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Série sur la nouvelle évangélisation
« La vie du Christ… brille de ce mystère qui dépasse toute connaissance. C’est le mystère du Verbe fait chair, en qui, ‘dans son propre corps, habite la plénitude de la divinité’ »
#3
Série sur la nouvelle évangélisation
Les mystères de la vie de Jésus
— Pape Jean-Paul II
Michelle K. Borras
sErvICE D’INFOrMaTION CaTHOLIquE
sErvICE D’INFOrMaTION CaTHOLIquE
La vie de Jésus-Christ contient des profondeurs insondables. Elle révèle le Dieu qui « a tant aimé le monde » (Jean 3, 16) qu’il s’est lié à sa créature pour toujours. Et parce qu’elle nous montre notre destinée et notre salut, la vie du Fils de Dieu fait chair révèle la pleine vérité sur l’homme. Dans l’esprit de Marie, qui méditait dans son cœur les événements de la vie de son fils, ce livret voudrait aider le lecteur à entrer toujours plus profondément dans le « grand mystère » de l’Incarnation.
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Tous droits réservés. 1 qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?
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Les œuvres citées sont la propriété de leurs auteurs respectifs.
Brian Caulfield
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2 « Je crois en toi » : La question de Dieu dans le monde moderne
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Série sur la nouvelle évangélisation
Les citations des écritures sont issues de la nouvelle traduction liturgique de la Bible de l’association épiscopale liturgique pour
3 Les mystères de la vie de Jésus 4 un Dieu qui est trois fois amour 5 « Nous sommes venus l’adorer » : Introduction à la prière à l’école de Benoît XvI
les pays francophones (aELF). 2èME
Pa rTIE
« a PPE Lé s
à a IME r … »
6 appelés à aimer : La théologie de l’amour humain, de Jean-Paul II 7 à l’image de l’amour : Le mariage et la famille 8 suivre l’amour pauvre, chaste et obéissant : La vie consacrée 3èME N I H I L OB s TaT
6 juin 2013
Pa rTI E
… Da Ns L’ é gLIsE , é POu sE
10 avec le cœur de l’époux : Le sacerdoce ministériel
susan M. Timoney, s.T.D.
11 La transfiguration du monde : Les sacrements
Censor Deputatus
Le nihil obstat et l’imprimatur sont des
IMPrI MaTu r
livre ou un livret ne contient pas d’erreurs
Cardinal Donald Wuerl
doctrinales ou morales. Cela n’implique
Archevêque de Washington
pas que les personnes qui ont accordé le
14 La justice : La dignité du travail
nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec
15 La justice : L’évangile de la vie
déclarations officielles attestant qu’un
archidiocèse de Washington
DE L’ agN Eau
9 « qu’il me soit fait selon ta parole » : Marie, à l’origine de l’église
12 Lumière et silence : un journal intime eucharistique 4èME
Pa rTI E
« a IME r
E N aCTE E T EN vé rITé
»
13 Libres en vue de quoi ?
le contenu, les opinions ou les affirmations qui y sont exprimés.
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16 La dignité de la personne souffrante IMagE
DE L a C O u v E rT u r E
La face du Christ, entre Marie et Jean-Baptiste. Chapelle du Centre aletti,
17 « regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et la vie éternelle
rome. La mosaïque a été réalisée par le père Marko Ivan rupnik et les artistes du Centre aletti. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre aletti.
a N NE XE s
: Ou TILs
POu r L a NOu vE LLE éva Ng éLIsaTION
a La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation B La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement
Les mystères de la vie de JÊsus
Michelle K. Borras
Table des matières
« O grand mystère ! » 1
« C’est ta face, Seigneur, que je cherche »
4
« Le mystère qui dépasse toute compréhension » Un mystère joyeux
11
« Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous »
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« Quel échange admirable ! » Un mystère lumineux
17
« Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux »
19
« Tu as gardé le meilleur vin pour la fin »
21
« Ceci est mon corps, donné pour vous » Un mystère douloureux
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« J’ai soif ! »
28
« Si le grain de blé… » Un mystère glorieux
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Le sceau de l’Alliance
36
L’Ascension et la Pentecôte
39
« L’Esprit et l’Épouse disent Viens ! »
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Sources
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L’auteur
« C’est ta face, Seigneur, que je cherche, ne me cache pas ta face » (Psaume 26, 9)
Le Christ, entre Marie et saint Jean-Baptiste. Chapelle du Centre Aletti, Rome. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
« O grand mystère ! » « C’est bien le propre du mystère de Dieu d’agir de manière humble. C’est seulement petit à petit qu’il construit dans la grande histoire de l’humanité son histoire. Il se fait homme mais d’une telle manière qu’il peut être ignoré de ses contemporains, des forces autorisées de l’histoire. Il souffre et il meurt et, comme Ressuscité, il ne veut atteindre l’humanité qu’à travers la foi des siens auxquels il se manifeste. Continuellement, il frappe humblement aux portes de nos cœurs et, si nous lui ouvrons, lentement il nous rend capables de ‘voir’. » — Pape Benoît XVI, Jésus de Nazareth1
« C’est ta face, Seigneur, que je cherche » Les êtres humains ont une capacité remarquable à aspirer à quelque chose de plus grand et de plus pur que tout ce qu’ils ont pu expérimenter. C’est particulièrement évident chez les jeunes, mais pas seulement chez eux. Nous « aspirons à ce qui est grand, à une plénitude »2 même si nous ne savons pas comment y parvenir, même si nous menons une vie en contradiction avec ce désir ou si nous ne supportons pas quand cela nous arrive. Otto Neubauer, un jeune intellectuel qui enseigne dans un centre catholique pour le dialogue à Vienne, en Autriche, évoque une rencontre avec une
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étudiante qui résume bien cette aspiration à une beauté et à un amour qui nous dépassent : À la fin d’une année de cours sur les médias, une étudiante me demanda si elle pouvait me poser une question « personnelle » qui concernait ma foi. Pendant toute l’année, elle avait dit à plusieurs reprises que, bien qu’incroyante, elle se sentait étonnamment chez elle à ce cours, comme dans cette maison. Elle voulait maintenant enfin savoir si j’avais prié pour elle. Au début, j’ai hésité à répondre parce qu’elle ne semblait pas s’être convertie. Qui aimerait, après tout, être un « objet de mission » ? Quand j’ai répondu « oui », elle a demandé si j’avais prié pour elle depuis le début du cours, c’est-à-dire, toute cette année. Quand j’ai dit « oui » à nouveau, elle a dit, émue : « Pour être honnête, c’est ce que j’espérais ! »3.
Nous espérons tous. Peut-être espérons-nous simplement que quelqu’un va remarquer notre aspiration à quelque chose que nous ne comprenons pas. Tant de personnes ne reçoivent pas du monde l’amour dont elles ont besoin. Nous non plus. Parfois, « en ce temps de l’absence de Dieu quand la terre des âmes est aride »4, notre espérance menace de se transformer en désespoir. Nous aimerions pouvoir oublier que nous avons soif de quelque chose – tant que nous n’avons pas rencontré quelque chose, ou Quelqu’un, qui a soif de nous. Il peut s’agir de la moindre expérience d’être pris au sérieux, ou d’être aimé. Ou de la rencontre fugace de la beauté dans une autre personne humaine, dans l’art ou la musique, ou dans la nature. Peut-être même avons-nous eu la secrète intuition que nous n’aurions pas soif de quelque chose que nous ne pouvons pas nous donner par nous-mêmes, si
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Quelqu’un n'avait d’abord eu soif de nous. Et soudain, quelque chose s’éveille en nous, comme l’antique prière que le pape Benoît XVI cite, demandant à Dieu de se montrer à tous ceux qui le cherchent : « Mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Psaume 62, 2).5 Quelqu’un a d’abord eu soif de nous. En un sens, c’est tout l’Évangile chrétien. Dieu est déjà parfait en lui-même et pourtant, « son cœur s’émeut pour nous, il se penche sur nous »6 à tel point qu’il a choisi de se faire homme. Au cœur de la foi chrétienne, se trouve le Dieu qui ne nous a pas seulement créés. Il a été si ému par notre souffrance que « dans le Christ, Dieu est descendu au plus profond de l’être humain, jusque dans la nuit de la haine et de l’aveuglement, jusqu’à l’obscurité de l’éloignement de l’homme vis-à-vis de Dieu, pour y allumer la lumière de son amour »7. Comme la jeune étudiante à Vienne, tous, nous espérons sans vraiment savoir ce que nous espérons. Notre âme est comme la terre aride et altérée. Un grand nombre d’entre nous sont tentés de recouvrir leur aspiration, de l’étouffer ou simplement de l’oublier, parce qu’elle ne semble pas pouvoir être jamais comblée. Comme les païens qui venaient parfois prier dans la cour du Temple de Jérusalem – ou comme bien des personnes de nos jours qui n’ont pas encore la foi – nous attendons, insatisfaits par les « dieux, [les] rites et [les] mythes » que nous nous sommes fabriqués. Nous continuons de désirer « le Saint et le Grand, même si Dieu reste pour [nous] le « Dieu inconnu » (cf. Actes 17, 23) »8. Ce « Dieu inconnu » s’est abaissé pour nous montrer son visage. Il est entré dans une relation d’amour avec nous, se liant à nous pour toujours.
