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Un canal réaménagé d'ici 2025
Le projet des Berges du canal ambitionne la reconquête du vaste espace situé entre les ponts Vesle et Venise, pour en faire un nouveau lieu de vie au bénéfice des habitants. Mais qui implique aussi la disparition complète du pont Charles-de-Gaulle.
Créé en 1996, Le Petit Basque est un restaurant qui a apporté le soleil de sa cuisine dans la cité des sacres. Depuis 27 ans, la petite salle de 50 couverts régale les Rémois de tout âge et de tout horizon. De sa paëlla reconnue des débuts, la carte s’est agrandie à des plats traditionnels français toujours avec une touche d’originalité. S’ajoutent la chaleur des épices, des saveurs parfumées et des classiques de la région dont il emprunte le nom évidemment comme l’incontournable gâteau basque ou l’Axoa, ce haché de veau mijoté au poivron et piment d’Espelette.
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La chaleur de la cuisine diffuse ses bonnes ondes jusqu’aux convives qui viennent aussi bien manger de bonnes choses que partager un moment convivial, tous ensemble. C’est la volonté de Jean-Marc, cuisinier depuis 1998 dans cet établissement qu’il a repris en 2006.
A son contact, l’ambiance chaleureuse est réellement l’ingrédient essentiel du Petit Basque au grand cœur.
De la créativité et de la bonne humeur
De ses Ardennes natales, Jean-Marc a rapporté la générosité, dans ses assiettes d’une part, comme entre les gens qui l’épaulent chaque jour et ceux qui partagent un repas fait de ses mains.
La satisfaction semble être le moteur de ce restaurateur au sourire communicatif. Il passe du temps à aller voir ses tables, à connaître ses clients en parlant avec eux. Il échange aussi énormément avec son équipe qu’il considère comme une famille. Une jolie relation de travail où la confiance créée des liens de fidélité. Ainsi son chef cuisinier est entré comme pré-apprenti il y a 20 ans. Avec ce jeune chef formé à la maison, il concocte d’ailleurs chaque semaine trois nouveautés à la carte, pour surprendre et (se) faire plaisir.
Jean-Marc écoute ses collaborateurs, Loïc, Angie, Florian, Florine et Maxence. Du stagiaire au chef, chacun apporte ses références, son identité dans cette cuisine ouverte sur la bonne humeur. Et cela se retrouve dans la sélection de produits de qualité cuisinés maison. Des terrines rustiques, des fritures de poissons frais, des paëllas généreuses, des plats en sauce réconfortants, le tout assaisonné d’une pointe de créativité.
Le Petit Basque a trouvé la bonne recette au cœur du quartier Courlancy qui a conservé, comme lui, son ambiance familiale et son esprit village. Une adresse où on vient et on revient avec plaisir comme on partagerait un repas chez des amis.
Si cette vue n'est pas contractuelle, voici à quoi devrait ressembler le secteur en 2025, une fois le pont démoli. © Ville de Reims
C'est sans doute l'un des plus grands projets menés actuellement par la ville de Reims. A l'image des Promenades, celui des Berges du canal promet un bouleversement majeur dans un secteur largement dévolu aux voitures jusqu'alors et qui n'a pratiquement pas évolué depuis près de 40 ans. Porté par le duo Robinet-Vautrin, le dossier est aujourd'hui dans les mains du groupement d'experts Anma-Mutablis qui a donc pour mission de réaménager le port, où sont aujourd'hui à quai quelques péniches, et de créer un nouvel espace de vie sur un secteur d'une superficie de 11 hectares, allant du Centre des congrès au pont de Venise. La métamorphose promet d'être spectaculaire. « On n’a pas souvent, dans une vie d'élu, l'occasion de présenter des projets de cette ampleur, car c'est un choix qui engage notre territoire pour de nombreuses années », a d'ailleurs déclaré la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin, lors de la présentation du projet, juste avant Noël. Les objectifs de ce réaménagement sont clairs : donner davantage d'ampleur au port actuel, réduire la place dévolue aux automobilistes, tout en favorisant l'usage des modes doux et anticiper la mutation de la traversée urbaine qui doit devenir un boulevard urbain en 2028, date à laquelle la concession de la Sanef prendra fin. Si on ne peut évidemment pas reprocher à la municipalité de vouloir « créer un nouveau lieu de vie convivial, îlot de fraîcheur pour tous les habitants », dixit Arnaud Robinet, le choix de gagner de l'espace en faisant disparaître dans sa totalité le pont Charles-deGaulle divise une grande partie des habitants du Grand Reims. Les élus en ont bien conscience, mais justifient cette décision, études à l'appui. Selon les chiffres donnés par la ville, il est actuellement emprunté en moyenne par un peu moins de 10 000
« Un choix qui engage notre territoire pour de nombreuses années » véhicules par jour (6 000 depuis le centre-ville et 3 000 depuis Courlancy), alors qu'il a été construit pour en voir passer 50 000. « Aujourd'hui, ce pont interpelle par sa démesure par rapport aux flux d'automobilistes, a insisté le maire de Reims. Lors de sa construction, il était au cœur du projet de circulation Rotival qui a été stoppé dans les années 1970. Il n'est utilisé qu'à 20 % de sa capacité et n'est pas configuré pour accueillir les piétons et les cyclistes en toute sécurité ». En outre, fragilisé par le temps qui passe, l'ouvrage présente des problèmes d'étanchéité, malgré des travaux menés en 2005, et nécessiterait « des coûts d'entretien exorbitants ». Quant aux conséquences de cette démolition sur la circulation automobile, la ville estime que le pont de Venise et l'autoroute urbaine, qui doit bénéficier d'une nouvelle sortie en direction du quartier Courlancy au niveau de l'échangeur Reims-centre, pourront absorber les usagers de Charles-de-Gaulle. Le développement du plan vélo, la mise en place des lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) à partir de 2025 et la liaison du boulevard des Tondeurs à l'autoroute A34, doivent aussi contribuer à cette réorganisation des flux à l'échelle de l'agglomération.
A la place du pont Charles-de-Gaulle, une passerelle réservée aux piétons et aux cyclistes, longue d'environ 250 mètres et surplombant l'autoroute urbaine ainsi que le canal, doit être construite. La réalisation de l'ensemble du projet est espérée courant 2025, pour un budget qui reste à affiner. Si on sait que la démolition du pont et la construction de la passerelle coûteront respectivement 5 et 10 M€, l'enveloppe dédiée aux aménagements des espaces publics, sur lesquels les habitants auront prochainement leur avis à donner, n'est pas encore finalisée.
J.D