Cérémonies du 11 novembre
Le SPRA au pays du soleil levant
La réforme des corps d’officiers exerçant des responsabilités administratives
Mémoire et honneur
# 126 janvier • mars 2012 • 1¤
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actualités du service de santé des armées
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Sommaire
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Actu Santé janvier • mars 2012
Vœux du Directeur central Actualités
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SPRA
Radioprotection opérationnelle Le SPRA au pays du soleil levant
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Ressources humaines La réforme des corps d’officiers exerçant des responsabilités administratives
In memoriam
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EPPA
© Photos couverture : ECPA-D
DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information - Fort neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 Paris Cedex 12 - Tél : 01 41 93 27 77 bcissa@dcssa.fr
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Vœux
© CCH
S. Lemair e
12 À
l’heure où j’écris ces lignes, l’année 2011 vit ses derniers jours, et vous les lisez à l’aube de 2012. En tout premier lieu, je voudrais donc vous présenter, en mon nom propre et au nom du Service, tous mes vœux pour cette année 2012, à vous et à ceux qui vous sont chers.
L’année 2011 aura été marquée par un engagement particulièrement soutenu de l’ensemble de nos personnels, aux côtés des armées. Les théâtres extérieurs restent bien sûr la partie émergée. L’Afghanistan a sollicité de façon très importante les armées et le nombre de blessés ou tués est là pour en témoigner. Par voie de conséquence, le Service a lui aussi été très mobilisé au travers des équipes projetées mais aussi pour les équipes du socle, quelle que soit leur fonction. Sans elles, aucun engagement ne serait possible. Je tiens à souligner l’action déterminante de tous les personnels, de tous les établissements pour soutenir cet engagement. Au-delà de cette mobilisation, le Service a poursuivi sa profonde transformation, avec détermination et les calendriers sont respectés, malgré les difficultés présentes et à venir. Nul ne doit ignorer que l’année 2012 sera particulièrement complexe en raison des échéances électorales et de contraintes budgétaires majeures. Il appartient à chacun d’entre nous de faire en sorte que le Service puisse encore mériter la reconnaissance de la Nation, qui s’est manifestée au travers de la remise de la Croix de la Valeur Militaire au fanion de l’HIA Percy par le président de la République, et du drapeau de l’École du personnel paramédical des armées par le ministre de la Défense et des anciens combattants.
Médecin général des armées
Gérard Nédellec
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Directeur central du service de santé des armées
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© ECPAD
Actualités
Cérémonies du © HMC Kaia
11 novembre 2011 HMC Kaia
Le vendredi 11 novembre à 15 heures dans le hall d’accueil de l’HMC Kaia (Kaboul - Afghanistan) s’est déroulée une cérémonie en l’honneur des soldats tombés pour la France et en mémoire des militaires du service de santé des armées décédés au cours de l’opération Pamir. Le médecin en chef Claude Fuilla, médecin-chef de l’HMC, en présence de l’ensemble du personnel de l’HMC, a déposé une gerbe devant le mur du souvenir sur lequel figurent les portraits de nos camarades, infirmiers et auxiliaires sanitaires, décédés en terre afghane.
Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République et chef des armées, a présidé le 11 novembre 2011 à Paris les cérémonies commémoratives de l’armistice de 1918. Un hommage particulier a été rendu aux vingt-quatre combattants morts depuis un an en opérations extérieures. Lors de son discours, le chef de l’État a annoncé le prochain dépôt d’un projet de loi faisant du 11 novembre « la date de commémoration de la Grande guerre et de tous les morts pour la France ». Pour la première fois, des unités engagées récemment en OPEX ont été mises à l’honneur. Douze unités se sont vues remettre par le président de la République la Croix de la Valeur Militaire. Parmi elles, l’hôpital d’instruction des armées Percy a été décoré pour sa participation aux opérations Licorne en Côte d’Ivoire, Pamir en Afghanistan et Harmattan en Libye.
Visite du ministre de la Défense et des anciens combattants
à l’HIA Bégin
Après un bref rappel historique et un point de situation des travaux de rénovation de l’hôpital par le médecin général Renoux, médecinchef de Bégin, le ministre s’est vu présenter la mise en œuvre des modalités de prise en charge d’un blessé dans le cadre du plan gouvernemental NRBC-E. En présence du médecin général des armées Nédellec, le ministre a pu ainsi recevoir des chefs de service concernés, les explications relatives au module de décontamination, découvrir le nouveau service d’accueil et d’urgences, les chambres d’isolement de niveau de sécurité biologique 3 du service de pathologies infectieuses et tropicales et enfin le laboratoire P3. Une allocution et des échanges avec le personnel de l’hôpital ont conclu cette visite.
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Monsieur Gérard Longuet, ministre de la Défense et des anciens combattants, a effectué une visite le 2 décembre 2011, à l’HIA Bégin.
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L’association des journalistes de Défense à l’HIA Percy Vendredi 16 décembre, dix-sept membres de l’Association des journalistes de Défense (AJD) ont été invités à l’HIA Percy. Le médecin général inspecteur Christian Plotton, médecin-chef de l’hôpital, a présenté aux journalistes les missions de l’établissement. Une visite du service des urgences et du service d’ophtalmologie leur a également été proposée.
Noël à Kaboul
© ECPA-D
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25 décembre 2011 - Lors de la visite du chef d’état-major des armées à Kaboul, le médecin général Patrick Godart, conseiller santé de l’EMA, a pu s’entretenir avec le médecin en chef Fuilla, médecin-chef de l’HMC Kaia, le médecin en chef Oberti (Comsanté Pamir) et le médecin en chef Desruelles (Adjoint Comsanté Pamir).
École du Val-de-Grâce : baptême de promotion, remise de décorations et leçon inaugurale La journée du 23 novembre 2011 a été très dense à l’École du Val-de-Grâce (EVDG). Le médecin général des armées Gérard Nédellec, directeur central du service de santé des armées, a présidé une cérémonie militaire au cours de laquelle il a été procédé à une remise de décorations et au baptême de la promotion 2011-2012 des officiers et élèves officiers du corps technique et administratif du service de santé des armées. La promotion portera le nom du « Colonel du CTASSA Marcel Lombard ». C’est dans un amphithéâtre Rouvillois plein « comme un œuf » que le médecin général inspecteur Maurice Vergos, commandant l’EVDG, a accompagné les autorités civiles et militaires pour assister à la leçon inaugurale sur le thème « l’Imagerie médicale militaire du théâtre d’opérations à l’arme nucléaire », prononcée par le médecin en chef (TA) Foehrenbach.
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en bref...
Bruxelles, siège de l’OTAN 30 novembre 2011
Du 21 au 25 novembre 2011, le ministère de la santé a organisé la première « semaine de la sécurité des patients ». Son objectif est de faire de la sécurité des soins un élément de culture partagée entre tous : professionnels de santé, patients et usagers. À cette occasion, l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) du Valde-Grâce a proposé de nombreuses actions de formation.
© HIA Val-de-Grâce
© DR
Le Prix « Dominique Larrey » a été décerné pour la première fois durant la session plénière du Comité des chefs des services de santé militaires des nations de l’OTAN (COMEDS), en présence du médecin général des armées Nédellec, directeur central du service de santé des armées.
HIA Val-de-Grâce : semaine nationale de la sécurité des patients
Cette récompense honore les actions menées, par une personne ou une organisation, pour la promotion de la coopération multinationale dans le domaine de la santé. Le médecin brigadier général Robin Cordell (GBR) est le premier lauréat du Prix Dominique Larrey. Il lui a été remis lors d’une émouvante cérémonie, en présence de Monsieur PebayPeyroula, descendant du baron Larrey. Le lauréat a évoqué les évacuations rapides des blessés par les ambulances de Larrey, permettant un geste chirurgical précoce. Il a également décrit l’inlassable travail de ce chirurgien pour améliorer les soins apportés aux blessés, amis ou ennemis.
Décoration Le 12 décembre 2011, le consul américain de Lyon Mr Mark A. Schapiro a remis au MC PierreFrançois Wey l’“Army commendation medal” pour les services rendus au sein de l’équipe de mentoring de l’hôpital de l’ANA à Kaboul.
L’hôpital d’instruction des armées du Valde-Grâce a participé à la première « semaine de la sécurité des patients » comme 1 400 autres établissements français de santé. Cette manifestation organisé par la direction générale de l’offre de soins du ministère de la Santé s’inscrit dans le cadre de « 2011, année des patients et de leurs droits ». Le PC Almeras, chef de service de la pharmacie, l’IACaS Chambraud, coordonnateur des risques liés aux soins et l’ICS Grzybowski, infirmière en hygiène ont animé cette semaine. Des actions de communication autour de la sécurité des soins ont permis de sensibiliser les personnels de l’hôpital du Val-de-Grâce aux erreurs médicamenteuses, aux déclarations d’évènements indésirables, à l’hygiène des mains et au tri des déchets. Les mises en situation, la présentation d’un diaporama, l’organisation de quizz et d’échanges sous forme de retour d’expérience ont fait de cette semaine un vif succès au sein de l’établissement. 220 actions de formation ont pu être réalisées.
© DR
L’Ecole du Val-de-Grâce élue membre de la conférence des grandes écoles Depuis le 19 décembre 2011, grâce à la forte implication lors des séances d’audit de tous les départements de l’École du Val-de-Grâce (EVDG) et des internes des hôpitaux des armées, l’EVDG a été élue membre de la conférence des grandes écoles.
