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35 M€ pour faire de Châlons un territoire connecté
Quatre collectivités ont signé avec le groupe Bouygues un marché global de performance sur 12 ans pour transformer Châlons en un territoire connecté et durable. Objectif : piloter à distance et analyser en temps réel, grâce au numérique, une multitude de services publics : éclairage, chauffage, arrosage des espaces verts, stationnement, vidéoprotection, etc.
Si le concept de « smart city » (ou « ville intelligente ») conçu par Bouygues existe déjà à Angers et Dijon, c'est la première fois qu'il fait l'objet d'une commande émanant de quatre collectivités. La ville et l'agglomération de Châlons, mais aussi les communes de Fagnières et Saint-Martin-sur-le-Pré investiront 35,5 M€ pour moderniser, équiper de capteurs puis connecter à une plateforme numérique de commandement unique bon nombre d'infrastructures et de services publics qu'elles gèrent pour l'heure indépendamment. Une sacrée somme, surtout par les temps qui courent. « Ces 35 millions auraient de toute façon été dépensés sur les 12 ans qui viennent, justifie le maire de Châlons, Benoist Apparu. On concentre simplement notre investissement sur les 5 prochaines années et on équilibrera le tout avec les économies réalisées au long terme grâce à ce dispositif, sachant qu'elles perdureront après la fin du contrat. »
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Vers la téléverbalisation des stationnements non payés ?
Première étape du chantier : équiper de diodes électroluminescentes (Leds) plus de 7 000 points lumineux pour réduire de 79 % leur consommation énergétique. Près de 500 luminaires seront également dotés de détecteurs de présence pour optimiser leur fonctionnement. « On pilotera à distance environ 30 % des candélabres, annonce Dominique Néel, le directeur général délégué de Bouygues Énergies & Services. Ça permettra de gérer la graduation de la luminosité en fonction des saisons ou des événements programmés. » Les systèmes d'accès et de chauffage de 61 bâtiments publics, principalement des écoles et des complexes sportifs, pourront être télégérés. D'autres services du quotidien seront coordonnés et supervisés par la plateforme grâce aux capteurs : la détection des fuites d'eau, l'arrosage des espaces verts selon la météo ou encore les feux tricolores. « 25 carrefours seront rénovés, chiffre Denis Fenat, maire de Fagnières et vice-président de Châlons Agglo délégué aux transports. On installera aussi sur 32 bus un système de priorisation à l'approche des feux pour fluidifier la circulation de certains parcours. On pourra mesurer la qualité de l'air et connaître la disponibilité des places de parking en temps réel. » Près d'une centaine de capteurs au sol et 7 caméras seront ainsi dédiés au stationnement dans Châlons. Sur l'ensemble du territoire, le projet prévoit de remplacer toutes les caméras de vidéoprotection et d'en intégrer 16 nouvelles, dont 2 nomades. De quoi tendre vers la téléverbalisation des infractions routières ? « C'est déjà possible, mais uniquement pour les stationnements dangereux ou gênants, sur les trottoirs par exemple, rappelle Benoist Apparu. On n'envisage pas, à ce stade, de verbaliser depuis ces caméras les conducteurs qui n'ont pas payé leur parking. » Le nombre et la localisation des places libres, en revanche, seront indiqués aux usagers grâce à des panneaux connectés.
Le constat s'est déjà établi ailleurs : l'automatisation des services municipaux ou intercommunaux rime souvent avec une réduction des effectifs. On pense typiquement à l'arrosage des espaces verts. S'il a vocation à être piloté à distance, quid des agents qui s'en occupent manuellement aujourd'hui ? « Ce projet ne s'accompagnera pas de postes supprimés ni de recrutement, affirme le maire de Châlons. La plateforme de commandement unique changera radicalement les choses en matière d'organisation et de transversalité des services. Mais les équipes techniques qui sont sur le terrain ne se retrouveront pas, demain, devant les écrans de télégestion. Par contre, on formera les agents et on leur donnera des outils numériques pour avoir l'information en temps réel et savoir où et quand intervenir si besoin. » Globalement, Bouygues estime à plus de 17 M€ les économies générées sur les factures d'énergie pendant 12 ans, dont 7,7 M€ sur l'éclairage public et 9,5 M€ sur la consommation des bâtiments. « Le marché global de performance que nous avons signé ensemble comporte une obligation, non pas de moyens, mais de résultat, assure Dominique Néel. Avec des pénalités en cas de défaillance. » Spécificité dudit marché ayant séduit les collectivités : elles resteront les
Une économie de 17 M€ sur la facture énergétique seules propriétaires des données collectées via ce mastodonte informatique et auront la possibilité de le moduler pour qu'il intègre d'autres outils, y compris ceux proposés par d'autres prestataires. Juridiquement, il ne permettra pas à d'autres communes de l'agglomération d'en bénéficier en l'état. Elles devront lancer un appel d'offres dédié pour le déployer à leur tour. Au chapitre de la cybersécurité, enfin, le mandataire est formel : les données seront stockées en France et les technologies développées feront l'objet, en plus d'une certification par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), d'audits et de contrôles de process réguliers.
Sonia Legendre
Le projet de territoire connecté en chiffres l Un marché global de performance de 12 ans passé entre Bouygues et les 4 collectivités. l 35,5 M€ investis sur les 5 premières années. l Plus de 17 M€ d'économies sur la facture énergétique en douze ans (dont 11,2 M€ pour la ville de Châlons, 4,2 M€ pour l'agglomération, 1,1 M€ pour Fagnières et 950 000 € pour Saint-Martin-sur-le-Pré). l 61 bâtiments publics (dont 39 à Châlons) connectés et plus de 2 000 points lumineux pilotés à distance. l 11 % du montant des travaux confiés aux entreprises locales et 20 000 heures d'insertion pour les jeunes de l'Ecole de la 2e chance.
Bouygues s'implante et recrute à Saint-Martin-sur-le-Pré
Le bail vient d'être signé. Cet été, la filiale Bouygues Énergies & Services ouvrira, dans un bâtiment de SaintMartin-sur-le-Pré, une nouvelle agence consacrée à ce projet de territoire connecté, moyennant le recrutement d'une dizaine de collaborateurs en local. Le groupe a déjà implanté 150 agences de ce genre en France, mais c'est une première dans l'agglomération châlonnaise.