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Lorsque cela s’est produit, la terre entière fut remplie de « la grande réalité, pleine, que nous attendons tous »9. Elle fut remplie de la puissance de Dieu qui a pris la forme de la pauvreté. Elle fut remplie de l’humilité avec laquelle il mendie notre amour.10 Devant cette révélation, nous devenons soudain capables d’accepter notre quête de Dieu et la « nostalgie qui se cache en elle ».11 Nous découvrons alors que notre désir ne disparaît pas, mais qu’il est au contraire transformé, rempli d’admiration devant la beauté qui est apparue parmi nous. Notre tentation de désespérer dans « ce temps d’absence de Dieu » devient un regard émerveillé sur Celui qui est présent. Jésus est Dieu et l’homme unis dans une alliance irrévocable. En sa personne, il lie le ciel et la terre. Face à son amour – par la naissance du Fils de Dieu, sa mort et sa résurrection au milieu de nous – nous nous comprenons soudain nous-même. Nous comprenons que, pendant tout ce temps, celui qui est notre commencement et notre fin, notre origine et notre destinée, espérait que nous espérions en lui.
« Le mystère qui dépasse toute compréhension » L’expérience d’avoir soif et d’espérer ce que nous ne comprenons pas complètement n’est pas nouvelle. Lorsque deux jeunes pêcheurs juifs étaient assis au bord du Lac de Galilée, il y a bien des siècles, un homme d’une autorité étonnamment convaincante, passa par là et leur dit simplement : « Suis-moi ! » Leur réponse immédiate révèle la reconnaissance qui, comme une étincelle, a dû les
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surprendre à ce moment-là : « Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite » (Marc 1, 20). Dans ce maître qui les appelait, Jacques et Jean ont entrevu quelque chose qu’ils avaient attendu toute leur vie, avec le peuple fidèle d’Israël. Pendant trois ans, ils ont regardé Jésus prier, enseigner, guérir, chasser les démons, nourrir les foules et calmer le vent et les vagues. Un jour, qui fut inoubliable, avec Pierre, ils le virent transfiguré sur le Mont Thabor, son visage brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière. Ils entendirent la voix de Dieu le Père, qui trouve sa joie dans son Fils et ils tombèrent face contre terre saisis d’une grande crainte (cf. Matthieu 17, 1 sq). Ces frères savaient qu’il y avait quelque chose de grand dans cet homme qu’ils ne comprenaient pas, et qu’il méritait leur fidélité et leur amour. Et, en le suivant jour après jour, ils ont découvert que quand ils priaient les anciens psaumes d’Israël, les paroles étaient remplis d’une lumière nouvelle et encore indéfinissable : « Tu es beau, comme aucun des enfants de l’homme, la grâce est répandue sur tes lèvres […] que les peuples te rendent grâce » (Psaume 45, 3 et 18). Le plus jeune des deux frères, Jean, a dû repenser souvent à ce premier moment au bord du lac, lorsqu’il a laissé ses filets et son père pour se lancer dans l’aventure à la suite de Jésus. Pourtant, même pendant ces trois années passées à côté de Jésus, Jean ne pouvait pas imaginer qu’un jour, il se tiendrait sur la colline de l’exécution, regardant son maître mourir dans une longue agonie sur la croix. Il ne pouvait pas savoir que, lorsqu’il verrait le corps de son ami dans la tombe,
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les paroles qu’il avait apprises enfant auraient soudain revêtu un sens infiniment plus grand que celui qu’elles avaient auparavant : « C’est ta face, Seigneur, que je cherche ; ne me cache pas ta face » (Psaume 27, 8-9). Toutes les catégories de pensée qui leur étaient familières allaient éclater pour Jacques et Jean, les fils de Zébédée, rassemblés avec les autres disciples perdus et effrayés après la mort de Jésus. Aucun d’eux n’auraient pu avoir le moindre pressentiment que leur maître, qui était mort, allait se trouver au milieu d’eux et leur donner sa paix. À peine une semaine plus tard, une nuit de pêche sans résultat, avec quelques autres disciples, allait se conclure avec des filets remplis à craquer, après qu’un inconnu se tenant sur la plage leur avait dit de lancer leurs filets vides de l’autre côté du bateau. Jean, dont la vue et l’ouïe s’étaient peu à peu accordées à la voix et à la silhouette de l’Amour, s’était exclamé : « C’est le Seigneur ! » (Jean 21, 7). Leur maître qui, sur la plage, offrait aux disciples du poisson grillé et du pain rompu de ses propres mains, était quelqu’un qu’ils connaissaient intimement et pourtant, ils ne le connaissaient presque pas. C’était l’ami, mais aussi l’inconnu devant qui ils n’osaient pas parler. « Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » (Jean 21, 12). C’était trop évident, et en même temps trop incompréhensible. Il était trop plein du mystère de Dieu. Au cours des quarante jours que Jésus passa avec eux après Pâques, leur découvrant les Écritures, les apôtres comprirent de plus en plus profondément qu’une vie entière ne suffirait pas pour réfléchir sur ce qu’ils avaient vu de leurs yeux et
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touché de leurs mains (cf. 1 Jean 1,1). Car cet homme, qui était né comme un enfant désarmé et qui avait vaincu la mort, était le Fils de Dieu fait homme. Jésus n’était pas simplement « beau, comme aucun des enfants des hommes » (psaume 45, 3). Il était la beauté même venue habiter parmi les hommes. Il était « le Seigneur tout-puissant du ciel et de la terre, [qui] avait choisi de s’incarner, cachant sa gloire sous le voile de notre chair, pour nous révéler sa bonté (cf. Tite, 3, 4) »12. Quand les apôtres se sont dispersés pour proclamer jusqu’aux confins de la terre la Bonne nouvelle de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ par lesquelles nous étions rachetés, ils savaient, avec tous ceux qui crurent à cause d’eux, que la vie de Jésus contient un mystère. En fait, sa vie est le « grand mystère » qui unit le ciel et la terre (cf. Éphésiens 5, 32). Ce mystère n’est pas quelque chose d’irrationnel ou qui ne peut pas être connu ; au contraire, il contient des profondeurs insondables. Il révèle le Dieu qui « a tant aimé le monde » (Jean 3, 16) qu’il s’est lié à sa créature pour toujours. Et en nous montrant notre destinée et notre salut, la vie du Fils de Dieu incarné révèle la pleine « vérité sur l’homme »13. Depuis que le Fils de Dieu « s’est abaissé » (Philippiens 2, 8), pour naître comme un homme et pour mourir pour l’humanité sur une croix, l’émerveillement de l’Église devant le geste de charité incompréhensible de Dieu a grandi. Plus les apôtres ont laissé l’expérience de Pâques éclairer leur cœur et leur esprit, plus ils sont devenus conscients que la vie de leur maître les dépassait infiniment. Comme un amoureux qui ne peut jamais contempler suffisamment longtemps le visage de celle qu’il aime, ils sont revenus sur
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ce qu’ils avaient vu, entendu et touché pour le contempler avec un cœur rempli d’émerveillement. Le pape Jean-Paul II, successeur des temps modernes des apôtres, nous rappelait que vingt siècles n’ont pas diminué cet émerveillement ni nullement rendu la contemplation de la vie de Jésus-Christ moins nécessaire pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Tout ce qu’est l’Église et tout ce qu’elle fait « sera déterminé par la capacité des chrétiens à entrer dans la « parfaite connaissance du mystère de Dieu, du Christ, en qui sont cachés tous les trésors de sagesse et de connaissance » (Colossiens 2, 2-3) »14.
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« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1, 14)
Chapelle de la Sainte Famille, Conseil suprême des Chevaliers de Colomb, New Haven, Connecticut.
Un mystère joyeux « Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » Nous entrons dans la connaissance du mystère du Christ avec Marie, sa mère. La jeune femme juive qui a été choisie pour être la mère du Verbe incarné fut la première à rencontrer le mystère entier de l’humilité sans bornes de Dieu – le mystère dans lequel Dieu révèle qu’il est Amour. Dans sa foi transparente en la bonté du Père, dans sa docilité totale à l’Esprit de Dieu, elle a entendu la question que Dieu lui posait et elle a dit simplement : Oui, oui, viens. Bien que je ne puisse absolument pas comprendre ce que ta parole peut signifier pour moi, je sais que tu es bon. Oui, « qu’il me soit fait selon ta Parole » (Luc 1, 38). Le pape Benoît XVI faisait observer que toute l’histoire conduit au « moment décisif où Dieu a frappé à la porte du cœur de Marie et où, une fois reçu son "oui", il a commencé à prendre chair en elle et par elle »15. La grâce de Dieu a préparé et rendu possible sa réponse, mais il n’y a pas de contrainte dans l’amour. À ce moment-là, toute la soif de Dieu de la création, exprimée au long des siècles dans la prière du peuple d’Israël, a rencontré un Dieu qui attendait le « oui » de sa créature. Avec le « qu’il me soit fait » de Marie, la voie s’est ouverte au Dieu qui est Amour. En Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, Dieu a pu se livrer à elle et à nous.