Chirurgie de nuit en Île-de-France : les HIA Bégin (94) et Percy (92) retenus par l’ARS
L’Agence régionale de santé (ARS) Ile-deFrance a retenu 31 sites en Île-de-France, mobilisant 45 établissements de santé, pour la mise en œuvre du nouveau dispositif de prise en charge chirurgicale en nuit profonde, c’est-à-dire de 22 h 30 à 8 h 30. Ces établissements devront assurer dès le 1 e r janvier 2012, et pour un an, la Permanence des soins (PDS) pour les activités de chirurgie adulte orthopédique et traumatologique, ainsi que celles de chirurgie adulte digestive et viscérale. Deux hôpitaux militaires de la région parisienne ont été retenus : l’hôpital d’instruction des armées Bégin dans le Valde-Marne et l’hôpital d’instruction des armées Percy dans les Hauts-de-Seine. Le service de santé des armées poursuit ainsi l’amélioration de la coordination de son offre de soins avec celle de la santé publique dans le cadre des schémas régionaux d’organisation sanitaire.
Coopération médicale franco-singapourienne au CMA de Cazaux Deux médecins militaires singapouriens ont été accueillis au centre médical des armées de Cazaux les 3 et 4 novembre 2011. Le médecin en chef Miguet et toute son équipe ont ainsi pu aborder de nombreux sujets de médecine opérationnelle et d’expertise avec le Colonel médecin Low Chin Howe (Chief Air Force Medical Office) et le Major médecin Tan Zhi Peng (Certifications and Standards Branch).
© CMA Cazaux
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© ECPAD - BCISSA
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en bref...
Journée d’information du SSA La journée d’information du SSA s’est tenue le 5 octobre 2011, à l’ESA-Bron. 500 personnes ont participé à cette journée « nouvelle formule » dans le grand amphithéâtre de l’ESA.
© ESA CMP 2011
La matinée a permis d’écouter le discours du général d’armée de Villiers, major général des armées, puis celui du docteur Grall, directeur général de la santé, et enfin du médecin général des armées Nédellec, directeur central du service de santé des armées.
ESA : baptême de la promotion « médecin général Le Nepvou de Carfort »
L’après-midi a été consacrée à une table ronde où le directeur adjoint et les six sous-directeurs ont pu présenter les principaux thèmes d’action et de réflexion de la DCSSA. Les séances de questionsréponses ont permis à l’amphithéâtre de s’exprimer librement.
Samedi 1er octobre 2011, la première promotion d’élèves médecins de l’École de santé des armées (ESA) a reçu pour nom de baptême « médecin général Le Nepvou de Carfort ».
© ESA
La cérémonie était présidée par Monsieur Marc Laffineur, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense et des anciens combattants et le médecin général des armées Gérard Nédellec, directeur central du service de santé des armées.
Traitement de la maladie du charbon
© CCH S. Lemaire - BCISSA
Placés sous l’égide du médecin en chef Philippe Thullier, les travaux de recherche du département de microbiologie de l’IRBA (Antenne La Tronche-CRSSA) ont conduit à la mise au point du premier traitement spécifique contre l’agent de la maladie du charbon Bacillus anthracis. La cérémonie de ravivage de la flamme a lieu tous les jours à 18 h 30 sous l’arc de triomphe depuis 1923.
Ravivage de la flamme Mardi 18 octobre, à 18 h 30, le médecin général des armées Gérard Nédellec, directeur central du service de santé des armées, a été accueilli sous l’arc de triomphe par le général d’armée Bruno Cuche, gouverneur national des Invalides et président du Comité de la flamme. Après avoir passé en revue la garde au drapeau, une section d’internes des hôpitaux des armées de l’école du Val-de-Grâce, les délégations des établissements parisiens et des chefs d’établissement provinciaux du Service, le directeur central a déposé une gerbe et ravivé la flamme sur la tombe du Soldat Inconnu. Une minute de silence en hommage aux personnels du service de santé morts pour la France a été observée.
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Ce projet de recherche intitulé « Faisabilité d’un anticorps recombinant à visée thérapeutique et/ou prophylactique contre la maladie du charbon » est soutenu financièrement par la DGA à hauteur de dix-huit millions d’euros. Il vient de faire l’objet d’une passation de marché avec le Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB), groupe biopharmaceutique français. Les anticorps recombinants sont une classe récente de médicaments. Ils sont en très fort essor en raison de leur efficacité pouvant être supérieure à celle apportée par la vaccination et de leur bonne tolérance.
Dossier : OPEX 2011
Le soutien médical des opérations EULEX 1PM
TRIDENT 2 PM
HARMATTAN 7 PM - 1 ECE
DAMAN 5 PM
HERACLES 1 PM
PAMIR 23 PM 1 HMC - 1 AC
EPERVIER 3 PM - 1 AC
FAN 2 PM
HARPIE 1 PM © BCISSA/DCSSA
LICORNE 2 PM - 1 AC
BOALI 1 PM
EUTM OUGANDA 1 PM
Général de corps d’armée
Didier Castres Sous-chef d’état-major opérations de l’état-major des armées
«
L’année 2011 a été d’une rare intensité et d’une exceptionnelle diversité opérationnelle. Au-delà des effectifs engagés par les armées, c’est bien la nature de ces engagements et leur simultanéité qui méritent d’être soulignées : actions de combat en Afghanistan et en Libye, actions d’aide aux populations et de combat en Côte d’Ivoire et action d’aide aux populations au Japon.
Le combat, c’est bien sûr l’apanage des soldats, marins et aviateurs. Mais le succès de nos opérations en 2011, c’est aussi celui du soutien de ces opérations. Derrière chaque combattant, parfois immédiatement à ses côtés, il y en a toujours au moins trois autres qui lui apportent tout ce dont il a besoin pour
combattre. Parmi eux, il y en a quasiment toujours un du service de santé des armées. Et ce soutien n’aura jamais manqué à nos opérations en 2011, que ce soit en termes de disponibilité, de réactivité et d’efficacité. Aller au combat, c’est aussi accepter librement les risques que cela sous-tend. Ces risques sont d’autant mieux acceptés lorsque l’on sait pouvoir compter, en toutes circonstances, sur un soutien médical irréprochable. Les femmes et les hommes du service de santé des armées en ont une nouvelle fois fait la preuve cette année. Au mois de juin dernier, plus de cinq cents hommes et femmes du service de santé ont été déployés en opération pour armer, entre autres, six « rôles 2 », un « rôle 3 » et soixante-cinq postes médicaux « rôles 1 ».
Le professionnalisme des médecins, infirmiers, auxiliaires et secouristes a été unanimement reconnu. Leur courage et leur dévouement « à l’avant » ont témoigné de leurs qualités militaires. Les actes chirurgicaux d’urgence qu’ils ont pratiqués et l’organisation de la chaîne d’évacuation jusqu’à nos hôpitaux militaires ont épargné des vies. L’accompagnement de nos blessés, une fois en France, a fait l’unanimité. La confiance de nos soldats, marins et aviateurs dans leur service de santé des armées est un gage de leur efficacité en opérations. Nous devons la conforter chaque jour, car elle est une des clés de la capacité opérationnelles de nos armées. Je souhaite le meilleur pour 2012 à chacun d’entre vous. »
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Dossier : OPEX 2011
Médecin général inspecteur
Pierre Huet Pailhes Sous-directeur Organisation, soutien et projection
SOMMAIRE
Pamir pages 11 à 19 - Le rôle 3 de Kaia - Témoignages - Aide médicale à la population - OMLT, une mission particulière - La chaîne médicale Harmattan pages 20 à 25 - Amiral Phillippe Coindreau commandant la TF 473 - Le service médical du porte-avions - Toujours prêts... - Le pétrolier ravitailleur Meuse - Assistance aux pêches - Trois patients catapultés
.
« Le soutien des opérations extérieures est notre raison d’être »
Tous les articles et les témoignages de ce numéro d’ Actu Santé montrent bien que c’est une réalité quotidienne pour toutes les composantes du Service. La fierté de servir en OPEX n’est pas vaine et la reconnaissance des chefs militaires vient récompenser tout le travail accompli. L’OPEX est le creuset de la véritable fusion du Service, le lieu où tous se retrouvent pour mettre en œuvre le parcours de soins, tout au long de la chaîne de prise en charge médicale. En OPEX, les personnels des centres médicaux et des hôpitaux constatent leur indispensable complémentarité et l’importance vitale de chacun de ses maillons. Les amitiés qui s’y nouent sont fortes et durables. Cette “fusion” du Service m’a sauté aux yeux quand j’ai accompagné le directeur central à l’accueil d’un Morphée à Roissy. J’ai constaté la force d’une équipe technique avec des personnels venant d’un hôpital, d’un centre médical et de l’escadrille aérosanitaire. 2011 a été pour nous tous une année de très forte sujétion ; nous avons déployé simultanément jusqu’à soixante-dix rôles 1 et six rôles 2/3. Le module de chirurgie vitale a lui aussi été déployé, venant compléter notre palette de mode d’action. 859 blessés et malades ont fait l’objet d’une évacuation médicale. Le théâtre afghan a mobilisé à lui seul près de la moitié des ressources projetées. Le service de santé des armées y engage une
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chaîne médicale complète, y associant des actions de mentoring (compagnonnage). L’opération Harmattan est la deuxième opération de grande envergure en 2011. Pendant plusieurs mois, la Task Force navale a bénéficié de deux équipes chirurgicales “à la mer”. Les personnels des antennes chirurgicales ont su s’adapter à ce nouveau mode d’emploi. Sur les bases aériennes de Souda et Sigonella, des équipes médicales ont assuré le soutien des détachements de l’armée de l’Air. Le témoignage de l’amiral Coindreau montre que nous étions, là-aussi, au “rendez-vous”. Lors de ces deux opérations majeures, les structures médicochirurgicales projetées ont été inscrites au “catalogue” des capacités de la coalition. Cela témoigne de l’implication française dans le multinational et de la confiance des autres nations qui nous confient leurs malades et leurs blessés. Notre action est restée soutenue en Côte d’Ivoire, au Tchad et au large de Djibouti dans le cadre de l’opération Atalanta. Au Kosovo, au titre des opérations Trident et Eulex, seul le soutien médical de niveau 1 est assuré par le SSA. L’opération Daman, au Liban, dans le cadre de la FINUL à laquelle la France contribue depuis 1978, mobilise elle aussi des postes médicaux et une équipe médicale d’évacuation par hélicoptère.
