3 minute read

Un canal réaménagé d'ici 2025

Le projet des Berges du canal ambitionne la reconquête du vaste espace situé entre les ponts Vesle et Venise, pour en faire un nouveau lieu de vie au bénéfice des habitants. Mais qui implique aussi la disparition complète du pont Charles-de-Gaulle.

Advertisement

C'est sans doute l'un des plus grands projets menés actuellement par la ville de Reims. A l'image des Promenades, celui des Berges du canal promet un bouleversement majeur dans un secteur largement dévolu aux voitures jusqu'alors et qui n'a pratiquement pas évolué depuis près de 40 ans. Porté par le duo Robinet-Vautrin, le dossier est aujourd'hui dans les mains du groupement d'experts

Anma-Mutablis qui a donc pour mission de réaménager le port, où sont aujourd'hui à quai quelques péniches, et de créer un nouvel espace de vie sur un secteur d'une superficie de 11 hectares, allant du Centre des congrès au pont de Venise. La métamorphose promet d'être spectaculaire. « On n’a pas souvent, dans une vie d'élu, l'occasion de présenter des projets de cette ampleur, car c'est un choix qui engage notre territoire pour de nombreuses années », a d'ailleurs déclaré la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin, lors de la présentation du projet, juste avant Noël. Les objectifs de ce réaménagement sont clairs : donner davantage d'ampleur au port actuel, réduire la place dévolue aux automobilistes, tout en favorisant l'usage des modes doux et anticiper la mutation de la traversée urbaine qui doit devenir un boulevard urbain en 2028, date à laquelle la concession de la Sanef prendra fin. Si on ne peut évidemment pas reprocher à la municipalité de vouloir « créer un nouveau lieu de vie convivial, îlot de fraîcheur pour tous les habitants », dixit Arnaud Robinet, le choix de gagner de l'espace en faisant disparaître dans sa totalité le pont Charles-de-Gaulle divise une grande partie des habitants du Grand Reims. Les élus en ont bien conscience, mais justifient cette décision, études à l'appui. Selon les chiffres donnés par la ville, il est actuellement emprunté en moyenne par un peu moins de 10 000 véhicules par jour (6 000 depuis le centre-ville et 3 000 depuis Courlancy), alors qu'il a été construit pour en voir passer 50 000. « Aujourd'hui, ce pont interpelle par sa démesure par rapport aux flux d'automobilistes, a insisté le maire de Reims. Lors de sa construction, il était au cœur du projet de circulation Rotival qui a été stoppé dans les années 1970. Il n'est utilisé qu'à 20 % de sa capacité et n'est pas configuré pour accueillir les piétons et les cyclistes en toute sécurité ». En outre, fragilisé par le temps qui passe, l'ouvrage présente des problèmes d'étanchéité, malgré des travaux menés en 2005, et nécessiterait « des coûts d'entretien exorbitants ». Quant aux conséquences de cette démolition sur la circulation automobile, la ville estime que le pont de Venise et l'autoroute urbaine, qui doit bénéficier d'une nouvelle sortie en direction du quartier Courlancy au niveau de l'échangeur Reims-centre, pourront absorber les usagers de Charles-de-Gaulle. Le développement du plan vélo, la mise en place des lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) à partir de 2025 et la liaison du boulevard des Tondeurs à l'autoroute A34, doivent aussi contribuer à cette réor- long de la Vesle. Formant une barrière naturelle vitale avec la voie Taittinger toute proche, il devrait être complété par de nouvelles plantations et occuper, au final, un tiers du site, soit un hectare.

Mais qui dit nouveau quartier, dit surtout nouveaux logements, commerces et services. L'état actuel du chantier, pourtant bien avancé, ne laisse pour l'instant rien deviner. Sans surprise, la part la plus importante du bâti sera dédiée à l'habitat, du studio au T5, avec 440 appartements en accès libre et 100 autres dits « intermédiaires », c'est-àdire bénéficiant de loyers plafonnés, inférieurs aux prix du marché. A ces constructions, s'ajoutent un hôtel de 147 chambres, sous la marque Holiday Inn, et une résidence pour les seniors comprenant 84 logements. En revanche, la résidence étudiante, initialement prévue, a disparu de la programmation. Rives de Vesle offrira au total une capacité d'accueil de plus de 1 000 habitants. Concernant les activités commerciales, installées en rez-de-chaussée, boutiques, restaurants et services s'étaleront sur 4 000 m². L'ensemble s'articulera autour d'une nouvelle rue et d'un espace piétonnier et paysager. Les premières livraisons sont attendues dans un an, tandis que la totalité du projet devrait être achevée entre fin 2024 et début 2025.

Julien Debant

ganisation des flux à l'échelle de l'agglomération. A la place du pont Charles-de-Gaulle, une passerelle réservée aux piétons et aux cyclistes, longue d'environ 250 mètres et surplombant l'autoroute urbaine ainsi que le canal, doit être construite. La réalisation de l'ensemble du projet est espérée courant 2025, pour un budget qui reste à affiner. Si on sait que la démolition du pont et la construction de la passerelle coûteront respectivement 5 et 10 M€, l'enveloppe dédiée aux aménagements des espaces publics, sur lesquels les habitants auront prochainement leur avis à donner, n'est pas encore finalisée. J.D

This article is from: