N °1 50
SP ÉC IA L
Actu Santé
www.defense.gouv.fr/sante
Revue du Service de santé des armées
N°150
Printemps 2018
Interview Madame Florence Parly, ministre des Armées
Dossier
Les opérations du SSA Loi de programmation militaire pour le SSA
Spécial N°150 d’Actu Santé : rétrospective sur le SSA
Baptême de la 1re promotion d’étudiants paramédicaux à Lyon
édito
Médecin général des armées Maryline GYGAX GÉNÉRO Directice centrale du service de santé des armées
Soignants militaires, soignants opérationnels
© Photo : A.Thomas-Trophime / DICOD
Q
u’est-ce qu’un médecin militaire ? Il s’agit là d’une délai court pour aller opérer à des milliers de kilomètres question importante pour nous forger notre propre un blessé avant de le ramener sur le territoire national par évacuation aérostratégique. image, notre propre identité. Nul ne peut en douter, l’exercice de la médecine militaire À travers ces exemples que l’on pourrait multiplier, se est un exercice médical d’une dimension particulière. dessinent certaines caractéristiques singulières du SSA Le service de santé des armées assure en tout lieu et en que sont la rusticité et la robustesse, le savoir-faire et l’intoutes circonstances le soutien médical des forces armées : telligence de mise en œuvre pour sauver dans tous les cela signifie un exercice de la médecine spécifique, très environnements, le dévouement et l’oubli de soi aussi. Ces opérationnel au sens militaire du terme, avec un niveau de caractéristiques sont portées par la fraternité d’arme, qui formation et d’entraînement apportant une capacité d’exeroblige. C’est-à-dire la volonté de chacun de participer au cer en milieu isolé, dégradé ou hostile. Spécifique, l’aptitude côté de ses camarades, quels que soient les risques. à exercer en milieu sub-aquatique, marin, terrestre tant en Aux côtés des médecins, œuvrent en synergie complète milieu désertique qu’en montagne, des infirmiers, des auxiliaires sanitaires, ou aérien, ou au combat. Spécifique, des personnels du SSA experts dans la mise en condition de survie d’un des domaines variés, qui agissent en « Le service de santé est une formidable nid de blessés par explosion d’un équipes, soutiennent, accompagnent. entité, totalement opérationnelle, car tous Le service de santé est une formidable engin improvisé dans le désert mases personnels, militaires comme civils, sont lien, sous le crépitement des armes entité, totalement opérationnelle, car tournés vers le soutien des opérationnels. automatiques ; au moins autant que tous ses personnels, militaires comme Notre mission est noble, elle nous porte. Le civils, sont tournés vers le soutien des l’action de l’équipe chirurgicale opéservice de santé la remplit avec une excelopérationnels. rant, sous une tente à 40°C dressée lence qui est à l’image de celle de nos armées en pleine zone aride, ces blessés en Notre mission est noble, elle nous porte. et qui lui est reconnue nationalement comme détresse vitale. Spécifique, la prise Le service de santé la remplit avec une internationalement. » en charge par une équipe médicale excellence qui est à l’image de celle de d’un blessé par explosif ou d’un acnos armées et qui lui est reconnue nacès palustre grave en pleine forêt équatoriale en Guyane tionalement comme internationalement. avec le seul matériel médical porté par le médecin dans un La volonté de donner au SSA les moyens de maintenir lourd sac à dos, en attendant un hélicoptère qui ne pourra cette excellence sous-tend les parties de la loi de programparfois se poser que plusieurs heures plus tard. Spécifique, mation militaire (LPM) 2019-2025 qui le concernent. La le soutien d’une unité du GIGN dans un environnement mise en œuvre de cette LPM nous donnera des marges non sécurisé. Spécifique, l’action du médecin de marine, de manœuvres pour continuer à avancer. isolé au milieu de l’océan, face à la brûlure grave d’un Gardons le cap, avec confiance, car c’est ensemble que homme d’équipage. Spécifique encore, le départ dans un nous emmènerons le Service vers son avenir.
Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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LA PAROLE À 6
Interview de Madame Florence Parly, ministre des Armées
Nous remercions l’ensemble des contributeurs du SSA pour leur participation active à ce numéro spécial d’Actu Santé. Nous sommes également honorés d’avoir recueilli les propos de Mme Florence Parly, ministre des Armées, du général d’armée François Lecointre, chef d ’état-major des armées et des médecins généraux des armées (2S) Gérard Nédellec et Bernard Lafont.
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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Sommaire
ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA 10 Visite de la Directrice centrale à Djibouti, Brèves, Médias et réseaux sociaux
ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT 16
42 DOSSIER
LES OPÉRATIONS DU SSA
Une loi de programmation militaire à hauteur d’hommes, Semaine européenne de la vaccination
INTERNATIONAL 19
La simulation, un outil de formation ultra-moderne aux États-Unis, Le CIMM, Comité International de Médecine Militaire, Premier rôle 2 franco-américain embarqué
INNOVATION 24
Une salle d’attente connectée
73 RESSOURCES HUMAINES
Cotisations UNEO, Parcours professionnels
75 FORMATION
Module Santé Défense, Focus sur le directeur de stage FMI des MITHA
77 VIE DU SERVICE
Rassemblements pour le 3e CMA, Baptême de la promotion d’élèves infirmiers à l’ESA, RCMSO...
81 CHANCELLERIE
Le personnel du SSA à l'honneur
82 LOISIRS VOS TALENTS 26 Concours photos
SPÉCIAL N° 150 28 Rétrospective sur le SSA
DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information Tél. : 09 88 67 27 20 dcssa-bcissa.contact.fct@intradef.gouv.fr • www.defense.gouv.fr/sante Directeur de la publication : médecin général inspecteur Philippe Rouanet ; Directeur de la rédaction : médecin en chef Sandra Reinenbergh ; Rédacteur en chef : capitaine Nadia Filhos ; Graphiste Maquettiste PAO : Technicien supérieur hospitalier Anne-Cécile Delpeuch Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex Tél. : 05 55 93 61 00 Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine routage-abonnement@ecpad.fr Tél. : 01 49 60 52 44 Régie publicitaire : Mme Christelle Touzet (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 58 56 regie-publicitaire@ecpad.fr Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 Dépôt légal : Mars 2018 ; Tirage : 9 000 exemplaires - 4 numéros annuels
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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LA PAROLE À
Interview Madame Florence Parly, ministre des Armées
Quels sont pour vous, les atouts du SSA pour assurer le soutien médical des forces armées en opération extérieure ? Florence Parly : 300 ans d’histoire aux côtés de leurs frères d’armes, la capacité d’adaptation, la recherche permanente d’innovation et d’amélioration des savoir-faire médicaux : voilà l’essence du service de santé des armées. Le SSA, c’est cette âme de pionnier. De pionnier dans le domaine médical, bien sûr, mais aussi sur le terrain car il est composé des personnels toujours prêts à partir et appuyer nos forces armées, où qu’elles soient, assurant ainsi la mission première du SSA : prendre en charge les militaires blessés sur les théâtres d’opération au plus près des combats pour leur garantir les meilleures chances de survie et de récupération. Le SSA est une force précieuse, unique en Europe, où il est seul à pouvoir déployer une chaîne opérationnelle santé globale permettant, dès l’entrée en premier, la prise en charge des blessés militaires en zone de combat jusqu’à leur réinsertion professionnelle. Grâce
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
© P. Mayon / DICOD
Pour ce numéro 150 d'Actu Santé, nous avons eu l'honneur de recueillir les propos de la ministre des Armées qui a accepté de nous livrer sa vision et ses attentes pour le SSA.
à cette capacité exceptionnelle et à la qualité et l’engagement des personnels du SSA, nos militaires en opération peuvent être pris en charge dans les meilleures conditions possibles. Nos engagements nécessitent un appui des équipes médicales pour assurer notre autonomie stratégique et la liberté de nos actions militaires. Cette spécificité du SSA est un atout au soutien des opérations, sur et sous les mers, dans tous les milieux, y compris les plus extrêmes ou hostiles. Sur notre territoire, le SSA a aussi démontré que ses savoir-faire pouvaient être mis au service de la Nation, à sa résilience, comme lors des attentats de 2015 et 2016 ou de la crise Ebola de 2015. Enfin, bien sûr, et vous l’avez deviné tout au long de ma réponse, la principale force du service de santé des armées :
ce sont les femmes et les hommes qui le composent et qui sont prêts à risquer leur vie pour sauver leurs camarades. Le SSA connaît le prix des opérations. Il connait le lourd tribut de l’engagement pour nos forces, pour nos blessés, pour leur vie, leur survie. J’ai notamment une pensée pour vos camarades grièvement blessés en BSS, qu’ils soient auxiliaires sanitaires, infirmiers ou médecins. Je mesure la force de leur courage et je leur adresse mes pensées et mes vœux les plus sincères dans le chemin de reconstruction. Qu’attendez-vous du SSA concernant plus particulièrement la prise en charge des blessés physiques et psychiques de guerre ? L’engagement de nos militaires, parfois jusqu’au sacrifice suprême, nous oblige.
© Véronique.Besnard
C’est un devoir de la Nation à l’égard des femmes et des hommes qui défendent ses valeurs et ses intérêts et qui parfois gardent dans leur chair et, ou, leur esprit, les marques de leur engagement. « Permanent et inconditionnel » voilà comment Emmanuel Macron a défini l’engagement du SSA auprès de nos forces lors de son discours de vœux aux Armées. C’est aussi mon constat, mon attente. J’ai vu toutes les réalisations du SSA pour améliorer la prise en charge des blessés, physiques et psychiques, mais aussi de leurs familles dans ses moments difficiles. C’est bien le signe de cet engagement, c’est aussi la démonstration d’un véritable esprit d’innovation au service des blessés. Tout l’enjeu du SSA, c’est d’être présent à la fois pour intervenir au plus tôt mais aussi dans la durée, à la fois au moment
de la blessure et quand, plus tard, le blessé et sa famille peuvent ressentir de la lassitude et être tentés de baisser les bras. Lors de mes visites auprès de blessés, j’ai pu écouter leurs témoignages
« Le SSA est une force précieuse, unique en Europe, où il est seul à pouvoir déployer une chaîne opérationnelle santé globale permettant, dès l’entrée en premier, la prise en charge des blessés militaires en zone de combat jusqu’à leur réinsertion professionnelle. » et tous me disent leur reconnaissance pour l’attention, la sollicitude et le professionnalisme dont le personnel du SSA fait preuve au quotidien.
Pour l’avenir, j’attends tout d’abord du SSA qu’il poursuive l’adaptation du soutien médical opérationnel aux conditions d’engagements actuelles et futures et qu’il apporte, en permanence, une attention toute particulière au maintien de l’excellence de la prise en charge des blessés.J’attends également de lui qu’il offre le meilleur parcours de santé de proximité au blessé et au militaire soumis à un risque opérationnel, ainsi qu’à la communauté de défense en accompagnant le blessé de guerre jusqu’à l’autonomie la plus complète. Le rapprochement avec le service public de santé constitue l’un des axes forts de l’évolution du SSA : comment voyez-vous la mise en œuvre de cette collaboration ? Je vois, tout d’abord, ce rapprochement du SSA vers les acteurs de la santé ••• Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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LA PAROLE À Madame Florence Parly, ministre des Armées
••• publique comme une opportunité pour le SSA d’asseoir sa capacité opérationnelle, par le maintien et le développement des compétences et savoir-faire particuliers à la gestion des crises sanitaires. Je considère également ce rapprochement comme une condition nécessaire à l’amélioration de la performance du Service, en bénéficiant d’une part, de l’accès à des moyens extérieurs à la Défense (financements, plateaux techniques, ressources humaines, innovations) ; et d’autre part, en renforçant le lien armée-nation afin, notamment, de favoriser le développement du vivier des réservistes. Ce rapprochement s’est récemment concrétisé par l’ordonnance SSA - institut national des invalides (INI) signée par le Président de la République lors du conseil des ministres du 17 janvier dernier. Cette ordonnance inscrit la stratégie d’ouverture du SSA non pas dans une stratégie de diversification et encore moins de concurrence, mais vers une complémentarité avec le service public de santé qui permettra au SSA de s’appuyer sur des acteurs et des outils ad hoc pour remplir sa mission fondamentale, le soutien médical des forces armées. La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 vient d’être présentée. Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs les apports de cette LPM pour le SSA ? Je connais les difficultés du SSA et je mesure son importance dans notre ministère et pour nos forces. J’en connais la qualité tout comme celle de ceux qui le font vivre au quotidien. Je vais
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
vous dire une chose : je considère le SSA comme une pépite et j’y suis très attachée. Il fallait donc se mettre en ordre de marche et cela a commencé à l’été en nommant à sa tête Maryline Gygax Généro, qui a toute ma confiance et toutes les qualités pour relever les défis de l’avenir du SSA. L’étape suivante pour tenir compte de ces défis : c’est la LPM. J’ai donné une consigne claire : l’arrêt des déflations d’effectifs du ministère et une remontée des moyens humains et financiers. La LPM se structure autour de quatre axes majeurs : la condition du personnel, les capacités opérationnelles, la garantie
« J’ai donné une consigne claire : l’arrêt des déflations d’effectifs du ministère et une remontée des moyens humains et financiers » de l’autonomie stratégique tout en s’ouvrant à une coopération européenne, la préparation aux défis futurs par l’innovation. Elle permet de conserver un modèle d’armée complet, cohérent, équilibré et soutenable dans la durée. La stabilisation des effectifs du SSA, les investissements en termes d’équipements et d’infrastructures, permettront au Service de poursuivre son évolution et d’atteindre son ambition opérationnelle. Les femmes et hommes du ministère des armées sont également au cœur de cette LPM. Le personnel du SSA bénéficiera de parcours professionnels valorisés par des rémunérations adaptées aux compétences, des infrastructures
modernisées et de meilleures conditions de vie grâce au Plan famille. Je sais pouvoir compter sur tous les femmes et les hommes qui sont la véritable richesse du SSA, pour ne jamais baisser les bras et réussir. Vous avez récemment présenté comme l’une de vos priorités le Plan famille. Pouvez-vous nous préciser ce que vous attendez du SSA dans la mise en œuvre de ce plan au profit des armées ? En quoi le personnel du SSA bénéficiera des avancées portées par ce plan ? Je l’ai souvent dit : il n’y a pas de soldats forts sans familles heureuses. Ce sont elles qui, les premières, souffrent de l’absence, connaissent les difficultés et partagent les contingences de la vie militaire. Il est vital de préserver un engagement et une vie familiale équilibrée. À ce titre, le Plan famille a pour objectifs : - de mieux prendre en compte les absences opérationnelles ; - de mieux accompagner la mobilité ; - d’ancrer la garnison au cœur de la vie familiale, sociale et culturelle. Le SSA est un des acteurs centraux de ce plan famille. Il doit insuffler une dynamique pour aider les familles dans le cadre de la mobilité, par exemple pour trouver un médecin référent y compris dans les zones les moins pourvues. Le SSA doit aussi faciliter l’accès des familles au système ministériel de soutien psychologique et plus largement à son offre de soin hospitalière. Les personnels du SSA et leur famille, comme tous les civils et les militaires de notre ministère, sont bien évidemment aussi bénéficiaires de ce plan en accédant aux nombreuses améliorations
© Véronique.Besnard
de la condition du personnel, qu’il offre. Je pense notamment à l’effort consacré au logement familial, qui augmentera de 20% en 2018, aux 400 nouvelles places en crèches prévues, ainsi qu’à l’accès à l’ensemble de l’offre d’accompagnement social qui sera facilité par un portail internet unique. L’innovation et la recherche sont au cœur du quotidien du personnel du SSA. Quelles sont vos attentes dans ces domaines ? L’innovation est au cœur de la prochaine LPM. La modernisation et la transformation permettront d’améliorer la performance du ministère. C’est un important levier de simplification du travail et des procédures. Là encore, le SSA a toute sa place. J’attends que le ministère, le SSA,
continuent à être à la pointe de l’innovation sur tous les sujets pouvant améliorer l’exercice médical en opérations. C’est pourquoi la transformation digitale du SSA, en particulier le SI CMA numérique et le projet ISSAN, permettront d’améliorer les conditions d’exercice des soignants militaires sur le territoire national et en opérations, ainsi que la relation patient-professionnels de santé. La télémédecine est appelée à se développer rapidement, le SSA en sera l’opérateur pour le ministère. L’innovation doit enfin être au service de la préparation opérationnelle des militaires. Nous avons par exemple beaucoup d’ambition pour la simulation médicale et opérationnelle. Elle doit encore être développée pour améliorer les compétences des professionnels de
santé militaires. La LPM accompagnera le SSA dans cette démarche. Cette volonté et toutes ces actions, méritent cependant d’être mieux structurées au sein du SSA et au sein du ministère. Des modes de fonctionnement originaux seront mis en place et le SSA aura encore son rôle à jouer, tant au sein du « Defense Lab », futur poumon de l’innovation dans le ministère, que dans l’Agence pour l’innovation de défense, qui pilotera l’action du ministère en termes d’innovation, créera des ponts avec l’économie civile et renforcera notre visibilité internationale. S’il y a bien un service qui a toujours été en pointe de la recherche et de l’innovation et où l’on a toujours besoin de repousser les limites de l’imagination, c’est le SSA. Le Service sera donc un acteur clé de ces futures structures. Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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© Photos : Cédric Bordères / FFDj/Défense
ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA
VISITE DE LA DIRECTRICE CENTRALE À DJIBOUTI Du 11 au 14 mars, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro s’est rendue à Djibouti pour rencontrer le personnel du service de santé des armées soutenant les forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj). Forts d'une longue amitié entre les services de santé français et allemand, la MGA Gygax Généro et le Generaloberstabsarzt Michael Tempel, son homologue allemand, avaient prévu de longue date de se retrouver au centre médico-chirurgical interarmées (CMCIA) où œuvre pour la seconde année consécutive une équipe chirurgicale allemande aux côtés des équipes françaises. La coopération internationale s'est également illustrée par la mise à l'honneur de la directrice centrale, et par voie de conséquence du service de santé des armées dans son ensemble. Le premier ministre djiboutien, en présence de son ministre de l'Intérieur et deux de ses secrétaires du gouvernement, a fait commandeur de l'ordre national du 27 juin 1977 la médecin général des armées Maryline Gygax Généro au cours d'une cérémonie riche en symboles.
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA
la ministre des Armées
Le vendredi 20 avril 2018, Madame Florence Parly, ministre des Armées, a visité l’HIA Laveran. Acteur majeur du soutien et de la prise en charge des militaires blessés et de la communauté défense, cet hôpital est aussi très investi dans sa mission de service public au cœur de Marseille.
© C. Francalanci
La ministre des Armées a été accueillie par Pierre Dartout, Préfet de région PACA, en présence de la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du SSA, de Monsieur Claude d’Harcourt, Directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) PACA, des hautes autorités militaires du territoire et de plusieurs élus locaux. La visite a commencé par le nouveau service des urgences qui compte plus de 23 000 passages par an. Une démonstration d’un réalisme impressionnant a permis de comprendre la prise en charge des blessés en extrême urgence avec la pose d’un drain thoracique sur un mannequin interactif dans la salle de déchocage. Ce service des urgences participe également à la prise en charge pré-hospitalière des gardes du SAMU 13 et de l’alerte Dragon 13 (secours héliportés). La présentation du second scanner des urgences a rappelé la place déterminante de l’imagerie médicale. Elle structure bien souvent le parcours de soins des patients. La réhabilitation du blessé, qui associe une réadaptation globale et cohérente de la blessure physique et psychique est le 2e axe stratégique de cet HIA. La ministre des Armées a eu l’occasion de s’entretenir longuement avec les militaires blessés afin de les encourager et de les assurer de son soutien indéfectible. Elle a également pu constater les actions de ce service orienté vers la patientèle militaire et ouvert au territoire de santé dans le champ du traumatisme psychique. Cette visite a été l'occasion de mettre à l'honneur le MC Emmanuel, récemment blessé en opérations. La médecin général des armées Maryline Gygax Généro lui a remis la médaille des blessés avant que Florence Parly ne lui remette la Légion d’honneur.
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LA COMMISSION DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES FORCES ARMÉES À L’ÉCOUTE DU SSA Le 17 janvier 2018, la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, a été auditionnée par la Commission de la défense nationale et des forces armées dans un contexte de loi de programmation militaire. Une opportunité pour la directrice centrale de présenter à l’Assemblée le Service et ses missions, de dresser un point de situation de la réorganisation débutée en 2015 et de livrer une analyse des défis de demain. LA DIRECTRICE CENTRALE À LA RENCONTRE DU PERSONNEL DÉPLOYÉ EN GUYANE Le déplacement de la directrice centrale du SSA, du 27 février au 2 mars 2018, au sein de la direction interarmées du service de santé des armées (DIASS) et du centre médical interarmées (CMIA) constituait la première visite en Guyane effectuée par un directeur central depuis 2009.
© CC1 E. Chérel
L’HIA Laveran accueille
UNE ORDONNANCE AU SERVICE DU SOUTIEN MÉDICAL DES FORCES Lors du Conseil des ministres du 17 janvier 2018, la ministre des Armées Florence Parly a présenté une ordonnance relative au service de santé des armées (SSA) et à l'Institution nationale des Invalides (INI). Elle renforcera la capacité du SSA à remplir sa mission prioritaire de soutien médical des forces armées et facilitera la mise en œuvre de la politique d'ouverture vers le système public de santé. L'ordonnance favorisera également un parcours de soins coordonné au profit des blessés militaires par la mise en place d'une coopération renforcée entre les hôpitaux des armées d'Ile-de-France et l'Institution nationale des Invalides.
ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA L’ÎLOT PERCY ACCUEILLE DES STAGIAIRES DE L’ECOLE DE GUERRE Le mardi 30 janvier 2018, 15 stagiaires de l’Ecole de Guerre ont visité l’ilôt Percy, pour découvrir ce haut-lieu de la prise en charge des blessés. Les futurs chefs militaires des trois armées, directions et services et de la gendarmerie ont pu apprécier les missions du centre de transfusion sanguine des armées (CTSA), du service de protection radiologique des armées (SPRA), de l’hôpital Percy dont le centre de traitement des blessés (CTB2RC) et le parcours du blessé au sein des différents services cliniques de l’établissement.
L’ESA vice-championne
du Tournoi des grandes écoles
L’école de santé des armées (ESA) a terminé deuxième de la 32 e édition du tournoi sportif des grandes écoles de la défense (TSGED) organisé les 16 et 17 mars derniers, avec un total de 26 médailles.
Résultats • Médaille d’or en aviron indoor, en course d’orientation et badminton • 2e place en handball, volley et natation pour les féminines, médaille d’argent au sabre homme et à l’épée féminine
Cette journée s’est terminée par la visite de la maison des blessés et des familles (MBF), entité unique au sein du ministère des A rmées qui permet d'accueillir les proches du militaire rapatrié et d’apporter un accompagnement adapté lors des soins de suite en ambulatoire.
• Les équipes de rugby, l’escalade et la boxe ont gagné la médaille de bronze, 2 médailles de bronze pour l’épée féminine
L’ensemble des présentations dynamiques a permis de valoriser la diversité des composantes du Service, de la fonction hospitalière à celle de la recherche en passant par la fonction d’expertise.
En escalade, les Santards cumulent une dizaine de médailles en individuel.
© Photos : ESA/CMP 2018
Cette visite a été organisée à l’initiative du médecin en chef Julie-Anne, stagiaire du service de santé des armées au sein de la 25 e promotion de l’Ecole de Guerre à Paris.
Les élèves se sont mesurés aux 12 autres grandes écoles de la défense dans 16 épreuves sportives réparties sur plusieurs sites de la défense. 205 personnes de l’ESA ont participé dont 170 compétiteurs, 15 élèves ostéopathes, 4 élèves pour le soutien santé, accompagnés par 16 encadrants et coaches, soit la deuxième plus grosse délégation du tournoi après celle de Polytechnique. Félicitations aux champions !
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ÇA S'EST PASSÉ DANS LE SSA
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Aide médicale à la population Médecin militaire en poste isolé au Mali Les soldats du désert JT 13 heures - France 2 22 février
IRBA - HIA Bégin Des stages pour s'entraîner à la sieste à l'HIA Bégin JT 13 heures - France 2 - 16 mars
Attentat de Trèbes Interview du MC Martinez Le journal de la santé France 5 26 mars
ESA Baptême du feu pour les futurs médecins militaires 19/20 - France 3 Auvergne Rhône Alpes - 5 avril
OPEX 200 personnels du SSA sont actuellement déployés au Sahel (soit 5% des effectifs de Barkhane) pour mettre en œuvre 3 structures médicales Rôle 2 et 31 équipes médicales Zone militaire - 5 janvier
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HIA Bégin Le chef Akrame propose un repas gastronomique aux patients 12.45 - M6 - 24 janvier
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Date : 01/04/2018 Pays : FRANCE Suppl. : Eco et Entreprise Page(s) : 2 Diffusion : 275310 Périodicité : Quotidien Surface : 70 %
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Culture Le musée du SSA à l'honneur sur le site Sortir à Paris Date : 28/03/2018 Pays : FRANCE Edition : Val De Marne Page(s) : 2 Diffusion : 250095 Périodicité : Quotidien Surface : 46 %
Date : 28/03/2018 Pays : FRANCE Edition : Val De Marne Page(s) : 2 Diffusion : 250095 Périodicité : Quotidien Surface : 46 %
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Module médecine de guerre pour des étudiants civils La Dépêche.fr - 27 mars
160 ans de Bégin
Le Parisien - 28 mars
Pharmacie centrale Reportage Le Monde - 1er avril
Tous droits de reproduction réservés
Évacuation médicale Un membre d’équipage d’un navire des îles Marshall évacué par un hélicoptère de la Marine nationale, avec à son bord une équipe du CMA de Querqueville Ouest France - 25 février Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT
Une loi de programmation militaire à hauteur d’hommes Le 27 mars, le projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2019 à 2025 a été adopté à l’Assemblée nationale par une large majorité. Ce projet de loi, qui acte la remontée en puissance de nos armées, s’est vu enrichi de nombreux amendements de tous les groupes parlementaires, de la majorité comme de l’opposition, tout en gardant le cap fixé par le ministère des Armées. Les discussions vont désormais se poursuivre au Sénat, afin que ce projet de loi, soit porté par le Parlement dans son ensemble.
G
râce à cette LPM « à hauteur d'homme » le SSA consolidera la transformation en cours en répondant aux attentes de son personnel. Le Service va ainsi continuer à s'adapter en anticipant en permanence les évolutions de son environnement pour atteindre son ambition opérationnelle. Concrètement cela se traduit par les mesures suivantes. La ressource humaine du SSA est la clef de la réussite de sa transformation. À ce titre, le Service bénéficiera d’une stabilisation de ses effectifs. Cela permettra de restaurer des marges de manœuvre pour garantir une meilleure progressivité de l’adaptation du modèle hospitalier tout en intensifiant la remontée en puissance de la médecine des forces et l’adaptation des autres composantes.
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
Le SSA disposera de 924 M€ de crédits budgétaires pour financer ses dépenses de fonctionnement et d’équipements, et de 374 M€ pour ses besoins en infrastructure. La dynamique de modernisation des infrastructures du SSA sera confortée par cette programmation et ce, pour améliorer les conditions de travail des personnels. Sur le plan capacitaire, le SSA profitera des efforts de dotation des armées avec des équipements modernisés pour la protection de son personnel (Programme Scorpion de l’armée de Terre) ou l’optimisation des moyens MEDEVAC (PHOENIX MRTT). Acteur de santé reconnu, le SSA poursuivra activement le développement de partenariats avec la santé publique et d’autres ministères, notamment celui de l’enseignement supérieur dans le domaine de la réforme des cycles des études médicales. Le SSA déclinera également l’accord interministériel Défense – Santé signé en avril 2017 dans les territoires de santé. Une politique RH modernisée sera formalisée. Elle détaillera notamment des parcours professionnels valorisants et une politique de rémunération renouvelée et ambitieuse. Des mesures concrètes du « plan famille » seront mises en place durant la prochaine période de LPM : accroissement des offres de garde d’enfants (+20%), création d’une « agence de
Projet de loi de programmation militaire 2019 • 2025 Service de santé des armées
Une LPM à hauteur d’hommes
LPM / 2019 • 2025 / Service de santé des armées
voyage » professionnelle pour supprimer l’impact des déplacements temporaires sur la trésorerie des ménages, augmentation et rénovation des logements Défense, déploiement du WIFI gratuit. Poussée par une volonté ministérielle, l’innovation sera au cœur de la transformation du Service. Les capacités NRBC seront renouvelées pour contribuer à la résilience nationale. La transformation numérique sera un levier majeur de l’évolution de nos performances. Le système d’information ISSAN (Info-Structure SANté, cf. article p.51), adossé aux capacités de numérisation du champ de bataille, améliorera dès 2019 la prise en charge et le suivi des blessés en opération par le SSA. Les projets stratégiques des systèmes d’information (CMA numérique, SI
recherche, CSESaM 1) sont confirmés. La simulation est un outil structurant pour la formation et l’entraînement. Le SSA développera ainsi des infrastructures de simulation ou opérationnelles pour la médecine des forces et l’hôpital. Concernant les partenariats, notamment européens, l’effort portera sur la coopération multilatérale (OTAN et UE essentiellement) par des actions de promotion de l’interopérabilité et du développement capacitaire en commun, et en initiant des capacités militaires médicales opérationnelles avec les États européens volontaires.
1 - CSESaM : Consommation de Soins et État de Santé des Militaires, nouveau nom de l’observatoire de la santé des militaires
Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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ÇA S'EST PASSÉ DANS NOTRE ENVIRONNEMENT
Semaine européenne de la vaccination :
INAUGURATION DES NOUVEAUX LOCAUX DU LASEM DE BREST
protégeons-nous, vaccinons-nous ! La Semaine de la vaccination, initiative lancée en 2005 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est déroulée du 23 au 29 avril dans toutes les régions de France par le biais des agences régionales de santé (ARS). Elle a pour objectifs de rappeler que les vaccins permettent de lutter contre un grand nombre de maladies infectieuses. Se faire vacciner, au-delà de l’objectif de protection individuelle contre des maladies, est un geste citoyen qui sert l’intérêt collectif en évitant la propagation des maladies et en réduisant le risque d’épidémie. Depuis 2013, le SSA est partenaire de cet événement aux côtés de nombreux acteurs tels que les centres hospitaliers, médecins libéraux, pharmaciens, personnel des centres de vaccination et de protection maternelle et infantile, éducation nationale, assurance maladie… Au travers d’actions de communication, d’information, de sensibilisation en direction du grand public et des professionnels de santé, il s'agit de souligner l’importance de la vaccination, rassurer, faire adhérer et augmenter ainsi le nombre de vaccinations.
Le 23 janvier 2018, la cérémonie d’inauguration des nouveaux locaux du laboratoire d’analyses de surveillance et d’expertise de la marine (LASEM) de Brest s’est déroulée sur le plateau du Mesdoun, sous l’égide du contre-amiral Blin, adjoint au commandant de l’arrondissement maritime Atlantique. Ce bâtiment respectueux de l’environnement, est sorti de terre en un an, puisque la cérémonie de la première pierre remonte au 28 septembre 2016 seulement. Le laboratoire rassemble pour la première fois dans une même emprise l’ensemble des services auparavant implantés en différents lieux de la base navale de Brest. Plus de 40 personnes, militaires et civils, marins ou du service de santé des armées, vont désormais œuvrer dans une infrastructure très fonctionnelle et équipée d’instruments analytiques modernes. Leurs missions sont d'étudier les risques radiologiques, surveiller et protéger l'environnement au profit des unités de la Marine, voire de l'ensemble du ministère.
En savoir Site de référence sur les vaccinations : www.vaccination-info-service.fr
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
© JP. Pons / Marine Nationale
Au niveau du SSA, les objectifs sont tournés vers les militaires et la communauté défense. L’effort porte sur une meilleure compréhension des enjeux de la protection vaccinale en s’adressant aux « parents » pour favoriser la vaccination de leurs enfants. Il s’agit aussi de fournir aux patients hospitalisés ou venant consulter dans les HIA des éléments d’information simples sur les intérêts de la vaccination et les inciter à vérifier s’ils sont à jour de leurs vaccinations.
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INTERNATIONAL
La simulation,
un outil de formation ultra-moderne aux États-Unis Médecin en chef BROSSARD, Officier de liaison aux États-Unis
P
arce que la simulation est au cœur du parcours de formation du personnel médical, le SSA veut développer les innovations et la recherche dans ce domaine. Une première étape consiste à se rapprocher de nos alliés. Ainsi, le médecin général inspecteur Philippe Rouanet de Berchoux, directeur central adjoint (DCA) du SSA, s’est rendu à San Antonio, au Texas, du 8 au 12 avril accompagné d’une délégation du Service. Au programme, visite de deux infrastructures de l’US Army et de la Defense Health Agency (DHA) 1 , en charge de la formation et de la simulation au profit des professionnels de santé des différents services de santé US 2 : le « Medical Education and training Campus » (METC) et le « Brooke Army Medical Center » (BAMC). En immersion au METC, la délégation a pu constater le très haut niveau du centre de simulation ultra-réaliste qui assure la formation initiale des 34 000 MEDICS américains. Plusieurs environnements d’exercices ont été recréés permettant d’augmenter l’aspect immersif de la formation : reconstitution de villages, sons et lumières pour la mise en ambiance, utilisation de matériel déployé en opération, mannequins d’un réalisme surprenant... Le centre est également muni d’un
système d’enregistrement audio et vidéo à la pointe de la modernité permettant de débriefer les formations. Le BAMC, employant plus de 8 000 personnels, est l’un des plus importants hôpitaux militaires de l’US Army. Il abrite en son sein une structure de formation par la simulation dédiée aux professionnels de santé des armées américaines, praticiens, infirmiers et paramédicaux. Dans un service anciennement consacré aux soins intensifs, tout l'environnement médical est recréé dans des chambres spécifiques pour chaque thématique de formation (pédiatrie, obstétrique, chambres stériles…), avec mannequin adapté et utilisation du matériel réel. Il est par exemple possible de faire accoucher un mannequin. Cette visite s’est conclue par la présentation du « center for the intrepid », formidable outil au service de la rééducation des blessés. Cette structure a d’ailleurs d’ores et déjà accueilli des blessés français lors de leur parcours de soins.
« Ces échanges avec nos homologues américains ont permis de visualiser et d’appréhender le niveau de capacités et de compétences dédiées à la formation par la simulation au profit des professionnels de santé des armées US : les MEDICS, les manipulateurs radio, les techniciens de laboratoires, mais également les infirmiers en soins généraux et anesthésistes, ainsi que les praticiens. Tous peuvent bénéficier au sein de ses structures, d’un plateau technique de simulation et de formation complet et ultra-moderne, concourant à améliorer l’employabilité opérationnelle et l’interopérabilité de tous les bénéficiaires. Le Service, fort de ces observations, doit poursuivre le développement des innovations en matière de simulation au profit de la formation mais aussi de la médecine de guerre ». MGI Rouanet de Berchoux
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INTERNATIONAL
Le CIMM, Comité International
de Médecine Militaire Médecin général Humbert BOISSEAUX Directeur Adjoint de l'Ecole du Val-de-Grâce
Créé en 1921, après que la première guerre mondiale ait révélé l'importance d'une coopération plus étroite entre les services médicaux des forces armées du monde, le Comité International de Médecine Militaire (CIMM) est une organisation internationale, intergouvernementale. Elle a son siège à Bruxelles, lieu de sa création. Un lieu de rencontres et d’échanges L’idée qui a présidé au développement de cette organisation était l’établissement et la poursuite de liens collaboratifs entre les services de santé des forces armées de tous les états, ceci dans le respect de la souveraineté nationale de chacun. L’objectif est avant tout de favoriser le respect et l'application sur le terrain du droit international humanitaire et des conflits armés. Le Comité International de la Croix Rouge est un partenaire qui apporte son appui pédagogique aux cours internationaux soutenu le CIMM pour la diffusion des Conventions de Genève et la prise en charge des réfugiés et des déplacés. La France fait partie des pays soutenant la fondation. Au fil des ans, de nombreux pays du monde ont rejoint cette association dont l’assemblée générale rassemble aujourd’hui les représentants de 120 pays. Fondée sur le respect absolu des principes de neutralité et d’impartialité, elle réunit tous les deux ans les directeurs centraux (ou leurs représentants) des services de santé de ces états.
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Il est aussi le lieu de rencontre des divers organismes internationaux en charge du sort et de la protection des malades et blessés des forces armées et des populations civiles victimes des catastrophes de tous types. Le 21 mai 1952, l’Organisation Mondiale de la Santé a reconnu le CIMM comme une « organisation internationale spécialisée dans le domaine médico-militaire » et sa mission de développement de ce savoir spécifique. Des liens ont depuis été établis avec les principales organisations médicales
internationales comme par exemple l’Association Médicale Mondiale ou des associations non gouvernementales comme Médecins sans frontière. Dans le sens de la dynamique actuellement impulsée pour la réhabilitation des blessés victimes de guerre, le CIMM a également récemment signé un protocole d’accord avec le Conseil International du Sport Militaire. Ces collaborations sont très diverses et vont au-delà de la santé humaine. Des protocoles d’accord ont été établis en 2006 avec l’Organisation mondiale pour la santé animale ou plus récemment avec l’Association Mondiale Vétérinaire (AMV). Le CIMM est donc un lieu de rencontre exceptionnel pour le SSA, un lieu de contact et d’ouverture vers de nombreuses collaborations utiles à la mission du service de santé des armées.
Un objectif d’excellence pour la médecine militaire Le CIMM a comme objectif une meilleure connaissance et prise en compte internationale de la médecine militaire à travers les évolutions auxquelles
© ECPA-D
Congrès pan européen organisé par la France au Val-de-Grâce en mai 2016.
contribuent les services de santé des états membres. Cette activité scientifique prend la forme de congrès et de cours auxquels le CIMM donne sa caution et dont il est rendu compte dans une revue internationale diffusée largement dans les pays membres. Ces manifestations sont supervisées et coordonnées par un conseil scientifique dont la France assure depuis de nombreuses années présidence et vice-présidence. La qualité du travail effectué et la dynamique impulsée par notre pays en ce domaine y est reconnue avec une confiance renouvelée par l’assemblée générale du CIMM chaque fois que ces mandats ont été remis au vote. Le CIMM soutient donc tous les deux ans l’organisation d’un congrès mondial de médecine militaire. Le dernier a eu lieu du 22 au 26 novembre 2017 à New Delhi en Inde.
Une partie de l’assemblée générale de New Delhi, en novembre 2017
Cette réunion scientifique vise à faire le point sur les sujets d’actualité impliquant les services de santé militaires, la médecine militaire mais aussi la médecine de catastrophe ou la médecine de masse. Des commissions techniques permettent d'ouvrir les travaux aux
domaines de la chirurgie dentaire, de la pharmacie militaire, des sciences vétérinaires, des activités paramédicales, administratives, d’organisation ou de logistique des missions médicales. Dans chacune de ces commissions, la France occupe toute sa place. ••• Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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INTERNATIONAL / Le CIMM, Comité International de Médecine Militaire
Le MGA Godart, représentant la France à la tribune à Delhi
••• Le CIMM promeut également des cours internationaux qui sont validés par son conseil scientifique. C’est notamment le cas de l’enseignement du droit international des conflits armés (DICA) et de l’Ethique organisé par l’Armée suisse en son centre de référence de Spiez. Il assure la formation d'experts internationaux qui animent ensuite ces cours dans d'autres pays du monde. C’est par exemple le cas en Tunisie, Malaisie ou au Brésil. Sur le même mode, d'autres cours spécifiques des divers aspects du soutien médico-militaire sont également assurés. La France vient de proposer de prendre le leadership pour un enseignement de management des professions de santé avec un cours qui sera organisé en langue anglaise à l'Ecole du Val-deGrâce du 8 au 12 octobre 2018.
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Le « Team France » présente à Delhi
Depuis plusieurs années, le représentant français contribue activement à la visibilité de l’expertise qui est reconnue au service de santé des armées. Au sein de l’assemblée générale, il œuvre comme force de proposition afin de contribuer à l’amélioration du fonctionnement du comité et à son efficacité au service de ses missions.
Une opportunité de visibilité pour la médecine militaire française
La France a montré un leadership efficace à la présidence du groupe de travail européen qu'elle a occupé depuis l’organisation du congrès pan-européen de médecine militaire qui s’est déroulé à Paris en mai 2016. La qualité de l'organisation de cette manifestation scientifique et des communications qui y ont été présentées a été reconnue par les nombreuses autorités étrangères présentes. En qualité de président de ce groupe de travail européen, la France a également souhaité contribuer à une meilleure définition des rapports avec l’OTAN.
La France s’est toujours montrée très présente au sein du CIMM, de par la place qu’elle occupe dans le secrétariat général mais aussi par son implication dans les activités qu’il développe.
Enfin, un travail important est mené pour une plus grande implication et visibilité des jeunes praticiens du SSA qui voient ainsi ouverte une
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tribune internationale. La possibilité de communiquer lors des congrès régionaux ou mondiaux du CIMM et de publier en langue anglaise dans sa revue largement diffusée est une opportunité pour le personnel du SSA, une occasion d’étoffer une épreuve de titres importante pour les concours du Service de Santé, un moyen d'accroître la visibilité de la médecine des Forces dont les tribunes internationales ne sont pas si nombreuses. C’est enfin pour les pays membres du CIMM un exemple remarqué, une orientation dynamique pour une médecine militaire de haut niveau scientifique et tournée vers l’avenir. Ainsi, le “Team France” qui s’est récemment rendu à Delhi pour le dernier congrès mondial du CIMM a été écouté avec grand intérêt. Il a reçu le prix William S. Bainbridge du meilleur poster attribué au MC Marie-Hélène de l’IRBA, preuve de la valeur de la recherche du SSA.
En savoir www.cimm-icmm.org
INTERNATIONAL
Premier rôle 2 franco-américain
embarqué
Dans le cadre de la mission Bois Belleau 100 lancée le 21 novembre 2017 pour 3 mois et demi, un rôle 2 franco-américain a été déployé à bord du bâtiment de projection et de commandement (BPC) "Tonnerre". Une coopération inédite pour le service de santé des armées à bord d'un bateau de la Marine nationale.