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En son sein, puis dans ses bras, à sa naissance, la Vierge Marie a reçu le Verbe par qui le monde a été fait (cf. Jean 1, 3). Le mystère de la vie de son fils allait remplir de plus en plus sa propre vie avec le temps. Il remplirait aussi la vie des disciples de Jésus. Et tous les peuples et nations, de toutes langues, contempleraient un jour le Roi de l’univers ressuscité (cf. Daniel 7, 14). Mais la contemplation de Jésus-Christ par tous les croyants demeure enracinée dans le premier regard émerveillé posé par Marie sur le Verbe incarné. La deuxième personne de la Sainte Trinité est descendue du ciel comme la pluie sur la terre desséchée, mais elle était aussi un fruit de cette terre.16 Petit enfant dans les bras de Marie, il est venu en tant que Dieu qui « nous a montré son visage et ouvert son cœur » comme « le pont, qui met vraiment Dieu et l’homme en contact direct »17. Dans la paisible salutation de l’ange et dans la pauvreté de l’étable à Bethléem, la mère de Jésus fut le premier témoin de « l’admirable union de la nature divine et de la nature humaine dans l’unique Personne du Verbe »18. L’événement presque caché de l’Incarnation contenait quelque chose d’infiniment plus grand et plus pur que tout le reste dans la création. Comme Marie commença à le comprendre imperceptiblement à partir du moment où l’Esprit la couvrit de son ombre (cf. Luc 1, 35), cet enfant, cet homme qui allait prêcher, souffrir, mourir et ressusciter, « n’est pas seulement décrit comme le Fils de Dieu, il est le Fils »19. Par sa simple présence, il nous communique l’Amour qu’est Dieu lui-même. Comme l’a dit Jésus à ses disciples, il nous montre le visage du Père.20
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En regardant son enfant nouveau-né, Marie contemplait le mystère qui deviendrait le cœur de la foi de l’Église. Comme l’expliquait Jean-Paul II, « vraiment le Verbe « s’est fait chair » et […] il a assumé toutes les dimensions de l’humain, sauf le péché (cf. Hébreux 4,15). Dans cette perspective, l’Incarnation est véritablement, de la part du Fils de Dieu, une kénose, un « dépouillement » de la gloire qu’il possède de toute éternité (cf. Philippiens 2,6-8; 1 Pierre 3,18) »21. Les Pères de l’Église ont souvent affirmé que Dieu s’est fait pauvre pour que nous puissions devenir riches : « c’est seulement parce que le Fils de Dieu est devenu vraiment homme que l’homme peut, en lui et à travers lui, devenir réellement fils de Dieu »22. En contemplant cet enfant qui, seul, nous révèle pleinement Dieu, nous commençons à comprendre quelque chose du Dieu qui nous a fait un tel don de lui-même. Nous pressentons ce pour quoi Dieu est venu à nous non par la force mais dans la pauvreté, et avec tant de douceur que les rois se sont agenouillés pour l’adorer (cf. Mt 2, 11). Et nous devinons la vie d’amour qui est en Dieu et qui nous est ouverte. L’apôtre Jean a finalement trouvé les mots pour exprimer cet événement insurpassable qui l’avait rempli d’émerveillement, comme Marie. Cet événement merveilleux remplit encore la contemplation de tous les croyants : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jean 1, 14).
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« Quel échange admirable ! » Devant une telle gloire cachée, nous pourrions nous demander pourquoi Dieu n’est pas venu d’une façon plus évidente. Pourquoi le maître de l’univers veut-il frapper doucement à la porte de notre cœur, se remettre entre les mains de ses créatures ? Mais quand nous regardons l’enfant avec Marie, nous commençons à comprendre. « Cela fait partie du mystère de Dieu d’agir de manière humble », écrit Benoît XVI. « Et pourtant, n’est-ce pas là justement le signe du divin ? Ne pas écraser par la puissance extérieure, mais donner la liberté, donner et susciter l’amour »23. La révélation de la gloire de Dieu ne réside-t-elle pas justement dans le fait qu’il « se vide de lui-même » ? Son amour pour nous qui attend notre réponse libre n’est-il pas la seule manière de nous attirer dans sa vie et dans son amour ? À la lumière de cette délicatesse – à la lumière de l’humble charité qui nous révèle le vrai pouvoir de Dieu – nous commençons aussi à comprendre quelque chose de nous-mêmes. « C’est ta face, Seigneur, que je cherche… » Peut-être ce désir ancien trouve-t-il un écho en nous. Peut-être ne savonsnous pas ce que nous cherchons. Mais quand nous rencontrons le visage de Dieu révélé dans cet enfant sans défense, nous commençons à comprendre ce que Dieu cherche. Il cherche notre amour. Il veut nous faire partager sa vie, nous faire sortir du péché qui nous emprisonne. En Jésus-Christ, Dieu désire non seulement nous montrer son visage. Il nous révèle notre origine et notre destinée. Il nous montre « le vrai visage de l’homme »24.
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Dans une homélie de Noël, le pape Benoît explique qu’en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, nous apprenons finalement ce que signifie être humain : L’ange avait dit aux bergers : « Voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Luc 2, 12 ; cf. 16). Le signe de Dieu, le signe qui est donné aux bergers et à nous, n’est pas un miracle bouleversant. Le signe de Dieu est son humilité […] Comme nous désirerions, nous les hommes, un signe différent, un signe imposant, irréfutable du pouvoir de Dieu et de sa grandeur. Mais son signe nous invite à la foi et à l’amour et, en conséquence, nous donne l’espérance : ainsi est Dieu […] Il nous invite à devenir semblables à lui […] Quand nous le voyons, lui, le Dieu qui est devenu enfant, notre cœur s’ouvre. Dans la liturgie de la Sainte Nuit, Dieu vient à nous en tant qu’homme, afin que nous devenions vraiment humains.25
Ce que Marie contemplait en tenant l’enfant dans ses bras, ce que Jacques et Jean ont pressenti le jour où ils ont laissé leurs filets et leur père, c’est le mystère du Dieu qui s’est penché par amour sur sa créature. C’est le mystère de la créature élevée pour partager la vie de Dieu. C’est pourquoi, bien que cet enfant fût destiné à souffrir et mourir pour nous, le mystère de l’Incarnation du Verbe est toujours un mystère joyeux. Cette joie, qui a rempli Marie et les disciples de Jésus, trouve encore écho dans la liturgie des Heures, la prière quotidienne de l’Église du Christ. Remplie d’une joie qui ne passe pas, elle s’exclame dans une adoration émerveillée : « Quel échange admirable ! Le Créateur de l’homme, en prenant chair de la Vierge Marie, nous donne part à sa divinité ! »26
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« Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. » (Jean 3, 29)
Détail : le baptême du Seigneur. Mur de L’Incarnation du Verbe, Chapelle Redemptoris Mater, Cité du Vatican. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
Un mystère lumineux « Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux » Trente ans plus tard, le regard rempli d’étonnement de Marie se reflétait dans celui, étonné aussi, de Jean-Baptiste, lorsqu’il vit Jésus venir à lui pour recevoir le « baptême de repentance pour le pardon des péchés » (Luc 3, 3). À ce moment-là, Jean a perçu à quel point Dieu s’était abaissé quand le Père avait envoyé son Fils bien-aimé dans un monde défiguré par le péché. Jean-Baptiste a compris que le péché était un emprisonnement délibéré dans « la nuit de la haine et de l’aveuglement »27. C’est notre rejet absurde de la communion avec Dieu et avec les autres. Tout le peuple fidèle d’Israël savait que le péché signifiait la mort, car la mort est ce qui arrive quand nous nous coupons du Dieu qui nous a fait participer à sa vie. Il semblait que nous, êtres humains pécheurs, avions coupé toute voie de communication entre Dieu et nousmêmes. Il n’y avait pas de pont entre l’Amour et notre refus d’aimer, entre la sainteté sans défense de Dieu et notre protection de nous-mêmes dans le péché. Puis Jean vit un homme sans péché descendre jusque dans l’ « obscurité de la distance de l’homme vis-à-vis de Dieu »28. Comme l’explique le pape Benoît, en décrivant le baptême du Christ, JeanBaptiste regardait le Messie tant attendu d’Israël, qui a pris « sur ses épaules le fardeau de la faute de l’humanité entière »
