Personnel et écoles"
Sous directeur "Ressources humaines"
Médecin général inspecteur
Anne Robert
16 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
Franck Capini
Médecin général
Serge Cueff
Inspection Inspecteur général du service de santé des armées (IGSSA)
Inspecteur du service de santé des armées (ISSA)
Médecin général des armées
Médecin général inspecteur
Ronan Tymen
Eric Darre
Directeur de projet "ouverture"
Chef de la division "Performance synthèse"
Officier général "Transformation"
Monsieur
Médecin chef des services
Médecin chef des services
Jean-Marc Braichet
Jean-François Catajar
Hervé Foehrenbach
Autorités de coordination (AC) AC "soutien santé des opérations" Médecin en chef
Lionel Clerc
Chargé de mission "interministériel" Médecin en chef
Claude Fuilla
AC "sciences et techniques de la santé" Médecin chef des services
Christophe Rogier
Officier "Considération" Commissaire en chef de 1re classe
Maryse Laurent AC "parcours de santé et offre de soins"
© Photos : CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA, ECPA-D
Médecin chef des services
Yves Claudot
Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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info transfo
Plateforme militaire
hospitalière IDF : inauguration de matériels de pointe à Bégin L'hôpital d'instruction des armées Bégin (SaintMandé – 94) a inauguré, le 14 octobre, un robot chirurgical Da Vinci® Intuitive Surgical et un laboratoire « P3 ».
© C.Lebertre - DICOD
T
ransféré cet été du service de chirurgie urologique de l'hôpital du Val-de-Grâce avec une partie des équipes, le robot chirurgical de pointe permet d'atteindre la meilleure qualité de soins possible : amélioration des conditions techniques d'intervention pour le chirurgien et diminution du saignement, du risque infectieux, de la douleur post-opératoire, de la durée d'hospitalisation et de convalescence pour le patient. Ce transfert de compétences techniques et humaines du Val-de-Grâce à Bégin correspond à la montée en puissance de la plateforme militaire hospitalière d'Île-de-France, conformément au modèle « SSA 2020 ». Les équipes s'étoffent et s'enrichissent de compétences nouvelles, de possibilités de formation et d’évolution dans un cadre motivant. Des coopérations inter hospitalières, notamment avec les partenaires de la santé publique, devraient être développées.
Le nouveau laboratoire de confinement P3 est, quant à lui, un outil nécessaire pour Bégin, hôpital référent pour le diagnostic biologique des agents infectieux émergents et des agents hautement pathogènes. Spacieux et ergonomique, il vient remplacer le laboratoire modulaire mis en place en 2007, plusieurs fois sollicité dans le cadre des alertes sanitaires, notamment lors de la prise en charge des deux seuls patients atteints de maladie à virus Ebola rapatriés en France.
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Vers un nouveau centre de traitement des brûlés à Percy
Un centre de traitement des brûlés de nouvelle génération va voir le jour au sein de l'hôpital d'instruction des armées Percy (Clamart – Hauts-de-Seine) d’ici à 2017. Il viendra renforcer le rôle dévolu à l'hôpital militaire : accueillir les blessés de guerre les plus lourds en provenance des théâtres d'opération et répondre à l'exigence du modèle « SSA 2020 ».
des armées. Elle fait suite à l'ouverture, en avril 2015, de la maison des blessés et des familles sur le même site. Elle illustre la préoccupation constante du ministère de la Défense pour les militaires blessés en entraînement ou en opération et sa volonté de leur offrir un parcours de soins digne et de haute qualité jusqu'à leur réinsertion professionnelle et sociale.
Monsieur Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, a posé la première pierre du nouveau CTB le mercredi 7 octobre
Le nouveau CTB de Percy sera une réalisation de très haute technicité comprenant 18 lits de grands brulés et 3 salles d'opération. La construction, sur l'emprise actuelle, d'un nouveau bâtiment d'une surface de 3200 m2 permet d'augmenter la capacité pour faire face à un afflux massif de brulés et d'améliorer l'intimité, le confort et la surveillance des patients. La construction de ce nouveau centre de traitement des brulés s'inscrit dans la cadre de la réforme hospitalière militaire du Service de santé
Inauguration
du bâtiment d’ingénierie biomédicale
Le Bâtiment d'ingénierie biomédicale (BIB) a été inauguré le 15 octobre à Orléans. Lieu de stockage et de préparation des produits de santé, mais aussi « laboratoire » de conception et d'innovation, le bâtiment d'ingénierie biomédicale est un outil pour permettre au SSA de répondre au contrat opérationnel qui lui est confié par les armées. « C'est grâce au travail de conception et à la constitution et au stockage des Unités Médicales Opérationnelles que nos équipes peuvent agir sur le terrain » a souligné le médecin général des armées Jean-Marc Debonne, directeur central. Les unités médicales de circonstances, tels que le kit d'évacuation et le laboratoire P3 mobile projeté en Guinée pour faire face à la crise Ebola, sont en partie mises au point au sein du BIB. Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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info transfo
Pour une infectiologie militaire renouvelée À l’instar des armées, le service de santé se transforme et met en œuvre, depuis le début de l’année 2015, le modèle SSA 2020. Ainsi, l’infectiologie militaire s’exercera dorénavant sur deux pôles : les plateformes du SSA en Île-de-France et dans le Sud-Est.
Plateforme PACA : des partenariats historiques en cours de formalisation
Plateforme IDF : une proximité profitable avec l’Institut de recherche de Brétigny C’est en Île-de-France que l’infectiologie militaire, au travers de ses partenariats bénéficiera du meilleur soutien technique et d’une dynamique scientifique dans les domaines de la vaccinologie, de la physiopathologie, de la pharmacologie et des résistances aux antibiotiques. Les services cliniques et biologiques de la plateforme militaire Ile de France, appuyée par l’IRBA, collaborent déjà avec l’Institut Pasteur à Paris*. Le service de maladies infectieuses et tropicales de l’HIA Bégin, associé au service chargé de la microbiologie, constituent, comme leurs homologues de l’HIA Laveran, un pôle d’excellence en infectiologie clinique, notamment avec son expertise dans l’accueil des deux premiers patients atteints d’infection par le virus Ebola en France. À l’IRBA de Brétigny-sur-Orge, un bâtiment confiné et de larges installations permettront bientôt au SSA de mener les recherches biomédicales dont les armées ont besoin. Grâce au laboratoire NSB4, emblématique de l’effort consenti par la nation pour protéger ses soldats
et la population civile, le service augmentera sa capacité diagnostique des agents les plus dangereux, ceux de classe 4, comme les fièvres hémorragiques, la variole et autres infections à poxvirus.
Modèle SSA 2020 : meilleure transversalité interne et dynamique d’ouverture Trois « autorités de coordination » ont pris leurs fonctions auprès du Directeur central en septembre 2015. Leur mission est double : - mettre en place un processus transversal d’évaluation des besoins de santé pour apporter une réponse efficace et performante ; - assurer la coordination de programmes transversaux concernant les 5 différentes composantes du SSA et ses partenaires civils et militaires (EMA, DGA, etc.). Une première hiérarchisation des enjeux en infectiologie sera réalisée dans les prochains mois. Ce travail collaboratif impliquera les principaux acteurs du SSA, qu’ils soient médecins de CMA, cliniciens ou biologistes hospitaliers, spécialistes de santé publique, chercheurs ou responsables du ravitaillement.