Licorne page 26 - Antenne chirurgical de Port-Bouët - Vétérinaires et ressortissants Daman page 27 - Une AMET au Liban Trident page 27 - Hygiène en campagne
Dossier : OPEX 2011
Pamir OUSBÉKISTAN CHINE
TADJIKISTAN TURKMÉNISTAN Mazàr-e Sharìf Jalàlàbàd
© BCISSA/DCSSA
Kaboul
Heràt
Ghaznì Kandahàr Zaranj
PAKISTAN 100 200 km
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IRAN
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Dossier : OPEX 2011
Le rôle 3 de Kaia
Médecin en chef
Rémi Macarez Médecin-chef de l’HMC Kaia Mandat 9 Une structure conçue pour la traumatologie de guerre La chaîne santé jalonne le parcours de soins de nos blessés à partir de la zone de combat jusqu’à leur admission dans nos hôpitaux militaires d’infrastructure en métropole. Ultime maillon sur le théâtre afghan, le rôle 3 de Kaia a été pensé et conçu par l’Otan pour mener à bien sa mission princeps : assurer les soins hospitaliers d’urgence des blessés de guerre de la force de coalition avant leur rapatriement dans leurs nations d’origine. Comme tous les autres rôles 3 d’Afghanistan, cette mission prioritaire explique un dimensionnement original qui allie une capacité limitée en lits mais avec une offre de soins multidisciplinaire particulièrement étoffée. Avec ses trente lits d’hospitalisation et ses quatre lits de réanimation, le rôle 3 de Kaia pourrait être comparé à une grande UHCD (Unité d’Hospitalisation de Courte Durée) d’un service d’urgence en France. Le maintien permanent d’une capacité d’accueil des blessés de la force de coalition, et l’aide médicale aux populations, sont les deux objectifs. Cela nécessite une gestion des lits « au fil de l’eau » qui doit être particulièrement réactive, en étroite collaboration avec les hôpitaux afghans civils et militaires.
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Un concentré de compétences médicales et paramédicales
Une équipe soignante multinationale
L’anesthésiologie, la réanimation, les chirurgies viscérales et orthopédiques, la neurochirurgie, l’ophtalmologie, l’ORL, l’odontologie, les spécialités médicales, la médecine d’urgence, l’imagerie médicale et la cellule de prélèvement de sang total sont représentées. Toutes ces compétences du SSA sont gage d’une réactivité optimale de l’hôpital.
Le rôle 3 de Kaia n’est pas seulement français. Il est aussi composé pour 20 % de ses effectifs, d’une équipe médicochirurgicale et paramédicale Tchèque, Bulgare, du rôle 1 Belge avec son médecin et ses brancardiers secouristes, sans oublier la présence d’un médecinurgentiste canadien, et de nos confrères américains du rôle 1 mitoyen. Tous ces « confrères d’armes » sont impliqués dans le plan Mascal (Mass Casualties), configuration particulière de l’équipe multinationale à des fins d’optimisation opérationnelle en cas d’afflux massif de blessés. Pouvoir amener ces détachements issus de nations et d’unités différentes à devenir une seule et même équipe, œuvrant efficacement dans la cohésion, afin d’obtenir, en dépit des barrières linguistiques, une parfaite coordination dans l’action au profit de blessés, c’est tout l’enjeu, pour ne pas dire le défi, que se doit de relever le médecin-chef français du rôle 3, le « Kaia role 3 MTF Commander » comme on l’appelle ici, car à l’HMC Kaia, la langue de travail est principalement l’anglais.
Une fois les constantes vitales stabilisées, un scanner corps entier est systémiquement réalisé. Il permet un bilan lésionnel recensant notamment le nombre et de la topographie des éclats. L’équipe médicale fait parfois appel à un médecin radiologue d’un HIA en France afin qu’il interprète les images que l’HMC Kaia lui a transmises par télétransmission. La psychiatrie vient compléter le dispositif. À la fois psychiatrie de théâtre, prête à se rendre au sein des unités là où la situation l’exige, chargée du suivi des patients hospitalisés (tout blessé de guerre bénéficiant systématiquement d’une consultation) et du suivi de l’hygiène mentale au sein de l’équipe hospitalière. Le psychiatre est un collaborateur incontournable du médecin-chef ainsi que du Comsanté Pamir. La kinésithérapie assure la réhabilitation locomotrice des patients hospitalisés. Le kinésithérapeute est parfois amené à intervenir sur le théâtre au gré des besoins des unités (comme les pilotes de chasse du détachement air de Kandahar par exemple). Outre l’activité de brancardage des équipes Medevac, les brancardiers secouristes du Régiment médical sont impliqués dans toutes les activités de soins et d’imagerie de l’hôpital sans oublier l’OPS-Room qui est la cellule de régulation 24 h/24 de l’HMC.
De multiples missions découlant de ses nombreuses subordinations Implanté au sein d’un camp militaire multinational de 4 000 personnes, le rôle 3 assure le soutien médical d’urgence de toute cette population, son véhicule médicalisé « Medic One » d’alerte à cinq minutes, constituant en quelque sorte le « SAMU du camp ». Mais le rôle 3 a également une fonction toute particulière de par sa position au bord du tarmac d’un aéroport international civil et militaire. À cet égard, il se doit de tester régulièrement sa réacti-
vité par des exercices Mascal à partir de scénarios divers tels qu’un crash-aéronef ou un attentat au sein du camp. L’organisation hiérarchique de la force de coalition de l’OTAN en Afghanistan repose sur une subdivision territoriale en commandements régionaux, disposant pour chaque région d’un étatmajor au sein duquel est implantée une cellule de régulation médicale, le PECC (Patient Evacuation Coordination Center) et d’un rôle 3. Le rôle 3 de Kaia est implanté au sein de la Région de la capitale de Kaboul (RCC : Regional Command Capital). Cette région incluant Kaboul a de fait pour particularité, outre son état-major territorial de la RCC, d’accueillir en son sein les deux états-majors centraux organiques et opérationnels de l’Otan que sont respectivement l’ISAF HQ (ISAF Headquarters) et l’IJC (ISAF Joint Command). La proximité de ces états-majors Otan mais aussi des nombreuses représentations diplomatiques de Kaboul met particulièrement en valeur le rôle 3 de Kaia et désigne de fait son médecin-chef comme un interlocuteur privilégié en matière de soutien santé. Tout ceci donne un aperçu des multiples subordinations s’exerçant sur le médecin-chef de l’HMC, lui-même placé sous les ordres du Comsanté Pamir, autorité technique santé française pour tout le théâtre afghan. Ainsi, tant en interne où il abrite une équipe multinationale, qu’en externe de par la multiplicité de ses subordinations, le rôle 3 de Kaia occupe une position tout à fait remarquable l’amenant à travailler essentiellement avec des interlocuteurs multinationaux, donnant ainsi l’occasion à tous nos personnels de faire découvrir le dispositif santé en Opex du service de santé des armées français.
Dossier : OPEX 2011
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Dossier : OPEX 2011
Témoignages Rôle du cadre de santé
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expérience lors de la mission à l’HMC de Kaia du 28 juin au 7 octobre 2011
équipe paramédicale était composée de trente-sept MITHA et d’une SASS issus de quatre HIA (HIA Robert Picqué, HIA du Val-de-Grâce, HIA Clermont-Tonnerre, HIA Sainte-Anne) et de deux CMA (Saint-Mandrier et Charleville-Mézières). Les brancardiers secouristes du Régiment médical sont totalement intégrés dans l’équipe. Avant le départ, j’ai contacté la plupart des paramédicaux pour connaître leur parcours professionnel dans le but d’optimiser les compétences disponibles, notamment pour les services de réanimation, des urgences et au Ward (salle de soins). La constitution des équipes nous a permis d’être opérationnels dès notre arrivée. Hors plan d’afflux massif de blessés (Mascal), où chaque personnel de l’HMC a un poste bien défini, le cadre de santé a la responsabilité de gérer les ressources humaines. Il évalue et affecte le nombre optimal d’infirmiers (ères) pour une prise en charge de qualité des blessés. La gestion des paramédicaux
L’
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s’adaptait à chaque afflux de blessés militaires de la coalition ou afghans. J’assurais un turn over des infirmières, afin d’avoir du personnel disponible à toute heure. Ils (elles) ont toujours démontré une disponibilité sans faille. Le cadre de santé a également un rôle à jouer dans la gestion de la disponibilité des lits d’hospitalisation, garante d’une bonne réactivité lors d’un Mascal. Il s’occupe des sorties des patients afghans pour permettre l’accueil des urgences et des hospitalisés programmés. Les interprètes afghans facilitent le transfert des malades vers d’autres structures hospitalières et favorisent le contact avec les familles. Lors d’afflux massif de blessés militaires français ou de forces spéciales anglaises, la capacité d’accueil du Ward (30 lits) a été dépassée. Les quinze lits de la tente Mascal, montée à proximité de l’HMC, a permis à chaque fois d’absorber le flux de patients. Le cadre de santé gère la cellule mortuaire et veille à préserver l’état psychique des intervenants, par un turn over indispensable.