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u départ de son port-base de Toulon, l'équipe médicale du BPC était constituée d'un médecin et de deux infirmiers, renforcée par un infirmier anesthésiste. À l'escale de Djibouti, ils sont rejoints par une équipe médico-chirurgicale américaine avec un chirurgien, deux médecins urgentistes, une infirmière, un infirmier anesthésiste, une technicienne de bloc et un auxiliaire sanitaire. Pour compléter ce dispositif "light maneuver" américain, s'ajoute un détachement français composé d'un dentiste, d'une médical advisor (MEDAD), d'une technicienne de laboratoire et d'une manipulatrice en radiologie. La première coopération médico-chirurgicale embarquée franco-américaine a ainsi vu le jour permettant d'armer un véritable hôpital flottant de 950 m2 au profit des forces déployées dans la zone. La mission première était de réaliser la réanimation et la chirurgie de sauvetage ("Damage control ressucitation up to damage control surgery"). La doctrine française s'appuie sur 3 piliers : la médicalisation de l'avant, la réanimation et la chirurgicalisation à l'avant et l'évacuation médicale stratégique précoce. Elle s'avère différente de celle
des américains qui privilégient une évacuation rapide vers les structures hospitalières déployées et une évacuation stratégique vers des structures rôle 4 (hôpitaux d'instruction des armées). Ainsi le partage des connaissances, des pratiques médicales entre les deux équipes au travers de divers exercices ont rythmé la mission. Les différentes manœuvres amphibies ont également permis de réaliser un exercice d'évacuation de ressortissants (RESEVAC).
de deux Marines dont un issu du "USS Puller", bâtiment base des US Marines. Avec le déploiement d'assistance aux populations touchées par le cyclone IRMA, la mission Bois Belleau 100 a confirmé de nouveau l'excellente adéquation des moyens médicaux embarqués et l'implication de tous les acteurs du soutien médical à bord du BPC TONNERRE.
MERCN Elodie ALVARO
Cette coopération binationale a été un réel succès permettant la réalisation de deux opérations chirurgicales en faveur
HIA Bégin - avec la participation de l'équipe médicale BB100
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INNOVATION
Une salle d’attente connectée À vos tablettes ! MP Séverine BOUCHIAT, cheffe de service AMACN Magali HAUMANI, secrétaire Service de psychiatrie – HIA Clermont-Tonnerre
Et si l'attente avant la consultation médicale était consacrée au soin plutôt qu'à la lecture d'un ancien numéro de presse people? Voici le pari lancé par la start up Around Innovation avec sa salle d'attente connectée, une première en France.
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aloriser le temps du patient en salle d’attente : tel est le premier objectif de ce dispositif innovant créé par une start up dirigée par un praticien du CHRU de Brest. Installée depuis quelques mois au sein du service de psychiatrie de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Clermont-Tonnerre, la salle d’attente connectée permet à la fois de délivrer au patient une information en rapport avec sa pathologie, mais aussi de recueillir des données qui seront exploitées dans les minutes qui suivent par le médecin lors de la consultation.
1- Accueil au secrétariat et remise de la carte à code
En pratique, mode d’emploi Muni de la carte à QR code remise par le secrétariat, le patient s’installe en salle d’attente et accède à un espace personnalisé et sécurisé. Appelé par son prénom, il se sent pris en considération, se laisse guider par le logiciel et répond à son rythme aux questions posées. La sensation d’attente disparaît au profit de la concentration sur la démarche interactive proposée par la tablette et choisie par le praticien. Il peut aussi exprimer ses points de préoccupation du moment (ex. effets
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secondaires d’un traitement). En début de consultation, il ne faut qu’une trentaine de secondes au médecin pour prendre connaissance des éléments renseignés par le patient. Ce temps gagné est précieux : il laisse plus de place à l’échange et donc à la relation entre le patient et son praticien. Initialement développé pour les pathologies lourdes, ce dispositif parait tout aussi adapté pour des consultations simples ainsi que pour des premiers rendez-vous.
2- Patient en salle d'attente
Un outil facilitant la recherche clinique Quel praticien chercheur n’a pas un jour regretté de n’avoir pu inclure un patient dans un protocole en cours du fait du manque de temps un jour de consultation surchargée ? En effet, au-delà des multiples bénéfices au profit de la prise en charge individuelle du patient, les données recueillies vont aussi permettre un pré-screening des patients volontaires en vue de leur inclusion dans des
© Photos : service psychiatrie HIA Clermont-Tonnerre
3- Prise en compte par le praticien des données saisies par le patient
© Around Innovation
Avis d’un soignant utilisateur
Interface d'accueil du patient
protocoles de recherche. Cette innovation au bénéfice des patients est une parfaite illustration des synergies existantes entre soignants de l’HIA Clermont-Tonnerre et du CHRU de Brest dans le cadre de l’Ensemble Hospitalier Civil et militaire Brestois (EHCM).
Cette innovation mise à disposition des patients est une aide précieuse et pratique pour le clinicien. Facile d’utilisation, elle permet au patient de se préparer à la rencontre avec le médecin et au praticien de comprendre d’un coup d’œil les attentes du patient pour cette consultation. Cette mise en lien préalable permet de faciliter la « synchronisation réciproque » nécessaire à un entretien constructif pour le patient et son projet de soin. Le module psychoéducation permet aussi d’éveiller certaines questions que le patient va pouvoir aborder en consultation. Le système de pré-screening à l’inclusion dans des protocoles de recherche va permettre un gain de temps indéniable pour recruter des patients souvent prêts à s’engager pour l’avancée de la recherche en santé. En conclusion, ce dispositif innovant valorise utilement le temps d’attente du patient et permet au clinicien de focaliser la consultation sur l’essentiel : la relation humaine. MC Jean-Pierre, adjoint service de psychiatrie
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VOS TALENTS Vos talents
Concours photos
Cette rubrique est o uverte à votre créativité ! Envoyez-nous toute l'année vos poèmes, peintures, dessins, BD... avec vos commentaires, à : dcssa-bci.contact.fct@intradef.gouv.fr
Avis aux amateurs ! Tout au long de l’année, nous vous proposons de mettre à l’honneur vos talents cachés. Dans le dernier numéro, nous vous demandions de nous adresser vos photos, véritables capteurs de moments clefs du Service que ce soit au quotidien ou en opération. En voici une sélection : merci aux auteurs de ces 4 clichés !
ESA Bron Exercice de prise en charge des blessés de guerre Septembrax (6e année)
IRBA Recherche en physiologie aéronautique militaire Investigateur, expérimentateur et sujet en nacelle de centrifugeuse humaine Adjudant Christophe Morgado
Contactez-nous N’hésitez pas à nous transmettre vos photos en format haute définition JPEG avec vos crédits photos, légendes et commentaires sur la prise de photo à : dcssa-bci.contact.fct@intradef.gouv.fr
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Exercice de secours en avalanche collaboration 141e Antenne Médicale / PGHM et Section Aérienne de la Gendarmerie de Briançon avril 2016 médecin en Chef Pierre Chouvet 141e AM / 7e CMA
BARKHANE prise en charge blessé ennemi 2016 médecin en Chef Pierre Chouvet 141e AM / 7e CMA
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SPÉCIAL N°150
Spécial N°150 d’Actu Santé : rétrospective sur le SSA
En 1992, le premier Actu Santé voyait le jour en noir et blanc ! Aujourd’hui, ce numéro spécial, le 150 e, se pare d’une nouvelle charte graphique et d’un format plus long exceptionnellement. Il célèbre les 25 années de cette revue qui a retracé les grands événements du Service ! À travers cette rétrospective non exhaustive, retrouvez : • 25 ans d'évolution du SSA, • une étape cruciale, la professionnalisation des armées, • les interviews d’anciens directeurs centraux, • du 1 er au 150 e Actu Santé, extraits, • 150, cela vous fait penser à quoi ?
1992
2018
N°m1p5s 0 2018
Printe
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25 ans d’évolution du SSA Si, depuis sa création, sa raison d’être demeure le soutien médical des forces, le service de santé des armées n’a cessé d’évoluer pour s’adapter à son époque. Avec la fin de la guerre froide, les années 1990 ont été le point de départ d’une nouvelle dynamique de réorganisation, induite à la fois par la professionnalisation des a rmées et la réapparition d’engagements militaires de la France sur de nombreux théâtres d’opérations.
Les 55 Centres médicaux des armées (CMA) en 2012
Les Bases de défense (BdD) en 2019, avec les 16 CMA NG
Une médecine toujours au plus près des forces La médecine des forces évolue ainsi au rythme des forces et du soutien. Les directions régionales sont créées en 2005 pour accompagner la réorganisation territoriale des armées et du commandement. En 2010, le Centre Médical des Armées (CMA) voit le jour en même temps que les bases de défense. L’ensemble des moyens santé
sont concentrés dans un centre médical unique et interarmées. Les services médicaux d’unité deviennent alors des antennes médicales, rattachés aux 55 CMA répartis sur le territoire. Quelques années plus tard, face à la sujétion croissante liée à la situation sécuritaire et afin de renforcer les activités de soin, d’expertise et de préparation opérationnelle au sein des antennes médicales, le format de la médecine
des forces évolue et les fonctions administratives sont désormais concentrées dans les 17 CMA Nouvelle-Génération (16 CMA NG en 2019).
Un rôle renforcé dans la santé publique Le SSA, de par ses activités, est à la croisée de plusieurs environnements, dont le principal est bien évidemment celui des armées, et le second celui de ••• Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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En 2006, la mission du SSA devient duale : les HIA contribuent alors au service public
••• la santé. D’ailleurs, ce positionnement se traduit dans sa mission avec une part croissante donnée à la santé publique au cours des années 2000. Ainsi en 2006, la mission du SSA devient duale : les HIA contribuent alors au service public. En 2010, le SSA concourt au service public de santé avant de devenir un acteur à part entière de la santé publique en 2016 par la nouvelle loi de santé. L’évolution majeure concerne l’hôpital. Après la professionnalisation et la réduction de format des armées qui ont conduit le SSA à redéfinir sa politique hospitalière et à réduire le volume de son parc hospitalier dans les années 1990, les changements récents sont essentiellement liés au recentrage sur la mission de soutien médical aux forces armées, à l’amélioration de la qualité des soins et à la recherche de performance économique. Les activités des HIA sont ainsi réorganisées à partir de 2009 après la mise en place de la tarification à l’activité et pour répondre aux exigences liées à l’obtention des accréditations. Les HIA suivent le mouvement national de rapprochement puis
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de regroupement des établissements de santé, pour assurer une offre de soins de qualité aux militaires malades et blessés des théâtres d’opérations et à nos patients sur le territoire national.
Les grandes réformes La réduction des dépenses publiques se traduit dans les lois de programmation militaire. Le SSA, comme les armées, doit alors rationaliser ses composantes. Avec la fin de la mobilisation, la mise en place des normes ISO et des normes pharmaceutiques, le ravitaillement sanitaire n’a eu de cesse de se remettre en question, tant sur le plan organisationnel que technique. La politique de gestion des stocks évolue vers une réduction de ces derniers. Les unités médicales opérationnelles santé sont complètement repensées au début des années 2000. Le stockage, les activités de constitution et de maintien des dotations sont optimisés et réorganisés entre les deux établissements de ravitaillement sanitaire (ERSA) et l’établissement central des matériels (ECMSSA). Les achats et les finances sont centralisés à la DAPSA
© CC1 E. Chérel / BCISSA
© JJ.Chatard / DICOD
SPÉCIAL N°150
La Pharmacie centrale des armées (PCA)
en 2011 puis au sein de la plateforme achats-finances santé qui sera créée à l’été 2018. Établissements du ravitaillement sanitaire : 1993
2018
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7
établissements - DAEC - PCA - ECMSSA - 3 ECRS - 2 ECMM - 5 EMM - 4 PMP
établissements - DAPSA - PCA - CTSA - ERSA Marseille - ERSA Marolles - ECMSSA - PFAF Santé
La recherche, qui s’était déjà recentrée depuis 2001 sur des études à forte spécificité militaire pour répondre aux besoins réels des armées, planifie dès 2006 son regroupement sur un site unique permettant ainsi une véritable synergie entre les différents projets de recherche. Ce regroupement commencé en 2009 avec la création de l’institut
© CC1 E. Chérel / BCISSA
de recherche biomédicale des armées (IRBA) s’achèvera en 2019 avec la pleine montée en puissance du bâtiment confiné. Établissements de la recherche : 1993
2018 Microscope électronique
4
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établissements - IMASSA - IMNSSA - IMTSSA - CRSSA
établissement
Le bâtiment confiné de l'IRBA
© D. Bain / GSBdD / Lyon
La formation au sein du Service évolue dans le cadre contraint des réformes successives des études médicales et de l’évaluation des pratiques professionnelles. Les écoles de formation initiale des infirmiers et des praticiens des armées sont regroupées sur une même plateforme pédagogique à Lyon-Bron. Ce mouvement, commencé en 2008 avec le transfert sur Lyon de la première promotion d’élèves médecins de l’école du service de santé des armées (ESSA) de Bordeaux, s’achèvera en fin d’année 2018 avec le départ de la dernière promotion d’élèves infirmiers de l’école des personnels paramédicaux des armées (EPPA) de Toulon. Ce regroupement offre les conditions favorables dès la formation initiale au renforcement du binôme médecin-infirmier, dont l’expérience acquise en opérations extérieures démontre l’importance au sein du poste médical (rôle 1).
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IRBA
Cérémonie du baptême de la promotion EPPA 2016-2019
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En 2018, de nouveaux projets sont lancés pour consolider le Service et préparer l’avenir.
© D. Bain / GSBdD / Lyon
Le projet médical décrira la façon dont le Service répond aux attentes des forces armées et des patients (militaires et civils) pour assurer la disponibilité médicale et la santé des militaires dans le cadre de la stratégie santé de défense.
Depuis 25 ans, le SSA s’est adapté en permanence aux armées, à son environnement, aux nouvelles menaces. Le Service a su conserver ses cinq composantes, indissociables, qui font sa force et garantissent son efficacité par un soutien de proximité et de qualité des forces armées ainsi que le déploiement d’une chaine santé complète et autonome. Cette capacité d'adaptation tient en premier lieu de la force des femmes et des hommes qui composent le SSA.
La transformation numérique vise à moderniser le Service. Les activités du personnel ainsi que les relations avec les armées et le passage de nos patients dans nos établissements seront simplifiés. Telle est l’ambition de CMA numérique, mais également d’autres projets en cours de développement comme le portail « patients » dans les HIA ou le portail « clients » pour les produits du SSA.
Et si vous exerciez Grâce aux recrutements d’officiers sous contrat, le projet recrutement devrait conduire à l’allègement de la sujétion actuelle très importante pour le personnel de la médecine des forces.
autrement ?
POSTES À TEM
(officier sous co
✔ Médecine d sport, d’urg
✔ Patientèle Marine et G
✔ T ravail en é en centre m
✔ Moyens tec salles de s
✔ Possibilité
L’ambition actuelle est bien de consolider le Service en apportant une attention particulière au personnel. Le « Plan famille »lancé par la ministre des Armées est décliné au sein du SSA. Acteur et bénéficiaire, le Service met en place des mesures d'accompagnement des familles et d'amélioration des conditions de vie des militaires.
Le projet moral et cohésion a pour objectif d’améliorer les conditions d’exercice et de vie du personnel, avec par exemple, la publication dès cette année d’un memento présentant les règles de gestion RH et de mobilité et d’un guide du personnel inséré.
✔ Salaire évo ouvrés), co
Le service de santé des armées recrute
des jeunes médecins généralistes (H/F) diplômés d’État
Co
le-ssa-recrute.c Tél. : 01 41 93 2
www.defense.gouv.f
Campagne de recrutement 2017
Équipe Transformation DCSSA
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Une étape cruciale,
la professionnalisation des armées Le service de santé des armées connaît des évolutions depuis sa création. « La mère des réformes », la suspension du service national mise en œuvre en 1997, conduit le SSA à harmoniser son organisation. Les derniers appelés doivent quitter le service en 2003 ; ils le font, le 30 novembre 2001, avant l’échéance de la loi de programmation 1997/2002 qui fixe les objectifs de la professionnalisation des Armées et planifie les objectifs qui leur sont assignés jusqu’à l’horizon 2015 !
P
our le Service, la problématique de la professionnalisation tient à la fois à la place occupée par le contingent dans son fonctionnement qu’aux contraintes qui pèsent sur le format à définir. Le SSA a perdu 36 % de ses effectifs militaires. Toutes ses composantes ont été impactées, à l’exception notable des établissements de Recherche. S’adapter à cette déflation, tel est le premier défi à relever ; le second est de préserver, tout en le rétrécissant, un format global garantissant la capacité à remplir toutes les missions du Service. Ce format est, au premier chef, conditionné par le contrat opérationnel retenu : être en mesure d’assurer simultanément le soutien d’une force terrestre de
30 000 hommes, d’une base aérienne projetée et d’un groupe aéronaval sur un théâtre principal et, sur un second théâtre, d’un groupement de forces pouvant atteindre 5 000 hommes. La définition des besoins liés au soutien médical de ce contrat s’appuie sur les deux piliers fondamentaux de la nouvelle doctrine d’emploi que le SSA a proposé début 1994 aux états-majors : généralisation de la médicalisation et de la réanimation – la chirurgicalisation de l’avant et la systématisation des évacuations sanitaires précoces. La satisfaction de ces besoins associée au respect des principes sur lesquels reposent la cohérence du Service, fort, interarmées, gestionnaire de ses ressources, ouvert sur le service public et la coopération internationale, ont directement conditionné son format,
ses effectifs, les dimensions du soutien médical intégré en permanence aux forces, de son parc hospitalier, de sa composante dédiée à la formation initiale et continue, de son secteur du ravitaillement sanitaire et de la recherche biomédicale. La maquette retenue a impliqué de profondes restructurations dont l’essentiel a été réalisé au cours de ces années de transition majeure, sur un fond dense d’engagements opérationnels. Pourtant, dès Juin 2001, tirant les premiers enseignements de la réforme en cours, le Président de la République déclarait : « La réforme accomplie a été considérable… C’est un véritable tour de force ». MGI (2S) Raymond WEY
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Deux directeurs centraux témoignent La rédaction a eu l’honneur d’interviewer deux anciens directeurs centraux du SSA, le médecin général des armées (2S) Gérard Nédellec, directeur central de 2009 à 2012 et le médecin général des armées (2S) Bernard Lafont, directeur central de 2005 à 2009. Leurs parcours et leurs retours d’expérience apportent un éclairage sur l'évolution du SSA au cours de la dernière décénie.
Médecin général des armées (2S) Gérard Nédellec, Directeur central du SSA de 2009 à 2012
Quelles furent vos motivations pour devenir directeur central ? Le choix d’une voie de management en quittant l’hôpital assez tôt reposait sur une volonté de réaliser un deuxième parcours « complet » dans un registre différent (et aussi de ne pas être un frein à l’épanouissement de mes adjoints avec lesquels j’avais peu de différence d’âge). Je ne sais si le mot de motivation pour ce poste de directeur central est le bon. C’est l’aboutissement, totalement
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© CC1 E. Cherel / BCISSA
Mon Général, quel a été votre parcours initial ? Je suis issu de l’école de Bordeaux où je suis entré en 1969. Après un séjour en Nouvelle Calédonie, j'ai réalisé un parcours hospitalier jusqu'à devenir chef de service de la clinique d’hématologie à l’HIA Percy. Durant ce parcours, j'ai notamment été médecin chef de la section hospitalisation de l’Hôpital Daguet en Irak. assumé, de ma carrière et le choix du ministre, sur proposition de mon prédécesseur. Quels événements vous ont marqué lorsque vous étiez directeur central ? Ma prise de fonction comme directeur a été marquée par la publication peu de temps avant du rapport de la Cour des comptes, très critique sur le SSA. J’ai en effet été auditionné en séance plénière quelques jours seulement après ma prise de fonction. Une grande partie de mon temps de commandement a été
consacrée à répondre aux injonctions contenues dans ce rapport afin d’améliorer la performance du Service, et notamment des hôpitaux, car à l’époque les critiques portaient essentiellement sur cette composante. Il y a eu d'autres faits marquants : - le conflit en Afghanistan, avec un engagement particulièrement important des forces et donc du SSA, qui a payé un lourd tribut. Ma période de commandement correspond à la période la plus « dense » du conflit. La mise en place du rôle 3 multi national à Kaboul (KAIA),
HMC Kaia, Afghanistan, 2010
cela. Il parait en effet impossible de tenir les deux postes de façon concomitante compte tenu de la très lourde charge du directeur du SSA. Je n’ai pas repris d’emploi à l’issue et uniquement des engagements bénévoles.
© M. Denniel / ECPAD
premier hôpital construit par l’OTAN sur un théâtre d‘opérations. - la réforme des armées avec la création des bases de défense et les conséquences pour le service, notamment la création des CMA. - la fermeture des écoles de Bordeaux et Lyon et la création de l’ESA. Après ces années à la tête du Service, quel a été votre retex sur cette expérience ? Qu’avez-vous fait ensuite ? Je retiens un sentiment de fierté non pas personnelle mais d’avoir eu l’honneur de diriger un service dont tous les personnels sont animés d’une même volonté de servir au mieux, en toutes circonstances. Après cela j’ai été le premier français à être élu Président du Comité des Directeurs de services de santé militaire de l’OTAN, assumant ces fonctions en 2e section. Ce fut une expérience riche mais trop solitaire car trop coupé du SSA mais je crois qu’il n’y a pas de solution à
Signature partenariat Franco-Allemand PCA, 2011
COMEDS, 2013
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Médecin général des armées Bernard Lafont Directeur central du SSA de 2005 à 2009 Mon Général, pouvez-vous nous parler de vos premières années dans le SSA ? Je suis entré en 1965 dans ce qui se nommait alors : « Ecole du service de santé militaire » (ESSM) située à Lyon, avenue Berthelot. Après les stages d’application au Valde-Grâce et de spécialisation au Pharo, j’ai été médecin d’unité au 1er régiment de chasseurs Parachutistes, alors à Pau, puis au 8 e régiment de transmissions, au Fort de Kremlin-Bicêtre. J’ai ensuite suivi le parcours alors classique des concours hospitaliers militaires : assistanat de psychiatrie, spécialité, et enfin agrégation en 1986. J’avais été entre-temps médecin spécialiste à l’hôpital des armées Sédillot de Nancy, aujourd’hui disparu. Toute ma carrière hospitalière s’est ensuite déroulée au Val-de-Grâce. De cette période, je retiens la grande diversité d’expérience que tous les médecins des armées acquerraient nécessairement au cours de cette première partie de carrière. L’expérience de l’engagement opérationnel ne concernait par contre qu’une minorité d’entre nous. Par la suite, les tendances se sont en quelque sorte inversées : l’engagement opérationnel du service s’est intensifié alors que les évolutions de la formation (l’internat par spécialité, notamment) éloignaient du contact avec les forces armées. C’est d’ailleurs l’un des enjeux
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© BCISSA / DCSSA
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majeurs qu’il a fallu aborder au cours de mes années de direction. Quels ont été les événements marquants de votre engagement opérationnel ? Pour ma part, la révélation du monde opérationnel s’est effectuée au cours de deux missions : la première guerre du Golfe en 90-91 et les événements de Yougoslavie en 1995 sur le mont Igman. Deux expériences extrêmement fortes au cours desquelles s’est précisée pour moi ce que devait être la position et la fonction du service de santé au sein des armées. À savoir : pas de solution de continuité entre les missions. Il ne pouvait pas y avoir d’un côté la vie quotidienne du temps de paix et de l’autre le temps opérationnel, se distinguant en tous points du premier. L’établissement visible et lisible d’une continuité entre les deux et donc de la cohérence du service au regard de ses missions
a été ma ligne de conduite pendant toutes mes années de direction. Comment êtesvous devenu Directeur Central ? J’ai pris la direction du service de santé des armées en 2005. Pour ma part, je crois pouvoir affirmer que je ne nourrissais pas une telle ambition depuis le berceau ! Le véritable passage, celui qui nécessite une analyse de ses propres motivations, je le situe, en vérité, bien en amont, au moment où l’on vous propose de quitter votre parcours de carrière technique pour vous engager dans une voie de direction. C’est ainsi qu’en 1999, j’ai accepté le poste de médecin chef de l’hôpital instruction des armées Robert Piqué à Bordeaux. Je peux dire que c’est là que j’ai appris l’essentiel, en passant d’une représentation naïve du chef souverain à l’expérience de la réalité de responsable, c’est-à-dire la gestion de la complexité. Complexité foncière de l’établissement hospitalier, complexité d’un système de soins dédiés à la défense mais nécessairement articulé très fortement à la santé publique et à l’appareil d’État sans jamais s’y confondre. J’ajoute à cela la prise de conscience du potentiel humain exceptionnel représenté par l’engagement et la compétence de tous ses membres. Ce qui s’annonçait, à partir de l’interruption du service militaire obligatoire
Visite du DC au Tchad en juin 2009
dès 2000, c’était un fantastique travail d’adaptation à des mutations incessantes de la Défense et aussi de la société elle-même. Le directeur central et toute son équipe sont ceux qui, par la position qu’ils occupent, sont à l’interface de l’ensemble de ces univers. Chacun des acteurs institutionnels, de la Défense, de la santé, de l’administration et des finances, voit l’une des facettes de ce service. L’équipe de direction les voit toutes. Sa mission est de trouver en permanence le point d’équilibre qui permet l’accomplissement des missions. Il m’est difficile de hiérarchiser les événements qui ont marqué une incessante transformation, comme je le disais plus haut. Le fil rouge en a été le maintien de la cohérence capacitaire et l’affirmation de l’identité opérationnelle du service sous l’autorité de sa direction. Il a fallu bien sûr concéder aux
contraintes du temps par des réductions de périmètre et des fermetures d’établissements. Ils ont été durement vécus par ceux qui s’y étaient investis mais ils ont permis de garantir la préservation de l’essentiel. Un moment-clé de votre carrière ? Ce qui me revient comme particulièrement significatif : la refonte de la formation dans le service de santé des armées, la création de l’IRBA, la transformation du statut des personnels infirmiers, les créations des centres médicaux des armées organiquement rattachés au service, la modernisation des moyens de la médecine opérationnelle, le rapprochement de fait entre les praticiens cliniciens et ceux d’entre nous qui se consacrent à l’organisation, la mise en place de l’évacuation stratégique avec MORPHEE, et tant d’autres choses encore... souvent consolidées par un travail de portée juridique, tel
que, par exemple, la charte de déontologie des médecins pharmaciens et vétérinaires des armées. Il m’a été aussi donné d’entretenir des contacts nombreux à l’international. J’ai toujours été frappé par l’image très positive, pour ne pas dire exemplaire, que notre service offrait auprès de mes interlocuteurs. Sans être le moins du monde emphatique, je dirais que cela allait même un peu au-delà : à travers notre Service, ce sont les valeurs éthiques portées par la France qui étaient aussi perçues et relevées. Je ne terminerais pas ce propos sans adresser un hommage amical et reconnaissant à tous ceux qui ont travaillé avec moi pendant cette période. Le Service et son directeur de l’époque leur doivent beaucoup. Ils se reconnaîtront s’ils me lisent. Je les salue. Quelle vie après le SSA ? Qu’ai-je fait par la suite : tout simplement ce que j’avais appris à faire, c’est-à-dire de la médecine, car la psychiatrie, c’est de la médecine. Allez, pour faire un peu de corporatisme, je dirais que c’est une médecine qui ouvre, un peu plus sans doute que d’autres, sur une grande diversité de domaines. J’exerce donc en cabinet, riche des expériences que j’ai traversées auparavant. Pendant mes années de direction, j’ai toujours affirmé avec force, et partout, que je ne cessais aucunement, ce faisant, d’exercer mon métier. C’est donc ce que je continue à faire aujourd’hui. Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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Du 1er au 150 e Actu Santé, extraits N°40 1997
Le N°1! Maquette bichromie Editorial du MGI Bladé Mai 1992
« La période de transition qui s'étend de 1997 à 2002 met fin progressivement au service national actuel pour accompagner la professionnalisation des armées »
1992
2000
Première maquette couleur été - N°58
1996 l'affaire de la "vache folle"
1993
1994 2001 La préparation du passage à l'Euro
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2014-2015 Le SSA face au virus Ebola
2016 nouveau format, plus petit
La réforme des études médicales 2003
Le PLYO breveté en 2010 Prix de l'Audace en 2014
2014 création du compte Twitter@santearmees
2015 Attentats de Paris
2017 Première femme directrice centrale du SSA
2018
2018 nouvelle maquette
2015 La DCSSA à Balard
Transformation du SSA
création des CMA en 2011, restructurations, projet puis modèle SSA 2020 en 2016
à suivre… Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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cela vous fait penser à quoi ? Il y a 150 ans … la découverte de l’Hélium ! Ce gaz a été découvert pour la première fois le 18 août 1868, lors d’une éclipse totale du soleil par l’astronome français Jules Janssen. Ce nouvel élément a été baptisé « Hélium » en référence au nom grec du soleil « Helios ». Ce n’est qu’en 1894 que l’hélium est découvert sur terre avec un constat paradoxal : si sur terre il est très rare, c’est l’élément le plus abondant dans l’univers après l’hydrogène ! Mais à quoi sert l’hélium ? Gaz plus léger que l’air, incolore, inodore, non inflammable, il est à l’état liquide l’élément le plus froid sur terre (- 269 °C). Il est principalement utilisé dans l’industrie pour ses capacités de refroidissement, notamment dans le domaine médical pour l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour refroidir les puissants aimants nécessaires à ce type d’équipements. Les propriétés physiques de l’hélium et notamment sa faible densité sont utilisées depuis 1934 en médecine pour la réanimation. Des études ont démontré des effets cliniques et physiopathologiques favorables lors d’atteintes obstructives des voies aériennes supérieures ou inférieures. Dans la pratique, l’Heliox, mélange à base de 78 % d’hélium et 22 % d’oxygène augmente les débits inspiratoires et expiratoires chez les patients atteints d’insuffisance respiratoire aigüe. En 2015, ce sont près de 60 millions de mètres cube d’hélium qui ont été utilisés dans le monde pour le domaine médical.
Salle d’examen IRM d’un établissement hospitalier
exemple d'IRM IEF Hors Classe Patrick EVRARD ECMSSA/Service Ingénierie Santé
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La 150e … antenne médicale ! (CMA N°9) Implantée dans l'enceinte de la base navale de Toulon, la 150e antenne médicale concourt directement au soutien des marins du premier port nucléaire d’Europe en dehors de leurs périodes d’embarquement au titre de la force d’action navale ou des forces sous-marines. 31 personnels du SSA, dont 7 médecins, œuvrent en son sein au soutien d'une centaine d'unités de tailles très différentes, représentant un effectif global de 5 000 militaires d’active. La 150e antenne médicale a quitté en octobre 2017 les locaux historiques de l’îlot Castigneau qu'elle occupait depuis le début des années 70 pour intégrer un bâtiment neuf, le centre médical unique de la base navale de Toulon, qu’elle partage avec le service médical de la force d'action navale (FAN) de Toulon et le service médical de l'escadrille des sous-marins nucléaires d'attaque (ESNA). Cette co-localisation facilite le partage des expériences et une mutualisation de moyens. Le centre médical met en œuvre un poste d'accueil des blessés radio-contaminés (PABRC), destiné à recevoir, médicaliser, décontaminer et traiter des urgences relatives avant évacuation secondaire. Cette mission spécifique de prise en charge initiale de blessés radio-contaminés en cas d’accident sur une des unités de la marine à propulsion nucléaire, nécessite des entraînements réguliers, en coopération avec le SAMU 83. La 150e antenne médicale a vocation à affirmer son positionnement au cœur du parcours de santé et d’expertise du marin, en pleine collaboration avec l’HIA Sainte-Anne, et une activité partagée avec les services médicaux de la FAN et de l’ESNA.
locaux historiques de l'îlot Castigneau avant la démolition
Tente SCA « recyclée » zone hospitalisation de l’HMI (hôpital militaire d’instruction) N’Djamena (Tchad)
Toilettes de campagne
150… le module ! Maintes fois éprouvé par le SSA Si le service de santé des armées (SSA) est autonome dans le domaine technique lors des déploiements opérationnels, il bénéficie pour la partie « soutien de l’homme », comme les autres unités, des modules 150. Ces modules sont prévus pour l’installation des zones vie pour un effectif de 150 personnes, dans les domaines de l’hébergement, de l'hygiène en campagne et de l'alimentation. Il s’agit principalement d'installations de théâtre ou de déploiement initial. Ces matériels fournis par le service du commissariat aux armées (SCA) sont inter-opérants avec les matériels du SSA en dotation dans les unités médicales opérationnelles (UMO). Ainsi nos personnels peuvent constituer leur îlot dans le camp « de toile » d’une base opérationnelle.
Médecin en Chef Jean-François LOUIS
Médecin en Chef Patrick CADOT
Médecin Responsable de la 150 e AM - Toulon
Chef du bureau « expertise opérationnelle » - DCSSA/SDHR
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DOSSIER
Les opérations du SSA
© ECPAD
Pour ce numéro spécial, la vocation opérationnelle du SSA était incontournable car elle est sa raison d’être ! Le chef d’état-major des armées nous fait l’honneur d’introduire ce dossier. Au travers d’articles sur les projections, la préparation opérationnelle, des témoignages de personnel d’active et de réserve, le Service remplit sa mission de soutien médical des forces armées. Du plus près des combats jusqu’à la prise en charge en France et la réinsertion professionnelle, le SSA est aux côtés de ses frères d'armes.
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Le CEMA
s'adresse au SSA
Général d'armée François LECOINTRE Chef d'état major des armées
I
l y a cent ans, le service de santé des armées sortait de la première guerre mondiale profondément transformé et – quelque part – refondé. Quelques mois avaient suffi aux équipes soignantes pour réorganiser et moderniser structures et moyens de secours. Tout au long du conflit et dans les années qui suivirent, le personnel soignant accompagnera avec beaucoup de sollicitude, blessés, mourants et « gueules-cassées ».
© Photos : W. Collet - EMA
De cette grande épreuve est né l’un des tout meilleurs services de santé du monde. Aujourd’hui, la France est un des seuls pays à disposer d’une chaîne de santé militaire, complète et autonome, qui relie le brancardier-secouriste, déployé aux avant-postes, aux meilleurs spécialistes opéde contenir leurs émotions, de surmonter leur souffrance et rant dans les structures ultra-modernes de nos hôpitaux d’aller, s’il le faut, jusqu’à exposer leur propre vie pour tenmilitaires. À chaque échelon, des ter de sauver celle du frère d’armes sables du désert au bloc opératoire blessé. de l’hôpital interarmées en passant Une exigence devant laquelle le per« À chaque échelon, des sables du désert par l’antenne chirurgicale de l’avant, sonnel du service de santé ne recule au bloc opératoire de l’hôpital interarmées règnent le même degré d’excellence jamais car il sait que la noblesse de en passant par l’antenne chirurgicale de son métier réside avant tout dans le et le même esprit de service. l’avant, règnent le même degré d’excellence service de ceux qui servent. Avec et le même esprit de service » La voie de l’excellence a un prix. Elle eux, il partage les mêmes contraintes demande beaucoup d’abnégation et et les mêmes risques. un investissement considérable des médecins, des pharmaciens, des vétérinaires, des dentistes, des infirmiers et Les soldats, les marins et les aviateurs de nos armées des aides-soignants. Elle exige d’eux qu’ils soient capables éprouvent un vif sentiment de reconnaissance à l’égard des hommes et des femmes du service de santé des armées. L’assurance qu’ils ont de pouvoir bénéficier, en tout temps et en tous lieux, de soignants militaires compétents et disponibles, est fondamentale. C’est un des facteurs de l’efficacité et du succès de nos armées. L’identité opérationnelle a forgé l’esprit du service de santé. On le devine dans l’affirmation d’Ambroise Paré : « Le gain étant éloigné, seuls demeurent l’honneur et l’amitié de tant de soldats ». Je fais une entière confiance au service de santé des armées pour faire vivre cet esprit. Il est le ferment irremplaçable des plus belles vocations médicales militaires et la plus noble manière de soigner l’humanité souffrante. Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
La division opérations évolue Médecin général Edouard HALBERT Chef de la DIVOPS
Quelles sont les raisons de cette évolution ? L’évolution de notre environnement est marquée par trois tendances. Nos engagements incluent une part toujours croissante d’actes terroristes rendant de plus en plus aigüe la question de la capacité de résilience de la Nation et notamment la gestion des crises sur le théâtre national, dont le SSA est un
acteur. Ensuite, les exigences croissantes concernant la sécurisation des pratiques observées sur le territoire national s’étendent aux opérations militaires. Enfin, les services de santé des armées de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique ont significativement réduit leurs capacités, au-delà de la réduction des forces qu’ils soutiennent, avec pour conséquence une multiplication des coopérations internationales entre services de santé. C e c o n tex te nécessitait de remanier la fonction Opérations en concentrant en une seule entité toutes les fonctions opérationnelles. Quelles sont ses missions ? La division Opérations a pour mission de piloter la fonction Opérations du service de santé des armées avant, pendant et après les engagements
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opérationnels, en interarmées, en interministériel et en international. Ses objectifs sont de garantir aux combattants la meilleure prise en charge possible, d’offrir aux soignants les meilleurs moyens possibles (matériels, formations, organisation) et d’assurer les armées de couvrir tout le spectre des engagements opérationnels, actuels et à venir. Quelle est son organisation ? La division est placée sous les ordres de l’adjoint Opérations de la directrice centrale. Son organisation en miroir de celle des armées et son positionnement à Balard favorisent les échanges avec la communauté militaire des opérations. Autour d’une passerelle de commandement, la division comprend 4 bureaux. • L’EMO santé est situé au pôle Ops
© JB.Tabone - armée de Terre
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
de Balard et conduit les engagements opérationnels du SSA. Il assure la planification du soutien médical, la programmation des relèves, la conduite des évacuations médicales stratégiques et le commandement au profit de la directrice centrale du service de santé des armées. C’est le centre de gestion de crise du SSA. • le bureau EMPLOI est chargé de préparer l’avenir du soutien médical opérationnel. Cela va de la définition du contrat opérationnel au développement capacitaire en passant par l’élaboration de la doctrine et l’organisation de la préparation opérationnelle. Dans ses missions, Emploi conduit le programme ISSAN, imagine les équipements futurs (vecteurs médicalisés et dotations) et
conçoit l’emploi des unités médicales opérationnelles. • le bureau NRBC conduit les mêmes travaux qu’Emploi dans le domaine des menaces non-conventionnelles. • le bureau RIM (Relations Internationales Militaires) pilote les actions de coopérations bilatérales en veillant à développer les partenariats opérationnels. Quels sont les challenges actuels de la DIVOPS ? À l'heure d'une dispersion toujours plus importante des unités sur le terrain, mais également d'une frontière de plus en plus ténue entre les différentes formes d'engagements opérationnel, le SSA doit adapter le soutien médical
afin qu’il soit efficace et pérenne dans un contexte de ressources limitées. En effet, l'excellence du soutien médical dispensé actuellement au profit des forces armées, quels que soient le milieu et les modalités d'engagement, n'est pas immuable. Les modes d'action du SSA résultent directement de ceux des armées, des évolutions techniques et technologiques mais également de la démographie médicale et des évolutions sociétales. Dans ce cadre, la division Opérations a initié une réflexion doctrinale pour répondre à l’ambition opérationnelle des armées. Cette révision de la doctrine s’appuiera largement sur les compétences et l’expérience des personnels du Service.
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Rétrospective
des engagements du SSA Résolument tourné vers l’opérationnel depuis sa création, le service de santé des armées démontre à l’échelle de ces 25 dernières années, un engagement sans faille dans toutes les opérations et missions menées par les forces armées. Sa vocation opérationnelle se décline sur tout un pannel de déploiements militaires : de l’entrée en premier, à la crise humanitaire, aux opérations maritimes et aéroterrestres jusqu’à la réponse aux catastrophes naturelles dans le monde et aux attentats sur notre territoire. Fort d’une expertise et d’un savoir-faire unique en Europe, le Service fait plus que soutenir les forces armées, il est avec les soldats au combat et participe à la résilience de la France. 1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Opérations maritimes 1 CORYMBE présence au large des côtes d’Afrique de l’Ouest (depuis 1990) 2
ARTIMON golfe Persique (90-95) 3
BALBUZARD
mer Adriatique (93-96)
5
FINUL/DAMAN Liban (depuis 1978)
9
Mandat OTAN Bosnie (1992 - 2004)
9 10
11 EPERVIER
Tchad (1986 - 2014) TURQUOISE Rwanda (1994)
12
18
13 ARTÉMIS
Typologies des missions soutenues Evacuations de ressortissants (RESEVAC)
Entrée en premier
Opé rations maritimes Camp de réfugiés
Soutien en coalition
Soutien d’un corps expéditionnaire
Soutien d’une opération aéroterrestre Catastrophe naturelle
Opération de contre piraterie
Force d’interposition
Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
2003 Afrique de l'Est
ARAMIS Cameroun (1996 - 2008) 19
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ASTREE
TRIDENT Kosovo (1999 - 2014)
Centre de soins pour soignants « Ébola »
LICORNE République de Côt 20
23 SANTAL 1999 Timor oriental
BOALI RCA (2003-2 24 CARBET
26 27
PAMIR Afghanistan (2001-2012) HÉRACLES 28 ÉPIDOTE formation d phase initiale de 29 ARÈS Liberté immuable 2001-2002
(Forces spéciales françaises lutte contre le terrorisme (enviro
Théatres d'opérations de 1992 à 2018
9 10 26 27 28 29
3 5 6
8
7
14 15 16 31
1 25
11
4
21 20 18 32 22
19
30 12 13
2006
2007
2008
4 6
2009
2010
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
ATALANTE contre la piraterie au large des côtes de Somalie (2008-2016)
RESEVAC Liban (2006-2008)
BALISTE
2011
23
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24
2
Jordanie (2012-2013)
7
TAMOUR
CHAMMAL Irak - Syrie depuis sept. 2014
8
E Bosnie (2004 - 2008) 16 15
14 HARMATTAN Libye 2011
BARKHANE Sahel depuis août 2014
SERVAL Mali janv. 2013 juill. 2014
te d’Ivoire (2002-2015)
2013) Haiti 2004
22 21
SANGARIS (2013 - 2016)
UFOR Tchad/RCA (force militaire européenne depuis 2008) 25 TAMARIN
de l'Armée nationale afghane (2002-2014)
on 200 hommes) en Afghanistan
Guinée 2014-2015
Missions de formation de l'Union européenne 30
EUTM Somalia (2010-2015) 31
EUTM Mali mission de formation de l'UE (depuis 2012) 32
EUTM RCA (depuis 2015) Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Chiffres clés OPEX 2017 et missions opérationnelles 1667 militaires du SSA projetés Durée moyenne des mandats vivier «hôpital» vivier «force»
62 jours
92 jours
©S
Activités médico-chirurgicales
192 096
actes paramédicaux
65 642
consultations
1 929
281 tonnes
de matériel médical
interventions chirurgicales
© SSA
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Zoom sur les opérations en cours Depuis 2012, le rythme des engagements opérationnels a connu une forte accélération impliquant considérablement le service de santé des armées. Rusticité, adaptabilité, innovation et recherche et mise en œuvre de notre savoir-faire unique dans la chaîne opérationnelle santé sont les maîtres-mots de notre action au profit des forces.
L
La Marine nationale, par la diversité de ses actions à la mer, oblige à maintenir un dispositif santé permanent dans des contextes très variés : contre-piraterie (Corymbe), trafics illicites, manœuvre amphibie, migration (Frontex). Le fort engagement du SSA dans toutes ces opérations n’est possible que grâce à l’implication des 5 composantes du Service et une coordination au niveau stratégique par l’état-major opérationnel santé (EMO Santé) au sein de la division opérations (DIVOPS).
© G.Mariette / ECPAD
L’engagement du SSA à Barkhane reste le plus dimensionnant. L’année 2018 devrait se traduire par un accroissement de la coopération avec les pays européens s’engageant à nos côtés, ouvrant un champ de perspectives sur le plan international. En République centrafricaine, le SSA déploie deux postes médicaux : l’un au profit de l’élément de soutien national (ESN), l’autre au sein de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation en République de Centrafrique (MINUSCA) Au Levant, l’affaiblissement de Daesh en Irak, entraîne un changement de dispositif avec une accentuation des actions de mentoring.
© JF. d'Arcangues / ECPAD
e SSA déploie en permanence 80 équipes médicales et 5 équipes chirurgicales en OPEX, en renfort des forces de souveraineté ou de présence, et au sein des bâtiments de la Marine nationale. Les opérations Sentinelle et Harpie (Guyane) génèrent également une activité importante sur le territoire national. Ces contributions s’ajoutent à une posture permanente du SSA permettant de participer activement à des opérations comme Irma (Saint-Martin, septembre-octobre 2017) ou au déclenchement du plan Neptune (crue de Seine en région parisienne, janvier 2018).
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Les évolutions à venir
du soutien médical aux opérations Les évolutions majeures dans le domaine du soutien médical aux opérations vont s’opérer dans les années à venir selon trois axes : le remplacement des vecteurs terrestres, la rénovation des capacités médicales et médico-chirurgicales et la digitalisation des pratiques en opérations.
D
ans le cadre du remplacement des vecteurs terrestres du Service, les équipes médicales des Rôles 1 bénéficieront d’une version médicalisée du Véhicule Blindé Multi-Rôle (VBMR) GRIFFON dont les premiers exemplaires doivent être livrés à partir de 2023. D’autres véhicules santé de la gamme tactique sont programmés : en version blindée pour l’appui des GTIA SCORPION et en version non protégée pour le soutien des activités de préparation opérationnelle des forces terrestres. La prochaine loi de programmation militaire précisera les cibles ainsi que les calendriers de livraison de ces capacités du futur. La nécessité de s’adapter aux nouveaux modes d’actions des armées afin de toujours leur apporter le soutien médical adéquat amène le SSA à revoir l’ensemble des maillons composant la chaîne de soins. Le travail a déjà débuté et la mise en service opérationnelle d'une nouvelle antenne chirurgicale est programmée pour le premier semestre 2019. Plus légère, dotée de deux chantiers opératoires, elle permettra au soutien médical de gagner en agilité et en réactivité. Le poste médical bénéficiera également d’une refonte complète. Les prochaines années seront celles de la digitalisation des pratiques
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
L’accès au dossier médical numérique dans une continuité métropole-opérations est au cœur des enjeux de la numérisation de nos pratiques en opérations.
médicales en opérations. Un premier pas sera effectué avec le déploiement opérationnel du centre de télémédecine (CTM) en 2018. À terme, des outils régulation médicale (SIRMED) et de surveillance épidémiologique (ETR) viendront compléter ce nouvel environnement.
Le bureau emploi de la division opérations pilote ces évolutions et a besoin de tous les talents. N’hésitez pas à vous faire connaitre si vous voulez participer à la transformation du soutien médical opérationnel ! Voici l’adresse fonctionnelle du Bureau EMPLOI : dcssa-ops-emp-oa.contact. fct@intradef.gouv.fr
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
La numérisation de l'espace de bataille au sein du SSA
La numérisation de la médicalisation des engagements opérationnels est un enjeu majeur pour l’amélioration du suivi et de la qualité des soins apportés aux militaires en toutes circonstances. Pour répondre à ce besoin, le SSA a décidé la construction d’un système d’information destiné aux opérations extérieures et aux bâtiments à la mer : ISSAN.
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onstruit dans le cadre d’une opération d’armement (DGA), il a été pensé en deux étapes pour couvrir progressivement tous les besoins. Trois modules constituent la première étape : un module de téléexpertise médicale (CTM), un module de numérisation de MEDEVAC tactique (SIRMED) et un module d’épidémiologie en temps réel (ETR).
CTM (centre de téléexpertise médicale) CTM reliera les équipes de rôles 2 et 3 avec les HIA. Il permettra la transmission sécurisée et tracée de toute pièce numérisable (imagerie médicale type radiographie ou scanner, word, pdf, document numérisé, photographie, film, etc.) à un expert choisi ou d’astreinte afin qu’il apporte son expertise dans son domaine de compétence. Les dernières expérimentations opérationnelles auront lieu au premier semestre 2018 (Marine nationale, centre médico-chirurgical interarmées, OPEX). Les HIA Bégin, Percy, Sainte-Anne et Laveran seront connectés au système durant cette période. À l’issue de ces derniers tests, le déploiement des sites restants débutera fin 2018.
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
SIRMED Véritable innovation, SIRMED démontre les ambitions portées par le SSA en numérisation de sa capacité opérationnelle. S’appuyant sur une fiche médicale de l’avant numérique dès la prise en charge du blessé et jusqu’à son arrivée sur une structure chirurgicale, il permettra d’être en relation permanente avec le PECC 1 coordonnant les évacuations. Équipées de tablettes numériques durcies identiques à celles qu’utilisera l’armée de Terre, les équipes à l’avant pourront renseigner et faire évoluer une FMA tactile et intuitive transmise automatiquement à l’ensemble des acteurs impliqués dans la prise en charge du blessé (équipe d’intervention à l’avant, équipe MEDEVAC, équipe chirurgicale). Le PECC disposera sur son ordinateur d’une interface unique décrivant la disponibilité des équipes médicales, des unités médicales opérationnelles et vecteurs de son théâtre ou de sa zone de responsabilité. Il pourra réguler l’ensemble des évènements santé dans cette interface ou s’appuyer sur une cartographie mise à jour en temps réel décrivant son dispositif et les évènements en cours. SIRMED sera progressivement testé lors d’exercices courant 2018 avant un premier déploiement en 2019.
1 - PECC : Patient evacuation coordination cell (centre de régulation des évacuations médicales tactiques)
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
ETR (Épidémiologie en temps réel) ETR reprend l’ensemble des fonctionnalités du logiciel d’épidémiologie en temps réel ASTER. L’objectif du projet est de sécuriser le système et de le stabiliser dans la durée. La première version issue de cette phase d’industrialisation sera livrée au premier trimestre 2018. ETR rentrera alors dans une phase de sécurisation et sera disponible pour les premières évaluations opérationnelles mi 2019. Sur la base de ces trois modules, la DCSSA construit actuellement la deuxième étape d’ISSAN qui permettra de couvrir l’intégralité des capacités opérationnelles manquantes : consultations médicales en rôle 1, 2 ou 3 ; consultation et suivi d’anesthésie et de chirurgie, suivi des hospitalisations, biologie, ravitaillement, etc. Dédié aux engagements opérationnels, ISSAN s’interfacera avec le futur SI (système d'information) de la médecine des forces CMA Numérique. Se nourrissant l’un l’autre, ils permettront une meilleure prise en charge des militaires en garantissant la continuité entre ce qui s’est passé avant et pendant la mission. En choisissant de concevoir ISSAN au sein d’une opération d’armement, le SSA garantit la cohérence de son système avec les systèmes des forces et la numérisation de l’espace de bataille. Il garantit surtout l’adaptation aux besoins, conditions d’emploi et de soutien particulières aux engagements opérationnels. Appuyés par un système efficient et résilient, les personnels du SSA pourront se concentrer sur leur mission : soigner toujours. Médecin en Chef Vincent BACQUEY Division Opérations - Bureau Emploi
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Témoignages
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Retour d’expérience après IRMA
Infirmière convoyeuse de l’armée de l’air depuis 6 ans et en poste à l’Escadrille Aérosanitaire de Villacoublay depuis 3 ans, l'ISG1G Victoria témoigne de son expérience durant l’intervention de soutien à la population après l’ouragan Irma. Quelle est votre mission au sein de Escadrille Aérosanitaire de Villacoublay ? Au sein de cette unité, les missions sont très variées. Je suis amenée à rapatrier des blessés très graves en Falcon comme des blessés dits « légers » en Airbus. Nous sommes également sollicités lors d’évènements de plus grande ampleur comme c’était le cas dernièrement après l’ouragan Irma. J’ai ainsi participé à l’une des missions de l’armée de l’air, réalisée par l’escadron de transport E STEREL, au profit des personnes civiles et des troupes déployées où Irma a causé beaucoup de dégâts. Pouvez-vous nous parler de cette opération ? La mission d’évacuation de ressortissants (RESEVAC) est une mission riche en expériences et en émotions pour un infirmier convoyeur. Nous sommes là
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
pour vérifier l’état de santé des personnes à évacuer, nous devons juger si elles sont capables de passer plusieurs heures en avion, c’est là que notre rôle de conseiller auprès du commandant de bord entre en jeu. Et bien sûr, nous sommes là aussi pour rassurer, accompagner et soutenir toutes ces personnes alors qu’elles viennent de tout perdre. Lors de cette mission, le but était également d’assurer la relève des troupes de militaires mises en place à Saint-Martin depuis les premiers dommages de l’ouragan Irma. L’arrivée de notre équipage a été un véritable réconfort pour ces
troupes qui commençaient à s’épuiser en raison des conditions de travail devenant difficiles. J’ai pu apporter mon aide à ces soldats en leur permettant de verbaliser sur les évènements atypiques et durs auxquels ils avaient dû faire face depuis leur arrivée sur le site. Certains étaient très affectés car originaires des lieux. J'ai eu l'impression que mon écoute active et attentive leur faisait du bien. Vous parlez de cette expérience avec passion. Pourquoi est-ce si important pour vous? Mon métier d’infirmière convoyeuse prend tout son sens dans ce genre d’évènement car ma place est toujours aux côtés des soldats qu’ils soient blessés physiquement, psychiquement ou simplement « bousculés ». Je les accompagne et suis là pour eux, tout simplement.
Le manipulateur radio
militaire en opération extérieure
La mission générale du manip’ radio Aujourd’hui une centaine de manipulateurs militaires exercent au sein des hôpitaux d'instruction des armées et participent aux opérations extérieures. Afin de réaliser ces projections, une planification N-1 est réalisée par l'état-major opérationnel santé (EMO-santé). Les personnels proposés par le cadre de santé et désignés par la direction des soins doivent justifier d'une solide expérience en radiologie et être aptes à la projection. Un stage de mise en condition avant projection (MCP) est dispensé en fonction de la mission. Toute l’équipe soignante et technique assiste à ce stage, ce qui permet de mieux appréhender le
contexte de déploiement. Souvent un mandat dure entre 3 et 4 mois. Un seul manipulateur est envoyé par mandat au sein d’une équipe pluridisciplinaire et exerce sans radiologue sur place. Une fois arrivé sur le théâtre d’opération, le manipulateur radio est immédiatement mis à contribution. Disponible 24h/24 et 7j/7, il exerce avec un appareil de radiologie mobile, un brancard et un système de développement et d’impression numérique pour réaliser des clichés conventionnels. Le matériel est adapté selon le contexte opérationnel. En l'absence de radiologue sur place, le manipulateur radio est souvent sollicité par les équipes médicales pour apporter son aide au diagnostic. Mais lorsque •••
« Le métier de manipulateur en radiologie est un métier peu connu du grand public, il est tout aussi méconnu dans le monde de la santé, et pourtant, quel professionnel de santé n’a pas croisé la route d’un manipulateur en radiologie une fois dans sa vie ? Souvent considéré à tort comme simple « presse bouton » la profession de « manip radio », comme on l’appelle dans le jargon, se révèle être une profession à multiples facettes. Cela prend tout son sens lorsque nous sommes projetés en OPEX : le manip intervient seul dans la prise en charge radiodiagnostique d’un blessé et doit en parallèle gérer la prévention du risque radiologique. Il devient alors un maillon essentiel de la chaine médico-chirurgicale lors de la prise en charge du blessé de guerre et dans le soutien de nos forces armées.» Adjudant Romain, manipulateur radio à l’HIA Bégin
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Témoignages
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
••• l'avis d'un spécialiste se révèle nécessaire, les équipes basées en métropole sont mobilisées. Les examens peuvent être envoyés et interprétés à distance par un radiologue militaire, disponible en permanence. Le manipulateur transmet les renseignements cliniques et récupère par la suite le compte-rendu. Il joue le rôle de pivot entre les médecins déployés et les radiologues.
Le cas particulier des afflux massifs de victimes Lors de situations de crise et d’afflux massif de victimes, le manipulateur radio doit gérer seul la réalisation des examens d’imagerie de l’ensemble des victimes. Avant l’arrivée des blessés, il dispose deux plaques de radiographies sur chacun des brancards en salle de déchoquage : une afin de réaliser une radiographie du thorax et l’autre pour la radiographie de bassin. Si cela se révèle nécessaire, des clichés d’ostéo-articulaire peuvent être également réalisés en salle de déchoquage. Une fois les patients stabilisés et techniqués, le manipulateur peut être amené à effectuer un scanner corps entier afin d’évaluer l’ampleur des blessures, (rechercher des hémorragies, des éclats, évaluer des fractures, etc.). En l’absence de radiologue sur place, les équipes chirurgicales prennent seules la décision d’opérer ou non. Le principe de "damage control", technique consistant à prodiguer les soins uniquement nécessaires à la survie de la victime, est souvent appliqué dans un premier temps. Une fois que les victimes les plus gravement atteintes ont été traitées, le manipulateur radio réalise des clichés conventionnels et des scanners aux autres blessés. Il planifie son activité en fonction des actes d’imagerie demandés par les médecins en charge de ces
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patients. Cette dernière phase de crise, plus longue mais moins stressante requiert vigilance et organisation afin de mener à bien la mission. Post crise, le manipulateur radio veille à la traçabilité des actes notamment en effectuant des tâches administratives.
Et ses autres missions… D'autres missions transversales incombent au manipulateur, notamment la gestion du risque radiologique. Désigné comme Personne Compétente en Radioprotection (PCR) le temps de la mission, il est responsable de la dosimétrie en OPEX. Il assure l'attribution et la distribution des dosimètres passifs occasionnels au personnel hospitalier et extra hospitalier (équipes de déminage entre autre). Il veille également à la mise en place de la dosimétrie d’ambiance au sein des différents postes de travail. Chaque mois ces dosimètres sont envoyés au Service de Protection Radiologique des Armées (SPRA) pour
analyse. Des contrôles de qualité sur les installations sont également réalisés périodiquement par le SPRA afin de s'assurer du bon fonctionnement des appareils. Partir en OPEX est un objectif pour de nombreux MITHA. Cet exercice particulier du métier est un enrichissement professionnel et humain. « Nous ressentons une fierté à servir notre pays et cette immersion concrète dans la vie militaire nous permet de nous accomplir pleinement en tant que manipulateur radio du service de santé des armées » nous confient plusieurs manipulateurs radio. MERCN Mohamed Yahia Manipulateur en électroradiologie HIA BEGIN
DIRMED Barkhane :
une experience passionnante Commandant du 12e centre médical des armées (CMA) de Bordeaux, le médecin en chef Nicolas a tenu la fonction de directeur médical (DIRMED) de l’opération Barkhane d’avril à octobre 2017. Il nous présente le rôle d'un DIRMED en opération à travers son expérience.
H
éritier des COMSANTE, le DIRMED est la plus haute autorité du service de santé des armées sur un théâtre d’opération. Garant de la qualité du soutien « santé » mis en œuvre par le Service dans la bande sahélo-saharienne, le DIRMED Barkhane détient pour cela l’autorité technique sur les unités médicales opérationnelles (UMO) de la zone. Concrètement, il dirige le JMED, le « bureau » qui organise et met en œuvre le soutien médical au sein du poste de commandant interarmées de théâtre (PCIAT). À ce titre, il est placé avec l’ensemble de la communauté des « soutenants » sous l’autorité de l’ASIA (adjoint soutien interarmées). En outre, le DIRMED est également le conseiller santé du général commandant la force (COMANFOR). Dans cette fonction, il prend l’appellation de CONSMED. JMED, CONSMED : ces deux fonctions pourraient théoriquement être portées par deux praticiens distincts. En pratique, ce double « casquettage » apporte bien des avantages : l’interaction directe avec les soutenants permet de faire progresser les dossiers « santé » et l’accès au COMANFOR donne la possibilité de débloquer certaines situations au profit des patients comme des unités soutenues. À mon sens, le DIRMED ressemble beaucoup à un commandant de CMA.
Le COMANFOR et son CONSMED avec les équpes médicales de Tessalit
Je n’assumais certes pas de responsabilité organique sur les UMO mais, comme en métropole, mon champ d’action était large et varié. Si le soutien opérationnel demeurait ma priorité, je suis également intervenu sur des sujets tels que le suivi de projets d’infrastructures, les travaux de chancellerie du personnel « santé » ou la prévention des risques professionnels. Au-delà, le DIRMED n’est pas uniquement le responsable de la continuité de la chaîne santé sur le théâtre. Il en est un maillon à part entière. En effet, parce
qu’il a la charge de l’organisation des évacuations médicales stratégiques, il contribue directement au soutien médical de l’opération en assurant la liaison entre le théâtre d’opération et la métropole Au final, mon séjour en BSS fut passionnant. Au contact des équipes médicales de terrain, en prise directe avec le commandement, en relation étroite avec l’EMO Santé, j’y ai trouvé une continuité naturelle de mes fonctions de COMCMA et une source d’épanouissement pour le praticien militaire que je suis. Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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Témoignages
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Ma première OPEX en tant que
vétérinaire réserviste Le 4 mars 2017, j’arrive au Liban sur le camp de Deyr Kifa pour une mission de 3 mois au sein de l’opération DAMAN en tant que vétérinaire. Près de 700 militaires français, répartis sur 3 principaux camps, sont intégrés au sein de la FINUL (la Force Intérimaire Des Nations Unis au Liban) constituée de 40 nationalités différentes.
D
isposant d’un bureau, d’un laboratoire d’analyse d’eau, d’une salle de soins et d’une pharmacie, je suis seule vétérinaire pour intervenir sur les différents camps français. Je découvre que ce n’est pas une mais plusieurs missions qui m’attendent alors ! Je dois assurer la sécurité sanitaire des aliments en évaluant les organismes de restauration militaire, les restaurants conventionnés implantés dans
Evaluation d’un fournisseur de pâtisseries
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Analyse de l’eau de consommation
les camps français, les fournisseurs de denrées alimentaires et les conditions de stockage de ces denrées. Dans une même démarche de protection du personnel déployé, je dois réaliser le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine en effectuant chaque semaine des analyses bactériologiques et physico-chimiques de l’eau sur chaque camp français. Nos chiens militaires requièrent également mon
attention pour assurer leur bonne santé et leur bientraitance en réalisant les soins nécessaires, en inspectant le chenil ou par le biais de cours de secourisme canin donnés aux cynotechniciens français et libanais. Enfin, il m’incombe de prévenir les risques sanitaires en supervisant le Plan de Maîtrise Sanitaire Opérationnel (PMSO), c’est-à-dire les opérations de nettoyage, désinsectisation, désinfection et dératisation des matériels et véhicules rentrant en métropole. L'objectif est de prévenir l'importation en France des agents responsables de maladies animales ou végétales et des espèces invasives.
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Soin des chiens militaires
À ces principales missions s’ajoutent l’évaluation des restaurants et eaux de baignades autorisés pour les militaires français, la prévention du risque animal face aux animaux dangereux et/ou errants, la participation à des missions d’aide médicale à la population (visite d’élevages caprins) ou encore le choix du fournisseur d’eau embouteillée en coopération avec la cellule achat. Une mission particulière m’a également été confiée, celle de rédiger et superviser les mesures de prévention et de lutte contre l’infestation par les punaises de lit qui a lieu chaque année sur le camp de Deyr Kifa. Cette OPEX fait appel au caractère pluridisciplinaire du métier de vétérinaire militaire. Elle demande particulièrement de détenir des capacités de réaction, d’adaptation et d’organisation pour
réaliser les missions au sein de la Force en contexte multinational, d’autant plus que les déplacements hebdomadaires nécessaires aux prélèvements d’eau sont chronophages et que le vétérinaire, seul personnel du service vétérinaire des armées sur le théâtre, est sollicité sur de nombreux sujets. Les capacités d’adaptation et d’intégration au sein de la communauté militaire ne sont donc pas à négliger tout comme l’étape de préparation préalable au départ. Cette mission a été facilitée par la très bonne coopération avec mes camarades d’active, par le soutien de l’équipe médicale et du DIRMED et par l’appui en métropole du vétérinaire référent du théâtre et de son adjoint. Vétérinaire ® Marie-Astrid
Chiffres clés de la réserve opérationnelle • Combien ? 80 réservistes opérationnels ont été déployés en 2017 • Où ? En majorité avec les forces de présence et la Marine nationale ; puis opération Barkhane, opération Daman, forces de souveraineté, Mission Harpie. • Quels métiers? En majorité des médecins et infirmiers, auxquels s’ajoutent chirurgiens-dentistes, pharmaciens, vétérinaires, infirmiers anesthésistes, manipulateurs radio et aides-soignants.
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Prépa OPS : une dynamique
tournée vers l’avenir
Le soutien médical aux engagements opérationnels est la mission principale du service de santé des armées. Il repose sur un capital humain devant être préparé à appuyer les forces dans l’ensemble du spectre de leurs missions. La préparation opérationnelle (Prépa OPS) vise à consolider les savoir-faire et les savoir-être santé et militaires car « sauver des blessés au combat ne s'improvise pas ».
L
e SSA s’est toujours adapté aux évolutions des modes d’engagements des forces en repensant sa doctrine et par conséquent ses objectifs et méthodes d’entraînement. Le sauvetage au combat, défini en 2007 par le SSA, trouve tout son sens en Afghanistan. Il constitue une avancée majeure pour la survie du blessé de guerre à l’avant. Il est rapidement intégré à la PREPA OPS du personnel partant en OPEX comme un nouveau standard de soins. En 2010, les capacités de décontamination médicale NRBC, dont le volet entraînement, ont été repensées avec la création de l’UMDA 1 et du LDI 2 . L’opération Tamarin a permis de déployer un centre de traitement des soignants (CTS) en 2015 en Guinée pour lutter contre le virus Ebola. Elle a nécessité, dans un temps restreint, la conception et la mise en œuvre d’une PREPA OPS spécifique. Ce ne sont que quelques exemples d’une liste d’évolutions bien plus longue : formations au module de chirurgie vitale (MCV), stages MEDICHOS et MoRPHEE ; qui intègrent également la transformation de la structure pédagogique (DPMO 3 , CeFOS 4 , CESimMO 5, etc.).
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L’évolution des modes d’actions de l’opération Barkhane conduit actuellement la division « Opérations » à mener une réflexion sur l’adaptation du soutien médical opérationnel et la PREPA OPS inhérente. L’avenir de la PREPA OPS intègrera également les avancées du Service en ingénierie pédagogique : simulation, crisis ou crew resource management (CRM), réalité virtuelle, Serious game (3D SC1®).
1 - Unité médicale de décontamination des armées 2 - Lot de décontamination interventionnelle 3 - Département de la préparation milieux et opérationnelle 4 - Centre de formation opérationnelle santé 5 - Centre d’enseignement et de simulation à la médecine opérationnelle
Les UMO, les capacités du
SSA pour le soutien médical des Forces Pour répondre aux multiples défis du soutien médical de nos forces armées en opérations, le SSA s’est doté, au fil des années et des expériences opérationnelles de capacités dénommées « unités médicales opérationnelles » (UMO). Il s’agit d’ensembles fonctionnels de moyens humains et matériels en mesure de fournir l’effet qualitatif et quantitatif attendu. Retrouvons une description de la partie matérielle pour appréhender la diversité des UMO selon les types d’engagement opérationnel. Depuis la mobilisation jusqu’à nos jours Les unités médicales opérationnelles d’aujourd’hui sont les héritières des formations sanitaires de campagne (FSC) 1. La modernisation s’appuie sur des techniques d’avant-garde afin de tendre vers l’assurance de donner, sur les théâtres d’opération, les mêmes capacités de prise en charge médicale que sur le territoire national. Les FSC étaient dimensionnées pour accueillir les malades et les blessés dans des affrontements de masse. Les UMO sont façonnées pour répondre aux
nouveaux types d’engagement alliant rapidité et réactivité, et au soutien médical d’effectifs calibrés. L’état-major des armées en s’appuyant sur l’expertise du SSA arrête la stratégie et définit l’ambition opérationnelle préétablie 2. Ce cadre constitue la réponse à l’objectif de prise en charge médicochirurgicale au plus tôt et dans les meilleures conditions en fonction de l’environnement opérationnel. Au sein de la DCSSA, le bureau EMPLOI de la division opérations a la charge du développement et de l’entretien capacitaire. Il définit les cibles
à atteindre pour répondre au niveau d’ambition du service. La DAPSA est alors chargée de planifier la constitution matérielle des UMO, de les maintenir en condition opérationnelle et, sur ordre, de procéder à leur distribution.
1 - Postes de secours (PS), sections de ramassage (SR), sections de triage (ST), postes de répartition des évacuations (PRE), hôpitaux chirurgicaux avancés (HCA), hôpitaux médico-chirurgicaux d’évacuation (HMCE)… 2 - Ambition partagée entre l'état-major des armées (EMA) et le service de santé des armées (SSA)
Evacuation sanitaire depuis la 9e ACA à Tessalit (Mai 2013)
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA / Les UMO Embarquement d'une UMO pour livraison par voie aérienne
Le soutien santé des forces doit être adapté à l’organisation opérationnelle d’intervention La prise en charge médicale et chirurgicale s’adapte sans cesse aux circonstances de l’engagement et à la rapidité nécessaire du premier acte salvateur. Ce cadre se traduit par des niveaux de prises en charge médicochirurgicales nommés "Roles Care". Il existe 4 niveaux depuis la relève du blessé (Rôle 1), jusqu’à son admission dans un hôpital d’infrastructure (Rôle 4). Les UMO sont les formations médicales de terrain qui couvrent les besoins des Rôles 1, 2 et 3. Les Rôles 2 et 3 sont conçus pour disposer de capacités permettant les interventions chirurgicales salvatrices (damage control surgery) et les moyens de mise en condition d’évacuation vers le Rôle 4. Pour la partie équipement des UMO, la DAPSA et ses établissements rattachés 3 et subordonnés 4 assurent
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l’approvisionnement en produits de santé (achats et production), l’assemblage des articles selon les tableaux de composition et la quantité à détenir de chacune de ces UMO aptes à être acheminées par tout moyen sous 24 à 48 Opération de constitution d’une UMO heures. Disposer d’UMO susautomatiquement dès la projection ceptibles d’être expédiées dans des délais très courts, oblige à les maintenir en d'une UMO. Les UMO préconstituées conditions d’emploi opérationnel. Les par l'ECMSSA (T2) 6 sont alors expéretours d'expérience démontrent l'inudiées dans les ERSA pour être complétées par la partie consommable tilité d’entretenir un stock maximum d'unités prêtes à l'emploi. Le principe (médicaments et dispositifs médicaux) dans un délai maximum de deux mois. retenu est le maintien d’une capacité à fournir un certain nombre d’UMO immédiatement projetables (TI) à partir Les principales dotations des ERSA 5. matérielles des UMO Ce concept met en jeu des procéUne UMO est constituée par un efdures préprogrammées de constitufectif technique mettant en œuvre des tion dont les étapes s'enclenchent produits de santé et des équipements
TIC
PM
LCV
MCV
médicaux dédiés. Le parc matériel des UMO doit permettre de couvrir tous les besoins depuis la prise en charge du combattant sur le terrain jusqu’à l’évacuation de retour des blessés en métropole pour soins réparateurs. Ce parc représente une trentaine de modules, lots et dotations constitués en autant d’unités nécessaires pour répondre à l’ambition opérationnelle.
Ces unités sont composées de lots "noyaux" pouvant être enrichis avec des lots additionnels et des véhicules sanitaires. Afin de répondre au plus vite au besoin de soutien médical des militaires, cette UMO dispose d'un lot précurseur 7 de projection initiale (LPI). Le LPI permet une aptitude immédiate de prise en charge médicale alors que la poste est en cours d’installation.
La TIC
Les LCV
La trousse individuelle du combattant est le premier équipement du soutien médical (sans être une UMO), celui dont tout militaire sur un théâtre d’opérations doit disposer.
Le Lot de chirurgie vitale (LCV), avec son personnel, constitue le module de chirurgie vitale (MCV). Il constitue la plus petite capacité chirurgicale du service. Cette structure légère a l’avantage de pouvoir être rapidement acheminée par aéronef, mais son autonomie est de facto réduite.
Les PM 14 Le poste médical type 2014 (PM 14) remplace le poste médical avancé (PMA). Cette UMO du Rôle 1 est celle qui a le plus évolué depuis les anciens postes de secours et les unités projetables de soins autonomes (UPSA) pour répondre à l'ambition d'une médicalisation de l'avant proche de la prise en charge des blessés de la vie courante.
L’AC 05 L’antenne chirurgicale Type 2005 (AC/05) est l’équipement mis en œuvre par nos ACA et ACP (antennes chirurgicales aérotransportables et antennes chirurgicales parachutistes). Accolées à la zone de contact, ces UMO du Rôle 2
AC
HMC Kaia
sont étudiées et conçues pour être aptes à admettre les premiers blessés dans les premières heures qui suivent l'engagement des forces soutenues. Une AC/05 dispose d’une autonomie de 48 heures. En cas d’ancrage sur un théâtre d’opération, le ravitaillement médical de ces UMO est capital. Dans le cadre de l’évolution permanente de nos capacités, le SSA conduit actuellement les travaux qui donneront naissance au successeur de l’AC/05 à l’horizon 2019, pour s’adapter au mieux aux évolutions des modes d’actions terrestres des forces armées françaises. 3 - Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) 4 - Pharmacie centrale des armées (PCA), Etablissement central des matériels du service de santé des armées (ECMSSA) 5 - Etablissements de ravitaillement sanitaire des armées (ERSA) de Vitry-le-François et de Marseille. 6 - T2 : les UMO concernées doivent être livrées aux ERSA en remplacement de celles déjà projetées pour être aptes à être expédiées dans les deux mois. 7 - Le lot précurseur ou lot de projection initiale (LPI) est dimensionné pour un soutien médical de 200 militaires durant deux jours.
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA / Les UMO
© S. Lafargue / ECPAD
Module MORPHEE
Les HMC Les Hôpitaux médicochirurgicaux (HMC), héritiers des FSC lourdes de la période de la guerre froide, sont les structures hospitalières de terrain les plus complètes en capacités chirurgicales et en hospitalisation pouvant être déployées en milieu hostile. Ce sont des hôpitaux sous abri textile pouvant être installés en infrastructure d’opportunité ou en infrastructure dédiée comme à Kaboul jusqu’à décembre 2014. La constitution de ce type d'UMO ne répond plus totalement aux exigences de flexibilité actuelles. Un nouveau concept est à l'étude.
Le GMC Le groupement médicochirurgical (GMC) est étudié pour remplacer les HMC. Hôpital de terrain allégé, inspiré
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de la structure de l’antenne chirurgicale disposant d’une capacité d’hospitalisation plus faible que l’HMC, il constitue le résultat des études de modernisation.
Les UMO additionnelles Plusieurs configurations peuvent se combiner par addition à celles qui sont déjà actives sur le terrain : • les modules shelterisés 8 maintenus en condition opérationnelle à l’ECMSSA.
d’oxygène, les laboratoires vétérinaires, les ateliers NTI2… • les modules sous abri tels que les unités de distribution des produits de santé (UDPS), les laboratoires de campagne modèle 2018 (LC/18), les lots de crise pour expertise épidémiologique en opération extérieure (EPIDOPEX), les lots formant les éléments militaires médicaux d’investigation biologique (EMIBE), les unités médicales de décontamination des armées (UMDA)…
Les UMO spécifiques
Module technique scanner shelterisé
Ce sont les scanners, les modules de stérilisation, ceux de production
Ce sont des dotations qui s’ajoutent aux dispositifs implantés afin d’assurer la parfaite continuité de la chaîne de soutien santé. Nous ne citerons ici que les principales que sont les modules d’évacuation médicale : • les lots MEDEVAC VR 9 sont de types
© G.Gesquière / armée de Terre
GMC
multiples, adaptables à chaque modèle de véhicule de la dotation des unités. Ils équipent les véhicules sanitaires comme les véhicules blindés tels que les VAB 10; • les lots EVMH 11 sont destinés aux missions d’évacuation héliportées sur les rôles 1, 2 et 3 jusqu’aux points d’embarquement sur voie aérienne ; • les modules MORPHÉÉ 12 adaptables dans l’avion C135 pour évacuer jusqu’à 12 patients par rotation sur les rôles 4, générateur de gain de temps et d’efficacité dans la performance du soutien santé ; • le lot de convoyage médicalisé pour 30 blessés (CM 30) est adapté à l’avion CASA. (cf photo p.61)
Les unités de sécurité extrême Des UMO complètent ce maillage modulaire afin de disposer d’au moins une
solution opérationnelle à toute situation exceptionnelle. De nombreuses UMO embarquées à bord des navires permettent par tout temps en mer, d’assurer un secours médical et chirurgical. La participation du SSA au secours des populations s’appuie sur des lots destinés au secours médical et à l’évacuation des ressortissants français à l’étranger.
Valorisation des UMO
du Golfe ont joué un rôle majeur dans l’élaboration du nouveau concept de soutien santé à apporter aux forces armées. Au cours de ces 25 dernières années, bénéficiant du développement des vecteurs aériens, la trajectoire s’est affinée avec l’objectif de toujours offrir aux combattants, l’assurance d’une même qualité de prise en charge médicale en OPEX et sur le territoire national.
Le SSA développe des moyens dont l’efficacité est reconnue. Le modèle SSA 2020 porte la valorisation de ses savoir-faire. Des contacts noués avec certaines structures ministérielles et civiles ont montré tout l’intérêt porté sur la constitution des UMO. Le ravitaillement sanitaire a ainsi fourni en 2016, 13 lots « point de rassemblement des victimes » à la DGSCGC 13 pour l’EURO 2016. La fin de la guerre froide et la guerre
8 - Configuration installée dans un conteneur aussi nommé "shelter". 9 - Lot médicalisé d’évacuation par voie routière (MEDEVAC VR). 10 - Véhicule de l’avant blindé (VAB). 11 - Lot d’évacuation médicale par hélicoptère. 12 - Module de Réanimation pour Patient à Haute Élongation d'Évacuation (MORPHÉÉ). 13 - Direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crise (DGSCGC).
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
La recherche à visée opérationnelle
© Photos : Christophe Morgado / IRBA
Stress post-traumatique, fatigue, traumatismes musculo-squelettiques, port de charges lourdes, exposition aux températures extrêmes, ... À l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), la liste des projets de recherche liés aux risques rencontrés par les militaires en opération est longue.
Q
uel est le point commun entre un pilote de Rafale, un chuteur du 1er régiment parachutiste d’infanterie de Marine, un nageur de combat du commando Hubert, un soldat de l’opération Barkhane et celui qui participe à la mission Lynx en Estonie ? Tous sont exposés à des environnements opérationnels particuliers et leur organisme peut dès lors développer des pathologies réactionnelles et des problèmes médico-physiologiques altérant leur santé et leur capacité opérationnelle. L’IRBA mène des recherches et des études de terrain dans le but de préserver au mieux la santé, la sécurité et la performance des militaires. Il s’intéresse notamment aux nouvelles techniques de reconstruction osseuse et tissulaire, à l’origine de la gêne respiratoire ressentie par certains pilotes lors de vols avec fortes accélérations, et établit des recommandations sur l’adaptation de l’entrainement au port de charges lourdes ou aux risques thermiques.
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
Un environnement virtuel de formation pour optimiser la prise en charge des blessés Focus
Le projet ANR VICTEAMS, dont l’IRBA est l’un des acteurs, vise à entraîner à la prise de décision lors d’incident multi-victimes en médecine de l’avant. L’IRBA étudie actuellement le rôle des « compétences non techniques » dans la performance de prise de décision en activité de gestion de crise. En effet, quand les équipes soignantes s’entraînent via des logiciels de simulation, les exercices sont souvent centrés sur l’apprentissage des gestes techniques. Or, l’activité de gestion d’afflux massif de victimes implique une performance collective. Afin de prendre en compte l’aspect relationnel de la gestion d’équipe, essentiel lors d’une intervention médicale en contexte de crise, l’IRBA a traduit certaines compétences non techniques, telles que le leadership ou la coopération, dans le domaine de l’ergonomie et de la psychologie ergonomique. But : comprendre le rôle que ces compétences jouent dans le processus de prise de décision et dans sa performance au sein d’un d’environnement dynamique à risque. Les résultats de cette étude pourront servir aux équipes d’urgence militaires et civiles, dont la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Manque de sommeil, stress, exposition aux traumatismes physiques et psychiques… Le soldat en opération est agressé de toutes parts. La blessure n’est pas toujours physique. L’IRBA développe des stratégies de prévention, de diagnostic et de traitement des affections liées au stress (aigü, chronique ou post-traumatique), ou dues à la fatigue et à la dégradation de la vigilance induites par les situations opérationnelles. L’efficacité des techniques d’optimisation du potentiel et notamment le recours à la sieste optimisée lors d’une légère dette de sommeil a été démontrée.
Connaissance, anticipation et gestion des dangers NRBC : l’IRBA, un acteur clé pour la Défense et la santé du militaire Dans un contexte sécuritaire instable, dominé par la résurgence de tensions inter-étatiques, la prolifération nucléaire, le terrorisme et des crises sanitaires d’ampleur, les dangers nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) n’ont pas perdu de leur actualité : accident de la centrale nucléaire de Fukushima (2011), épidémie du virus Ebola en Afrique de l’Ouest (2014-2016), du virus Zika en Polynésie
et Guyane (2013-2015), assassinat de Kim-Jong-Nam avec le neurotoxique VX en 2017… Assurance face à des situations exceptionnelles mais aux conséquences potentiellement catastrophiques, une défense NRBC adaptée est primordiale. Le SSA entretient des domaines d’expertise particuliers, parfois uniques en France, qui en font un contributeur essentiel dans le cadre de la gestion d’une crise NRBC, sur les théâtres d’opération et sur le territoire national. L’IRBA regroupe une partie des capacités du SSA mises en œuvre pour faire face à ces menaces. Bien que les agents biologiques du risque naturel ne soient pas toujours considérés comme faisant partie du « B » de NRBC, le SSA doit, à deux titres, prendre en compte ces risques : de par l’impact que ces agents peuvent avoir sur la conduite d’opérations militaires et du fait que certains de ces agents pourraient faire l’objet d’une utilisation offensive délibérée. L’IRBA est ainsi labellisé par l’institut de veille sanitaire comme centre national de référence dans les domaines des maladies virales (CNR Arbovirus - ex. virus Zika, CNR Orthopoxvirus - virus de la variole en particulier), des maladies infectieuses parasitaires (laboratoire associé
CNR Paludisme) et bactériennes (CNR Charbon). La majorité des forces françaises projetées hors métropole (environ 12 000 militaires en Afrique) et leurs familles sont exposées chaque année au risque infectieux. L’unité des arbovirus de l’IRBA mène une étude sur les fièvres inexpliquées en Afrique qui permettra d’améliorer l’état de connaissance des virus circulant dans les zones de déploiement et éventuellement d’en découvrir de nouveaux tout en développant des outils de diagnostic de pointe. L’enjeu est également de pouvoir proposer des directives opérationnelles pour limiter le risque infectieux sur le terrain grâce à l’identification des modes de transmission les plus importants. SACE Gabrielle GABELLE Service communication - IRBA
Le saviez-vous L’IRBA organise la 8e biennale de la recherche du SSA les 26 et 27 juin 2018. Elle rassemblera les acteurs de la recherche du SSA autour du thème : « Le rôle de la recherche biomédicale dans les OPEX/déploiements opérationnels : avant, pendant et après ».
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
Le rôle des EHM et EHCM dans
le soutien médical des opérations
Dans le cadre des transformations récentes du SSA, la composante hospitalière militaire a été différenciée en Ensembles Hospitaliers Militaires (EHM) et Ensembles Hospitaliers Civils et Militaires (EHCM) pour se recentrer sur les besoins de soutien opérationnel des forces armées.
EHM/EHCM : qu’est-ce que ça change ? Les établissements hospitaliers militaires (EHM) sont des outils de défense détenus en propre par le ministère des Armées. Au nombre de deux (EHM Île de France et EHM Provence Alpes Côte d’Azur), ils sont constitués chacun de deux HIA, l’un labellisé « trauma center » de niveau 1 par les agences régionales de santé (ARS), l’autre, référent
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
© JF.d'Arcangues / ECPAD
L
a composante hospitalière intervient à tous les niveaux du soutien médical des opérations. En amont de la projection, elle participe à la mise en condition du personnel au travers des soins et de l’expertise. Lors de la projection, les personnels des HIA arment les unités médicales opérationnelles (antenne chirurgicale, module de chirurgie vitale, groupement médico-chirurgical, unités médicales de décontamination des armées…), réalisent des expertises particulières (psychiatres et psychologues, chirurgie dentaire, rééducation, laboratoires, imagerie médicale) ou font partie des équipes MEDEVAC tactiques (intra théâtre) et stratégiques (entre le théâtre et la métropole). Les HIA assurent l’accueil des blessés lorsqu’ils rejoignent le territoire national. Cette prise en charge au sein de la composante hospitalière du SSA peut se poursuivre jusqu’à la réinsertion socio-professionnelle.
en infectiologie. Ils fournissent de façon prioritaire les spécialités concourant à la réponse immédiate au contrat opérationnel et à la prise en charge initiale des blessés et de leurs séquelles. Leur personnel assure prioritairement les ouvertures de théâtres, les astreintes opérationnelles (notamment pour les équipes de MEDEVAC stratégiques et pour la mise à disposition de spécialistes) et la prise en charge initiale des blessés évacués des théâtres d’opérations. Au nombre de quatre (Lyon, Bordeaux, Brest et Metz), les EHCM ont vocation à s’intégrer pleinement dans leurs territoires de santé dans le cadre de partenariats pérennes, notamment au travers
des groupements hospitaliers de territoire (GHT). Ils réalisent également la mise en condition opérationnelle des militaires. Ils fournissent prioritairement les relèves programmées sur les théâtres d’opération. Les EHM et les EHCM assurent, en lien avec les centres médicaux des armées, la prise en charge au long cours des blessés en provenance des théâtres d’opération, notamment dans le domaine de la réhabilitation psychique et physique. Médecin en chef Patrick CADOT Chef du bureau « expertise opérationnelle »
La Médecine Physique et de Réadaptation (MPR) au service
des blessés de guerre
© G.Mariette / ECPAD
© JF.d'Arcangues / ECPAD
Le soutien médical des opérations a pour objectif d’offrir aux blessés la meilleure chance de survie, de récupération et de réinsertion professionnelle et sociale. L’enjeu est donc majeur pour les services de Médecine Physique et de Réadaptation (MPR) militaires dont le rôle est d’assurer la rééducation, la réadaptation et la réinsertion des militaires blessés.