Sources Bcissa
* Accord-cadre signé le 14 avril 2014
© Bruno Gourby - IRBA
En PACA, l’infectiologie militaire devrait bénéficier d’un partenariat avec l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) « Méditerranée Infection » : cliniciens, microbiologistes, chercheurs, épidémiologistes, experts de santé publique et des sciences humaines et sociales militaires et civils pourraient être regroupés. Le SSA collabore avec ou participe déjà à l’IHU, par le biais des équipes cliniques et biologiques de l’HIA Laveran, des chercheurs en virologie, parasitologie, et entomologie de l’IRBA-implantation marseillaise, les experts en santé publique du CESPA, des vétérinaires et des personnels des CMA de la région ou d’outre-mer. Héritage de plus d’un siècle entre enseignants universitaires et experts SSA du Pharo, ce partenariat SSA-IHU sera formalisé sous un angle clinico-scientifique. L’objectif : une meilleure connaissance du risque infectieux et une qualité de soins au meilleur niveau international, en
particulier dans le domaine diagnostic et traitement, grâce à des compétences mutualisées et de plateaux techniques élargis.
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info transfo
La plateforme militaire hospitalière PACA en marche Depuis un an, les HIA Sainte-Anne et Laveran se sont rapprochés dans le cadre de la création de la plate-forme militaire hospitalière sud. Reconnu par l’Agence régionale de santé (ARS) comme l’un des trois « trauma-center » régionaux de niveau 1, l’HIA Ste Anne s’est inscrit dans une réorganisation de l’urgence au niveau civilo-militaire de toute la région Paca. « La capacité de fonctionnement de l’ensemble de l’établissement a été renforcée : plus de personnels paramédicaux dans les services de soins et au bloc opératoire, plus de praticiens, médecins, pharmaciens répartis dans l’ensemble des services » explique le MCS Thierry Bruge-Ansel,
médecin-chef adjoint. Les activités chirurgicales sont privilégiées, puisqu’à terme Ste Anne comptera douze chirurgiens orthopédistes. Cela répond à une double vocation : le soutien des forces et la participation à l’offre publique de soins. »
"civile" et plus particulièrement la cancérologie, notamment la chirurgie du cancer du poumon », ajoute-t-il. Celle-ci représente une cinquantaine d’interventions par an sur les 350 exécutées au titre de la chirurgie thoracique. « Cela répond à un besoin de la population » conclut-t-il.
Transfert de compétences de Laveran Depuis un an, l’hôpital Sainte-Anne (Toulon) permet aux patients de bénéficier d’une offre de soins notamment en cancérologie dans le service de chirurgie thoracique transféré de l’HIA Laveran (Marseille). « Il fallait que l’hôpital s’organise pour recevoir ces urgences lourdes, explique le MC Avaro, chef de service thoracique et vasculaire. Le gros de notre activité, c’est la médecine
Collaboration avec la santé publique Depuis un an, les chirurgiens urologues opèrent la cancérologie urologique à Sainte-Musse, selon un projet médical commun aux deux établissements. D’autres collaborations au niveau logistique et administratif existent telles que les urgences neuro vasculaires, la neuro chirurgie ou encore la prise en charge des affections ostéo articulaires.
Les centres médicaux des armées Au premier semestre 2015, la cartographie des CMA et de leurs antennes a été présentée à l'EMAT. Le périmètre du CMA NG a été repensé pour éviter que les CMA soient à cheval sur une même BDD.
Les Centres médicaux des armées (CMA)
Région parisienne Lille Cherbourg
St-Germain-en-Laye
Charleville-Mézières
93
Creil
Évreux Paris
Rennes
Metz
78
Phalsbourg
Verdun
Montlhéry
Orléans - Bricy
Vannes Coëtquidan
St-Dizier Chaumont
92
Nancy
Strasbourg
Épinal - Luxeuil Angers Le Mans Saumur
Mont-de-Marsan
Tours Bourges - Avord ClermontFerrand
Angoulême
Bordeaux Cazaux
75
Vélizy-Villacoublay
Vincennes 94
Colmar Belfort
Poitiers St-Maixent
Rochefort Cognac
Paris
Versailles
Brive
Montauban - Agen
Dijon
Besançon
La Valbonne
Lyon Mont-Verdun Valence Nîmes - Orange Laudun
Istres Toulouse - Castres Salon-de Provence Pau - Bayonne Carcassonne Marseille Tarbes Aubagne
Grenoble Annecy Chambéry Gap St-Christol Draguignan Toulon Calvi
Légendes : CMA dissous
CMA actuels 46 en 2015 CMA NG 2015
Ventiseri - Solenzara
© BCISSA/DCSSA
Brest - Lorient
Mourmelon Mailly
Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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focus
Ebola : un an après, l’heure du bilan
Le CTS reçoit une équipe ministérielle
L’ensemble des acteurs français de la lutte contre Ébola se sont réunis à l’école du Val-de-Grâce pour un retour d’expérience organisé par la DCSSA, en collaboration avec les directions générales de la santé et de l’offre de soins.