Tous les matins, la visite était commentée en anglais par les médecins français en présence de praticiens tchèques, bulgares et américains. La remise à niveau en langue anglaise des paramédicaux projetables est indispensable. Cette première Opex a été une expérience personnelle et professionnelle intense et enrichissante. Les épreuves difficiles ont été surmontées par l’ensemble de l’équipe soignante. Les personnels ont démontré une grande motivation et un remarquable esprit d’équipe. Le cadre de santé est essentiel dans le soutien des équipes. Il est en permanence à l’écoute de chacun. Il identifie les baisses de vigilance. Il remotive le personnel, il maintient la dynamique de groupe. ICaS Jacqueline Denninger HIA Robert Picqué
Dossier : OPEX 2011
Les mousquetaires du ciel
l’évacuation médicale (Medevac) : cœur du métier
La Medevac est une des missions importantes du Bathelico de l’opération Pamir dont les équipages sont actuellement armés par l’armée de Terre ou par l’armée de l’Air. C’est un binôme médecininfirmier qui assure cette mission essentielle de la chaine médicale qui est toujours valorisante pour les équipages du Bathelico. Infirmier Medevac au sein du Bathelico depuis le 29 mai 2011, c’est ma 2e expérience sur ce type de poste (Détalat Licorne juin-octobre 2010). L’improvisation n’est pas de mise. Le travail effectué en amont est un gage de bonne prise en charge des blessés. Rigueur et adaptation sont essentielles pour réussir ces missions qui peuvent se modifier en permanence.
Rigueur, adaptation et humilité 13 juillet 2011 - j’ai pleinement mesuré la responsabilité du rôle de l’infirmier Medevac. Nous avons évacué cinq blessés dont deux classifiés Alpha (pronostic vital engagé avec nécessité d’évacuation dans l’heure vers un rôle 3). Le binôme médecin-infirmier s’est séparé - chacun dans un Hélicop-
tère de manœuvre (HM) pour effectuer deux norias d’évacuation avec des patients sédatés, intubés, ventilés, instables au niveau hémodynamique, dans un environnement hostile. Au cours de cette Medevac, j’ai supervisé l’équipage présent dans le cargo : deux commandos de l’air formés au SC2 (sauvetage au combat de niveau 2). Expérimentés au théâtre Afghan, ils ont parfaitement contribué à la prise en charge du patient. La Medevac en Afghanistan est une mission exigeante tant sur le plan physique que psychologique. Pour moi, elle restera une mission inoubliable par sa dimension technique mais surtout humaine. Elle a contribué sans nul doute à développer mes compétences tant dans le domaine de la médecine de l’avant que dans le domaine aéronautique. C’est notre cœur de métier. Infirmier de classe normale Julien Garbage Infirmier Medevac Bathelico mousquetaire 5
Ma garde de trois mois 12h10 Kaboul - Le téléphone sonne. Medevac déclenchée par le PECC de l’étatmajor de la force. Je rejoins rapidement avec mon infirmier le centre opérations du Bathelico. Il s’agit d’une jeune afghane brulée à 70 %, déjà prise en charge par un médecin français sur une FOB. Nous nous dirigeons vers l’hélicoptère d’alerte qui est toujours équipé Medevac. Nous récupérons l’armement, mettons nos harnais pour nous accrocher dans la machine, nos gilets pare-balles et nos casques de vol. L’hélicoptère Medevac est indifféremment un des six hélicoptères de manœuvre (Caracal et Cougar) du bataillon. 12h27 : un hélicoptère Tigre nous protège. Le vol est très « afghan » : portes ouvertes avec les mitrailleuses en sabord, 250km/h de vent dans la soute, au raz du sol pour ne pas être vu de loin et en montagne dans le relief. C’est plutôt sportif mais préparons en même temps tout le matériel pour la patiente (respirateur, drogues…). 12h40 : le tigre nous autorise à nous poser. La zone est « claire » vis-à-vis de l’insurgé. 12h42 : posé - Je descends et prends les dernières infos sur l’évolution de la patiente auprès de l’équipe santé (dans le vacarme de l’hélico). Brulée 70 %, intubée en ventilation spontanée avec une voie centrale (comme toujours nos camarades de l’avant ont fait un travail magnifique). Pendant ce temps la patiente est embarquée dans l’hélico. 12h44 : décollage - Chacun sait ce qu’il a à faire. Prises des constantes de la patiente, vérifications des voies, entretien de la sédation. Je communique avec l’équipage qui m’annonce bientôt « une minute avant posé doc ».
© ICN J. Garbage
12h59 : Patiente débarquée. La fiche de l’avant renseignée est communiquée à l’équipe de l’hôpital qui s’éloigne déjà. C’était la 160e Medevac en 9 mois. Nous sommes prêts pour la prochaine. Médecin Principal J. Boissier Médecin Medevac Kaboul 3e RHC Etain Actu santé • # 126 • janvier • mars 2012
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Dossier : OPEX 2011
Aide médicale à la population
L’
Soins de nourrissons, d’enfants, avec leurs sourires et leurs larmes. Ils sont souvent les premières victimes de cette guerre mais aussi d’accidents domestiques ou de la voie publique. Ils représentent une part importante de l’activité du poste médical.
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« Aujourd’hui, c’est mon tour d’être en salle de soins. Une famille afghane arrive - tous polycriblés. On se répartit les postes de soins. Je prends en charge une jeune afghane, une plaie dans le dos, un comportement agité et une gêne respiratoire. J’assure sa surveillance en attendant l’examen du médecin qui fait le tour des autres blessés. Une perfusion est posée. Constantes vitales normales. Soudain sa tension et sa saturation en oxygène chutent. Je lui passe un soluté de remplissage et augmente l’oxygène. Elle a de plus en plus de difficultés à respirer, ses mouvements respiratoires s’accélèrent. J’averti immédiatement le médecin. Diagnostic :
est la rencontre de deux univers qui souvent se côtoient, sans toujours se comprendre : l’univers du combattant et celui du médecin d’unité. Pour le médecin et les infirmiers, il s’agit de partir à la découverte du monde
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hémo-pneumothorax. Je l’assiste pour placer le drain thoracique. État stable. Elle peut être évacuée par hélico en direction de Kaia. » Durant leur mandat les auxiliaires sanitaires du GTIA Raptor ont participé à la prise en charge de plus de deux cents urgences médico-chirurgicales sur le terrain ou sur le poste médical de Tagab. Ils ont pratiqué la totalité des gestes appris aux stages Citera et SC2. De nouvelles connaissances et compétences ont été acquises en assistant leurs médecins et infirmiers dans des gestes d’urgence : l’intubation, la pose de drain thoracique, la préparation des drogues. De retour en France toutes leurs compétences devront être entretenues grâce à des stages dans les services de pointe des hôpitaux d’instruction des armées. Espérons que la reconnaissance de leur travail perdurera au-delà du seul théâtre afghan et qu’une validation des acquis d’expériences leur sera attribuée. CCH Audric Ben tahar 1er RCP de Pamiers
© Photos : ECPA-D
Aide médicale à la population (AMP) est une découverte pour beaucoup d’entre nous. Nos formations aux Opex nous entrainent à prendre en charge essentiellement des militaires.
Mission OMLT, mission particulière combattant. Il faut s’approprier leurs équipements, leurs armements, leur langage (« c’est le terrain qui commande ») et leurs trop nombreux acronymes en français et en anglais. Un infirmier devient le tireur de précision de son groupe, un autre sera tireur VAB TOP (téléopéré). Le médecin s’initie “aux joies” du maniement de la mitrailleuse de bord 12.7, découvrant à son corps défendant, toute l’étroitesse de la tape du véhicule. Chaque personnel santé a une triple casquette. Il faut se fondre dans le groupe, participer aux réunions de commandement, comprendre les attentes du « chef ». Comme disent les américains, il faut être « pro actif » et ne pas rester dans sa fonction première. Pour les combattants, on leur apprend
tout l’intérêt du secourisme au combat, en leur montrant que le premier soignant sur le terrain est… le combattant. Il faut revoir les fondamentaux du secourisme. Travailler avec du matériel nouveau (tourniquet, pansement hémostatique, kit d’extraction de véhicule), donner une méthode de prise en charge des blessés (SAFE MARCHE RYAN adapté au combattant) ; ainsi ils deviennent une composante essentielle de la prise en charge du blessé. Cette mission, qui varie au gré du temps, du contexte local, du commandement, est avant tout une aventure humaine, qui fait se rencontrer deux univers : le médical et le militaire. Sans opposition ni confrontation, toujours dans le sens de la mission. Médecin en Chef Arnaud Boulanger Médecin de l’OMLT octobre - avril 2011
Dossier : OPEX 2011
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La chaîne médicale
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ne chaîne médicale sur un théâtre d’opération extérieure exigeant, aux maillons si différents. Le premier, militaire formé au sauvetage au combat de 1er niveau, qui prodiguera les premiers soins au camarade blessé, contrôlant l’hémorragie et calmant la douleur. Un autre, brancardier secouriste, sauveteur au combat de 2e niveau, complétant les premiers soins, perfusant le blessé hémorragique, lui administrant si besoin l’antibiotique qui préviendra l’infection. Un troisième, infirmier ou médecin au niveau du nid de blessés ou au poste médical, stabilisant le blessé et le préparant à l’évacuation par l’équipe médicale du bataillon hélicoptère vers la structure hospitalière. Un autre maillon, l’hôpital médicochirurgical, rôle 3 MTF (Medical Treatment Facility) de Kaia. Le blessé y est accueilli, réanimé, opéré, stabilisé. Le dernier, l’évacuation médicale stratégique vers la structure hospitalière française, le rôle 4 parisien. Une chaîne d’évacuation sanitaire mise en œuvre par le trinôme PECC (Patient Evacuation Coordination Cell) où le médecin, Comsanté de la Task Force La Fayette, régulant les évacuations sanitaires intra théâtre à Nejrab, Comsanté chef santé armées de théâtre en Afghanistan au camp Warehouse, autorité technique sur tous les personnels santé de la chaîne médicale, avec son équipe,
interlocuteur privilégié de l’EMO Santé (État Major Opérationnel Santé), organisateur des Medevac. Une chaîne de 260 femmes et hommes, passionnés et enthousiastes au service des personnels de cette opération Pamir, si souvent et hélas, trop souvent sollicitée, durant cet été 2011 : des dizaines de blessés, plus de cinquante évacuations par l’équipe médicale du bataillon hélicoptère. Il y eut aussi treize Medevac stratégiques, le déclenchement d’un Plan Morphée, le 2e en cette année 2011, qui auront permis au total l’évacuation de trente-deux blessés du théâtre afghan.
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Une chaîne solide qui ne tolère aucune faiblesse. Des médecins, des infirmiers, des auxiliaires sanitaires, sans oublier toutes les autres spécialités, du technicien de laboratoire au masseur kinésithérapeute, du pharmacien au permanent de l’OPS Room de Kaia, qui sur le terrain, dans leur postes médicaux ou au rôle 3, œuvrent pour soulager les souffrances et sauver des vies tout au long de ses mois de mission, dans la plus pure tradition de notre service de santé.
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Une chaîne au service des hommes. Médecin en chef Didier Belleoud Comsanté Pamir XXV
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Harmattan
TUNISIE
Benghazi
Tobrouk
Tripoli
ALGÉRIE
LIBYE
Sarir ÉGYPTE
El Quenat
NIGER TCHAD 0
20 •
100 200 km
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SOUDAN
Dossier : OPEX 2011
Contre-amiral
Philippe Coindreau commandant la TF 473 pendant Harmattan
© CA P. Coindreau
Engagé dès les premières heures de l’opération Harmattan en Libye, le contre-amiral Philippe Coindreau a commandé la Task Force 473, volet aéromaritime d’Harmattan, pendant plus de cinq mois. Sur ce théâtre atypique aux issues imprévisibles, il était nécessaire pour le commandant de la TF 473 de disposer d’un dispositif de santé solide et complet pour les militaires français engagés au combat. La capacité rôle 2 santé française a été mise en outre à la disposition de l’ensemble des militaires de la coalition.
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rojetés depuis la France, le porte-avions Charles de Gaulle et le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre disposaient chacun d’une structure hospitalière rôle 2 complète. L’Élément chirurgical embarqué (ECE) armait le premier et une Antenne chirurgicale aéroportée (ACA) le second. Pendant les six mois et demi qu’ont duré les opérations en Libye, la France a fourni cette capacité aux militaires français de la TF 473, mais aussi à l’ensemble des nations de l’Otan engagées dans l’opération Unified Protector. Le rôle 2 embarqué sur le BPC a été placé sous contrôle opérationnel de l’Otan dès son arrivée sur le théâtre d’opération. La permanence sur zone a été assurée par une relève régulière des ACA. De l’arrivée du BPC en mai 2011, au départ du Charles de Gaulle en août 2011, deux rôle 2 ont même été activés simultanément. Des premiers soins au rôle 2, la chaîne médicale française a été organisée et mise en œuvre selon les procédures en vigueur sous la houlette d’un conseiller médical (Medical advisor ou Medad) intégré à l’état-major du commandant de la TF 473. Son rôle a été particulièrement crucial dans les premiers jours de l’engagement français et international en Libye. Il a été également fondamental lorsque la France a décidé de mettre sa
capacité rôle 2 à disposition de l’ensemble de la coalition. Le Medad a assuré alors la connexion avec la chaîne santé du commandement Otan de l’opération Unified Protector. Disposer de cette chaîne médicale, et en particulier d’une capacité hospitalière avec le rôle 2 embarqué, était pour moi un formidable réconfort dans une opération éloigné du théâtre national au cours de laquelle l’hypothèse d’avoir des blessés au combat devait être envisagée. C’était également un élément de confiance pour les hommes et femmes engagés sur l’eau, dans les airs ou sous l’eau dans cette opération. Pour les forces navales de l’Otan, qui ne disposaient pas d’une telle capacité, l’offre de mise à disposition par la France a également été fondamentale. J’ai eu l’occasion de travailler avec plusieurs Medad. J’ai apprécié la compétence et l’engagement de chacun. J’ai rencontré les différentes équipes de l’ECE et des ACA à bord du Charles de Gaulle et des BPC qui sont constituées d’hommes et de femmes passionnés par leur métier, toujours au service des autres. La capacité rôle 2 française fut donc un outil particulièrement précieux au service de la coalition engagée sur le théâtre libyen.
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Dossier : OPEX 2011
Le service médical du porte-avions an
tt d’Agapanthe à Harma
Riche de l’expérience acquise lors des quatre mois de la mission Agapanthe en Afghanistan, et après une remise en condition opérationnelle sous faible préavis, la même équipe médicale du porte-avions Charles de Gaulle composées de trois médecins et huit infirmiers est toujours « sur le pont » au large de la Lybie. Le « Charles », si imposant soit-il, vibre à chaque catapultage de cette première pontée de huit Rafale en configuration « reconnaissance » qui prennent la direction du théâtre plein sud.
Après la visite des hospitalisés, le médecin major organise la Medevac d’un patient en provenance d’un sous-marin, puis se rend à la réunion d’état-major ou Copil (Comité de pilotage) pour s’enquérir de l’état de la flotte du groupe aéronaval : près de 3 000
La porte de soute d’un E2 Greyhound
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hommes dont il faut coordonner le soutien médical. Alors que le médecin adjoint accueille les trente consultants de la matinée, une infirmière en salle de soins alterne réfection de pansements, ablation de points de suture, et pose de voies veineuses. Les consultations pour motif psychologique sont en chute par rapport à la mission Agapanthe, chaque marin étant pleinement investi à son niveau de responsabilité, convaincu du bien fondé de la mission. L’activité médicale est riche : 1 360 consultations, 94 hospitalisations, 19 opérations, 372 examens sanguins, 257 imageries (radiographies et scanners), 314 soins de rééducation fonctionnelle au profit des pilotes, 580 actes dentaires….
L’ECE a été relayé par deux ACA lors d’Harmattan. Bien que n’ayant jamais embarqué sur un bâtiment de la Marine, ils ont fait preuve de curiosité, de disponibilité et d’adaptabilité, autant de qualités appréciées par les marins du Charles de Gaulle qui ont reconnu leur grand professionnalisme. Il est 23 heures, une nouvelle pontée de Rafale prend la direction de la Lybie pour « traiter » de nuit les « cibles » identifiées précédemment. Ainsi les infirmiers et médecins du service médical du porte-avions ont rempli avec succès et fierté leurs missions, absents du port-base durant neuf mois. Médecin en chef Chris Laffererie Médecin major du PA Charles de Gaulle
© Marine Nationale
L
es vingt-six personnels du service médical sont au complet au briefing du matin en salle de triage. Une occasion de passer les transmissions sur les trois patients hospitalisés et l’opéré de la veille mais aussi de coordonner les activités connexes : un exercice de sécurité nucléaire avec prise en charge d’un blessé radio-contaminé, une réception de deux palettes de pharmacie livrées par le pétrolier ravitailleur…
Dossier : OPEX 2011 © Marine Nationale
Toujours prêts…
En mission en Méditerranée, la frégate anti-sous-marine Dupleix reçoit l’ordre de regagner immédiatement son portbase, Toulon, pour s’y ravitailler et réappareiller sous 24 heures pour un déploiement au large de la Libye dans le cadre de la résolution 1973 des Nations Unies. La nature exacte de notre mission, les risques potentiels, la durée de notre présence sur zone sont autant d’inconnues à prendre en compte pour demander un ravitaillement en urgence. Avec 24 heures seulement entre l’émission des commandes et leur réception à bord, toute la chaîne santé fait preuve d’une remarquable efficacité.