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et « l’a porté en descendant dans le Jourdain »29. Ainsi, Jésus « inaugure son activité publique en prenant la place des pécheurs. Il l’inaugure en anticipant la croix » 30. Ce moment, où le Fils incarné s’est abaissé dans les eaux qui symbolisaient la mort, fut celui de la confirmation de la mission de Jésus. Jésus a été envoyé dans ce temps « où la terre des âmes est aride » 31, afin d’y révéler le visage du Dieu qui est Amour. Jean-Baptiste vit l’Esprit descendre et demeurer sur celui qui était envoyé pour ramener le monde à Dieu (cf. Jean 1, 32). Et pendant un instant, le dernier et le plus grand des prophètes de l’Ancienne Alliance entendit la voix du Père (cf. Marc 1, 11). Cet homme qui avait passé sa vie à préparer la voie du Seigneur, entraperçut l’ineffable communion qui est Père, Fils et Saint-Esprit unis dans l’amour. Par ses lèvres et par sa vie, Jean-Baptiste avait exprimé la prière séculaire de son peuple : « Berger d’Israël […] resplendis […] que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés ! » (Psaume 79, 2-4). Dans l’homme de Nazareth qui était venu demander le baptême, le Berger d’Israël se manifestait comme le Dieu qui est « amour par nature » et qui se livrait complètement dans ce monde souffrant.32 L’art religieux a saisi ce moment où Jean-Baptiste comprend soudain. Au long des siècles, peintures et icônes le représentent indiquant Jésus, son doigt tendu signifiant sans paroles ce qu’il proclamait : « Voici l’Agneau de Dieu ! » (Jean 1, 36). Regardez celui qui est venu ! Regardez celui qui prend sur lui tous les péchés du monde ! À ce mystérieux cri de reconnaissance, deux des disciples du Baptiste réagissent : « Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus » (Jean 1, 37). Jean-Baptiste avait enseigné à ses disciples le désir
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contenu dans les psaumes. Ils l’avaient entendu prononcer les paroles des prophètes. Et bien que la promesse ait semblé loin d’être réalisée, ils savaient que Dieu avait fait le serment d’aimer son peuple inconstant : « En ce jour-là je conclurai à leur profit une alliance […] Je ferai de toi mon épouse pour toujours, je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit […] et tu connaîtras le Seigneur » (Osée 2, 20-22). Les disciples – la tradition identifie l’un d’eux comme André – ne pouvaient pas pénétrer le mystère contenu dans leur nouveau maître. Pourtant, quelque chose en eux pressentait la raison de la plénitude de joie de leur vieux maître. « Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux », avait dit Jean-Baptiste en se référant à Jésus par un titre qu’Israël réservait à son Berger et Seigneur.33 « Quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite. » (Jean 3, 29). Le temps de l’absence de Dieu était au moins devenu un temps de la présence de Dieu. La lumière de l’amour divin avait commencé à briller des profondeurs de notre nuit.
« Tu as gardé le meilleur vin pour la fin » La lumière de l’amour de Dieu allait être de plus en plus forte. Pendant trois ans, les deux anciens disciples de JeanBaptiste et leurs compagnons – ceux qui deviendraient les douze apôtres – ont vécu dans cette lumière. Son éclat pénétra à travers les fissures de leur obstination et de la faiblesse de leur foi. Laborieusement, comme des aveugles qui apprennent à voir, ils finirent par comprendre ce que Marie avait su dans le silence au moment où l’enfant avait été conçu dans son sein : « Des langes de sa nativité jusqu’au vinaigre de sa
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passion et au suaire de sa Résurrection, tout dans la vie de Jésus est signe de son mystère »34. Il a fallu du temps pour que la perception des disciples s’ajuste à la lumière éclatante de cet amour. Au commencement de leur vie avec Jésus, ils eurent besoin de Marie pour les aider. Plus tard, l’apôtre Jean rappela que Marie, Jésus et ses disciples avaient participé à un mariage à Cana en Galilée (cf. Jean 2, 1). Comme tous les mariages pour le peuple d’Israël, celui-ci contenait des échos de l’alliance que Dieu avait établie entre lui-même et le peuple qu’il aimait. Dans cette alliance, comme dans celle des noces célébrées par leurs amis, Marie vit ce qui manquait. Incarnant la foi d’Israël, l’amour avait déjà rendu son regard limpide. Elle dit à Jésus : « Ils n’ont plus de vin » (Jean 2, 3). Les nouveaux mariés n’ont pas simplement honte parce qu’il n’ont plus rien à offrir à leurs invités. Nous avons tous honte parce qu’il nous manque le vin de l’amour de Dieu. Nous avons rompu l’alliance que Dieu avait établie avec nous et nous n’avons plus rien à lui offrir. Il nous manque la seule chose qui donne la joie. Les rires se sont tus en nous, nous laissant inféconds et sans vie. En réponse à la remarque de Marie, Jésus sembla la repousser, par des paroles mystérieuses qui annoncent déjà le temps de ses souffrances. « Mon heure n’est pas encore venue » (Jean 2, 4). Toutefois, les disciples l’ont entendue donner des instructions aux serviteurs qui représentent tout le peuple fidèle d’Israël et nous-mêmes : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! » (Jean 2, 5). On remplit d’eau six jarres de pierre jusqu’au bord. On apporta une louche au maître de la fête. Dès qu’il l’eût goûtée, il se tourna avec étonnement vers le marié et s’exclama : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais
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toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (Jean 2, 10). Les yeux et le cœur des disciples s’ouvrirent tout grand. « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui » (Jean 2, 11). Bien sûr, ils ne comprenaient pas encore tout son mystère. Mais alors que leurs yeux commençaient à s’abreuver à sa lumière, ils s’engageaient à tâtons dans le mystère de notre rédemption. Dieu avait changé l’eau de notre humanité en vin de sa divinité. Au milieu du peuple de Dieu inconstant et de l’humanité inconstante, Dieu lui-même était venu pour être la fidélité qui guérirait l’alliance rompue. Lui, le véritable époux aux noces du Créateur avec sa création, avait « gardé le bon vin jusqu’à maintenant ». Jean-Baptiste avait déclaré : « Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux » (Jean 3, 29). Aujourd’hui encore, l’Église inclut la manifestation du Seigneur aux nations, son baptême et le miracle de Cana dans la même prière de louange : « Aujourd’hui, l’Église est unie à son Époux : le Christ, au Jourdain, la purifie de ses fautes, les mages apportent leurs présents aux noces royales, l’eau est changée en vin, pour la joie des convives, alléluia »35.
« Ceci est mon corps, donné pour vous » L’éclat de ce signe, par lequel Jésus a pour la première fois « manifesté sa gloire » à ses disciples, a perduré. À travers les guérisons miraculeuses, les mots des paraboles, et même les disputes avec les maîtres de la loi, les disciples ont entrevu un amour qu’ils ne comprenaient pas. Cela les dépassait. Sa lumière était trop forte pour eux. Parfois, comme lorsque Jésus calma une tempête sur la mer d’un simple mot d’ordre,
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ils entrevirent la majesté de cet amour. Frappés de stupeur, ils murmuraient : « Qui est-il donc, celui-ci ? » (Marc 4, 41). Mais malgré cela, « ils n’avaient rien compris » (Marc 6, 52). Ils ont certainement connu des moments d’illumination. Pénétré d’une lumière qui venait du Père, Pierre s’est exclamé au nom des Douze : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16, 16). Pendant de rares moments privilégiés, sur le Mont Thabor, Pierre, Jacques et Jean allaient devenir une image de l’Église future, qui « contemple le visage transfiguré » du Christ comme « l’Épouse devant l’Époux, elle participe à son mystère, elle est entourée de sa lumière»36. Mais même alors, les apôtres redescendirent de la montagne, une fois encore perdus dans leur incapacité à comprendre. L’ « heure » de Jésus, à laquelle il avait fait allusion à Cana, n’était pas encore venue. Les disciples n’avaient pas encore vu la pleine révélation de l’Amour. Pourtant, depuis qu’ils avaient entraperçu la gloire de Jésus dans le miracle de Cana, cette heure était inéluctable. Leur maître, « le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » (Luc 9, 51), là où les prophètes étaient morts, et les disciples suivirent en tremblant. Avec ses disciples rassemblés dans la ville sainte, la nuit où Judas partit pour le trahir, Jésus leur permit d’être les témoins de sa prière intime avec son Père : « Père l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie » (Jean 17, 1). C’était l’heure de l’amour de Dieu – le moment où le Fils de Dieu allait être livré aux pécheurs pour nous racheter et nous révéler le visage de Dieu. Cette nuit-là, en transformant en son corps et en son sang le pain qu’il rompit pour eux et le vin qu’il leur offrit, Jésus fit de sa mort imminente un acte d’amour. « Ma vie […] nul ne peut me l’enlever » dit-il (Jean 10, 17-18). Il l’a donnée librement pour le monde – et par-dessus tout, pour l’amour de son Père.
