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Les robots viticoles s'installent à petits pas

Le développement de robots autonomes pour la vigne va bon train, mais les unités sont encore peu nombreuses en Champagne. En cause, un vignoble spécifique, une législation encore contraignante et un coût élevé.

Le marché concurrentiel des robots viticoles accueille un petit nouveau avec YV01, dernier-né du géant japonais Yanmar. Contrairement à ses concurrents, tels le Champenois Bakus de Vitibot, ou Ted du Toulousain Naïo Technologies, cette machine, capable de naviguer en autonomie sur des pentes allant jusqu’à 45 %, ne réalise que de la pulvérisation de produits. Et surtout, YV01 embarque un moteur de 25 chevaux thermique. Pour des raisons historiques, mais aussi techniques.

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« Au début des années 1900, le créateur de Yanmar a inventé le plus petit moteur diesel au monde, en miniaturisant un moteur Daimler », explique Jean-Benoît Bourlon, technico-commercial. Fondé en 1912, Yanmar est devenu un géant international spécialisé dans la conception de moteurs diesel et d’équipements pour l’agriculture, la construction, l’industrie ou encore la marine. La compagnie nippone dispose aussi d’une filiale dédiée au vignoble, implantée à Épernay, Yanmar Vineyard Solutions, chargée d’introduire ce robot de pulvérisation intelligent sur le marché viticole.

Sept unités seront livrées dans les prochains jours en Champagne. « Pour concevoir ce robot, les ingénieurs japonais de Yanmar sont venus avec une feuille blanche et ont travaillé à partir des demandes des distributeurs de machines et de leurs clients champenois. Ce qui les intéressait, c’était de pouvoir travailler la pulvérisation sur des pentes compliquées, avec un tassement du sol limité. » Ce que permet le moteur thermique Honda IGX 800 cm³ de 25 chevaux. Une version électrique aussi performante aurait pesé 1,7 tonne contre 1 tonne en thermique. De son côté, Bakus, le robot de la société Vitibot, tourne à l’électricité. Lancée en 2015 à Châlons, la société aujourd’hui installée à Reims compte 55 salariés et a récemment été rachetée par le repris les rennes fin 2011 et a investi environ 25 M€ pour l'optimiser. Tout ça pour ça ? « On reste dans le flou pour l'instant, déplorent les représentants du personnel. Trouver un acquéreur vu les difficultés que rencontre la filière de la pomme de terre nous paraît peu probable. » Le site compte 65 employés et une centaine avec les saisonniers pendant la campagne féculière. « Sur 2022-2023, 52 000 tonnes de fécule extraite sont sorties de l'usine, ce qui est très correct. À ce stade, la direction nous assure le maintien de la prochaine campagne, de septembre jusqu'à janvier. Mais qui nous dit qu'ils ne mettront pas la clé sous la porte dans six mois ? Et s'ils n'arrivent pas à vendre, que feront-ils de nous ? » L'avenir le précisera...

Sonia Legendre

géant mondial du machinisme agricole, SDF Groupe. « Bakus est commercialisé depuis 2019, explique Michaël Fontanin, son directeur marketing et communication. On compte déjà plus de 80 robots dans le monde, dans les vignobles d’Italie, d’Espagne, de République tchèque ou des États-Unis. » De Champagne aussi, évidemment. Les maisons Vranken-Pommery et GH Mumm, par exemple, sont équipées, mais on ne compte que sept Bakus, au total, dans toute l’appellation. « Ce n’est pas notre marché principal, car le morcellement des parcelles fait que la robotisation n’est pas encore totalement adaptée », regrette le salarié de Vitibot. La loi française interdit en effet aux robots la circulation sur la voie publique et la traversée de route, ils doivent donc être déplacés avec un engin ou une remorque.

À noter également que l’entreprise sparnacienne

Exel Industries (anciennement Tecnoma) a lancé, en 2019, son enjambeur autonome à moteur thermique, baptisé Traxx. Avec deux versions, l’une qui réalise la pulvérisation et l’autre le travail du sol. Aucun robot commercialisable n’est, pour l’heure, capable de proposer les deux activités, malgré des coûts compris entre 80 000 et 130 000 €. Bakus et Yanmar promettent d'y arriver dans les mois à venir.

Simon Ksiazenicki

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