Tous les intervenants ont souligné l’efficacité et la réactivité du SSA dans la gestion des crises sanitaires, dans la lutte contre Ebola comme lors des attentats qui ont frappé la capitale en le 13 novembre dernier. Benoit Vallet, directeur général de la santé, a rappelé la précieuse collaboration entre la DGS et le SSA à la fois pour l’action contre Ebola et lors des attentats. Le professeur Delfraissy, coordonnateur national de la Task Force interministérielle a salué « la motivation du personnel soignant et la très haute technicité du centre de traitement des soignants » déployé par le SSA et les armées en Guinée, de janvier à juillet 2015. Cette structure de soins unique a pris en charge plus de 61 soignants guinéens et internationaux, dont 26 contaminés. 22 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
©ECPA-D
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ette demi-journée d’étude le 2 décembre 2015 visait à enrichir l’action collective menée en réaction à l’épidémie Ebola dès l’été 2014. Le ministère de la santé avait sollicité le SSA, comme il l’avait à fait en 2005 lors de l’épidémie de Chikungunya à La Réunion, puis en 20092010 lors de l’épidémie de grippe A. Cliniciens, épidémiologistes et chercheurs du SSA avaient été rapidement intégrés aux groupes de travail interministériels chargés d’élaborer les procédures de prise en charge des patients. Le dispositif de veille sanitaire de défense avait été mobilisé et l’HIA Begin, désigné par le ministère de la santé comme établissement de santé de référence, avait pris en charge les deux patients contaminés accueillis sur le territoire national.
MGA Jean-Marc Debonne, École du Val-de-Grâce, le 2 décembre 2015
Médecin général des armées Jean-Marc Debonne, Directeur central du service de santé des armées « L’organisation conjointe de cette manifestation est l’aboutissement de la collaboration étroite dont nous avons fait preuve tout au long de la crise. Que ce soit à l’occasion de l’épidémie de fièvre à virus Ebola, ou plus récemment des attentats de Paris, les circonstances ont prouvé que notre efficacité commune ne provient pas de l’addition de nos moyens respectifs, mais bien de leur complémentarité. C’est bien la médecine des forces qui, sur l’ensemble du territoire, pourrait être en mesure d’apporter le complément indispensable pour optimiser la prise en charge des crises sanitaires par notre système national de santé. »
Le Centre de traitement des soignants - Guinée Conakry Une patiente guinéenne guérie retrouve sa fille
Marisol Touraine,ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes « Deuxième priorité, ici en France : je veux que nous renforcions la coopération entre les équipes du ministère en charge de la Santé et celles du service de santé des Armées. Cette coopération existe déjà et fonctionne. Nous l’avons encore vu récemment lors des tragiques attentats du 13 novembre. De nombreux blessés ont été transférés par nos équipes au sein d’hôpitaux militaires. Nous l’avons également vu lors de la gestion de la maladie à virus Ebola : deux évacuations sanitaires, je l’ai dit, ont été prises en charge à l’hôpital militaire Begin. Ces deux seuls cas confirmés pris en charge sur le territoire sont sortis guéris. Je souhaite que nous donnions un nouvel élan à cette coopération en prévoyant un accord-cadre entre les deux ministères. Cet accord devra nous permettre de nous coordonner pour améliorer encore notre réponse aux situations sanitaires exceptionnelles. Il s’agit d’encadrer au préalable la mobilisation des capacités des armées en cas de besoin pour faire face aux crises sanitaires civiles (équipements de protection, hôpitaux de campagne, diagnostic biologique, professionnels de santé des armées et experts). »