Blessures physiques et psychiques Le blessé de guerre est un patient polytraumatisé grave dont les blessures sont à la fois physiques et psychiques. Les lésions peuvent être multiples et pénétrantes, occasionnant amputations de membre, plaie ou traumatisme crânien, fracture vertébrale avec ou sans lésion médullaire, brûlures graves… Le traumatisme psychique est systématiquement associé dans ce contexte. La performance des équipements de
protection individuelle des combattants et l’efficacité de la prise en charge médico-chirurgicale initiale au plus près des combats permettent aujourd’hui à ces blessés de survivre, parfois malheureusement au prix d’un pronostic fonctionnel sévèrement engagé. Les équipes de MPR interviennent alors. Disposant notamment de compétences médicales spécifiques aux blessures de guerre, elles rééduquent et accompagnent le blessé jusqu’à la réinsertion socio-professionnelle.
Les phases primaires de « rééducation initiale » Les équipes pluridisciplinaires de MPR interviennent très précocement dans le parcours de soins des blessés : les phases primaires, dites de « rééducation initiale », peuvent débuter dès que le patient est stabilisé au sein du service de réanimation. Il s’agit alors de garantir la stabilité de l’état clinique en prévenant et en traitant les potentielles complications médico-chirurgicales (accident thrombo-embolique, Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
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© Bernard Sidler
DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
infection, escarres, attitude vicieuse…) et de surveiller la bonne évolution des lésions initiales en étroite collaboration avec les équipes chirurgicales. Le retentissement du traumatisme psychique est systématiquement évalué : une prise en charge psychiatrique est requise au moindre signe évoquant un état de stress post-traumatique. Ces phases primaires comprennent également une évaluation précise des déficiences et conduisent à la mise en œuvre d’un projet thérapeutique adapté visant à améliorer la récupération des fonctions endommagées et l’autonomie du blessé dans les activités de la vie quotidienne. Les moyens mis en œuvre sont spécifiques au champ de la MPR associant séances de rééducation (kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie…), mise en place d’aides techniques (béquilles,
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
fauteuil roulant…), appareillage (orthèse, prothèse, corset) et adaptations de l’environnement.
Les phases secondaires dites de « réadaptation-réinsertion » Elles dépassent le champ du médico-chirurgical et entrent dans le champ du médico-social. La constitution et la concrétisation d’un projet de réadaptation personnalisé nécessitent la collaboration étroite des équipes de MPR et de psychiatrie avec les différents acteurs sociaux de l’institution militaire. Durant cette phase, les démarches visant à assurer la reconnaissance et la réparation sont indispensables pour garantir la reconstruction du blessé. La constitution d’un dossier de pension militaire d’invalidité (PMI) permettra au blessé,
après expertise médicale, de percevoir une pension et de bénéficier d’autres avantages tels que les soins médicaux gratuits (article L.115). Ces dernières années, de nouveaux processus spécifiques au milieu militaire ont été développés pour améliorer la réinsertion socio-professionnelle des blessés de guerre : • Création de la Cellule de Réadaptation et Réinsertion des Blessés en Opération (C2RBO) en 2011 à l’hôpital Percy. La C2RBO regroupe médecins MPR, psychiatres, travailleurs sociaux et représentants des cellules de blessés des différentes armes. D'autres membres d’associations ou d’organisations telles que le Service des PMI ou l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre peuvent y être invités. Elle a pour mission de
© Alexandra Caussard - BCISSA
• Recours aux nouvelles technologies et financement des prothèses bioniques chez l’amputé de telle sorte que les prothèses qui ne sont habituellement pas remboursées par la sécurité sociale, bénéficient d’une prise en charge par décret ministériel, pour les militaires blessés en mission s’inscrivant dans un projet de réinsertion socioprofessionnelle.
© Olympe Goubault
© Olympe Goubault
construire et d’accompagner le projet personnalisé de réinsertion professionnelle de chaque blessé vers un retour dans l’institution militaire quand cela est possible ou vers le monde civil en lui facilitant l’accès à l’emploi et aux formations.
• Développement de la réinsertion par le sport en collaboration avec les cellules d’aide aux blessés, avec la création de stages sportifs proposés aux blessés dans le but de redonner le goût de l’effort et faire découvrir les nouvelles capacités sportives. Ces stages constituent de véritables outils de reconstruction, d’intégration et de réinsertion pour les blessés. Les plus motivés d’entre eux pourront évoluer dans le handisport, parfois à haut niveau, et participer à des compétitions internationales telles que les Invictus Games ou les War Wounded Trials. En région parisienne, c’est l’ensemble du réseau de soins qui se réorganise pour créer à terme un véritable « Pôle
de réhabilitation de la Défense » réunissant tous les acteurs de MPR et de psychiatrie de l’ensemble hospitalier militaire parisien (HIA Percy, HIA Bégin) et l’Institution Nationale des Invalides. Le but est de garantir la mise en œuvre d’un parcours de soins coordonné pour chaque blessé, depuis sa prise en charge initiale jusqu’au plus près des forces dans les Centres Médicaux des Armées. Médecin Principal Julia FACIONE Médecine Physique et de Réadaptation HIA Percy
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DOSSIER : LES OPÉRATIONS DU SSA
La CABMSSA au service
des blessés et malades du SSA La cellule d’aide aux blessés et aux malades du service de santé des armées (CABMSSA) a été créée en 2016. Rattachée au bureau Considération de la direction centrale du SSA, elle est dirigée par l’infirmière cadre de santé paramédical (ICASP) Isabelle, secondée de l’assistante médico-administratif de classe normale (AMACN) Amanda. Elle propose aux blessés et aux malades du Service un accompagnement très large. Elle est localisée auprès des cellules d’aide aux blessés des armées, dans les locaux de l’Hôtel National des Invalides à Paris. Pour en savoir plus, l’ICASP Isabelle nous répond.
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Qui sont les ressortissants de la CABMSSA ? La CABMSSA apporte son soutien à tous les militaires de la chaîne santé, d’active et de réserve, blessés ou malades en service : les praticiens, les militaires infirmiers et techniciens des hôpitaux des armées (MITHA), les volontaires du SSA (VSSA) ainsi que tous les militaires des armées, directions et services employés dans une fonction santé : les commissaires d’ancrage santé, les auxiliaires sanitaires, les assistants de soutien aux soins… Bien au-delà du statut et de l’armée d’appartenance, ce qui compte avant tout pour nous c’est de respecter « l’équipe santé » et d’accompagner cette équipe lorsque les circonstances l’exigent.
dans leur parcours juridico-médico-administratif jusqu’à la phase de réinsertion socio-professionnelle militaire ou civile. Pour cela, nous sommes en relation avec de nombreux acteurs tels que le commandement de proximité, les organismes de gestion, l'Action sociale des armées, l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC-VG), l’Agence de Reconversion de la Défense (ARD) notamment.
Concrètement, en quoi consiste votre accompagnement ? Si nous devions résumer notre action en quatre verbes, nous dirions que nous sommes là pour accueillir, écouter, orienter et accompagner. Nous accompagnons nos ressortissants
Quelle est votre action en faveur des familles des blessés et des malades ? Nous accompagnons les familles des blessés et des malades dès qu’elles en expriment le souhait. Elles savent que nous sommes à leur disposition et
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qu’elles peuvent compter sur nous pour les aider dans leurs démarches souvent complexes. Travaillez-vous avec les autres cellules d’aide ? Oui bien sûr, et c’est aussi là tout l’intérêt de notre mission. Comme nous sommes co-localisés, nous travaillons en partenariat étroit dans le but d’offrir l’accompagnement le plus complet possible aux militaires. Par ailleurs, nous assurons aussi le rôle de « conseiller santé » au profit des autres cellules, en particulier pour toute question relative au parcours de soin et au parcours de reconstruction, notamment par le sport.
Contacts cabmssa.contact.fct@intradef.gouv.fr
RESSOURCES HUMAINES
Fin du prélèvement sur la solde pour les cotisations UNEO Le personnel militaire dispose de la liberté de choix de sa mutuelle pour la protection santé complémentaire.
P
our les adhérents de la mutuelle UNEO, les cotisations sont actuellement prélevées directement sur la solde (dispositif de précompte) en application d’une convention de référencement. Dans ce cadre, le dispositif du précompte UNEO prend fin à compter du 1er juillet 2018. À cette date, les cotisations devront être réglées par prélèvement bancaire. Chaque adhérent de la mutuelle UNEO doit donc établir un formulaire SEPA de mandat de prélèvement automatique et le transmettre à UNEO. Le ministère des armées a conclu pour le personnel civil et militaire de nouvelles conventions de référencement pour une durée de 7 ans avec quatre organismes :
www.groupe-uneo.fr
Service Adhésions et Cotisations 48, rue Barbès 92544 Montrouge Cedex) Le formulaire est accessible sur le site internet d’UNEO www.groupe-uneo.fr
www.harmonie-fonction-publique.fr
Mandat de prélèvement SEPA
Cadre réservé aux services d’Unéo - Ne rien inscrire Recrut.
U03
U_FORM_U03_MAJ2310
Évèn.
www.interiale.fr
www.agpm.fr mandataire de AGPM Vie, Allianz Vie et MCDéf.
Unéo - Service Adhésions et Cotisations - 48, rue Barbès - 92544 Montrouge Cedex - Tél. : 0 970 809 709 (appel non surtaxé) - groupe-uneo.fr • Merci d’écrire en lettres capitales ou de cocher vos choix sans déborder des cases • Les dates sont à inscrire au format JJMMAAAA (par exemple : 15 août 1989 15081989) • N’OUBLIEZ PAS DE SIGNER LE MANDAT ET DE JOINDRE UN RELEVÉ D’IDENTITÉ BANCAIRE
Votre numéro d’adhérent (si connu)
IMPORTANT, À LIRE AVANT DE COMPLÉTER : merci de nous retourner ce mandat de prélèvement SEPA par voie postale, à l’adresse indiquée ci-dessus, revêtu de votre signature originale manuscrite. Aucun mandat de prélèvement SEPA dématérialisé (scanné, photographié...) renvoyé par e-mail ne pourra être pris en compte par Unéo pour des raisons réglementaires. En signant ce formulaire de mandat, vous autorisez Unéo à envoyer des instructions à votre banque pour débiter votre compte et votre banque à débiter votre compte conformément aux instructions d’Unéo. Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les instructions décrites dans la convention que vous avez passée avec elle. Une demande de remboursement doit être présentée : • dans les 8 semaines suivant la date de débit de votre compte pour un prélèvement autorisé • sans tarder et au plus tard dans les 13 mois en cas de prélèvement non autorisé.
Identité du titulaire du contrat Mme
Ces organismes référencés s’engagent à : - respecter pendant 7 ans l’ensemble des critères sur lesquels ils ont été sélectionnés, et notamment ceux du « contrat responsable et solidaire », - minorer la cotisation des assurés en contrepartie de la participation financière du ministère, - offrir des conditions d’adhésion aux assurés (pas de questionnaire santé, un tarif santé unique quel que soit le revenu, pas de majoration en cas de changement d’organisme…), - maintenir le panier d’offres pour toute la durée du référencement, - maitriser les évolutions tarifaires, - maintenir des garanties aux assurés après leur départ en retraite, - faire bénéficier des dispositions référencées aux familles des adhérents, - offrir une couverture prévoyance.
M.
Nom
Prénom Nom de famille(1) Date de naissance
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(1) Nom figurant sur votre acte de naissance
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Ville
Téléphone fixe(2)
Téléphone portable(2)
E-mail(3) (2) Facultatif. (3) En indiquant mon e-mail, j’accepte l’usage de ma messagerie électronique pour la transmission des informations relatives à l’exécution de mon contrat mutualiste.
• Objet du paiement : le montant du prélèvement comprend les cotisations afférentes aux garanties relatives aux contrats souscrits auprès d’Unéo, et celles afférentes aux contrats collectifs à adhésion obligatoire ou facultative souscrits auprès de ses partenaires. • Type de paiement : récurrent.
Périodicité de prélèvement choisie pour les cotisations Unéo (à la date du 5 du mois de référence) Mensuelle
Trimestrielle
Semestrielle
Annuelle
La cotisation relative à votre (vos) mutuelle(s) d’accompagnement social est prélevée semestriellement.
Coordonnées de votre compte bancaire (ces données figurent dans votre carnet de chèques ou sur votre relevé de compte) Numéro d’identification international du compte bancaire - IBAN (International Bank Account Number) :
Code international d’identification de votre banque - BIC (Bank Identifier code) : Coordonnées de votre créancier : Unéo - Service santé, prévoyance et cotisations - 48, rue Barbès - 92544 Montrouge Cedex Identifiant créancier SEPA (ICS) : FR85ZZZ545269
Signature (n’oubliez pas de joindre au présent formulaire un relevé d’identité bancaire) Je certifie l’exactitude des éléments mentionnés et déclare avoir pris connaissance et accepté les conditions d’utilisation du mandat de prélèvement SEPA (voir au verso) Lefl
Fait àfl
Conformément à la loi Informatique et libertés n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et d’opposition des données vous concernant, pouvant s’exercer auprès du correspondant informatique et libertés de la mutuelle Unéo. Les données collectées font l’objet d’un traitement informatique pour permettre à Unéo et à ses partenaires de gérer votre contrat. Elles sont indispensables à cet effet et pourront être utilisées dans le cadre des opérations de contrôle et de lutte contre le blanchiment. Si vous ne souhaitez pas recevoir d’information sur l’offre Unéo, veuillez cocher la case ci-contre. Ces données pourront être cédées aux partenaires de la mutuelle à des fins de prospection. Si vous ne le souhaitez pas, veuillez cocher la case ci-contre.
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Unéo, mutuelle soumise aux dispositions du livre II du Code de la mutualité, immatriculée au répertoire Sirene sous le n° 503 380 081 48 rue Barbès - 92544 Montrouge cedex. Imprimé en octobre 2017 par IPP, 5 rue Gustave Eiffel - 77140 Nemours
Référence Unique du Mandat (cadre réservé aux services d’Unéo - Ne rien inscrire)
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RESSOURCES HUMAINES
Retrouvez dans cette rubrique des informations pratiques du domaine des ressources humaines pour suivre les dernières décisions et évolutions qui vous concernent.
Parcours professionnels, carrières et rémunérations (PPCR) La transposition du dispositif PPCR au profit des différents corps sous statut MITHA a fait l’objet d’un important travail de reclassement durant toute l’année 2017 et ce début d’année 2018 afin d’aboutir à un paiement des soldes avec ces nouveaux indices « PPCR » fin mars 2018, avec effet rétroactif au 1er janvier 2017. 4771 décisions individuelles de reclassement seront diffusées avant l’été 2018 indiquant à chaque personnel concerné son nouvel échelon, l’ancienneté conservée dans l’échelon et le galon d’apparence correspondant. Seule cette décision individuelle permet le port des galons en question. Les corps de Directeur des soins et de psychologue feront l’objet d’un reclassement ultérieur.
Prime de haute technicité (PHT) Dans l’attente de l’arrêté ministériel de contingentement par armée d’attribution de la PHT pour l’année 2018, de nouvelles instructions et circulaires d’attribution de la dite prime sont en cours d’élaboration à la DCSSA afin d’initier une campagne 2018 pour les sous-officiers MITHA.
Parcours professionnels Initié en 2017, le travail de description de nouveaux parcours professionnels se poursuit en 2018 afin d’illustrer la diversité et la richesse des emplois possibles au sein du SSA. Ces parcours couvrent l’ensemble des composantes tant pour les praticiens que pour les personnels des différents corps de paramédicaux et périmédicaux sous statut MITHA avec, par exemple, des parcours professionnels aussi divers que celui des infirmiers des forces spéciales, des infirmiers hyperbaristes, des assistants médico-administratifs, des vétérinaires, des médecins des forces sous-marine, etc. Disponibles en ligne sur Intrasan début avril 2018, ces parcours professionnels seront à la disposition de tous les personnels et seront régulièrement actualisés et complétés afin de s’adapter à tous les changements inhérents aux métiers de la santé et aux missions du service. Proposés à titre informatif, ils permettent à chacun, à tous les moments de la carrière de pouvoir envisager les possibilités d’accès aux nombreux emplois et qualifications offerts par notre institution.
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FORMATION
Module Santé Défense à l’îlot Percy En début d’année, une soixantaine d’étudiants en médecine, en pharmacie et en odontologie ont été accueillis à l’îlot Percy pour suivre un module Santé Défense. Une belle opportunité pour découvrir la spécificité militaire des médecins du SSA.
C
e module est une unité optionnelle d’enseignement « Santé et Défense » organisée conjointement entre les facultés de Paris-Descartes et Paris-Diderot et l’Ecole du Val-de-Grâce (EVDG). Les futurs praticiens ont alors découvert les activités cliniques spécifiques au Service, tournées vers l’opérationnel. L’enjeu est de présenter le cadre technique, opérationnel et juridique de l’exercice au sein du service de santé à des praticiens qui pourraient alors être intéressés pour rejoindre le SSA en tant qu’officier sous contrat ou réserviste opérationnel. Coordonnée par le centre de formation de médecine aéronautique (CFMA) de l’École du Val-de-Grâce, cette demi-journée d’immersion au sein du service de santé des armées a permis de présenter le centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) et ses innovations, notamment son activité de lyophilisation de plasma, le service de protection radiologique des armées (SPRA), le centre de traitement des blessés radiologiques, chimiques ou
contaminés (CTBR2C) et un lot de chirurgie vitale (LCV) utilisé en opération extérieure. « Je suis surprise par le savoir-faire vraiment très spécifique du métier de soignant militaire. C’est impressionnant ! », annonce Clara, 24 ans. Implanté sur l’îlot, l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy détient une forte activité d’enseignement initial et continu, avec une centaine d’internes civils et militaires accueillis chaque
année, aux côtés d’externes et de stagiaires, dans toutes les spécialités, de la médecine interne à la chirurgie orthopédique. La recherche et l’innovation, en lien avec des acteurs de santé publique, sont également très présents dans l’activité de l’établissement, au service des patients civils et militaires. Sergent-chef Florian MEIZAUD Chargé de communication - HIA Percy
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FORMATION
Focus sur le directeur de stage formation militaire initiale des MITHA La formation militaire initiale (FMI) des militaires infirmiers et techniciens des hôpitaux des armées (MITHA) et des volontaires du service de santé des armées (VSSA) est conduite à l’école de gendarmerie de Rochefort pendant une durée de 4 semaines. Cette formation spécifique est, depuis peu, placée sous l’égide d’un cadre de santé désigné par l’école du Val-deGrâce (EVDG).
