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Le Comité Champagne muscle son budget face à la crise climatique
L'interprofession champenoise a annoncé une augmentation de 10 M€ de ses moyens annuels, d'ici à 5 ans, principalement pour lutter contre les effets du réchauffement global. Un nouveau centre de recherche et d'innovation doit notamment voir le jour en 2025.
Le Comité Champagne a choisi Paris, et plus particulièrement la porte de Versailles, où se tenait, du 13 au 15 février, le Wine Paris & Vinexpo Paris, pour une annonce d’envergure. À l’occasion de ce grand salon professionnel du vin, qui a réuni 30 000 visiteurs et 3 000 exposants, les coprésidents Maxime Toubart et David Chatillon ont affiné les esquisses tracées en décembre dernier, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Association viticole champenoise. Outre les excellents résultats du millésime 2022 (326 millions de bouteilles expédiées, plus de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires), l’ambition pour la filière d’atteindre, en 2050, le « net zéro car-
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C HAMPAGNE bone » y avait été martelée.
« On ne part pas d’une feuille blanche, on a commencé il y a 20 ans », assure David Cha-
Le grand projet de Ruinart à Reims
tillon, président de l’Union des maisons de Champagne (UMC). Comme l’interprofession aime à le rappeler, elle a été, en 2003, la première région viticole au monde à réaliser son bilan carbone et à se fixer des objectifs de baisse. En 15 ans, les émissions par bouteille ont été réduites de 20 % et la baisse devrait atteindre 25 % en 2025. « On est l’une des seules filières professionnelles de France à être sur la trajectoire de l’accord de Paris, à savoir -75 % en 2050, se félicite le patron de l’UMC. Pour les émissions résiduelles, on développera des puits de carbone et pour les émissions incompressibles, on compensera. » ment, de trouver des solutions pour réduire son impact environnemental et pour s’adapter au changement climatique. Avec son futur centre de recherche, le Comité Champagne poursuit le même but. « Le défi principal est de continuer à produire du raisin de qualité, en quantité suffisante, dans un contexte climatique changeant et de développement des maladies de la vigne », détaille David Chatillon.
Ce futur centre accueillera des équipements de pointe, notamment une cuverie et des caves, un laboratoire, une salle de dégustation et une plateforme expérimentale d’un hectare. Un projet qui viendra compléter le domaine viticole de Plumecoq, à Chouilly, un terrain d’étude et de recherche pour les nouvelles techniques viti-vinicoles, géré par le Comité Champagne. « Aujourd’hui, il y a 450 nouvelles variétés qui y sont cultivées, il faut ensuite s’assurer de ce qu’elles peuvent donner en matière de vins. Ça suppose d’avoir une cuverie susceptible d’accueillir tous ces petits cépages, c’est aussi à ça que servira le centre de recherche. » Selon l’interprofession, la recherche sur les cépages est l'un des axes majeurs pour l’adaptation au réchauffement climatique et une réponse aux attentes du public vis-à-vis de la réduction des pesticides.
Vers des cépages plus résistants
En plus de cet objectif structurant, le Comité Champagne a annoncé la création d’un nouveau centre de recherche, de développement et d’innovation qui verra le jour d’ici à 2025, sur un site qui reste à définir. Un projet rappelant celui du groupe Moët Hennessy, qui a inauguré, en 2021, le centre de recherche
Pour mener à bien tous ces projets, il faut de l’argent, c’est le nerf de la guerre. Le Comité Champagne prévoit donc d’augmenter son budget annuel de 10 M€ en cinq ans, soit une hausse de 50 %. Les vignerons et les maisons y contribueront à parts égales (lire par ailleurs). « En décembre 2021, le bureau exécutif du Comité Champagne a fait le constat que nos moyens n’étaient pas suffisants, raconte David Chatillon. Cette augmentation de budget historique doit nous donner les moyens financiers, techniques et humains pour mieux accompagner les professionnels et relever les défis qui se présentent à nous pour les dix prochaines années. » Pour maintenir la bonne santé de la filière, l'exemple doit venir d'en haut.
Simon Ksiazenicki
Première et plus ancienne maison de champagne fondée en 1729, Ruinart s’offre un coup de jeune. La marque du groupe LVMH a dévoilé un grand projet de transformation de son site historique, installée sur la colline Saint-Nicaise de Reims depuis 1768. Déjà commencés, les travaux prévoient l’agrandissement du siège situé au 4, rue des Crayères, où le parc classé accueillera le nouveau pavillon Nicolas Ruinart. Ce bâtiment résolument moderne, que l’architecte japonais Sou Fujimoto a imaginé en pierre calcaire et en forme d’un flacon de la maison, sera doté de salons de dégustation, d'un bar à champagne, d'une boutique et d'une terrasse. À l’extérieur, la marque entend aménager des espaces culturels, notamment un jardin d’artistes, qui accueillera des œuvres commandées par la maison. Actuellement ouverte au public, la visite des crayères entend s'enrichir avec ces nouvelles propositions. Ruinart promet un projet vertueux et bas-carbone, avec un label HQE (haute qualité environnementale) pour le bâtiment et BiodiverCity (prise en compte de la biodiversité dans les projets immobiliers) pour le parc de 7 000 m². Le pavillon devrait être inauguré en septembre 2024. Ensuite, la maison rémoise espère attirer 50 000 visiteurs chaque année, soit deux fois plus qu’à ce jour.
Robert-Jean-de-Vogüé à Oiry, afin, notam -
D'où vient l'argent du Comité Champagne ?
Le budget du Comité Champagne est élaboré grâce aux contributions des vignerons et des maisons de champagne. Un récoltant-livreur verse à l’interprofession 112 € par hectare exploité, soit 1,33 centime par kilo vendu (chiffres 2021). Pour un négociant expédiant 100 000 bouteilles, sa participation au Comité s’élève à 4 566 euros. Cette année-là, le Comite Champagne a récupéré 19 M€, dans le sillage d’une reprise spectaculaire des expéditions, et dépensé un peu plus de 18 M€ pour réaliser ses missions : protection de l’appellation (0,5 centime par bouteille), accompagnement technique (1 centime par kilo), communication à l’étranger (0,75 centime par kilo) et la gestion de la réserve et du casier viticole informatisé (30 € par hectare). « Les taux sont calculés de sorte que la contribution des vignerons soit égale à celle des maisons et que la contribution issue des ventes de raisins soit identique à celle issue des ventes de bouteilles », explique David Châtillon, coprésident du Comité Champagne.