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Quand Jésus institua l’Eucharistie, la nuit qui précédait sa mort, ses disciples commencèrent à percevoir toute la largeur et la profondeur contenues dans le signe dont ils avaient été les témoins à Cana. Ils ne le savaient pas alors, mais l’eau transformée en vin pour la fête des noces leur indiquait cette soirée et les trois jours qui suivront. Car quand Jésus guérit l’alliance rompue, c’est avec son corps rompu. Quand il donne le vin de « l’alliance nouvelle et éternelle »37 qui lie Dieu et l’homme, c’est en versant son sang. Le pape Benoît explique que dans l’Eucharistie, Jésus nous donne la nourriture dont l’homme a vraiment besoin : « la communion avec Dieu lui-même38» . Il nous donne le bon vin véritable, « le calice rempli du vin de son amour […] L’Eucharistie est plus qu’un repas, c’est une fête pour des noces. Et ces noces sont enracinées dans le don que Dieu fait de lui-même, jusqu’à la mort »39. Dans l’Eucharistie, nous voyons « le lien que [Jésus] voulut établir », par sa mort et sa résurrection, « entre lui-même et nous, entre sa propre personne et l’Église »40. Sous le regard étonné de onze de ses apôtres, le Fils de Dieu rendit grâce au Père. Puis, bénissant, rompant et leur donnant le pain, il se donna totalement par amour pour l’humanité (cf. Marc 14, 22). « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi […] Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous » (Luc 22, 19-20). Ce sont les paroles de la Nouvelle Alliance. Ce sont les mots d’un amour qui est plus fort que la mort. Et même s’ils introduisaient dans cette « nuit » chaotique où la haine a semblé triompher (cf. Jean 13, 30), ces paroles nous montrent aussi clairement que le mystère de l’Incarnation du Verbe est le mystère d’un amour insondable. C’est le mystère de la lumière de Dieu.
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« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas… » (Jean 12, 24)
Détail : la Déposition ; le corps de Jésus, mort, est soutenu par Marie et Joseph d’Arimathie. Chapelle des Sœurs hospitalières de la Miséricorde, Rome. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
Un mystère douloureux « J’ai soif ! » Au cours de la nuit et de la journée qui suivirent la Dernière Cène, Jésus fut trahi par l’un des siens. Il fut livré aux autorités dans une impuissance si humiliante que même ceux qui croyaient l’aimer s’enfuirent. Lui, qui était venu nous révéler le Dieu qui est Amour, tomba entre les mains d’hommes sans amour. Puis, sous les yeux de Jean, le seul apôtre présent au moment de l’exécution du Seigneur, et de sa mère Marie, il mourut d’une mort effroyable. C’est là, au centre du mystère de notre rédemption, que la pleine mesure de l’ « admirable échange » commence à être dévoilée. Le Fils de Dieu n’est pas seulement devenu le Fils de l’Homme, réalisant au-delà de toute attente la grande espérance contenue dans les psaumes et les prophètes. Jésus est venu pour être parmi nous la flamme d’amour qui purifie, désinstallant un monde devenu confortable en se séparant de Dieu.41 Il est venu répandre sur nous son Esprit et nous réconcilier avec le Père. Quand saint Paul nous dit que le Fils de Dieu « s’est anéanti » (Philippiens 2, 7), il ne fait pas seulement allusion à la naissance de Jésus. Quand le Fils de Dieu a pris sur lui notre humanité, cet « échange » qu’il fait avec nous va jusqu’au bout : « Reconnu homme à son aspect, il s’est
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abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Philippiens 2, 8). Ailleurs, saint Paul indique le même insondable mystère de solidarité avec les pécheurs que Jean-Baptiste avait entrevu au Jourdain : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu » (2 Corinthiens 5, 21). Quand nous contemplons avec Marie et Jean le Christ qui « est mort pour nos péchés conformément aux Écritures » (1 Corinthiens 15, 3), nous nous trouvons face aux conséquences de l’Incarnation. En se joignant à sa création, le Fils de Dieu a pris sur lui toute notre destinée. Il a même pris sur lui la soif d’un monde qui souffre de son éloignement vis-à-vis de Dieu, qu’il s’est infligé lui-même. Et même la mort. Pendant des siècles, le peuple fidèle d’Israël a eu soif de Dieu comme une terre sèche (cf. Psaume 62, 2). Ils priaient : « Ma gorge brûle. Mes yeux se sont usés d’attendre mon Dieu » (Psaume 68, 3). Toute l’humanité était assoiffée parce par notre péché, nous avions rejeté la source de notre vie. Nous nous étions protégés contre un Dieu qui est Amour. Et pourtant, notre souffrance en « ce temps d’absence de Dieu42» n’était rien par rapport au terrible cri que Marie et Jean entendirent au pied de la croix. « Jésus, sachant que tout était accompli, dit (pour accomplir les Écritures) : « J’ai soif ! » (Jean 19, 28). L’homme torturé, en train de mourir, avait soif d’eau, mais aussi d’amour. Il était assoiffé de notre amour, parce qu’il était venu pour épouser l’humanité. Et bien qu’il fût « vrai Dieu né du vrai Dieu… de même nature que le Père »43, il était aussi assoiffé de Dieu. Jean n’aurait pas pu imaginer un tel
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emploi – ou accomplissement – des paroles des psaumes lorsque le Fils de Dieu cria sa soif à son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume 22, 1 ; Marc 15, 34). En entendant cela, Jean a compris, d’une certaine façon. Ces paroles avaient été écrites pour ce jour-là. Elles avaient été priées au long des siècles afin que Jésus puisse récapituler en lui-même toute soif humaine de Dieu, toute souffrance et tout abandon. Ces paroles avaient été transmises de génération en génération pour que, lorsque le Fils les reprit pour exprimer à son Père sa soif, sa souffrance et son abandon, nos paroles puissent devenir des paroles divines d’un amour indéfectible et inégalable. « Père, en tes mains je remets mon esprit », s’est écrié Jésus (Luc 23, 46). Enfin, « inclinant la tête », il remit l’Esprit qui liait le Père et le Fils (cf. Jean 19, 30). Il fit même de sa mort une révélation de l’indéfectible communion d’amour qu’est Dieu. Quand un centurion romain transperça le côté de Jésus avec une lance, Jean, Marie et le centurion lui-même virent du sang et de l’eau (signes de la divinité et de l’humanité du Christ) jaillir sur la terre altérée. L’alliance était établie. Elle ne serait jamais rompue. L’époux divin nous avait vraiment aimés « jusqu’au bout » (Jean 13, 1). Même le centurion, un incroyant qui ne connaissait ni les psaumes ni les prophètes, reconnut cette humilité rayonnante et vit la gloire de cet amour : « Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Marc 15, 39).
