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Mission accomplie pour la délégation rémoise en Ukraine

Dans le cadre du partenariat que Reims noue depuis plusieurs mois avec la ville de Tchernihiv, une délégation s'est rendue sur place,cette semaine. Une visite très forte pour ses membres sur le plan émotionnel.

Mobilisée dès le début de l'invasion russe en Ukraine, en soutenant l’organisation de gestes de solidarité envers les populations touchées, la ville de Reims a souhaité rapidement aller plus loin dans son aide au peuple ukrainien. Depuis cet été, la mairie s'est ainsi rapprochée de la cité de Tchernihiv, située à 130 km de la capitale Kiev, sur la route menant à la Biélorussie, alliée de la Russie. Une ville martyre, assiégée durant 35 jours, au début du conflit.

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« C'est d'abord un devoir moral, car il y a un peu plus de 100 ans, c'était notre ville qui était durement touchée par la guerre », rappelle Dimitri Oudin, adjoint au maire de Reims délégué aux relations internationales, l'un des trois membres de la délégation rémoise qui s'est rendue en début de semaine à Tchernihiv, avec Rémi Grandemange, directeur adjoint du cabinet du maire de Reims et de la présidente du Grand Reims, et le street artiste Arno Kusek. « Lors de cette visite, il a bien sûr été question des axes de coopération entre les deux villes, poursuit l'élu, mais c'était aussi une action très symbolique, marquant notre solidarité qui est très importante pour les Ukrainiens. » « L'accueil qu'on a reçu, lors des rencontres officielles, comme au contact des gens anonymes, a été incroyable, appuie Arno Kusek. Nous ne sommes pas des gens importants, mais nous étions toujours très très attendus. C'était visiblement un honneur pour eux de nous recevoir, mais au final, c'était surtout un honneur encore plus grand pour nous. C'était de l'émotion à l'état pur. » Alors que Dimitri Oudin et Rémi Grandemange ont assuré la partie protocolaire, l'artiste de son côté a été invité à peindre ses portraits rendant hommage à l'armée ukrainienne, dans différents points de la ville, d'après des photos d'authentiques soldats. Une thématique qui lui tient à cœur et qu'on peut d'ailleurs observer à Reims où, rue des Augustins, l'une de ses œuvres réalisée à l'aide de pochoirs, représente un des leaders de la révolution de Maïdan de

2014, mort sur le front il y a six mois. Loin des batailles qui ébranlent l'Est du pays, Tchernihiv reste une ville dans un pays en guerre, où chaque habitant ou presque a perdu un proche, un membre de sa famille ou un ami. « Par deux fois, il y a eu des alertes données via les téléphones, raconte Arno Kusek, mais les gens y sont habitués, si bien que l'ambiance la plus surréaliste, c'est presque le soir quand à 22 h démarre le couvre-feu. Il n'y a plus aucun éclairage public, mais surtout plus aucune lumière nulle part, car les habitants doivent aussi éteindre. Les barres d'immeubles, imposantes le jour, disparaissent alors totalement. C'est le noir complet. On n'entend plus rien, pas même une voiture au loin, seulement le vent et parfois quelques oiseaux. » L'autre moment marquant de ce périple fut l'arrivée en Ukraine, via la gare de Kiev, le dimanche matin de très bonne heure. « La gare était remplie de militaires et il y avait juste assez de lumière pour ne pas tomber, rendant l'ambiance particulièrement pesante. Les hommes que j'ai vus, souvent jeunes, attendaient dans le froid, avec en fond une étrange musique, qu'on vienne les chercher pour repartir au combat. Tous les visages étaient fermés, personne ne parlait, ni même ne fumait une cigarette. Ils étaient totalement prostrés. »

La délégation rémoise est marquée à jamais par cette expérience. « La plus intense que je n'ai jamais vécue », insiste Arno Kusek. « C'est tellement intense que c'est difficile à exprimer, avoue Dimitri Oudin, les larmes aux yeux. Il y a beaucoup de leçons à retenir de toutes ces personnes rencontrées, humainement formidables, qui continuent à vivre presque normalement, dans la dignité, sans pour autant oublier la situation. Tous les discours portent sur le futur. C'est un message de résilience extrêmement puissant. »

Julien Debant

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