Le 20 mars 2011, le Dupleix appareille pour intégrer le dispositif aéromaritime de l’opération Harmattan. Le transit vers la zone d’opérations est mis à profit pour se préparer à un éventuel combat et à ses conséquences potentielles. Afin d’éviter la destruction totale des moyens de santé en cas d’impact, le matériel et les médicaments sont répartis dans tout le bord. Chaque recoin reçoit sa trousse du combattant et son lot de perfusions. Une infirmerie de secours est armée à l’avant du bâtiment. Le carré officier est aménagé pour servir de zone de triage en cas d’afflux massif de blessés. L’instruction des brancardiers est intensive, des rappels de secourisme de combat sont effectués au profit de l’ensemble de l’équipage.
Périodes d’activité intense succèdent à de longs moments d’attente et rythment la vie du bord. Le klaxon d’alarme retentit chaque fois qu’une embarcation suspecte est détectée et chaque fois que nous sommes à portée des armes adverses. Préparé mentalement, physiquement et matériellement à prendre en charge un afflux massif de blessés, le service médical du Dupleix n’aura eu à traiter heureusement que des malades ou des blessés légers. Médecin principal Sandra Reinenbergh Médecin major de la FASM Dupleix
Le PR Meuse était le bâtiment de soutien et logistique déployé dans le cadre la mission Harmattan, du 22 mars 2011 au 7 mai 2011 et du 8 juin au 26 juin 2011. Il évoluait de la zone de conflit au large de la Libye au port base de Toulon par rotation de dix jours en moyenne. La mission d’un ravitailleur est d’apporter au bâtiment de premiers rangs leurs besoins en combustibles, munitions, vivres, matériel. Un RAM (Ravitaillement À la Mer) peut durer jusqu’à six heures avec le porte-avions. Le PR Meuse a permis ainsi l’acheminement vers les bâtiments de la TF 473 des besoins pharmaceutiques. Anticipées ou inopinées, toutes les commandes de ravitaillement sanitaire effectuées auprès de l’ERSA (Établissement de Ravitaillement Sanitaire des Armées) ou directement puisées dans les coffres M
prévus à cet effet à bord du PR, ont été honorées au profit des services médicaux des bâtiments de la TF 473.
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Le Pétrolier ravitailleur (PR) Meuse La mission Harmattan succédait à un long déploiement du groupe aéronaval, de nombreux mouvements de personnel ont pu se faire en transitant par les ravitailleurs, par norias héliportées au cours des RAM. Le flux moyen de transport de passagers à destination ou depuis la force a été de trente-cinq personnes par rotation. Il y a eu sept évacuations sanitaires (Medevac) en moyenne par rotation. Les évacuations médicales des différents bâtiments de la Task Force étaient décidées et centralisées par le « Medad » qui communiquait les informations au médecin transporteur : le service médical du PR Meuse a assuré une nouvelle fonction : celle d’ ambulance médicalisée.
Médecin Principal Anne-Marie Carpentier Médecin Major du PR Meuse
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Assistance aux pêches 7 octobre 2011 • La frégate Chevalier Paul est en mission au large des côtes libyennes. À terre les affrontements se poursuivent. 11 heures - Après un exercice de sécurité de routine, je suis appelé en passerelle : un appel de détresse a été émis sur VHF (très haute fréquence) par un bateau de pêche égyptien.
I
l s’agit d’un jeune marin pêcheur gravement blessé au membre supérieur. L’interprète apporte des précisions : hémorragie et troubles de la conscience. Le commandement obtient rapidement l’accord du Command Task Force (CTF) pour porter assistance au bâtiment égyptien tout en établissant avec moi, un plan d’action adapté à la situation. Nous sommes en zone d’opération et notre mission prioritaire est la défense aérienne du porte-avions, qui nécessite à tout instant notre pleine capacité de manœuvre.
tion d’un doigt. Avec mon infirmière, qui a préparé la salle d’urgence, nous réduisons la fracture/luxation sous anesthésie loco régionale, nous parons et suturons les plaies, et nous effectuons une immobilisation par une manchette plâtrée, sans oublier d’administrer une antibiothérapie et une vaccination antitétanique de principe.
Nous tenons les deux heures. Ramené à son bord je précise à son commandant qu’il devra être admis à l’hôpital au plus vite. Il nous fait comprendre qu’il pourra s’y rendre seulement cinq jours plus tard. Nous espérons simplement lui avoir permis de supporter ce délai dans de bonnes conditions. Médecin Guillaume Cassourret Médecin major de la FDA Chevalier Paul
C’est lourdement escorté par l’équipe de visite du Chevalier Paul que je me rends à bord du chalutier égyptien. Après les investigations de sécurité, je me rends au “chevet” du blessé. Le bateau est vieux. Les conditions de vie sont manifestement rudes. Mais les marins ont l’air en bonne santé. Aidé du traducteur, j’apprends que la victime a engagé sa main dans une poulie lors d’une manipulation du filet. La main est sommairement bandée et l’hémorragie semble stoppée. Malgré la douleur, le patient est conscient. Je découvre à l’examen une main écrasée, avec suspicion de fracture du poignet, luxation d’un doigt et de multiples plaies profondes.
À bord, la radiographie montre une fracture du poignet, et confirme la luxa-
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Je demande immédiatement la possibilité de le prendre en charge à bord pendant deux heures. Accord du commandant. Sur le chalutier, je refais le pansement et injecte une syrette de morphine.
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Trois patients catapultés L chés et deux assis sous la surveillance de l’équipe médicale US : un « flight surgeon » et un « paramedic ». L’idée de catapulter un patient depuis le pont d’envol d’un porte-avions pourrait paraître saugrenue, voire dangereuse compte tenu des efforts d’accélération subis. Ce mode d’évacuation sanitaire est pourtant utilisé avec succès depuis de nombreuses années par la l’US NAVY, grâce à un positionnement optimisé de la civière sur le plancher qui minimise les conséquences physiologiques provoquées par le catapultage. Au décollage, la civière est placée perpendiculairement à l’axe de l’avion, inclinée avec un angle de 45° par rapport à l’horizontale. En vol, la civière est repositionnée à plat sur le plancher.
Les médecins américains ne retiennent que quelques contre-indications : patient intubé ou instable sur le plan hémodynamique, lésions instables du rachis, lésions neurochirurgicales, plaies oculaires et fractures non stabilisées. Bien que ne disposant pas d’oxygène aéronautique ni de courant électrique en 220 volts alternatif, le C2 Greyhound permet des MEDEVAC directes sur un rôle 3 (hôpital de théâtre) ou rôle 4 (hôpital métropolitain), en quelques heures, tout en maintenant la disponibilité opérationnelle du porte-avions. Médecin en chef Yann Dasse Medad Harmattan Médecin en chef Christophe Pelletier Médecin réanimateur du rôle 2
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e 13 mai 2010, pour la première fois dans l’histoire de la Marine Nationale, une évacuation médicale (Medevac) a été réalisée par un C2 Greyhound, catapulté depuis le porte-avions Charles de Gaulle au cours de l’opération Harmattan. Rejoindre un hôpital depuis un bâtiment à la mer est toujours contraignant. La voie maritime est lente. Les hélicoptères ont des rayons d’action limités. À l’occasion de la mission Harmattan, un détachement C2 Greyhound (version cargo de l’avion radar embarqué E-2C Hawkeye) a été mis, temporairement, à disposition de la Task Force 473 par l’US NAVY pour réaliser des mouvements de matériel et de personnel. Transformable en version sanitaire en trente minutes, cet avion permet de transporter sur 1 100 nautiques, quatre patients cou-
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Licorne Vétérinaire et ressortissants Du 31 mars au 15 avril 2011, dans un contexte sécuritaire dégradé, le camp de Port-Bouët à Abidjan a accueilli 5 048 ressortissants français et étrangers dont certains accompagnés d’animaux de compagnie.
Sur la base d’un questionnaire, de l’étude des documents de l’animal et d’un examen clinique, le vétérinaire des armées s’est assuré de l’absence de maladies, en particulier de zoonoses ou de maladies animales transmissibles aux chiens militaires. Il a également apprécié le statut de chaque animal au regard des exigences relatives à son importation dans l’Union Européenne. Sur les 63 animaux pris en charge, 36 ont été évacués dont 22 en France. Dans un second temps, le vétérinaire a coordonné l’alimentation et l’hébergement pour chaque animal. Les animaux de petite taille ont été autorisés à séjourner sous tente avec leur propriétaire.
Sensibiliser, informer, rendre compte Le vétérinaire de l’opération Licorne a informé les propriétaires d’animaux souhaitant rentrer en France de la réglementation en vigueur, sur les risques
d’importation de la rage, non maîtrisée en RCI, de la Convention internationale visant la protection d’animaux d’espèces menacées d’extinction. Pour certains carnivores, des dérogations aux conditions d’importation en France ont été accordées par le ministère en charge de l’agriculture. Quotidiennement, en lien avec le vétérinaire des armées, référent de théâtre, le chef de la cellule vétérinaire Licorne transmettait à ce ministère un fichier identitaire et sanitaire, traçant les mouvements d’animaux qui quittaient la RCI.
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Accueil des animaux
Préparer l’évacuation par VAM Menées en concertation étroite avec le référent théâtre et les autorités ministérielles concernées, les actions réalisées par le vétérinaire de la Force Licorne ont été un maillon fort du concours des forces armées à l’évacuation de ressortissants en contribuant notamment au soutien psychologique des évacués.