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« Si le grain de blé… » Lorsque Marie vit le sang et l’eau couler « du cadavre transpercé du Crucifié »44, son regard aimant fut rempli de chagrin et d’étonnement. Pour elle et pour tous ceux qui croyaient avec elle, la vie de Jésus était devenue un mystère d’une douleur infinie. Toutefois, cette peine n’est pas comme le désespoir qui menace de nous engloutir quand l’amour est absent. Bien que la mort du Seigneur contienne une souffrance inimaginable, c’est le mystère d’un amour qui chasse notre désespoir. « Ils n’ont plus de vin », avait dit Marie à Cana. Devant la haine qui parfois fait rage dans le cœur humain, il semblait que nous n’avions plus rien du tout. Ni joie, ni vie, rien que l’obscurité de la mort. Cependant, à partir de l’après-midi du vendredi saint, lorsque Jésus mourut, en passant par le silence du samedi saint, lorsqu’il reposait dans la tombe, la création fut entraînée dans une alliance nuptiale. Marie, Jean et quelques autres avaient déjà perçu cela sur le calvaire. Car le sang qui coula du côté de Jésus « est son amour, dans lequel la vie divine et la vie humaine sont devenues une seule chose »45. La mère de Jésus ne comprit pas tout cela tandis qu’elle le regardait « blessé… lui, le Salut » et « tué, lui la Vie »46. Mais elle accepta le mystère avec la même foi sans mesure, le même abandon total et le même amour que lorsqu’elle avait reçu les paroles de l’ange la première fois. Debout au pied de la croix, elle dit « oui » encore une fois pour chacun de nous. La femme de laquelle la douceur de Dieu avait obtenu un
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acte d’amour pleinement libre, au nom de tous les êtres humains, consentait douloureusement au sacrifice qui portait la rédemption du monde. Nous sommes invités à fixer notre regard avec Marie sur Jésus crucifié, en laissant le mystère remplir nos yeux, notre cœur et notre esprit. En 2007, le pape Benoît XVI encouragea ses compatriotes pèlerins à contempler le crucifix dans un sanctuaire marial en Autriche. Il expliqua que les bras tendus de Jésus représentent en premier « le geste de la Passion, avec lequel il se laisse clouer pour nous, pour nous donner sa vie » . Pourtant, a poursuivi le pape, c’est « en même temps l’attitude de l’orant, une position que le prêtre prend » . C’est le geste de celui qui a offert le monde à son Père dans un acte d’amour parfait. « C’est enfin pourquoi, a dit le pape, les bras étendus du Crucifié sont également un geste d’étreinte, par lequel il nous attire à lui »47. Le monde a été reçu en vérité et dans la tendresse. Le Fils de Dieu a révélé le « véritable amour » qui « ne peut donner moins que lui-même »48. Parce que Dieu est une communion d’Amour qui « veut se répandre »49, le Fils est descendu dans la souffrance, et même l’enfer de notre solitude. La douceur de sa venue a ouvert la voie à l’extrême impuissance de la croix et de la mort. Lorsque cela s’est produit, la descente de Dieu dans le monde aride s’est révélée être un mystère de la fécondité de l’amour. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul », a dit Jésus à ses disciples. « Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jean 12, 24). Nous percevons déjà le « fruit » de la mort du Christ chez ceux qui sont debout au pied de la croix. Avec Marie, se tenaient d’autres qui avaient
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commencé à participer à sa foi et à son amour : Jean, MarieMadeleine, Marie, femme de Clopas, Salomé, et même le centurion qui a pressenti la grandeur devant lui. Ils furent les témoins du don du sang et de l’eau jaillissant sur la terre altérée et aride. « L’eau était le symbole du baptême et le sang, de la sainte Eucharistie », écrivit saint Jean Chrysostome au quatrième siècle. « C’est de ces deux sacrements que l’Église est née »50. De nos jours, le cardinal Ratzinger a exprimé le même mystère de la fécondité de la mort du Christ : « L’Église tire son origine du côté ouvert du Christ mourant ».51
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« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière […] avec Marie la mère de Jésus » (Actes 1, 14)
Le Saint-Esprit descend sur Marie et les apôtres à la Pentecôte. Mur de La Divinisation de l’humanité, Chapelle Redemptoris Mater, Cité du Vatican. Image reproduite avec l’aimable autorisation du Centre Aletti.
Un mystère glorieux Le sceau de l’alliance Le Fils de Dieu s’est réellement « anéanti » (Philippiens 2, 7). Le Verbe est tombé dans un silence muet. Marie Madeleine et d’autres qui l’aimaient virent la pierre roulée sur la tombe béante, comme un sceau l’enfermant dans l’ombre de la mort. Comme nous le confessons dans le Credo, le Christ « est descendu aux enfers », dans la « profondeur de la mort »52, le royaume de « ceux qui sont privés de la vision de Dieu »53. La gloire de l’amour a brillé jusqu’au plus profond de notre nuit. Les premiers chrétiens avaient perçu que c’était précisément en s’humiliant jusqu’à l’extrême, par solidarité pour les pécheurs, que le Christ était victorieux. En Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, le « mystère nuptial de l’amour » était accompli.54 Dieu nous a aimé « jusqu’au bout » (Jean 13, 1) et ce « bout » ne pouvait pas le retenir. Le Dieu trine, qui est la Vie même, a brisé les chaînes de la mort. En s’humiliant lui-même, le Christ a rempli toute la création, du ciel jusqu’aux enfers, de l’amour fidèle et inébranlable de Dieu. Dans une ancienne homélie chrétienne pour le Samedi saint, le Christ s’adresse au premier homme, Adam, par ces mots : « Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui a été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule
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personne indivisible […] Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté »55. Les yeux d’Adam, les yeux des hommes, s’étaient affaiblis dans l’attente du salut de Dieu (cf. Psaume 69, 3). Mais quand son Sauveur est venu pour faire sortir les âmes des justes du royaume des morts, ces yeux furent remplis d’étonnement. C’est précisément au sommet de son impuissance dans la mort que le Christ a montré à Adam le ciel ouvert : « Le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts. »56. En son Seigneur, devenu sa descendance, le père de la race humaine a vu la vie même de Dieu ouverte à l’homme. Personne, pas même nos premiers parents, ni Marie, ni aucun des disciples, n’a vu le moment où Jésus a été ressuscité des morts par le Père. Personne ne l’a vu confirmé comme le « Fils de Dieu dans la puissance », dans la pleine effusion de l’Esprit de Dieu (cf. Romains 1, 4). Seule l’ « éblouissante » nuit « aussi claire que le jour »57, fut témoin de la consommation de l’alliance entre Dieu et sa créature. L’Église loue encore la « nuit vraiment bénie » entre le Samedi saint et le Dimanche de Pâques, « O Nuit bienheureuse, où se rejoignent le ciel et la terre, où s’unissent l’homme et Dieu ! »58. À la résurrection de Jésus-Christ, c’est de sa – notre – chair ressuscitée, glorifiée, que l’Esprit de Dieu fit irruption dans le monde. Bien des années après, toujours émerveillé, Jean écrivait : « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient
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verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » (Jean 20, 19). Les disciples terrifiés ne comprirent pas, et ils ne pouvaient pas comprendre. Mais eux qui avaient perdu toute raison de se réjouir, « se réjouirent en voyant le Seigneur » (Jean 20, 20). Puis, dans un don d’une intimité insurpassable, leur Dieu qui était aussi leur frère leur donna l’amour qui lie le Père et le Fils. « Recevez l’Esprit-Saint », dit-il (Jean 20, 23). Soufflant sur eux de son souffle humain, il leur donna le sceau de l’alliance. Ce jour-là, au comble de l’étonnement, ils ne pouvaient pas réfléchir à ce que signifiait un tel don. Ce n’est que quelques jours plus tard que les apôtres commencèrent à saisir imparfaitement ce qui s’était produit au milieu d’eux. Leurs yeux commencèrent à s’ouvrir à l’amour ineffable contenu dans la résurrection de leur Seigneur. L’incarnation du Verbe est davantage qu’un mystère de la charité de Dieu. La vie, la mort et la résurrection du Fils de Dieu sont un mystère d’amour réciproque. Jésus a prononcé le « oui » définitif de Dieu à sa créature et le « oui » définitif de la créature à Dieu. Sa mère a dit « oui » à l’ange, consentant sans parole pour nous tous à la mort du Christ sur la croix. Lorsque sept des disciples rencontrèrent le Seigneur ressuscité après avoir pêché toute la nuit en vain (Jean 21, 3), la lumière de la compréhension commença lentement à se lever sur eux. « L’homme ne vit pas de pain » seulement, ni même simplement d’être aimé. « Dans l’essence de son humanité, il vit d’être aimé et de pouvoir aimer »59. « Simon, m’aimes-tu ? », demanda avec douceur Jésus à
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Pierre sur le rivage (Jean 21, 16). Trois fois, Jésus posa cette question à l’homme qui avait enfoui dans son cœur la honte insupportable d’avoir renié trois fois son Seigneur. « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », répondit Pierre. Celui qui avait été choisi, pour être le berger du troupeau du Seigneur, répondit à la fois pour lui-même et pour les autres. Un triple « oui » pour son triple reniement : c’est le cadeau que lui fit le Seigneur en ce lumineux matin de Pâques. Après tout, le Fils de Dieu est venu afin que nous puissions être libres pour aimer. Dans cet émerveillement du chef des apôtres, dont le péché avait été pardonné, l’Église saurait à jamais qu’elle a été lavée dans le sang de l’Agneau.
