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Le chantier du nouveau musée de Reims enfin lancé

La première pierre de la restauration-extension du musée des Beaux-arts de Reims a enfin été posée. Il faudra encore patienter au moins trois ans pour découvrir le monument réinventé par l'architecte Francisco Aires Mateus.

Cela faisait bien longtemps que la cour de l'ancienne abbaye Saint-Denis de Reims n'avait pas été aussi vivante. Lundi 22 mai, en fin de matinée, plusieurs dizaines de personnes étaient, en effet, présentes dans la cour du monument pour assister à la pose symbolique de la première pierre du nouveau musée des Beaux-arts rémois, une cérémonie annonçant le démarrage de ce grand chantier, prévu à partir du mois de juillet. « Un moment charnière pour notre ville, car il marque le début d'une nouvelle ère pour ce site à la riche et longue histoire », a insisté le maire, Arnaud Robinet. Il faut dire que cela fait maintenant 15 ans que le projet est à l'étude. Pendant le mandat d'Adeline Hazan, premier édile de la cité des sacres de 2008 à 2014, la ville lance les études et choisit finalement d'abandonner l'ancienne abbaye, qui accueille le musée des Beaux-arts depuis 1913 privilégiant la construction d'un établissement tout neuf du côté des Halles du Boulingrin. Choix architectural, budget et calendrier sont validés en 2012, avec des travaux programmés de 2017 à 2018 pour une ouverture au public l'année suivante. Cette vision du futur musée des Beaux-arts de Reims est finalement enterrée en 2014, juste après l'élection d'Arnaud Robinet à la mairie. Celui-ci invoque alors des raisons budgétaires, donnant sa priorité à la construction du complexe aqualudique sur le terrain du Sernam, tout en assurant partager l'idée que la ville doit se doter d'un grand musée.

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Des surfaces d'exposition multipliées par trois

Les hautes Promenades, la nouvelle piscine (UCAP Sport Station Grand Reims) et l'Arena, respectivement inaugurées en 2019, 2021 et 2022, passent avant les Beaux-arts. La présentation du projet d'Arnaud Robinet pour le futur nonce d'une réouverture dès 2023. Si l'établissement ferme bien ses portes dès le mois de septembre 2019, le calendrier ne sera pas respecté. Entre les études, le déménagement des œuvres, qui a demandé la construction d'un bâtiment dédié dans la zone d'activités Farman, et la pandémie de covid, le lancement du chantier a donc été repoussé jusqu'à cette année. Si les premiers coups de pioche étaient prévus dès le mois de mars, c'est à partir de juillet que les ouvriers doivent investir l'abbaye Saint-Denis pour traduire la vision de l'architecte portugais Francisco Aires Mateus. « Notre intention ne consiste pas à rénover seulement un bâtiment, mais également la mémoire dément transformée par l’Histoire », a-t-il indiqué à l'occasion de la pose de la première pierre. Le projet, qui va demander 29 mois de travaux, conservera « les différents corps de bâtiments dans leur quasi-totalité », tout en métamorphosant le site. Le chantier promet d'être hors norme et sera notamment marqué par le démontage de la toiture de l’ancienne abbaye. En effet, pour agrandir le musée et multiplier sa surface d'exposition par trois, plusieurs leviers vont être activés. Les niveaux des espaces intérieurs seront modifiés, après démontage des toitures, permettant de créer de nouveaux espaces sous les combles. En sous-sol, sous le jardin, 1 000 m2 seront aménagés pour créer un auditorium, une salle d’exposition temporaire et une salle de documentation, tous accessibles depuis le hall d’accueil et égale-

Une salle dédiée à Foujita

c'est une boutique et un café qui verront le jour. L'ensemble doit permettre d'offrir aux futurs visiteurs « des salles d’époque marquantes sur les arts décoratifs au début du XXe siècle », « une collection remarquable sur le vitrail du XXe siècle » ou encore « un espace référence sur l’œuvre de Foujita ».

Estimé à 45,3 M€ en 2019, le coût de la restauration-extension du musée des Beaux-arts de Reims est désormais évalué à 65 M€ (54 M€ HT) Ce budget est principalement financé par la ville de Reims, avec le soutien de la région Grand Est et de l'Etat, qui contribuent respectivement à hauteur de 11,25 M€ et de 6,2 M€. La livraison du chantier est prévue fin 2025, avant une ouverture au public espérée courant 2026.

Julien Debant

L'un des points forts du futur musée sera la salle dédiée à Léonard Tsuguharu Foujita (1886-1968), un artiste intimement lié à Reims. Elle présentera une collection de référence, issue notamment d'une donation faite à sa ville de cœur en 2013 par ses héritiers, riche de 663 de ses œuvres et d'autres objets lui ayant appartenu. La salle accueillera également un module immersif reprenant la forme de la chapelle Notre-Dame de la Paix, dessinée et décorée par l’artiste dans la cité des sacres. A l’intérieur, une projection vidéo évoquera l’univers des formes si particulières de Foujita, tandis que seront présentés par roulement de nombreux dessins préparatoires du maître pour la réalisation de la chapelle, dont les derniers ont été acquis en 2021 auprès des héritiers de l’architecte Maurice Clauzier. Ce faisant, la ville de Reims respectera ainsi les souhaits du maître japonais. En effet, dans son journal, on peut lire : « Si cela est possible, je veux créer un musée avant de mourir. Je veux que mes peintures soient rassemblées. C'est ma volonté en tant qu'artiste de voir mes œuvres perdurer ».

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