« Réactivité et adaptabilité ont été les clefs de la réussite de l’action du SSA et des armées. La conception innovante d’un centre de traitement à Conakry et la mise en œuvre de procédures de prise en charge à Bégin des patients infectés ont permis au SSA, en six mois, d’agir efficacement sur le terrain, aux côtés des autres acteurs. Des compétences particulières étayent les capacités du SSA, comme la préparation spécifique à la prise en charge des blessés de guerre, la surveillance épidémiologique et la veille sanitaire, l’expertise médicale NRBC, ou encore le développement et la production de contre-mesures médicales NRBC, de produits de santé, de dispositifs médicaux ou de produits sanguins labiles spécifiques. Sous réserve de la priorité qu'il doit accorder en tout temps à la satisfaction des besoins des armées, le SSA valorise ses savoir-faire dans un esprit d’ouverture volontaire, en mettant ses capacités et compétences à la disposition de la Nation, en continuité de l’action de l’Etat sur le territoire national […]. Dans cette perspective, je suis tout à fait favorable à la proposition de Madame Marisol Touraine d’établir un accord-cadre entre nos services. À de nombreuses reprises, j’ai eu l’occasion de dire la fierté que m’inspire le service de santé français, la confiance que je veux lui marquer en retour. Je vous renouvelle aujourd’hui cette fierté et cette confiance. » Séance d'habillage à l'HIA Bégin
CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA
©ECPA-D
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense
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Actualités scientifiques et médicales
Phagoburn : première mondiale pour les grands brûlés L’essai clinique du projet « Phagoburn » contre l’antibio-résistance coordonné par l’hôpital d’instruction des armées Percy, a été lancé le 9 septembre. Il vise à évaluer, chez les grands brûlés, la tolérance et l’efficacité de deux traitements anti-infectieux à base de bactériophages.
P
© Photos : Dicod
hagoburn consiste à évaluer la phagothérapie, c’est-à-dire l’usage thérapeutique des bactériophages, prédateurs naturels destructeurs de bactéries, pour traiter les infections cutanées provoquées par les bactéries Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa chez les patients brûlés. Ces dernières provoquent des infections, premières causes de mortalité, environ 4 000 décès par an, chez les patients brûlés. Pour le MC Jault, chef du service d’anesthésie à l’hôpital Percy et investigateur principal de l’essai lancé en juillet 2015, « cet essai ouvre la possibilité d’une nouvelle voie thérapeutique contre ce problème de santé publique ». Cette première étude clinique internationale sur les phages inclura 220 patients répartis en deux bras, soit 110 patients pour chacun des deux cocktails de bactériophages mis au point par Pherecydes Pharma. Elle se déroule dans 11 centres de grands brûlés en France, en Suisse et en Belgique, dont deux en hôpital militaire français : Percy à Clamart (92) et Sainte-Anne à Toulon. Phagoburn s’inscrit dans le cadre d’un projet européen FP7, financé par l’Union Européenne à hauteur de 3,85 millions d’euros.
Les bactériophages sont des virus environnementaux présents partout où se trouvent des bactéries. Leur utilisation à des fins thérapeutiques a été initiée après leur découverte au début du XXe siècle, mais a décliné avec l’arrivée des antibiotiques, considérés comme des médicaments « miracle » à la fin des années 30. Aujourd’hui, la Géorgie, la Pologne et la Russie pratiquent la phagothérapie avec succès et à grande échelle. Phagoburn est le moyen pour l’Europe de valider la phagothérapie selon les critères occidentaux.
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Actualités scientifiques et médicales
Theranexus :
lancement de la phase clinique La société de biotechnologie Theranexus a annoncé le lancement officiel de la phase clinique d’efficacité de son premier programme baptisé THN102, dans le traitement des troubles de l’éveil.
C
ette étude repose sur une collaboration étroite entre Theraxenus et le service de santé des armées. Coordonnée par l’unité Fatigue et Vigilance de l’IRBA dirigée par le médecin en chef Mounir Chennaoui et avec le soutien de la Pharmacie centrale des armées pour la fabrication et la libération des médicaments expérimentaux, cette étude de Phase II est réalisée à l'Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Percy (Clamart) et conduite par le médecin en chef Fabien Sauvet, spécialiste du sommeil à l’IRBA. Le médecin en chef Fabien Sauvet, spécialiste du sommeil à l’Irba, conduit cette étude en double aveugle avec un groupe placebo. Le placebo et le produit sont administrés en trois doses à des volontaires privés de sommeil. Cette étude permettra d’évaluer les capacités de THN102, notamment sur les capacités de maintien en éveil et les performances cognitives (attention, mémoire).
© Photos : ECPA-D
Elle est soutenue financièrement par la Direction générale de l’armement (DGA) dans le cadre d’un projet RAPID (Régime d’appui PME pour l’innovation duale). Cette étude sera suivie d’une étude de phase II chez le patient narcoleptique.
Expérimentations de l'unité "fatigue et vigilance" de l'IRBA
Troubles du sommeil
Parmi les troubles de l’éveil et du sommeil, il existe notamment : • l’apnée du sommeil ou syndrome d’apnées–hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS). Il touche près de 4 % de la population et conduit à une somnolence journalière excessive en dépit des traitements actuels. • La narcolepsie, maladie rare, caractérisée par un temps de sommeil excessif : l'individu ressent une extrême fatigue et peut s'endormir involontairement à tout moment. La maladie débute généralement à l’adolescence, quel que soit le sexe, mais peut également apparaître plus tardivement (vers 35 ans). Environ 10 000 personnes sont atteintes en France, plus de 500 000 dans le reste du monde. 60 à 70 % des patients sont actuellement suivis avec un traitement qui se révèle insuffisant, d’où la nécessité de trouver un nouveau traitement pour remédier à ce mal réellement invalidant. Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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Actualités scientifiques et médicales
Premières attaques chimiques 1915-1918 : de la surprise à la riposte
En 1915, l'armée impériale allemande utilise pour la première fois une arme chimique létale, le chlore. L'apparition et l'usage des gaz de combat donnent une nouvelle nature à la guerre. Un siècle après, un colloque organisé par l'institut de recherche biomédicale des armées a offert un panorama historique, scientifique, médical, juridique et sociétal des retombées de l'utilisation des armes chimiques.
L
Sous la haute autorité du directeur central du service de santé des armées, en association avec l'École du Val-de-Grâce, l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale, l'Association des Auditeurs et Cadres des Hautes Études de l'Armement, l'Académie nationale de pharmacie, l'Académie nationale de médecine, la Société d'Histoire de la pharmacie et la Société française d'Histoire de la médecine.
26 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
e 22 avril 1915, l'armée impériale allemande utilise pour la première fois le chlore, à Ypres. Elle viole ainsi les termes des conférences de la paix de la Haye de 1899 et de 1907 qui interdisent l'usage de « gaz asphyxiants ou délétères ». Les Français ripostent à l'attaque allemande, en février 1916, à Verdun en recourant au phosgène. Dans une course à l'armement chimique, les Allemands utilisent le sulfure d'éthyle dichloré et des arsines à l'été 1917 dans la région d'Ypres. Le nom français donné à cette molécule soufrée (ypérite) vient du nom de cette ville. Les intoxications n'étaient pas le seul fait des armes chimiques : les fumées issues des explosifs ou des moteurs provoquèrent de nombreux décès ou intoxications dans les milieux confinés qu'étaient les cagnas, les tout nouveaux chars de combat, ou les premiers sous-marins.