VET Benoît Tainturier chef de la cellule vétérinaire Licorne novembre 2010 - avril 2011 VEP (TA) Jean-Paul Demoncheaux référent théâtre Licorne
Antenne Chirurgicale de Port-Bouët : “AKWABA*” Port-Bouët est de longue date la commune où s’est implanté le 43BiMa. Depuis dix ans elle a vécu au rythme de la Force Licorne et des "évènements" de Côte d’Ivoire. L’Antenne chirurgicale aérotransportable (ACA) avait élu domicile dans le camp, jusqu’à sa "mise en sommeil" en 2009. En février 2011, l’ACA redevient opérationnelle et retrouve ses locaux. La situation du pays se stabilise. L’activité chirurgicale au profit de la population civile ivoirienne se développe de manière controlée avec un rythme de sept à huit interventions chirurgicales par semaine. Ces actes permettent de garder expérience et réactivité, tout en préservant le potentiel humain et matériel. Août 2011 fut marqué par la mise en place d’une nouvelle forme de "partenariat" entre les services sociaux de la mairie de Port-Bouët et le Service de Santé de Licorne. À l’origine de cette action, Madame Hortense Aka-Anghui.
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Actu santé • # 126 • janvier • mars 2012
Ancienne ministre de la promotion des femmes, elle est aussi depuis trente ans maire de la commune de Port-Bouët. C’est ainsi que depuis deux mois, une partie du personnel de l’antenne se rend un mercredi sur deux, au dispensaire de la commune afin de voir gratuitement en consultation des ivoiriens présentant des pathologies chirurgicales variées, susceptibles de pouvoir bénéficier des compétences des équipes. Rapidité, efficacité, coopération, accueil chaleureux du personnel et des patients, tous les critères permettant d’effectuer un travail de qualité en
confiance sont présents. Chacun y trouve son “compte” : la population civile bénéficie de soins gratuits et d’une prise en charge de qualité ; le personnel du SSA, représentant de la force Licorne, permet à cette dernière de démontrer ses qualités humaines au service des ivoiriens et ainsi de renforcer son intégration. Quant à l’équipe médicale, quelle meilleure récompense et témoignage d’amitié pour le service que la surprise d’être reçue officiellement par madame le Maire, pour partager de manière conviviale un repas voulu "familial". * Bienvenue
Dossier : OPEX 2011
Daman Une AMET au Liban Le contingent français de la FINUL, fort de 1 300 hommes, assure un certain nombre de prestations dans le cadre du MOU (Memorandum of Understanding). La France fourni une AMET constituée de 2 équipes (2 fois 1/1/1) à 15 minutes de jour comme de nuit, 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Ce très court délai majore la pression psychologique sur l’équipe d’alerte. La 2e équipe fait fonctionner le rôle 1, mais l’ONU considère cette équipe comme une 2e AMET potentielle susceptible d’intervenir si disponible. À proximité de l’AMET française existe un pool d’AMET d’origine chinoise qui n’a jamais été utilisé depuis 4 ans sans raison officielle. Le déclenchement de l’AMET débute par la rédaction d’un message METHANE (compte-rendu de blessés et de demande de MEDEVAC) au niveau du Plan d'opération interne (POI), ce dernier est envoyé au JOC (Joint Operation Center) qui répercute sur le CMO (Chief Medical Officer) puis le FMO (Force Medical Officer) puis le Comsanté qui lui alerte le médecin. La course commence alors pour l’équipe qui doit être au pied de l’hélico dans les 15 minutes. Comptetenu de ces délais extrêmement courts,
la transmission d’information doit être précise. Pour limiter les risques d’erreurs préjudiciables au patient, il est indispensable de connaître les procédures liées au transport en hélicoptère et de parler un anglais de très bonne qualité. En effet, dans cette chaîne décisionnelle, de nombreuses nationalités sont représentées. Le CMO est polonais, le FMO indien, les personnels du détachement d’hélicoptères sont italiens, les ambulanciers du rôle 2 sri lankais ou indonésiens, et bien-sûr les médecins demandeurs peuvent appartenir à n’importe quelle nationalité représentée sur le terrain. Le fait que les transmissions se font “rotor tournant” rajoute un facteur bruit, source d’erreurs supplémentaires. Outre cette contrainte linguistique, il faut aussi prendre en compte la méconnaissance des SOP (Standard Operating Procedure) et la part d’interprétabilité
Trident Hygiène en campagne Les troupes françaises sont regroupées sur le Camp Maréchal De Lattre de Tassigny. Cependant deux points isolés dépendent de ce camp : DOG 31 et Devic. Le premier présente des conditions de vie et d’hygiène précaires. DOG 31 est un poste situé près de la frontière. Soixante-dix hommes s’y relaient toutes les semaines, pour effectuer une mission de surveillance. Le campement est installé dans un restaurant local, qui ne comprend ni eau, ni douches, ni toilettes fonctionnelles. Pour l’eau, un ravitaillement est organisé deux fois par semaine, par des réservoirs d’eau traitée à la station de Novo Selo et
acheminés par camion. Les soldats ont mis en place sous une tente, une douche de fortune. Chaque soldat ne bénéficie quotidiennement que de deux bouteilles d’eau d’un litre et demi. Ces bouteilles d’eau sont suspendues autour du poêle pour être tièdes, absolument nécessaire quand il fait -18°C dehors. Cette situation vient de s’améliorer avec la mise en place d’une douche de campagne (six douches individuelles) qui permet d’obtenir l’eau chaude à la demande. Suite aux évènements de fin juillet 2011, un renfort de deux cents hommes a été acheminé sur place. L’eau des douches,
© Photos : DR
(Aero Medical Evacuation Team)
dont elles sont la source. Le système fonctionne malgré tout en partie grâce aux liens que les gens qui se côtoient peuvent tisser entre eux, soit dans le cadre des exercices et entraînements multinationaux, soit au cours de débriefing ou de discussions autour d’un café. Dans cette chaîne, 2 maillons forts sont identifiés par le CMO, l’AMET française et le détachement Air italien. Au bout du compte, 3 éléments sont à mettre en avant : avant le départ perfectionner son anglais et valider un acquis sur le fonctionnement parfois obscur de l’ONU, et sur place faire du “relationnel”. Médecin en chef Dominique Rouquette
provient toujours du camp de Novo Selo, lorsque le ravitaillement est possible. Cela permet à chaque soldat de prendre environ deux à trois douches par semaine. Cet afflux de personnels a dépassé les possibilités du site. Les soldats se sont adaptés. Les aménagements personnels font preuve d’une débrouillardise remarquable : sol nivelé, branches dangereuses coupées, et rigoles creusées autour des abris. Même dans ces conditions très rustiques, nos soldats tiennent bon ! Médecin en chef Arnaud Ledru
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Radioprotection opérationnelle
réel... réel... réel...
Le SPRA
au pays du soleil levant
Vendredi 11 mars 2011 - Un séisme de magnitude 8,9 secoue le Japon. Un tsunami dévaste la région orientale de Sendaï. Le ministère de l’Intérieur décide de projeter, en renfort des moyens de secours japonais, un détachement français de la Sécurité civile.
Des missions très variées dans une ambiance radiologique avérée et des conditions extrêmes Dans la zone du sinistre, à Sendaï, c’est la mission de sauvetage et déblaiement au profit des victimes du tremblement de terre. Très rapidement, l’évidence : le tsunami et les conditions météorologiques rigoureuses ne laissent aucun espoir de retrouver des survivants. La mission s’oriente vers l’aide aux populations avec les déblaiements et l’acheminement de fret humanitaire français et européen. De retour sur Tokyo, les actions se font au profit de l’ambassade de France et des familles françaises expatriées. La composante radiologique est devenue prépondérante pour la réussite de la conduite des opérations. Le contexte était d’une rusticité extrême, alliant fatigue importante, répliques sismiques fréquentes, températures négatives, absence d’eau, d’électricité, de sanitaires, de liaison GSM et alimentation en boîtes de rations. L’état de sûreté nucléaire instable, impose de réévaluer en continu les données radiologiques afin de pouvoir anticiper la mise à l’abri du détachement. L’analyse de la situation est quotidienne, en liaison avec la cellule de crise de l’ambassade, et doit s’adapter aux
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es délais de mise en route fixés sont de 5 heures. À la demande de la Direction de la sécurité civile (DSC), la Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA) désigne le Service de protection radiologique des armées (SPRA) pour constituer une équipe projetable de deux officiers : le médecin principal Xavier Michel, praticien confirmé en hygiène nucléaire et radioprotection médicale et le pharmacien en chef Sandra Bohand, praticien confirmé en toxicologie environnementale, désignée comme chef de mission.
constantes évolutions de l’état du parc nucléaire de Fukushima. Les décisions prises sont très dépendantes des informations météorologiques fournies par météo France, avec une fiabilité de 36 heures pour les prévisions annoncées.
Volets de l’expertise radiologique Cette mission hors norme a dégagé plusieurs faits marquants. La validation du caractère opérationnel du SPRA. Les personnels étaient prêts à intégrer un détachement opérationnel en s’adaptant parfaitement aux conditions extrêmes. La situation instable, du fait des explosions au sein des bâtiments réacteurs, du dénoyage de cœurs, des fuites de piscines, a été très dépendante des conditions météorologiques. Elle a nécessité une réévaluation permanente des décisions à prendre. Le positionnement au plus près du commandement a permis l’adaptation en temps réel avec la plus value réelle du SPRA dans l’expertise vis-à-vis de l’exposition interne. Les conditions d’intervention théoriques en situation d’urgence radiologique avec présence d’Iode 131 supposent le retrait immédiat de la zone sous le nuage après la prise d’un comprimé d’iodure de potassium (KI). Dans le contexte opérationnel particulier de cette mission, il fallait poursuivre la mission dans cette ambiance avérée et envisager de réitérer l’administration de comprimés de KI
malgré l’absence de recommandations validées.
L’aboutissement des mesures de radioprotection De retour en France, le détachement a d’abord été dirigé vers une chaîne de détection-décontamination déployée à Tremblay en France. Ensuite la prise en charge a été assurée sur l’îlot Percy selon un circuit établi par la cellule de crise nationale du SPRA : débriefing d’accueil, examens d’anthroporadiométrie et de radiotoxicologie des urines ainsi qu’une consultation assurée par un psychologue ou un psychiatre de l’HIA Percy. Sur le terrain, la pratique professionnelle quotidienne et complémentaire de ce binôme médecin-pharmacien a constitué un atout majeur dans le conseil radiologique au commandement et l’aide à la prise de décision sur site. Cette mission a permis de valider le caractère opérationnel du SPRA et de mettre en avant la complémentarité des actions effectuées en local et sur le territoire national. Pharmacien en chef Sandra Bohand Chef du Laboratoire de contrôle radiotoxicologique du SPRA Médecin principal Xavier Michel Adjoint au chef du Bureau de radioprotection médicale du SPRA
Ressources humaines
La réforme des corps d’officiers exerçant des responsabilités administratives Pour en savoir dynamiser la carrière des meilleurs officiers par le biais d’un avancement au choix pour tous les grades. Il veut permettre la création d’un corps militaire de haut niveau qui doit monter en puissance progressivement afin d’atteindre un effectif de 1500 officiers. MGI Frédéric FLOCARD Sous-directeur ressources humaines
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ans le cadre de la modernisation du ministère de la défense et des anciens combattants, il a été décidé de rationaliser le paysage statutaire des différents corps militaires d’officiers exerçant dans l’administration générale et le soutien commun des armées. Cette réforme qui doit aboutir à la création d’un corps unique des commissaires des armées dès le 1er janvier 2013 et à la mise en extinction des différents corps d’officiers techniques et administratifs relevant du ministère de la défense au 1er janvier 2016, génère de nombreuses interrogations tant parmi les OCTASSA que parmi les autres corps du Service.
Le corps des commissaires des armées, le décret En septembre 2010, l’EMA a mis en place un groupe de travail chargé d’organiser la réforme. Les travaux de ce dernier ont abouti à la rédaction d’un projet de décret portant statut particulier du corps des commissaires des armées présenté lors de la session du CSFM de décembre 2011. L’article premier de ce projet prévoit que les commissaires, outre leur fonction traditionnelle d’expertise, de contrôle, de conseil, de direction et d’encadrement, en matière administrative, financière et logistique, se verront confier des responsabilités de conception, de coordination et d’audit. Ce projet veut en outre rendre ce corps attractif afin de
Quel devenir pour les octassa ? Le service de santé des armées qui s’est d’emblée impliqué dans cette réforme a eu la volonté de faire intégrer dans ce corps des commissaires des armées l’ensemble des OCTASSA du domaine de l’administration, mais aussi les qualiticiens, les informaticiens, les ingénieurs biomédicaux et le conservateur du musée. Pour les psychologues, les chercheurs et les radio physiciens, il a engagé des plans d’action particuliers. Le projet de décret prévoit que l’intégration soit mise en œuvre en deux phases : - dans un premier temps, à compter du 1er janvier 2014 et jusqu’au 31 décembre 2015, les OCTASSA, à l’instar de leurs homologues des autres armées et formations rattachées, pourront intégrer le corps des commissaires des armées avec leur grade et leur ancienneté de grade sur demande agréée par le ministre de la défense, après avis d’une commission dont la composition sera fixée par arrêté du ministre de la défense et sur le fondement de modalités qui seront elles aussi définies par arrêté ministériel. - dans un second temps, à compter de janvier 2016, les OCTASSA qui n’auront pas intégré le corps des commissaires des armées, seront intégrés d’office dans ce corps avec leur grade et ancienneté de grade. Des communications ultérieures paraîtront dans la revue au fur et à mesure de l’avancée des travaux.
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http://www.csfm.defense.gouv.fr http://www.sante.defense.gouv.fr http://www.sca.defense.gouv.fr site du CFMSSA
Dates à retenir • 1er janvier 2013 : fusion des corps des commissaires de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air et de la Marine Nationale • 1er janvier 2014 : début de l’intégration sur demande des OCTASSA dans le corps des commissaires des armées • 31 décembre 2015 : fin de l’intégration sur demande • 1er janvier 2016 : intégration d’office des OCTASSA non encore intégrés dans le corps des commissaires et mise en extinction des corps d’OCTA du ministère de la Défense
Hiérarchie et correspondances Officiers subalternes Commissaire de 3e classe (Sous-lieutenant) Commissaire de 2e classe (Lieutenant) Commissaire de 1re classe (Capitaine) Officiers supérieurs Commissaire principal (Commandant) Commissaire en chef de 2e classe (Lieutenant-colonel) Commissaire en chef de 1re classe (Colonel) Officiers généraux Commissaire général de 2e classe (Général de brigade) Commissaire général de 1re classe (Général de division)
Scolarité des commissaires Le ministre de la Défense a décidé que les élèves commissaires suivront leur formation à compter de 2013 à l’école du commissariat des armées à Salon de Provence, sur une période qui devrait durer 2 ans. Le dernier recrutement d’OCTASSA se fera en 2012.
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In memoriam Mémoire et honneur
Médecin chef des services Numa Foures Né en 1924, ancien du Service, réserviste de longue date, notre camarade s’est éteint à l’hôpital d’instruction des armées du Val-deGrâce le samedi 15 octobre 2011.
C’est au cours d’une journée forte en symboles pour l’École du personnel paramédical des armées (EPPA) que s’est déroulée le vendredi 16 septembre après-midi, avant la cérémonie de baptême de la promotion Infirmier de classe supérieure Toinette, la cérémonie de dévoilement de la plaque en hommage aux anciens élèves de l’EPPA morts pour la Patrie. En présence des familles, le médecin général des armées Nedellec, directeur central du Service de santé des armées et le médecin général Carpentier, commandant l’EPPA, ont dévoilé cette plaque sur laquelle sont gravés les noms des anciens élèves tous tombés au combat en Afghanistan : Maître principal Frédéric Paré, promotion 1996, en 2006 au cours de l’opération Heracles, Infirmier de classe supérieure Mathieu Toinette, promotion “Quartier-maître de 1re classe Muller”, en 2010 au cours d’une OMLT, Infirmier de classe supérieure Thibault Miloche, promotion 1995, en 2010 au cours de l’opération Pamir. À l’occasion de son allocution, le Directeur central a tenu à rappeler aux cadres et élèves de l’École le sens et la portée de l’engagement des infirmiers au service des forces armées.
Son grade de commandeur de la légion d’honneur, la dignité de grand officier de l’ordre national du mérite, ainsi que ses cinq citations témoignent de son investissement pour le pays et l’armée. Homme droit et juste, d’une grande simplicité et d’une grande humanité, il est doté d’une volonté et d’un charisme hors du commun. Il laissera une empreinte indélébile au sein des associations de réservistes du service de santé des armées.
Médecin des armées Dorléans Mort à Sarajevo en 1995
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© Photos : CLC Thoumy - EPPA
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Étudiant en médecine au début de la guerre 3945, il est résistant de la première heure. Membre du bureau central des renseignements et actions (BCRA) à Londres, il est envoyé en France de 1942 à 1944, où il appartient à plusieurs réseaux et maquis. Prisonnier, il s’évade et rejoint de nouveau la résistance. En Août 1944, il intègre la 2e DB et peu après il est admis à l’école principale du service de santé de la marine et des colonies de Bordeaux (promotion 44-45). Il devient chirurgien du corps de santé colonial et il rejoint l’Indochine comme chirurgien chef de l’antenne chirurgicale parachutiste n°1 au Tonkin. Le reste de sa carrière se déroulera en Afrique (particulièrement au Cameroun). Il quitte le service en 1964 pour une deuxième carrière civile en devenant un réserviste très actif. Président de l’Union nationale des médecins de réserve (UNMR) de 1978 à 1988, puis du Groupement des organisations de réserve du service de santé des armées (GORSSA), il devient en 1988 le premier MCS nommé dans la réserve.
Mme Isabelle Dorléans, Mme le Maire de Logonna-Daoulas et Monsieur le général de brigade Pierre-Richard Kohn
Il y a seize ans, très exactement le 22 juillet 1995, le médecin des armées Éric Dorléans du RICM tombait à Sarajevo, mortellement frappé par un obus. Si personne n’a oublié cette tragique disparition, le témoignage de son sacrifice attendait encore d’être gravé à jamais dans la pierre. C’est désormais chose faite sur celle du monument aux morts de Logonna-Daoulas (Finistère) où il repose. Ce 11 novembre 2011 était tout indiqué pour rendre un émouvant hommage à cet officier et au médecin mort pour la France.
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