L’Ascension et la Pentecôte Les pêcheurs assis avec Jésus sur le rivage reçurent la charge d’apporter le don du pardon de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre. C’est le don inépuisable des sacrements, coulant du côté transpercé du Seigneur, qui leur était confié. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », leur avait-il dit le soir de Pâques, les entraînant dans l’amour du Père et du Fils (Jean 20, 21). Muets d’étonnement, ces hommes avaient reçu la tâche de proclamer l’œuvre de rédemption de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre. Pendant quarante jours, ils virent et touchèrent leur maître ressuscité, qui les aimait et qu’ils aimaient. En leur promettant la proximité du Père et le don de l’Esprit de Dieu, non seulement il leur ouvrait les Écritures mais il les ouvrait
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au Dieu trine. Tous leurs sens étaient remplis de sa présence (cf. 1 Jean 1, 1). Enfin, sur cette mystérieuse promesse qu’il serait avec eux jusqu’à la fin du monde (cf. Matthieu 28, 20), Jésus monta au ciel vers son Père. Le jour de l’Ascension, les disciples virent l’indissolubilité de l’alliance que Dieu avait établie avec toute l’humanité. Dans le Christ ressuscité, un homme avec notre chair et notre visage est entré dans la vie de la Trinité. Le Fils de Dieu ne perdrait jamais la nature humaine qu’il avait prise sur lui. Dieu ne serait jamais infidèle à la réponse d’amour de sa créature. Dans cette divine fidélité, qui ouvrait le ciel au monde et le monde au ciel, les disciples virent davantage qu’un mystère joyeux, lumineux ou douloureux. La vie tout entière de Jésus, de sa conception à son Ascension au ciel, est un mystère de la gloire de Dieu. Cette gloire était si puissante et cet amour si grand qu’ils ne pouvaient que remplir toute la création. « Allez dans le monde entier proclamer l’Évangile à toute la création », avait ordonné Jésus (Marc 16, 15). Les disciples ne pouvaient pas s’appuyer sur leur propre pouvoir pour obéir. Pendant dix jours après que leur maître était monté au ciel, « tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière […] avec Marie la mère de Jésus » (Actes 1, 14). Avec la femme dont ils partageaient maintenant la foi et l’amour, ils priaient, attendaient et écoutaient. « Ce que le Père avait promis » viendrait (Actes 1, 4). C’est du ciel, cette fois-ci, que le Seigneur ressuscité leur enverrait l’Esprit qui lie le Père et le Fils. Quand arriva enfin le jour de la Pentecôte, l’Esprit vint sur eux comme des « langues de feu » qui consumèrent leur
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crainte (Actes 2, 3). Il éclaira leur intelligence, leur montrant les profondeurs infinies contenues dans les mystères de la vie de leur Seigneur. Ce « feu intelligent [...] qui transforme, rénove et créé du nouveau dans l’homme »60 transforma ces hommes en « envoyés », ou « apôtres ». Il les rendit capables de communiquer à toutes les cultures et tous les peuples ce dont ils avaient été témoins en Jésus. Surtout, le don de l’Esprit fit de ce petit groupe de disciples une communion sur la terre qui reflétait la communion trine de Dieu. Au long des âges, les croyants reviendraient sans cesse à ce qui s’était passé à la Pentecôte. Ils contempleraient les apôtres rassemblés en prière avec Marie, soudain remplis de l’Esprit de Dieu. Car à ce moment précis, ce petit groupe de croyants, qui était le fruit de la mort du Christ, est devenu – pour le monde entier – l’Église, le signe visible et efficace du Dieu qui est Amour. L’unité de Dieu dans la communion avait pénétré et transformé les premiers chrétiens. Avec Marie au milieu d’eux, telle le cœur aimant et priant de l’Église, ils sont devenus le sacrement du salut du monde.61 Bien avant la venue du Christ, Dieu avait promis, par le prophète Joël : « Je répandrai mon Esprit sur tout être de chair » (Joël 3, 1). Dans les disciples et dans la Mère qui leur enseignait comment recevoir le don de Dieu, les psaumes et les prophètes étaient accomplis. Ces premiers croyants, remplis de la joie du Saint-Esprit, étaient les premiers fruits de l’humanité rachetée. Ils étaient le signe que le Fils était donné et que l’Esprit était répandu pour que tous les peuples de tous les temps et de toutes les nations puissent être attirés dans la vie de la Trinité.
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« L’Esprit et l’Épouse disent : ‘Viens !’ » Enfin, le monde souffrant peut prier avec les mots du psalmiste : « Ma coupe déborde » (Psaume 23, 5). La terre n’est plus altérée et nue ; elle déborde du vin de l’amour de Dieu. Nous attendons encore la venue finale du Seigneur « dans la gloire pour juger les vivants et les morts »62. Alors, le Fils incarné, qui lia Dieu à l’homme et le ciel à la terre, présentera son œuvre accomplie à son Père (cf. 1 Corinthiens 15, 24). Comme sa première venue, ce jour-là aussi sera un mystère d’amour. Pourtant la transformation du monde a déjà commencé. Doucement, et parfois dramatiquement, le mystère déjà accompli dans le Christ rencontre la liberté des cœurs humains. Il nous rencontre partout, caché dans le visage de notre prochain. Dans les sacrements de l’Église, nous sommes mis en contact avec cette vie inépuisable. Il transfigure même les éléments les plus élémentaires de notre existence. Dans le baptême, l’eau devient un « bain de noces »63. À la Confirmation, l’huile nous marque du sceau de l’alliance. Le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Seigneur, la nourriture de « repas de noces »64. Les choses les plus simples dans le monde revêtent soudain une signification infinie, nous attirant dans la vie de Dieu. Il y a sans doute beaucoup de souffrance dans le monde, tandis que la rédemption la transforme lentement comme le levain. Il y a sans doute encore des larmes, des pleurs et des douleurs, car le Seigneur ressuscité a vaincu le monde par sa mort. En effet, la tradition nous dit que tous les apôtres sauf Jean furent martyrs. Pourtant, leur – et notre –
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souffrance cache une joie radieuse car nous vivons au temps de l’alliance. Comme Marie, qui a été emportée au ciel, et comme les onze apôtres65 qui sont morts avant lui, Jean savait cela. Toute sa vie, il ne put s’empêcher de témoigner du mystère qu’il avait rencontré dans la vie de son Seigneur. Lorsque Jean, âgé, fut banni sur l’île grecque de Patmos pour avoir proclamé l’Évangile, les yeux qui s’étaient autrefois émerveillés devant la gloire du Seigneur à Cana, qui avaient pleuré au calvaire et regardé, ébahis, la tombe vide, s’ouvrirent grand d’étonnement une fois encore. L’apôtre qui avait été aimé et qui aimait a vu la fécondité de l’alliance. La vision rapportée dans le livre de l’Apocalypse a été accordée à Jean pour les croyants de son temps, qui souffraient de terribles persécutions, et pour tous les croyants à venir. « J’ai vu un agneau debout, comme égorgé », écrit-il, à la fois beau et terrible. Et devant l’Agneau, « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » laissant s’exprimer leur louange et leur adoration (Apocalypse 7, 9). Dans une vision de fin des temps, Jean vit l’humanité rachetée transfigurée, rassemblée devant le trône de Dieu. « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau », entendit-il à travers une voix angélique (Apocalypse 19, 9). Le fruit du don que le Seigneur avait fait de lui-même était l’épouse – tous ceux pour lesquels Marie avait répondu son « oui » à l’ange. Peut-être Jean a-t-il compris lorsqu’il a vu l’Église descendre du ciel comme une belle ville, comme « une épouse parée pour son mari » (cf. Apocalypse 21, 2). Autrefois, il avait laissé ses filets et son père pour suivre l’époux d’Israël.
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Maintenant il avait le privilège de voir la joie de Dieu pour son alliance. Jean a entendu la voix familière s’écrier, remplie de joie : « C’est fait. Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » (Apocalypse 21, 6). Le Seigneur du temps et de l’histoire, qui avait rempli le regard de Jean, avait le visage de son maître et ami. Jésus-Christ, l’unique médiateur, est l’alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et l’homme. Le monde a été aimé. Dieu a gardé toutes ses promesses. Pourtant le désir ardent d’Israël et du monde entier n’a pas été éliminé par la venue du Fils de Dieu. Comme Jean l’a appris dans sa vision, ce désir a été purifié, transformé, élargi et approfondi pour devenir la prière aimante de l’Église dans l’attente de son Seigneur. À la fin du livre de l’Apocalypse, nous entendons : « L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » (22, 17). Jean redit encore, à l’avant-dernier verset de toute la Bible, « Viens, Seigneur Jésus ! » (Apocalypse 22, 20). Jésus est venu, et il vient. Il a espéré pour nous que nous pourrions vivre dans l’espérance. D’une certaine manière, l’Église n’a jamais quitté la pièce où les apôtres étaient rassemblés avec Marie, à la Pentecôte. Même après que l’Église est allée dans le monde entier pour répondre à l’ordre du Seigneur, elle attend dans l’amour et l’espérance. Jusqu’au jour de sa manifestation finale dans la gloire, « en union avec la Vierge-Mère, l’Église, comme l’Épouse, se tourne continuellement vers son divin Époux… « Viens ! »… L’Esprit, en effet, est donné à l’Église afin que, par sa puissance, toute la communauté du Peuple de Dieu, dans sa diversité et ses multiples manifestations, persévère dans l’Espérance, « car notre salut est objet d’espérance »66.
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*** NOTE À L’ATTENTION DU LECTEUR : Dans la prière du chapelet, les chrétiens contemplent la vie de Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, à travers les yeux de Marie. Le cycle du rosaire, à travers les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux, fait parcourir au fidèle la vie du Seigneur, lentement et dans la prière. Ceux qui prient le rosaire le cœur ouvert font souvent une expérience semblable à celle des premiers disciples de Jésus. La mère de Jésus, qui « retenait » tous ces mystères « et les méditait dans son cœur » (Luc 2, 19), nous enseigne comment prier. Elle nous fait participer à son amour émerveillé. Elle, qui a dit autrefois « oui » pour nous à Dieu, nous introduit dans le « grand mystère » de la rédemption du monde. Le Service d’information catholique publie un Guide pour la prière du Rosaire, #4772 sur le formulaire de commande imprimé ou en ligne.