Dans cette guerre des gaz suffocants, sternutatoires, vomitifs ou vésicants, les armées apprennent à se défendre. Elles développent des équipements de protection de plus en plus performants : d'abord pour survivre, puis pour combattre durablement en ambiance toxique. Grâce à l'implication profonde des scientifiques dans l'étude des toxiques et à une meilleure connaissance des signes cliniques qu'ils induisent, la prise en charge médicale des intoxiqués s'organise. Le triage et le traitement spécifique immédiats permettent de sauver de nombreuses vies. Par la suite, un dispositif sanitaire spécialisé permet de gagner en efficacité, tandis que des unités sont créées dans le génie et l'artillerie pour déployer l'arme chimique. Bien après la guerre, il ressort aussi quelques biens de ce conflit dévastateur : des études sur l'ypérite aboutissent à la découverte de la chlorméthine, premier médicament anti-cancéreux, approuvé par la FDA en 1949.
Le traumatisme de l'utilisation des armes chimiques Le recours aux gaz en tant qu'instrument d'extermination non différencié, traduisant l'objectif ultime de faire disparaître l'ennemi, et l'angoisse permanente d'être exposé à ces gaz et à leurs lésions, suscitent une crise psychologique dont les traces seront visibles jusque dans la société civile de l'après-guerre. Le traumatisme provoqué incitera les anciens belligérants à considérer comme hors-la-loi l'arme chimique. Les limites du premier protocole d'interdiction d'emploi des gaz asphyxiants de 1925 conduiront à la signature d'une convention de portée plus large en 1993. L'évolution récente de la menace chimique, avec l'apparition de nouveaux acteurs, conduit toutefois à s'interroger sur l'efficacité réelle de ce corpus juridique. Les armes chimiques représentent de nos jours une menace crédible entre les mains d'États rebelles et d'organisations terroristes. Le maintien d'une posture vigilante et de la préparation, initiée il y a cent ans face à ces attaques, demeure donc indispensable.
Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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Actualités
À suivre dans la presse
et sur les réseaux sociaux « Val de Grâce, l’hôpital de la république » i France 3 - 14 septembre Un documentaire exceptionnel de Caroline Fontaine sur l’hôpital militaire Val-de-Grâce où « les grands de ce monde accourent au moindre pépin de santé ».
l Août 2015 Palmarès des hôpitaux : 5 hôpitaux d'instruction des armées classés : Percy, Val-de-Grâce, SainteAnne, Bégin et Laveran confirment ainsi leur savoir-faire dans 9 domaines avec une note supérieure à 15/20.
j Aventures de médecine France 2 - 13 octobre Les pionniers de l'urgence Michel Cymes en en totale immersion aux côtés des médecins militaires en Guyane plus de 3 millions de téléspectateurs !
l Etre Uneo n° 27 - octobre 2015
Le magazine de la santé - France 5 i à voir en replay sur www.allodocteur.fr
l Usine Nouvelle - 20 novembre 2015 Enquête sur la PCA 5 novembre - Reportage exercice MORPHEE
28 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
26 novembre "Narcolepsie, un médicament à l'essai"
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l Le progrès technologique au service des forces armées Reportage sur le robot chirurgical et le nouveau Bégin
l L'hôpital militaire Bégin Interviews de médecins militaires
l Retour d'expérience sur l'épidémie Ebola l 60 secondes avec Christophe, médecin militaire généraliste
j Secrets d'Histoire À voir en début d'année, une émission tournée à la chapelle du Val-de-Grâce
Suivez et partagez le SSA ! Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015 •
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culture
Livres…
Passeport Santé pour l'Afrique Auteurs : Pierre Aubry - Bernard-Alex Gaüzère Éditions Universitaires Européennes Prix : 53,90 € En Afrique, le voyageur est exposé à plusieurs désagréments et maladies bénignes ou graves. Plusieurs voyageurs meurent chaque année du paludisme ou de la fièvre jaune. Les maladies tropicales sont pour la plupart évitables à condition d’appliquer des mesures de prévention simples mais rigoureuses : règles d’hygiène, vaccinations, lutte contre les insectes, médicaments préventifs essentiellement contre le paludisme. Rédigé par des médecins tropicalistes enseignants, il entend contribuer à une meilleure connaissance des risques encourus par les voyageurs ou les expatriés se rendant en Afrique. Les voyageurs et les résidents en Afrique, ainsi que les professionnels de santé, trouveront dans cet ouvrage, pays par pays, maladie par maladie, tous les éléments du conseil au voyageur avant le départ, sur place ou au retour.