L’
infirmier cadre de santé paramédical Jean-Alain, 20 ans de service, est cadre de santé dans le service de réanimation de l’HIA Laveran (Marseille) depuis septembre 2013. Du 6 novembre au 1er décembre 2017, il a exercé les fonctions de directeur de stage et a ainsi encadré la 151e promotion des MITHA et VSSA. Le directeur de stage a pour mission de donner aux nouveaux engagés sous contrat dans le SSA, les éléments nécessaires à l’intégration militaire dans un grand service interarmées, de partager avec eux les valeurs communes aux forces armées, de leur faire connaitre l’organisation des armées, tout comme les principes de la hiérarchie et le statut général des militaires. Il s’agit, enfin et surtout, de les préparer à la projection
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aux opérations extérieures. Pour exercer son rôle de directeur de stage, il dispose de personnels placés sous son autorité fonctionnelle : - d’un adjoint (le plus souvent un sous-officier supérieur désigné par l’EVDG) ; - d’un chef de section (sous-officier désigné par l’EVDG) ; - de cadres de contact (sous-officiers désignés par l’EVDG et par la direction générale de la gendarmerie nationale). Le directeur de stage joue le rôle d’interface entre le commandement de l’école de gendarmerie, l’EVDG, les établissements du Service, notamment hospitaliers, l’antenne médicale de Rochefort, pour le suivi médical du stagiaire pendant la formation et la direction centrale du SSA en termes de considération (conseiller du personnel sous-officier et conseiller personnel militaire du rang auprès de la directrice centrale). Il leur rend compte de toute difficulté rencontrée, chacun dans leur domaine. En collaboration avec son équipe, il amène les stagiaires à la réussite de leur formation, c’est-à-dire à l’obtention
de la FMI, sésame indispensable pour intégrer l’institution avec le bagage militaire et paramédical de base. En cas d’échec, les stagiaires sont tenus de repasser la FMI s’ils souhaitent devenir MITHA ou VSSA. Véritable atout pour la formation du personnel, le cadre de santé qui dirige le stage peut transmettre les valeurs propres au Service. Il peut affirmer sa militarité et montrer ses qualités managériales et pédagogiques, pour s’inscrire dans un parcours vers de plus hautes fonctions au sein du Service (cadre supérieur, directeur de soins, enseignant à l’EVDG ou à l’EPPA par exemple). AMACE Christine ABEL Conseiller du personnel sous-officier auprès de la directrice centrale du SSA
VIE DU SERVICE
Une semaine riche en rassemblements pour le 3e CMA
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e mardi 16 janvier 2018 s’est tenue à Lille une cérémonie avec remise d’ordres nationaux à deux officiers de réserve du SSA. Présidée par le MGI Gerboud, directeur régional du SSA de Saint-Germain en Laye, cette cérémonie a eu l’honneur d’accueillir de nombreux invités dont les autorités militaires locales, le MG Boin, sous-directeur "Plan-Capacités" et représentant la pré-Direction de la Médecine des Forces avec une animation de la musique de l’Infanterie de Lille. Les deux ordres nationaux ont été remis respectivement dans le grade d’officier pour le MCSCN ® Lemahieu et dans le grade de Chevalier pour le MC ® Meurisse. Un infirmier de réserve et le caporal-chef Jennifer ont également été mis à l’honneur. Le commandant du 3e CMA a ensuite procédé à l’inauguration de la nouvelle passerelle de commandement.
Le lendemain, la 6e réunion de pairs du 3e CMA remportait à nouveau un franc succès auprès des participants. Ces groupes de pairs constituent un rendez-vous de praticiens militaires d’active et de réserve, au cours duquel la dynamique d’optimisation des bonnes pratiques, les présentations de cas clinques, protocoles et autres revues de littérature sont l’occasion d’échanges conviviaux. Ensuite, la première commission d’évaluation des risques d’un CMA NG tenue par un chargé de prévention issu
du monde civil a lancé officiellement la démarche de prévention 2018. Elle a validé le fondement du document unique d’évaluation des risques professionnels du CMA. La 3e réunion des psychologues de
CMA est venue clore brillamment ces 3 jours, occasion inédite pour ce jeune corps de praticiens d’échanger et de partager sur leur expérience professionnelle en CMA.
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VIE DU SERVICE
Journée de rencontre civilo-militaire du Sud-Ouest : la simulation
dans les domaines de santé
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ette journée de réflexion et d’information sur la simulation s’est articulée autour de la pratique de recherche et développement au profit du monde hospitalier civil et militaire et de la médecine des forces. Plus de 150 professionnels de santé civils et militaires étaient présents. Deux grands thèmes ont été abordés : la simulation dans des domaines pratiques relevant de la médecine d’urgence et la recherche médicale pour optimiser par la formation la prise en charge de pathologies majeures en santé publique. Les débats ont débuté sur la
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BORDEAUX présentation de la siprésenté à cette renRencontre santé mulation à l’ère du nucontre. Cela permet par civilo-militaire mars 2 0 1 8 du Sud-Ouest mérique. L’intérêt des « l’entrainement d’optimiserious games » dans ser le geste chirurgical, les processus d’entraide réduire le temps des dans les domaines de la santé nement et de formation interventions, de minien médecine de guerre miser les risques d’era été démontré notamreurs et de montrer et ment avec l’importance d’obtenir du patient son de l’olfaction dans le adhésion en pré opéraréalisme en simulatoire au regard de son Inscriptions tion et ses dimensions futur visage, élément important dans la répsychologiques et appropriation du soi. pédagogiques. La simulation trouve Au-delà du virtuel, des exercices de simulation en situation également toute sa place dans d’autres réelle sont régulièrement organisés disciplines telles que la cardiologie ou comme par exemple avec le SAMU, encore la psychiatrie. pour faire appliquer l’algorithme du sauvetage au combat (SAFE-MARCHECette journée de partage s’est conclue RYAN) suite aux attentats sur le territoire par un discours de la directrice. Elle a national. Les scénarii proposés sont la insisté sur l’importance de la simulation protection de VIP, la gestion d’afflux dans la formation et la préparation de massif de blessés, avec des pressions protocoles afin d’optimiser la prise en variables, comme le risque de sur-atcharge du patient. Une deuxième éditentat et/ou la présence de médias. tion qui traduit l’ouverture du SSA et ses Après formation, les scores traduisent orientations nécessaires vers le monde une meilleure confiance des médecins de la santé civile. La médecin général et des infirmiers dans l’appréhension a honoré le mérite et l’engagement de deux personnels du SSA, l’un pour son de l’action et dans la prise en charge normalisée des victimes. action menée lors de l’attentat récent La simulation dans le domaine de la de TREBES, et l’autre pour son action menée en OPEX, en leur remettant sa recherche et développement médical tient aussi toute sa place. Un exemple médaille personnalisée de directrice concret de simulation pour parfaire la centrale du SSA. reconstitution fonctionnelle et esthétique en chirurgie maxillo-faciale a été DRSSA Bordeaux © Photos : Sirpa Terre, IRBA, Medusims - réalisation : Service de santé des armées / bureau communication
Sous l’égide de la direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) de B ordeaux appuyés par de nombreux partenaires locaux, la 2e journée de rencontre santé civilo-militaire du SudOuest s’est déroulée à Talence le 27 mars 2018. Présidée par la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées, et du professeur Jean Luc Pellegrin, directeur du collège des sciences de la santé de l’université de Bordeaux, cette rencontre avait pour thème : « la simulation dans les domaines de la santé ».
Domaine du Haut Carré espace AGORA - 43, rue Pierre Noailles 33400 TALENCE
avant le
09/03/2018
https://goo.gl/forms/o5lDgs552UyVk7IX2
rscmso2018@gmail.com
VIE DU SERVICE
Formation prise en charge des
blessures de guerre
en Bretagne Ouest La coopération civilo-militaire en Bretagne Ouest a donné naissance il y a un an à une formation exceptionnelle sur la « prise en charge des blessés par armes de guerre ». La 2e édition, organisée le 5 avril 2018 à Brest, portait sur le damage control pédiatrique
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rganisé par l'EHCM de Brest, composé du centre hospitalier régional et universitaire de Brest, de l'université de Bretagne Occidentale et de l'HIA Clermont-Tonnerre, cet évènement était destiné aux praticiens hospitaliers et personnels paramédicaux civils et militaires de l’Ouest Bretagne (Brest, Quimper, Lorient). Ouverte par le conseiller médical du Directeur Général de la Santé pour la gestion des situations sanitaires exceptionnelles, une séance plénière de communications animée par plusieurs médecins militaires, a réuni plus de 130 participants. Les spécificités
pédiatriques du damage control préhospitalier et hospitalier ont été abordées au cours d'ateliers pratiques et de tables rondes. Les expériences de médecins civils en missions humanitaires ou dans le cadre de crises sanitaires sur le territoire national se sont croisées avec celles de personnels du SSA souvent amenés à prendre en charge des enfants lors des opérations extérieures. La blessure psychique chez l’enfant était également à l’ordre du jour grâce à un retex de la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) du Finistère au travers d’événements récents (lycéens d e Co n c a rneau lors de
l’attentat du pont de Westminster, attentat de Nice, ouragan Irma). Ces sessions de formation s’inscrivent en cohérence avec le protocole d’accord du 3 octobre 2016 actant la valence formation de l’Ensemble Hospitalier Civil et Militaire de Brest ainsi que le protocole d’accord signé le 6 avril 2017 par les ministres respectivement en charge de la santé et de la défense posant le cadre d’une collaboration interministérielle accrue en matière de gestion des crises sanitaires exceptionnelles. Rendez-vous est pris dans un an pour une nouvelle session civilo-militaire de formation à la médecine de guerre dans le grand Ouest. MC Ba Vinh NGUYEN Chef du service d’anesthésie du CHRU de Brest
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VIE DU SERVICE
Baptême de la promotion d’élèves infirmiers
«1re classe Joseph Puerta» à l’ESA Le vendredi 16 mars 2018, a eu lieu sur la place d’armes de l’École de santé des armées (ESA) à Bron, la cérémonie militaire du baptême de la promotion des élèves infirmiers militaires de l’École du personnel paramédical des armées (EPPA) 2016-2019 dont le commandant est le médecin chef des services de classe normale (MCSCN) Orthlieb.
Dans son ordre du jour, le MCSCN Orthlieb a rappelé aux élèves leur choix
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© Photos : D. Bain - GSBdD / Lyon
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e baptême, présidé par madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, s’est tenu en présence de la directrice centrale du service de santé des armées. 78 élèves infirmiers et stagiaires ont choisi comme parrain l’infirmier de 1re classe Joseph Puerta. Cet infirmier fut envoyé au front nord en 1940, au front de Lorraine en 1941 et au front de Champagne la même année. Il fut fait prisonnier à Saint-Ogier (Marne), le 15 juin 1940. Evadé le 4 novembre 1941, il rejoignit les forces et participa au débarquement sur les côtes de Provence. Il fut décoré de la médaille des évadés ainsi que de la médaille de la Croix du Combattant 1939-1945.
de devenir à la fois infirmier et militaire, afin de servir leur pays en participant au soutien médical des forces armées. « Elèves infirmiers et stagiaires de la promotion 2016-2019, votre parrain est un exemple dont il vous faudra honorer la mémoire en portant son nom, ... lui qui s’est distingué à la fois comme infirmier mais également comme combattant ».
Ce baptême sur le site de Bron est également le premier d’une promotion d’élèves infirmiers dans leur nouvelle école. En effet, cette année sera celle de la bascule complète de l’EPPA sur le site de Bron où elle sera regroupée avec l’école de santé des armées au cœur d’un véritable pôle des formations initiales médicale et paramédicale.
CHANCELLERIE
Le personnel du SSA à l’honneur Au cours du 1er trimestre 2018, de nombreux militaires du SSA ont vu leurs mérites et leur investissement reconnus par l’attribution de décorations et récompenses.
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lus de 600 médailles de la défense nationale échelons « or » et « argent » ont été délivrées par la médecin général des armées Maryline Gygax Généro, directrice centrale du SSA, ainsi que 147 médailles d’Honneur du Service.
Focus
Opération Chammal
Le médecin principal Cécile, 93 e antenne médicale de Brive (8 e CMA Clermont-Ferrand) s’est vue remettre la médaille d’or de la défense nationale avec étoile de bronze le 19 mars 2018 pour sa brillante conduite lors de l’opération Chammal. Le 9 octobre 2016, elle s’est particulièrement distinguée. Elle a pris en charge et coordonné, alors que le groupement d’artillerie était engagé dans des tirs intensifs, l’évacuation d’un blessé grave sur un Camion Equipé d’un Système d’Artillerie (CAESAR) vers une structure médicale adaptée. Elle a ainsi permis aux artilleurs de poursuivre leur mission et à ce blessé de recevoir les soins les plus appropriés.
Pour leur engagement opérationnel dont l’intervention après le passage de l’ouragan « Irma » sur l’île de S aint-Martin ou l’accident aéronautique au Cannet-des-Maures, des récompenses ont notamment été remises au personnel de la 167e antenne médicale de Carcassonne et de la 146e antenne médicale Le Cannet-desMaures pour leur grand professionnalisme.
Enfin, des ordres ministériels sont venus couronner certaines activités. Peuvent être cités en particulier l’attribution de l’ordre du Mérite maritime à l’ISG2G Pascal Floc’h (CSS FAN Toulon), l’ordre des Palmes académiques pour le MC Philippe Sockeel (HIA Laveran), la médaille de l’aéronautique pour les MC Vincent Mancel (168e AM Saintes) et Dominique Dubourdieu (CPEMPN Percy) ainsi que la médaille de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif pour le MP Clément Hoffmann (HIA Percy) et la MED Marie Moulin (169e AM Mont-Louis/Collioure).
© 126 e régiment d'infanterie
En matière d’opérations extérieures, le CMA de Pau-Bayonne-Tarbes s’est quant à lui vu distingué par le chef d’état-major des armées avec l’attribution de cinq citations individuelles.
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LOISIRS
Courir…
Lire… INDICATIF «CLOCHETTE» François-Marie Grimaldi Le médecin-général (2s) Grimaldi intègre l’Ecole du service de santé militaire de Lyon en 1966. Il sert aux Iles Marquises en Polynésie française, puis au 2e REP. Assistant de chirurgie, il est nommé chirurgien des hôpitaux des armées en 1984. Chef d’antenne chirurgicale dès 1986, il participe pendant 20 ans à de nombreuses opérations extérieures (Cameroun, Tchad, RCA, Gabon, Sarajevo, Comores, Kosovo, Afghanistan, Bosnie) ainsi qu’à une mission humanitaire en Iran en 1990. Officier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite, il est titulaire de la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre du corps d’armée.
70 ans au service des légionnaires parachutistes
On ne quitte pas le REP sans y avoir laissé un peu de soi. Depuis 70 ans, avoir servi dans l’un des bataillons puis régiments étrangers de parachutistes reste une expérience humaine et professionnelle unique pour tous les officiers, sous-officiers et légionnaires qui, un jour, ont franchi la portière d’un avion aux côtés « des hommes des troupes d’assaut ». Les médecins n’échappent pas à cette règle et, du réserviste à ses camarades d’active, de l’aspirant, seul appelé de l’unité, au médecin chef, tous y ont effectivement laissé un peu de leur âme et se souviennent ici le temps d’une page. Pourquoi tant d’engouement pour le 2e REP désormais héritier des trois bataillons étrangers de parachutistes ? Pour ce passé héroïque d’une des plus belles unités de l’armée française qui chaque jour repousse vos limites et décuple votre envie d’offrir le meilleur de vous ; Pour les hommes qui y servent, ces légionnaires pour lesquels on est prêt à tout donner tant ils donnent en retour ; Pour ces terres lointaines d’Indochine et d’Algérie qui ont forgé son histoire ; Pour les batailles et opérations où il a été et sera encore engagé demain ; Pour l’exaltation du saut et de l’aventure qui commence une fois les pieds sur terre et la voile affalée ; Pour une activité médicale intense et variée alliant médecine de soins, d’urgence, d’expertise, de montagne, de plongée et de parachutisme ; Et enfin pour cette terre calvaise, garnison d’exception où le régiment stationne désormais depuis plus de cinquante ans. Ce livre a pour vocation de donner une autre vision du 2e REP sous l’angle de son soutien médical. Il fait découvrir, au travers de ce prisme, les opérations majeures menées depuis 70 ans. On s’immergera dans le passé de tous les médecins ayant répondu un jour à la radio à cet indicatif si particulier de « Clochette » : celui du « toubib » du REP. On y découvre les moyens humains, les matériels et les techniques pour remplir au mieux cette mission passionnante : le soutien des légionnaires parachutistes en opérations. Mais surtout ce sont ces « histoires vécues sous le béret vert », qui font mesurer le sens de cet engagement pour les équipes médicales. Cette Légion qui les a vus débarquer un jour et qu’ils étaient venus servir a fini par les adopter. Souvenirs attendris, aventures humaines, moments de détente et actes héroïques, fraternité d’armes et plaisanteries amicales, la culture carabine s’y teinte des traditions légionnaires. Les tragédies les plus sombres y côtoient les instants les plus cocasses et des anecdotes pleines d’humour. « More Majorum »
PA R U TI ON AV R I L 201 8 Pierre-Jean Linon
Le colonel de réserve du CTASSA Linon a servi comme ORSA en Algérie puis à la direction du service de santé de la 11e DP de 1963 à 1965 et dans les réserves des TAP jusqu’en 1980. Professeur d’économie médicale dans l’enseignement supérieur, il est aussi historien de la médecine militaire. Lauréat de l’Institut et de l’Académie nationale de médecine, il a reçu le prix de la médecine aux armées en 2006. Auteur de plusieurs ouvrages et de nombreuses publications, en particulier dans Médecine et Armées et Histoire des Sciences Médicales, ses travaux portent notamment sur les antennes chirurgicales et les médecins des TAP. Chevalier de la Légion d’honneur, il est commandeur de l’Ordre national du mérite.
Jean Renault Le médecin en chef Renault, réserviste citoyen issu de la promotion ESSM-Lyon 1961 a servi jusqu’en 1991 dans sept postes en France et Outre-mer, notamment au 1er RCP, au 2e REP et à l’ETAP. Il s’est investi au début des années 1980 dans la conception nais-
sante du schéma actuel du Rôle 1 et de la médecine de l’avant. INDICATIF «CLOCHETTE» Au cours de sa deuxième carrière civile de médecine d’expertise
70 ans
et de médecine pénitentiaire jusqu’à fin 2010, il a œuvré pour la médecine aux Armées en s’impliquant dans la vie Médecins des BEP l’histoire et desdeREP associative comme président des « Amis du baron Larrey ». Chevalier de l’Ordre national du mérite, il est titulaire de la méau service des légionnaires parachutistes daille de bronze de la jeunesse et des sports, du SSA et des Services Militaires Volontaires.
François Morin Le médecin des armées Morin est issu de l’Ecole du service de santé des armées de Bordeaux (promotion 2004). Affecté au 3e REI à Kourou depuis janvier 2016, il est l’auteur d’une thèse sur le soutien médical des unités parachutistes de la Légion étrangère de 1948 à nos jours. Il est breveté parachutiste et titulaire du brevet de skieur de montagne. Depuis son arrivée en Guyane, il a participé activement à l’opération Harpie en forêt profonde. Il a aussi été projeté en urgence à Saint Martin suite au passage de l’ouragan Irma. Il est titulaire de la médaille de bronze de la défense nationale et de la médaille de la protection du territoire agrafe Harpie.
Opération Sangaris - RCA - 2014.
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INDICATIF «CLOCHETTE» Médecins des BEP et des REP
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ISBN : 978 2 7025 165 60
-:HSMHKC=ZV[Z[U: Code article : 8082460Z
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Le médecin en chef Luc nous explique l’origine de cet ouvrage sur le soutien médical à la Légion étrangère « Affecté en 2004 à Calvi, j’ai décidé de réunir tous les médecins pour écrire des anecdotes de leurs passages en régiment parachutiste. Cela faisait dix ans que j’accumulais des documents avec l’aide notable du MCS François-Marie Grimaldi. Par ailleurs, je me suis appuyé sur ma direction de thèse intitulée « Le soutien médical de 1948 à nos jours », base qui a servi de trame de fond à cet ouvrage. Ce livre a une double vocation. Celle de montrer le soutien médical de ce prestigieux régiment sous l’angle médical et pas uniquement « guerrier » et celle consacrée aux anecdotes des médecins. La page de garde peut être vue comme un livre d’or, et apparaît comme une affectation au 1er raid, sans notion de temps ni d’ancienneté. Nous nous sommes régalés au montage ! Enfin, un dernier chapitre rend hommage aux anciens. J’ai mis plusieurs années pour réaliser « Indicatif clochette », et en particulier les 5 derniers mois au cours desquels j’ai consacré des dizaines d’heures avec toute l’équipe pour remettre en forme ces 240 pages. Je tiens également à souligner que les familles des décédés ont beaucoup contribué à ce travail en donnant des photos et je les en remercie ». Le livre est sorti en librairie le 12 avril 2018, quelques jours avant la fête de la Légion étrangère « Camerone », où le SSA a été mis à l’honneur par la participation de Jean-Louis Rondy, médecin du 1er BEP à Diên Biên Phu (bataillon parachutiste) âgé de 93 ans qui est le porteur de la main cette année.
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Actu Santé n° 150 • Printemps 2018
À vos marques, top Marathon de Bordeaux !
70 ans au service des légionnaires parachutistes
INDICATIF «CLOCHETTE» -
Médecins des BEP et des REP INDICATIF «CLOCHETTE» Médecins des BEP et des REP 70 ans au service des légionnaires parachutistes
Médecins des BEP et des REP, 70 ans au service des légionnaires parachutistes
Luc Aigle
Entré à l’Ecole du service de santé des armées de Bordeaux en 1992, le médecin en chef Aigle a servi au 1er RCP, au 2e REP, à la 13e DBLE, au 1er RPIMa et au CMA de Calvi. Il est affecté au 1er RE à Aubagne depuis août 2017. Breveté « chuteur opérationnel » depuis 2002 il est formé au saut à très grande hauteur. Particulièrement investi dans la formation, il est devenu en avril 2016 le premier professeur agrégé du SSA dans la discipline « médecine des forces ». Il a participé à de nombreuses opérations extérieures, notamment en Afrique et en Afghanistan. Chevalier de la Légion d’honneur, il est titulaire de la croix de la valeur militaire avec 4 citations.
Le samedi 24 mars 2018, 41 coureurs de l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Robert Picqué ont participé à la 4e édition du marathon de Bordeaux. Parmi les participants se trouvaient 4 personnels civils et 37 militaires. 14 ont couru le semi-marathon, 3 le marathon et 6 équipes de 4 coureurs ont couru le marathon en relais. Malgré le temps un peu maussade, l’équipe HIA Robert Picqué a su garder sa motivation et a terminé 12e sur 122 inscrits au challenge des entreprises en ayant parcouru 675,155 km. Une nouvelle fois, cette activité de cohésion aura été l’occasion de mettre à l’honneur les personnels civils et militaires du service de santé des armées.