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Sources 1
Benoît XVI, Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la résurrection, Éditions du Rocher, Groupe Parole et Silence, 2011, p. 311.
2
Id., Paroles au début de la messe en conclusion de la rencontre avec le « Ratzinger Schülerkreis », 28 août 2011.
3
Otto Neubauer, « Does the World Still Move the Heart of the Church ? ». Intervention à l’Université catholique de Varsovie, Symposium sur le concile Vatican II, novembre 2012.
4
Benoît XVI, Paroles au début de la messe…, 28 août 2011.
5
Cf. ibid.
6
Id., Homélie à l’aéroport de Freiburg im Breisgau, Voyage
7
Id., Discours aux membres de la Curie romaine pour la présen-
apostolique en Allemagne, 25 septembre 2011.
tation des vœux de Noël, 21 décembre 2009. 8
Ibid.
9
Id., Paroles au début de la messe…, 28 août 2011.
10 Cf. id., Homélie de la messe de minuit, 24 décembre 2011 : « Dieu s’est fait dépendant, ayant besoin de l’amour de personnes humaines, en condition de demander leur – notre – amour ». 11 Id., Discours aux membres de la Curie romaine, 21 décembre 2009. 12 Id., Homélie pour la solennité de Marie, Mère de Dieu, 1er janvier 2012. 13 Jean-Paul II, Le rosaire de la Vierge Marie, Bayard/Fleurus-Mame/Cerf, Paris, 2003, p. 25. 14 Ibid., 24. 15 Benoît XVI, Angelus, Quatrième dimanche de l’Avent, 21 décembre 2008.
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Sources (suite) 16 Cf. Isaïe 45, 8, qui est la base de l’Introït du quatrième dimanche de l’Avent : « Cieux, répandez votre rosée ; que des nuées descende le salut ! Que s’ouvre la terre et qu’elle donne naissance au Sauveur ». 17 Benoît XVI, Homélie de la messe pour le 850ème anniversaire de la fondation du sanctuaire de Mariazell, 8 septembre 2007. 18 Catéchisme de l’Église catholique (CEC), 483. 19 Joseph, cardinal Ratzinger. Regarder le Christ. Exercices de foi, d’espérance et d’amour. Fayard, 1992. 20 Cf. Jean 14, 9 : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». 21 Jean-Paul II, Novo Millennio Ineunte, 22. 22 Ibid., 23, citant saint Athanase. 23 Benoît XVI, Jésus de Nazareth, IIème partie, p. 311. 24 Jean-Paul II, Novo millenio ineunte, 23. 25 Benoît XVI, Homélie de la messe de minuit, Solennité de la Nativité du Seigneur, 24 décembre 2009. 26 Liturgie des heures, Solennité de Marie, Mère de Dieu, vêpres de la veille au soir, 1ère antienne. 27 Benoît XVI, Discours aux membres de la Curie romaine, 21 décembre 2009. 28 Ibid. 29 Joseph Ratzinger-Benoît XVI, Jésus de Nazareth (Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration), Flammarion, 2007, pp. 37-38. 30 Id., p. 38. 31 Benoît XVI, Paroles au début de la messe…, 28 août 2011. 32 Cf. id., Discours lors de la rencontre avec les catholiques engagés dans l’Église et dans la société, Freibourg im Breisgau, Allemagne, 25 septembre 2011.
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33 Cf. Isaïe 54, 5 : « Car ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est « Le Seigneur de l’univers ». Ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël ». 34 CEC, 515. Tout voilait et révélait à la fois le Dieu qui s’était abaissé par amour. 35 Cinquième antienne de l’office des laudes, Fête de l’épiphanie du Seigneur. 36 Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Vita Consecrata [La vie consacrée], 15. 37 Canon romain, Prière eucharistique 1. Cf. Jérémie 31, 31 ; Ézéchiel 16, 60 ; Isaïe 55, 3. 38 Benoît XVI, Homélie, Messe de la Cène du Seigneur, 9 avril 2009. 39 Ibid. 40 Id., Sacramentum Caritatis, [Exhortation apostolique sur l’eucharistie, source et sommet de la vie de l’Église], 14. 41 Cf. id., Rencontre avec les catholiques…, 25 septembre 2011 : « Le Christ, le Fils de Dieu, est sorti en quelque sorte de la sphère de sa divinité, il s’est fait chair et il est devenu homme ; et cela non seulement pour confirmer le monde dans sa réalité terrestre et partager sa condition, en la laissant telle qu’elle est, mais pour le transformer ». 42 Id., Paroles au début de la messe…, 28 août 2011. 43 Credo, Symbole de Nicée. 44 Cardinal Joseph Ratzinger, « Meditations on Holy Week », réédité in The Sabbath of History : William Congdon, with Meditations on Holy Week by Joseph Ratzinger, (New Haven : Knights of Colombus Museum, 2012), 146. Notre traduction.
45
Sources (suite) 45 Benoît XVI, Homélie, Messe de la Cène du Seigneur, 9 avril 2009. 46 Saint Augustin, Sermon 191.1. 47 Benoît XVI, Homélie, Messe au sanctuaire de Mariazell, 8 septembre 2007. 48 Cardinal Joseph Ratzinger, « Meditations on Holy Week », 143. Notre traduction. 49 Benoît XVI, Rencontre avec les catholiques…, 25 septembre 2011. 50 Saint Jean Chrysostome, Homélie catéchétique pour les catéchumènes, III. 51 Cardinal Joseph Ratzinger, « Meditations on the Holy Week », 143. 52 CEC, 635. 53 CEC, 633. 54 Benoît XVI, Homélie, Messe de la Cène du Seigneur, 9 avril 2009. 55 Homélie ancienne pour le grand et saint Samedi, parfois attribuée à Epiphanius de Salamis ; office des lectures du samedi saint. 56 Ibid. 57 Exultet, chanté à la messe de la Vigile de Pâques, dans la nuit du Samedi saint au Dimanche de Pâques : « O nuit vraiment bénie, à qui seule a été donné de connaître le temps et l’heure où le Christ est ressuscité d’entre les morts ! C’est d’elle qu’il est écrit : la nuit sera aussi claire que le jour, éblouissante est la nuit pour moi, et pleine de bonheur. » 58 Ibid. 59 Cardinal Joseph Ratzinger, « Meditations on Holy Week », op. cit. 151.
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60 Benoît XVI, Méditation pendant la première Congrégation générale de la XIIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, 8 octobre 2012. 61 Cf. Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium (= LG), 1 : « L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » ; et aussi LG, 9 : « Établi[e] par le Christ pour communier à la vie, à la charité et à la vérité, [l’Église] est entre ses mains l’instrument de la Rédemption de tous les hommes ». 62 Credo de Nicée. 63 CEC, 1617 ; cf. Éphésiens 5, 25-26, 31-32. 64 Ibid.; cf. Apocalypse 19:9. 65 Après la résurrection, les onze apôtres qui restaient choisirent Matthias pour remplacer Judas, qui s’était donné la mort après avoir trahi Jésus. Ainsi, le nombre des apôtres fut ramené à douze. 66 Jean-Paul II, lettre encyclique Dominum et vivificantem [L’Esprit-Saint dans la vie de l’Église], 66 ; cf. Romains 8, 24.
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L’auteur Michelle K. Borras, Ph.D., est directrice du Service d’information catholique. Elle a un B.A. en littérature anglaise de l’Université Harvard, une licence canonique en théologie de l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille à Rome, et un Ph.D. en théologie de l’Institut, section de Washington, D.C. Sa thèse porte sur l’interprétation du mystère pascal par Origène. Michelle K. Borras a enseigné à l’Institut Jean-Paul II de Washington comme professeur adjoint pendant l’année académique 2010-2011 et a donné des séminaires en littérature catholique, en interprétation patristique de l’Écriture et en théologie de Hans Urs von Balthasar dans le cadre de la formation interne des Sœurs missionnaires de Saint Charles Borromée, à Rome. Outre de nombreux travaux de traduction, elle a publié des articles dans le domaine de la littérature catholique et de la théologie.
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« La vie du Christ… brille de ce mystère qui dépasse toute connaissance. C’est le mystère du Verbe fait chair, en qui, ‘dans son propre corps, habite la plénitude de la divinité’ »
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Les mystères de la vie de Jésus
— Pape Jean-Paul II
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sErvICE D’INFOrMaTION CaTHOLIquE
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La vie de Jésus-Christ contient des profondeurs insondables. Elle révèle le Dieu qui « a tant aimé le monde » (Jean 3, 16) qu’il s’est lié à sa créature pour toujours. Et parce qu’elle nous montre notre destinée et notre salut, la vie du Fils de Dieu fait chair révèle la pleine vérité sur l’homme. Dans l’esprit de Marie, qui méditait dans son cœur les événements de la vie de son fils, ce livret voudrait aider le lecteur à entrer toujours plus profondément dans le « grand mystère » de l’Incarnation.
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