L'Ambulance 13 - Tome 6 Scénariste : Patrice Ordas - Dessinateur : Alain Mounier Prix : 13,90 €
Loin des tranchées, un médecin défiguré fait face à un autre visage de la guerre. Chirurgien militaire, Louis Bouteloup est désormais entre les mains de ses pairs. Grièvement blessé et défiguré sur le front alsacien, il peut cependant compter sur les talents de sculpteur d’Émilie pour retrouver un visage. Mis hors du cadre de l’armée, Louis est confronté aux peurs de l’arrière, aux monstrueux canons bombardant la capitale. Il découvre aussi le sentiment profond qu’il éprouve pour Émilie. Sera-t-il trop tard pour reconstruire leur vie ?
La médecine militaire en cartes postales (1880- 1930) Auteur : Jean-Marie Milleliri Éditions Bernard Giovanangeli Prix : 35 € Retracer l'histoire de la médecine militaire, c'est restituer une somme de dévouements, de découvertes et d'engagements aujourd'hui trop méconnus, c'est aussi ressusciter de grandes figures qui ont fait avancer la science et l'humanité, dans le sillage et parfois à l'avant-garde des armées qui défendirent la France ou qui lui conquirent un immense empire. De cette épopée humanitaire avant la lettre rend aujourd'hui témoignage la remarquable collection de cartes postales de Jean-Marie Milleliri : par cette richesse iconographique, sans précédent sur le sujet, sont restitués l'éventail des missions et des épreuves et la vie même de ces médecins militaires, artisans certes de la colonisation, mais aussi d'un incontestable progrès sanitaire aux quatre coins de la planète. Le présent ouvrage n'oublie pas de rappeler les avancées médicales - très nombreuses - issues des travaux de la médecine militaire, médecine de terrain et d'expérience s'il en fut.
30 • Actu santé • # 141 • octobre - décembre 2015
Amputez Docteur Auteur : Laurent Catelain Éditions Melibee Prix : 18,50 € Année noire en Afghanistan, jeudi tragique ce 4 août 2011, au cours de l'été qui restera le plus meurtrier pour l'armée française engagée depuis 2001 dans cette lointaine contrée d'Asie Centrale. Ce jour-là, une terrible explosion pulvérise un des trois véhicules blindés qui réalisaient, de nuit, une liaison entre la région du Parwan et la Kapisa. Trois hommes sur les cinq occupants sont blessés, dont l'un très grièvement. Le pronostic vital est engagé. Déclaré mort clinique durant le trajet en hélicoptère vers l'hôpital militaire français de Kaboul, le lieutenant-colonel du groupement commando montagne est miraculeusement ramené à la vie. S'en suivra un long combat de trente-cinq mois pour se reconstruire, accepter ce dur coup du sort, le handicap et le regard des autres. Le combat contre les blessures, les douleurs et le handicap a été gagné. Pour ceux qui souffrent quotidiennement dans leur chair, qui doutent de l'avenir, il y a toujours une lumière au bout du tunnel.
Blue Line Auteurs : Jul-Jean-Marc Collet Éditions Langlois Cécile Prix : 35 € Jul et Jean-Marc Collet, poètes disent vrai : leurs vers tiennent parole. Ils relatent l’ivresse de la mélancolie, la violence facile et sordide. Ils nous livrent leurs mots bleuis par la perte de repères. Ils n’ont pas hésité à franchir le pas, les yeux rivés à la mer. Ils ont tenté de promettre un avenir en décryptant la paume de leurs mains.Au premier plan, leurs vers se répondent comme dans un chœur antique. Beau, tragique, flamboyant.